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Moussa Dienne : « Certes le pouvoir impressionne, mais l’homme qui le porte reste vulnérable »

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Moussa Dienne
Moussa Dienne. Crédit photo : Le Matin d'Algérie

Alors que La fièvre du Troisième mandat Éditions l’harmattan 2022 continue de susciter débats et réflexions, Moussa Dienne a accepté de répondre aux questions du Matin d’Algérie. Dans ce roman incisif, il analyse les risques d’un pouvoir tenté par un troisième mandat et les fractures qu’une ambition sans limites peut provoquer au sein d’une nation. À travers une fiction nourrie de réalités politiques contemporaines, l’écrivain met en lumière le rôle déterminant de la jeunesse et de la société civile, tout en interpellant dirigeants et citoyens sur l’importance de l’éthique, de la vigilance et de l’engagement citoyen.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire un roman sur les dérives d’un pouvoir poussé à briguer un troisième mandat ?

Moussa Dienne : Ce qui m’a vraiment inspiré c’est la récurrence des problèmes politiques découlant du non-respect des dispositions constitutionnelles limitant le nombre de mandats présidentiels. L’histoire politique récente montre que la tentation du pouvoir sans limites engendre presque toujours des fractures profondes, des manifestations destructrices, des violences latentes et une désillusion quasi-collective. Au Sénégal, la politique est omniprésente dans les conversations et les médias. En tant qu’écrivain, il m’a semblé opportun de transformer cette préoccupation populaire en matière romanesque, afin de montrer comment l’ambition personnelle débridée peut mettre en péril l’équilibre d’une nation.

Le Matin d’Algérie : Pourquoi avoir choisi le ton satirique et ironique pour traiter de thèmes aussi sérieux que la corruption et la manipulation politique ?

Moussa Dienne : Je ne dirai pas que le ton est satirique au sens classique du terme. Il est parfois ironique, certes, mais avant tout descriptif et percutant. Mon objectif n’était pas de tourner les faits en dérision, mais de les exposer avec une lucidité parfois tranchante, afin de laisser au lecteur le soin d’en mesurer la gravité. Les thèmes abordés appellent à la réflexion, à la prise de conscience et non au rire.

Le Matin d’Algérie : La métaphore du « géant aux pieds d’argile » traverse tout le roman. Que voulait-elle symboliser pour vous ?

Moussa Dienne : Cette métaphore symbolise le décalage entre l’image du pouvoir et sa réalité. Le chef de l’Etat est perçu comme un géant, alors qu’il est en permanence contenu par la loi, dépendant de forces extérieures qu’il ne maîtrise pas, et limité par sa propre humanité appartenant à une famille, un clan… Certes le pouvoir impressionne, mais l’homme qui le porte reste vulnérable.

Le Matin d’Algérie : Kondéfa Sissi et Jeynah Amer incarnent deux facettes du pouvoir. Comment avez-vous construit ces personnages pour refléter la réalité politique ?

Moussa Dienne : Ces personnages sont nés d’une observation de la vie politique africaine contemporaine. Kondéfa et Jeynah ne renvoient pas à des individus précis, mais à des logiques de pouvoir bien réelles. Ils incarnent deux manières de concevoir la puissance, deux tempéraments et deux niveaux d’ambition que l’on trouve dans de nombreux couples présidentiels. Je n’ai pas inventé ces personnages, je les ai observés puis fondus dans la fiction pour en faire des archétypes.

Le Matin d’Algérie : La jeunesse et la société civile jouent un rôle central dans votre récit. Que représentent-elles selon vous pour l’avenir de votre pays et de la région ?

Moussa Dienne : La société civile est indispensable pour équilibrer le pouvoir : elle observe, interpelle, dissuade, explique, propose et sensibilise. La jeunesse, elle, est une force décisive, capable du meilleur comme du pire. Sans une bonne formation politique et citoyenne, elle peut être séduite par des discours simplistes et porter au pouvoir des leaders populistes ou autoritaires. Le roman interroge précisément à propos de cette responsabilité collective.

Le Matin d’Algérie : Les pressions internes et externes pour un troisième mandat évoquent des situations que beaucoup connaissent. Est-ce une fiction pure ou un commentaire sur des réalités vécues ?

Moussa Dienne : C’est une fiction par ses noms et ses lieux, mais un récit profondément ancré dans le réel par ce qu’il donne à voir. Les scénarios et les personnages sont inventés, mais les situations qu’ils traversent renvoient à des réalités politiques et sociales vécues dans de nombreux contextes. C’est donc une fiction construite sur des réalités.

Le Matin d’Algérie : Votre roman dénonce les abus de pouvoir et la corruption. Quel message souhaitez-vous transmettre aux lecteurs à ce sujet ?

Moussa Dienne : Le roman rappelle que le pouvoir n’est ni un privilège ni une propriété, mais une responsabilité. Il interpelle les dirigeants sur le respect des lois et des serments, et met en garde les électeurs contre la passivité et la fascination pour les discours mielleux. La démocratie ne survit que par l’exigence morale de ceux qui gouvernent et la vigilance de ceux qui choisissent.

Le Matin d’Algérie : Vous insistez sur la responsabilité citoyenne et l’éthique. Pensez-vous que les citoyens peuvent réellement changer le cours d’un pouvoir corrompu ?

Moussa Dienne : Si. Vous touchez une des fragilités de la démocratie du suffrage universel. Même par le vote, les citoyens peuvent changer le cours d’un pouvoir politique, on se demandera toujours pour le remplacer par qui ou par quoi ? Dans beaucoup de pays, il y a régulièrement des alternances politiques, mais dans bien des cas, il s’agit tout simplement d’un changement d’hommes et non de vision et de pratiques. Un jeu de chaise musicale. J’ai la conviction que, pour un véritable changement, il faudra que les électeurs soient mieux éduqués et mieux conscients des enjeux politiques, afin d’être capables de faire de bons choix.

Le Matin d’Algérie : La tension entre ambition personnelle et devoir public est forte dans votre récit. Pourquoi ce dilemme est-il si central selon vous ?

Moussa Dienne : Cette tension, due à la prédominance des intérêts particuliers, est permanente dans nos sociétés. Même au niveau de la religion, l’intérêt matériel ou sensuel se heurte aux exigences du devoir d’adoration. La corruption, l’escroquerie, le mensonge, les détournements de fonds publics, le népotisme… tous ces vices relèvent de la prédominance des ambitions personnelles sur le devoir de servir la république en toute impartialité et en toute responsabilité.

Le Matin d’Algérie : Quels enseignements humains voulez-vous que les lecteurs retiennent : courage, solidarité, vigilance… ?

Moussa Dienne : La vigilance surtout face aux hommes et manœuvres politiques. Je peux y ajouter la prééminence de l’analyse critique avant et au cours de tout engagement sociopolitique.

