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Vote algérien à l’ONU sur Gaza : entre soutien officiel palestinien et controverse interne

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Amar Bendjama à l'ONU
Amar Bendjama à l'ONU. Crédit photo : UN

La position de l’Algérie au Conseil de sécurité sur le projet de résolution américain relatif à Gaza continue de susciter un écho contrasté. Si l’Autorité palestinienne de Ramallah salue une diplomatie jugée « constante » et « déterminante » pour la mobilisation internationale, cette lecture flatteuse masque une contestation interne croissante.

L’ambassadeur palestinien à Alger, Dr Fayez Abu Aita, a exprimé la gratitude de Ramallah et mis en avant la coordination exclusive avec l’OLP et l’AP. Mais cette reconnaissance officielle ne parvient pas à désamorcer les critiques de plusieurs formations politiques algériennes, qui dénoncent un vote perçu comme un infléchissement de la position historique du pays.

Comme il fallait  s’y attendre, les partis de la mouvance islamiste sont les premiers à sortir du bois. Toujours aussi pathétiques évidemment !

L’un d’eux, le MSP fustige une résolution ouvrant la voie à une « tutelle internationale biaisée », tandis que le Parti des Travailleurs y voit un « projet colonial » ignorants les exigences fondamentales du droit à la résistance et du retrait total des forces israéliennes. À ces attaques, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, oppose un argument humanitaire centré sur l’urgence de protéger les civils de Gaza.

Face aux polémiques, un point officiel relayé par l’APS rappelle que la politique étrangère relève du seul Président et ne saurait devenir un enjeu partisan. Mais cette mise au point institutionnelle souligne surtout la fragilité d’un équilibre diplomatique où l’Algérie tente de conjuguer fidélité à son héritage politique et adaptation aux contraintes d’un environnement international mouvant.

En toile de fond, demeure une tension persistante : comment défendre un capital symbolique forgé sur la solidarité inconditionnelle avec la Palestine tout en naviguant dans un espace diplomatique où les compromis sont désormais inévitables ?

Samia Naït Iqbal

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« Por si un dia volvemos » de Maria Dueñas ou la mémoire des pieds-noirs revivifiée 

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"Por si un dia volvemos" de Maria Dueñas
"Por si un dia volvemos" de Maria Dueñas

« Por si un dia volvemos » /Au cas où nous reviendrions un jour, est le titre d’un roman de Maria Dueñas, l’une des meilleures écrivaines espagnoles de notre temps. Publié en mars 2025 à Barcelone par les éditions Plana, ce roman narre la vie d’une jeune femme qui en 1927 a involontairement tué pour se défendre, l’agresseur qui la violait.

Analphabète, pauvre au point de dormir par terre sur de la paille, se nourrissant d’un trognon de pain, sans habits autres que ceux qu’elle porte sur elle, elle s’empare des papiers de son assassin et s’engage sur le chemin que ce dernier s’apprêtait à prendre, celui de l’Oranais, celui de l’Algérie française où les émigrants espagnols de l’époque espéraient trouver une vie meilleure.

La trame narrative de María Dueñas c’est l’histoire de cette jeune femme qui sous le nom factice de Cécilia Belmonte traverse toutes les épreuves pour survivre et se reconstruire dans un environnement colonial marqué par les tensions sociales.

Sous l’essor de l’Algérie française qui depuis une centaine d’années a attiré de nombreux Espagnols du Levant et d’Andalousie, la ville d’Oran n’a cessé de croître.

Pour répondre aux besoins des administrations ou du public, il faut de la main-d’œuvre et ce sont les mains bronzées et gercées des Espagnols et des Arabes, des Italiens et des Maltais, leur sueur, leur réveil aux aurores qui l’apportent. Sans eux,l’expansion urbaine de cette ville commerciale et portuaire de près de 200 000 habitants aurait été irréalisable.

Maria Dueñas raconte la trajectoire vitale de son personnage pendant trois décennies. Elle apprend à lire, à écrire, à parler l’Oranais langue ou se mélangent le français, le valencien, l’espagnol et l’arabe.

Avec chaque fois, la volonté de se dépasser, elle sera tour à tour manœuvre agricole dans une plantation de tabac, lavandière, domestique, ouvrière dans la fabrique de tabac Bastos et enfin créatrice de son propre commerce de savon qui lui donne une autorité réelle et une place dans la société oranaise.

Tout au long de ce périple défilent ses amis, ses amours, la solitude, le deuil, les douleurs de l’émigration et de l’exil, les humiliations et le racisme mêlés aux rencontres heureuses.

