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Sylviane Lolo Ngango : « J’ai voulu explorer cette zone trouble de la loyauté »

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Sylviane Lolo Ngango
Sylviane Lolo Ngango. Crédit photo : DR

Dans ses réponses, Sylviane Lolo Ngango, auteure du livre La Reine Intouchable, ouvre les portes d’un univers marqué par les épreuves, les rémanences du passé et un combat constant pour la dignité.

Sylviane Lolo Ngango y évoque les silences qui emprisonnent, les voix qui résistent, les blessures que l’on porte comme des cicatrices visibles ou invisibles. À travers son regard et sa parole, La Reine Intouchable apparaît non seulement comme un récit, mais comme un espace de vérité, de réparation et d’humanité profonde. Ses mots tracent une trajectoire où la douleur n’éteint pas la lumière, où chaque mémoire est une force qui demande à être entendue. Et dans cette traversée, elle rappelle que témoigner n’est jamais un geste simple : c’est une manière de tenir debout, d’éclairer l’obscur et de redonner souffle à ce qui semblait perdu.

Publié aux Éditions La Réforme du Burkina Faso et disponible également sur Amazon, le roman circule déjà à travers plusieurs continents, comme une parole précieuse qui cherche ceux qui ont besoin d’elle.

Le Matin d’Algérie : La Reine Intouchable s’inspire d’un destin bien réel. Quel a été le déclic initial qui vous a convaincue que cette histoire méritait d’être portée par la littérature plutôt que laissée dans le silence ?

Sylviane Lolo Ngango : Le déclic est né d’un choc que je n’ai jamais oublié. Pendant des années, j’ai été témoin de la souffrance silencieuse d’une amie confrontée à l’impossibilité de devenir mère, dans une société où la valeur d’une femme se mesure encore trop souvent à sa capacité d’enfanter. Mais ce qui a véritablement bouleversé mon regard, c’est le jour où elle a pris sur elle la responsabilité de proposer à son époux de trouver une femme qui accepterait de lui donner un enfant, une héritière biologique, puisque son propre corps ne pouvait répondre à cette attente.

Il ne s’agissait pas de polygamie, mais d’un acte ciblé : permettre à l’homme qu’elle aimait d’avoir une descendance, sans abandonner sa place légitime. Nous, ses amies, en étions sidérées. Nous l’avons accompagnée, soutenue, écoutée au fil des années.

Un jour, je lui ai dit que son histoire ne pouvait pas rester dans le secret. Elle m’a donné son accord. Le roman est né pour honorer, non pour exposer.

Le Matin d’Algérie : Votre roman interroge la fidélité, l’honneur et les loyautés invisibles. Comment avez-vous travaillé l’équilibre entre douleur intime et dignité dans le parcours de Clarisse ?

Sylviane Lolo Ngango : L’équilibre entre douleur intime et dignité a été le cœur de l’écriture. Je ne voulais ni d’une femme plaintive ni d’une victime figée. Clarisse porte une douleur vraie, mais elle refuse qu’elle devienne son identité. J’ai travaillé autant sur les silences que sur les mots. Clarisse observe, encaisse, vacille parfois, mais elle reste droite. Sa dignité naît de son refus de céder à la bassesse. Elle souffre, oui. Mais elle ne se déshabille pas de sa noblesse.

Le Matin d’Algérie : Clarisse est une femme militaire prise dans un étau où la trahison circule en silence. Pourquoi avoir choisi l’institution militaire comme décor ?

Sylviane Lolo Ngango : Ce choix ne relève pas d’un artifice littéraire. Il est imposé par la réalité : Clarisse vivait réellement dans cet environnement. L’institution militaire, avec sa rigueur, ses codes et ses silences, amplifie le contraste entre discipline apparente et tempêtes intérieures. J’ai simplement transmis cette vérité brute.

Le Matin d’Algérie : Quelles nouvelles dimensions de la psychologie féminine aviez-vous envie d’explorer dans ce récit ?

Sylviane Lolo Ngango : J’ai voulu explorer cette zone trouble où la loyauté glisse vers l’effacement de soi. Clarisse n’est pas une martyre. Elle agit par amour, par culpabilité, par conditionnement social. À travers elle, j’explore la solitude émotionnelle, la peur de perdre sa place, la rivalité imposée entre femmes, et cette capacité paradoxale à transformer la douleur en force silencieuse.

Le Matin d’Algérie : Comment avez-vous voulu représenter la reconstruction après l’effondrement ?

Sylviane Lolo Ngango : La reconstruction n’est pas un sursaut héroïque. C’est un chemin intérieur lent. Clarisse se rebâtit pas à pas. Sa résilience naît de la fêlure. Elle traverse la douleur, elle ne la gomme pas. Clarisse ne devient pas reine parce qu’elle a souffert, mais parce qu’elle a compris.

Le Matin d’Algérie : Comment avez-vous géré la frontière entre fidélité au réel et liberté de création ?

Sylviane Lolo Ngango : J’ai respecté une seule fidélité absolue : la vérité des émotions. La fiction m’a ensuite permis d’amplifier les nuances, de donner voix aux silences, d’explorer les zones inaccessibles du réel. Le roman ne raconte pas une vie ; il traduit une vérité humaine.

Le Matin d’Algérie : Quels passages du livre portent selon vous la plus forte dimension réparatrice ?

Sylviane Lolo Ngango : D’abord, la relation entre Clarisse et les enfants adultérins de son époux. Leur amour devient une lumière. Clarisse découvre une maternité du cœur, choisie. Ensuite, la confession du mari à sa maîtresse : il affirme qu’il ne quittera jamais son épouse, non par pitié, mais par loyauté et respect. Ces moments réparent sans effacer. Ils redonnent sens.

Le Matin d’Algérie : Quelle vision des relations humaines souhaitiez-vous faire émerger à travers ces amitiés troubles et ces rivalités ?

Sylviane Lolo Ngango : Je voulais montrer que toutes les présences ne sont pas des soutiens. Certaines femmes n’étaient pas seulement spectatrices, mais actrices de la douleur de Clarisse. J’explore cette complexité : conseiller tout en jalousant, compatir tout en blessant. Clarisse apprend que se protéger, poser des limites, c’est se respecter.

Le Matin d’Algérie : Trouve-t-on une forme de spiritualité implicite dans La Reine Intouchable ?

Sylviane Lolo Ngango : Oui, une spiritualité douce, discrète. Clarisse trouve un refuge intérieur dans la foi. Elle s’y ancre pour respirer, pour tenir. Sa relation à Dieu est profonde, jamais spectaculaire. Une lumière silencieuse qui l’aide à rester debout.

Le Matin d’Algérie : Votre héroïne incarne un courage silencieux. Est-ce ce silence-là — celui des femmes, celui de l’Afrique — que vous vouliez rendre audible ?

Sylviane Lolo Ngango : Oui. Le silence des femmes n’est pas vide : il est chargé de renoncements, de dignité contrainte. Clarisse incarne ces femmes qui endurent sans spectacle. Ce silence-là est une résistance. À travers elle, j’ai voulu faire entendre ce que l’on impose trop souvent aux femmes de taire.

Le Matin d’Algérie : Comment le public a-t-il réagi aux premières lectures ? Un témoignage vous a-t-il marquée ?

Sylviane Lolo Ngango : Les réactions ont été très positives. Plusieurs professeurs de français ont salué la profondeur du personnage. Mais le témoignage le plus marquant est celui de ma cousine Félicité, qui a vu Clarisse non comme une femme blessée, mais comme une femme froide, cynique, puissante, presque prédatrice. Cette lecture m’a rappelé qu’un personnage échappe toujours à son auteur. Clarisse est complexe. Et c’est tant mieux.

Le Matin d’Algérie : Que souhaitez-vous que les lectrices et lecteurs retiennent de Clarisse en refermant le roman ?

Sylviane Lolo Ngango : J’aimerais qu’on retienne la grandeur de son cœur. Elle avait mille raisons de devenir dure. Elle choisit pourtant l’amour, et accueille les enfants de la trahison comme les siens. Clarisse montre que la douleur n’annule pas la capacité d’aimer. J’aimerais qu’on garde d’elle l’image d’une femme qui a choisi de rester lumière.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

Biographie :
Écrivaine camerounaise résidant en Allemagne, Sylviane Lolo Ngango explore les thèmes de la mémoire, de la résilience et de la condition féminine africaine. Autrice de Deux noms, un visageLa Reine IntouchableAmitiés malfaisantes et Les Petites Vérités Psy – signé Lolo, elle conjugue introspection et engagement. Animatrice d’espaces littéraires tels que Le Bar de Lolo et La Bibliothèque de Lolo, elle s’impose comme une voix qui éclaire, interroge et répare les mémoires.
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Amnesty International : « Le génocide se poursuit à Gaza»

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Gaza
Gaza meurtrie, ravagée par l'armée israélienne.

