4.9 C
Alger
Accueil Blog Page 2

Financement libyen : la justice française libère le Franco-Algérien Alexandre Djouhri

0
Alexandre Djouhri
Alexandre Djouhri était le dernier prisonnier dans le cadre du procesdu financement libyen.

Dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré, la cour d’appel de Paris a accepté mercredi 10 décembre de libérer Alexandre Djouhri sous contrôle judiciaire.

Homme d’affaires franco-algérien, Alexandre Djouhri a été condamné à six ans de prison avec mandat de dépôt en septembre dernier pour son rôle d’intermédiaire dans l’affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007.

Alors que l’intermédiaire avait déjà émis une première demande de mise en liberté en octobre, elle avait été rejetée début novembre. Pour la cour d’appel de Paris, le risque de fuite à l’étranger, notamment, était trop important.

La deuxième tentative d’Alexandre Djouhri aura donc été la bonne : la Cour d’appel a donné son feu vert à une libération, malgré les réquisitions du parquet général, les magistrats pointant particulièrement la double nationalité du prévenu et donc la possibilité d’un départ vers l’Algérie. D’autant plus que la coopération judiciaire avec la France demeure fragile.

Mais cette libération n’est que partielle : Alexandre Djouhri demeure sous contrôle judiciaire. Selon son contrôle strict, il est interdit de de sortir d’Île-de-France, de s’absenter de son domicile entre 8h et 20h, ainsi que de tout contact avec les autres prévenus. Il a également l’interdiction de mener une activité d’intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d’emprisonnement avec mandat de dépôt : l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer. L’ex-chef de l’État a été incarcéré 20 jours à la prison de la Santé, avant d’obtenir sa libération auprès de la cour d’appel. Wahib Nacer, condamné à une peine de quatre ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a pareillement été libéré de prison.

Selon son avocat cité par l’Agence France-Presse, Alexandre Djouhri quitte la prison de la Santé après moins de deux mois derrière les barreaux : c’est donc en homme libre qu’il comparaîtra au procès en appel du financement libyen, prévu du 16 mars au 3 juin – comme tous les autres prévenus de cette affaire. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.

Avec RFI

- Publicité -

Peur sur la Kabylie !

27
Kabylie.
La Kabylie. Crédit photo : Mahdy Aridj

À quelques jours de la déclaration d’indépendance de la Kabylie, les réseaux sociaux s’emballent et sont inondés de commentaires incendiaires, souvent frisant l’insulte, entre les partisans du « pour » et ceux du « contre ». Jamais autant d’invectives remplies de hargne n’a atteint tel niveau de haine. Tout le monde semble pressé d’en découdre, quitte à affronter l’autre sur des terrains de combat de guerre.

C’est un véritable vent de folie qui souffle sur nos compatriotes, tant il est vrai que les enjeux sont immenses.

Quels arguments sont utilisés par les uns et les autres pour tenter de convaincre et d’imposer leur vision des choses pour rallier à leur cause ?

Pour les indépendantistes, depuis la nuit des temps, la Kabylie a toujours été occupée par des envahisseurs venus du bout du monde, sauf les derniers en date qui étaient aux aguets à nos frontières en attendant que l’armée française fasse ses valises. Cette armée des frontières avait envahi le pays de façon aussi, voire plus féroce que ceux qui étaient venus de contrées lointaines. Cela est une vérité que personne ne peut nier ou renier.  La suite est connue de tous.

Toujours pour les indépendantistes, il est plus que temps d’arracher la liberté telle que rêvée par les anciens et prendre enfin notre place dans le train d’un monde civilisé qui avance à toute vitesse.

Bien évidemment, pour les autonomistes, il ne s’agit pas de s’affranchir de nos frères arabophones mais de la tutelle dictatoriale de l’armée et de ses zélés serviteurs.

Pour ceux qu’on appelle les « Algérianistes », la formule consacrée est : « Pas d’Algérie sans la Kabylie, et pas de Kabylie sans l’Algérie ». À cet égard, les « khawa-khawa », scandés à tue-tête aux quatre coins du pays, étaient porteur de mille et un espoirs.