Elle dit vouloir à travers ce roman sauver la mémoire des Pieds-Noirs espagnols d’Algérie. Elle ne les idéalise pas. Elle évoque leurs faiblesses, leurs tensions, la condition des femmes. Elle estime que c’était une communauté de migrants courageux et travailleurs qui apportèrent beaucoup à la société dans laquelle ils vivaient et qu’ils furent injustement oubliés par la France et par l’Algérie.

Mais, au-delà de l’histoire des Pieds Noirs espagnols d’Algérie, c’est toute l’histoire tragique de l’Espagne, de 1920 à son entrée dans l’Europe en 1986 que l’écrivaine réveille.

D’abord, le désastre d’Anoual ou l’armée espagnole en guerre contre les Berbères du Rif subit une défaite qui laisse 15 000 morts sur le terrain. Ensuite la guerre civile espagnole, de 1936 à 1939, dont on ne peut donner le nombre exact de morts

mais que l’on estime à 500 000. Puis, en 1940, l’arrivée au pouvoir de Philippe Pétain qui enferme les Républicains espagnols dans des camps de concentration ou les livre aux nazis. En 1954 enfin, la Guerre d’Algérie qui conduit les Pieds-Noirs Espagnols à quitter un pays qu’ ils pensaient devenu le leur, pour un second exil.

Maria Dueñas termine son roman parfaitement documenté qui devrait attirer de nombreux lecteurs francophones lorsqu’il sera traduit, par ces lignes émotives pour tous ceux qui ont vécu la perte de leur terre natale et ressenti les douleurs de l’exil :

Garde tout dans ta mémoire, Cécilia, nous ne devons rien oublier murmura Rafael quand la côte d’Oran se transforma en une ligne floue. Au cas où nous reviendrions un jour. Mais il n’en fut rien.

Emile Martinez

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Mali : les jihadistes du Jnim annoncent un durcissement du blocus

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Bina Diarra, alias Abou Houzeifa Al-Bambari.
Bina Diarra, alias Abou Houzeifa Al-Bambari, JNIM. Crédit photo : DR

Au Mali, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda, a diffusé mardi 18 novembre dans la soirée de nouvelles vidéos qui traitent notamment de l’embargo décrété début septembre sur les importations de carburant.

Au Mali, le porte-parole du Jnim tente d’abord de décrédibiliser les autorités de Transition, en les accusant de duplicité. Selon Nabi Diarra, alias Abou Houzeifa Al-Bambari, les militaires au pouvoir encouragent des villages à conclure des accords locaux avec le Jnim dans les zones qui échappent au contrôle de l’armée, puis attaquent ces villages en les accusant de collaborer avec les jihadistes.

Ces dernières années, les accords de ce type se sont effectivement multipliés, notamment dans le centre du pays, avec la bénédiction des services maliens de la sécurité d’État. Les opérations militaires et les exactions contre les civils aussi. Dans le même temps, les localités qui refusent de conclure ce type d’accord sont soumises par le Jnim à des blocus – plus rien n’y entre ni n’en sort – pour la plus grande souffrance des habitants.

Le porte-parole du Jnim assure par ailleurs que les autorités négocient pour la libération d’otages étrangers, mais pas pour les soldats maliens détenus. Ces dernières semaines, un otage émirien a été libéré et d’autres otages étrangers avant lui. Plusieurs civils maliens ont également été relâchés, à l’instar du maire de Konna, fin octobre.

La contrainte et la peur

Nabi Diarra tente ensuite de justifier l’embargo décrété début septembre sur les importations de carburant et les contrôles renforcés des routes menant à Bamako, qui pénalisent désormais la capitale et plus seulement les régions maliennes. Le porte-parole du Jnim se félicite ensuite des effets de ce blocus sur les populations : moins de sorties dans les boîtes de nuit, davantage de femmes voilées sur les routes du pays… Ces résultats sont évidemment obtenus par la contrainte et par la peur et ne démontrent en aucun cas une adhésion des populations aux objectifs du Jnim.

Les jihadistes menacent une fois encore les Maliens qui collaborent avec l’armée ou qui les combattent directement de représailles violentes, à commencer par les chasseurs traditionnels dozos. Et de citer l’exemple récent de Loulouni, région de Sikasso, où les jihadistes ont attaqué les dozos qui tentaient de s’opposer à eux. Au début du mois, le Jnim a exécuté publiquement la jeune blogueuse Mariam Cissé, qui affichait son soutien aux militaires maliens dans la région de Tombouctou. Cet assassinat a soulevé un élan d’indignation et de patriotisme dans le pays.

