Il y a certainement dans la multitude des formations politiques berbéristes des divergences idéologiques au point que ni leur propre histoire ni leurs objectifs ne visent l’unification de la Tamazgha avec ce qu’elle comporte bien entendu comme diversité de la population qui y réside.
Bref, à l’encontre des mouvements culturels berbères dont les plus connus sont ceux de l’Algérie, du Maroc et de l’Azaouad, il est navrant de constater que c’est toujours la prédominance des visées chefferales qui préside la destinée des Indépendantistes ou Autonomistes berbères.
Le parti indépendantiste rifain ouvre une représentation à Alger
Ainsi, l’inauguration officielle par les autorités algériennes du siège du parti national rifain fait le jeu de l’Etat central incapable de régler le différend qui l’oppose au Maroc sur la question du tracé des frontières ou de la question du Sahara occidental occupé par les forces armés du Makhzen.
Il va de soi que dans ce jeu de la géopolitique régionale qui oppose les deux pays, le Maroc ne ferait que légitimement riposter en officialisant l’accréditation du Mouvement d’Autodétermination Kabyle (MAK) dirigé par Ferhat Mehenni transfuge de la mouvance culturaliste berbère. Il n’est pas question pour nous de faire tout l’historique de ces deux mouvements politiques mais il faut bien admettre que leur émergence sur la scène politique est principalement due à l’autoritarisme de l’Etat au Maroc et en Algérie.
Bien que les deux mouvements réfracteurs à l’Etat central soient minoritaires dans les deux pays, la machine de guerre de l’Etat coercitif ne fait qu’augmenter la propension de la dé-légitimation de la représentation nationale au bénéfice des Autonomistes et autres Indépendantistes qui, faute de mieux, se proclament des grandes figures historiques. Et, c’est que fait le parti rifain en se proclamant d’Abdelkrim al-Khattabi, animateur de la « République du Rif ».
Alors que le combat de ce dernier s’inscrivait dans une lutte anticoloniale, ceux du temps présent n’aspirent qu’au presidium du dirigisme absolu. Il va de soi que le clin d’œil à l’iconographie de la demeure du prince berbère de l’antiquité ou des temps médiévaux est le siège de la souveraineté absolue qui ne départit ni Sammac, le frère de Firmus luttant contre les Romains ou de Mayrara, opposé quant à lui au régime sévère des Omeyyades à Tanger.
De plus, les deux ont échoué dans leur quête politique. Ainsi, les exemples des chefs commandant de tribus ou des confédérations de tribus, voire des coalitions, sont innombrables pour les citer tous mais ce qu’ils ont de commun c’est qu’il ont échoué face à l’Etat centralisé.
Si le comparatisme est risqué entre les formations politiques berbéristes actuelles et ceux des réfractaires de l’antiquité et des temps médiévaux, il n’en demeure pas moins qu’une constance politique dicte l’événement historique.
Cette constance s’inscrit dans la pire des logiques de la diffraction amazighe amenant souvent par le jeu des rivalités tribales ou nationales, à la domination étrangère. Etrangement, ce qui a conduit les notables d’Alger, faute d’entente entre « autochtones », à appeler Aroudj le Turc pour les défendre contre les Espagnols. L’invite des alliances mène toujours à offrir le pays ou une partie aux étrangers. Comme déshonneur de l’hospitalité berbère, les actes d’Iarbas, des chefs tribaux de la Cyrénaïque, etc., est le point culminant de l’aliénation de Soi.
Comme souvent, les formations politiques se dégarnissent de leur culture pour mieux asseoir leur propre logique de légitimation. Hélas! c’est ce que fait le parti rifain en omettant son amazighité.
Fatah Hamitouche