Oui, comme l’écrasante majorité, nous avons été séduits par cet élan de solidarité et ces grandes marches desquelles fusaient des slogans magnifiques tels que « Tizi-Ouzou, bravo aâlikoum, El-Djazaïr, teftakher bikoum ! », « Casbah, Bab-el-oued, Imazighen ». Même mon beau père, paix à son âme, en était joyeux et n’hésitait pas à le montrer du haut de ses 88 ans, lui qui avait quitté sa Kabylie natale à l’âge de douze ans pour aller tenter l’aventure dans la capitale. Il se sentait enfin chez lui dans cet Alger jadis hostile à tout ce qui rimait avec Kabyle.

Pendant des semaines c’était la même fougue et le même émerveillement ! Des mois de marches hebdomadaires et aucun dépassement, de quel ordre que ce soit, n’avait été signalé. Le peuple algérien venait de démontrer au monde son pacifisme. Celui de la sagesse de nos ancêtres qui préféraient rester vivants en escaladant collines et montagnes que d’affronter des hordes sauvages venues d’ailleurs pour nous imposer par toutes sortes d’épées leur vision erronée du monde.

C’est pour cela, nous le souhaitons ardemment, que toutes ces marches annoncées soient conformes à l’esprit « Hirak » ! Si c’est le cas, nous pourrons nous targuer du qualificatif de peuple civilisé. Dans le cas contraire, la dictature sévira davantage, au grand bonheur des militaires. D’ailleurs, il ne serait pas étonnant que le pouvoir fasse infiltrer les manifs à venir par leurs fidèles baltaguias pour casser la dynamique pacifique et tirer les marrons du feu. Comme d’habitude. 

Il ne serait pas étonnant, non plus, qu’on nous invente un nouveau Cap Sigli, comme du temps de Boumediene.

En attendant, c’est une peur jamais égalée qui s’abat sur la Kabylie, car nul ne peut l’ignorer, c’est là que se joue la suite de ce tournant décisif de notre histoire. Car qu’on le veuille ou non, le destin de l’Afrique du Nord, dont celui de la Kabylie, dépendra de la sagesse de ses enfants.

Il vous appartient, nous appartient à tous de démentir la citation : « Celui qui cherche la sagesse est un sage, celui qui croit l’avoir trouvée est un fou. » Où qu’elle se cache, cherchons-la !

Kacem Madani

- Publicité -

Algérie–Irak : les Fennecs terminent premiers et filent en quarts

0
Algérie Irak
Après son match face à l'Irak, l'Algérie qualifiée aux quats de finale.

Au stade international Khalifa, l’Algérie a livré un match intense et maîtrisé, ponctué de moments spectaculaires et de rebondissements. Dès la 2ᵉ minute, l’Irak est réduit à dix après l’expulsion d’Al Saedi pour une semelle sur Yacine Brahimi. Un carton rouge direct qui place immédiatement les Fennecs en position de force.

Les Algériens prennent le contrôle du jeu et dictent le rythme. Sur un coup franc, Tougai est accroché dans la surface, mais le VAR annule la décision de penalty pour hors-jeu. Malgré cette frayeur, l’équipe nationale reste concentrée et patiente. Juste avant la pause, un coup franc frappé par Yassine Benzia trouve Redouane Berkane au premier poteau, qui dévie le ballon vers Tougai. La reprise instantanée du défenseur est validée après consultation de la VAR (1‑0, 45+1ᵉ).

Le début de seconde période est fatal aux Irakiens. Yacine Brahimi, par un mouvement individuel, élimine son vis-à-vis et centre fort. Talib dévie sur son capitaine Natiq, qui marque contre son camp (2‑0, 47ᵉ). Ce but du break permet à l’Algérie de contrôler le reste de la rencontre.

Malgré plusieurs tentatives et changements, les Irakiens ne parviennent jamais à mettre Chaal en danger, qui s’illustre par des interventions décisives en fin de match. La victoire 2‑0 offre à l’Algérie la première place du groupe D et la qualification pour les quarts de finale.

Vendredi à 18h30, les Fennecs affronteront les Émirats arabes unis, forts de cette performance solide et d’une maîtrise tactique qui n’a jamais faibli, même dans les instants de tension. Cette rencontre restera comme un exemple de patience, de discipline et d’efficacité dans le jeu des Algériens, capables de transformer rapidement un avantage numérique en résultat concret 

Djamal Guettala 

- Publicité -

Algériens bloqués en Tunisie : un hiver inattendu pour des vacances contrariées

1
1400 Algériens bloqués.
1400 Algériens bloqués.