La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a affirmé que le génocide en cours à Gaza se poursuit, dénonçant l’abandon progressif de la responsabilité internationale envers Israël et le recul de l’attention mondiale portée à la situation dans l’enclave dévastée.

Dans une interview accordée samedi à la chaîne Télévision Arabe, Callamard a indiqué que les niveaux de malnutrition chez les enfants de Gaza restent extrêmement élevés, conséquence directe de la destruction des infrastructures civiles, du blocus persistant et de l’insuffisance de l’aide humanitaire. Elle a souligné la nécessité de déposer de nouveaux dossiers devant la Cour pénale internationale contre Israël, estimant que l’inaction diplomatique actuelle laisse la population civile sans protection.

Elle a également insisté sur l’importance de permettre l’accès des journalistes étrangers à Gaza, rappelant que l’absence de couverture indépendante facilite l’effacement des faits et affaiblit toute possibilité de contrôle international.

Évoquant la situation en Cisjordanie, Callamard a affirmé que les attaques menées par les colons contre les Palestiniens et leurs biens se déroulent avec la complicité de l’armée israélienne, une réalité régulièrement documentée par les organisations de défense des droits humains. Elle a mis en garde contre une politique systématique visant à réduire la présence palestinienne dans des zones stratégiques.

Pour sa part, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains en Palestine, a déclaré que le projet de nettoyage ethnique mené par Israël se poursuit avec l’aval de plusieurs États. Dans son entretien à une Télévision arabe, elle a estimé que la guerre à Gaza a provoqué un déséquilibre profond du système international, difficile à corriger tant que les violations demeurent impunies.

Albanese a renouvelé son appel à un embargo sur les armes à destination d’Israël et à la rupture des relations avec cet État tant que les attaques contre les civils se poursuivent. Elle a par ailleurs averti que « ce qu’Israël n’a pas réussi à obtenir par la destruction, elle pourrait tenter de l’obtenir par un cessez-le-feu », en consolidant des faits accomplis sur le terrain au détriment du peuple palestinien.

Dans un climat d’impunité et de paralysie diplomatique, les alertes d’Amnesty International et des experts onusiens cherchent à rappeler l’urgence de la situation humanitaire à Gaza, à un moment où les appels internationaux à la justice semblent s’estomper.

Mourad Benyahia 

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Tunisie : Bernard-Henri Lévy condamné à 33 ans de prison

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Tribunal Tunisie

Le 19 avril 2025, la justice tunisienne a condamné par contumace le philosophe et écrivain français Bernard-Henri Lévy à 33 ans de prison pour « complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État ».

Cette décision, prononcée dans le cadre d’un méga-procès visant une quarantaine de personnes — opposants, militants, responsables politiques, exilés, personnalités étrangères — refait aujourd’hui surface, suscitant incompréhension et indignation.

Car si le verdict date du printemps dernier, il n’avait jamais bénéficié d’un véritable écho international.

Un procès massif, opaque et très politique

La Chambre criminelle spécialisée, siégeant à huis clos, a distribué des peines allant de 4 à 66 ans de prison. Les charges étaient multiples : « entente terroriste », « complot contre la sûreté de l’État», « incitation à la guerre civile », « atteinte à la forme du gouvernement », ou encore accusations liées à des troubles supposés.

Dans ce vaste dossier, aucune preuve détaillée n’a été rendue publique concernant BHL. Les autorités tunisiennes n’ont fourni ni éléments matériels, ni chronologie précise, ni explications solides établissant un lien entre l’intellectuel français et les actes subversifs allégués.

Pour de nombreuses ONG et observateurs, le procès relève avant tout d’une logique politique, instrumentalisée dans un contexte de durcissement autoritaire en Tunisie.

Pourquoi l’affaire ressurgit-elle seulement maintenant ?

Bien que le jugement ait été rendu le 19 avril 2025, ce n’est que ces dernières semaines qu’il a pris une ampleur internationale. Plusieurs facteurs expliquent ce décalage :

Au moment du verdict, la Tunisie faisait face à d’autres crises internes. L’affaire avait été relayée localement, mais quasiment ignorée par la presse étrangère. Ce silence médiatique a permis au dossier de passer inaperçu. Par ailleurs, il n’y a plus une semaine qui passe dans ce pays sans que des opposants ou des avocats ne soient arrêtés, jugés et condamnés. Une tyrannie sans précédent est mise en place par Kaïs Saïed, renforçant son pouvoir et neutralisant tous les leviers potentiels d’opposition.

La présence inattendue de BHL dans la liste des condamnés

Quand l’information a été republiée et commentée récemment, la condamnation d’un intellectuel français à 33 ans de prison a produit un effet de choc, suscitant un regain massif d’attention sur les réseaux sociaux.

Depuis début décembre, plusieurs organisations — dont Human Rights Watch et Amnesty International — ont publié des dossiers alarmants sur la dérive autoritaire du pays.

Ces rapports ont ravivé les projecteurs sur toutes les affaires sensibles, dont celle du « complot ».

L’opposition, affaiblie mais toujours active, utilise de nouveau cette affaire comme symbole d’une justice instrumentalisée. Les prises de parole récentes ont contribué à faire remonter le dossier dans l’espace public.

Comme souvent, un article, un extrait vidéo ou une publication partagée au hasard peut soudain faire exploser un sujet. C’est exactement ce qui s’est passé : une info ancienne devenue virale.

En l’absence de présence physique de BHL en Tunisie, la peine demeure inexécutable. Mais le message politique est clair : la justice tunisienne n’hésite plus à inclure des figures étrangères dans des affaires présentées comme existentielles pour l’État.

Pour les défenseurs des droits humains, ce procès marque une rupture profonde avec la période d’ouverture post-révolution. Il s’inscrit dans une série de condamnations visant journalistes, militants, avocats et opposants.

Mourad Benyahia 

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Bénin : une tentative de coup d’État en cours

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Des militaires ont annoncé, ce dimanche 7 décembre 2025, à la télévision nationale, avoir destitué le président Patrice Talon.
Des militaires ont annoncé, ce dimanche 7 décembre 2025, à la télévision nationale, avoir destitué le président du Bénin Patrice Talon.

Des militaires béninois ont annoncé tôt dimanche matin sur la télévision publique avoir « démis de ses fonctions » Patrice Talon, qui devait passer la main en avril prochain après 10 ans au pouvoir. L’entourage du président affirme que la situation est sous contrôle et que patrice Talon est en sécurité.

Au Bénin, des militaires ont annoncé à la télévision publique avoir démis de ses fonctions le président Patrice Talon. Ces militaires affirment que le Lieutenant-Colonel Tigri Pascal a été nommé président d’un « Comité de la refondation militaire ».

La situation reste confuse à Cotonou où des tirs ont été entendus près dans la zone du port et de la présidence il y a quelques heures. Une source sécuritaire jointe par RFI a très vite évoqué une tentative de Coup d’état en cours. La circulation autour de la présidence est bloquée et des hélicoptères survolent la zone.

L’armée a repris le contrôle d’après l’entourage de Patrice Talon

Mais la déclaration n’a plus été rediffusée et le le signal de la chaîne publique Bénin TV ne fonctionne plus, rapporte notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan.

« Il s’agit d’un groupuscule de personnes qui ont uniquement la télévision. L’armée régulière reprend le contrôle. La ville (Cotonou) et le pays sont totalement sécurisés », a-t-il dit. « Tout est sous contrôle. Ils n’ont pas réussi à prendre le domicile du chef de l’État et la présidence de la République. C’est une question de temps pour que tout rentre dans l’ordre. Le nettoyage suit bien son cours », a dit à l’AFP une source militaire.