Le Matin d’Algérie : Selon vous, quel rôle la littérature peut-elle jouer pour éveiller les consciences face aux dérives politiques ?

Moussa Dienne : La littérature doit cesser d’être uniquement vulgarisatrice d’un passé ou des us et coutumes, contemplative de traits culturels, pour devenir une littérature d’engagement et de transformation. J’ai écrit un manifeste sur le sujet. En cela, elle contribuera à l’éveil idéologique et politique des masses, à commencer par les élèves et les étudiants qui formeront l’élite intellectuelle et les leaders politiques.

Le Matin d’Algérie : Enfin, croyez-vous que votre roman peut inspirer un engagement concret des jeunes et de la société civile dans la vie politique et sociale de leur pays ?

Moussa Dienne : Oui. Non seulement un engagement dans la vie politique, mais aussi dans toutes les préoccupations sociales majeures, y compris la religion et son organisation.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

Biographie 

Moussa Dienne est maître coranique au daara Nasroudine de Dienné, au centre du Sénégal. Il est l’auteur de L’Islamisme en deux tomes (essai, mai 2014) et de Tout sauf le caleçon (roman, mai 2019), tous parus chez L’Harmattan. Collection : Harmattan Sénégal
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France‑Algérie : tensions autour du versement des pensions des retraités

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Les retraités algériens au cœur de la tempête franco-algérienne.
Les retraités algériens au cœur de la crise franco-algérienne.

Le dossier des pensions des retraités algériens vivant en France refait surface, provoquant un débat politique et diplomatique entre Paris et Alger. Au centre des discussions : l’application de la Convention de sécurité sociale franco‑algérienne signée en 1980, qui coordonne les droits à la retraite des travailleurs des deux pays.

Des droits contestés par l’Algérie

Selon certains parlementaires français, l’Algérie ne verse pas systématiquement les pensions aux retraités résidant en France. Le pays invoquerait le principe de territorialité : seuls les bénéficiaires qui reviennent s’installer en Algérie percevraient leurs droits. Ce positionnement laisse de nombreux retraités, pourtant éligibles selon la législation algérienne, sans versement.

Pour la France, cette situation constitue un manque de réciprocité. Chaque année, l’État français verse près d’un milliard d’euros à des retraités français vivant en Algérie, soit 361 771 bénéficiaires selon les données du CLEISS. De nombreux parlementaires estiment que l’absence de transferts équivalents de la part de l’Algérie crée un déséquilibre, tant sur le plan économique que social.

Conséquences sociales et financières

Cette situation pourrait avoir des répercussions concrètes. Les retraités algériens résidant en France, privés de leurs pensions, risquent de solliciter l’aide sociale française, ce qui représenterait un coût supplémentaire pour l’État. Selon certaines estimations, ces dépenses pourraient peser sur le budget des prestations sociales si aucune solution n’est trouvée.

Parallèlement, les autorités françaises ont renforcé les contrôles pour les pensions versées à l’étranger, afin d’éviter les fraudes. Environ 60 000 retraités algériens par an seront convoqués à partir de 2026 pour prouver leur existence. Ces contrôles ont été critiqués par des associations comme ciblant principalement les Algériens, alors que d’autres ressortissants étrangers percevant des pensions à l’étranger ne sont pas soumis au même niveau de vérification. Cette spécificité alimente un sentiment de stigmatisation et de discrimination.

Un contexte diplomatique en crise

Le dossier des retraites s’inscrit dans un climat bilatéral plus large. Paris et Alger connaissent des tensions sur plusieurs fronts : coopération migratoire, gestion des visas et application de la réciprocité dans les accords sociaux. Dernier cran de tension : la loi criminalisant la colonisation française, votée par l’APN la semaine dernière. Alger insiste sur le respect strict de sa législation et du principe de réciprocité pour tout Français ou binationaux percevant des droits en Algérie.

Cette polémique reflète également les enjeux politiques internes en France. Certains partis, notamment le Rassemblement national, utilisent ce dossier pour dénoncer un déséquilibre perçu dans les accords franco‑algériens et plaider pour une renégociation des conventions sociales et migratoires.

Des chiffres et faits à connaître

361 771 pensions versées par la France à des retraités vivant en Algérie chaque année. Soit environ un milliard d’euros dépensés annuellement par la France pour ces retraites.

Les fraudes potentielles sur les pensions versées à l’étranger sont estimées entre 40 et 80 millions d’euros, alors que le taux réel de fraude serait inférieur à 5 %.

Environ 60 000 retraités algériens par an soumis à des convocations administratives à partir de 2026, un dispositif qui ne concerne pas la majorité des autres ressortissants étrangers.

Au‑delà de l’aspect financier, le dossier des pensions illustre les défis de l’équilibre entre législation nationale, accords bilatéraux et enjeux sociaux entre les deux pays. Tant que Paris et Alger ne clarifieront pas leurs positions, les retraités concernés resteront au centre d’un bras de fer diplomatique et politique, avec des conséquences directes sur leur vie quotidienne.

Le débat, qui mêle droits sociaux, souveraineté et obligations internationales, devrait rester au cœur de l’actualité franco‑algérienne dans les prochains mois, avec des implications pour les retraités, les administrations et la relation bilatérale.

Mourad Benyahia 

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Ce que je retiendrai de Brigitte Bardot !

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Brigitte Bardot
Brigitte Bardot

Brigitte Bardot vient de s’en aller laissant derrière elle des millions de fans tristes. C’est vrai que si Dieu a créé la femme, elle ne peut avoir que les traits et le charme de la « ravissante idiote ». Dans les années 1960, à Alger, nous étions un bon groupe d’admirateurs à ne rater aucun de ses films. Mais ça c’était avant. Avant qu’elle ne fasse part de sa haine envers l’Islam et les musulmans.

Retour sur des déclarations tonitruantes qui remontent à Juillet 2022, lors de l’Aïd El Kébir. 

C’est par un texte virulent, avec néanmoins une petite pointe d’humour, que Brigitte Bardot est repartie en guerre contre l’Aïd el Kébir, n’hésitant pas à dénoncer une « immonde fête » du calendrier musulman !

« C’est ce samedi 9 juillet, le jour du « saigneur », qu’aura lieu l’immonde fête de l’Aïd el Kébir où des dizaines de milliers de moutons seront égorgés à vif un peu partout en France et sacrifiés de manière honteuse et barbare au nom d’Allah avec la complicité du gouvernement » écrit-elle dans un tweet, ce mardi 5 juillet.

Il n’en a pas fallu plus pour déchainer les passions des deux bords parmi les « pour » et les « contre » cette sortie satanique.

Le combat de Brigitte Bardot aurait une belle empreinte de crédibilité si, en parallèle, elle osait dénoncer les massacres, les humiliations, la famine et autres fléaux dont sont victimes hommes, femmes et enfants aux quatre coins de la Terre. Elle aurait gagné en hauteur si elle ne fermait pas les yeux sur le gavage des oies pour Noël et l’élevage intensif en tous genres.

