Le syndicat Jupol, principal représentant des agents de la Police nationale espagnole, a appelé le gouvernement à renforcer sa politique migratoire en négociant des accords de réadmission avec le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Sénégal. Objectif affiché : permettre le «retour automatique » des migrants entrés illégalement en Espagne.
Dans un communiqué relayé par l’agence Europa Press, Jupol estime que ce dispositif permettrait de freiner les réseaux d’immigration clandestine, de limiter « l’effet d’attraction » incitant aux traversées maritimes périlleuses et de renforcer la sécurité nationale par un « contrôle efficace des flux migratoires ».
Le syndicat cite en exemple l’accord en vigueur entre l’Espagne et la France. Celui-ci prévoit que toute personne ayant pénétré illégalement sur le territoire français, et dont il est établi ou présumé qu’elle a transité par l’Espagne, soit renvoyée vers ce pays. Jupol souhaite que le même principe s’applique avec les États africains mentionnés, de manière à ce que toute arrivée irrégulière en provenance directe ou indirecte de ces territoires soit suivie d’un renvoi « sans délai ni procédures inutiles ».
Un précédent avec la France
L’accord existant entre Madrid et Paris prévoit le renvoi en Espagne de toute personne entrée illégalement en France et dont il est prouvé ou présumé qu’elle a pénétré dans l’Union européenne via l’Espagne. Pour Jupol, ce principe devrait s’appliquer aux pays africains concernés, afin que toute personne arrivant illégalement soit réadmise « sans délai ni procédures inutiles ».
« Lorsqu’un canot provenant de ces pays ou transitant par eux sera immédiatement restitué, les mafias n’auront plus aucune raison de continuer à envoyer des embarcations surchargées dans des conditions inhumaines. Loin d’être une mesure hostile, il s’agit d’une mesure visant à protéger des vies humaines », affirme le syndicat.
Cette prise de position intervient dans un contexte de pressions croissantes sur les routes migratoires atlantiques et méditerranéennes, marqué à la fois par une hausse des arrivées irrégulières et par des drames en mer. Elle ravive le débat sur l’équilibre entre contrôle des frontières et respect des droits fondamentaux des migrants.
Entre sécurité et droits humains
La proposition de Jupol s’inscrit dans une logique de contrôle renforcé des frontières, visant à réduire les arrivées irrégulières et à priver les réseaux criminels de leurs moyens d’action. Elle s’insère dans une politique où l’Espagne mise déjà sur la coopération avec les pays d’origine et de transit, notamment avec la Mauritanie, qui a récemment accru ses patrouilles maritimes grâce à un soutien financier espagnol et européen (El País).
Mais ce type d’accords soulève aussi des interrogations sur le respect des droits fondamentaux et sur les conditions de réadmission, en particulier dans des pays où les garanties juridiques peuvent varier fortement.
Pour l’heure, le gouvernement espagnol n’a pas réagi publiquement à cette demande. La question pourrait toutefois s’inviter dans les débats de rentrée, alors que les dynamiques migratoires en Méditerranée et sur l’Atlantique continuent d’évoluer rapidement. Reste à savoir si cette initiative se traduira par des accords bilatéraux concrets ou par une politique intégrée, respectueuse des droits fondamentaux, proposée par l’exécutif dans les prochains mois.
Un contexte migratoire en mutation
Les dernières données du ministère espagnol de l’Intérieur et de l’agence Frontex montrent une baisse globale des arrivées irrégulières en Espagne en 2025, mais avec de fortes disparités régionales, avec, notamment, une forte poussée des arrivées à partir de l’Algérie ( 3000 arrivées au 1er semestre 2025).
Diminution générale : Entre janvier et fin mai 2025, l’Espagne a enregistré 15 769 arrivées irrégulières, soit un recul de 27,6 % par rapport à la même période de 2024 (inspain.news).
Iles Canaries en recul : Les îles ont accueilli 10 983 personnes sur cette période, en baisse de 35,4 % (inspain.news), après un pic historique en 2024 avec plus de 61 000 arrivées (Cadena SER).
Explosion vers les Baléares : À l’inverse, la route algérienne vers l’archipel a enregistré près de 3 000 arrivées au premier semestre, soit un triplement par rapport à 2024 (El País). Depuis le début de l’année, plus de 3 500 migrants y ont débarqué, en hausse de 124 % (El País), avec une présence notable de migrants originaires de Somalie (Reuters).
Au niveau européen, Frontex signale que les franchissements irréguliers aux frontières extérieures de l’UE ont chuté de 38 % en 2024, atteignant leur plus bas niveau depuis 2021.
La rédaction
Déjà que l’Algérie ne reprend pas ses délinquants sous OQTF ,alors ses immigrés clandestins faut pas y compter