Durcissement du blocus

Le Jnim annonce enfin un durcissement du blocus qui s’étendra désormais à toutes les entreprises transportant du carburant – certaines sont nommément citées et on ignorait qu’elles étaient jusqu’ici épargnées. Quant aux chauffeurs de camions citernes, ils seront désormais traités par le Jnim comme les militaires : il n’y aura plus de prisonniers. Rappelons que depuis début septembre, de nombreux transporteurs ont déjà été tués et d’autres capturés. 

La semaine dernière, les autorités maliennes de Transition ont même annoncé des mesures de soutien : les enfants de routiers assassinés lors des attaques deviendront pupilles de la nation et les transporteurs blessés bénéficieront de soins médicaux gratuits.

« Le Jnim a eu des succès militaires, mais il ne pourra pas aller plus loin sans acquis politiques, analyse une source malienne spécialisée dans la veille sécuritaire. Alors les jihadistes cherchent l’adhésion des populations. Ils veulent donner l’impression que les actions de la Transition, en fin de compte, les renforcent. » « Le Jnim affiche sa détermination à maintenir la pression dans le cadre d’un durcissement du blocus », commente un autre expert malien, qui explique que le groupe jihadiste « a pour projet de faire tomber la junte militaire. »

« Ces déclarations peuvent semer le doute dans l’opinion, juge un opposant prônant le dialogue avec les groupes armés, parce que les Maliens vivent déjà la pénurie de carburant, les coupures d’électricité. Le Jnim met en lumière l’incapacité des autorités à trouver des solutions. » Selon cette personnalité très critique des militaires au pouvoir, « les Maliens distinguent de plus en plus les forces armées, qu’ils respectent, du régime qui les dirige. »

Effet contraire

« Ils veulent que la population lâche les autorités, mais ça ne marchera pas », réagit à l’inverse une source sécuritaire malienne qui estime que « les jihadistes ont commis une grande erreur » : « Le blocus a produit l’effet contraire à celui recherché, poursuit cette source. Les populations en souffrent directement, elles n’apprécient pas du tout et font bloc derrière les autorités. » En clair, les Maliens n’oublieraient pas qui sont les premiers responsables de la pénurie de carburant qui les accablent, à savoir les jihadistes eux-mêmes.

Les autorités de transition n’ont pas commenté officiellement cette dernière sortie du Jnim et les responsables sollicités par RFI n’ont pas donné suite.

RFI

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Sahara occidental : l’Algérie prête à soutenir une médiation entre le Maroc et le Front Polisario

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Sahara occidental
Sahara occidental. Infographie de Radio France.

L’Algérie a réaffirmé, mardi 18 novembre, son intention de soutenir toute tentative de médiation entre le Maroc et le Front Polisario dans le dossier du Sahara occidental.

La déclaration a été faite par le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf, qui a rappelé la position d’Alger : seule une discussion entre Rabat et le Polisario peut permettre de trouver une solution au conflit. Cette prise de parole intervient quelques semaines après le vote, à l’ONU, d’une résolution apportant son soutien au plan marocain d’autonomie du Sahara occidental.

En se disant prêt à soutenir une médiation entre Rabat et le Front Polisario, Alger tente de reprendre la main sur un dossier ou le Maroc a marqué des points depuis que nombreuses puissances, dont les États-Unis, soutiennent officiellement le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental.

Alger veut continuer de peser sur le processus de discussion. Et ce, malgré la résolution votée par l’ONU le 31 octobre dernier. Le Conseil de sécurité ayant estimé, sous impulsion de Washington, que le plan d’autonomie du Sahara occidental « pourrait représenter la solution la plus réalisable ». 

« Solution durable, juste et définitive » 

Néanmoins, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé les fondamentaux de la position de son pays. À savoir : garder le processus politique dans le cadre des Nations unies, organiser des discussions entre Rabat et le Polisario, s’accorder sur la version finale de la solution entre les deux parties, et enfin et surtout permettre à la population sahraouie de décider de son droit à l’autodétermination.

C’est en se référant à ses constantes stipulées dans les résolutions de l’ONU, propre à cette question, que l’Algérie est prête à s’ouvrir sur une médiation pour une « solution durable, juste et définitive » au Sahara occidental.

RFI

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Daphné Ewin : « Le corps parle là où les mots échouent… »

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Daphné Ewin

Publié le 19 novembre 2024 aux éditions Books On Demand, le roman Au-delà du plaisir de Daphné Ewin invite le lecteur à pénétrer dans un univers où psyché humaine, désirs et rapports de pouvoir se croisent et se confrontent.

Psychologue clinicienne de formation, l’autrice s’appuie sur sept années d’expérience en milieu carcéral pour donner à son récit une profondeur authentique, en explorant les zones grises de la morale et de l’émotion.