Mais dans le référentiel d’analyse de la ravissante idiote (un de ses films), l’urgence n’est pas à la survie de notre espèce dont la fin se profile à toute allure, mais dans un combat dont la priorité gravite autour de rituels exclusivement musulmans.

Sang pour sang, parlons-en ! Chaque dimanche lors de messes diffusées en direct sur France 2, n’assiste-t-on pas à un rituel pendant lequel le prêtre en charge brandit une coupe et prononce, citant Jésus : « Buvez, ceci est mon sang ! »

C’est donc 52 jours du « saigneur » par an qui nous sont servis par la religion chrétienne en direct à la télé. En comparaison, le jour unique des musulmans devient une banalité. Et si nous commencions à tout dénoncer au lieu de se contenter de pointer du doigt que ce qui ne nous convient pas ?

Cela dit, il eut été plus judicieux et sage d’appeler calmement à éloigner les enfants de ces sacrifices d’un autre temps. Mais préserver l’enfant de ces rituels où le sang coule à flot n’est pas une priorité pour Madame Bardot !

Il y a quelques années de cela, nous avions attiré l‘attention sur la violence que représentait le sacrifice du mouton. Une chronique avec une conclusion toujours d’actualité :

« S’il faut un début à tout, alors que tout le monde s’y mette en commençant par éloigner dès ce samedi 9 juillet, jour de l’aïd el-Kébir, un maximum d’enfants des lieux de sacrifice du mouton ! Un mouton auquel, ils se sont d’ailleurs attachés des journées durant, comme tous les enfants du monde s’attachent à une bête de compagnie !

Vœux pieux, évidemment ! Et c’est bien dommage ! Car imprégner un enfant de ces images de moutons égorgés et de ce sang qui coule à flots est le meilleur moyen de lui faire porter un regard tronqué sur le monde au fur et à mesure qu’il s’habitue à ne rien trouver d’anormal au fait que la barbarie fasse partie d’un jeu à pratiquer, à maitriser à « excellency », tout au long de la vie… (*). »

Voilà madame Bardot de la self-critique énoncée par un musulman. Nous aurions tant aimé que de votre vivant, vous dénonciez aussi les violences perpétrées par les enfants de Jésus !

Kacem Madani

(*) https://www.lematindz.net/news/21746-violence-laid-le-sang-et-lenfance-parlons-en-en-toute-innocence.html

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47 ans après, taisons Boumediene ! Célébrons El-Anka !

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Hadj M'hamed El Anka et Kateb Yacine
Hadj M'hamed El Anka et Kateb Yacine. Crédit photo : DR

S’il y a un passé peu commun entre le pouvoir et le peuple, on peut lui associer toutes sortes de divergences à travers ces deux statures antithétiques toutes deux disparues fin 1978 !

L’une représente l’âme populaire et l’autre la face sombre la plus impopulaire de notre Histoire. Ce fossé relationnel entre dirigeants et dirigés de force est mis en évidence par les récents billets de célébration de la mort du dictateur.

Une ligne de démarcation infranchissable est tracée entre eux et nous, au vu de ces quelques « honneurs » réservés à la mémoire du despote Boumediene et de l’oubli abyssal dans lequel on a plongé l’enfant prodige de La Casbah d’Alger, El-hadj M’hamed El-Anka !

Les jeunes de notre génération ont tous eu à subir, à un moment ou un autre de leur parcours de vie, un ou plusieurs traumatismes liés à la face patibulaire d’un colonel sanguinaire qui vous interdit d’être ce que vous êtes et de rêver du monde, en soumettant vos quêtes de liberté, de découverte et d’évasion à une autorisation de sortie de « Son » territoire délivrée par une administration « harkie » (pardon aux vrais Harkis !) acquise à ses élucubrations ! Tout adolescent ayant passé ses plus belles années à gambader dans les ruelles magiques de la Casbah, ne peut effacer les nombreuses réminiscences d’une époque de dictature qui a fait fuir une bonne partie de la sève du terroir !

Quarante-sept années après leur disparition, de nombreux articles de presse sont revenus sur le parcours atypique de Boumediene, alors que, à ma connaissance, aucun n’a été dédié à El-Anka ! La presse est-elle à ce point acquise aux accointances avec la tyrannie pour ainsi se souvenir de Boumediene et oublier El-Anka ?

Pour ceux qui ne le savent pas, rappelons que le père de la musique populaire, ce style chaâbi unique synonyme de tous les « gusto » du pays, du temps où la blancheur d’Alger représentait le miroir du terroir, a rendu l’âme un mois avant Boumediene, le 23 novembre 1978.

Cependant, sa disparition est passée quasiment inaperçue, en comparaison de la folie des « Lla-illaha illa Allah Boumediene Rassoul Allah » scandés par une foule en délire accrochée à la dépouille du dictateur, le long de l’avenue de l’ALN. Ce jour-là, le décor pour le FIS et autres GIA fut planté ! Et c’est au terme de ce voyage vers la demeure éternelle, au cimetière d’El-Alia, que Boumediene avait été pleuré à chaudes larmes par cet « enfant » spirituel né dans l’indignité et l’imposture des frontières, lui qui s’est inventé un nom de guerre, celui de Aek-El-Mali, pendant qu’avec ses troupes il était bien tapi aux frontières du Maroc et de Tunisie.

Ce décalage d’hommages funéraires avait fait écrire à des journalistes courageux, pour l’époque, que le sort d’El-Anka était comparable à celui de Raymond Poulidor, l’éternel second de la plupart des courses cyclistes, lui qui arrivait souvent derrière le champion Jacques Anquetil, aux temps glorieux où ce dernier remportait fréquemment le tour de France !

SE SOUVENIR DE BOUMEDIENE ET OUBLIER EL-ANKA SERAIT UNE INSULTE À L’HISTOIRE DU PEUPLE ! TELLE CARENCE SERAIT UNE INJURE AUX SOUFFRANCES DE LA CASBAH ET AUX « QASIDAT » CHANTÉES PAR CE CHAÂBI RASSEMBLEUR, ET APAISANT DE CONTEMPLATION !

Quoiqu’en pensent et en disent ses admirateurs, le nom de Boumediene sera à jamais entaché du sang de nombreux innocents, en plus d’être associé à la dérive d’un peuple pacifique contraint de verser dans un orientalisme suicidaire, contraire à ses valeurs ancestrales de paix, de tolérance et de générosité !

Se souvenir d’El-Anka, c’est remonter le temps et convoquer sa musique et les délicieuses anecdotes qui entouraient son aura et circulaient à grande vitesse pour égayer les foules aux détours de chaque rue de la capitale.

