Le 4 décembre est prévue la décision du juge après l’incarcération provisoire du journaliste Saad Bouakba pour atteinte aux symboles de la Révolution. Raison pour laquelle nous revenons sur cette affaire qui, comme toutes les autres, est une tâche dans l’honorabilité de la justice de notre pays.
C’est assez étonnant qu’on me lance souvent à la figure un argument alors que je n’ai même pas dit mon opinion sur le sujet. C’est ce qui s’est passé pour cette triste affaire concernant un journaliste innocent de tout délit.
On me dit « c’est pareil en France ! »,« Pourquoi tu ne critiques pas le droit français qui a la même législation ? »,« Ta haine viscérale pour l’Algérie te fait concentrer sur l’accusation systématique de ton pays ! » et ainsi de suite dans la bibliothèque du parfait adepte de la secte embrigadée.
Pourtant s’ils ne se jetaient pas sur moi avant d’écouter, ils seraient surpris d’entendre de ma bouche que c’est effectivement la même chose en France (comme dans tous les pays à législation à peu près identique) si on ne regardait que le droit dans sa lettre.
La réalité juridique est très contestable en France, elle est irrecevable en Algérie. Voyons la différence entre les deux situations.
En France les lois mémorielles se sont empilées créant ainsi une gêne de plus en plus perceptible au regard de la liberté d’expression.
Pour notre époque contemporaine, le principe qui justifie cette entorse à cette liberté prend essentiellement sa source dans l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) et dans l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC). Ils prévoient que la liberté d’expression peut être limitée par la loi pour protéger certains intérêts légitimes.
Ainsi la loi Gayssot de 1990 réprime pénalement la contestation des crimes contre l’humanité. C’est le cas de la loi Taubira pour l’histoire de l’esclavage et de quelques autres lois.
La loi sur la presse de 1881 avait bien avant prévu dans son article 34 de pénaliser l’injure envers la « mémoire » des morts. En fait en ce domaine la loi a toujours trouvé une échappatoire à la liberté d’expression, ce ne serait pas le fait en lui-même qui est répréhensible mais l’atteinte à la dignité de ceux qui se sentent touchés.
Ce n’est pas la critique du drapeau qui est en cause mais cela peut choquer ceux qui en font un symbole national. Ce n’est pas la critique de la religion qui est en cause mais son effet qui peut heurter les croyants et ainsi de suite.
La critique n’a jamais cessé de la part des historiens, c’est à eux à traduire la réalité de l’histoire, pas à la loi affirment-ils.
Bien entendu que nous pouvons avoir un dégout profond envers ceux qui nient l’existence de la Shoa, qui considèrent que le racisme n’existe pas ou qui portent atteintes aux lieux mémoriels et ainsi de suite.
Mais le ressenti et les propos abjects ne doivent pas être une cause de pénalisation lorsqu’ils ne touchent pas des individus ou des groupes d’individus, vivants et identifiables. L’idéologie, aussi repoussante et dangereuse qu’elle soit, ne peut être interdite et sévèrement contrôlée que lorsqu’elle menace l’ordre public et les citoyens. Ce qui est le cas dans beaucoup d’exemples mais pas dans tous.
J’avais dit que la situation juridique en France est très contestable, je le maintiens. Mais il faut la tempérer par quelques exceptions qui restent encore fragiles dans leur pouvoir à nous convaincre. Ils sont très vagues dans le texte de loi et dans la jurisprudence. Je recommande au lecteur de le vérifier, c’est un véritable récital d’ambiguïtés.
Pour les lois mémorielles algériennes, la légitimité n’est pas seulement contestable mais irrecevable. Tout d’abord un pays qui emprisonne des opposants n’est absolument pas légitime de nous opposer son droit pour juger Saad Bouakba.
D’autre part, si on listait tout ce qui est répréhensible pénalement, il ne resterait pas grand-chose aux langues pour s’exprimer.
On n’a pas le droit de critiquer l’État, ses dirigeants, ses institutions, ses lois, sa religion officielle, ses valeurs (autoproclamées), la mémoire de ses morts, celle des vivants qui pleurent leurs morts, le Raϊ et même le couscous de tata H’lima. (Attention pour ce cas, la sanction serait très lourde pour celui qui s’aventurerait dans ce crime).
Les symboles et la mémoire de la république, c’est un chef d’accusation des plus irrecevables et la mise en incarcération provisoire est un crime et une honte pour les juges qu’ils l’ont décidé.
Ce 4 décembre, si la relaxe est prononcée, nous ne les féliciterons pas ni ne les remercierons. Et si la condamnation est prononcée, nous les confirmerons dans leur honte et leur indignité.
La sélection palestinienne a créé la surprise en s’imposant 1‑0 face au pays hôte, le Qatar, lors du match d’ouverture de la FIFA Arab Cup 2025, lundi soir au majestueux Al Bayt Stadium. Une victoire historique, obtenue dans les arrêts de jeu, qui marque un tournant pour l’équipe palestinienne et fait trembler le favori de la compétition.
Le but décisif est intervenu à la 95ᵉ minute, sur une déviation involontaire du défenseur qatari Sultan Al‑Brake, offrant à la Palestine un succès inattendu mais amplement mérité.