« Au petit matin de ce dimanche 7 décembre 2025, un groupuscule de soldats a engagé une mutinerie dans le but de déstabiliser l’État et ses institutions.Face à cette situation, les Forces Armées béninoises et leur hiérarchie, fidèles à leur serment, sont restées républicaines. Leur riposte a permis de garder le contrôle de la situation et de faire échec à la manœuvre. Aussi, le Gouvernement invite-t-il les populations à vaquer normalement à leurs occupations », a déclaré dans un communiqué le ministre de l’Intérieur béninois Alassane Seidou 

La situation reste incertaine

Les voies d’accès à la présidence de la République sont bloquées par des chicanes. Des policiers sont postés devant et dévient la circulation. Des chars ont été également vu en train de rouler à vive allure en direction du boulevard de la Marina.

La situation demeure confuse pour les Béninois qui se posent de nombreuses questions auxquelles ils n’ont pas encore de réponses. L’ambassade de France au Bénin a appelé les Français à rester à leurs domiciles « par mesure de sécurité. »

RFI

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Marseille 2026 : Sébastien Delogu ouvre sa campagne avec un meeting à la Belle de Mai

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Sébastien Deloglu
Sébastien Deloglu. Crédit photo : DR

Sous la devise « La Force de Tout Changer », la campagne des municipales à Marseille pour 2026 a officiellement démarré ce samedi 6 décembre. À la Friche de la Belle de Mai, dans le 3ᵉ arrondissement, Sébastien Delogu, député des Bouches-du-Rhône et candidat La France insoumise à la mairie, a tenu son premier grand meeting, rassemblant près de 1000 personnes.

Si Delogu est le candidat officiel, c’est Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, qui a ouvert la soirée et fixé le cadre politique. Il a rappelé l’importance de Marseille dans la stratégie nationale de La France insoumise et insisté sur la nécessité de présenter un projet crédible, populaire et ancré dans les réalités du terrain. « Marseille est une ville symbole, et ces élections ne sont pas seulement locales : elles doivent montrer que la gauche populaire peut retrouver sa place », a souligné Bompard.

À leurs côtés, la militante antiraciste Assa Traoré a pris la parole et Delogu n’a pas caché sa fierté : « Assa Traoré, ma sœur, je suis si fier que tu sois à mes côtés ! On ne vient pas de la même ville, on ne vient pas du même quartier, on n’a pas la même couleur de peau, mais le combat que tu mènes est le mien. Il doit être celui de tous les Marseillais ! »

Sébastien Delogu a dénoncé ce qu’il considère comme une logique gouvernementale déconnectée du réel : « Le gouvernement préfère faire des économies d’argent plutôt que des économies de nos vies », a-t-il lancé devant la salle. Il a développé sa critique en pointant le manque de moyens dans les services publics, l’insécurité, les écoles délabrées, le logement dégradé et la précarité persistante dans les quartiers populaires.

Le candidat a également répondu aux critiques qui lui sont adressées : « Tous les candidats donnent des leçons de République, mais passent leur temps à nous mépriser. Ils nous reprochent de diviser la gauche. Pourtant, nous avons construit notre programme à partir de 200 auditions, et le collectif VAÏ ! mené par Sébastien Barles est à nos côtés. »

Le meeting a été marqué par une offensive locale directe : Benoît Payan, maire (DVG) sortant, a été implicitement mis en cause pour sa gestion jugée trop timorée, centrée sur la communication plutôt que sur des actions concrètes. Pour Delogu, sa candidature représente une alternative forte, capable de redonner la parole et les moyens aux habitants de Marseille.

Le moment fort de la soirée a été l’annonce officielle du nom de sa liste pour les municipales : « Marseille fière et populaire ». Un slogan pensé pour incarner à la fois la dimension sociale et identitaire de sa campagne, et pour rassembler les Marseillais autour d’un projet participatif et inclusif. Delogu a promis que le programme sera construit en lien direct avec les habitants, avec des réunions de quartier, des ateliers participatifs et des consultations régulières.

Le meeting a également donné la parole à Florence Heskia, militante de l’UJFP, qui a dénoncé les violences à l’international et les prises de position locales : « Depuis le 7 octobre, nous regardons, impuissant·es, le génocide se dérouler sous nos yeux. Honte à Benoît Payan qui refuse le déjumelage avec Haifa ! Honte à Martine Vassal et son silence complice ! Marseille mérite mieux ! »

Pour conclure, Sébastien Delogu a tenu à remercier les participants et à souligner la mobilisation massive : « Je suis allé remercier, avec Manuel Bompard et Assa Traoré, toutes les personnes qui se sont déplacées et n’ont pas pu entrer. Je vous promets une chose : la prochaine fois, la salle sera beaucoup plus grande ! »

Ce premier rassemblement fixe le ton d’une campagne déterminée et combative. Entre mobilisation de terrain, critique de l’exécutif national et de la municipalité actuelle, et ambition de redonner une voix aux quartiers populaires, Sébastien Delogu affirme qu’il entend s’imposer comme le candidat de tous ceux qui se sentent oubliés dans la cité phocéenne.

À Marseille, la bataille pour les municipales 2026 est désormais lancée, et ce premier meeting laisse entendre que la campagne pourrait être l’une des plus disputées de ces dernières années.

Djamal Guettala 

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Coupe arabe 2025 : l’Algérie se relance en écrasant Bahreïn (5–1)

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L'équipe nationale écrase le Bahrein
L'équipe nationale écrase le Bahrein. Crédit image : APS

L’équipe nationale a parfaitement réagi, samedi soir, en s’imposant avec autorité face au Bahreïn (5–1) au Khalifa International Stadium, lors de la deuxième journée du groupe D de la Coupe arabe 2025. Une victoire large, maîtrisée, qui permet aux hommes de Madjid Bougherra de retrouver de la sérénité après un début de tournoi mitigé.

Dès les premières minutes, les Verts ont imposé leur tempo et leur intensité. Leur domination, nette et continue, s’est traduite par cinq réalisations, portées par un duo offensif particulièrement inspiré : Redouane Berkane et Adil Boulbina ont chacun signé un doublé, tandis que Yassine Benzia a ajouté un cinquième but sur penalty, d’un contre-pied parfait.

Ce succès éclatant intervient dans un contexte particulier : fortement critiquée après le nul décevant contre le Soudan (0–0) lors de la première journée, la sélection algérienne était attendue au tournant. Elle y a répondu de la meilleure manière possible. Plus agressifs, mieux organisés et surtout beaucoup plus tranchants dans les trente derniers mètres, les Verts ont montré un visage conquérant qui a rassuré leurs supporters.

Avec cette victoire, l’Algérie porte son total à quatre points et s’empare provisoirement de la tête du groupe D. Le dernier match de la phase de poules, prévu mardi prochain face à l’Irak, sera décisif pour valider le billet vers les quarts de finale et confirmer le regain de forme affiché ce samedi.

Dans un tournoi souvent imprévisible, cette performance constitue un signal fort : le groupe semble avoir retrouvé ses repères, sa fluidité et son ambition. Reste désormais à confirmer, face à une équipe irakienne réputée solide et difficile à manœuvrer.

Djamal Guettala 

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14 morts et 34 blessés dans un accident d’autocar à Béni Abbes 

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Accident de la route à Beni Abbès
Accident de la route à Beni Abbès. Photo : Facebook

Un grave accident de la route a coûté la vie à 14 personnes et fait 34 blessés dans la wilaya de Béni Abbès, située dans le sud-ouest de l’Algérie, ce samedi 6 décembre. L’événement tragique s’est produit sur un axe routier majeur de la région, soulevant de nouveau la question de la sécurité des transports inter-wilayas.

​Circonstances et bilan

Le bilan ne cesse malheureusement de s’aggraver. ​Selon les informations communiquées par la Direction de la Protection Civile, l’accident est survenu suite à la sortie de route et au renversement d’un autocar de transport de voyageurs. L’incident a eu lieu précisément sur la Route Nationale (RN) 50, à la hauteur de la commune et daïra de Tabelbala, alors que le bus se dirigeait vers la wilaya de Béchar.

​Les équipes de secours sont rapidement intervenues pour prodiguer les premiers soins aux blessés et les transférer vers l’hôpital local. Le bilan de 14 décès et 34 blessés a été confirmé, et l’état de santé de certains blessés a été qualifié d’urgence par les sources médicales. Une enquête devrait être ouverte pour déterminer les causes exactes de cette perte de contrôle du véhicule.

Un contexte national préoccupant

​Ce drame survient dans un contexte de forte sinistralité routière en Algérie. Le même corps de la Protection Civile avait communiqué un bilan antérieur, faisant état de la mort de 12 personnes et de 380 blessés dans une série d’accidents de la circulation survenus à travers le territoire national au cours des seules 48 heures précédentes.