Ils avaient imaginé quelques jours de détente au bord de la mer, loin de la grisaille et du vent froid qui balaient Alger en décembre. Mais pour près de 1 400 Algériens, l’escapade tunisienne s’est transformée en attente prolongée, stress et frustration.

Depuis quelques jours, les bus touristiques en direction de la Tunisie ne peuvent plus circuler sans récupérer une autorisation de transport internationale, une mesure longtemps restée théorique et désormais appliquée de manière brutale.

Pour les agences de voyages, le choc est rude. Aucune alerte préalable, aucune communication : tout le monde a été pris de court. Les bus étaient déjà sur la route ou prêts à partir, les voyageurs avaient payé leurs acomptes, parfois jusqu’à 30 % du prix des séjours, et certains contrats interdisent même le remboursement. En plein hiver, avec vent et pluie, cette situation ajoute au désarroi de ces touristes qui espéraient passer les fêtes de fin d’année en Tunisie.

À Tunis, l’hiver se fait sentir. Les familles grelottent sur leurs valises dans les halls d’hôtels, en manteaux et écharpes, attendant des bus qui ne franchiront pas la frontière. Les jeunes s’abritent sous les auvents, les regards vers la route bloquée, tandis que des hôtels débordés tentent de gérer la situation. « Nous pensions trouver un climat plus doux, mais ici aussi le vent et la fraîcheur nous rappellent que nous ne pouvons pas rentrer immédiatement », confie une touriste, fatiguée et inquiète.

Pour Maher Hamour, président de l’Organisation algérienne du tourisme, la mesure est nécessaire sur le principe : elle vise à encadrer le transport touristique et à limiter les intermédiaires non autorisés. Mais sa mise en œuvre soudaine crée un chaos logistique inédit. Les agences réclament désormais des solutions rapides : délivrance accélérée des licences, autorisations temporaires, ou exemption pour les bus déjà programmés.

Entre pertes financières, frustration des voyageurs et absence de communication des autorités, cette situation illustre la fragilité du tourisme face à des décisions administratives abruptes. Et pour ces Algériens, l’hiver tunisien, déjà frais et humide, devient une épreuve inattendue, transformant un voyage censé être une évasion en un épisode de confusion, de stress et d’attente interminable.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

Chômage en Algérie : quand le discours officiel verse dans le « mentir vrai »

0
Jeunes chômeurs.
Le chômage est tu par les autorités en Algérie. Crédit photo : DR

En déclarant qu’ »il n’existe presque pas de chômage en Algérie », le ministre du Travail, Abdelhak Saihi, a relancé le débat sur la crédibilité des indicateurs publics. Cette saillie renseigne sur les acrobaties verbales et les enfumages dont use le régime pour mentir à la population.

Soyons concis. Si certains chiffres montrent une amélioration réelle, la lecture qu’en fait le gouvernement reste partielle et contraste avec les données consolidées de l’ONS.

Un optimisme ministériel fondé sur une vérité incomplète

Lors d’une conférence consacrée à la prime de chômage, Abdelhak Saihi a mis en avant l’effort budgétaire important consacré au dispositif : plus de 400 milliards de dinars par an, pour 1,9 million de bénéficiaires, majoritairement des femmes et des personnes non qualifiées.

Il a également souligné la création de 1,8 million d’emplois depuis 2020, ainsi que la montée en puissance du secteur privé, qui assure près de 48 % des opportunités d’embauche.

Pris isolément, ces éléments traduisent un volontarisme réel. Mais ils ne suffisent pas à soutenir l’idée que le chômage serait devenu résiduel.

Les chiffres révisés de l’ONS offrent une image plus nuancée

L’Office national des statistiques a récemment révisé les résultats de son enquête d’octobre 2024. Le taux de chômage national est désormais fixé à 9,7 %, contre une estimation initiale de 12,7 %.

L’ONS explique cette rectification par des ajustements méthodologiques et par l’intégration de créations d’emplois non prises en compte lors du premier sondage.

