21 novembre 2024
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Mémoire d’un Oranais (14) : Que fait Hamza sur la tête du Calife ?

Calife

Imaginez la tête de ces pauvres adolescents à Oran, à l’âge des premiers poils de la moustache, à qui on dit qu’il fallait désormais écrire de droite à gauche.

Et puis nous annoncer que les voyelles ne s’écrivent pas mais se devinent. Lors de notre voyage au bout de l’insolite nous avions appris une nouvelle qui nous avait fait tomber par terre de rire.

Que faisait notre camarade Hamza, perché sur la tête du Calife ?

C’est comme cela que nous moquions ce grand A majuscule sur lequel était posé le Hamza arabe. Cette cédille qui était montée au niveau supérieur, elle qui avait été si humiliée d’être sous les pas d’une autre.

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« Hamza, tu n’as pas peur de tomber ? », » « Hamza, il fait beau là-haut ? », le pauvre malheureux a dû l’entendre cent fois par jour pendant toute l’année scolaire. Il nous avait quittés à la fin de l’année mais nous n’avions jamais su s’il en avait eu « par-dessus la tête ». (Histoire véridique).

Puis on nous a présenté les cousines de la charmante Laïssa et les sœurs  de Kâna (vous vous rappelez ?). C’est que les familles étaient très nombreuses à l’époque.

La moralité de cette histoire est que la beauté d’une langue ne se transmet jamais par des mythes, des idéologies et des contraintes. Et surtout pas par les pitreries de notre camarade Hamza

Elle aurait suffi à elle-même si elle s’était présentée à nous tout simplement comme une belle langue, ce que nous n’aurions pas douté car nous étions suffisamment instruits pour savoir que toutes les langues sont le support des cultures de l’humanité.

Quelle rigolade (encore !), un demi-siècle après celle de Hamza sur le dos du Calife, lorsqu’on nous a annoncé que la nouvelle langue universitaire algérienne sera désormais… l’anglais.

Il nous l’avait caché, Hamza, lorsqu’il nous avait quittés. Il était parti aux Etats-Unis pour une autre aventure.

« Plus on tombe de haut, plus grande est la chute » dit le proverbe. Un jour Hamza descendra de là-haut.

Les langues sont têtues, elles ne vivent que si elles trouvent un sens dans une communauté qui les respecte pour ce qu’elles ont à offrir et non pour ce que des abrutis veulent en faire.

Si l’anglais était aussi intelligent que sa puissance, il devrait se méfier de s’implanter dans un pays qui renie les autres, présentes et enracinées depuis bien plus longtemps.

« Hamza, arrête de faire le pitre et descends de la tête du Calife ! ».

Sid Lakhdar Boumediene

 

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