​L’accumulation de tels bilans met en lumière la nécessité d’une évaluation approfondie des facteurs contribuant à ces tragédies récurrentes, qu’il s’agisse de l’état des infrastructures routières dans certaines régions isolées, de l’entretien des véhicules de transport en commun ou du respect du Code de la route par les conducteurs professionnels.

Samia Naït Iqbal

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Belaïd At Ali : awal ɣef tmussni ! (Tazmamt n°2, asebter 51)

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Ussan-ayagi yaâddan, ad ilin tura qrib telt chur-ayagi, mi d-usiɣ s axxam, ufiɣ-d yuzzel fell-i lexbar belli taâddaɣ di tmussni. Ziɣ-nni a di telt snin-nni ideg i yi-yuɣ lḥal di lɣerba, ar heddren fell-i dagi di tmurt : kra n win i yi-issnen, kra n win i yi-d-immektin, kra n win, lḥasun, ara yi-d-yawin di lhedra, inna-yas : « A welleh a Belaâid-nni ar yessen armi d ulamek. Iɣra, itaâqqel, itaâdda ! ».

Netta dɣa, d ṭbiɛa di tmurt-agi-nneɣ, mara yeffeɣ wawal ɣef walbaâd, ad twaliḍ la yettazzal am akken ara tezzuzreḍ  lbarud deg umkan ɣer wayeḍ tecaâled-as times. Wa ad t-iqqar i wa, alamma yuɣal wawal-nni … d tidet. Zemreɣ ad d-iniɣ ar llan yigad igullen ar jerrben tamussni-w, nek ur ten-ssineɣ, ur yi-ssinen ! Ma yehwa-yak, tella cwiṭ n sebba deg ucekker i yi-ččekiren. Lamaâna ilaq-iyi ad nemsefham.

1. Tella leqraya d leqraya.

Nek d tarumit ay ɣriɣ. Tarumit ay ɣriɣ, ur tesaâiḍ ay sawḍeɣ deg-s. Lukan ad nmettel tarumit ɣer taârabt yesaân « settin ḥizeb », nek, ihi, ur sawḍeɣ ara di trumit aâcra wala xemsa, wala, a Rebbi sin neɣ tlata. Asmi d-ttaxreɣ di lakul, a Rebbi ma ssneɣ ad aruɣ tabrat. Di syinna kan ɣer dagi ar ttaɣaɣ kra n tektabin tiqdimin n trumit, ḥefdeɣ deg-sent  snat neɣ tlata n tmucuha. Ad ternuḍ, ma yella taârabt tettwafreq ɣef « settin ḥizeb ». (Ilaq-iyi ad d-iniɣ : taârabt ur tt-ɣriɣ ara, ur tt-ssineɣ, dayen kan selleɣ).

Ma tettwaḥseb taârabt ɣef settin, tarumit, nettat, ur tettwaḥsab la di settin, la di meyya, la di mitin, la deg alef, la deg alfin, la lḥasun ur tesaâ ara lḥedd. Ur ẓriɣ amek ara k-sfehmeɣ a bnadem… lukan dɣa d win iɣran tarumit, ad ak-iniɣ : « … dont le centre est partout, la circonférence nulle part ».

Lamaâna i mi s teqbaylit i la nhedder, ad ak-iniɣ kan : d yiwen lɛalem, dɣa, n Irumyen, d laâlem ameqqran, i yas-innan : « ɣriɣ, ɣriɣ, qqareɣ, qqareɣ… armi wḍeɣ ɣer wanda ufiɣ ur ssineɣ acemmek ».

A weraâd a nek, Belaâid meskin !

Attan leqraya ɣriɣ. Ma d laâqel, d lefhama, d wayen irkul i yi-čekkiren, waqila tura, mebla ma nniɣ-ak.

2. Ma d sebba i yak-nniɣ, hatt-aya

Di telt snin-nni n leɣyab-iw, teṭṭef-iyi kra n teswiɛt deg yiwet temdint ideg qqimeɣ mebla lxedma. Deg wakken lemsufet stufaɣ, ul-iw ittfekker-iyi-d ɣef leḥbab-iw, d idammen-iw, d wayen akk, lḥasun, ǧǧiɣ dagi. Ketbeɣ-as-d tibratin i yiwen wayaw-iw illan dagi di tmurt. Netta di lweqt-nni, ittaɣ lḥal ul-iw d lḥerma-w ttuɣeyren, ččuren aṭas s mmi akked yemma-s i yi-ittwakksen. Laâqel-iw, lxaṭer-iw d umekti-w, akk, lḥasun, lhan ala yis-sen. Yuɣ lḥal, snat neɣ tlata tmucuha-nni i ḥefḍeɣ, akken di trumit, rrant tasa-w d talqaqt armi tuɣal mi tt-yennul kan cwiṭ ad tefreḥ. Ihi, wissen ma d idammen-nni d-tettak tasa-w i tt-ittgezziren, neɣ… d lemleḥ n tektabin-nni tiqdimin i d-iteddun deg-sent, tibratin-iw aâǧbent Aârab, ayaw-iw. Daɣ netta, mi tent-ifuk s leqraya yesnaât-itent i medden, iqqar-as : « Muqlet xal-i Belaâid akken itaâdda ! ». walakin, dagi, waqila… mačči d tislit i iḍelmen !

Attan sebba ! 

Sakin, mi d-usiɣ, uɣaleɣ deg uḥebber : amek ara xemdeɣ ? Weqɛeɣ. Nek, tidet i Rebbi, ẓriɣ iman-iw : aneggaru deg ifellaḥen yif-iyi tamussni, iɣleb-iyi laâqel, yesaâ ara yini, lḥasun, wa lukan ala swayen ijerreb di leɣwabi. Ihi ? Ihi ḥesleɣ. Ad qqimeɣ d yemdanen di tejmaât, ad hedreɣ, ad sbyineɣ laâmal-iw ? Ur sɛiɣ ara. Ad qebleɣ ad yeḍher lekdeb ? Ikukra wul-iw, iɣaḍ-iyi ad iyi-ittwakkes usemɣer-nni i yi-smeɣren. Akken ibɣu yili laâbd-is, ittɣimi-yas-d daymen cwiṭ n… nnif daxel n lxaṭer-is. Lamaâna « yekkat s wa, ijebber s wa » akken neqqar. 

Asmi d-usiɣ, wḍeɣ-d ulwaɣ cwiṭ, ḥebseɣ deg uxxam. Dɣa nniɣ-as i yiman-iw : « cwiṭ d lehlak-agi yesleḥ. Akk’agi, ur teffɣeɣ ɣer tejmaât, ur iyi-ẓerren medden, ur heddreɣ d ḥed, ur yi-d-tekksen leqder ». Dɣa ferḥeɣ dayen kan. Ma d yemma, ala nek yid-s, deg uxxam, iḍher-ak lḥal, akken bɣuɣ iliɣ, akken tebɣu tili ṭṭbiɛa-s, bessif ad d-tesxebbreḍ s wayen swiɣ, s wayen ssneɣ, aâlaxaṭer, tamezwarut : d yemma, tis snat, ula d nettat teɣra tarumit, tis tlata : walukan ala s wass d yiḍ-nni i nesaâdda akken nek yid-s, nettat, ur d-wjiɛ ara deg-s : d yemma. Dḥiɣ-d tuhennaɣ. Lamaâna, ziɣ yextar Rebbi, ur yi-tḍul ara lehna-w. Ur aâṭṭleɣ ara xelaâɣ. 

