Dans le monde politique, l’image classique de l’homme d’État incarne la figure du leader visionnaire, celui qui se place au-dessus des intérêts personnels pour travailler au bien-être de la nation. Un homme sage, juste, capable de gouverner avec discernement.
Mais, paradoxalement, lorsque cet homme confond l’État avec sa propre personne, il crée un piège dangereux : celui de la concentration du pouvoir, où l’intérêt général se trouve sacrifié au profit d’ambitions personnelles.
L’État comme propriété privée
Dans les régimes autoritaires, cette frontière entre l’homme et l’État devient floue. Ce qui devrait être une institution publique, régie par des principes démocratiques et équitables, se transforme en un simple outil au service d’un pouvoir personnel. L’État n’est plus un moyen de gouvernance collective mais un instrument pour maintenir un contrôle absolu.
Prenons l’exemple de Mobutu Sese Seko, ancien président du Zaïre, devenu l’architecte d’un État qu’il a fait sien. Mobutu n’a pas seulement dirigé un pays, il en a fait sa propre propriété. À la tête d’un système autoritaire, il a monopolisé les ressources naturelles, consolidé son pouvoir en réunissant ses alliés aux postes-clés et réduit son peuple à une masse de spectateurs impuissants.
Max Weber, dans sa réflexion sur la bureaucratie, expliquait déjà que dans un tel contexte, l’État devient une « machine au service du pouvoir personnel » et non du bien-être collectif.
Ce phénomène n’est pas unique. En Libye, Kadhafi a transformé la nation en un État rentier, fondé sur les revenus du pétrole et une gestion autoritaire. La « Jamahiriya » se voulait une république des masses, mais n’était en réalité qu’un prolongement du pouvoir d’un seul homme. L’État, confondu avec la figure du leader, est devenu un outil pour garantir son pouvoir et ses privilèges, marginalisant les intérêts nationaux.
Le paradoxe du pouvoir personnel
L’un des plus grands dangers de la concentration du pouvoir réside dans sa pérennité. Un homme d’État qui se confond avec l’État ne gouverne plus pour la nation, mais pour sa propre survie politique. Au lieu d’agir selon les besoins du pays, il cherche à maintenir son emprise sur le pouvoir. Ce faisant, il nourrit un système figé, où l’immobilisme et la répression prennent le pas sur les réformes et la modernisation.
Comme l’a écrit François Mitterrand dans Le Coup d’État permanent : « Le pouvoir est l’illusion du pouvoir ». L’illusion prend le pas sur la réalité lorsque le dirigeant pense que sa survie ne dépend que de sa capacité à manipuler les apparences et à maintenir une loyauté de façade. C’est précisément ce qu’a fait Vladimir Poutine en Russie, où son contrôle des ressources naturelles et ses stratégies de patronage lui ont permis de se maintenir au pouvoir tout en réprimant toute forme d’opposition.
Le Chili sous Pinochet en est un autre exemple. Après son coup d’État, Pinochet a concentré tous les pouvoirs, s’appuyant sur la répression et une gestion économique qui renforçait son pouvoir personnel. Son régime autoritaire a duré près de 17 ans, jusqu’à ce que la pression interne et externe n’impose une transition.
La corruption comme outil de pouvoir
Dans ces régimes, la corruption devient l’un des principaux moteurs de la gouvernance. Elle ne sert pas uniquement à garantir les privilèges de la classe dirigeante, mais à maintenir le contrôle sur les institutions et à réprimer l’opposition. Le système de patronage prend le pas sur la compétence et la justice, et les élites ne sont choisies que pour leur loyauté envers le dirigeant.
Platon, dans La République , prévenait déjà des dérives autoritaires : les dirigeants, guidés par leurs ambitions personnelles, détournent l’État pour en faire un outil au service de leurs intérêts privés. Nous l’avons vu sous le régime de Hosni Moubarak en Égypte, où la redistribution des ressources à son cercle rapproché a créé une machine clientéliste, source de corruption et de mécontentement populaire.
L’échec inévitable de l’État personnel
Les régimes autoritaires fondés sur la concentration du pouvoir ne durent jamais. L’Histoire regorge d’exemples où l’État, devenu l’apanage d’un seul homme, finit par s’effondrer. L’URSS de Staline en est l’exemple parfait : un régime rigide et bureaucratique qui, en concentrant tous les pouvoirs, a tué l’adaptabilité nécessaire au pays, jusqu’à son effondrement dans les années 1990.
La chute de Saddam Hussein en 2003 est un autre cas emblématique. Son régime, solidement établi sur la répression et le contrôle total des ressources, a disparu sous l’effet de la pression interne, de la corruption et de l’intervention étrangère. Ce renversement a laissé l’Irak plongé dans une instabilité qui perdure encore aujourd’hui.
Une gouvernance pour la nation, pas pour un individu
Il est essentiel de comprendre que l’État ne doit jamais être la propriété d’un individu. C’est une institution collective, créée pour représenter et servir les intérêts du peuple. Quand l’État devient l’extension d’un seul homme, il perd sa légitimité et sa stabilité. Un homme d’État véritable doit toujours garder à l’esprit que son pouvoir est un mandat temporaire, au service de la nation.
Montesquieu l’a résumé de manière claire et frappante dans De l’esprit des lois : « L’État n’est pas la propriété d’un homme, mais l’outil de la volonté collective. »
Citation finale : « L’homme d’État est celui qui, ayant le pouvoir véritable, sait l’exercer sans jamais l’assimiler à sa propre personne. » Alexis de Tocqueville
Dr A. Boumezrag
Et vous pouvez me quotez aussi pour enrichir votre collection. « Le pouvoir personnel est un suicide, car pour s’en accaparer, la cible est toute designe’e. »
De l’art de tourner autour du bush.
Zaïre, Libye, Russie, Chili, Égypte, Irak, vous n’aurez pas raté une marche ?
En même temps, c’est vrai, la marche en question n’est pas l’état d’un seul homme mais celle d’un collège de généraux. Comme à l’époque des corsaires turcs d’Alger
le problème c’est que ce genre de salopard refusera jusqu’au bout, comme Saddam, comme Bachar, comme Maamar de permettre à son pays et à son peuple de lui survivre. Kebounne et ses généraux sont pire que l’OAS. Ils préféreront voir l’Algérie détruite, ruinée, disloquée que de la transmettre paisiblement à nos enfants. Ils s’accrocheront jusqu’à notre destruction. Ils sont dans une logique d’escalade qui ne peut que nous réserver le même sort que la Syrie, l’Irak ou la Lybie. Le jour est venu où nous devons à nouveau nous lever et aller jusqu’au bout de ce que nous voulions faire en 2019 : en finir avec ces traitres