En voici une, parmi tant d’autres : souvent, lors de chaleureuses soirées de Ramadhan, attablés dans son café, galeries Malakoff, de nombreux Algérois, jeunes et vieux se rassemblaient autour du cardinal pour l’écouter parler et parfois l’agacer… Lors de l’une de ces mémorables tranches de Vie, un de ces jeunes parvenus formatés pour irriter et déclencher l’ire de notre Phénix, occupe le terrain du ton et de la répartie, le dos tourné au cardinal… Quand il réalise son méfait, le jeune se retourne et s’excuse « s’mahli y’a Elhadj, a3titek dahri ! » (Pardonne moi Elhadj de t’avoir tourné le dos !) Et le cardinal de répliquer en toute majesté « ma3lich y’awlidi, dahrek kheir m’ene wadj’hek » (Ce n’est pas grave petiot, de dos, tu es plus beau !).

REMONTER LE TEMPS JUSQU’AUX DÉBUTS DES ANNÉES 1970, C’EST REPLONGER DANS UNE GÉNÉROSITÉ POPULAIRE SANS LIMITES.

En été, quasiment chaque samedi soir, nous avions droit à un couscous, lors de fêtes de circoncisions ou de mariages organisées sur les terrasses des bâtiments périphériques à la Casbah, la voix d’un cheikh disciple quand ce n’est pas celle du maître lui-même, en fond sonore remplissant les cieux à des kms à la ronde, une surenchère de youyous amplifiant l’atmosphère de grande gaieté qui émanait de ces terrasses, jusqu’au bout de la nuit.

Combien de fois n’avions-nous pas été interpellés par des invitations inopinées adressées par de parfaits inconnus à notre petite bande de copains du quartier Cadix-Rovigo (actuel Debbih-Cherif) ! « Aya ouled el-houma, ettel3ou t’aklou t’3am 3ars’na ! »

Ainsi vivait Alger ! en osmose avec ses racines et sa joie ! On a enterré El-Anka la même année que Boumediene. Par la grâce de tous ces Tebboune qui occupent le pouvoir de façon indue, la dictature du moustachu a survécu, la joie de vivre du cardinal a disparue ! D’ailleurs, le dictateur n’avait-il-pas préféré une Warda-El-Djazaïria qui chantait l’Egypte et glorifiait l’Orient à tous ces maîtres qui transpiraient le chaâbi populaire de Bab-el-Oued au boulevard Télemly ?

LE PREMIER EST ENTERRÉ À EL-KETTAR, SUR LES HAUTEURS DE SOUSTARA, PARMI LES SIENS, CES OULED EL-CASBAH QUI LE CHÉRISSAIENT, ET L’AUTRE, À EL-ALIA, LE CIMETIÈRE DES MILITAIRES, DES SUPPÔTS DU POUVOIR ET DES OFFICIERS DES FRONTIÈRES !

Dans la mémoire populaire, El-Anka restera éternel ! Dans la vôtre, vous les héritiers de ces pillards des frontières, Boumediene et Bouteflika finiront en poussière ! Ainsi va l’Histoire ! L’homme finit toujours par reconnaitre les siens ! Quant à Dieu, nous vous laissons le soin d’en être les filous porte-paroles, le gardien de vos biens et de l’aisance de votre youm el-kiyama, vous qui osez pousser le ridicule jusqu’à imposer à Allah d’être ses seuls et uniques représentants sur Nos terres !

Qu’on le veuille ou non, Boumediene était un dictateur !

Abdelmadjid Tebboune et Saïd Chanegriha, les usurpateurs, en perpétuent les frayeurs !

El Hadj M’hamed El-Anka n’exhalait que gaieté et bonheur !

Boumediene a conquis le pays par l’artillerie et une soumission à une contrée lointaine, l’Arabie !

El-Anka nous a séduits par la poésie et l’amour d’une Algérie au centre de laquelle rayonnait l’indomptable Kabylie !

Nous ne t’oublions pas Cardinal !

Tu resteras, à jamais, tapi dans nos cœurs ! Dans les cœurs de ces gens modestes et secrets que tu as conquis en maestro rassembleur et, mieux que tous, su faire vibrer, d’Ath Djennad à Alger, avec cette voix unique qui savait si bien chanter les quasidat et les poésies populaires, la justesse du ton, celles du verbe et des mots toujours au rendez-vous !

47 ans après ton départ, les féroces héritiers de Boumediene sont toujours là !

Quant à nous, d’Oran à Annaba, de Tizi-Ouzou à El-Kala, mazal a3chikna fi khnata ! (*)

Kacem Madani 

youtube.com/watch?si=mlXwtNy9Dygmy5oe&v=tMhOBjL–Pk&feature=youtu.be

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Belaïd At Ali : Asmi heddrent lehwayec (Aqerru yeqquren ittaɣ-itent)2/2 (tazmamt n°5, asebter 197)

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Belaid At Ali

Akken di mi sexsin taftilt, ddunit akk tessusem, isel sakin i lmal d lehwayec-nni yakk ittaɣ lḥal deg uxxam, deg udaynin, d izgaren, d aɣyul,  di tɣerɣert d aqjun d umcic, di taârict d iyuzaḍ, d wiyaḍ akk. Lḥasun, wid akk d-iḥbes uxxam, la heddren gar-asen :

Aqjun (la yettru) : Huuuu ! Huuuu !

Amcic : Cuuuut ! A mmi, ad aɣ-d-tessakiḍ sidi d lalla ! Dacu akka k-yuɣen ?

Aqjun : Dacu i yi-yuɣen ? Huuuu ! Aâni ur teẓriḍ ara ?

Amcic : Dacu ?

Aqjun : Sidi… meskin… azekka ad immet !

Irkul : Amek ???… dacu-t ??… Awaah !!… Wi yak-innan ??…

Aɣyul : Ad tessusmem, ad aɣ-tanfem ad neṭṭes neɣ ad suɣeɣ ?

Azger : Susem keč, ečč aqerruy-ik ! Ur tesliḍ ara, la k-qqaren azekka ad immet sidi, meskin.

Aɣyul : Ccah !… Awi-d ukan !

Tayaziṭ : Annaɣ a Reppi, meskin ! A w’ifkan fell-as aqerru n lalla i yi-ittakren timellalin-iw !

Aɣerda : Lukan ad as-mleɣ i sidi yiwen usfel ad imneɛ !

Irkul : Dacu ? Anwa ?… amek ?…

Aɣerda : Ad izzi amcic, ad t-izlu.

Amcic : Anwa wagi d-ineṭqen !!…

Tayaziṭ : Susmet tura, hennit-aɣ, anfet i weqjun ad aɣ-d-iḥku.

