Mardi 5 janvier 2021
Lounis Aït Menguellet revisité : « Cεelt-aɣ tafat », éclairez nos lanternes !
C’est le regard calé sur le rétroviseur pour y faire dérouler les péripéties de la jeunesse, la sienne, la nôtre, que Lounis Aït Menguellet nous revient, un an après Achimi, avec un album à la structure évocatrice profonde.
En guise de crise de la quarantaine, Lounis fait défiler quatre décennies d’histoire. La sienne, la nôtre, celle de la Kabylie. Il renoue avec les titres fleuves qui durent bien plus longtemps que la moyenne de ses œuvres. « Avridh Temzi », le titre éponyme de l’album, c’est plus de 28mns de pur bonheur calé sur une rétrospective de ses années d’or qu’il fait défiler pour en faire le bilan. À travers un songe et une longue nuit de sommeil, il nous entraine dans un périple époustouflant et passionnel suivant lequel s’enchaînent 9 chapitres de hauts et de bas, avec pour fil conducteur la revendication culturel. 9 flashbacks qui alternent entre rêves et cauchemars, avec des enchaînements de paroles et de musiques cadencés au mot et à la note près. Au cours de ce songe « J’y ai rencontré tout mon passé, ce qui me peine et ce qui me réjouis » énonce Maître Lounis.
Sur les six titres que comporte l’album, nous avons choisi de vous traduire « Cεelt-aɣ tafat », pour le message fondamental qu’il colporte et aussi pour la durée relativement courte (7’40’’) de la chanson.
La nouveauté dans cet album c’est que, pour la première fois, me semble-t-il, Lounis utilise pour deux de ses chansons des compositions qui ne sont pas les siennes. C’est sur Mikis Theodorakis, rendu célèbre par le succès planétaire du film « Zorba le Grec », dans les années 1960, que se fixe son choix. Une bonne introduction à la musique Grecque pour les néophytes.
Laissons donc Maître Lounis éclairer nos lanternes !
« Cεelt-aɣ tafat », éclairez nos lanternes !
Eclairez nos lanternes
Nous avons soif de voir
Pour découvrir devant
Comment nous serons
Comment nous serons
Et où nous allons
Hier nous a cassé
On craint ses excès
On craint ses excès
Nous en sommes coutumiers
Nous ne voulons pas y penser
En rond il nous fait tourner
En rond il nous fait tourner
En rond Ils nous font tourner
Combien ne se rappellent pas
Ce que nous subissons
Ce que nous subissons
Nous l’avons tous oublié
Hier c’était la tristesse
À présent c’est l’allégresse
À présent c’est l’allégresse
On ne sait pourquoi
Peut-être croyons-nous
Que c’est notre victoire
Que c’est notre victoire
Mais la victoire de quoi
On peut tous chanter
On peut tous danser
On peut tous danser
Eux ne font que nous fustiger
C’est ainsi chaque matin
Ils ne font que nous chercher
Ils ne font que nous chercher
Nous sommes leur prétexte
C’est dans la cervelle du loup
Que se trouve le remède
Que se trouve le remède
De leur maladie
Ça ne date pas d’hier
Nous sommes les sacrifiés
Nous sommes les sacrifiés
Ils ne pourront jamais
Nous laisser en paix
Nous sommes piégés
Nous sommes piégés
Ils en sont convaincus
Il se dit que ces jours-ci
Il naîtra quelqu’un
Il naîtra quelqu’un
Peut-être naîtront-ils deux
Nous serons parmi eux
Qui nous emmènera
Qui nous emmènera
Là où il nous emmènera
Nous nous regrouperons
Il paraît c’est le désordre
Il paraît c’est le désordre
Par l’ordre sera-t-il remplacé
Nous ne faisons que chercher
Éclairez nos lanternes
Eclairez nos lanternes
Nous avons soif de voir
Pour découvrir devant
Comment nous serons
Comment nous serons
Renaitrons-nous vraiment
Ou n’avons-nous pas fini
Nos chamailleries
Nos chamailleries
L’un est supérieur à l’autre
Si nous les surpassons
Peut-être atteindrons-nous
Peut-être atteindrons-nous
Toutes nos attentes
Le chemin est incurvé
Il est dur d’accès
Il est dur d’accès
La vérité nous l’énonçons
Notre cœur est petit
Nos désirs sont grands
Eclairez nos lanternes
Nous avons soif de voir
Pour découvrir devant
Comment nous serons
Ça a changé dites-vous
Qu’est-ce qui a changé
Qui est donc tombé
Qui a-t-on changé
Qui a-t-on changé
Avec celui-là
Il a juré de se venger
De Tamazight-ci
De Tamazight-ci
Il a Juré que vous l’oubliiez
Aujourd’hui c’est fini
Le féroce s’est calmé
Le féroce s’est calmé
Les prisons sont vides
Si vous l’agacez
Elles seront remplies
Elles seront remplies
Le dirigeant n’a pas disparu
À moins qu’il ne soit mis de côté
Ils cherchent un nouveau
Ils cherchent un nouveau
Qui sait nous piéger
Il n’est juste pas prêt
Ils veulent l’agrémenter
Eclairez nos lanternes
Nous avons soif de voir
Pour découvrir devant
Comment nous serons
Que vont-ils arranger
Nous tailler un costume
Ils nous en vêtiront
Au chevet nous serons
Au chevet nous serons
Que nous serons beaux
Avec moult diadèmes
Pour nous rendre heureux
Eclairez nos lanternes
Nous avons soif de voir
Pour découvrir devant
Comment nous serons
À ceux qui ont compris
Il reste un osselet
Notre culture élevée
C’est notre issue d’opprimés
C’est notre issue d’opprimés
Prenez garde à ce que personne
Ne l’introduise dans un pilon
Pour la concasser
Culture élevée
Prenez garde d’oublier
Elle n’est pas négociable
Encore moins vendable