Presque une semaine après l’expulsion du journaliste Farid Alilat du pays, le ministre de la Communication Mohamed Laagab, se fend d’une déclaration pour le moins hallucinante pour justifier cette mesure.
Mohamed Laagab a d’abord affuté ses arguments avant de rompre le silence sur l’affaire de l’expulsion du journaliste Farid Alilat fin de semaine dernière. Dans un point presse tenu, jeudi à Oran, Mohamed Laagab estime que l’interdiction d’entrée du journaliste Farid Alilat en Algérie n’est pas liée à sa qualité de citoyen algérien, mais concerne le média où il exerce, Jeune Afrique, qui a pris des positions « inamicales » envers l’Algérie. Décidément notre valeureux ministre a le sens de la litote ! Il faut croire que nos dirigeants ne supportent aucune critique. La preuve : la domestication de la presse nationale.
L’impénitent Laagab n’a pas son pareil pour justifier l’injustifiable et trouver les explications les plus abracadabrantesques aux errements arbitraires du régime qu’il sert.
Le ministre a indiqué en réponse à une question d’un journaliste que « Farid Alilat est le bienvenu en Algérie comme citoyen algérien. Cependant, le magazine où il exerce n’est pas le bienvenu et en cas de changement de sa position, il sera bien accueilli ». Mais, M. Laagab ne nous dit pas comment il arrive à faire la différence entre le journaliste et le citoyen ? Faut-il donc que Farid Alilat démissionne de Jeune Afrique pour que les autorités algériennes le laissent rentrer dans son pays ?
Mohamed Laagab a souligné que l’Algérie « n’a pas expulsé et n’expulsera aucun de ses enfants. A une époque où les pays n’étaient pas en mesure de rapatrier leurs enfants, durant la pandémie sanitaire, l’Algérie a déployé des efforts considérables pour rapatrier tous ses enfants de diverses régions du monde et transférer gratuitement d’autres communautés arabes ». A peine croyable ! La déclaration de notre chevalier blanc, ministre à ses heures, a de quoi chatouiller d’orgueil de ceux qui le croient. On donc découvre par la bouche de notre ministre des autorités soucieuses de ses expatriés !
« Des pouvoirs publics pareils n’abandonnent jamais leurs enfants et la question ne le concerne pas en tant que citoyen algérien, mais plutôt le magazine Jeune Afrique où il exerce, qui a adopté des positions éditoriales hostiles à l’égard de l’Algérie. Ce média publie tantôt des informations incorrectes tantôt des informations exagérées, et n’évoque jamais tout ce qui est positif en Algérie », a-t-il souligné.
Puis de tresser les lauriers du journaliste qui a été renvoyé du pays comme un vilain mal espion. « Farid Alilat est un citoyen algérien, mais en même temps il est journaliste dans un magazine indésirable, et lorsque ce média profite de sa nationalité algérienne et s’immisce de manière sournoise dans l’exercice du travail journalistique, cela est inacceptable », a pesté le ministre. Puis il renchérit : « Séparer les deux est difficile, mais en tant qu’Algérien, il est le bienvenu. Il exerce un travail journalistique pour son média, qui a choisit de prendre des positions hostiles à l’Algérie et ceci est intolérable ». Toute la question est là. Un vrai cas d’école. Le journaliste doit donc renoncer à sa liberté d’exercer son métier pour rentrer chez lui ! Grand dilemme qui ne pose pas de problème à notre zélé ministre de la Communication.
Et comme pour dire que l’Algérie n’a rien à cacher et ouverte sur le monde le ministre a ajouté : « Nous avons environ 56 correspondants de 36 établissements médiatiques étrangers représentant 18 pays, et dans le cadre de la parution de différents textes d’application des nouvelles lois sur l’information, les portes restent ouvertes aux médias étrangers désirant désigner des correspondants en Algérie ou d’ouvrir des bureaux, dans le cadre de la loi algérienne et le respect mutuel ».
Yacine K.