En cherchant à contourner les mécanismes légaux de protection de l’enfance, l’exécutif baléare s’expose aux critiques d’une partie de la société civile *, qui y voit une atteinte au principe fondamental de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Les Îles Baléares font face à une polémique grandissante sur la gestion des mineurs algériens non accompagnés (MENA). Le gouvernement régional, dirigé par le Parti populaire (PP), réclame le rapatriement collectif de près de 300 enfants, une mesure jugée illégale par les organisations humanitaires et contraire à la jurisprudence de la Cour suprême espagnole.
À l’origine de cette controverse figure un cas isolé : la procédure de retour de sept adolescents algériens arrivés à Ibiza en septembre, demandée par leurs parents via les autorités algériennes. Ce dossier exceptionnel, encadré par le parquet espagnol, est désormais utilisé par l’exécutif baléare pour justifier une expulsion massive. Une assimilation dénoncée par le ministère espagnol de la Jeunesse et de l’Enfance, qui y voit une tentative de « semer la confusion » entre des situations distinctes : l’exercice de l’autorité parentale pour les sept mineurs concernés et la tutelle publique pour les 298 autres enfants en situation d’abandon.
Les associations de défense des droits des enfants (CEAR, Plateforme de l’Enfance, APDHA) rappellent que tout rapatriement doit respecter l’intérêt supérieur du mineur et faire l’objet d’une évaluation individuelle. Une expulsion collective serait non seulement contraire au droit espagnol, mais aussi aux engagements internationaux du pays.
Les autorités baléares invoquent la saturation de leurs centres d’accueil, dont le taux d’occupation dépasse 230 %. Mais les experts rappellent qu’un mécanisme de solidarité interrégionale existe déjà. Le décret-loi 2/2025 prévoit la répartition automatique des mineurs entre les différentes communautés autonomes lorsque la capacité d’accueil est dépassée. Le gouvernement des îles Baléares, au lieu de l’appliquer, a choisi de le contester devant la justice, sans succès.
La rédaction

