4 décembre 2024
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L’histoire de la libération de Lazhar Zouaïmia

Zouaimia

Après 4 mois d’une affaire comme seul le régime algérien sait en inventer, Lazhar Zouaïmia est aujourd’hui au Canada. Il a pu quitter l’Algérie le 5 mai dernier dans un vol régulier d’Air Algérie. Nous revenons ici sur l’affaire de ce Algéro-Canadien accusé sans preuve de terrorisme en janvier dernier. 

Retour sur sa libération. Lazhar Zouaïmia est rentré à Sedrata (dans la wilaya de Souk-Ahras) le 29 janvier 2022 pour inaugurer un fontaine publique réalisée à la mémoire de son fils Mehdi mort à l’âge de 20 ans.

Cet Algéro-canadien a été marqué au plus profond de sa chair par ce drame. Il a donc préféré rentrer auprès des siens. Le 19 févier 2022 alors qu’il voulait rentrer à Montréal à partir de Constantine via Alger, des éléments des services secrets l’interceptent à l’aéroport et l’embarquent vers une destination inconnue. Alarmé, son frère déposé plainte pour enlèvement, ce qui lui a ainsi permis de le voir dans les locaux de la sécurité militaire à Constantine, nous apprend notre source.

Le 22 février, le juge d’instruction près le tribunal de Constantine le place en détention sous les deux chefs d’inculpation d’apologie du terrorisme et soutien et financement de terrorisme.  Et pourtant son dossier est vide. Il ne contenait rien de sérieux, comme d’ailleurs tous les dossiers des détenus d’opinio. Cette affaire terrible qui démontre la cruauté des responsables en Algérie qui n’ont pas hésité à s’en prendre à un homme démoli par la perte de son unique fils et toujours deuil. Ils ne reculent devant rien.

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Cependant, les hommes qui s’en sont pris à Lazhar Zouaïmia ne savaient pas qu’ils s’étaient attaqués à l’un des meilleurs cadres-experts d’Hydro Quebec, occupant un poste très sensible nécessitant des enquêtes sécuritaires particulièrement poussées. L’homme n’est pas n’importe qui.

Branle-bas de combat au Canada

Son arrestation a déclenché une avalanche de réactions au Canada, à leur tête sa corporation technologique d’Hydro-Québec mais aussi et surtout le plus grand syndicat canadiens de la fonction publique avec ses 650 000 membres.

Les médias, les associations, la diaspora, Amnesty international et des députés se joints à l’action. Jamais dans l’histoire du Canada un Algéro-Canadien n’avait bénéficié d’un tel soutien. Le ministère des Affaires étrangères se met en ordre de bataille pour le libérer. Il avait déclaré suivre le processus judiciaire tout en ordonnant à l’ambassade du Canada à Alger de faire le suivi consulaire le 27 mars.

Les services secrets algériens ont tenté de contacter sa famille pour une enquête sociale. Nous avons contacté son frère, Larbi Zouaïmia actuellement aux Etats-Unis pour en savoir un peu plus sur ces contacts. Il nous a renvoyé à son épouse tout en déclarant qu’il a fait ce qu’il avait à faire et « c’est un dossier clos » pour lui.

Le Canada multiplie les interventions. L’ambassade du Canada arrive à obtenir l’autorisation de rencontrer Lazhar en prison le 28 mars. Puis une annulation de la visite intervient. Le 30 mars 2022 Lazhar Zouaïmia est convoqué par le juge d’instruction à Constantine pour une enquête de fond. Il est ensuite reconduit en prison.

Mais vers 15h 15 un ordre venant de la présidence via le ministère de la Justice tombe à Constantine. Il ordonne sa libération. Une libération noyée dans une liberté accordée à 60 détenus d’opinion, tous n’appartenant pas à Rachad et au MAK. Le premier libéré le 29 mars est curieusement Brahim Laalami, celui-là même qui ne mâche pas ses mots.

Mercredi 6 avril, Lazhar Zouaïmia s’assura auprès du tribunal de Constantine en compagnie de son avocat de Annaba qu’il ne fait pas l’objet d’une quelconque restriction ni d’interdiction de quitter le territoire national. Rassuré, il achète alors un nouveau billet d’avion après que le sécurité militaire lui eut fait perdre son premier vol du 19 février.

Il se présente le 9 avril à l’aéroport d’Alger. Et là patatras, Lazhar Zouaïmia découvre la rouerie de ceux qui tirent les ficelles dans le pays. Il apprend qu’il n’a pas d’ISTN mais on lui explique qu’une autre ISTN est détenue par les Moukhabarat. De fait, il perd un deuxième billet d’avion. Mais on lui assure qu’il peut quitter le territoire national. Le comble ! Son épouse lui trouve une place vers Barcelone. Là encore on l’empêche de monter lui faisant perdre son 3e billet. Les représentants de l’ambassade du Canada se sont déplacés à l’aéroport d’Alger le 9 avril.

Les Canadiens perdent patience. Sur un ton virulent le Syndicat canadien de la fonction publique lance une attaque contre le gouvernement algérien et se dit mobilisé pour « ramener Lazhar au Canada par tous les moyens ».

Le Premier ministre est sommé d’agir car, en vérité, le Canada n’a pas digéré l’empêchement de Zouaïmia de quitter l’Algérie pour retrouver sa famille. Il dénonce dans une note une décision extra -judiciaire et demande à ce que Lazhar soit autorisé à quitter l’Algérie même si son procès est programmé le 31 mai. Ramtane Lamamra est interpelé pour intervenir.

Le 3 mai un haut responsable d’Ottawa contacte sa famille à Montréal en leur demandant de dire à Lazhar de rejoindre de nouveau l’aéroport pour embarquer vers Montréal.

Fatigué et détruit par cette énième catastrophe qui lui tombe sur la tête, Lazhar Zouaimia déclare à un journaliste du Devoir et à la Télévision canadienne qu’il doit retourner pour son procès ou demander un report pour assister à l’audience du tribunal de Constantine.

Le plus grand avocat de Montréal, Julius Grey, aurait été engagé pour défendre Lazhar dans cette affaire abracadabrantesque. L’homme est décidé à défendre sa réputation en déposant un recours au niveau des tribunaux d’Algérie.

Sofiane Ayache

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