16 avril 2024
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Les députés veulent une loi de « pardon » et « réparation » pour les harkis

FRANCE

Les députés veulent une loi de « pardon » et « réparation » pour les harkis

Les députés français entendent faire passer une loi réparation en faveur des harkis. « Dépasser dénis et tabous » : l’Assemblée nationale française a donné, jeudi 18 novembre, un premier feu vert au projet de loi pour demander « pardon » et tenter de « réparer » les préjudices subis par les harkis et leurs familles, avec une indemnisation que l’opposition espérait plus large.

Le texte, voté en première lecture par 46 voix contre 1 et 6 abstentions, est maintenant attendu au Sénat. Près de 60 ans après la guerre d’Algérie, il se veut la traduction législative d’un discours d’Emmanuel Macron qui, le 20 septembre, avait demandé « pardon » à ces Algériens ayant combattu aux côtés de l’armée française mais qui furent « abandonnés » par la France.

« Des zones grises »

Le projet de loi allie dimension mémorielle et indemnisation. Il reconnaît « les conditions indignes de l’accueil » réservé aux 90 000 harkis et à leurs familles qui ont fui l’Algérie après l’indépendance. Près de la moitié d’entre eux ont été relégués dans des camps et des « hameaux de forestage ». En conséquence, le projet de loi prévoit « réparation » du préjudice avec, à la clé, une somme forfaitaire tenant compte de la durée du séjour dans ces structures.

C’est sur ce volet que se sont concentrés les débats. L’opposition a réclamé une indemnisation pour les 90 000 harkis, « y compris ceux qui ne sont pas passés par des camps de transit » mais ont été accueillis dans des « conditions indignes ». Des familles de harkis étaient présentes en tribune et des associations réclamaient devant l’Assemblée une réparation élargie.

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Geneviève Darrieussecq, la ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattants, a insisté sur le « préjudice spécifique » des 50 000 harkis relégués dans « six camps », « 69 hameaux de forestage » et « quelques autres foyers » de « privation de liberté », une « chose unique, particulièrement contraire à nos principes républicains ».

Une véritable émotion

Il y a des « zones grises, même 60 ans après », reconnaît-elle toutefois. Si des lieux supplémentaires sont identifiés, « bien entendu nous les intégrerons ». D’ores et déjà, 50 millions d’euros ont été inscrits dans le projet de budget 2022 pour abonder le fonds d’indemnisation. La somme globale de 302 millions d’euros, pour plusieurs années, est mentionnée.

Mais la réparation « ne peut pas tout, elle n’efface pas les souvenirs douloureux », a souligné Geneviève Darrieussecq, qui appelle à être au « rendez-vous de la vérité et de l’honneur » pour tourner une des « pages les plus sombres de l’histoire de France ».

Plusieurs députés, dont certains sont des descendants de rapatriés d’Algérie, ont laissé percer leur émotion, telle la rapporteuse LREM Patricia Mirallès. Une gravité palpable aussi chez David Habib (PS, Pyrénées-Atlantiques) ou Alexis Corbière (LFI, Seine-Saint-Denis), dont les circonscriptions comptent de nombreux descendants de harkis.

« La guerre est finie »

« La guerre est finie et malheur à ceux qui réactivent sans cesse les termes du conflit », a déclaré M. Corbière, visant implicitement le polémiste d’extrême droite et candidat putatif à la présidentielle Éric Zemmour. « Ces hommes qui n’avaient pas de prénom français et étaient de religion musulmane ont mieux défendu la France que certains traîtres à la nation », a aussi souligné Julien Aubert (LR) dans une allusion sibylline à des déclarations de M. Zemmour.

Auteur
Avec AFP

 




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