Le roman questionne les limites de la liberté intérieure, l’intensité des émotions humaines et les choix qui façonnent nos vies. Il mêle tension psychologique et exploration des désirs, offrant une lecture à la fois exigeante et profondément humaine.

Daphné Ewin a aimablement accepté de répondre aux questions du Matin d’Algérie, partageant son regard sur l’écriture, ses personnages et les thèmes qu’elle aborde avec audace et sensibilité.

Le Matin d’Algérie : Votre roman Au-delà du plaisir se déroule dans un milieu carcéral. Dans quelle mesure votre expérience de psychologue clinicienne a-t-elle nourri l’intrigue et les personnages ?

Daphné Ewin : Elle en est le socle. J’ai passé sept ans derrière les murs à écouter, observer, comprendre… ça laisse des traces, et nourrit la réflexion comme l’imaginaire.

J’ai puisé dans cette réalité mais sans vouloir la copier. J’en ai donc extrait une réalité, qui questionne justement la frontière entre réalité et fiction, entre légalité et moralité, entre comportement normal et déviant. J’ai préservé l’intensité des relations humaines, leur fragilité, la violence des émotions parfois, mais la fiction m’a permis d’aller là où la réalité s’arrête.

Le Matin d’Algérie : Cléo et Antony sont des personnages ambivalents, oscillant entre victime et bourreau. Comment avez-vous construit cette complexité psychologique ?

Daphné Ewin : Je ne sais pas si j’ai « construit » une complexité psychologique : je me suis davantage laissé habiter par mes personnages.L’ ambivalence fait partie de chacun de nous (ou presque – du point de vue de la psychologue). Cléo et Antony sont deux êtres en lutte permanente : contre l’autre, mais surtout contre eux-mêmes, contre leurs désirs et leurs démons. Leur rôles se renversent sans cesse parce qu’il n’y a pas de vérité simple, univoque, encore moins quand il s’agit de passion ou de pouvoir, me semble-t-il.

Le Matin d’Algérie : Le roman mêle érotisme, BDSM et thriller psychologique. Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre tension narrative et scènes sensuelles ?

Daphné Ewin : Il a été facilité en écoutant la respiration de mes personnages. L’érotisme n’est pas une pause dans le récit, il en est la continuité. Chaque scène est là pour révéler quelque chose de leur rapport à la domination, à la peur, à la perte de contrôle. L’équilibre s’est donc imposé de lui-même : le corps parle là où les mots échouent… C’est bien là, d’ailleurs, toute la problématique de nos personnages !

Le Matin d’Algérie : La prison devient un espace presque métaphorique dans votre récit. Qu’avez-vous voulu montrer sur la psyché humaine à travers ce cadre oppressant ?

Daphné Ewin :Je considère que la prison peut s’inviter partout. Elle se décline sous tant de formes : concrète, mentale, affective. Derrière les barreaux, on observe à quel point la liberté intérieure est souvent plus difficile à atteindre que la liberté physique. C’est précisément cette tension que j’ai voulu explorer : nos murs invisibles, les chaînes que nous nous mettons, notre prison interne. Cette prison nous concerne tous, elle n’est plus l’apanage des seuls détenus. Encore une manière, peut-être, de rendre moins nette la frontière entre « intérieur » et « extérieur ».

Le Matin d’Algérie : Le contrôle, le pouvoir et les désirs refoulés sont des thèmes centraux. Diriez-vous que le roman explore avant tout la psychologie ou le désir ?

Daphné Ewin : Les deux sont indissociables. Le désir est un phénomène psychique, il naît dans l’esprit avant de se loger dans le corps. Le roman interroge justement ce moment où la « pulsion » prend le pas sur la pensée, et où la raison cède. Le plus souvent, c’est quand on croit maîtriser qu’on découvre notre plus grande vulnérabilité.

Le Matin d’Algérie : Votre écriture est à la fois clinique et sensuelle, évoquant une tension permanente. Comment décririez-vous votre style ?

Daphné Ewin : J’avoue que je ne saurais le définir précisément. J’écris à la fois comme ça me vient, mais en cherchant toujours à être la plus juste possible.

J’aime l’authenticité, je ne veux pas tricher. Alors oui, certains mots sont crus, certains dialogues bruts. Le résultat reflète sans doute cet état de tension qui les traverse… et qui me traverse aussi, quand j’écris.

Le Matin d’Algérie : Certains lecteurs pourraient être surpris par l’intensité des scènes érotiques. Quel rôle jouent-elles dans la psychologie des personnages ?

