25 avril 2024
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Nour El Yakine Ferhaoui : « J’ai été victime d’un complot »

RENCONTRE avec l’initiateur du festival international de la caricature

Nour El Yakine Ferhaoui : « J’ai été victime d’un complot »

Nour El Yakine Ferhaoui, caricaturiste et grand initiateur du festival international de la caricature et du dessin de presse, que des individus malintentionnés ont fait capoter, revient ici sur cette malheureuse expérience.

Le Matin d’Algérie : Quand, pourquoi et comment as-tu eu l’idée d’organiser cette première exposition internationale ?

Nour El Yakine Ferhaoui : C’est au début du mois décembre 2017 que j’ai eu l’idée d’organiser cette première édition du salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour d’Oran, cette ville où je naquis, que j’aime, et que j’ai eu l’occasion de représenter un peu partout dans le monde. Et ce n’est qu’après avoir été plusieurs années de suite à l’étranger en participant à divers événements culturels internationaux et côtoyé de grands éditorialistes du dessin de presse comme le Français Plantu, l’Américain Cagle, le Libanais Haddad et le Canadien Bado etc., que j’ai pensé à élaborer ce projet de la satire journalistique que j’ai placé sous le thème ‘’Oran 2021’’ en référence aux Jeux méditerranéens qu’abritera d’ici trois ans la capitale de l’ouest. Ledit projet a été qualifié de bonne initiative par le directeur de la culture de la wilaya d’Oran, voilà ce qui m’a poussé à m’engager pour inviter une vingtaine de caricaturistes dont sept étrangers, et les deux premiers dessinateurs de presse, vers lesquels je me suis orienté pour démarrer le projet, c’étaient Abdelkrim Beneddine, caricaturiste au temps d’El Manchar, ainsi que Karim Bouguemra, dessinateur éditorialiste au Soir d’Algérie. Le premier, m’a soutenu moralement avec l’idée d’inviter quelques anciens dessinateurs algériens que les instances culturelles avaient classés aux oubliettes. Le deuxième, Karim’, s’est présenté volontaire pour la réalisation de l’affiche officielle du salon, une simple conception publicitaire qui a poussé la presse à bien médiatiser l’événement au niveau national et international. Personnellement, je suis fier d’un tel effort pour la bonne réussite de ce salon malgré son sabotage par nos décideurs.     

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Le Matin d’Algérie : Quelles furent les réactions des dessinateurs et dessinatrices contacté-e-s, nationaux et étrangers ?

Quand j’ai eu les assurances de M. Kouider Bouziane, l’actuel directeur de la culture d’Oran avec l’espoir de voir parrainer cette première édition du salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour d’Oran, je me suis orienté aussi vers M. Boucif Belhachemi, le directeur régional de l’Office national des droits d’auteur et droit voisin d’Oran (ONDA). Ce dernier m’a promis de financer une partie de la manifestation et de transmettre en main propre le dossier aux instances concernées voire le DG d’Alger Sami Bencheikh en qualifiant ledit projet pour une première à Oran et en Algérie. Quand j’ai eu le feu vert ainsi que l’accord verbal de la part de ces deux derniers, j’ai commencé à informer les dessinateurs de presse algériens et étrangers que j’avais l’intention d’inviter. j’ai commencé par leur demander leurs curriculums vitaux et leurs pièces d’identité. Quant aux six étrangers, ils m’ont transmis leurs passeports via email selon les exigences du directeur de la culture d’Oran, dans le but de me parrainer ce salon international. Tout le monde était optimiste voire satisfait, le projet s’était médiatisé et les participants s’impatientaient de venir participer audit festival qualifié par les journalistes comme événement majeur pour la ville et pour la dynamique culturel du pays,       

Le Matin d’Algérie : De quels moyens en personnes et en matériel as-tu disposé ?