Cet exploit est bien plus qu’une simple victoire sportive : il s’agit de la première victoire de la Palestine en Coupe arabe depuis 59 ans, un délai qui rend ce triomphe encore plus symbolique. Longtemps marginalisée sur la scène footballistique régionale, la sélection palestinienne a su faire preuve d’une discipline remarquable, d’une organisation défensive rigoureuse et d’une cohésion collective exemplaire, face à un adversaire pourtant dominant et largement soutenu par ses supporters.
Durant une grande partie du match, le Qatar a contrôlé le ballon et multiplié les offensives, mais la Palestine a résisté avec courage et sang-froid. Plusieurs occasions franches ont été manquées, mais la vigilance et la concentration des joueurs palestiniens ont payé jusqu’au coup de théâtre final. Ce scénario, improbable au départ, illustre parfaitement la résilience et la détermination de cette équipe, qui a su transformer la pression en énergie positive.
Au-delà du sport, cette victoire revêt une dimension symbolique forte. Pour de nombreux Palestiniens, c’est un moment de fierté et d’espoir, une bouffée d’air dans un contexte marqué par les difficultés et les frustrations. Le football devient ainsi un vecteur d’émotion et de dignité, rappelant que la Palestine peut briller et surprendre sur la scène internationale, malgré les obstacles.
Cette première victoire place la Palestine provisoirement en tête du groupe A et lui offre un avantage psychologique non négligeable pour la suite de la compétition, avec un prochain match décisif face à la Tunisie. Si le chemin reste encore long, cette performance restera gravée dans les mémoires comme un exploit historique, marquant le début d’une nouvelle ère pour le football palestinien et un symbole de persévérance pour ses supporters.
La Palestine, par ce succès éclatant, démontre que le courage, la discipline et la cohésion peuvent renverser les géants, et qu’un simple match de football peut parfois dépasser le cadre du sport pour devenir un moment profondément symbolique.
Pluie et neige attendues en Algérie. Crédit image : DR
Une perturbation atmosphérique d’ampleur est attendue ce mardi 2 décembre, impactant significativement plusieurs wilayas du pays.
Les services météorologiques ont émis un bulletin d’alerte de niveau jaune, signalant l’arrivée de phénomènes intenses : fortes pluies, chutes de neige abondantes en altitude, et des épisodes de vents violents accompagnés de tempêtes de sable dans le Sud et le Hauts-Plateaux.
Les fortes averses concerneront une zone étendue, s’étendant principalement sur le littoral et ses régions intérieures proches. Les wilayas mises en garde sont :
Est : El Tarf, Annaba, Skikda, Jijel, Souk Ahras, Guelma, Tébessa, Oum El Bouaghi, Khenchela.
Intérieur/Sud : Saïda, Naâma, El Bayadh, Tiaret, Tissemsilt, Djelfa, Laghouat, Biskra, Ouled Djellal, El M’Ghair, Touggourt.
Des chutes de neige notables sont prévues, ciblant les reliefs et les plateaux intérieurs. Les wilayas concernées devront anticiper des conditions de circulation difficiles, notamment : Est et Centre : Tébessa, Khenchela, Batna, Tizi Ouzou, Bouira, Médéa, Aïn Defla.
Ouest et Sud : Tissemsilt, El Bayadh, Naâma, Laghouat, Tlemcen. Le Sud et certaines zones intérieures seront touchés par des vents forts, susceptibles de générer des tempêtes de sable (sirocco). Ce phénomène pourrait entraîner une réduction significative de la visibilité et affecter la qualité de l’air. Les wilayas concernées sont : Hauts-Plateaux : M’sila, Djelfa, Laghouat, El Bayadh, Saïda, Naâma. Sud : Ouled Djellal, El M’Ghair, Ghardaïa, Ouargla, El Ménéa. Ouest : Tlemcen, Sidi Bel Abbès.
Les autorités appellent les citoyens des wilayas mentionnées à la prudence et à se conformer aux consignes de sécurité émises par la Protection civile.
Abdelali Hassani Cherif, président du MSP. Crédit image : DR
Qu’est-ce qui pousse les députés du Mouvement de la société pour la paix (MSP) à vouloir légiférer contre les sites internet destinés au public adulte ?
Au-delà de l’initiative, en soi légitime et même attendue dans un espace numérique sans garde-fous, la question renvoie à une constante de la mouvance islamiste algérienne : la volonté récurrente de se poser en gardienne des « valeurs morales » et de régenter les productions culturelles au nom d’une conception restrictive de la morale publique.
La proposition de loi déposée par le député Youcef Adjissa, fin novembre 2026, s’inscrit parfaitement dans ce registre. Présenté comme un texte de « protection des catégories vulnérables », il entend encadrer et bloquer les sites et plateformes diffusant des contenus sexuels explicites. Une première en Algérie, où l’encadrement du numérique reste fragmentaire. Mais l’initiative porte les marqueurs d’une moralisation de la vie publique que le MSP défend depuis sa création.
Un texte technique, un discours idéologique
Dans son exposé des motifs, le député justifie la loi par la « nécessité de protéger les valeurs morales et sociales » face à la prolifération des risques numériques et à l’essor des technologies d’intelligence artificielle. Le registre est classique : associer l’immoralité supposée de certains contenus à des menaces contre l’ordre social pour légitimer une intervention étendue de l’État.
Le texte propose d’ailleurs un arsenal lourd :
– définition large des sites concernés (« atteinte à la pudeur publique »),
– blocage généralisé des plateformes nationales et étrangères,
– responsabilité pénale pour toute facilitation d’accès,
– amendes lourdes pour les entreprises,
– obligation pour les fournisseurs d’accès d’exécuter les décisions administratives.
Sous couvert de régulation, c’est une logique de contrôle renforcé des usages numériques qui s’esquisse. Bonjour aux nouveaux directeurs de conscience!
Un parti qui revendique le rôle de gardien des mœurs
Ce qui interpelle dans cette initiative, ce n’est pas tant la volonté de protéger les mineurs – un objectif qui n’est contesté par personne – que l’inscription du texte dans une vision plus large : celle d’un parti islamiste qui aspire à régenter l’espace culturel au nom d’une « identité » dont il s’érige en interprète exclusif.
Ce tropisme n’est pas nouveau. On se souvient de la virulence des attaques contre le roman Houaria d’Inaam Bayoudh, accusé d’« atteinte aux valeurs morales de la société algérienne ». Plus largement, toute œuvre de fiction – cinéma, littérature, musique – s’écartant de la norme conservatrice est susceptible de devenir la cible de campagnes coordonnées.
Le MSP, comme d’autres formations de la mouvance islamiste, étend régulièrement son discours normatif à l’ensemble de la création artistique. La proposition Adjissa apparaît ainsi moins comme une mesure isolée que comme une étape supplémentaire dans une entreprise politique assumée : fixer les contours de ce qui est moralement acceptable et, en creux, instaurer une police des contenus.
Entre protection de l’enfance et contrôle des imaginaires
La proposition de loi invoque de nombreuses études sur les effets de l’exposition des mineurs aux contenus pornographiques : risques d’addiction, isolement, troubles du comportement, baisse des performances scolaires. Des inquiétudes légitimes, partagées par les experts et les institutions internationales.
Mais le flou volontaire qui entoure la définition des contenus visés et la large marge discrétionnaire accordée aux autorités de régulation soulèvent une inquiétude parallèle : celle d’une extension du champ de la censure, qui pourrait englober toute production jugée « contraire aux bonnes mœurs », selon une appréciation éminemment subjective.
Dans un pays où le débat sur les libertés individuelles reste fragile, l’encadrement du numérique ne peut se réduire à une opération de moralisation. Il devrait s’inscrire dans un cadre juridique clair, transparent, garantissant à la fois la protection des mineurs et la préservation des libertés culturelles et créatives.
Un débat législatif à mener, une vigilance à maintenir
En introduisant le premier texte du genre sur la pornographie en ligne, le MSP ouvre un débat nécessaire. Mais il le fait avec une grille de lecture qui, elle, n’est pas nouvelle : moraliser la société plutôt que renforcer l’éducation numérique, cadrer les usages plutôt que promouvoir la liberté responsable, et élargir le périmètre du contrôle plutôt que clarifier les règles.
L’enjeu dépasse de loin la question des sites pour adultes : il touche à la place accordée à l’individu dans l’espace numérique, à la liberté de création et à la tentation, toujours présente, de faire de la morale un instrument politique.
Au moment où l’affaire du « trésor de guerre du FLN » ressurgit dans le débat public, nous mettons en ligne une vieille enquête journalistique, publiée en 1979 par VSD (pour Vendredi – Samedi- Dimanche) – Un hebdomadaire populaire français de type tabloïd anglais, datant de la dernière semaine d’avril à début mars 1979.
Ce travail d’investigation journalistique très fouillé retrouve une étonnante actualité et remis au goût du jour à la lumière de l’actualité judiciaire algérienne.
L’incarcération du journaliste Saad Bouakba, sur décision du juge du tribunal de Bir Mourad Raïs, pour atteinte à un symbole de la Révolution après une plainte déposée par la fille adoptive de Ben Bella, a brutalement remis en circulation une question longtemps tue : que sait-on réellement de la gestion du trésor du FLN, et du rôle qu’y jouèrent certains dirigeants de la lutte indépendantiste ?
Saad Bouakba affirme que Ben Bella fut, comme d’autres responsables, l’un des bénéficiaires de ce trésor alimenté par les cotisations des travailleurs émigrés, les soutiens de pays arabes et les réseaux clandestins. Que l’on partage ou non cette thèse, il reste que l’affaire du « trésor du FLN » est l’une des plus opaques de l’histoire algérienne, mêlant argent, clandestinité, alliances mouvantes, rivalités mortelles et imbroglio juridique international.
Voici le texte intégral de l’enquête de Philippe Bernet, publiée dans le magazine VSD de 1979, qui demeure à ce jour l’un des récits les plus précis de cette saga politico-financière. Le récit est replacé dans son contexte, organisée en séquences pour en restituer la force narrative.
De l’or, d’étranges trafics, des chasses à l’homme, du sang et des larmes.
L’affaire du « trésor de guerre » du FLN, qui se dénoue cette semaine à Genève, après dix-sept ans de procédures et de chausse-trappes, se présente comme l’un des feuilletons les plus rocambolesques du siècle.
