26 C
Alger
lundi 9 juin 2025
AccueilIdéesL’Ukraine, premier domino d’une guerre impérialiste ?

L’Ukraine, premier domino d’une guerre impérialiste ?

Date :

Dans la même catégorie

Zoubida Assoul passe la main : « Il est temps d’ouvrir une nouvelle page »

Figure du combat démocratique en Algérie, l’avocate et femme...

Marcus Hönig : « Sitôt le pied posé à Alger je me suis senti entouré » 

Marcus Hönig a publié un livre-récit, Les larmes de...

Djouher Amhis-Ouksel, grande figure des lettres algériennes, s’est éteinte

L’Algérie perd l’une de ses figures intellectuelles les plus...

Algérie : c’est fini ! le forcing arabo-islamiste a porté ses fruits !

Depuis de nombreuses années, sur ces colonnes du «...
spot_imgspot_img
- Advertisement -

L’entrevue qu’a donnée, en début juin à LCI, le commandant suprême de l’OTAN pour la transformation militaire permet d’éclairer plusieurs zones d’ombres de ce conflit qui pourrait durer longtemps.

L’amiral Pierre Vandier fait partie de la contribution française à l’OTAN réunissant 32 pays, d’une population totale d’un milliard de personnes. Ce militaire a été sur plusieurs scènes de combat en Yougoslavie, au Mali, en Libye, en Afghanistan et dans la guerre du golf.

L’OTAN déclassée

En fait, l’OTAN se serait endormie sur ses lauriers quand le mur de Berlin est tombé. Bien qu’à la fin de la guerre froide, elle avait un outil militaire complet qui allait de la basse intensité jusqu’au nucléaire, les problèmes de sécurité, telle l’intervention en l’Afghanistan après le 11 septembre, ne nécessitaient pas d’avoir d’importantes quantités de soldats prêts au combat avec un gros stock de munitions.

Pendant ce temps, la Russie a gardé ses habitudes de l’URSS. « La Russie est restée une puissance militaire. Finalement, la chute du mur n’a pas été un grand désinvestissement », explique Pierre Vandier. La meilleure industrie d’armement du monde se demandait pourquoi elle devrait soudainement se mettre à fabriquer des casseroles. Elle a donc continué à entretenir un appareil militaire de bonne qualité, accumulant des stocks considérables. L’actuelle économie de guerre daterait de l’arrivée de Poutine au pouvoir.

Les Russes se sont mis à développer des outils et à moderniser leurs vieux matériels permettant d’opérer sous le seuil nucléaire. Ils ont toujours des Tupolev de la guerre froide. Poutine peut aussi reprendre de vieux chars des années 70 et les envoyer au combat. « C’est un pays qui a une vraie profondeur stratégique militaire. » Aujourd’hui, les Russes ont en plus des bombes planantes et des drones.

L’OTAN a brutalement découvert en février 2022 que la Russie restait une force militaire de premier plan qui est prête à envoyer des centaines de milliers de soldats au combat et acceptait de perdre 1000 hommes par jour. Elle tenterait donc de développer sa dissuasion conventionnelle pour pouvoir à nouveau manœuvrer sous le seuil nucléaire. L’amiral explique aussi pourquoi l’économie russe qui est 25 fois moins importante que celle des pays de l’OTAN arrive pourtant à produire quatre fois plus de munitions. « Il (Poutine) paie ses ingénieurs comme des ouvriers, il ne paie pas ses ouvriers. C’est une nation en arme. Aujourd’hui, c’est une guerre existentielle pour la Russie. »

Innover pour gagner

L’amiral décrit ainsi ce qui se passe depuis 2022. « Ils (les Russes) ont réussi à imposer leur style de guerre à l’Ukraine. C’est une guerre qui a finalement une tête de guerre de 14 avec une technologie du 21e siècle. Ça reste du sang et de l’acier. » Les stratégies innovantes ont cependant été payantes. La récente opération Spiderweb aurait détruit plus d’une dizaine d’avions de détection lointaine et stratégique, selon un responsable de l’OTAN.

Avec des drones de 500 euros, les Ukrainiens ont réussi à faire flamber des avions qui en coûtent des centaines de millions. « Ce n’est pas nouveau dans l’histoire militaire. Vous vous souvenez de la guerre de Troie, on a pris un cheval en bois, l’a mis à l’intérieur d’une citée et finalement on à réussi à faire avec 10 hommes ce qu’il fallait faire avec 10 000. C’est ça l’art de la guerre. » L’OTAN met aussi en pratique cette idée et opère actuellement en mer baltique 70 drones de surface sans pilotes, pour expérimenter le contrôle maritime avec des drones.

La Russie n’arrêtera pas

L’Ukraine ne serait que le premier domino. L’analyste militaire allemand Carlo Masala imagine dans son récent livre « La Guerre d’après », une attaque russe en 2028 sur Narva, en Estonie. Selon le spécialiste de l’analyse géopolitique, Bruno Tertrais, cette fiction est suffisamment convaincante pour sonner l’alarme. Pierre Vandier croit aussi que ce qui se passe en Ukraine tourne autour de l’impérialisme.

« Aujourd’hui, la vision des Russes est une vision où on parle de sphère d’influence, de peuples dominés. La notion de frontière n’a pas de sens. » Il y aurait aussi une asymétrie totale entre la Russie et l’OTAN au niveau de la notion de sacrifice. Comme ils l’ont montré durant la Deuxième Guerre mondiale, les Russes savent souffrir en masse. « Tout le monde a compris qu’il faisait face à une menace à long terme avec la Russie et que ça n’allait pas s’arrêter demain », commente l’amiral.

À ce sujet, l’inspecteur général de la Bundeswehr, Carsten Breuer, a récemment déclaré que la Russie pourrait être en mesure de lancer une attaque à grande échelle contre le territoire de l’OTAN, à partir de 2029. L’Allemagne tenterait donc de recruter de 50 000 à 60 000 soldats supplémentaires au cours des prochaines années, selon le ministre de la Défense allemand Boris Pistorius.

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, vient aussi de proposer que les 32 pays de l’Alliance consacrent à leur défense 5 % de leur produit intérieur brut (PIB), dont 3,5 % à des dépenses exclusivement militaires. Les pays de l’OTAN devraient donc revenir aux dépenses militaires du temps de la guerre froide, espérant que ce sera suffisant pour dissuader les Russes de reconquérir les morceaux perdus de l’URSS.

Michel Gourd

Dans la même catégorie

Zoubida Assoul passe la main : « Il est temps d’ouvrir une nouvelle page »

Figure du combat démocratique en Algérie, l’avocate et femme...

Marcus Hönig : « Sitôt le pied posé à Alger je me suis senti entouré » 

Marcus Hönig a publié un livre-récit, Les larmes de...

Djouher Amhis-Ouksel, grande figure des lettres algériennes, s’est éteinte

L’Algérie perd l’une de ses figures intellectuelles les plus...

Algérie : c’est fini ! le forcing arabo-islamiste a porté ses fruits !

Depuis de nombreuses années, sur ces colonnes du «...

Dernières actualités

spot_img

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici