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Le Parlement débat du projet de criminalisation de la colonisation

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APN
La loi criminalisant la colonisation est en contradiction avec les Accords d'Evian, selon Benjamin Stora.

En Algérie, alors que les tensions diplomatiques sont vives avec l’État français, le parlement se prononce ce mercredi 24 décembre sur un projet de loi qualifiant la colonisation française de « crime d’État ». Ce texte vise à criminaliser la colonisation française. Cette volonté politique n’est pas nouvelle en Algérie, c’est la 3e fois qu’un tel projet est présenté.

Pour les députés à l’origine du document, ce projet de loi est un « acte de souveraineté et de fidélité à l’histoire nationale ».

La séance est en cours à l’Assemblée populaire nationale où les députés, qui ont cinq propositions de loi à soumettre au vote – celle portant sur la colonisation est en troisième positio – se sont d’ailleurs levés pour chanter l’hymne national.

En Algérie, après avoir présenté et examiné le projet de loi depuis le 20 décembre, Brahim Boughali a donc convoqué les 407 députés ce 24 décembre au matin pour le soumettre au vote. Pour le président de l’Assemblée populaire nationale, l’APN, ce projet criminalisant la colonisation française est un « message politique clair exprimant l’attachement de l’Algérie à ses droits inaliénables et sa loyauté envers les sacrifices de son peuple ». En 2021, le chef de l’État français Emmanuel Macron avait reconnu que la colonisation de l’Algérie est un « crime contre l’humanité », mais il s’était abstenu de présenter les excuses de l’État.

Des « excuses officielles » de la France prévues dans le projet de loi

Concrètement, le projet de loi réclame des « excuses officielles » de la France pour les actes commis durant la période coloniale qui s’étend de 1830 à 1962. Ces excuses seraient d’ailleurs un préalable à toute « réconciliation mémorielle ». En cinq chapitres, les députés qui ont travaillé sur le document listent les exactions commises : tortures, pillages, exécutions. Ils appellent également la France à remettre les archives, notamment les sites des essais nucléaires et les cartes de lieux minés.

Cette loi, si elle est adoptée, criminalise les faits commis durant cette période, notamment les tortures, les pillages et les exécutions. Elle prévoit également « une indemnisation complète et équitable pour tous les dommages matériels et moraux engendrés par la colonisation et la restitution des archives », notamment les cartes des sites minés et celles des essais nucléaires. L’Algérie demande aussi à la France la décontamination de ces zones. Des peines de prison ferme sont également prévues pour tous les Algériens glorifiant la période coloniale.

C’est la troisième fois depuis 2001 qu’un tel projet de loi est présenté, en 2005, le président Bouteflika avait bloqué le vote. En cas d’adoption par les députés, ce projet de loi vise aussi à obtenir des excuses formelles de la France pour la colonisation, excuses préalables à toute « réconciliation mémorielle. »

Interrogé par l’Agence France-Presse, le porte-parole du ministre des Affaires étrangères français, Pascal Confavreux, a indiqué ne pas faire de commentaires au sujet de « débats politiques qui se passent dans des pays étrangers ». 

RFI

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Iran : le président Massoud Pezechkian face à l’impasse

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Depuis son investiture en septembre 2024, l'Iran et son président Massoud Pezechkian traversent une première année marquée par une succession de crises qui dépassent ses marges de manœuvre.
Depuis son investiture en septembre 2024, l'Iran et son président Massoud Pezechkian traversent une première année marquée par une succession de crises qui dépassent ses marges de manœuvre.

Depuis son investiture en septembre 2024, le président Massoud Pezechkian traverse une première année marquée par une succession de crises qui dépassent ses marges de manœuvre.

Entre frappes israéliennes et américaines sur des installations nucléaires, assassinats d’alliés et tensions sociales, le président iranien a reconnu publiquement son incapacité à résoudre les problèmes du pays. Dans des discours viraux, il a invité gouverneurs et responsables locaux à « imaginer que le gouvernement central n’existe pas » et à gérer leurs affaires par eux-mêmes.

Pour Pezeshkian, la crise est avant tout interne : corruption, luttes de factions et dépenses publiques mal gérées sont à l’origine de l’effondrement économique et des pénuries. La monnaie s’effondre, l’inflation atteint 60 %, le coût des biens de première nécessité triple, et l’insécurité alimentaire touche désormais chaque famille. Les coupures d’eau et d’électricité s’ajoutent à ce tableau dramatique, tandis que le poids des sanctions américaines et la menace militaire israélienne bloquent toute issue rapide.

