27 juillet 2024
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Mémoire d’un Oranais (17) : Les époques changent, les mentalités avec

Dépression
Image par Reggi Tirtakusumah de Pixabay

À d’autres époques, d’autres mœurs et surtout d’autres approches médicales. La compétence des anciens n’est absolument pas remise en cause car il ne s’agit pas là de la fiabilité de l’expertise médicale mais de l’approche au patient et des conditions qui étaient disponibles à ce moment.

C’est ainsi qu’on nous a expliqué pendant des décennies que la douleur n’était pas prise en compte, ou très peu, dans les études médicales. Une question d’approche psychologique différente selon les époques.

Dans mon enfance oranaise, mon sentiment était ambivalent lorsque la fièvre arrivait. Un diable dans mon oreille gauche me disait que je n’irai pas à l’école et que c’était chouette.

Dans mon oreille droite un ange m’avertissait que le feu de l’enfer s’abattrait sur moi (une plus forte fièvre) si je ne passais pas l’épreuve redoutée.

Les docteurs de l’époque se déplaçaient à la maison. La sonnette de la porte me faisait bondir, le brigand n’a pas eu un accident sur la route. « Bonjour mon petit gars, alors comme ça, on est malade ! ».

Mémoire d’un Oranais (16) : Le coiffeur de Tlemcen et les ciseaux… tranchants !

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Ce docteur n’avait pas été au courant des cachets d’antibiotique. Dès que vous lui adressiez un mot, il vous répliquait par la terrible phrase « je vais te faire une piqure de pénicilline ».

On avait l’impression que sa seule thérapie était la piqure de pénicilline. Un mal à la gorge, et hop, une piqure de pénicilline ! Un mal au genou, et hop, une piqure de pénicilline ! Un chagrin d’amour à l’école, et hop, une piqure de pénicilline !

On avait donc l’impression que ses études de médecine s’étaient arrêtées à la page « et hop, une piqure de pénicilline ! ».

Et là commence le spectacle du drame, c’est que cet assassin était un maître du cérémonial avant la mise à mort. Il faut bien vous rendre compte que la piqure de cette époque, ce n’était pas la même histoire.

Le docteur sortait une boîte en métal et en l’ouvrant avec un si grand cérémonial, vous tremblez devant l’engin.

Une énorme seringue avec trois parties séparées, une tige qui ressemblait à un sabre de Samouraï, un réservoir aussi grand que celui des cuvettes de l’hôpital et une espèce d’engin terrifiant, celui qui devait pousser le liquide mortel.

Alors il demandait qu’on fasse bouillir les instruments du diable car à cette époque, les seringues jetables, walou !

Et de la chambre vous entendez l’eau bouillir avec le pétillement des entrailles d’un volcan. Mais ce n’est pas fini, les casseroles de l’époque était d’un acier qui ferait démolir la tête de celui qui s’attaquerait à la cuisinière.

Et vous entendez les trois parties de la seringue s’entrechoquer et, surtout, cogner les parois de la casserole avec fracas. Un vrai « supplice chinois » avant de passer à l’exécution.

Puis il ouvre un flacon, plonge l’aiguille dans une fiole de pénicilline comme les sorcières d’antan avaient leurs fioles à préparer le produit maléfique.

Et n’allez pas penser que c’est le très léger mouvement de seringue de la période actuelle. Pas du tout, à cette époque les médecins et les infirmières levaient très haut la seringue pour prendre de l’élan et permettre une bonne pénétration dans la peau.

Puis il remettait la seringue dans l’étui métallique car ce sérial killer allait reproduire le même scénario de son crime à la pénicilline dans les maisons où l’attendent des pauvres bougres comme moi, incapables à notre jeune âge de repousser le monstre.

Depuis, à chaque fois que je rencontre un médecin dans son cabinet, je prie le ciel  qu’il n’ait pas fréquenté le docteur à la seringue dans la même université de médecine et qu’il soit au courant, lui, de l’existence des comprimés de pénicilline ou de ses variantes.

Sid Lakhdar Boumediene

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