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Les étudiants tonnent : « pouvoir assassin »

DISSIDENCE CITOYENNE

Les étudiants tonnent : « pouvoir assassin »

Des milliers de personnes, étudiants et citoyens, manifestent à nouveau mardi à Alger contre le régime, malgré le deuil national décrété au lendemain du décès du puissant général Ahmed Gaïd Salah, considéré comme le « gardien » du système dont la contestation veut se débarrasser.

A Alger comme partout, les étudiants algériens sont sortis pour manifester contre le système en place. « Pouvoir assassin », criaient certains à Alger, rappelant ce slogan des Arouchs de Kabylie. Rien décidément ne semble entamer la volonté des étudiants et des citoyens venus très nombreux marcher pacifiquement contre le pouvoir en place.

Les étudiants ont maintenu leur manifestation hebdomadaire -la 44e consécutive- malgré le deuil national de trois jours décrété à la suite de ce décès soudain du chef d’état-major de l’armée. En dépit, également, de la réprobation de certains badauds sur les trottoirs qui, au passage du cortège, ont estimé « honteux de ne pas respecter » ce deuil, selon une journaliste de l’AFP.

« C’est contraire à nos valeurs, il faut respecter le deuil », a ainsi estimé – approuvé par d’autres passants -, Amine, 27 ans, qui assure avoir lui-même pris part à la plupart des grandes manifestations du vendredi.

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« Généraux à la poubelle », tonnent des voix au milieu d’une extraordinaire processus pacifique. En revanche, aucun slogan ou pancarte n’a visé directement le défunt, pourtant habituellement conspué depuis plusieurs mois dans les manifestations du « Hirak », le puissant mouvement populaire de contestation qui agite l’Algérie depuis le 22 février.
Les manifestants semblaient en outre moins nombreux que les précédents mardis. Sur les réseaux sociaux, des rumeurs infondées avaient annoncé l’annulation de la marche étudiante. Le dispositif policier était lui aussi allégé, le cortège progressant dans le calme.

Chef d’état-major depuis 2004 de l’armée algérienne, institution au cœur du pouvoir en Algérie, le général Gaïd Salah est décédé lundi matin à 79 ans, d’une crise cardiaque. Après avoir arraché en avril la démission du président Abdelaziz Bouteflika, dans l’espoir de calmer le « Hirak », le général Gaïd Salah avait exercé de fait ouvertement le pouvoir. Il avait alors rapidement balayé de manière catégorique les revendications des manifestants réclamant des institutions de transition, tout en accentuant la répression de la contestation à coups d’arrestations et d’incarcérations.

Comme l’ont répété, avec les mêmes mots, plusieurs étudiants à l’AFP : « la mort de Gaïd Salah ne change rien » pour le « Hirak ».

« Pas contre une personne » 

« Nous ne sommes pas contre une personne, mais contre un système », a expliqué Kahina, 22 ans, étudiante en biologie. Toutefois, « nous avons convenu qu’il n’y aurait pas de slogans ou de pancartes anti-Gaïd par respect pour les morts », a-t-elle ajouté.
Imene, étudiante de 20 ans, souligne, elle aussi, que les revendications des étudiants ne sont pas contre lui (Gaïd Salah) mais contre le système en place.

« Lui est entre les mains de Dieu, maintenant ». Les slogans continuent néanmoins de viser le haut commandement militaire, structure opaque qui dirige de façon plus ou moins ouverte, selon les périodes, l’Algérie depuis son indépendance en 1962. « Un Etat civil et non militaire », « Les généraux à la poubelle et l’Algérie aura son indépendance », « On continuera pacifiquement et on enlèvera les militaires d’El Mouradia » -le nom du siège de la présidence, ont scandé les manifestants.

« Paix à son âme, mais on ne pardonne pas pour autant » que le général Gaïd Salah « se soit positionné contre le +Hirak+ en organisant la présidentielle du 12 décembre », auquel le mouvement était catégoriquement opposé, a de son côté commenté Lamia, autre étudiante en biologie.

Le général Gaïd Salah est décédé quatre jours après l’investiture du nouveau président Abdelmadjid Tebboune, considéré comme un de ses proches, élu lors de cette présidentielle largement boudée par les électeurs et vue par la contestation comme un moyen pour le régime de se régénérer. Ses funérailles auront lieu mercredi, a annoncé mardi à la mi-journée la présidence de la République.

Auteur
Avec AFP

 




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