Le président ne peut agir pleinement face aux contraintes du système politique iranien. Le Guide suprême Ali Khamenei détient le pouvoir final sur les grandes décisions, en particulier la politique étrangère et la sécurité. Pezeshkian reconnaît ne pas pouvoir lever les restrictions sur les réseaux sociaux, malgré les promesses et l’usage croissant de VPN par les Iraniens.

Cette franchise, rare dans le discours officiel, suscite des réactions contrastées. Les réformateurs saluent son honnêteté et sa volonté de ne pas créer de faux espoirs. Les conservateurs, eux, critiquent son attitude et réclament parfois sa démission. Malgré tout, Massoud Pezechkian affirme qu’il « tiendra jusqu’au bout », conscient que les solutions nécessitent des réformes profondes et une redéfinition de la politique étrangère.

Aujourd’hui, l’Iran se trouve dans une impasse multidimensionnelle. La combinaison de crises économiques, sociales, environnementales et géopolitiques paralyse autant le gouvernement que les citoyens. L’aveu d’impuissance du président Massoud Pezechkian, tout en étant un signe de transparence, souligne la complexité et l’ampleur des défis auxquels le pays est confronté.

Synthèse Djamal Guettala 

Source : The New York Times, 19 décembre 2025.

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​Régulation bancaire : la Banque d’Algérie durcit les contrôles sur les dépôts en espèces

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Banque d'Algérie
La Banque d'Algérie. Crédit image : APS

La Banque d’Algérie poursuit le renforcement de son dispositif de contrôle des flux financiers. Dans une note récemment adressée aux banques et établissements financiers, l’autorité monétaire appelle à une vigilance accrue, en particulier sur les dépôts d’espèces effectués par les entreprises.

À travers cette instruction, la Banque centrale entend limiter les risques liés à la circulation de liquidités d’origine incertaine et améliorer la transparence des opérations bancaires. La démarche s’inscrit dans le cadre des efforts engagés pour lutter contre le blanchiment d’argent et les circuits financiers illégaux.

Les versements en espèces désormais strictement encadrés

L’un des principaux changements concerne l’alimentation des comptes professionnels. La Banque d’Algérie demande aux banques de privilégier les moyens de paiement traçables, tels que les virements, les chèques ou les paiements électroniques.

Les dépôts en espèces ne sont plus considérés comme une pratique courante pour les entreprises. Ils ne pourront être acceptés que dans des situations exceptionnelles, à condition que l’origine des fonds soit clairement expliquée et documentée. L’objectif est double : réduire la place de l’économie informelle et renforcer la traçabilité des flux financiers.

Une réforme confrontée aux réalités de l’informel

L’application de ces nouvelles règles pose toutefois la question de l’adhésion des acteurs économiques qui opèrent en dehors des circuits bancaires traditionnels. Longtemps habitués aux transactions en liquide, certains opérateurs pourraient voir dans ce durcissement un frein à leurs activités.

Deux risques se dégagent. D’une part, la réticence à fournir des justificatifs sur l’origine des fonds, perçue comme une remise en cause de pratiques bien ancrées. D’autre part, la tentation pour certains détenteurs de capitaux de conserver leurs liquidités hors du système bancaire afin d’éviter les contrôles.

Trouver le juste équilibre

Consciente de ces enjeux, la Banque d’Algérie insiste sur la nécessité de ne pas pénaliser les clients présentant un faible niveau de risque. Le renforcement des contrôles ne doit pas se faire au détriment de l’inclusion financière, ni décourager les opérateurs économiques souhaitant intégrer le circuit formel.

Pour le secteur bancaire, le défi consistera à appliquer ces nouvelles exigences avec discernement, afin de renforcer la confiance dans le système financier tout en accompagnant progressivement la transition vers des pratiques plus transparentes.

La rédaction

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In memoriam : Ferhat Abbas

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Ferhat Abbas
Ferhat Abbas

Il y a quarante ans, nous quittait Ferhat Abbas (24 août 1899 Chahna –24 décembre 1985). Qu’il nous soit permis de rappeler quelques lignes de vie, autant de repères dans son long parcours politique et, par là même, rendre hommage à l’un des pères de la nation algérienne. 

Une pensée, une prière pour Le Jeune Algérien, fils de Taher qui débuta sa vie militante à 19 ans auprès de l’Émir Khaled. Étudiant en pharmacie, il devient leader syndicaliste, président de l’Association des Étudiants Musulmans d’Afrique du Nord (AEMNA). C’est durant ses années (1922-1929) à l’université qu’il s’initie, sous le pseudonyme de Kamel Abencérages, au journalisme contribuant aux journaux L’Ikdam, Le trait-d’Union, Ettakaddoum puis L’Entente du docteur Bendjelloul et enfin dans la revue estudiantine qu’il a créé : Ettelmidh. Ces écrits feront de lui, selon les mots de Jacques Berque, le « fondateur du journalisme politique musulman » en Algérie. 