Daphné Ewin : Elles ne sont jamais gratuites. Mes scènes érotiques sont avant tout émotionnelles : elles sont le lieu de toutes les contradictions – plaisir et douleur, abandon et contrôle, vérité et illusion. Ce sont dans ces moments-là que les masques tombent. L’érotisme, dans ce roman, évoque la sexualité avec retenue mais sans tabou. Elle vient interroger les limites de chacun, ce que l’on tait, ce qui, habituellement, reste enfoui : jusqu’où peut-on aller par plaisir ? Où se situe la frontière entre sexualité « normale » et « déviante », lorsque le consentement prime ? Ce sont des scènes de dévoilement, plus que de provocation.

Le Matin d’Algérie : Dans le roman, la frontière entre normalité et déviance est floue. Est-ce une réflexion sur la société ou sur la nature humaine ?

Daphné Ewin : Les deux, sans doute. Je viens d’en parler : la société pose des normes – morales, légales – mais la nature humaine les contourne sans cesse.

Et moi, que ce soit sous ma casquette de psychologue ou d’autrice, la question reste la même : j’aime interroger cette zone grise, là où tout vacille, parfois jusqu’à la bascule.

C’est cette marge qui questionne, intrigue et fascine. Souvent, c’est aussi là qu’où on se découvre.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous rencontré des difficultés à traiter des thèmes aussi sensibles que le BDSM et la sexualité en milieu carcéral ?

Daphné Ewin : La plus grande difficulté a été pour moi d’éviter les clichés.

Ces thèmes demandent de la justesse, pas du sensationnalisme. Je voulais surtout parler de pouvoir et d’abandon, moins de pratiques. Même si, évidemment, il en question.Mais justement, ce qui m’intéresse, c’est ce qui se joue à l’intérieur. Du corps comme de l’esprit.

Le Matin d’Algérie : Le roman s’adresse à un public averti. Quels conseils donneriez-vous aux lecteurs pour aborder ces thèmes sans préjugés ?

Daphné Ewin : Je dirais qu’il faut laisser tomber les étiquettes, lire sans chercher à juger. La littérature n’est pas toujours là pour rassurer ; elle est là, avant tout, pour interroger. Au-delà du plaisir n’invite pas à l’imitation, ni à croire que ce qui s’y joue est forcément acceptable. Il invite plutôt à la réflexion : sur soi, sur l’autre, sur ce qui nous lie ou au contraire nous enferme.

Le Matin d’Algérie : Au-delà de l’histoire de Cléo et Antony, souhaitez-vous que le roman provoque une réflexion sur le pouvoir, le désir et la morale ?

Daphné Ewin : Oui, mais vraiment sans moraliser. J’aime quand un livre dérange, au moins un peu ; quand il pousse à regarder différemment ce qu’on croyait acquis.

J’ai écrit comme j’aime lire : en cherchant à être bousculée, bouleversée. Le pouvoir, le désir, la morale… en définitive, tout cela n’est qu’un jeu d’équilibre précaire. Et chacun, à mon sens, doit trouver sa propre ligne de crête.

Le Matin d’Algérie : Enfin, envisagez-vous une suite ou un nouveau roman explorant des univers aussi intenses et psychologiquement complexes ?

Daphné Ewin : Oui. Abnégation, le deuxième tome, qui sort le 18 novembre prochain, prolonge cette exploration : plus sombre et plus déroutante encore. J’y pousse plus loin la question de la perte de soi. Au-delà du plaisir s’est en réalité imposé à moi comme une trilogie : trois parties d’une même relation, dont l’intensité va crescendo, au fil des pages et des tomes.

Et au-delà, d’autres histoires viendront. Tant qu’il restera des zones d’ombre à éclairer, j’aurai envie d’écrire.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

Pour en savoir plus sur l’autrice et ses ouvrages : www.daphne-ewin.fr, ou son profil Instagram : daphne_ewin_auteure

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Marseille : « Non, je ne me tairai pas » face au narcotrafic

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Amine Kessaci

« Non, je ne me tairai pas », déclare Amine Kessaci dans une tribune publiée mercredi dans Le Monde. Son frère Mehdi, 20 ans, a été abattu jeudi dernier près d’une salle de concert à Marseille par deux hommes circulant à moto.

Les autorités françaises parlent d’un « crime d’intimidation » et d’« assassinat d’avertissement » et recherchent activement les auteurs.

Pour Amine, 22 ans, militant écologiste et engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, ces mots ne sont pas que des déclarations de principe. Ils traduisent une détermination née du deuil et de l’indignation. « Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic », écrit-il, dénonçant le caractère aveugle et destructeur de ces crimes.