Je ne disposais d’aucun moyen matériel, je me contentais des assurances des deux directeurs officiels de la culture oranaise qui m’ont promis « parrainage du salon et financement de l’événement ». Je travaillais sans même disposer d’un siège pour gérer tous les aspects administratifs liés à ce festival. Et quand je me suis vu ignoré par le directeur de la culture de la wilaya d’Oran, qui refusa de me recevoir même les jours de réception, je me suis dirigé vers la directrice du Musée Public National d’Oran Ahmed-Zabana. Elle fut non seulement accueillante, en la matière, mais assez compétente dans la gestion des manifestations culturelles et patrimoniales. Après avoir transmis le dossier dudit projet au niveau du ministère de la Culture, une semaine d’après, cette directrice du Musée m’informe que je suis autorisé d’exploiter les espaces du musée d’art moderne d’Oran « MAMO » du 7 au 12 mai 2018, et que les dessinateurs étrangers peuvent bénéficier d’un visa d’entrée en Algérie que le ministère de la Culture vient d’approuver. J’en étais heureux. Sachant qu’aucun dossier n’a été transmis par le directeur de la culture d’Oran, lequel prétendait que le dossier est en cours d’étude par le ministère, j’en fus très désolé pour un tel comportement que je qualifie d’absurde et d’incompétent.       

Le Matin d’Algérie : Alors, malgré tous les obstacles, elle a fini à être publiquement organisée, l’expo que tu as eu l’intelligence, le courage et la ténacité de proposer au public. Comment, à présent, expliques-tu le silence du directeur de la « culture » d’Oran, puis du ministre de la même soit disant « culture » ?

A vrai dire, j’ai été victime d’un complot, je me suis trouvé confronté à un véritable engrenage dû aux réactions arbitraires et incompréhensibles des autorités concernées, sans oublier les abus de pouvoir, l’incompétence, la bureaucratie et surtout des injustices. Enfin, j’avais affaire à une dictature (1), à un clan mafieux et à de vrais délinquants en col blanc que même ceux qui les ont intronisés pour nous servir n’arrivent à les blâmer. Je ne sais pas qui est derrière cette machination, mais, en tout cas, le projet de réaliser la première édition du salon international, prévu du 7 au 12 mai, a carrément capoté, et ce malgré les grands efforts et le travail que j’ai menés. J’ai tenté de rencontrer le wali d’Oran mais c’est un tonitruant… méprisant silence que je reçus. J’ai aussi, adressé une lettre publique via les journaux à l’intention de l’actuel ministre de la Culture, mais elle a été totalement dédaignée par ce dernier.       

Le Matin d’Algérie : Durant ton combat pour réaliser l’exposition à Oran, as-tu sollicité des solidarités d’associations pour qu’elles accueillent l’exposition dans leur local ?

A Oran la culture est dirigée par une hiérarchie mafieuse, elle est infectée par d’incompétents magouilleurs dont leur seule mission consiste à dépouiller et à dégrader cette ville, la réduire à néant et ternir sa bonne image. J’ai écrit un article en 2016 à propos de ce fléau qui ne cesse de causer des problèmes à notre ville. Et si je n’ai sollicité aucune solidarité des associations, c’est parce qu’elles sont issues du même clan et de la même “Cosa-Nostra”, elles sont minimes, leurs fondateurs sont très proches de mes ennemis culturels. Alors, comment compter sur des associations qui ont boycotté mon expo individuelle, donnée à Oran en mois d’octobre 2017 ?

Le Matin d’Algérie : Durant ce même combat pour réaliser ton expo à Oran, quelle fut la solidarité que tu as reçue de la part des moyens d’informations, et des journalistes, en particulier ?

Je remercie certains journalistes qui m’ont soutenu durant tout le long combat que j’ai mené pour l’organisation de ce festival, comme « Echourouk », « L’Echo d’Oran », « Le Soir d’Algérie », « Le Matin d’Algérie » et aussi Abdou Semar d' »Algérie Part ».