Malgré cette révision à la baisse, le chômage reste bien réel : près de 1,76 million de personnes étaient en recherche d’emploi selon l’estimation initiale, 450 000 emplois ont été créés en 2024, le taux d’activité demeure faible (41,7 % de la population de 15 ans et plus), avec de forts écarts entre hommes (63,9 %) et femmes (19,2 %).

Les diplômés toujours en première ligne

Le chômage touche particulièrement les titulaires de diplômes : 19 % de chômage pour les diplômés universitaires, ils représentent 31,4 % de la population au chômage, avec les diplômés de la formation professionnelle, ils constituent près de 57 % de l’ensemble des chômeurs.

Ces données, plus structurelles, contredisent l’idée d’un chômage marginal ou maîtrisé.

Un “mentir-vrai” qui alimente la controverse publique

La réaction immédiate sur les réseaux sociaux traduit une incompréhension face à l’écart entre la déclaration du ministre et les indicateurs disponibles.

Le “mentir-vrai” se joue ici dans la manière de s’appuyer sur des éléments factuels — effort financier, créations d’emplois — pour produire un récit globalement plus positif que la réalité mesurée.

L’écart entre communication institutionnelle et vécu social devient ainsi visible.

# Une question de crédibilité pour les politiques de l’emploi

La polémique met en lumière une difficulté persistante du gouvernement : proposer un discours cohérent sur l’état de l’emploi sans minimiser les fragilités structurelles du marché du travail.

Dans un pays où le taux d’activité reste faible et où les diplômés peinent à intégrer le marché du travail, la maîtrise du récit ne peut se substituer à une vision complète des défis.

La bataille pour l’emploi reste pleinement ouverte — et elle exige davantage de transparence que d’affirmations symboliques.

Samia Naït Iqbal

#Lien pour suivre le discours du ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, Abdelhak Saihi

https://www.facebook.com/share/v/1FzCUR8nqT

- Publicité -

Cinéma algérien : plus de 160 professionnels accusent le pouvoir de « blocage » et interpellent Tebboune

1
Cinéma algérien

Le 9 décembre 2025, une lettre ouverte signée par 164 professionnels du cinéma algérien a été adressée au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune. Le texte, largement relayé sous le slogan «Tahia Ya Cinéma ! », marque un tournant : jamais le milieu n’avait parlé d’une seule voix avec autant de clarté contre l’immobilisme qui étouffe le secteur.

Les signataires rappellent d’abord les engagements du chef de l’État en faveur du cinéma. Mais très vite, le ton se durcit : près d’un an après les Assises nationales du cinéma, aucune recommandation n’a été appliquée.

« Qui porte la responsabilité du blocage ? », lancent-ils, pointant un pouvoir administratif qui neutralise toute tentative de réforme. Le cinéma algérien est devenu une fiction depuis au moins 2019. Plus de tournage, plus de films dignes de ce nom…

Un décret qui trahit l’esprit même de la relance

Le décret créant le Centre national du cinéma est au cœur de leurs critiques. Selon les professionnels, ce texte n’est rien d’autre qu’un retour à une gestion bureaucratique opaque, déconnectée des besoins réels du terrain. Ils y voient une structure pensée pour administrer le secteur… sans les cinéastes.

Un paradoxe, écrivent-ils, alors que le président appelait lui-même les professionnels à s’organiser dans un cadre clair.

Le message est limpide : l’État a demandé au secteur de se structurer, puis l’a empêché de le faire.

Une année blanche qui fait scandale

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : aucun film soutenu en 2025, pas même un court-métrage. Le Fonds de soutien, censé être l’outil central de la relance, est toujours inopérant.

Pire encore, l’enveloppe financière consacrée ces dernières années ne couvre même pas le coût d’un film moyen selon les standards internationaux.

Le secteur résume la situation sans détour : on parle d’un cinéma qu’on ne finance pas, qu’on n’encadre pas, et qu’on empêche d’exister. Pas seulement, beaucoup de cinéastes sont réduits à être des auxiliaires de censeurs tapis dans la haute administration pour pouvoir tourner de navets et survivre.