Cette famille marseillaise a déjà été frappée par la violence des trafiquants. En 2020, un autre frère, Brahim, âgé également de 22 ans, avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule. Deux tragédies en cinq ans, qui ont marqué à jamais les six enfants de la famille Kessaci et illustrent la brutalité du narcotrafic qui gangrène certains quartiers de Marseille.

Amine refuse de laisser la peur dicter la vie de sa famille et de sa communauté. « On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n’est jamais un avertissement », insiste-t-il. Dans sa tribune, il décrit la logique des trafiquants : « Ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies. » Derrière ces mots se devine un constat amer : la criminalité organisée ne se limite pas à l’économie de la drogue ; elle cherche à imposer un climat de terreur permanent, paralysant les habitants et muselant toute initiative de résistance.

Le combat d’Amine Kessaci est aussi un appel à la prise de conscience collective. Il refuse de se contenter du rôle de victime et met sa voix au service de tous ceux qui subissent, souvent en silence, la violence du narcotrafic. À travers ce témoignage, il rappelle que derrière chaque victime se cache une famille, des amis, une communauté entière. La mort de Mehdi et de Brahim n’est pas un simple fait divers ; elle illustre la réalité quotidienne de quartiers pris en étau par les trafiquants.

La tribune de ce jeune militant est également un message aux pouvoirs publics et à la société civile : il ne suffit pas de qualifier ces crimes d’« avertissement » pour en saisir l’ampleur et la gravité. Le narcotrafic est un phénomène qui détruit des vies, étouffe les volontés et tente d’imposer son pouvoir par la peur.

Dans un contexte où Marseille continue de lutter contre les réseaux criminels, la voix d’Amine Kessaci résonne comme un acte de résistance. Par ses mots, il donne un visage humain à la lutte contre la violence, rappelant que la seule manière de résister est de parler, de témoigner, de refuser de se taire. « Non, je ne me tairai pas », répète-t-il, et sa détermination devient celle de tous ceux qui refusent de laisser la criminalité décider de leur destin.

Djamal Guettala 

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Marche blanche à Marseille pour Mehdi Kessaci : quand un drame individuel révèle une fracture nationale

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À Marseille, l’émotion est encore vive après l’assassinat de Mehdi Kessaci, 20 ans, tué par balles le 13 novembre. Un drame de plus dans une ville durement touchée par les violences liées au narcotrafic, mais un drame qui, cette fois, suscite un écho particulier.

La famille du jeune homme appelle à une marche blanche le samedi 22 novembre, à 15 h, au rond-point Claudie d’Arcy, lieu où sa vie s’est brutalement arrêtée. Un rassemblement silencieux, sans banderole ni drapeau, qui se veut à la fois un hommage et un signal d’alarme.

Un jeune homme respecté, fauché “pour rien”

Étudiant, sportif, apprécié de tous, décrit par ses proches comme un jeune homme « généreux » et « au parcours irréprochable », Mehdi n’était ni dans une trajectoire à risques ni dans un environnement marginalisé. Et c’est précisément ce qui, pour beaucoup, donne à ce meurtre une dimension supplémentaire : l’idée que même les vies exemplaires ne sont plus protégées.

Pour la famille, l’entourage et de nombreux habitants de Marseille, la mort de Mehdi est un rappel brutal de la dégradation continue de la sécurité dans certains quartiers, malgré les discours officiels et les dispositifs censés endiguer la violence armée.

“Pourquoi la vie de Mehdi n’a-t-elle pas été protégée ?” L’appel à la mobilisation pose des questions lourdes, rarement formulées aussi directement :

– Pourquoi la vie de Mehdi n’a-t-elle pas été protégée ?

– La famille Kessaci sera-t-elle désormais en sécurité ?

– Combien de familles devront encore pleurer un enfant avant qu’un véritable tournant ne s’opère ?

Derrière ces interrogations s’exprime une critique claire de l’inaction ou de l’insuffisance de la réponse publique face à l’emprise croissante du narcotrafic. Pendant des années, certains quartiers ont été abandonnés aux logiques mafieuses, comme si les drames qui s’y déroulaient ne concernaient pas l’ensemble de la société.

Un drame qui agit comme révélateur

Le cas de Mehdi agit comme un révélateur de cette fracture. La famille insiste : si un jeune homme au parcours sans faute, inséré socialement, entouré, peut être tué de manière aussi absurde, alors personne n’est réellement protégé.