Ce journalisme et le travail de presse étaient conçus comme une pièce essentielle du combat politique contre le système colonial, d’une part, et en faveur de la construction d’une identité collective nationale, d’autre part. Cette œuvre de conscientisation politique et de militantisme l’accompagnera toute sa vie durant. Il sera, ainsi, à l’origine de journaux nationalistes dont les titres résument son combat politique : L’Égalité, ElWatan et La République algérienne. Ces journaux ont grandement contribué à forger l’idée de Nation algérienne et de République démocratique, sociale, réformiste et émancipatrice. C’est un journalisme d’éducation populaire, entièrement consacrée à l’affirmation de l’idée de nation algérienne, à la reconquête de l’histoire du pays en réaction à l’entreprise d’acculturation et de déhistorisation de l’Algérie conduite par le système colonial. 

Deuxième ligne de vie, celle de l’incessante dénonciation de La nuit coloniale et du système d’oppression et d’exploitation mise en place 132 ans durant en Algérie. Du J’accuse l’Europe (1946) à Autopsie d’une guerre (1980), en passant par son Testament politique (1946, édité en 1994), il n’aura cessé de combattre le système et le meurtrier lobby colonial, de dénoncer les lâchetés de la France en Algérie, son double-jeu et son hypocrisie meurtrière. La condamnation historique, morale, politique, économique, culturelle et cultuelle du colonialisme en tout lieu et de tout temps, et au-delà de toute forme d’asservissement humain a été constante de sa trajectoire politique – qui a pourtant beaucoup évolué – et de son action partisane. 

On en vient donc à la troisième ligne de vie, celle de l’action politique. Une pensée, une prière pour le fondateur de l’Union Populaire algérienne. Mais surtout le rédacteur, au 1er étage de sa pharmacie de Sétif, du Manifeste du peuple algérien, l’acte de naissance de la nation algérienne. En l’intitulant L’Algérie devant le conflit mondial. Manifeste du peuple algérien, il annonçait, au monde et à la France coloniale, qu’une nouvelle nation en gestation entendait inscrire sa lutte d’émancipation dans le concert des nations et celui des peuples du monde ; un nationalisme universaliste. S’en suivra la création des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML), seul parti de masse, pluraliste, patriotique et républicain qu’aura connu l’Algérie et leader de l’Union Démocratique du Manifeste Algérien (UDMA). Contrairement à la propagande officielle visant à disqualifier ce courant nationaliste, l’UDMA n’était pas un parti « petit bourgeois », « assimilationniste », « élitiste », « coupé du peuple ». Non. L’UDMA (1946-1956) a été un parti populaire, indépendantiste, présent sur le terrain, avec des sections réparties sur l’ensemble du territoire, œuvrant main dans la main à l’éducation des masses avec les Oulémās (1). 

Son action politique, les postes qu’il occupa en tant que conseiller municipal de Sétif, conseiller général du Constantinois, délégué à l’Assemblée algérienne et député de l’Assemblée nationale française, l’UDMA en tant qu’entreprise politique n’avaient qu’une seule et même finalité : l’émancipation du peuple algérien et « l’élévation de la masse algérienne ». L’émancipation sociale, politique, économique, culturelle, cultuelle du peuple algérien constitue l’essence même et la finalité de son projet combat politique (2).

Une pensée, une prière pour le premier Président du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) et de la première Assemblée constituante de l’Algérie indépendante, dont il démissionna en juillet 1963 pour dénoncer la dérive autoritariste des prédateurs. Sa lettre de démission, sous-titrée Le sang des Chouhadas trahi, était d’une grande lucidité sur l’évolution du pays. Il y dénonce « l’Algérie des lâches opportunistes (…) une république des courtisans (…) des profiteurs (…) [et] la dictature d’un pouvoir fractionnaire et sans contrôle ». Il annonçait la dérive dictatoriale et la corruption-dévalorisation de l’institution étatique sans laquelle il ne peut y avoir un développement socio-économique. Pour cela, il aura connu après les prisons de l’ordre colonial, celles des colonels de l’Algérie indépendante. Il aura été un opposant constant, permanent à la dictature du parti unique, victime de L’indépendance confisquée, suite à son Rappel au peuple algérien de 1976. 