Aqjun : Hat-aya wayen illan… hat-aya wayen illan… (yawi-yasen-d taḥkayt segmi tebda : sbeḥ mi yedda d sidi ɣer tebḥirt, isla-yasen i yefrax ula d netta, di tmeqbert mi yeḥḍer i tɣuzi n uẓekka…) tura, azekka ma yunef-as i lalla ad tger aẓeṭṭa, ad temmet nettat, ma yenna-yas ad immet netta. Ulakin i mi ihegga aẓekka i yiman-is, teḥsiḍ…

Tayaziṭ : A nnger-is ! A tawaɣit-is ! Acimi ur as-ittanef ara kan ad temmet nettat ?

Ayaziḍ : Ay aqjun, niɣ mi tger kan lalla aẓeṭṭa ara temmet ?

Aqjun : Ih.

Ayaziḍ : Ihi, mer d nek i d netta, ad galleɣ deg-s ur t-tgir, ad menɛen i sin.

Aqjun : D tidet, walakin atan teggul nettat : ad t-tger, d ar t-tger.

Ayaziḍ : Ihi, ma tɣelb-it, ccah deg-s ! Xaṭer, lemmer d nek, teḥrem d ar d nek ara tt-inɣen !

Tayaziṭ : A war tawḍeḍ !

Amcic : I win ara tt-icudden ; Akken ur teggar ara aẓeṭṭa, ur ttmettaten.

Ayaziḍ : Ma tzemreḍ-as keč ?

Aqjun : Cuuuut susmet… waqila… waqila… ufiɣ-d amek ara yexdem sidi lemmer d win ara yaɣen awal, ishel am ulac.

Irkul : Dacu ?

Aqjun : Yak ad tt-icudd, am akka d-teqqarem, neẓra-t ur as-izmir ara, terna-t. Ihi lemmer deg issen, ata wakken ara s-ixdem : ad tt-yeǧǧ alamma d taswiɛt-nni taneggarut if ara tekker ad tger aẓeṭṭa, ad as-d-yekk si deffir, ad tt-iwwet s walbaâd idebzen s aqerru, ad tt-israɛ. Ḍemneɣ-k a ma igerrez-as tiyita ma tuki-d di lweqt ar lweqt. Sakin, mi d-tuki azekka-nni, ittaɣ lḥal tfut teswiɛt-nni tamerbuḥt. Neɣ ma yefka Rebbi, ar tt-tewwet tmagart n uẓeṭṭa i wayen ar as-d-iqqimen i ddunit-is.

Irkul : Welleh a xuya ad ak-yaâfu Rebbi ay aqjun ! Umadder-ak !

Aâli Ubuttiṭ (weḥd-s, weḥd-s) : Umadder-ak ay aqjun. Welleh ar d-ak-tt-issineɣ d lxir ! Ziɣ di mi yi-qqaren Aâli Ubuttiṭ. Ddaâwa teshel am tiqecmaât, nek ur ẓriɣ.

Azekka-nni sbeḥ zik tebda tmeṭṭut tettḍummu tasga, tettheggi yakk ayel ilezmen i uzeṭṭa, am tin ara s-yinin : « Muqel ur ttuɣ ara ».

Ma d netta yunef-as kan, ittaɣ lḥal lxaṭer-is ithenna, ikkes-as uɣebbar segmi yefra d yiman-is tin ara s-ixdem. Ma yehwa-yak, ɛad, yuɣal armi d lḥanna-nni, d lemɣiḍat-nni i t-tɣaḍ, i ndama ɣer wul-is uqbel ad d-teḥḍer teswiɛt-nni if ara yemiẓẓed ɣer-s ad tt-iwwet, netta laâmer yesɛi tasa ad yerfed ula d afus-is ɣer-s. Walakin, iẓra Rebbi, ar nnig lebɣi-s wanect-a. Tabaɛ, lḥasun, di syen akkin ad ɛumen wussan if ara s-iḥku, ad tt-issefhem, ad as-iḍleb smaḥ.

Yiwet n teswiɛt, nettat truḥ ɣer tala neɣ wissen anda. Netta yekker, yali  ɣer taârict, yextir-d yiwen deg idebzen-nni n at zik. Ladɣa amecṭuḥ deg-sen aqerruy-is anect n yini. Irra-yas-d s lexbar ad israɛ ula d azger, isubb-d, iqqim  ɣer lkanun. Adebbuz ddaw ucḍaḍ ubernus, tigecrar-is d iḍarren-is la ttergigin, am win iwumi ara tendeh tawla, neɣ tendeh-as s tidet, iqqim yurǧa.

Lawan n lefḍar, iḍher-ak lḥal a lukan d udi d tamemt ur izmir ad ten-issebleɛ. Ma d nettat, tečča armi terwa, tesfeḍ ifassen-is, tini-yas i wakken ad-as-isel : « Ah ! Tura waqila d lawan. Ad nekker ad nger aẓeṭṭa-nni… ». Tekker. Ayaziḍ idden… inessef wass… 

Argaz, di mi temmaẓẓed ɣer yiwen ufeggag, ad t-id-teddem, netta yekka-yas-d si deffir, irfed adebbuz armi d setta u settin, ifka-yas tiyita s aqerru. Tameṭṭut ur tsuɣ, ur taâggeḍ, ur tenni aḥ ! Tesxerxer kan cwiṭ, am uzger  mara yemzel, teɣli ɣef udem, teṭṭes.

Aâli Ubuttiṭ, mazal deg-s cwiṭ n laâqel, yaâddi issu-yas-d dɣa di tesga, irfed-itt, isgen-itt, igerrez-as asummet, iɣumm-itt armi d aqerru, inna-yas amzun ad as-d-tsell : 

– « semmeḥ-iyi ! ».

Irfed abernus-is, irra akk tibbura, iṭṭef abrid-is iruḥ. Yaweḍ ɣer tebḥirt-is, inna-yas : « yak tura tameṭṭut-nni ur d-tettaki ara alamma d azekka akka imir-a. Ih, welleh ur mbawleɣ syagi alamma d imir-nni. Iggra-d laẓ d usemmiḍ, ulac uɣilif. Irna, tabaɛ, uklaleɣ ».

Iqqim din ass kamel, iwweḍ-d yiḍ, issu cwiṭ n ifilku, issummet adɣaɣ, iṭṭes.

Leǧwahi n ttnasfa n yiḍ, armi ata yessaki-t-id laâyaḍ. Yaf-d bururu netta d tkeɛabt, i la yettemsawalen s agemmaḍ deg iɣzer.

Bururu : Bururu !… Bururu !…

Takeɛabt : Waaaa laâslama-k a bururu ! Mreḥba yis-k ! Annaɣ ncedha-k… aṭas ayagi ur d-tbaneḍ !        

Bururu : Ad kem-icedhi lxir. Ula d kem aṭas ayagi ur kem-ẓriɣ, aâni s anda tesneṭḍeḍ iman-im ?

Takeɛabt : D tidet a sidi. Yak teẓriḍ tamɛict tewaâr laâwam-agi. Ladɣa fell-aneɣ nekkni s wigi akka yettraǧun alamma yella win immuten. Alamma nettazzal si tmurt ɣer tayeḍ.

