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Mai 1945 : je parle de ce qu’ils ont vu et vécu (2e partie et fin)

MEMOIRE

Mai 1945 : je parle de ce qu’ils ont vu et vécu (2e partie et fin)

Tout le monde savait que l’envoyé du parti de Messali Hadj n’avait pas franchi toutes ces montagnes pour venir, tout simplement, faire de la poésie. Sa directive était claire. Se préparer au combat insurrectionnel par la contestation pacifique contre la présence française sur nos terres car ça fait déjà un siècle depuis que d’étranges gens blancs ont fait irruption dans les plaines Sud et Est de la région de Guelma, pour s’y installer.

Guelma Sud, Guelma sud-est

Leur arrivée fut le début d’un grand malheur pour les pauvres paysans poussés vers l’abîme et le désespoir, après avoir été dépossédés, des 1844, de leurs terres ancestrales. Il est temps donc de renverser la vapeur et la contre-attaque contre les fermiers-colons de Guelma, le 9 Mai 1945 était la preuve irréfutable de toute la haine que portent les Algériens de Guelma et d’ailleurs dans ce cher pays, à la colonisation hideuse et misérable et a’ son visage fasciste et ségrégationniste. Si j’avais dit combat insurrectionnel c’est en termes de conséquences je l’ai fait, car Harkati pensait lui aussi à l’action d’après. Il savait que les Français allaient massacrer des Algériens a’ la moindre contestation: celle d’une marche pacifiste, d’exhibition de pancartes anticolonialistes ou encore d’entonnement de chansons nationalistes. Il était complètement absurde de se fier à la propagande ennemie voulant dire que les Algériens (indigènes) avaient reçu des instructions du PPA pour tuer les Européens sans défense.

Pour le cas de Guelma, les paysans de la Safia partirent encercler la ville à cause du sang coulé le soir du 8 mai, par André Achiary, le sous-préfet criminel. Ici, il est encore important de bien mentionner que Les quelques regrettables dépassements, côté Algérien, signalés le 9 mai 1945 qualifiées indécemment de barbarie par certaines cloches outre-mer, ne peuvent en aucun cas être comparées à la sauvagerie colonialiste et a son corollaire le racisme répugnant des envahisseurs. Fallait-il rappeler à ces “civilisés” que la première barbarie était juste dans le fait de traverser la mer pour venir piller et tuer des gens chez eux, provoquant l’un des plus grands drames humains de l’histoire.

En somme, la première fois ou Guelma a vu arriver une armée de spoliateurs Français c’était le 16 novembre 1837 et c‘est à cette date-là, que commençait la tragédie. Après 4 ans, ces étrangers (rouama) établissent leur premier centre de Colonisation, centre qui allait devenir plus tard le croisement des deux voies de pénétrations : Ouest-Est Constantine-Souk Ahras et Nord -Sud : Annaba-Sedrata-Khenchela. 1844 fut la date de la promulgation des ordonnances portant confiscation des terres.

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Le périmètre colonial Guelmois aller mordre surtout sur le bloc Arch alors que les grandes propriétés Européenne allaient se constituer sur les belles plaines de l’Est et du Sud de Guelma. Dans ces plaines se sont produites aussi des expropriations au profit de la caste Caïdale. Ironie du sort, les affrontements les plus acharnés du mois de Mai 1945 , ont eu lieu dans ces plaines, c’est à dire sur vers le Sud-Est est jusqu’a à Lapaine (Ben Smih), vers l’Est dans la zone de Petit (Boumahara Ahmed) et sur la route de montagne de la Maouna vers Ain Larbi (ex-Gounod) et plus loin Ain Makhlouf (ex-Renier). Ici Je ne puisse, bien entendu, ne pas évoquer les sacrifices colossaux des zones nord jusqu’au Col d’El Afjouj, de la région Bouati et enfin Ouest de Guelma jusqu’au fief du nationalisme Oued Zenati , mais faute de données complètes, je n’ai pu m’aventurer. Il reste encore terrifiant d’imaginer le chiffre des victimes lequel se traduit par centaines et centaines dans toute la région de Guelma. Les gens qui nous ont parlé’ de cet holocauste n’ont jamais voulu nous livrer une indication se contentant toujours de dire cette expression “Addam la Rokba” le sang jusqu’aux Genoux. Ceci ne pourrait empêcher tout lecteur d’avoir a travers certains éléments du présent récit, une idée sur la cruauté française et la barbarie des colons, lesquelles allaient continuer jusqu’en octobre 1945 surtout dans les mechtas de la commune de la Safia, un grand territoire qui s‘étend des limites de Sedrata au Sud jusqu‘au frontière de la zone de Souk-Ahras à l’Est et qui débute juste à quelques 7 km de Guelma . Cette commune (regroupant 3 grand Douars Sfahli, Ain Kton et Nadhor) est la plus populeuse. ACTE V