Une pensée, une prière pour ce militant de l’unité maghrébine et d’une Algérie méditerranéenne. Le Rappel au peuple algérien de 1976 se terminait de la façon suivante : « (…) des hommes, militants de bonne volonté, (…) appellent les Algériens à lutter afin : 

  1. De faire élire par le peuple, librement consulté une Assemblée nationale constituante et souveraine.
  2. De mettre fin au système totalitaire actuel et d’élever des barrières légales contre toute velléité de ce genre.
  3. D’établir les libertés d’expression et de pensée pour lesquelles le peuple algérien a tant combattu.
  4. D’œuvrer pour un Maghreb arabe uni, islamique et fraternel. »

Cinquante ans après, ce plaidoyer politique demeure d’une brûlante actualité. 

De l’esquisse de ces lignes de vie, se dégage la vision d’une Algérie pluraliste, multiple dont l’identité ne se définit pas par l’exclusion, mais par l’intégration, une Algérie riche de ses diversités. S’il y a bien une seconde constante dans la trajectoire politique de Ferhat Abbas, dans ses écrits, dans les écrits de la presse qu’il dirigea et dans toute l’action politique de l’UDMA, c’est la défense de la multiplicité algérienne. Revendiquée et assumée – non dénuée de contradictions, il faut l’admettre, mais cela serait trop à expliquer – cette Algérie multilinguiste, multireligieuse et multiculturelle était la condition, la réalité sociologique et historique du patriotisme, de la citoyenneté et de la Nation à construire. C’est ce projet national qui a été défendu par Ferhat Abbas, l’UDMA et les udmistes. Il s’agit de se souvenir qu’un courant nationaliste algérien a porté cette conception de la Nation et de la République à venir. Il peut être un repère dans ces temps confus.

C’est pourquoi, les idées, les écrits de Ferhat Abbas sont là, un noble matériau pour la genèse possible d’une « République algérienne démocratique et sociale », selon les termes du projet de l’UDMA (1946). Un repère pour notre jeunesse en quête d’un idéal car Demain, se lèvera le jour

Taher El Qassentini

Notes

  1. Lire à ce propos l’ouvrage de Malika Rahal (2017), L’UDMA et les Udmistes. Contribution à l’histoire du nationalisme algérien, Barzakh, Alger.

 2) Nous avons développé cet aspect de la trajectoire de Ferhat Abbas dans une précédente contribution, « Ferhat Abbas ou la quête inachevée », Recherches Internationales, n° 105, 2015, pp. 137-150.

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UGTT : la démission de Taboubi, révélateur d’un syndicalisme tunisien sous contrainte

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Noureddine Taboubi
Noureddine Taboubi démissionne de la tête de l'UGTT. Crédit image : DR

L’annonce de la démission de Noureddine Taboubi de son poste de secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le 23 décembre 2025, marque un moment de rupture dans l’histoire récente de la principale organisation syndicale du pays.

Au-delà du geste personnel, cet acte met en lumière les tensions multiples qui traversent aujourd’hui la centrale syndicale, prise entre crise interne, pressions politiques et affaiblissement de son rôle historique.

Sur le plan statutaire, la procédure engagée ne conduit pas à un départ immédiat. Le règlement intérieur de l’UGTT prévoit un délai d’examen et de consultation des instances avant toute validation définitive. Mais sur le terrain politique et social, l’impact est immédiat : la figure centrale du syndicalisme tunisien annonce son retrait à un moment où l’organisation est engagée dans un rapport de force ouvert avec le pouvoir.

Depuis le congrès extraordinaire de Sousse en 2021, l’UGTT vit une crise latente. La décision d’autoriser un troisième mandat à sa tête a durablement fragilisé la cohésion interne de l’organisation. Ce choix a nourri des accusations de verrouillage des structures et de confiscation du débat démocratique, accentuant la fracture entre la direction et une partie de la base syndicale.

À cette crise de légitimité s’est ajoutée une difficulté croissante à organiser un congrès rassembleur, capable de trancher les désaccords et de redéfinir une ligne claire. La démission de Taboubi apparaît ainsi comme l’expression d’un épuisement politique autant que d’un blocage organisationnel.

Face-à-face avec le pouvoir

En parallèle, l’UGTT s’est retrouvée en confrontation directe avec les autorités tunisiennes. Rupture du dialogue social, arrêt des négociations collectives, restrictions du droit syndical : la centrale a multiplié les alertes et les dénonciations. L’annonce d’une grève générale pour le 21 janvier 2026 a constitué un point culminant de cette escalade.

La question qui se pose désormais est celle de la capacité de l’UGTT à maintenir cette dynamique dans un contexte de transition interne. La démission de son secrétaire général ouvre une zone d’incertitude : affaiblissement du rapport de force ou, au contraire, recomposition stratégique autour d’une ligne plus offensive.

