25 avril 2024
spot_img
AccueilMondeMilitaires dans les rues de Ndjaména : ambiance de crise et de...

Militaires dans les rues de Ndjaména : ambiance de crise et de peur

 

Une ambiance de situation de crise régnait dimanche 23 octobre dans les villes tchadiennes sous couvre-feu suite aux violences du 20 octobre. Quatre jours après les manifestations meurtrières de jeudi, l’émotion reste palpable. Selon le bilan officiel, près d’une cinquantaine de personnes ont été tuées lors de la répression des manifestations anti-pouvoir, près de 300 autres ont été blessés. Le personnel de santé reste également choqué par ce « jeudi noir ».

La même scène depuis trois jours. Ce dimanche vers 17h, tous les habitants de Ndjamena, où un couvre-feu est en vigueur à partir de 18h, se sont empressés de rentrer chez eux. Depuis, les commerces sont fermés et les rues vides de passants. Un important dispositif militaire a en revanche été déployé. De nombreux véhicules de l’armée, parfois équipés d’armes lourdes, sont visibles dans la capitale.

Si l’internet n’est pas coupé, le débit est tellement lent que même charger une page Facebook devient compliqué. Les 7ème et 9ème arrondissements de la capitale sont privés d’internet, tout comme une partie du 6ème.

Une situation que le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement impute à un trop grand nombre de connexions. « Avec le couvre-feu, tout le monde est chez soi et à l’affût de l’information, explique à RFI Aziz Mahamat Saleh. Tout le monde est connecté en même temps. Il y avait déjà des problèmes de connexion qui ont été malheureusement accentués. Même les opérateurs ont été conviés par le gouvernement pour améliorer les choses. Mais à ma connaissance, il n’y a pas de coupure d’internet sur le territoire tchadien. »

Un agent de santé en première ligne témoigne de fractures qu’il « n’aurait pas imaginées »

Jeudi a été une journée qu’un agent de santé n’oubliera pas, dont RFI a pu recueillir le témoignage anonyme, car il dit aujourd’hui se sentir menacé. Il était en première ligne jeudi pour accueillir une partie des blessés par balle :

- Advertisement -

Y a des moments où j’avais envie de pleurer. Mais je me disais, « s’il faut pleurer devant tout le monde, les gens vont être complètement démoralisés » et donc je faisais un effort. Sinon y a des fractures… Je dirais qu’il y a des fractures que je n’aurais pas imaginées, je n’imaginais pas qu’une situation pouvait dégénérer de cette sorte.

En plus de l’afflux de blessés, cet agent de santé a dû faire face au manque d’équipement matériel. Il raconte avoir dû opérer un patient à mains nues :

À un moment donné, on n’avait plus de gants. Il y a eu ce cas qui m’a obligé à mettre la main. J’ai pesé le pour et le contre, et c’est vrai que j’étais déjà exposé. Mais le gars, on a failli le perdre, il avait une fracture au niveau de la jambe qui a traversé un gros vaisseau. Là, il n’y avait pas de gants. J’ai ramassé des bandes de gaz pour faire le pansement et je me suis retrouvé la main baignant de sang. Je n’avais pas le choix.

Face à l’urgence de la situation, poursuit-il, plusieurs blessés ont été pris en charge devant leurs proches. L’hôpital était noir de monde, un attroupement qui a attiré l’attention des forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène.

Visite du président de la Commission de la CEEAC

De son côté, le président de la Commission de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) a achevé ce dimanche sa mission d’évaluation à Ndjamena. Gilberto Da Piedade Verissimo voulait profiter de sa visite de 24 heures pour rencontrer l’opposant Succès Masra, aujourd’hui président du parti Les Transformateurs, mais ce dernier n’a pas souhaité se déplacer pour des raisons de sécurité. Les deux hommes se sont tout de même entretenus par téléphone avant l’arrivée du commissaire à Ndjamena.

RFI

 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

ARTICLES SIMILAIRES

Les plus lus

Les derniers articles

Commentaires récents