L’État algérien finit par triompher, mais c’est une victoire à la Pyrrhus : le pactole récupéré a fondu comme neige au soleil. Des milliards qui transitèrent sur des comptes secrets, il ne reste qu’une poignée de millions.
La naissance du trésor : Le hold-up de la Poste d’Oran (1949)
Tout commence comme dans un film de la série noire. Pour renflouer les caisses de leur mouvement clandestin et acheter des armes, trois militants algériens, Ben Bella, Mohammed Khider et son beau-frère Aït Ahmed, décident de monter un hold-up contre la poste centrale d’Oran, au printemps de 1949.
Afin de détourner les soupçons, les trois hommes entreprennent de maquiller l’opération : les assaillants sont choisis parmi des militants de type européen, très blonds, habillés avec élégance, et doivent prendre l’accent parisien, se faisant passer pour les hommes de Pierrot le Fou. Ben Bella et Aït Ahmed braquent un médecin, le docteur Moutier, pour subtiliser sa voiture.
Le hold-up se déroule sans anicroche, sauf que Ben Bella, ému, ne s’empare que d’un seul sac postal contenant trois millions, manquant un autre sac renfermant plusieurs dizaines de millions. Au retour, c’est Mohamed Khider, député d’Alger et déjà trésorier de l’organisation secrète, qui compte les billets. Le futur trésor du FLN vient de recevoir son premier apport de fonds.
La police, d’abord déroutée par la piste de Pierrot le Fou, découvre la vérité grâce à un fragment de valise retrouvé dans la voiture volée. La traque commence. Ben Bella est arrêté, puis s’évade de la prison de Blida, et rejoint Khider et Aït Ahmed au Caire.
Croissance du Trésor et Partenaire Financier Suisse
Toujours confié à Khider, le trésor commence à prendre de l’ampleur avec les premiers pétrodollars de l’Arabie saoudite et du Golfe Persique, ainsi qu’avec les cotisations mensuelles exigées de tous les travailleurs algériens en Europe.
La Banque commerciale arabe de Genève devient le partenaire financier numéro un de la rébellion algérienne, dépositaire des fonds destinés notamment aux achats d’armes. Les services secrets français surveillent la banque et trouvent un allié en la personne du procureur fédéral de la Confédération, René Dubois, qui se suicide le 23 mars 1957 après avoir été démasqué comme agent français. C’est le premier mort de toute une série tragique.
L’Imbroglio juridique post-indépendance (1962)
L’affaire du trésor s’embrase au lendemain de l’indépendance algérienne. Le pouvoir sépare Ben Bella et Khider. Ben Bella veut une république socialiste autoritaire, ayant écarté le dirigeant légal Benkhadda. Khider, en tant que secrétaire général du bureau politique, exige la convocation d’un congrès. Il bénéficie de la confiance des « frères » qui ont fait de lui le grand argentier du régime.
Le 18 octobre 1962, Khider ouvre un nouveau compte à la Banque commerciale arabe, dirigée par ses amis Zoheir Mardam Bey (Syrien) et François Genoud (Suisse). Sur ce compte, il verse une somme estimée à plus de six milliards de francs français, toute la fortune du nouvel État algérien.
Khider sera le seul à disposer de la signature, sur un compte personnel établi à son seul nom, sans mentionner le parti FLN ni le gouvernement algérien. Juridiquement, le trésor appartient à l’État, mais Khider en est l’unique bénéficiaire privé. Cette situation ahurissante s’explique par le fait que, légalement, le régime Ben Bella, issu d’un coup de force contre Ben Khedda, n’existait pas. Seul un notable au passé politique solide comme Khider, ancien parlementaire français, pouvait mettre les fonds à l’abri en Suisse.
Le conflit et la chute de Khider
L’union des anciens compagnons du hold-up d’Oran prend fin. En avril 1964, Ben Bella crée un nouveau bureau politique à sa dévotion, excluant Khider. Il nomme aussitôt un nouveau trésorier, Aït Hocine, chargé de récupérer les fonds à Genève. La Banque commerciale arabe refuse : « Je suis au regret, mais nous ne connaissons ici que M. Khider ! »
Khider refuse de restituer l’argent, déclarant publiquement le 7 juillet 1964 : « Ce trésor du FLN, je le mets à la disposition de l’opposition algérienne, car je considère Ben Bella comme un usurpateur. » Pour préserver les fonds, il les transfère sur d’autres comptes encore plus secrets en Suisse et en Allemagne de l’Ouest, les utilisant pour ravitailler en armement et vivres son beau-frère Aït Ahmed qui a pris le maquis en Kabylie contre Ben Bella.
La révolte kabyle s’effondre et Aït Ahmed est condamné à mort. Ben Bella offre alors à Khider le pardon et la libération de tous les détenus politiques, y compris Aït Ahmed, en échange de la restitution du trésor.
Khider refuse : « Je ne traite pas avec un gouvernement illégal. » Il prophétise la fin de Ben Bella : « Oui, l'armée soutient Ben Bella comme la corde soutient le pendu ! »
Deux mois plus tard, Ben Bella est renversé par l’armée, et Aït Ahmed s’évade et se réfugie en Europe.