Une institution à la croisée des chemins

Historiquement, l’UGTT a occupé une place singulière dans la vie politique tunisienne, oscillant entre acteur social, médiateur national et force de résistance. Depuis les événements du 25 juillet 2021, ce rôle s’est progressivement réduit, sous l’effet conjugué de la centralisation du pouvoir et des divisions internes.

La séquence actuelle pose des questions de fond : l’UGTT peut-elle se réorganiser sans se fragmenter ? Un changement de leadership est-il susceptible de redonner souffle à l’action syndicale ou d’accélérer son marginalisation ? La centrale est-elle encore en mesure de peser sur les grandes orientations économiques et sociales du pays ?

Plus qu’un débat autour d’un homme, la démission annoncée met en jeu l’avenir d’une institution clé. La manière dont l’UGTT gérera cette étape — confirmation ou retrait de la démission, clarification de la stratégie syndicale, ouverture d’un processus démocratique interne — sera déterminante.

Dans une Tunisie marquée par la crise sociale, la contraction des libertés et la défiance politique, l’issue de cette séquence dira si l’UGTT demeure un acteur central du rapport social ou si elle entre dans une phase de recul durable.

Mourad Benyahia 

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CAN 2025 : le Nigeria, le Sénégal, la RDC et la Tunisie confirment leur succès

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CAN 2025

Mardi 23 décembre 2025, la deuxième journée de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, au Maroc, a offert quatre rencontres intenses qui ont permis à plusieurs favoris de confirmer leur statut après le match d’ouverture et les rencontres d’hier.

Le Nigeria prend le dessus sur la Tanzanie (2-1)

Les Super Eagles, menés par Victor Osimhen, ont signé une victoire importante face à la Tanzanie. Malgré une défense tanzanienne solide, les Nigérians ont su faire la différence grâce à leur efficacité offensive. Cette victoire leur permet de rester dans la course à la qualification pour la phase suivante et de consolider leur position dans le groupe.

Le Sénégal surclasse le Botswana (3-0)

Les Lions de la Téranga, champions en 2021, n’ont pas tremblé face à un Botswana encore tendre dans la compétition. Cherif Ndiaye a inscrit un doublé avant que le troisième but confirme la domination sénégalaise. Le Sénégal prend la tête du groupe D, en attendant le choc contre la RDC samedi.

La RDC s’impose de justesse contre le Bénin (1-0)

Pour son premier match dans cette deuxième journée, la RDC a décroché une victoire serrée 1-0 face au Bénin. Les Léopards ont montré patience et solidité, bénéficiant d’un coup de chance : le VAR a cessé de fonctionner lors d’une action litigieuse, privant le Bénin d’une égalisation potentielle. La RDC reste ainsi bien positionnée pour la suite du groupe D.

La Tunisie démarre fort contre l’Ouganda (3-1)

Enfin, la Tunisie a remporté une victoire nette 3-1 face à l’Ouganda, au Stade Olympique Annexe du Complexe Prince Abdullah à Rabat. Ilyes Skhiri a ouvert le score dès la 10e minute, suivi par Ilyes Laâchouri, qui a inscrit les deuxième et troisième buts à la 40e et 64e minutes. L’Ouganda a sauvé l’honneur avec un but de Denis Omeda en toute fin de rencontre, mais cela n’a pas remis en cause la supériorité tunisienne.

Bilan de la deuxième journée

Cette deuxième journée confirme que plusieurs favoris de la CAN 2025 sont bien lancés :

Le Sénégal et la RDC apparaissent comme de sérieux prétendants à la qualification dans le groupe D.

Le Nigéria confirme sa force collective et offensive.

La Tunisie montre un potentiel offensif solide dès le départ.

Le Botswana, Tanzanie et Ouganda devront se ressaisir rapidement pour rester dans la course.

Djamal Guettala 

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Le Maroc extrade un chef présumé d’un réseau de narcotrafic vers la France

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Le chef présumé d’un important réseau international de narcotrafic a été remis à la France par le Maroc. Arrêté en février dernier à Casablanca, il a été extradé vers l’Hexagone le 23 septembre, avant d’être inculpé puis placé en détention provisoire.

Il est poursuivi pour importation de stupéfiants en bande organisée, transport et détention de drogues, blanchiment aggravé et corruption active. Cette nouvelle extradition aboutie illustre le renforcement de la coopération judiciaire entre les deux pays dans la lutte contre les réseaux internationaux du narcotrafic. En particulier ces deux dernières années.