Des demandes claires, un avertissement implicite

Les cinéastes ne se contentent pas de dénoncer. Ils exigent l’application immédiate des recommandations des Assises nationales ; la révision ou l’abrogation des textes qui entravent l’activité ; la mise en route effective du Fonds de soutien, avec des budgets adaptés ; la refonte du Centre algérien du cinéma, doté de prérogatives réelles et d’une direction nommée au plus haut niveau ; la participation obligatoire des professionnels aux décisions majeures du secteur.

Cette lettre est aussi une mise en garde : sans environnement stable, sans moyens, sans vision, aucune renaissance n’est possible.

Une mobilisation inédite

Acteurs, réalisateurs, scénaristes, producteurs, chefs décorateurs, ingénieurs son, directrices artistiques, techniciens…

La liste des 164 signataires est un signal politique à elle seule. Une mobilisation transversale, intergénérationnelle, rarement vue depuis des décennies.

Ce front commun donne à la lettre une portée qui dépasse le strict cadre du cinéma.

C’est un appel à un résurrection de ce cinéma qui a connu ses heures de gloire. Mais surtout une déclaration de survie dans ce contexte d’arbitraire et de censure généralisée. Les acteurs du cinéma algérien refusent le silence, l’arbitraire et la compromission. Ils veulent créer, réinventer l’espoir à travers leurs films… Seront-ils seulement entendus ?

Mourad Benyahia

- Publicité -

Tunisie/Algérie : régression des acquis démocratiques et solidarité avec les détenu.e.s

1
Prisons

Nous publions ci-dessous le communiqué conjoint de la société civile tunisienne et algérienne. 

À l’occasion de la Journée internationale des droits humains, le 10 décembre, les, associations et citoyen·ne·s tunisien·ne·s et algérien·ne·s ,signataires de ce communiqué dénoncent avec force la régression des acquis démocratiques et des droits humains dans nos deux pays.

Treize ans après la révolution tunisienne et cinq ans après le Hirak algérien, les libertés fondamentales sont attaquées : révisions constitutionnelles restrictives, lois liberticides, répression des voix dissidentes, dissolution d’organisations de la société civile et emprisonnement arbitraire de centaines de militant·es et défenseur·es des droits humains.

Nous affirmons que la liberté d’expression, la liberté d’association, la liberté de réunion pacifique et la liberté syndicale sont des droits inaliénables. Aucune personne ne devrait être détenue pour un post, un slogan, un article, une vidéo, une chanson, une grève, une réunion ou un engagement pacifique.

Nous exprimons notre solidarité entière avec les détenu·es politiques et d’opinion, ainsi qu’avec leurs familles, et dénonçons l’usage de la détention provisoire prolongée, des poursuites infondées et des lois répressives pour réduire au silence les voix critiques.

Nous appelons immédiatement les autorités tunisiennes et algériennes à libérer toutes les personnes détenues pour leur engagement pacifique et à cesser toute criminalisation de l’expression et de l’action citoyenne. Tant que ces détentions arbitraires perdureront et les logiques répressives persisteront, aucune démocratie ne pourra être crédible et aucune confiance entre citoyen·nes et institutions ne pourra s’établir.

Face à cette régression des droits et des libertés, nous appelons les collectifs engagés des deux pays à unir leurs forces, à renforcer la solidarité transnationale et à construire ensemble des actions communes pour défendre les libertés, la dignité et la justice sociale.

Nous, associations et citoyen·ne·s tunisien·ne·s et algérien·ne·s signataires, appelons les autorités de nos deux pays à

1. libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues pour leur opinion, leur expression ou leur engagement pacifique.

2. abroger ou réviser les lois répressives qui criminalisent la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.

3. garantir l’indépendance de la justice et le respect effectif des contre-pouvoirs pour préserver l’État de droit et la démocratie.

Aux organisations de la société civile, aux collectifs et aux citoyen·nes nous appelons à

1. renforcer la participation citoyenne, encourager le dialogue et développer le rôle des organisations de la société civile dans les décisions publiques et les mécanismes de consultation.

2. Consolider la coopération et la solidarité transnationale entre collectifs engagés afin de construire des stratégies communes de défense des droits humains.