Bururu : Ihi ass-a, dacu-t akka i kem-id-iwwin ? Aɛni tella kra n tmeɣra is i tesliḍ di lǧiha-yagi ?

Takeɛabt : Wah ! A sidi ! Amzun ur teẓriḍ ara keč xir-iw. Tabaɛ, nniɣ bniɣ ad k-id-afeɣ tezwareḍ-iyi-d. Dɣa ttxil-k m’ur yi-temliḍ, nek ur fhimeɣ ara mliḥ. S tidet d tameṭṭut n bab n tferka-yagi… ara yeddun d tislit ????!!

Aâli Ubuttiṭ (i yiman-is)

– Ara yeddun d tislit ??!!

Bururu : D tidet, d nettat. Segllin, ttnasfa n wass, i temmut.

Aâli Ubuttiṭ : I temmut ??!!

Takeɛabt : Dacu dɣa i d sebba-s ?

Bururu : La m-qqaren d aẓeṭṭa, d afeggag amek akken, akk…

Iǧǧa-n din abernus-is, Aâli Ubuttit, ifka-tt-id d tazzla s axam, ildi tabburt s tuffɣa n laâqel, yedla ɣef tmeṭṭut, ikkes-as aɣummu, yaf-itt teqqur, semmḍet, tewweḍ ɣer wanda ara naweḍ.

Lmaâna n teqsiṭ-agi ? Mačči d yiwet ay deg-s. M’ur yi-iskaddeb ara Rebbi. Lḥasun, nek, tidet i Rebbi, am akken swaâreɣ-as cwiṭ. Dayen is i, daɣ netta, attan ǧǧiɣ-tt ɣer-k a win ara tt-iɣren. Akken i yak-ihwa fru-tt.   

Belaïd At Ali

07/1946

Timerna / Notes :

Lehwayec : iɣersiwen, lmal (ayen akk iddren : iɣersiwen, igṭaṭ, iselman)

Azerkeṭṭif : d agṭiṭ aberkan (fr. merle, pie, …)

taferka-yagi nettaɣ : taferka-yagi neṭṭef, ideg nella, …

Sakin : syin akkin (fr. à partir de là, de ce moment…)

iduz uksum-iw : idub uksum-iw ?

Segllin : seg llina, tura kan (fr. tout à l’heure, à l’instant, il y a un moment, …)

Ahaqel : wissen (win issnen, anwa issnen), peut-être…

Deg iyi-tesaâllileḍ : deg iyi-tesserfuyeḍ (= acuffu n wadis s wurfan imeqqranen)

Umadder-ak ! : ayyuz !, tbarek-lleh !, (fr. bravo !)

Tiqecmaât : d urar, d akellex (fr. jeu d’enfant, facile)

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Nigeria–Tunisie (3‑2) : les Super Eagles s’arrachent et filent en 8e de finale

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Nigeria Tunisie
Le Nigeria fait le job devant une vaillante Tunisie. Crédit photo : DR

Samedi, dans le cadre du groupe C de la CAN 2025, le Nigeria a validé son billet pour les huitièmes de finale au terme d’un match qui restera gravé dans les mémoires. Score final : 3‑2. Mais derrière ce résultat se cache une rencontre où suspense, tension et revirements se sont succédé, offrant aux spectateurs un spectacle à la fois intense et haletant.

Dès les premières minutes, les Super Eagles ont pris la mesure de la Tunisie. Victor Osimhen, déjà en forme lors de la première journée, s’est montré décisif. À la 44ᵉ minute, une tête bien placée a ouvert le score, offrant au Nigeria un avantage psychologique juste avant la pause. La Tunisie, malgré une organisation solide, semblait peiner à trouver la faille dans une défense nigériane bien alignée.

La seconde période a commencé sur le même tempo. Wilfred Ndidi, à la 50ᵉ minute, a doublé la mise, puis Ademola Lookman a ajouté un troisième but à la 67ᵉ minute. À cet instant, tout semblait réglé : les Nigérians contrôlaient le match, et la qualification apparaissait acquise. Mais le football africain a ses lois, et ce match ne faisait pas exception.

Les vingt dernières minutes ont transformé la rencontre en véritable montagne russe émotionnelle. Montassar Talbi a réduit l’écart pour la Tunisie, réveillant les espoirs des Aigles de Carthage. Puis, sur penalty, Ali Abdi a inscrit le second but tunisien à la 87ᵉ minute, semant le doute et la panique dans les rangs nigérians. Les Super Eagles ont vacillé mais n’ont pas sombré. Leur sang-froid, leur expérience et leur solidarité ont suffi à préserver l’essentiel : la victoire.

Au coup de sifflet final, le Nigeria pouvait exulter. Non seulement les Super Eagles se qualifient pour les huitièmes de finale, mais ils s’emparent également de la tête du groupe C, laissant la Tunisie à quelques points derrière. Cette victoire, laborieuse mais méritée, confirme que le Nigeria possède l’un des effectifs les plus solides de la compétition, capable de combiner talent individuel et cohésion collective.

Pour la Tunisie, le revers est amer. Le retour tardif au score a démontré la combativité de l’équipe, mais aussi sa difficulté à gérer des situations où la pression est maximale. Les Aigles de Carthage devront maintenant se ressaisir rapidement pour espérer franchir le cap des huitièmes de finale.

Ce match restera comme un exemple parfait de la tension et de l’intensité qui caractérisent la CAN 2025. Entre éclats de génie, retournements de situation et suspense jusqu’au bout, le public a été tenu en haleine pendant 90 minutes et plus. Victor Osimhen et ses coéquipiers, eux, ont appris à respirer avec le cœur battant, mais avec le sentiment du devoir accompli.

Le Nigeria avance. La Tunisie médite. Et la Coupe d’Afrique des nations continue de livrer son lot de passions, de frissons et de football de haut niveau.

Djamal Guettala 

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Le gouvernement insiste sur la sécurité juridique comme levier du développement économique 

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Le Premier ministre, Sifi Ghrieb
Le Premier ministre, Sifi Ghrieb. Crédit photo : DR

Le Premier ministre, Sifi Ghrieb a présidé,  samedi 27 décembre, au Palais des conférences Abdelatif-Rahal à Alger l’ouverture des travaux de la conférence nationale sur « la sécurité juridique et son impact sur le développement économique ». La rencontre, à laquelle ont pris part de hauts responsables de l’État, dont le président du Conseil de la nation, Azouz Nasri, la présidente de la Cour constitutionnelle, Leïla Aslaoui, le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa, ainsi que des membres du gouvernement et des représentants d’institutions consultatives et économiques, vise à examiner les mécanismes de consolidation de la sécurité juridique et leur effet sur l’amélioration du climat des affaires.