Cette affaire s’inscrit dans une série d’extraditions du Maroc vers la France, intervenues tout au long de l’année. Fin novembre dernier, Rabat a remis aux autorités françaises deux individus visés par un mandat d’arrêt européen depuis avril 2024. Ils sont soupçonnés de faire partie des dirigeants du réseau de trafic de stupéfiants dit des « Arai Farmers ». Un réseau qui opère depuis Barcelone, sous l’autorité de commanditaires installés au Maroc, avec des échanges organisés via la messagerie Telegram.

En janvier 2025, le Maroc avait déjà extradé vers la France une autre figure majeure du narcotrafic, Félix Bingui, surnommé « The Cat ». Présenté comme une figure centrale du gang marseillais du Yoda clan, il avait été arrêté à Casablanca en mars 2024 sur mandat de la justice française.

Au mois d’août dernier, Rabat avait également extradé deux complices impliqués dans l’évasion du narcotrafiquant Mohamed Amra en 2024. 

Une coopération judiciaire jugée efficace par Paris. Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’en est félicité à plusieurs reprises, évoquant une traque des narcocriminels menée, « partout, avec l’aide de nos partenaires ».

RFI

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Libye : le chef d’état-major de l’armée et 4 hauts officiers périssent dans un crash en Turquie

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Mohammed Ali Ahmed Al-Haddad et quatre autres personnes
Mohammed Ali Ahmed Al-Haddad et quatre autres officiers sont morts lors du crash. Crédit image : Anadolu.

Le chef d’état-major général des forces armées libyennes, le général Mohammed Ali Ahmed Al‑Haddad, est décédé mardi soir dans un accident d’avion survenu près d’Ankara, a confirmé le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah. L’appareil, un jet privé Falcon 50, immatriculé 9H‑DFJ, transportait cinq personnes, dont le général Al‑Haddad, plusieurs hauts responsables militaires et un photographe attaché à l’état-major.

Selon les autorités turques, le contact avec l’avion a été perdu à 20 h 52, environ 40 minutes après le décollage de l’aéroport d’Ankara Esenboğa, alors que l’appareil se dirigeait vers Tripoli. Un signal d’atterrissage d’urgence avait été émis peu avant la perte de communication, mais les contrôleurs n’ont pas pu rétablir le contact. Les équipes de secours dépêchées sur place ont localisé l’épave dans le district de Haymana, à une soixantaine de kilomètres au sud d’Ankara, où tous les occupants ont été retrouvés morts.

Parmi les victimes figurent outre le général Al‑Haddad, le commandant des forces terrestres, le directeur de l’autorité de fabrication militaire, un conseiller du chef d’état-major et un photographe. Ces responsables étaient considérés comme des piliers de l’institution militaire libyenne et jouaient un rôle stratégique dans la structuration et la coordination des forces armées, dans un pays encore marqué par les divisions et les conflits internes.

Le Premier ministre Dbeibah a qualifié cette tragédie de « perte profonde pour la nation et l’institution militaire », soulignant que les victimes étaient des figures exemplaires de service et de dévouement à la Libye. Il a annoncé que plusieurs jours de deuil national seraient observés et que des cérémonies officielles rendraient hommage à ces hauts cadres militaires.

Le général Al‑Haddad se trouvait à Ankara dans le cadre d’une visite officielle, où il avait tenu des entretiens de haut niveau avec des responsables militaires turcs, incluant le ministre de la Défense et le chef d’état-major turc. Ces rencontres visaient à renforcer la coopération bilatérale et la coordination stratégique entre les forces armées des deux pays. La visite avait également un objectif technique et logistique, portant sur l’équipement et la formation des militaires libyens.

Les circonstances exactes du crash font l’objet d’une enquête approfondie menée par les autorités turques, avec la participation de procureurs et d’experts en aviation. L’analyse portera notamment sur les enregistreurs de vol et l’examen technique du Falcon 50, afin de déterminer si l’accident est dû à un problème mécanique, une erreur humaine ou d’autres facteurs extérieurs. Jusqu’à présent, aucun élément précis n’a été communiqué quant à la cause exacte de la tragédie.

Ce drame survient à un moment critique pour la Libye, où les efforts de réconciliation, de stabilisation militaire et de consolidation des institutions sont encore fragiles. La perte du chef d’état-major et de plusieurs cadres militaires expérimentés constitue un coup dur pour la coordination des forces armées et pourrait avoir des répercussions sur la sécurité et la stabilité dans les semaines à venir.