La liste des organisations signataires :

− Mouvement Ibtykar- Algérie

− Le comité de sauvegarde de la Ligue algérienne de défense des droits humains– Algérie

− Riposte Internationale–Algérie

− Fondation pour la promotion des droits–Algérie

− Libertés Algérie –Algérie

− Alliance Transméditerranéenne des femmes algériennes – Algérie

− Collectif des Familles de disparus en Algérie

− Ligue Tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH)- Tunisie

− Association Tunisienne des femmes démocrates (ATFD)- Tunisie

− Association Tunisienne pour les droits et les libertés (ADL)-Tunisie

− Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)

− La Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Deux Rives (FTCR) – Tunisie

− Association Beity- Tunisie

− Association Intersection pour les droits et libertés – Tunisie

− Association Tunisienne de défense des libertés individuelles (ADLI) – Tunisie

Liste des personnalités publiques signataires :

− Mostefa Bouchachi, avocat et ancien président de la LADDH

− Me Said Zahi avocat et membre du collectif  de défense des détenus d’opinion

− Mohamed Iouanoughene, journaliste

− Ali Ait Djoudi, défenseur des droits Humains

− Abdelmoumene Khelil , défenseur des droits humains  

− Aldja Seghir, militante des droits humains

− Zaki Hannache, activiste et militant des droits humains

− Nacera Dutour, défenseure des droits humains, victime de disparition forcée

− Ali Ben Saad, professeur des universités Paris 8

− Omar Boughaba, chef d’entreprise

− Aissa Rahmoune, avocat à Paris et secrétaire général de la FIDH

− Said Djaffer, journaliste

− Mouloud Boumghar, docteur en droit public.

− Boussad Bouaiche, militant associatif

− Said Salhi, défenseur des droits humains

− Badi Abedelghani, avocat défenseur des droits humains

− Hacene Hireche, économiste et enseignant d’universités  

− Idir Ounnoughene, défenseur des droits humains. 

− Raouf Farrah, chercheur en géopolitique

− Monia Ben Jémia, militante féministe

− Brahim Belghith, avocat, militant des droits humains

− Cheima Ben Hmida, militante féministe

− Neila Zoghlami, militante féministe

− Lilia Rebai, militante féministe

− Wahid Ferchichi, doyen à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, militant des Droits humains

− Mourad Allal, Militant des droits Humains

− Raja Chamekh, militante des droits Humains

− Marie Christine Vergiat , militante des droits  humains

− Mohamed Ben Said, militant des droits humains

− Kamel Jendoubi , militant des droits humains

− Hatem Nafti, chercheur, militant des droits humains

− Walid Bourouis, militant des droits humains

- Publicité -

Bouda Ferhat, quand le regard devient mémoire

0

Dans un monde saturé d’images instantanées, promises à disparaître avant même d’être regardées, l’œuvre de Bouda Ferhat impose autre chose : le silence, la lenteur, l’attention.

Né à Bouzeguène, en Kabylie, il a grandi au milieu des montagnes, des escarpements et des villages perchés qui sculptent le caractère des hommes autant que la lumière. Là, se forge son regard : un œil patient, sensible, capable de saisir l’invisible.

Kabylie : la terre qui façonne le regard

Avant de devenir photographe, Bouda Ferhat rêve de cinéma. Il ne le pratique pas, mais il en garde la dramaturgie : la composition, le rythme, la lumière. La photographie s’impose à lui comme une évidence, une langue qu’il n’avait pas encore nommée.

De Bouzeguène à Paris, puis Francfort, son parcours n’a rien d’une fuite : c’est une extension. Ses images voyagent, mais reviennent toujours à la source — la Kabylie, ses villages, ses hommes, ses gestes.

Voyages : marcher pour regarder

Du Maghreb au Sahel, du Mali à la Libye, Ferhat photographie les peuples en marche, les traditions en mouvement, les visages qui racontent mieux que les mots.
Son objectif ne vole rien : il accompagne, il révèle.

Il ne cherche ni l’exotisme ni la misère spectaculaire. Il cherche la dignité. Une dignité silencieuse, têtue, qui traverse le temps.

Mémoire : le geste avant l’oubli

Ce qui frappe dans son travail, c’est l’intime. L’intime de ces hommes qui construisent un mur, réparent un chemin, lèvent une pierre.
L’intime de ces femmes qui marchent, portent, transmettent.

Ses photos sont des archives vivantes. Elles racontent les solidarités anciennes, les travaux collectifs, ces gestes qui unissent la communauté. Elles sont un rempart contre l’effacement, un acte de fidélité envers ceux qui font encore le monde avec leurs mains.