Asmi wḍen yumayen neɣ tlata ay deg d-usiɣ, isla xal-i Saâid, ikcem-d s axxam-nneɣ ad yi-iẓer. Ferḥeɣ aâlaxaṭer ulamma… d akken yebɣu yili, ilha, izehhu wul mara d-irzu weḥbib fell-ak a bnadem. Irna yufa-yi-d am akken cedhaɣ albaâḍ ad qessreɣ yid-s. Netta, xal-i Saâid agi, mačči d aqcic, walakin, n xwal-i At Salaḥ, n dagi di taddart, qqareɣ-as xal-i. Ad yili yesaâ xemsa urebaâin n sna neɣ xemsin ; lakin yuli-t ccib, ikmec, ifuk. Tuɣmas, yiwet ur as-d-teqqim. Teṭṭef-it ddunit laâwam-agi ineggura, ternuḍ aṭas i yexdem, i yaâtteb, deg wasmi d-ikker. Yunag ula d netta ddeqs ; ur iǧǧi tamurt n Waâraben, wala Fransa. Ma d tura, dayen, ad ilin xemseṭṭac n sna-ayagi, iqqim kan di tmurt, yuɣal ɣer tfellaḥt d tkessawt. Asmi akka d-iruḥ ɣur-i, qrib ur t-aâqileɣ ara : iṭij irra-t d aberkan, tamart ur tt-iseṭṭel ara, irna yelsa-d ajellab d amqersu akk, iḍarren-is ḥafi, lḥasun, armi yi-d-yaâna ɣer slam : « Laâslama a Belaâid, amek telliḍ, atg… », d wamek i yas-d-rriɣ s lexbar, ul-iw icreḥ, ixaq : « Ah a xal-i Saâid ! D keč i yuɣalen akka ? ».

Dɣa yeqqqim, lḥasun yeḥku-yi-d akk ɣef tmurt, ɣef tfellaḥt, ɣef lecɣal akk n dagi.

– Dacu tebɣiḍ a Belaâid, ddunit-agi ideg d-neggra tettwaḥres… tura yaâdda lweqt-nneɣ… lweqt ibeddel…

Yemma yuɣ lḥal tessew-aɣ-d afenǧal n lqahwa. Xal-i Saâid la yi-d-iḥekku… Nekkini a la ttḥebbireɣ : aâlaxaṭer deg imezwura kan, mi nettemcekkar, nettemsalam, iḥuz-iyi-d s sin neɣ tlata wawalen :

– Ah ! A Belaâid, lemmer mačči d lɣerba i k-iččan… nesla yis-k teɣriḍ, tessneḍ… atg.

Lamaâna yenna-d kan wigi, ibda-d leḥkayat n wayen iḍran dagi di leɣyab-iw. Ihi nek, sibda ihedder, mkul awal ara d-yini tesseɣ-t d tissit, wezzneɣ-t am ddheb, ttheggiɣ-as leǧwab i yas-iwulmen. Iniɣ-as kan deg ul-iw :

– Annaɣ a Rebbi ma t-yaâǧeb lǧiwab-iw, ma ad tgerrez lhedra-w neɣ ala.

Lamaâna, ziɣ, ar saâiɣ zher : ulamma aṭas ay iqqim yid-nneɣ, ulamma yaâṭṭel mačči d ayen iferrun, ur ifuk ara lhedra-s, ur ikemmel ara leḥkayat-is, ur d-nniɣ ara yiwen wawal, armi la s-d-tessawal tmeṭṭut-is seg usqif :

– W’ay argaz !! Aâni a mmi ur twalaḍ ara yaâdda uzizbu ! Aâni ur tberruḍ ara i lmal !!

Dɣa, argaz inna-k :

–  Semmeḥt-iyi ad ruḥeɣ. Ǧǧiɣ-ken di lehna.

Ikker, meskin, iṭṭef-itt d tazzla. Tura ad d-iniɣ selkeɣ. Selkeɣ, yaâni, ma yehwa-yak, walakin am akken-nni cwiya iɣaḍ-iyi laâtab-nni saâttbeɣ aqerruy-iw baṭel, iɣaḍ-iyi wayen akk heggaɣ ad t-id-wezneɣ,… ur d-nniɣ deg-s acemmek.

Ayya, nniɣ-as deg ul-iw, wac aâlih, tabaɛ ayen akken ugadeɣ menaâɣ-as. Irna ma… ur yi-teṭṭif ara ass-a, ad iyi-teṭṭef azekka.

Teḍḥa-d akken. Azekka-nni, akken kan d-irra azal, issaweḍ lmal s axxam, iruḥ-d. Yemma, ziɣ-nni ar t-tessen, teẓra ad d-iruḥ, lhedra aṭas tekra-tt, akken kan tefḍer, tuli ɣer tɣurfet, teṭṭes. Tabburt n usqif taâggeḍ :

– Wa salam aâlikum ! Aâni weḥd-k ayagi teqqimeḍ ? Ala la ! Yemma-k-nni diɣen teṭṭes ! A tebra a tilawin-agi ar dayen tura ur tettamneḍ ara ! Attan yiwet ɣur-i, nek, lukan ad ak-ḥkuɣ…

Sakin ibdu-yi-d tameslayt ɣef tmeṭṭut-is. Niqal, di tmezwarut iḥetteb-iyi-d ala laâyub i tesaâ, armi d taswiɛt, inna-k :

Lamaâna ilaq-iyi ad ak-d-bduɣ swadda. Tura, tameṭṭut-agi inu, amek armi tt-xeḍbeɣ…

Sakin ibdu-yi-tt-id swadda. Seg wasmi tt-issen, tt-ixḍeb, armi d asmi d-tedda, mi yuqem tameɣra, mi d-tewweḍ s axxam ; di syinna, yuɣal, sakin, ɣer wass ɣef tt-issen di ṭbiɛa-s, di lefhama-s, di lefaâyel-is… mačči yeǧǧa yiwen wawal ! Nekkini ɛuddeɣ, tura, i mi d-nebda awal ɣef tmeṭṭut-is ur telha ara, ad iwwet kan ad yaâddi, ad d-yuɣal ɣer uẓar umeslay. Netta mačči akken ; mara d-ibdu awal, d lemtel, ɣef asmi truḥ tqeffaft ad d-awin tameṭṭut :

– A dɣa a sidi merḥum lwaldin, taqeffaft truḥ, nek ruḥeɣ ɣer tejmaât, qqimeɣ. Yuɣ lḥal lsiɣ abernus ad tetaâǧbeḍ deg-s, imiren-nni, di lweqt-nni n rxa, uɣeɣ-t s kada u kada. Netta ibernas-agi ur aâdilen ara. Illa uẓeṭṭa d uzeṭṭa. Ula d taduṭ ur taâdil ara, aâlaxaṭer imxalaf uɣelmi, illa win…

Ilaq ad ttusemḥeɣ deg ukellex i yi-ittkellix deg… ucuddu yettcuddu awal ɣer wayeḍ, ussan imezwura, aâlaxaṭer ur ɛusseɣ ara iman-iw, ur t-ẓriɣ ara d akken, tabɛeɣ kan awal-is… ttemyizeɣ-as, wezzneɣ-t, ttraǧuɣ nnuba-w. A ziɣ, netta, yufa… abrid d lxali, akken qqaren. Ar… yettruḥ… yettruḥ… yettruḥ… iteffeɣ tamurt ikeccem tayeḍ, armi… yettaf… lemwayen ittawi-yi di tmeṭṭut-is ɣer tilawin irkuli, di tilawin irkuli, ɣer « tmeṭṭut akken tt-ixleq sidi Rebbi », di syinna ad d-ittubbu, ad d-yettubbu, neɣ ma d alluy, d alluy, alamma yewweḍ ɣer tyemmat-nneɣ Ḥuwa. Di syin akkin. Lamaâna alamma yeṭṭerdeq-d fell-aneɣ usqif d uɛeggeḍ :

– Wa ay agejdur !! D siɛqa ! D niɛqa ! Wa ay ass-nni asaâdi yi-d-iwwin ɣur-k ! Niɣ a mmi atan yaâdda uzizbu, atan d lmeɣreb, i lmal-ik ad t-teǧǧeḍ i laẓ ?!!

A yuɣ lḥal, netta, mi yesla kan i ugejdur, yaâqel d tameṭṭut-is. Ad yi-d-yini kan s lemɣawlat : « twalaḍ dacu k-nniɣ !? ».

Ad iruḥ diɣen, ad ittazzal. Ziɣ-nni ar d-teɣli tmeddit, ar neqqim akken kter n rebɛa swayeɛ, xal-i Saâid ur yessusem, ur yi-iǧǧi ad as-d-iniɣ awal ! Wagi d wis mertayen.