La communauté internationale suit de près l’évolution de la situation. Plusieurs gouvernements et organisations régionales ont exprimé leurs condoléances à la Libye, tout en soulignant l’importance de maintenir la coopération militaire et les efforts de stabilisation. En Libye, ce drame a provoqué une vive émotion au sein des forces armées et parmi la population, qui rend hommage à ces hauts responsables pour leur engagement et leur service au pays.

Les autorités libyennes et turques continuent de collaborer pour déterminer les causes exactes de l’accident et tirer les leçons de cette tragédie afin de prévenir de futurs incidents. Ce crash rappelle, une fois de plus, la vulnérabilité des infrastructures et des transports aériens dans une région où la sécurité reste fragile, et souligne l’importance de la rigueur technique et du suivi opérationnel dans les missions officielles à l’étranger.

Djamal Guettala avec Agences 

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La Banque Postale victime d’une cyberattaque, ses services en ligne perturbés

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hacker
La Banque postale hackée.

Depuis lundi matin, la Banque Postale, la Caisse d’épargne et la Banque populaire connaissent des interruptions de service en ligne, liées à une attaque par déni de service distribué.

lundi 22, plusieurs services en ligne de La Banque Postale et des banques du groupe BPCE sont inaccessibles, provoquant des perturbations pour de nombreux clients quelques jours avant Noël.

La Banque Postale, filiale bancaire du groupe La Poste, a été victime d’une attaque par déni de service distribué (DDoS) visant à saturer ses serveurs de requêtes. L’établissement a précisé que cette cyberattaque n’a eu aucun impact sur les données des clients, mais a affecté l’accès aux comptes et aux services bancaires en ligne, ainsi qu’au site de Colissimo (service de livraison de colis) et à Digiposte (plateforme de stockage et de gestion de documents en ligne).

Sur la plateforme sociale X, basée aux États-Unis, La Banque Postale a indiqué : « Depuis tôt ce matin, un incident affecte l’accès à votre banque en ligne et à l’app mobile. Il est actuellement en cours de résolution, nos équipes mettent tout en œuvre pour rétablir le service rapidement. Les paiements en ligne restent possibles avec une authentification par SMS. Les paiements par carte bancaire sur les TPE en magasins et les virements par Wero sont toujours accessibles. »

Ce nouvel incident survient moins de 48 heures après un problème technique similaire qui avait déjà empêché l’accès aux comptes sur l’application mobile et le web. La Banque Postale avait rétabli le service le jour-même et assuré une surveillance active des systèmes.

D’autres banques du groupe BPCE, comme la Caisse d’épargne et la Banque populaire (établissements bancaires français), sont également concernées. Des clients ont signalé des difficultés de connexion. Sur l’application mobile de la Caisse d’épargne, un message indique que « des perturbations peuvent être rencontrées lors de la validation des paiements sur internet via SecurPass » (système d’authentification pour les paiements en ligne).

Le service de livraison Colissimo a également été affecté, son site étant indisponible, mais la distribution des colis et courriers à domicile reste assurée.

A.A.

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Pierre-Paul Geoffroy, militant du FLQ, s’est éteint à 81 ans

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Pierre-Paul Geoffroy lors de son procès, en mars 1969.
Pierre-Paul Geoffroy lors de son procès, en mars 1969.

Pierre-Paul Geoffroy, l’une des figures les plus marquantes du Front de libération du Québec (FLQ), est mort samedi dernier à l’âge de 81 ans.

Son neveu, Nicolas Langelier, retrace dans Pierre-Paul Geoffroy, ou la tentation du feu, le parcours d’un homme qui, dans le Québec des années 1960, a choisi la violence pour défendre ses idées. Mais ce récit dépasse la simple chronique historique : il explore les tensions, les frustrations et les choix radicaux d’une jeunesse convaincue que le changement ne viendrait pas par les voies traditionnelles.

Né à Berthierville en 1944, Pierre-Paul Geoffroy grandit dans un Québec encore marqué par la pauvreté et l’influence économique des anglophones. Très jeune, il s’engage au Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), un parti qui combine nationalisme, socialisme et contestation intellectuelle. Rapidement, il se heurte à ce qu’il perçoit comme l’inefficacité du système parlementaire. Comme le souligne Langelier, « même si le contexte québécois n’était pas celui de l’Algérie colonisée, Geoffroy a trouvé chez Fanon une théorie de la libération par la rupture radicale ». Pour lui, la violence n’est pas un caprice : c’est un levier pour briser l’immobilisme et faire avancer la justice sociale.

L’influence de l’Algérie indépendante sur les militants québécois des années 1960 a été importante. Peu après 1962, plusieurs partisans de l’indépendance du Québec se sont rendus en Algérie, alors tout juste libérée de la colonisation française, pour observer, apprendre et s’inspirer de son expérience révolutionnaire.