La mobilisation de samedi est pensée comme un acte citoyen, un moment de solidarité, mais aussi comme une tentative de briser l’indifférence. Les organisateurs espèrent d’ailleurs que d’autres rassemblements verront le jour ailleurs en France, même modestes, pour affirmer que “le meurtre de Mehdi doit marquer un tournant”.

Une marche silencieuse, pour une parole collective

La marche se veut silencieuse, sans slogan, sans drapeau, dans l’esprit des grandes marches blanches qui ont marqué l’histoire sociale récente. Le blanc symbolise le deuil, mais aussi la dignité et la volonté de se tenir debout malgré la douleur.

Dans les quartiers populaires de Marseille, où la violence armée fait régulièrement des victimes collatérales, ce type de mobilisation est rare. Elle témoigne d’un ras-le-bol, mais surtout d’une volonté de reprendre la parole autrement que dans la colère.

Vers un débat national ?

Si la mort de Mehdi suscite une telle réaction, c’est aussi parce qu’elle interroge directement la valeur accordée à certaines vies dans l’espace public. Pendant longtemps, les violences dans les quartiers populaires ont été reléguées aux marges du débat national. Ce meurtre pourrait contribuer à briser cette hiérarchie silencieuse.

Pour les proches, les habitants et les associations mobilisées, l’objectif est clair : faire de ce drame une rupture, un point de bascule qui oblige à regarder la réalité en face et à repenser la politique de sécurité, de prévention et de justice.

Mourad Benyahia 

Informations pratiques

Marche blanche pour Mehdi Kessaci

Samedi 22 novembre – 15 h

Rond-point Claudie d’Arcy, 13004 Marseille

Marche silencieuse, sans banderole ni drapeau.

Contact : marcheblanchemarseille@gmail.com

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14e Festival national du théâtre amazigh à Batna : le théâtre, battement de notre identité

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Festival amazigh avec une affiche en arabe
Festival amazigh avec une affiche en arabe

Du 23 au 27 novembre 2025, Batna accueillera la quatorzième édition du Festival national du théâtre amazigh, placée sous le haut patronage du ministère de la Culture et des Arts et supervisée par le wali de la wilaya.

Cette édition rend hommage à Saleh Houch, figure majeure du théâtre amazigh et formateur reconnu, dont l’engagement a profondément marqué la scène kabyle et la formation de jeunes talents.

Pendant cinq jours, le théâtre régional de Batna se transformera en un véritable carrefour culturel où se rencontreront troupes professionnelles, jeunes créateurs et passionnés du spectacle vivant. Le programme prévoit des représentations, ateliers et rencontres, offrant un espace d’expression et de dialogue autour du théâtre amazigh, entre héritage traditionnel et innovations contemporaines.

Sous le thème « Le théâtre, battement de notre identité », le festival met en lumière la langue, la mémoire et les récits amazighs, tout en valorisant la créativité et l’engagement des artistes. Chaque spectacle devient une passerelle entre passé et présent, où se conjuguent histoire, culture et expression artistique.

Parmi les créations marquantes de Saleh Houch, on peut citer : « Yusɛad Boutelefa » (1980), « Ulac el-ḥarqa ulac » (2010), « Taslit Abe Nzzar » (2012), « Tafat d Cfiq ttlam » (2013), ainsi que son rôle dans « La guerre des 2000 ans » et la création de sa troupe Iqililen en 1988. Ces œuvres témoignent de son engagement à explorer des thèmes sociaux, culturels et identitaires, tout en formant et inspirant de nouvelles générations d’artistes.

Cet événement confirme le rôle du théâtre amazigh comme vecteur de mémoire, d’identité et de dialogue culturel, offrant au public un rendez-vous unique où la scène bat au rythme de l’âme amazighe et célèbre l’héritage artistique de Saleh Houch.

Un sérieux bémol tout de même : les organisateurs ne pouvaient-ils dont pas prévoir une affiche en langue amazigh ?

Mourad Benyahia

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Controverse sur la libération de Sansal : Ahmed Attaf minimise l’impact sur les relations algéro-françaises

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Boualem Sansal
Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison, a été gracié il y a quelques jours.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a réagi pour la première fois à la controverse suscitée par la libération de l’écrivain Boualem Sansal, tentant d’en désamorcer la charge politique et d’en minimiser les effets sur les relations entre Alger et Paris.

S’exprimant lors d’une conférence de presse tenue, mardi 18 novembre,  à Alger, M. Attaf a appelé à « ne pas donner à cet homme plus qu’il ne mérite », en référence à la polémique née de son élargissement le 12 novembre. Il a insisté sur le fait que les liens entre l’Algérie et la France sont « plus grands que cette personne », estimant que ce dossier judiciaire ne saurait infléchir la nature du dialogue diplomatique entre les deux pays.