Le nouveau dirigeant, Boumediene, n’a pas les scrupules de Ben Bella. Il part de l’idée simple que si Khider disparaît, le trésor reviendra automatiquement à l’État algérien.
Dans la soirée du 3 janvier 1967, à Madrid, Mohamed Khider est abattu de trois balles et d’un coup de grâce à la tempe par un inconnu, sous les yeux de sa femme et de son cousin.
La guerre judiciaire et la mort mystérieuse de Me Bouquet
Malgré l’assassinat de Khider, l’affaire du trésor n’est pas réglée. Khider avait pris des mesures faisant de sa femme et de son beau-frère Aït Ahmed ses exécuteurs testamentaires. De plus, Boumediene découvre que Khider avait racheté les actions de la banque, le rendant majoritaire aux deux tiers du conseil d’administration de la Banque commerciale arabe. Officiellement, c’était une banque suisse, mais indirectement, elle appartenait à l’Algérie, ce que Boumediene apprend par hasard.
Boumediene doit continuer à plaider. L’Algérie lutte contre un adversaire particulièrement coriace, l’avocat parisien Me Luys Bouquet, spécialiste du droit international et vieil ami de Khider, qui connaît à fond l’affaire et les dépôts de personnalités algériennes.
Le dimanche 6 mai 1973, Me Bouquet est retrouvé mort dans son bureau, une arme à la main, la thèse officielle étant le suicide.
Le choc de la mort mystérieuse de Me Bouquet est davantage ressenti en Suisse. Le tribunal fédéral de Lausanne, Cour suprême du pays, déboute Boumediene à l’unanimité et dans des termes catégoriques.
Contre les avocats algériens qui plaident que Khider est devenu un simple politique, la cour estime que le contrat bancaire signé lors de l’ouverture du compte ne fait mention d’aucune représentation, que Khider y apparaît comme titulaire et unique personne habilitée à disposer des fonds.
Alger est condamné aux dépens : un demi-million de francs suisses
Se sentant ridiculisé, Boumediene rappelle son ambassadeur de Berne et mijote un procès contre la Confédération. Les avocats algériens, controuvés, demandent aux autorités helvétiques pourquoi elles n’ont rien dit sur la détention de la banque par Khider. Réponse des Suisses : « C’est parce que vous ne nous l’avez pas demandé ! »
Écœuré, Boumediene parle de rompre toutes relations diplomatiques avec la Suisse. Après sa mort, son successeur Chadli enterre la hache de guerre.
Les négociations aboutissent : le clan familial Khider renonce à ses droits. L’Algérie hériterait de sa banque et du reste des fonds, soit environ deux millions et demi de francs suisses.
Le pactole de milliards a fondu comme neige au soleil, laissant une « poignée de millions », la fin d’un feuilleton de dix-sept ans de procédures.
Conclusion de la rédaction, sous forme de postface
L’histoire du « trésore de guerre du FLN » n’est pas simplement une affaire de détournement de fonds ou de querelle d’État ; c’est une véritable tragédie politique et judiciaire qui met en lumière les mœurs impitoyables des luttes post-coloniales.
Ce récit commence par un acte de nécessité révolutionnaire — le hold-up d’Oran — et se termine, dix-sept ans plus tard, par une issue amère. Ce qui devait être le nerf de la guerre d’indépendance, un pactole estimé à des milliards, a été consumé par les guerres intestines pour le pouvoir.
L’élément central et le plus ironique de cette saga réside dans la figure de Mohamed Khider. Contraint par l’illégalité du nouveau régime de Ben Bella, il fut à la fois le sauveur et le gestionnaire légal mais controversé de la fortune nationale.
En établissant un compte privé en Suisse, il a protégé le trésor contre les aléas d’un pouvoir chancelant, mais a simultanément créé l’imbroglio juridique sans précédent qui allait justifier son assassinat et le maintien des fonds hors de portée d’Alger.
La réponse des autorités suisses — « C’est parce que vous ne nous l’avez pas demandé! » — résume l’impuissance de l’État algérien face à la souveraineté bancaire helvétique et aux mesures prises par un homme seul. Les meurtres de Khider et de son avocat, Me Bouquet, témoignent de la brutalité avec laquelle les protagonistes ont tenté d’écourter le débat judiciaire, échouant finalement devant la froide logique des tribunaux suisses.
La victoire finale d’Alger, bien que reconnue par la justice, fut une victoire à la Pyrhus . Le fonds récupéré — une poignée de millions seulement — ne fut qu’un résidu symbolique de l’immense fortune de départ. L’issue de cette affaire rappelle que, dans la géopolitique post-indépendance, les secrets financiers peuvent conférer un pouvoir plus grand encore que celui des gouvernements, et que parfois,les banques et les juges helvétiques ont plus de pouvoir sur le destin des nations que les chefs d’État eux-mêmes.
Près d’un demi-siècle après sa publication, cette enquête résonne avec une actualité brûlante. En Algérie, le passé ne cesse de refaire surface, souvent par l’irruption de dossiers que l’on croyait enterrés. L’affaire Bouakba n’est qu’un symptôme : elle montre combien la gestion du trésor du FLN, les zones d’ombre de la période fondatrice et les rivalités d’alors continuent de structurer — et parfois d’empoisonner — le présent.