Si Pierre-Paul Geoffroy n’a pas, à notre connaissance, voyagé lui-même en Algérie, son engagement et celui de ses camarades s’inscrivent dans un contexte où la lutte algérienne servait de référence idéologique pour justifier la rupture avec les voies traditionnelles et l’usage de moyens radicaux. L’Algérie, à l’époque, symbolisait pour beaucoup la possibilité de transformer la frustration et l’indignation en action concrète.

Le climat des années 1960 favorise ce basculement. La Révolution tranquille a ouvert les yeux des jeunes sur leur force collective, mais les inégalités persistent. La frustration grandit, et l’idée que des changements radicaux exigent des moyens radicaux s’impose à une partie de la jeunesse. Cuba, le Vietnam et les Black Panthers inspirent ceux qui veulent transformer le Québec rapidement et profondément.

Pierre-Paul Geoffroy tabassé par la police lors d’une manifestation en soutien aux travailleurs de Seven Up, en février 1968.

C’est dans ce contexte que naît le « réseau Geoffroy ». La première bombe, posée en mai 1968, intervient après une manifestation violente en soutien aux travailleurs de l’usine Seven Up. Geoffroy et ses camarades multiplient ensuite les attentats : des entreprises, des usines, la Bourse de Montréal. En février 1969, la Bourse est frappée par une « superbombe » qui blesse une vingtaine de personnes et cause près d’un million de dollars de dégâts. Langelier écrit : « Pour le réseau Geoffroy, une trentaine de bombes suivent en moins d’un an. La plupart sont posées en appui à des travailleurs en grève ou en lockout. » Ces actions spectaculaires marquent le Québec et alimentent un débat national sur la violence et la légitimité de la contestation.

Geoffroy est arrêté en mars 1969, après que la police découvre son appartement rempli de dynamite, de détonateurs et de bombes prêtes à l’emploi. Il plaide coupable et assume ses actes, refusant de dénoncer ses camarades. Sa peine cumulative atteint 124 peines de prison à perpétuité, une sentence hors norme qui contribue directement à la Crise d’octobre de 1970. Le FLQ, en réaction, organise des enlèvements et des pressions sur le gouvernement pour obtenir la libération de ses membres. Jacques Lanctôt, un des ravisseurs de James Cross, expliquera des années plus tard : « Le tribunal venait de condamner un de nos amis, Pierre-Paul Geoffroy, à 124 peines de prison à perpétuité. Cette sentence me révoltait. »

Geoffroy sort de prison en 1981, après 12 ans d’incarcération, mais ne cherchera jamais à réhabiliter son passé ni à publier ses mémoires. Il reste discret jusqu’à la fin, loin des projecteurs. Pour Langelier, son histoire est avant tout un témoignage : « Honorer la vie de Pierre-Paul Geoffroy, ce n’est pas réhabiliter la clandestinité armée, ni relativiser la violence. C’est reconnaître que l’histoire n’avance pas seulement par des récits héroïques ou consensuels. »

Le nom de Geoffroy évoque aujourd’hui surtout un écho historique, mais son parcours interroge encore. Il rappelle que derrière chaque mouvement social, il y a des individus avec des convictions fortes, parfois poussés à l’extrême par la frustration et l’urgence ressentie. Son engagement radical et sa fidélité à ses camarades offrent un aperçu unique du Québec en pleine mutation, à un moment où la violence était perçue par certains comme le seul moyen de faire bouger les lignes.

Comprendre Pierre-Paul Geoffroy, c’est accepter la complexité de l’histoire et la fragilité des choix humains face à l’injustice. Il n’était ni un héros flamboyant ni un intellectuel médiatique. C’était un homme méthodique, loyal et déterminé, qui a payé le prix fort pour ses idées. Mais son parcours continue de poser des questions : jusqu’où la fidélité à une cause peut-elle justifier de mettre sa vie et celle des autres en danger ? Et comment intégrer dans la mémoire collective un épisode où l’engagement politique a basculé dans la violence, sans qu’il y ait de victimes mortelles ?

Le Québec a changé depuis les années 1960. Si les inégalités persistent, la majorité francophone dispose désormais des moyens d’influencer sa destinée. Mais la trajectoire de Geoffroy rappelle que l’histoire n’est jamais linéaire et que les choix des individus, même extrêmes, façonnent la société. Elle met aussi en lumière l’urgente nécessité de comprendre les frustrations qui conduisent certains à penser que la violence est la seule issue.

Synthèse Djamal Guettala 

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