Cette prise de position constitue la première réaction publique d’un haut responsable algérien depuis la remise en liberté de Sansal, incarcéré près d’un an. Elle intervient au moment même où l’écrivain, accompagné de son épouse, était reçu au Palais de l’Élysée par le président Emmanuel Macron.

Cette réception, en plaçant la figure du romancier franco-algérien au centre de l’attention présidentielle, renforçait le message adressé à Alger : si Paris salue la décision algérienne, elle entend également rappeler l’enjeu des libertés — liberté d’opinion, dissidence intellectuelle, droits fondamentaux — qu’elle estime avoir été au cœur de cette affaire.

Dans son communiqué, l’Élysée s’est dit « heureux » de cette libération qualifiée de « moment d’émotion et de joie, rendu possible par une méthode faite de respect, de calme et d’exigence ». Le texte, empreint de finesse diplomatique, salue la dignité et la force morale d’« un grand écrivain » et adresse ses « plus sincères remerciements » à ceux qui ont contribué à ce dénouement, tout en rendant hommage à « la décision prise par le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune de lui accorder sa grâce ».

Dans la foulée, l’Elysée insiste  sur un dénouement heureux de l’affaire du journaliste Christophe Gleizes incarcéré a Tizi-Ouzou et dont le procès pour « apologie de terrorisme » est prévu le 3 décembre prochain à la Cour de justice de la même ville.

Le geste du chef de l’Etat algérien, valorisé par Paris, apparaît comme un signal de détente dans un contexte où les deux capitales cherchent à préserver un processus de dégel engagé depuis plusieurs mois. Ahmed Attaf a d’ailleurs tenu à rassurer sur l’état du dialogue bilatéral, affirmant qu’un « processus de communication » demeure actif malgré les tensions latentes. Il a ainsi tenté de relativiser l’ampleur des répercussions que pourrait engendrer l’affaire Sansal sur la trajectoire des relations algéro-françaises.

Rappel des faits

Boualem Sansal avait été interpellé le 16 novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, après des déclarations accordées au média en ligne d’extrême droite Frontières, jugées attentatoires à l’intégrité territoriale de l’Algérie, notamment concernant l’ouest du pays. Il avait été placé en détention provisoire.

Le 27 mars 2025, le tribunal d’Alger l’a condamné à cinq ans de prison ferme pour atteinte à l’unité du territoire national, une peine confirmée en appel le 1er juillet.

Une libération à dimension diplomatique

La remise en liberté de l’écrivain résulte d’une intervention diplomatique : le président Tebboune a accordé la grâce en réponse à une requête de son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, afin de permettre à Sansal de bénéficier de soins médicaux en Allemagne. 

Aussitôt élargi, Boualem Sansal a quitté l’Algérie pour Berlin avant de rejoindre Paris, où il a été reçu par le président Macron.

Tous ces  faits ont été largement commentés en Algérie,  suscitant des commentaires sur fond de controverse et d’incompréhension sur les réseaux sociaux.

Samia Naït Iqbal

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Le détenu d’opinion Cherif Mellal en grève de la faim

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Cherif Mellal
Cherif Mellal

Après Mohamed Tadjadit, condamné arbitrairement à 5 ans de prison, Chérif Mellal, ancien président de la JSK, a entamé, lui aussi une grève de la faim illimitée le 17 novembre, nous apprend Fetta Sadat, avocate et défenseure des droits humains en Algérie.

« Il est à son premier jour », écrit l’avocate dans un communiqué rendu public sur les réseaux sociaux Il en est à son premier jour.

« Détenu depuis le 19 janvier 2023 pour des accusations qu’il estime infondées, il proteste contre une série d’injustices qui, selon lui, n’ont jamais été prises en considération comme il se doit.

Une plainte pour faux et usage de faux a pourtant été déposée, accompagnée de preuves concrètes mettant en cause des documents figurant dans son dossier et ayant été utilisés pour déclencher les poursuites judiciaires ourdies à son encontre. Malgré la gravité de ces éléments, ladite plainte a été classée et ce à deux reprises, sans aucune instruction ni vérification.

Une grève de la faim n’est jamais un geste facile.

En détention, c’est hélas le seul moyen d’alerter sur une situation qu’on considère profondément injuste.

À ce stade, la demande est simple : que la justice prenne ses responsabilités, instruise les plaintes déposées et examine les irrégularités signalées afin que la vérité puisse enfin éclater », témoigne Me Fetta Sadat qui appelle à la libération de Cherif Mellal et de tous les détenu-e-s d’opinion et politiques.

La rédaction

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