Un regard d’enfance devenu regard du monde

Je l’ai connu enfant : discret, curieux, absorbé par tout ce qui bouge et tout ce qui respire.
Son regard était déjà là, en germe.

Aujourd’hui, cet “œil de bœuf” — la métaphore que je lui attribue tant son regard perce le réel — capte la lumière comme d’autres captent la parole. Il éclaire les territoires, qu’ils soient kabyles, sahariens ou européens, avec la même délicatesse.

Chaque photo est un voyage. Chaque visage, une mémoire. Chaque lumière, un pont entre ce qui fut et ce qui demeure.

L’image qui reste

À l’heure où l’on consomme l’image comme un produit jetable, Ferhat nous rappelle que la photographie peut encore durer, toucher, transmettre.

Ses œuvres ne sont pas seulement belles : elles sont utiles. Elles éclairent, racontent, protègent.

Elles relient la Kabylie aux villes du monde, les montagnes aux déserts, le passé au présent.

Un jour, l’œuvre de Bouda Ferhat rejoindra peut-être celle des maîtres. Mais déjà, elle accomplit l’essentiel : elle fait vivre la mémoire à travers chaque regard qu’elle touche.

Aziz Slimani

- Publicité -

ONG et experts onusiens appellent à l’annulation des condamnations dans l’affaire «complot» en Tunisie

0
ONG et experts onusiens appellent à l’annulation des condamnations dans l’affaire «complot» en Tunisie
ONG et experts onusiens appellent à l’annulation des condamnations dans l’affaire «complot» en Tunisie.

Les réactions internationales d’ONG de défense des droits humains se multiplient après la confirmation, en appel, des condamnations prononcées dans l’affaire dite du « Complot contre la sécurité de l’Etat».

Alors que l’avocat et militant des droits humains Ayachi Hammami et l’activiste politique Chaima Issa poursuivent leur grève de la faim depuis leur arrestation la semaine dernière, plusieurs organisations et experts onusiens appellent les autorités tunisiennes à annuler les jugements et à libérer tous les détenus.

Human Rights Watch : des condamnations « injustes » fondées sur des preuves non fiables

Human Rights Watch a dénoncé, mardi 9 décembre 2025, l’arrestation de trois figures de l’opposition après leur condamnation dans ce que l’organisation qualifie de « procès expéditif et inéquitable ». Selon HRW, les accusations de complot et de terrorisme ne reposent pas sur « des preuves fiables » et les audiences d’appel — trois seulement — se sont tenues sans la présence des détenus, en violation de leur droit fondamental de comparaître devant un juge.

Bassem Khawaja, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, estime que ces arrestations représentent « une étape supplémentaire dans le plan du président Kaïs Saïed visant à éliminer toute alternative politique ». Il ajoute que les autorités ont « criminalisé l’opposition et l’activisme des droits humains, anéantissant tout espoir de retour à un processus démocratique ». Human Rights Watch appelle l’Union européenne et les partenaires étrangers de la Tunisie à condamner « l’accélération de la dérive autoritaire ».

Experts de l’ONU : un « danger direct » pour l’indépendance de la justice

Les experts onusiens chargés de l’indépendance de la justice et de la profession d’avocat se sont dits « profondément choqués » par la condamnation d’Ayachi Hammami. Ils estiment que poursuivre des avocats ou les qualifier de « terroristes » pour leurs prises de parole ou leur travail professionnel représente une « menace directe » pour l’indépendance judiciaire et pour le droit à un procès équitable.

Les mesures prises contre Hammami — arrestation, exécution immédiate de la peine de cinq ans de prison, interdictions de voyage et de prise de parole — s’inscrivent, selon eux, dans une stratégie de « ciblage systématique » des avocats et défenseurs des droits humains, instaurant un climat de peur dans le corps juridique. Ils appellent les autorités tunisiennes à respecter les normes internationales et à libérer immédiatement tous les avocats poursuivis en raison de leur activité professionnelle.