Azekka-nni, yusa-d diɣen « bac ad nqeggel » akken iqqar. Teḍra tikkelt nniḍen… kif, kif. Walakin seg imir-nni bdiɣ ttakiɣ-as. Aâqleɣ-t ! Aâqleɣ-t am asmi akken t-aâqleɣ di sifa-s, ziɣ-nni ar seg widak ur nezmir ara ad sxedmen laâqel wussan s tsusmi  ḥaca ma s lhedra !  Aâqleɣ-t deg wid-akk-nni ireffun, ikerrun win ara sen-ikksen awal. Aâqleɣ-t lḥasun, di lɛibad-nni ara yi-ibɣun lmut ma d ay illa yuɣ-iten lḥal heddren, tafeḍ-d keč, aâqqa n lemleḥ ara yernun tiẓeṭ i tmeslayt-nni yelḥan gar-awen. Walakin, tidet, ma yehwa-yaɣ, xal-i agi mačči d leḥsab-nni i d-yewwi. Asmi yas-d-rriɣ s lexbar swa swa, ass-nni ɣriɣ leḥsab-is akken ilaq, ufiɣ : mara aârḍeɣ ad as-kkseɣ awal dqiqa neɣ snat, ur yi-d-ismeḥsis ara, ur d iyi-ittak ara lxaṭer-is ɣer wayen ara d-iniɣ, bac ad as-yini sebnen ma d lemleḥ neɣ d ayen nniḍen. Ur yi-d-isli ara aâlaxaṭer laâqel-is icɣel kan s wamek ara yi-ikkes lhedra. Nek ttmeyyizeɣ-t… seg wallen… afeɣ tamelɣiɣt-is, meskin taâwweq. Dɣa, nek, ittɣiḍ-iyi ! Ad susmeɣ. Ẓriɣ lǧawab ur t-id-ittarra ara. Walakin, nniɣ-ak d laâli ul-is, din din kan ad icudd : wah ! Wah ! D tidet, d awal laâli ay d-tenniḍ, a Belaâid, ad ak-yaâfu Rebbi, walakin…  

Tura, tagi ay d taneggarut, tura, iḍḥa-d wayagi d leslaḥ. Asmi tella yemma weḥd-s deg uxxam, mi d-iruḥ ɣur-s xal-i… « Tissirt » (semmaɣ-as akka deg ul-iw, yiwen wass mi yi-d-ismekti tissirt mara teẓẓad) mi d-iruḥ xal-i Tissirt ad iqesser yid-s, ad as-terwel, ad testaâmel iqreḥ-itt uqerruy-is. Dɣa ad yuɣal, ubeɣbun, ur ihdir, ur izhi. Wamma tura, mi d-yekcem seg yimi n tebburt, ad iyi-d-iwali, ad ifreḥ, ad innecraḥ wul-is : iẓra ad t-ǧǧeɣ… ad iẓẓad, segmi ara d-ikcem alamma yeffeɣ. Ihi, yuɣal yessu-yi-tt d lemzeyya, yuɣal iḥemmel-iyi, iḥemmel-iyi mačči ɣef yiles kan, iḥemmel-iyi seg ul !

Dɣa netta, segmi ara yeffeɣ ɣur-nneɣ illa ihedder fell-i, ala ayen tebɣiḍ ay ul. Segmi ara t-tefk tebburt ɣer berra, yella netta d lheddra n lxir fell-i. Ladɣa tin i t-iɣelben irkulli, d acekker i yi-ittcekkir i medden. Kra n win ara yi-d-yaddren sdat-s, kra n win ara d-ijebden awal fell-i, xal-i Saâid ad as-yini :

– Belaâid ? Oh ! Oh ! Oh ! Ay argaz deg-s ! Ur ufiɣ ara win t-icban ! Itaâdda di mkulci ! Iččur d laâqel, izad di tmussni ! Ladɣa lhedra ur d-neqqar ara : ur tt-trewwuḍ ara yid-s ! 

Belaïd At Ali

06/1945

Timerna/notes :

‘’mačči d tislit i iḍelmen’’ : d aɣemmez ɣer : « Wi kem-icekren a tislit, d yemma… »

Ulwaɣ : lliɣ d amudin (fr. en état de faiblesse) 

Agejdur : tawaɣit, …

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Jil Djadid : le Dr Lakhdar Amokrane élu président

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Dr Lakhdar Amokrane
Dr Amokrane. Crédit photo: DR

Le parti Jil Djadid a élu, ce week-end, le Dr Lakhdar Amokrane comme nouveau président de la formation, succédant au Dr Soufiane Djilali,  figure centrale et successeur de Nordine Boukrouh à la tête  du mouvement depuis plus d’une décennie.

Cette transition intervient à la suite de la décision de M. Djilali de ne pas briguer un nouveau mandat, invoquant sa volonté de « favoriser l’alternance » et de permettre « l’émergence de jeunes compétences » au sein du parti.

La désignation du Dr Amokrane, médecin de profession connue pour son engagement de longue date dans les structures internes de Jil Djadid dont il était le vice-président, s’inscrit dans un contexte marqué par la recherche de renouvellement des élites politiques et la nécessité, pour les partis, d’adapter leur fonctionnement à un paysage institutionnel en recomposition depuis 2019. Le parti, souvent perçu comme une formation prônant la rationalisation de la vie politique et la réforme de la gouvernance, entend ainsi projeter une image de continuité stratégique tout en opérant un renouvellement générationnel.

Si Soufiane Djilali reste une figure influente de Jil Djadid, ce passage de relais constitue un test pour la capacité du parti à consolider son organisation interne et à s’affirmer dans un environnement politique où la légitimité se construit de plus en plus sur la crédibilité des programmes, la capacité de mobilisation et l’ouverture à de nouveaux profils.

Le défi pour le Dr Amokrane sera de préserver l’équilibre entre la continuité doctrinale de Jil Djadid et la visibilité médiatique que Soufiane Djilali avait su conférer au parti, grâce à son charisme, à la fluidité de son discours et à sa forte capacité d’incarnation de son identité politique. 

L’autre défi pour le nouveau chef de file de Jil Djadid sera de sortir le parti de son carcan élitiste afin de renforcer sa présence sur la scène politique nationale, dans un contexte où l’ancrage public et la capacité d’incarnation demeurent déterminants pour l’influence des formations politiques.

La rédaction

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En Algérie, le discours des concepteurs de l’art contemporain véhicule les messages officiels

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Comme le commissaire principal du Salon international du livre d’Alger (SİLA) tenu du 29 octobre au 08 novembre 2025, celui de la 9ème édition du Festival culturel international de l’art pictural contemporain (1), ouverte le samedi 29 novembre (et jusqu’au 06 décembre 2025) à Alger, répliquera les leitmotivs politiques que des conseillers de la présidence adressent par ailleurs aux divers ministres de la Culture, locataires de l’ampoulé Palais Moufdi-Zakaria.

Remplaçant désormais le désertique et improductif Musée d’art moderne d’Alger (MAMA), le fastueux bâtiment construit sur le plateau El Annasser (commune de Kouba), accueillera une manifestation supposée « favoriser les échanges entre les professionnels, promouvoir les œuvres d’artistes algériens (…), mettre l’accent sur le marché de l’art comme levier essentiel du développement de la scène artistique et du soutien à l’économie culturelle nationale » maintenait le curateur Hamza Bounoua dans les colonnes d’El Moudjahid du 20 novembre 2025. Signalant déjà le 02 décembre 2024 (via le même quotidien) que la plateforme de discussion « du dernier festival d’art contemporain a tenté d’asseoir un débat afin d’étudier la possibilité de développer le marché de l’art algérien pour arriver à une politique qui répond aux besoins (de) l’économie nationale et aux attentes des artistes plasticiens », le répétitif directeur de la « Diwaniya art Gallery » (espace inauguré en septembre 2020 à Chéraga, banlieue Ouest d’Alger) a pour habitude de proroger ou parodier les éléments de langage ou feuilles de route que des donneurs d’ordre, obnubilés par l’homologation des mémoires anticoloniales, dictent du sommet de l’État ou à partir des hauts commandements de l’armée.

Leur entrisme discursif impactant la réflexion d’intermédiaires zélés et, de surcroît, conditionnés, Hamza Bounoua plaide continument en faveur d’une économie culturelle tournée en direction du tourisme (générateur de gains consistants et tout autant stimulé à travers la préservation tous azimuts du patrimoine), récite ou colporte des accents souverainistes tout simplement parce qu’il ne sait comment véritablement impulser les ressorts capitalistiques du marché de l’art sur lequel revenait en avril 2025 le ministre des Arts et de la Culture Zouheir Ballalou. Convaincu qu’il était « en train de prendre forme mais qu’il nécessite une réglementation et une organisation pour atteindre son plein potentiel (…), apporter beaucoup d’argent à l’économie nationale».» (Zouheir Ballalou, in El Moudjahid, 23 avr. 2025), l’évincé du Palais Moufdi-Zakaria (remplacé le lundi 15 septembre 2025 par Malika Bendouda) donnait le sentiment que de bonnes dispositions institutionnelles suffisaient à garantir son épanouissement.