Les mitraillettes des bédouins

Le 9 mai 1945, après les tueries du 8 mai et la disparition de plus de 350 hommes, les paysans attaquèrent la ferme qui appartient à Dominique Bezzina, ils le tuèrent pour venger leurs morts. Ce colon était membre de l’exécutif de la mairie de Petit, 6 km de Guelma. Mais la véritable raison ayant poussé les insurgés à attaquer la ferme, réside dans le fait que ce Dominique le Maltais, était ami avec le principal assassin en l’occurrence le sous-préfet Achiari.

Ce dernier avait pris avec son ami le fermier, un grand déjeuner champêtre samedi le 5 mai. Or cet incident se présenta comme justificatif pour que les milices lancent une campagne d’extermination systématique. Je ne puisse répéter ici, ce qui a été si bien dit par d’autres, surtout ce qui s’est passé cet après-midi du Mardi 8 mai 1945 jour du marché hebdomadaire à l’intérieur de la ville de Guelma, une communauté urbaine de 18 000 ha dont 4500 étaient des indus occupants.

Me concernant et selon les témoignages, une des scènes commençait dans la commune mixte Sefia tôt le matin du 9 mai 1945 où S. Ghezali monta au sommet d’une colline dominant le douar pour lancer son appel au combat et ce en demandant aux gens de marcher sur Lapaine (Ben Smih) bled Gaffar et Guelma.. Des voix contestatrices arguèrent le manque de fusil. Mais Ghezali n’hésita pas à insulter les “trouillards” en les sommant de prendre même des pioches et des bâtons et d’être prêts à l’attaque. En légitime défense et face à l’agression, toutes les tribus de la zone Sud Est de Guelma se montèrent disposées à se joindre à l’offensive.

Des volontaires de Khenchela , de Tébessa, de Sedrata , de Ain Beida avaient roulé pendant toute la nuit sur la CD1 (Route montagneuse Sedrata-Guelma) pour se stationner aux portes de Lapaine (Ben Smih), les uns juste venus réclamer les corps des victimes du souk, les autres pour s’enquérir sur le sort des disparus. Les autorités coloniales parlèrent de brigades de choc armées d’un grand nombre de mitraillettes venant de Ain Beida et Sedrata, alors qu’il ne s’agissait que d’un mouvement de foule insurrectionnel auquel participèrent des tribus la plupart de bâtons.

Mais pourquoi ce mouvement ? La raison est bien simple. Des Algériens ont été sauvagement assassinés le 8 mai de l’après-midi à Guelma. Des centaines de paysans furent embarqués vers une caserne militaire puis vers le four à chaux d’Héliopolis. Voilà donc, le nazisme qui a vu ses jours en Allemagne aurait dû naître en France et les Algériens qui n’ont vu en temps de calme que des colons hautains chapeau melon et pipe au bec à la longueur de la journée, découvrirent en temps de guerre combien ils doivent payer pour satisfaire la valeur raciale Française. Contre un colon attaqué, il y aura mort de 500 indigènes. Qui dit mieux ?

 

Auteur
Larbi Zouaimia

 




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