Le Matin d’Algérie : En comparaison à l’exposition prévue dans un local à Oran, voici l’exposition virtuelle proposée dans Le Matin d’Algérie, à un public nettement plus large, quel que soit son lieu de résidence, et son temps disponible. En outre, ce public a la possibilité d’insérer des commentaires concernant les œuvres publiées. Dès lors, comment juges-tu cette solution virtuelle, par rapport au projet initial dans un local d’Oran ? Et que penses-tu du commencement et du déroulement de l’actuelle exposition virtuelle ?

L’exposition virtuelle proposée par le Matin d’ Algérie m’a permis de réunir à nouveau mes amis dessinateurs et caricaturistes, et c’est une occasion pour visualiser librement, gratuitement. Mieux encore : au lieu d’une exposition dans un local public, limitée aux résidents de la ville d’Oran. il y a même de nouveaux dessinateurs qui se bousculent (rire) dans l’espoir d’exposer leurs œuvres dans la plateforme du Matin d’Algérie. Un premier papier est paru ces derniers jours dans un journal tunisien pour la promotion de cet événement.

Sauf un caricaturiste proche du FIBDA qui vient de me menacer par SMS, en prétendant que c’est lui qui a contribué au sabotage de mon festival et qu’il est prêt à me le prouver. J’ai ces SMS ainsi que son propre numéro. Enfin, j’ai reçu même des appels anonymes, comme quoi les questionnaires proviennent de la part de bons collaborateurs qui désirent contribuer pour mon salon, sans me rendre compte, avec qui, j’avais affaire

Le Matin d’Algérie : Quels motifs avait ce caricaturiste proche du FIDBA, et qu’est-ce cet organisme ? Et que penses-tu de ses motifs ?

Aucune idée, enfin, il n’arrêtait pas de me transmettre des SMS continus dans lesquels il m’insultait en m’informant aussi que c’est lui, avec les connaissances bien blindées qu’il a à Alger, qui a saboté mon festival. Sans se rendre compte de l’ignare qu’il était, puisqu’il m’a menacé avec son propre numéro… Enfin, c’est l’Algérie, elle est ainsi faite… j’aurais dû déposer plainte, mais je ne voulais pas remplir ma tête avec de tels braiements…

Le FIBDA est le Festival International de la Bande Dessinées d’Alger, qui se tient depuis 2008 ici en Algérie, soutenu et appuyé par le ministère de la culture et l’ONDA, c’est un évènement majeur qui se tient annuellement en Algérie présidé et fondé par Dalila Nadjem qui était mon invitée d’honneur au Salon International de la caricature, du dessin de presse et d’humour dOran.

Le Matin d’Algérie : Est-ce que tu as reçu, de la part des participants à l’expo, de premières réactions ? Notamment concernant le changement de la forme d’expo, de local à Oran, à virtuel sur un journal ?

Oui, bien entendu. La preuve : j’avais la solidarité de mon ami Karim Bouguemra, concepteur de la nouvelle affiche du salon virtuel. La plupart des dessinateurs m’ont autorisé à exposer leurs dessins dans la plateforme du Matin d’Algérie, il y a Guy Badeaux dit « Bado», dessinateur éditorialiste canadien, qui a qualifié cette méthode d’expo de bonne initiative, ainsi que le dessinateur kabyle Ghilas Aïnouche, heureux d’avoir effectué son interview avec la rédaction, et la liste est bien longue pour m’exprimer.     

Le Matin d’Algérie : Outre les questions que je t’ai posées, as-tu d’autres observations à présenter ?

C’est un véritable coup de gueule contre un complot bien organisé, monté de toutes pièces entre les décideurs d’Alger et ceux qui décident à Oran, afin de parvenir à mettre en péril tous les efforts que j’ai mis sur pied pour la bonne organisation de ce salon. Un sabotage que l’histoire retiendra. Enfin, voilà comment récompenser ceux qui ont hissés plus haut l’emblème du pays dans les quatre coins du monde.        

Auteur
Kaddour Naïmi

 




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