Vendredi 22 décembre 2017
Les Zerari et les Hadjoutis réclament justice
Monsieur le Ministre,
Voici vingt jours très exactement, que la brigade de gendarmerie de Bab-Djedid, nous apprenait la mort par arme à feu de mon gendre Hamza Hadjouti, 31 ans, père de deux enfants.
Il avait été enlevé, mercredi 22 novembre, vers 20 heures, dans un lieu public, précisément dans le service de cardiologie de l’hôpital Mustapha, où, accompagné de son épouse, ma fille, il rendait visite, à son père qui avait été opéré, le jour même, dans la matinée. Ses ravisseurs usurpant une fonction, se sont présentés comme appartenant à la Police judiciaire.
- Aller plus loin : Le commandant Azzedine parle
Samedi 25, la brigade de gendarmerie de Bab-Djedid, nous convoque pour nous remettre un certificat de décès et un permis d’inhumer, sans aucune autre explication.
Par deux enveloppes, portant l’entête du Ministère de la Justice et la signature de M. Le Procureur du Tribunal de Blida, nous apprendrons que Hamza est mort le 22 novembre, autrement dit le jour de son rapt par « les services de sécurité », à l’hôpital de Blida alors qu’il avait été kidnappé à Alger ! Le reste des informations concernant ce drame qui nous frappe, nous le tenons des spéculations contradictoires de la presse. Particulièrement cette thèse grotesque du suicide avec son propre pistolet, alors qu’il était entre les mains de ses ravisseurs. Ma fille témoigne que la première formalité de laquelle il s’était acquitté, dès son interpellation sans mandat, a été de remettre son arme et son permis de port.
Monsieur Le Ministre, je me faisais une autre opinion des institutions de mon pays.
Un homme est mort alors qu’il se trouvait entre les mains d’agents de l’Etat algérien. En admettant l’absurdité du suicide, la responsabilité de l’Etat serait-elle, pour autant dégagée ? Ce sont des individus agissant au nom d’une institution étatique, qui en sont responsables et cela s’est déroulé dans un véhicule (si cela est ou des locaux) de l’Etat.
Pourquoi aucune institution n’a jugé utile de se rapprocher de nous et de se démarquer cette lâche exécution sommaire. Où alors ce mort est à inscrire sur la liste des pertes et profits. Serait-là un fait divers, relevé dans les colonnes d’une page des chiens écrasés ?
Monsieur le Ministre de la Justice, je vous le demande, en usant des droits constitutionnels que ma citoyenneté algérienne me donne : Que compte faire l’institution judiciaire dont vous avez les hautes charges, pour nous rendre justice ?
Vous conviendrez avec moi que ces pratiques d’un autre âge, suscitent un certain nombre de questions auxquelles les citoyens justiciables nous sommes, sont en droit d’attendre des réponses sans équivoque.
Veuillez agréer, Monsieur le ministre, l’expression de mes salutations distinguées.
Alger, le 10 décembre 2017
Pour les familles Hadjouti et Zerari.
Zerari Rabah dit Commandant Azzedine.