Amnesty International : libération immédiate et sans condition des détenus

Amnesty International rappelle que 34 personnes ont été condamnées dans cette affaire à des peines allant de cinq à quarante-cinq ans. L’organisation signale également l’arrestation brutale de Chaima Issa lors d’une manifestation pacifique le 29 novembre, suivie de l’interpellation d’Ayachi Hammami le 2 décembre, puis de celle de l’opposant Ahmed Néjib Chebbi. Pour Amnesty, ces condamnations sont « injustes » et doivent être annulées sans délai, avec une libération « immédiate et inconditionnelle » de toutes les personnes détenues pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.

Une scène politique sous tension

Sur le plan interne, plusieurs partis et organisations tunisiennes dénoncent un « virage dangereux » pour les libertés publiques, soulignant que « l’avenir du pays ne peut se construire dans les prisons ». Le dossier, qui compte environ 37 accusés, est devenu un symbole de la détérioration du climat politique et judiciaire en Tunisie.

Alors que la contestation locale rejoint désormais la pression internationale, les appels à rouvrir le dossier et à garantir des normes judiciaires conformes aux principes des droits humains se font de plus en plus pressants.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

Louise Hanoune dénonce une dérive répressive dans le secteur des transports 

1
Louisa Hanoune
Louisa Hanoune. Crédit image : DR

La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a mis en garde contre la dégradation du climat social dans le secteur des transports, où la fermeture du dialogue aurait, selon elle, ouvert la voie à une gestion autoritaire des conflits professionnels.

Louisa Hanoune évoque près de 180 licenciements ou suspensions, dont une partie en dépit de décisions judiciaires définitives ordonnant la réintégration des travailleurs concernés.

Pour la cheffe du PT, le refus persistant de plusieurs entreprises portuaires — à Alger, Mostaganem ou Oran — d’exécuter des jugements « rendus au nom du peuple algérien » constitue un précédent grave. En laissant s’installer un conflit frontal entre administrations et justice, le secteur des transports mettrait en péril un principe central de l’État de droit : l’obligation d’exécuter les décisions judiciaires, notamment par les institutions publiques.

La situation est exacerbée par l’emprisonnement ou la poursuite judiciaire de syndicalistes, dont le cas emblématique de Lounès Saïdi et celui de dix travailleurs de la SNTF placés en détention provisoire pour des faits liés à une grève. Pour le PT, cette séquence traduit une évolution inquiétante : la criminalisation de l’action syndicale, au moment même où les autorités annoncent des mesures sociales telles que la hausse du SNMG.

Louisa Hanoune oppose cette logique de fermeture à la démarche du ministère de la Santé, qui a récemment multiplié les rencontres avec les partenaires sociaux. Selon elle, cette différence d’approche révèle un problème structurel dans la gouvernance du secteur des transports, qui persiste à traiter les revendications sous l’angle disciplinaire ou judiciaire plutôt que par la négociation.

Les dossiers non résolus dans les ports de Mostaganem et d’Oran — refus d’exécuter des jugements, mise à l’écart de lanceurs d’alerte, vide administratif prolongé — illustrent un défaillance de gestion qui dépasse les simples litiges professionnels. Ils traduisent, selon plusieurs travailleurs, une crise de confiance envers les institutions et une incapacité du secteur à appliquer ses propres règles.

En l’absence d’intervention des autorités de tutelle, les employés concernés envisagent des recours supplémentaires et des actions pacifiques. Cette situation relance un débat central : celui de la capacité de l’État à arbitrer les conflits sociaux et à garantir le respect du droit, y compris au sein de ses propres entreprises.

La rédaction

#Lien vers la vidéo de Louisa Hanoune

https://www.facebook.com/share/v/1AKjDc5Jov

- Publicité -

DERNIERS ARTICLES

La promesse d'Imane

« La promesse d’Imane », la jeune activiste ne sera pas réduite au...

0
Présenté le dernier jour de la 29ᵉ édition du PRIMED à Marseille, à la Bibliothèque Alcazar, Imane (2024) est le film bouleversant de la...
La Petite maison dans la prairie.

Le Noël cathodique

LES PLUS LUS (48H)

La promesse d'Imane

« La promesse d’Imane », la jeune activiste ne sera pas réduite au...

0
Présenté le dernier jour de la 29ᵉ édition du PRIMED à Marseille, à la Bibliothèque Alcazar, Imane (2024) est le film bouleversant de la...
La Petite maison dans la prairie.

Le Noël cathodique