L’enquête de 1979, relue aujourd’hui, n’accuse personne : elle raconte une histoire. Mais cette histoire, elle, demeure encore explosive.
Ce que ne dit pas cette histoire toutefois c’est que l’ensemble des documents donc les fonds ont été restitués par la veuve de Khider au pouvoir algérien. Et l’Algérie a hérité chose rare d’une banque en Suisse (BCA).
Rencontre avec Nazim Mekbel à la librairie L’Île des Mots
La librairie L’Île des Mots (Marseille) accueille le 5 décembre 2025 à 18h30 une rencontre exceptionnelle avec Nazim Mekbel, autour de son ouvrage Saïd Mekbel, chroniques d’une vie (1963-1994).
Cet ouvrage ne se limite pas à la réédition des chroniques de Saïd Mekbel, membre fondateur et ancien rédacteur en chef du Matin (interdit par Bouteflika en 2004). Il rassemble également des manuscrits inédits, rédigés à l’automne 1994, où le journaliste analyse la situation du pays, les méthodes du FIS et des groupes terroristes, et raconte son quotidien menacé de mort. On y trouve aussi photos, caricatures et notes manuscrites intégrées par son fils pour contextualiser et prolonger la voix de son père.
Physicien devenu journaliste par conviction, Saïd Mekbel signa plus de 1 500 billets sous les pseudonymes d’El Ghoul puis Mesmar J’ha, combinant satire, lucidité et engagement. Comme il l’écrivait :
« Mon pays a plus besoin d’un journaliste que d’un physicien ».
Cette rencontre sera un moment de mémoire, de transmission et d’éclairage sur l’histoire récente de l’Algérie, invitant les jeunes générations à redécouvrir la voix d’un journaliste qui refusa de se taire.
La scène médiatique tunisienne connaît une nouvelle secousse. À l’appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), un rassemblement est organisé ce mardi devant la Cour d’appel de Tunis pour soutenir la journaliste Chadha Hadj Mbarek, condamnée en première instance à cinq ans de prison dans l’affaire Instalingo. Une affaire devenue, pour beaucoup, le symbole d’un climat répressif visant la presse indépendante.
Un rendez-vous de solidarité qui dépasse la corporation
Le SNJT a choisi un moment clé : l’examen du dossier en appel. Dès 9h30, journalistes, militants des droits humains, syndicalistes, mais aussi simples citoyens, sont appelés à se rassembler pour exiger la libération immédiate de Chadha Hadj Mbarek et l’abandon des charges qui pèsent sur elle.
Pour le syndicat, l’enjeu dépasse le cas individuel : « La condamnation de notre collègue relève d’une instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix professionnelles critiques », affirme l’organisation.
Selon le SNJT, le travail de Hadj Mbarek au sein de la société de production Instalingo appartient entièrement à l’activité journalistique, loin des accusations de complot, d’atteinte à la sécurité de l’État ou de diffusion de fausses nouvelles avancées par les autorités.
L’affaire Instalingo, turning point d’une dérive autoritaire
Depuis plus de deux ans, l’affaire Instalingo polarise la société tunisienne. Plusieurs journalistes, blogueurs, influenceurs, avocats et personnalités publiques y ont été arrêtés ou poursuivis.
Pour les défenseurs des libertés, ce dossier s’est progressivement transformé en machine judiciaire visant à intimider les voix dissidentes.
La condamnation de Chadha Hadj Mbarek en février 2025 avait suscité une vague d’indignation nationale et internationale. La Fédération internationale des journalistes (FIJ), Reporters sans frontières (RSF) et de nombreuses ONG ont dénoncé « une répression sans précédent depuis 2011 », pointant particulièrement l’usage du controversé décret-loi 54, souvent mobilisé pour sanctionner des contenus jugés critiques envers les autorités.
Une justice sous pression, une profession en première ligne
Le rassemblement annoncé traduit un malaise profond : la crainte d’un recul durable de la liberté de la presse en Tunisie, pays longtemps considéré comme l’un des rares espaces médiatiques pluralistes de la région.
Les journalistes tunisiens sont désormais confrontés à un double danger : la judiciarisation du travail journalistique et la criminalisation de la critique politique.
Dans ce contexte, la mobilisation du SNJT apparaît comme une tentative de défendre les derniers espaces d’expression encore ouverts. « Le procès de Chadha est aussi le procès de notre métier », affirment plusieurs journalistes tunisiens engagés dans la campagne de solidarité.
Un appel qui résonne au-delà de la Tunisie
L’affaire Chadha Hadj Mbarek trouve un écho particulier en Algérie, où les questions de liberté d’expression et de protection des journalistes restent sensibles.
Pour les observateurs algériens, la situation tunisienne illustre l’urgence de défendre les droits fondamentaux dans la région et de rester solidaires des professionnels visés pour leur travail d’information.
Ce qui se joue aujourd’hui à Tunis
Le rassemblement de ce mardi ne changera peut-être pas à lui seul l’issue judiciaire du dossier. Mais il rappelle une chose : la liberté de la presse, en Tunisie comme ailleurs, demeure un fragile équilibre, constamment menacé.