L’ex-directeur du programme d’appui à la protection et valorisation du patrimoine culturel misait dès lors sur un cadre juridique et une « commission médicale » en mesure de générer « un système de certification des œuvres d’art pour éviter les faux et contrefaçons». İl allouait cette identification à l’Agence Algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) dorénavant occupée à « contrôler les fuites de certains tableaux de grande valeur», à réguler et commercialiser, avec « la contribution des finances
», des médiums bénéficiant d’un circuit de vente en ligne disponible au paiement électronique.

Siégeant à la Villa-Abd-el-Tif, l’annexe artistique organisera du 22 au 28 novembre 2025 des ateliers de formation lors d’une résidence entourée par trois plasticiens faisant partie intégrante d’un comité qui retiendra parmi les 80 lauréats du concours 12 talents (07 filles et 05 garçons) conviés dès le 1er décembre 2025 (et jusqu’au 10 décembre) à exhiber leurs travaux à la Villa Boulkine d’Hussein Dey.

Le suivi didactique ou cognitif des nouvelles générations étant un volet fondamental du Festival culturel international de l’art pictural contemporain (FCİAPC), d’autres apprentissages centrés sur les métiers de conservateur et le management culturel s’étaleront du mercredi 03 au vendredi 05 décembre 2025. Chapeautés par les Égyptiens İhab Al-Laban et Mohamed El-Masri ou l’Algérien Redha Djamaï et le Lybien Mohamed Alamin, ils s’inscrivaient dans un souci de professionnalisation, dans une gestion des compétences offertes à des impétrants enclins à « faire entendre leur voix et à s’inscrire durablement dans les réseaux internationaux», arguait Maâmar Guerziz au moment du point de presse du 18 novembre 2025. Les accompagnements pédagogiques n’avaient pas à ses yeux pour but d’uniquement « montrer des œuvres, mais de préparer ceux qui construiront la scène artistique de demain ».

Responsable du département infographie de l’université Abdelhamid İbn Badis de Mostaganem avant de devenir maître de conférences au sein de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) d’Alger, le natif de Chlef (ville située à l’Ouest d’Alger) « incruste » un poste laissant à penser qu’il est la personne idoine habilitée à « poser la première pierre d’un marché de l’art authentique » (Maâmar Guerziz, in L’Algérie Aujourd’hui, 29 nov. 2025). Or, ce peintre occasionnel qui a produit quelques toiles (Petites filles à la poupée, Tendresse des Aurès ou Algéroise) pastichant et calibrant les portraits de l’ « orientalisme héliotrope et chromatique », n’a pas à son actif de publications conséquentes justifiant ou expliquant une mutation honorifique le parachutant à la tête de l’İFCA,

À la question « qu’est-ce qui caractérise selon vous l’identité artistique de cette édition, par rapport aux précédentes ? », il répondra que celle de 2024 était dédiée aux créateurs et que la dernière en date s’est axée «quant à elle sur les galeries d’art, marquant ainsi une véritable différence » puisque, ajoutera l’interrogé de l’heure, « Nous passons d’une exposition internationale à une véritable foire d’art contemporain » (İbidem).

D’une part, le nombre restreint des contrées participantes invalide la dimension « exposition internationale », et il y a d’autre part lieu de noter que la foire calque l’organigramme d’Art Basel Paris. Réellement mondial, l’événement automnal (ancienne FİAC) se divise depuis 2022 en diverses phases ; une vaste déambulation artistique accessible (à partir de des lieux phares de la capitale française) à des publics pouvant apprécier des œuvres d’envergure ou spectaculaires, un parcours principal planifié sous les verrières du Grand Palais et désigné « Section Galeries », galeries dont certaines joindront le « Secteur Émergence » (elles invitent de jeunes plasticiens prometteurs) alors que le « Secteur Premise » fera (re)découvrir des médiums méconnus ou oubliés.

Aujourd’hui, une foire de renom a pour habitude de se déployer au-delà de l’enceinte fédératrice et celle d’Alger s’est polarisée sur le Palais Moufdi-Zakaria, l’École nationale supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) d’Alger et la Villa Boulkine qui faute d’un nouveau projet architectural (semble-t-il annulé) fait office de Grand Musée d’Afrique (GMA). Recevant 29 galeries (2), l’espace mobilisateur condensera les attentes de commissaires certains que le rendez-vous de novembre-décembre 2025 marquera un virage décisif et historique car, « premier du genre dans l’Algérie indépendante », il assurera un essor « économique majeur » pour un marché de l’art pourtant en jachère. Censé être « incontournable pour la promotion de l’art contemporain » et constitué « un atout précieux pour la notoriété », il n’enregistrera pas de transactions substantielles (les contrats signés ou accords conclus à Art Basel Paris dépasseront le million d’euros, grâce à la présence remarquée de nombreux investisseurs américains et de 206 galeries).

Si l’entrée de L’İFCA reste gratuite (celle d’Art Basel Paris affichait, du 24 au 26 octobre 2025, 30 € pour les étudiants et 1.300 € du côté de VİP adeptes du pass premium), combien de visiteurs furent inventoriés pendant la concentration de 2025 et, au bout du compte, quel montant y atteindra les ventes ?

Aucun chiffre ne sera communiqué parce que le faire c’était obligatoirement concéder l’échec cuisant d’individus estimant que le maillage financier du marché de l’art pourra localement se concrétiser sans un réseau interactionnel de collectionneurs, de galeristes professionnels aux prérogatives clairement établies, des salles de vente fréquentées par des bienfaiteurs ou mécènes érudits et avisés, voire des patrons d’entreprises (nationales ou privées) prêt à dynamiser sur le long terme une politique d’acquisition suffisamment articulée pour ensemencer d’efficaces et transparents achats.

İntitulé « Émergence d’un marché de l’art en Algérie: Des contraintes à lever », l’article d’un journaliste du quotidien Horizons du 01 décembre 2025 mettait les pieds dans le couscoussier algérien en avouant avoir visité un festival sans clients avérés. Prenant le pouls du marché auprès de Souad Tiar, fondatrice en 2008 de la galerie « Aida » d’Alger, il lui fera admettre comme cinglant constat que les « consommateurs d’art (collectionneurs et acquéreurs) sont quasiment inexistants».

Faisant tout autant remarquer que « lors de l’inauguration, les représentant institutionnels ou économiques n’étaient pas présent », elle déplorait le désintérêt d’acquéreurs que le peintre Chafa Ouzzani cherchera en vain le 29 novembre 2025 au milieu de regardeurs eux-mêmes limités. Attirés par l’attrait spéculatif, les entrepreneurs doivent avoir le sentiment que la toile ou la sculpture convoitée est le produit d’un auteur singulier qu’historiens et critiques d’art cataloguent comme tel.

Leur grille de lecture dissèque et prononce ainsi (sous couvert de la notion de rareté) les pertinences ou cohérences des têtes de gondoles de l’art contemporain. Trop inconstants et volatiles en Algérie, ses destinataires ne peuvent pas y jouer un rôle moteur déterminant pour que la sollicitude générale consacre enfin l’exigence de particularité (que charrient les quelques figures de l’excellence artistique) et que des experts puissent vraiment cerner la valeur marchande d’œuvres dont les modalités de circulation seront discutées avec « l’espoir que des solutions rapides soient trouvées » au cours de l’İFCA, soulignera Maâmar Guerziz. Le président du Forum prévu le 30 novembre à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) d’Alger ajoutera percevoir « cette foire inédite comme un véritable levier pour le développement d’une économie culturelle tant attendue et souhaitée par nos dirigeants ». La servitude intellectuelle de cet autre supplétif apparaîtra plus fragrante lorsque l’assentiment s’appliquera à la diaspora artistique regroupée par la commissaire Yasmine Azzi-Kohlhepp au Palais Moufdi-Zakaria.

