Lundi 8 octobre 2018
Ould Kaddour ne fait pas de politique mais Patrick Pouyanné si
Commentant samedi les relations entre la France et l’Algérie Ahmed Ouyahia considérait sur les bouts des lèvres qu’elles étaient tendues et que l‘Algérie avait commencé à appliquer le principe de réciprocité en enlevant la garde policière des édifices de l’ambassade de France en Algérie ainsi que sur la question des visas.
Dimanche, le PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, s’est livré, à contrario, à une réponse vague au demeurant, voire expéditive : «Je suis un businessman, je ne fais pas de politique, c’est bon signe d’avoir conclu ces contrats avec Total pour pouvoir développer nos relations économiques». Et d’ajouter en tout petit : «Avec nos 22.000 km de pipelines, on essaie d’exploiter tous nos moyens, et là où on peut utiliser une entreprise locale, on le fera»
Pourtant, les faits historiques sont formels, la présence de la compagnie française en Algérie a toujours été accompagnée d’un fond politique avoué. Il y a très peu d’opérations commerciales dans lesquelles le gouvernement français ne s’est pas impliqué depuis la mise en œuvre des accords d’Evian. L’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil dans l’interview qu’il a accordé récemment à Tsa n’a pas manqué de recommander aux Algériens d’apprendre l’anglais car la langue française s’est tellement incrustée dans la vie économique et sociale que toute affaire avec un étranger devra d’abord passer par Paris.
Les deux contrats signés dans l’activité amont et aval n’apporteront rien de nouveau pour Sonatrach sinon un renforcement de l’assistance technique française qui fait tout pour que l’Algérie en reste viscéralement dépendante. Le 6 octobre dernier, la Banque d’Algérie avait annoncé un chiffre de près de 8 milliards de dollars de déficit au 30 juin de l’année en cours. Automatiquement, on a puisé 9 milliards de dollars des réserves de change pour le combler. Ceci, en dépit des assurances du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, qui a déclaré à la même période de l’année dernière aux députés soit le 05 octobre 2017 que l’Algérie a besoin d’un baril de pétrole à 70 dollars pour atteindre l’équilibre budgétaire. Vu la situation de l’époque du marché des hydrocarbures, le ministre avait affirmé que la planche à billets constituait la seule issue possible.
Pourtant l’année 2018 a été très favorable au prix du baril puisque du 1er janvier au 30 juin, le baril du Brent a été en moyenne de 72,88 dollars auxquels il faudrait en rajouter 2 pour la prime de légèreté d’un taux de soufre bas du Sahara Blend algérien. Les experts sont unanimes, la cause n’est pas le déficit commercial seulement mais le paiement de services techniques dans le secteur pétrolier ou de services de transport et d’assurance des importations ainsi que de la rémunération des activités d’entreprises étrangères dans les domaines du bâtiment et des travaux publics pour la réalisation de projets publics notamment.
Il faut préciser par ailleurs que les services pétroliers qu’Ould Kaddour encourage à outrance en occupent une partie importante.