Pour le SNJT et ses partenaires, la bataille pour Chadha Hadj Mbarek est aussi celle pour l’avenir de toute une profession — et, au-delà, pour le droit du public à être informé librement.
À quatre mois du premier tour des municipales de 2026, la campagne à Marseille se complexifie. Martine Vassal, présidente de la Métropole et candidate de droite, a récemment laissé planer la possibilité d’une alliance avec le Rassemblement national (RN) pour un second tour.
Une déclaration évasive qui a déclenché une vague de réactions et relancé le débat sur les stratégies de la droite dans une ville où le scrutin s’annonce serré.
Lors d’une interview sur Sud Radio le 1er décembre, interrogée sur d’éventuelles négociations avec le RN après le premier tour, Vassal a répondu : « On verra à ce moment-là. » Franck Allisio, candidat RN, s’est immédiatement emparé de cette ambiguïté et a interprété la déclaration comme un soutien implicite : « Je sais à présent que Martine Vassal appellera à voter pour moi au second tour. » À l’inverse, Benoît Payan, maire sortant et candidat DVG, a dénoncé cette posture, la qualifiant de « manœuvre électorale dangereuse » pour l’équilibre politique de la ville. Le parti Renaissance, allié traditionnel de la droite, s’est montré prudent et interrogatif face à cette ouverture implicite.
Depuis plusieurs mois, Martine Vassal tente de séduire l’électorat RN en évoquant des points de convergence sur la sécurité et l’immigration. Dans une ville où ces thèmes sont au cœur des préoccupations citoyennes, cette stratégie vise à élargir sa base électorale. Toutefois, elle expose sa campagne à des critiques sur l’opportunisme et sur l’éthique de ce rapprochement. Comme le souligne un analyste politique local : « À Marseille, jouer sur le flou avec le RN peut rapporter quelques voix, mais cela risque aussi de coûter la confiance d’électeurs plus modérés. »
Le contexte marseillais rend cette situation particulièrement sensible. Ville aux contrastes socio-économiques marqués et à l’histoire politique complexe, Marseille a longtemps été un laboratoire d’alliances fluctuantes et de rivalités exacerbées. Toute ouverture au RN est immédiatement scrutée et commentée par les médias, les électeurs et les acteurs politiques. Chaque mot, chaque nuance devient un signal politique susceptible de peser sur les équilibres électoraux.
Les sondages récents confirment une situation serrée : Benoît Payan et Franck Allisio apparaissent au coude-à-coude au premier tour, tandis que Martine Vassal, avec 20–25 % des intentions de vote, reste en troisième position. Dans un scénario de triangulaire ou de quadrangulaire, la question des alliances et des reports de voix pourrait devenir décisive.
Pour certains observateurs, la posture de Vassal traduit une volonté stratégique : conserver toutes les options ouvertes et maximiser ses chances de présence au second tour. Pour d’autres, elle révèle les fragilités d’une campagne hésitante et d’une candidate qui peine à se positionner clairement face à ses électeurs et à ses alliés.
Marseille, historiquement bastion du centre-gauche, se retrouve aujourd’hui confrontée à une recomposition politique majeure. La montée du RN, les tensions au sein de la droite et l’incertitude sur les alliances redéfinissent les rapports de force. Dans ce contexte, chaque déclaration compte, chaque mouvement stratégique est scruté et chaque voix électorale pourrait faire basculer l’issue du scrutin.
En définitive, la déclaration de Martine Vassal sur le RN illustre autant sa volonté d’élargir son électorat que les risques liés à l’ambiguïté politique. Alors que la campagne municipale se poursuit, Marseille reste suspendue au moindre signal, dans un suspense électoral qui pourrait peser lourd sur les résultats de 2026.
L’ENEL Azazga acquise par le groupe Sonelgaz. Crédit image : DR
Le ministre de l’Energie et des Energies renouvelables, Mourad Adjal a annoncé ce lundi à Tizi-Ouzou, l’acquisition par le groupe Sonelgaz, de l’entreprise Electro-industries (ENEL) d’Azazga, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation des transformateurs de distribution et des moteurs électriques.
La décision a été prise par les pouvoirs publics, il y a 3 mois, sur proposition du groupe Sonelgaz qui deviendra propriétaire de l’ENEL à 100%, à partir du premier trimestre de l’année prochaine, 2026, a indiqué M. Adjal lors d’une visite de travail à Tizi-Ouzou.
Cette décision «vient à point nommé conforter la vision stratégique des pouvoirs publics en matière d’énergie, qui ambitionne de conquérir des marchés à l’international, notamment, sur le continent africain», a-t-il relevé, citant les marchés déjà conclus avec la Mauritanie, le Nigéria et ceux, en cours de discussion, avec le Sénégal.
M. Adjal qui a salué les performances réalisées par l’ENEL lors de ces deux dernières années, a indiqué que ces performances «ont permis de réduire de plus de 60%» la facture d’importation en matière d’équipements électriques. Dans le même sillage, il a indiqué que 90% des besoins en matière d’équipements électriques du marché national sont produits au niveau local.