Dans son allocution d’ouverture, le Premier ministre a souligné que la sécurité juridique constitue un fondement essentiel du développement économique durable, en assurant la prévisibilité des règles, la protection de l’investissement et la confiance des acteurs économiques.

Il a rappelé les réformes engagées, notamment la révision du cadre juridique de l’investissement, la modernisation du système bancaire et financier, ainsi que les amendements introduits dans le Code pénal en 2024 et le Code de procédure pénale en 2025, visant à mieux encadrer les actes de gestion et à renforcer la protection des gestionnaires publics.

Le Premier ministre a également mis en avant le rôle central de la justice dans la sécurisation de l’activité économique, à travers le renforcement de son indépendance, la spécialisation des juridictions et l’amélioration de l’efficacité des procédures.

La conférence devrait déboucher sur des recommandations pratiques destinées à consolider la sécurité juridique, encourager l’investissement et accompagner la dynamique de développement économique engagée par les pouvoirs publics.

Samia Naït Iqbal

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L’Algérie condamne la reconnaissance par Israël de l’indépendance du Somaliland 

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MAE

L’Algérie a fermement dénoncé la décision d’Israël de reconnaître l’indépendance du Somaliland, une région sécessionniste de la Somalie. Alger y voit une violation manifeste du droit international et un facteur de déstabilisation majeur pour la Corne de l’Afrique.

Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, l’Algérie qualifie cette reconnaissance d’« illégitime » et contraire aux principes fondamentaux du droit international. Elle estime que cette décision porte directement atteinte à la souveraineté de la République fédérale de Somalie, à l’unité de son territoire ainsi qu’à son intégrité territoriale.

Alger considère que cet acte dépasse le cadre d’une simple prise de position diplomatique et constitue une menace sérieuse pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la région de la Corne de l’Afrique, déjà fragilisée par des équilibres politiques et sécuritaires précaires.

Le communiqué rappelle que la reconnaissance de l’indépendance du Somaliland  va à l’encontre des principes consacrés par la Charte des Nations unies, notamment le respect de la souveraineté des États et de leurs frontières internationalement reconnues. Il souligne également la contradiction avec les fondements du système continental africain, en particulier le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la période coloniale, consacré par l’Organisation de l’unité africaine puis réaffirmé par l’Union africaine.

Dans ce contexte, l’Algérie réaffirme son attachement aux positions constantes de l’Union africaine, qui considère le respect de l’intégrité territoriale des États comme une condition essentielle à la préservation de la stabilité et de la sécurité sur le continent.

En réitérant son soutien total et constant à la Somalie, l’Algérie met en garde contre les répercussions régionales d’une telle reconnaissance, qu’elle juge contraire aux principes fondateurs de l’ordre international et porteuse de risques accrus pour l’équilibre géopolitique de la Corne de l’Afrique.

Samia Naït Iqbal

Quand le Somaliland proclame son indépendance

Le Somaliland a proclamé unilatéralement son indépendance le 18 mai 1991, après l’effondrement de l’État somalien. Correspondant à l’ancien protectorat britannique, la région dispose depuis de ses propres institutions et d’une stabilité relative, sans toutefois bénéficier d’une reconnaissance internationale, l’ONU et l’Union africaine continuant de la considérer comme partie intégrante de la République fédérale de Somalie. Israël est le premier et seul pays membre de l’ONU a reconnaître officiellement la République du Somaliland.

Outre la Somalie, plusieurs pays arabes (Égypte, Arabie saoudite, Qatar, Koweït, Jordanie, Irak), la Turquie, Djibouti, le Pakistan, ainsi que des organisations régionales comme l’OCI et le GCC ont publiquement critiqué ou rejeté la décision d’Israël de reconnaître l’indépendance du Somaliland, dénonçant une violation du droit international et un risque pour la stabilité régionale. 

L’Union Africaine (UA) a officiellement rejeté toute reconnaissance du Somaliland, rappelant que cela contrevient à l’Acte constitutif de l’organisation sur l’intangibilité des frontières de 1964.

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Psychanalyse d’une comédie maîtrisée : réponse au malaise des enseignants-stagiaires

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Livres
Image par Gerd Altmann de Pixabay

Lors d’un échange particulièrement dense avec mes étudiants à l’ENS, ils ont parlé de leur malaise durant le stage pratique dans les établissements scolaires. Ils ont décrit des relations tendues avec les professeurs d’application, des interactions éprouvantes avec les élèves, et surtout cette impression de ne plus parvenir à rester patients, comme si le réservoir de calme et de bienveillance attendu d’eux s’était soudain vidé. Leur parole, à la fois lucide et désabusée, a fait résonner la question du métier dans sa dimension la plus intime : comment tenir, comment se tenir, lorsque l’on se découvre soi‑même en défaut de patience ? 

C’est à partir de ce trouble partagé qu’a pris forme l’idée de relire leur expérience à la lumière de la figure de l’enseignant‑comédien, pour penser autrement ce que signifie « jouer » la patience en classe de langue.

En effet, pour Hannoun (1989) l’enseignement se révèle être cette comédie où le maître endosse inévitablement le rôle du comédien, non par caprice mais par nécessité structurelle, devant voiler ses contradictions internes, institutionnelles et inconscientes pour assurer la transmission des savoirs et la formation des esprits. Cette théâtralisation, loin d’être une ruse, constitue l’essence même de l’acte pédagogique, car l’enseignant, pris dans un réseau d’exigences antagonistes, doit composer un personnage qui tempère ses impulsions naturelles au service d’une mission publique, à l’image du paradoxe diderotien sur le comédien appelé à maîtriser ses émotions pour mieux servir son rôle (Diderot, 1967). Le maître n’est plus seulement un détenteur de connaissances, mais un acteur sur la scène scolaire, contraint de masquer l’inavouable en lui – conflits avec l’institution, faiblesses personnelles, désirs ambigus – pour projeter une autorité à la fois rationnelle et affectivement captivante.

L’enseignant est maître‑comédien (Hannoun, 1989) car il incarne simultanément l’agent de l’institution et le promoteur de l’épanouissement de l’élève, deux pôles souvent inconciliables qui l’obligent à jouer un rôle partiel, occultant l’un pour privilégier l’autre. Face à des normes scolaires qu’il pourrait contester, il feint l’adhésion ou, inversement, simule une proximité avec les élèves au mépris des impératifs institutionnels, transformant ainsi sa classe en théâtre de duplicité nécessaire, assumée et maîtrisée. Cette comédie s’intensifie lorsqu’il s’agit de taire ses vulnérabilités : exposé au jugement impitoyable des élèves et, par ricochet, des familles, le maître érige un masque de compétence et de maîtrise, bouclier contre l’anxiété et les agressions potentielles du groupe‑classe, préservant ainsi un cadre où l’autorité peut s’exercer sans exposer son intégrité psychique.