Aux yeux du dévoué modérateur, ses élus symbolisent « (…) un véritable atout pour l’Algérie, (car) ce sont nos ambassadeurs dans leurs pays de résidence (…) », des émissaires élevant « le drapeau algérien très haut. ». (M. Guerziz, in L’Algérie Aujourd’hui, déjà cité). Qu’ils aient ou non pris la nationalité du pays hôte, qu’ils revendiquent ou non appartenir à une temporalité artistique différente, ces plasticiens auraient, dès lors qu’ils sont nés en Algérie ou partagent une accointance filiale avec ce pays, la mission d’être, partout où ils se trouvent, « la représentation de l’Algérie à l’étranger », les porte-drapeaux de la culture d’origine ou de la « diplomatie culturelle».

Les considérer de la sorte, c’est bricoler une métonymie entre éthique de communauté et identité artistique, nier leur intrinsèque spécificité, leur indépendance d’esprit, leur quête esthétique qui n’a parfois rien avoir avec un quelconque atavisme culturel algérien puisqu’elle découle le plus souvent d’un entendement ou d’une construction intellectuelle à relier à un processus ou dispositif mental fusionné au génie occidental.

Enrôlé au titre d’étendards glorificateurs d’un « véritable hymne à l’unité nationale », de faire-valoir facilitant « la promotion de l’identité visuelle algérienne à l’échelle internationale » Zoulikha Bouabdellah, Halida Boughriet, Mustapha Sedjal, Mohamed Bourouissa, Bachir Hadji, Yazid Oulab, Nasreddine Bennacer, Mourad Messoubeur, Abdesselem Le Kouaghet (dit Salim), Abderrhamane Ould Mohand et Rachid Nacib (3) se sont fait volontairement ou béatement piéger en cautionnant une monstration drapée de fibres patriotiques, exacerbée par les relents de l’ultra nationalisme ou l’emphase de superlatifs grandiloquents et pompeux.

İnterpellée le 04 décembre 2025 par le périodique L’Expression, Yasmine Azzi- Kohlhepp avançait que chaque membre du collectif a su trouver une identité propre en charriant « la voix d’une Algérie ouverte sur le monde ». Persuadée qu’il « (…) n’y a rien qui cloche » au sein d’un champ artistique qu’elle ne connaît apparemment pas, l’ex-décoratrice rappellera en la circonstance le « message formidable » que le chef de l’État adressa aux filles et fils d’émigrés ou aux expatriés, « à savoir que les enfants des Algériens installés en dehors de l’Algérie sont aussi des enfants algériens ».

En somme, reliés ad vitam æternam à leur ontologique cordon ombilical ou aux atomes crochus d’un affect héréditaire comme un pendu est attaché à sa corde, les onze sélectionnés emblématisent en quelque sorte le soft power algérien.

Renforcer des liens entre créateurs établis à l’étranger et leurs compatriotes résidant en Algérie, créer des ponts entre ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur de manière à intégrer ces derniers à des collaborations internes, tout cela revient certes à soutenir une perspective louable mais qu’Hamza Bounoua attribuera à son tour (toujours par pure flagornerie) à Abdelmadjid Tebboune, président qui donc « porte une attention particulière aux membres de la communauté nationale à l’étranger ».

Appréhendés en tant que valeurs ajoutées à l’esseulée scène endogène, apports supplémentaires capables d’introduire en Algérie des expériences « nourries par leur parcours d’exil », les Algéros-Européens se retrouveront à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) d’Alger pour faire part de leur itinéraire ou écouter les contributions de spécialistes venus parler de création africaine contemporaine (face aux nouvelles technologies ou coincé entre admission internationale et défis locaux), des enjeux de l’art, de l’impact qu’aura sur lui l’intelligence artificielle. İnauguré par l’encarté Hamza Bounoua (pour lequel les performeurs« mettent en lumière la richesse de notre patrimoine artistique africain », le colloque se dispensera de publier des actes synthétisant le contenu des thématiques, notamment celles dénommées « İmagination et géographie de réception dans l’art » puis « Quand les arts s’écoutent : l’émotion circule ». Elle se trimbalera possiblement « Au-delà des frontières » présumait le slogan de l’İnternational festival of contemporary art (İFCA) que Bounoua choisira avec la volonté de « corriger les perceptions négatives en montrant une image authentique de l’Algérie».

L’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal, suivie de celle tout aussi douteuse et dommageable du journaliste sportif Christophe Gleizes, a terni celle d’un pays où le régime autocratique ne respecte ni la liberté d’expression, ni la liberté de création, ni la liberté de conscience.

Aussi, prétendre solennellement montrer (à l’occasion de la FİAC) une « Algérie ouverte, accueillante et riche de sa diversité », c’est Prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (dirait le cinéaste Michel Audiard), se moquer du monde, particulièrement des dizaines de prisonniers d’opinion enfermés en vertu d’un « Hirak béni » pernicieusement détourné de son cours ou élan démocratique. Courtisans disposés à répéter machinalement les narratifs d’un pouvoir militaro-islamiste, Hamza Bounoua et Maâmar Guerziz rabattent, par mimétisme idéologique, la pensée proprement artistique sur la démagogie ambiante d’agents influenceurs communiquant habituellement les codex du figé, vulgarisent des assertions triomphalistes remémorant les envolées lyriques des décennies 60-70.

En ameutant plusieurs pays africains dans le but d’entreprendre (du 30 novembre au 01 décembre 2025) à Alger le énième procès des crimes coloniaux, de réclamer des réparations financières et mémorielles, les services de la propagande médiatique ou du sectarisme anti-France remettent une pièce dans la machine tiers-mondiste et l’Algérie se referme encore sur ses constantes nationales productrices d’une autarcie culturelle qui a creusé le sillon du salafisme.

Apprécier comme « un message politique fort et un acte de résistance culturelle », la participation condescendante de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et de la Palestine renvoie à des largesses appréciatives déconnectées des projections ambitionnant de transformer la capitale « en véritable carrefour planétaire de la création ». Qualifier la manifestation de « tournant historique pour la visibilité internationale de l’art en Algérie » et lui octroyer l’hypothétique probabilité « de s’imposer comme l’une des plus importantes et aspirantes du paysage artistique », c’est cultiver, en lieu et place d’une étude sociologique approfondie, une méthode Coué doublée de croyances naïves.

Clôturé sur une complaisante « cérémonie de reconnaissance » distinguant des artistes souvent proposés par les services culturels des ambassades ou représentations diplomatiques accréditées à Alger (4), l’İFCA d’Alger manqua cruellement d’universitaires ou curateurs émérites à même de diagnostiquer, grâce à de sérieuses analyses, l’ici et maintenant d’un marché de l’art en plein marasme économique, de remplacer des commissaires se bornant à faire de ladite foire la chambre d’enregistrement et la caisse de résonance d’accommodantes doxas.

Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’Art et de la Culture

(1)Bien que le logique acronyme de Festival culturel international de l’art pictural contemporain est FCİAPC, celui-ci est réduit à l’abréviation İFCA en vertu d’une version anglophilie qui, teintée de francophobie, oblige à nommer la manifestation İnternational festival of contemporary art. İl serait d’ailleurs appréciable de s’entendre sur une dénomination finale, de simplifier les appellations, tant on ne sait plus auquel raccourci s’en tenir, celui inhérent à Festival international des arts contemporains (FİAC), Festival culturel international d’Art contemporain (FCİAC), Festival culturel international de l’art pictural (FCİAP), Festival culturel international des Beaux-Arts contemporains (FCİBAC) ou İnternational festival of contemporary pictoral art (İFCPA) ?

(2)Parmi les huit algériennes figuraient Ahlem Gallery (Alger), Aida Gallery (Alger), Artissimo (Alger), Ezzou’art (Alger), Seen Art Gallery (Alger), Ayn Gallery (Oran), Art Weka Gallery (Oran) et Landon Gallery (Biskra)

(3)11 plasticiens réunis par Yasmine Azzi-Kohlhepp. La gérante d’ « Ayn Gallery », une boutique-showroom de L’Île Saint-Louis (4ème arrondissement de Paris), pense que l’exercice de la décoration d’intérieur suffit pour se faire passer comme une galeriste professionnelle de l’art contemporain.

(4)Celles de la Tunisie, du Bahreïn, du Nigéria, de l’Égypte, de la Libye, de l’İrak, de l’İran, du Liban, du Qatar, du Koweït, du Cameroun, de l’İnde, de la Chine, de la Turquie, du Royaume-Uni, du Koweït, de la Palestine, du Sahara Occidental, de la France, de la République Tchèque, du Royaume Uni et de la Lettonie.

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