Le ministre s’est, en outre, enquis lors de sa visite, de l’avancement du projet de partenariat entre le groupe Sonelgaz, Electro Industries et l’entreprise indienne Vijay Electric Limited pour la fabrication de transformateurs électriques à haute tension.
Le projet, d’un montant de 4,7 milliards DA, a été lancé en 2018 et devant permettre la création de 358 emplois permanents, mais qui a connu des retards dans la réalisation, à cause, notamment, de la pandémie sanitaire de la Covid-19 et du non-respect de leurs engagements par les entreprises réalisatrices.
Le ministre a, à l’occasion, instruit les responsables du projet pour sa livraison à l’horizon du premier trimestre 2027 et l’ouverture du recrutement à partir du deuxième semestre de l’année prochaine, 2026.
Lors d’une rencontre avec les autorités locales, tenue dans le cadre du programme de la visite, le ministre a pris plusieurs engagements et annoncé une série de mesures visant à améliorer le cadre de vie des populations locales.
Il s’agit, notamment, de l’octroi d’une enveloppe financière supplémentaire conséquente dédiée à l’électrification rurale, afin de soulager une partie importante des 35.000 foyers encore non raccordés au réseau électrique et des 11.000 au gaz, au niveau de la wilaya.
M. Adjal a également instruit les responsables locaux du secteur pour l’amélioration des délais de traitement des dossiers pour procéder à plusieurs travaux, dont le déplacement des lignes liées aux projets d’investissement et l’ouverture de nouvelles agences à travers plusieurs daïras non encore couvertes.
Un système tyrannique en Tunisie. Crédit image : DR
Le Conseil de l’Ordre national des avocats de Tunisie a publié, le samedi 29 novembre 2025, un communiqué dénonçant la sévérité des peines prononcées dans le cadre de l’affaire criminelle en appel n°44250, connue sous le nom de « l’affaire du complot ».
Les jugements rendus par la Cour d’appel de Tunis lors de la séance du 27 novembre ont infligé des peines allant de dix à quarante-cinq ans de prison pour les détenus, et de cinq à trente-cinq ans pour les prévenus en liberté, avec des sanctions financières et la confiscation de leurs biens. Le Conseil des avocats estime ces peines « excessives et inacceptables ».
Dans son communiqué, l’Ordre souligne que ces décisions ont été prises malgré l’insistance de la défense et du Conseil pour garantir les droits des accusés. Les avocats avaient notamment contesté la tenue de la procédure à distance, non conforme à la loi et refusée par les prévenus, et avaient demandé que les détenus puissent être présents physiquement pour contester les preuves et présenter leur défense. Selon l’Ordre, les accusés n’ont pas eu accès à l’ensemble des pièces du dossier, et les procédures préalables au jugement se sont déroulées sans interrogatoires, sans débats et sans audience, empêchant les accusés d’exercer leur droit à être entendus.
Le Conseil des avocats a également dénoncé le rejet injustifié de demandes de récusation formulées contre certains membres de la juridiction, et a affirmé que la Cour avait persisté dans sa décision sans examiner les arguments de la défense. L’Ordre estime que ce processus constitue une violation flagrante du droit tunisien et du droit à un procès équitable, imputant la responsabilité de la situation à l’administration de la justice, qui a refusé de compléter la composition du Conseil supérieur provisoire de la magistrature.
Le communiqué réaffirme le soutien total aux avocats et aux autres prévenus pour avoir exercé leur droit à la différence politique, et appelle les autorités à mettre fin à ces procédures et à libérer les détenus. L’Ordre insiste sur le fait que le rôle d’un pouvoir judiciaire indépendant est de garantir l’application de la loi dans le respect de l’équité et de l’égalité, et non de régler des différends politiques.
Ces condamnations ont provoqué une large indignation dans les milieux politiques et de la société civile. La coalition d’opposition Jabhat al-Khalas (Front du salut national) a dénoncé le jugement comme injuste et entaché d’une farce judiciaire, affirmant que le véritable complot révélé par l’affaire est celui de l’autorité sur l’opposition politique. Selon la coalition, ce sont les manipulations du pouvoir judiciaire, et non l’action des opposants ou des associations civiles, qui portent atteinte à la réputation de la Tunisie.
Par ailleurs, certains observateurs notent que des peines ont été confirmées ou alourdies pour les prévenus en fuite, tandis que des mesures financières et la confiscation de leurs avoirs ont été appliquées. Ces décisions interviennent dans un contexte de tension politique et de contestation de l’indépendance judiciaire, renforçant le débat sur l’état du droit et de la démocratie en Tunisie.
Le Conseil des avocats conclut son communiqué en affirmant sa volonté de continuer à défendre les droits et libertés fondamentales de tous les Tunisiens, en collaboration avec la société civile, en insistant sur la nécessité de garantir le droit à un procès équitable et à une défense pleine et entière.
Au tribunal de Tizi-Ouzou (Kabylie, Algérie) Christophe Gleizes avait demandé la « clémence » de la justice algérienne. Appelé à la barre, il avait demandé « pardon »,...
Au tribunal de Tizi-Ouzou (Kabylie, Algérie) Christophe Gleizes avait demandé la « clémence » de la justice algérienne. Appelé à la barre, il avait demandé « pardon »,...
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