La relation pédagogique, quant à elle, exige une performance affective stratégique, conciliant l’autorité froide de la transmission rationnelle et la chaleur motivante d’une proximité simulée. Ainsi, le maître oscille entre domination et séduction, jouant tour à tour le censeur distant ou le confident bienveillant, mais chaque excès révèle sa nature théâtrale : l’affectivité n’est souvent qu’un outil pour capter le désir d’apprendre, masquant la contrainte institutionnelle sous un voile de sympathie. Ce malentendu fondamental – l’élève percevant le maître en termes affectifs (« gentil » ou « méchant ») tandis que ce dernier juge sur des critères cognitifs – accentue la comédie, où l’enseignant instrumentalise l’émotionnel à des fins rationnelles, frôlant parfois l’honnête tricherie.

Plus profondément, l’enseignement est une comédie suicidaire : en accompagnant l’élève vers l’autonomie, le maître sape symboliquement son propre pouvoir, justifié par l’ignorance de ceux qu’il instruit. Cette dialectique nourrit une ambiguïté du désir pédagogique : l’enseignant annonce vouloir instruire pleinement, mais dose inconsciemment ses transmissions pour ne pas être dépassé, jouant la comédie d’une éducation totale qui préserverait sa position narcissique (Filloux, 1987). 

On doit reconnaître que le désir d’enseigner repose sur des motivations conscientes fragiles – vocation illusoire, sécurité matérielle, prestige social – souvent choisies par défaut après des échecs ailleurs, ce qui oblige le maître à feindre un engagement total face à des attentes sociétales idéalistes. Cette comédie sérieuse aussi, loin d’être une trahison, apparaît comme une condition transcendantale, au sens kantien du terme, de l’enseignement : assumée lucidement, elle oriente la théâtralisation vers l’autonomie des élèves plutôt que vers une protection égoïste, et invite à concevoir la formation des maîtres comme un travail sur soi, une appropriation critique de son propre jeu pédagogique. 

À mes étudiants qui m’ont confié leur impatience croissante en stage face aux profs d’application et aux élèves, je conseille ceci : pratiquez quotidiennement un exercice de « pause masquée » – avant chaque interaction tendue, respirez profondément trois fois en visualisant votre masque de comédien bienveillant, et récitez intérieurement « je joue la patience pour servir l’apprentissage ». Cette technique simple renforce votre théâtralisation consciente et restaure la distance nécessaire. Ainsi, loin d’être un aveu d’échec, la maîtrise lucide de cette comédie en fait un instrument à potentiel et responsable au service de l’éducation véritable. 

Dr Belkacem Hamaïzi, ENS de Sétif

Références bibliographiques

  • Hannoun, H. (1989). Paradoxe sur l’enseignant. Paris : ESF.​
  • Diderot, D. (1967). Paradoxe sur le comédien. Paris : Garnier-Flammarion.​
  • Filloux, J. C. (1987). Psychanalyse et pédagogie: ou d’une prise en compte de l’inconscient dans le champ pédagogique. Revue française de pédagogie, 69-102.

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Tamanrasset, capitale industrielle… sur le papier

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Rezig
L'impayable Rezig brassant du vent à Tam.

Le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, brasse beaucoup de vent. Mais à trop remuer sur Tamanrasset, il risque plutôt de déclencher une tempête de sable.

Les Algériens sous Tebboune ont l’habitude d’entendre beaucoup de choses. Des promesses, mais surtout des balivernes. Vendredi encore, la lointaine Tamanrasset a servi de décor à une nouvelle proclamation solennelle : la wilaya serait appelée à devenir un « pôle industriel par excellence », selon l’impayable Rezig. Rien que ça. On se demande d’ailleurs si le sable n’a pas souri, habitué à voir fleurir ce genre d’annonces aussi vite qu’elles s’évaporent.

Avec l’URSS on a connu Potemkine, sous Bouteflika on a vu des ministres présenter un cheval à un tableau de fakhamatouhou et sous Tebboune, ce sont des projets pharaoniques qui sont décrits comme des réalités !

À écouter le ministre du Commerce extérieur, Tamanrasset est déjà la « porte d’exportation vers l’Afrique centrale », un hub stratégique, un futur moteur industriel. Dans les discours, les trains arrivent, les marchandises circulent, les marchés africains s’ouvrent à perte de vue. Dans la réalité, la route reste longue, cabossée, et parfois inexistante.

Le Salon des produits algériens destinés à l’exportation, avec ses cent exposants, est présenté comme la preuve éclatante d’un succès national. Mais une foire, aussi bien éclairée soit-elle, ne fait pas une économie structurée. Exposer des produits ne résout ni les problèmes de logistique, ni ceux de stockage, ni les lenteurs administratives, encore moins les coûts exorbitants du transport vers le sud. Les opérateurs économiques, que l’on appelle à « attirer », connaissent ces réalités mieux que quiconque. Leur prudence n’est pas un manque de patriotisme, mais un réflexe de survie.

On nous ressasse aussi, à longueur de colonnes de journaux et de JT imbuvables, la production de produits nationaux « désormais réputés pour leur excellente qualité » et déjà conquérants des marchés internationaux. A peine incroyable. Une affirmation qui mériterait, au minimum, quelques chiffres détaillés, des destinations précises, et des volumes crédibles. Car à force de brandir l’exportation hors hydrocarbures comme un slogan, on finit par oublier que celle-ci reste encore marginale face aux ambitions affichées.

Comme souvent, la réussite est attribuée à une « politique mise en œuvre depuis 2020 », sous la conduite éclairée de l’incontournable Tebboune. A croire tous ces ministres et ces médias qui ne jurent que par lui, « la nouvelle Algérie » devrait faire pâlir l’Europe de jalousie. Une formule rituelle, devenue passage obligé, qui remplace l’évaluation concrète par l’autosatisfaction institutionnelle. Pendant ce temps, sur le terrain, les jeunes attendent toujours des formations effectives, les artisans des débouchés durables, et les opérateurs des infrastructures promises.

Le plus ironique, finalement, est cette projection enthousiaste vers un avenir ferroviaire qui « arrivera » jusqu’à Tamanrasset. Un futur conditionnel érigé en certitude. En attendant, on inaugure des salons, on coupe des rubans, et on recycle les mêmes discours, d’un événement à l’autre. En attendant, on veille toujours les robinets pour avoir un filet d’eau presque potable ! Mais qu’importe, pourvu qu’il y ait les discours rassurants !

Tamanrasset mérite pourtant mieux qu’un rôle de vitrine occasionnelle. Elle mérite une stratégie claire, chiffrée, suivie d’effets mesurables. À défaut, elle restera ce qu’elle est trop souvent dans les communiqués officiels : un symbole pratique, une promesse commode, et un horizon sans cesse repoussé.

Le désert, lui, a appris à être patient. L’économie, beaucoup moins.

Rabah Aït Abache

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