La centrale syndicale en Tunisie (UGTT) a appelé mercredi à l’élaboration d’une feuille de route pour « sauver » le pays de la crise, après l’abstention massive lors des législatives de samedi, y voyant un désaveu populaire pour le président Kais Saied.
L’élection législative de samedi dernier a été un fiasco pour le président Kais Saied. Elle a révélé l’isolement de cet président élu qui s’est découvert des pouvoirs d’autocrate. Aussi devant la gravité de la crise qui ronge la Tunisie, « l’UGTT prend note de l’importante baisse du taux de participation aux élections, ce qui leur ôte toute crédibilité ou légitimité », a estimé le chef de la puissante centrale syndicale, Noureddine Taboubi, dans un communiqué au vitriol publié à l’issue d’une réunion de son bureau exécutif.
Le taux de participation de 11,22% au scrutin de samedi est le plus faible depuis la révolution qui a renversé la dictature en 2011. Selon l’autorité électorale, quelque 1,025 million de personnes seulement ont voté, sur un peu plus de 9 millions d’inscrits.
Selon l’UGTT, ce taux traduit « un refus clair » du système que M. Saied cherche à consolider depuis son coup de force de juillet 2021 et qui n’a apporté que « malheurs et crises ».
Ce système hyper-présidentialiste avec un Parlement dénué de réelles prérogatives offre selon l’UGTT « un terreau fertile à la tyrannie » et consacre « le pouvoir d’un seul homme ».
Qualifiant d' »explosive » la situation en Tunisie qui se débat aussi dans une grave crise économique, l’UGTT affirme vouloir « assumer sa responsabilité nationale, en contribuant, avec les forces nationales, au sauvetage du pays sur la base d’objectifs nationaux clairs et une feuille de route précise ».
L’opposition a appelé le président Saied à démissionner après l’abstention record aux élections.
Acteur influent sur la scène politique en Tunisie, l’UGTT a reçu en 2015, avec trois autres organisations tunisiennes, le prix Nobel de la paix pour sa contribution à la transition démocratique en Tunisie, berceau du Printemps arabe où la démocratie semble vaciller depuis le coup de force de M. Saied.