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Mali menacé par les djihadistes : rester ou partir, le dilemme des expatriés

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Alors que le Mali subit une pénurie de carburant massive depuis que les jihadistes du Jnim ont décidé, début septembre, de s’en prendre aux camions-citernes qui le ravitaillent, la France recommande à ses ressortissants de quitter temporairement le pays.

« Depuis plusieurs semaines, le contexte sécuritaire se dégrade au Mali, y compris à Bamako », affirme le ministère français des Affaires étrangères dans une note aux voyageurs publiée ce vendredi 7 novembre.

Depuis le début du mois de septembre, outre les attaques visant des positions militaires, les jihadistes du Jnim détruisent les camions-citernes qui circulent sur les routes du Mali. En dépit des escortes qui permettent de sécuriser certains convois, le pays subit une pénurie de carburant massive : de nombreuses activités sont ralenties ou à l’arrêt, la fourniture d’électricité est également affectée.

Du fait de la dégradation de ce contexte sécuritaire et de son imprévisibilité, la France a donc conseillé à ses ressortissants de quitter le pays « dès que possible », ce vendredi 7 novembre, comme les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, l’Espagne ou encore le Royaume-Uni l’avaient fait avant elle. Mais les expatriés qui n’avaient pas déjà fui le Mali ces dernières années sont parmi les plus ancrés dans le pays. Alors si certains se sont résignés à partir, d’autres s’y refusent toujours. 

« La situation n’est pas dangereuse pour notre sécurité »

Nombre d’entre eux expliquent ainsi à RFI vouloir rester au Mali pour des raisons familiales, le plus souvent, professionnelles, aussi, et parce qu’ils ne veulent pas abandonner tout ce qu’ils ont construit. Mais la plupart préfère ne pas témoigner au micro, même pour exprimer leur amour du pays.

Hélène N’Diaye, elle, a accepté. Cette Française a acquis la nationalité malienne en se mariant à un Malien. Elle est paysagiste, installée à Bamako depuis 22 ans. « Je ne me suis même pas posé la question de savoir si je devais rester ou partir, explique-t-elle. Je vis ici, c’est chez moi. La situation n’est pas, à l’heure actuelle, dangereuse pour notre sécurité personnelle dans Bamako, estime encore Hélène N’Diaye. J’ai une logique très pragmatique, positive, « à la malienne » ! C’est-à-dire qu’on est dans une fragilité économique, mais on n’est pas attaqués. Bien sûr que c’est difficile, mais il est hors de question que je tombe dans ce piège de l’inquiétude. On est dans l’épreuve, mais ce n’est pas pour ça que je vais aller voir ailleurs. »

Mireille, elle, est belge – son nom a été changé à sa demande. Elle a passé près de vingt ans au Mali, pays dont, elle aussi, a acquis la nationalité. Après avoir déjà assisté à trois coups d’État (2012, 2020, 2021), à l’occupation du Nord par les groupes jihadistes (2012), à l’extension progressive des attaques vers le centre puis le sud du pays, ainsi qu’à toutes les phases successives de la guerre depuis plus de dix ans, Mireille s’est finalement résignée à partir il y a quelques jours… temporairement, espère-t-elle.

Crise panique

« C’est une peur qui est venue, une crise panique, confie Mireille. Je me suis dit : aïe, aïe, aïe, est-ce qu’on est en train d’assister à une situation comme en Afghanistan où les jihadistes vont prendre le pouvoir ? C’est ça qui m’a fait peur : les jihadistes. La pénurie de carburant non, je suis très solidaire de tous les Maliens. Ensuite, c’est le risque d’insécurité alimentaire. » Pour autant, Mireille se sent encore moins bien depuis qu’elle est partie. « Je pleure, je pleure le Mali, je pleure la situation, poursuit-elle la voix tremblante. J’ai ma vie au Mali, le Mali est dans mon coeur ! Je ne suis partie qu’avec trois valises de vêtements. Je me sens comme chez moi au Mali, c’est mon pays de coeur et je suis prête à y retourner quoiqu’il arrive. »

À ce stade, la perspective d’une attaque militaire du Jnim pour prendre Bamako est écartée par la plupart des analystes sécuritaires, le groupe jihadiste n’ayant ni les moyens ni l’intention d’exercer le pouvoir pour le moment. Une situation en dépit de laquelle Paris a donc malgré tout demandé à ses ressortissants présents au Mali de « prévoir un départ temporaire » « dès que possible par les vols commerciaux encore disponibles ». Jusqu’ici, la France n’avait recommandé qu’une « vigilance accrue ». Plus de 4200 Français vivent actuellement au Mali, pour l’immense majorité des binationaux. 

Rfi

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