L’écrivain Boualem Sansal est depuis près d’une semaine en garde à vue dans les locaux des services de sécurité à Alger dans l’attente d’être présenté devant le procureur de la République. Il risque des peines de prison pour « atteinte à l’unité nationale ». Sa dernière sortie sur le tracé des frontières entre l’Algérie et le Maroc a suscité l’ire des autorités.
Cela faisait six jours qu’il ne répondait plus au téléphone. Hier en fin de journée, la nouvelle de l’arrestation de Boualem Sansal a provoqué de vives réactions parmi ses proches.
Boualem Sansal, qui allait et venait en Algérie sans être inquiété, a été interpellé, quelques minutes après avoir quitté l’aéroport international Houari Boumédiène, samedi 16 novembre 2024. D’après des sources informées, des agents de sécurité en civil l’ont fait sortir de sa voiture et lui ont demandé de les suivre.
Après la période d’interrogatoire, qui peut durer plusieurs jours, l’auteur franco-algérien devrait être présenté devant le procureur de la République d’Alger ou de Boumerdès, ville située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, où réside Boualem Sansal.
L’interpellation de l’écrivain n’a pas encore été annoncée officiellement, mais, selon les mêmes sources, la poursuite pénale engagée contre lui serait liée à de récentes déclarations faites au média français d’extrême droite Frontières : « Quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc : Tlemcem, Oran et même jusqu’à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume. »
Aujourd’hui ta souffrance et celle de tes proches me sont insoutenables. Je ne sais plus comment qualifier ces tristes individus.
Par ta personne et celles de centaines d’autres, ils ont été jusqu’au plus profond de l’abjection humaine lorsqu’elle s’exprime à travers l’immonde répression contre la liberté d’expression.
Comme je l’ai toujours dit dans ce même journal à chaque fois qu’une personne est touchée par l’ignominie du seul fait de sa notoriété et de son courage, il faut me pardonner de n’avoir, à ma modeste capacité, aucun moyen de te sortir de leurs griffes.
J’en suis incapable mais la force d’une union des démocrates finira toujours par te déchaîner. Nous avions fait ce que nous pouvions face à la peste brune. Nous n’avions certainement pas pu nous donner les forces militantes violentes à la hauteur de leur aveuglement totalitaire.
Aujourd’hui, je suis révolté par ton arrestation et, probablement, par ton incarcération. Je t’apporte mon sincère soutien même s’il est dérisoire.
Il n’est pas le moment pour moi de m’exprimer sur ma grande critique, très accusatoire, envers la stratégie choisie par les écrivains algériens qui ont eu assez de notoriété littéraire pour s’exprimer. Il sera temps d’en faire état plus tard et combien je serais très heureux que nous en débattions car ce jour-là signifiera que tu es libre et maître de tes idées et de tes paroles.
Tu as été arrêté dans ton pays natal par ceux qui osent se présenter comme les gardiens de la morale et de la pureté de la nation. Ils se sont décrétés censeurs des opinions et de la vie et liberté de chacun. Arrêter une personne pour ses paroles et positions libres est un acte injustifiable mais tout à fait en cohérence avec ces assoifés du pouvoir.
Un jour, j’aurais le plaisir de venir t’écouter si tu t’exprimes dans une conférence ou toute autre forme de forum, parmi les tiens. Alors, à ce moment et seulement à cette condition, je pourrais te questionner et croiser le fer avec toi, comme le ferons tous les assistants, en contradiction ou en soutien avec te stratégie passée.
Ce jour-là prouvera que tu es enfin libre.
Ta famille souffre et il n’y a rien de plus terrible que d’être dans une situation de souffrance mutuelle. Toi, incarcéré, eux dans le désespoir et la crainte pour celui qu’ils aiment profondément.
Sois persuadé que je ressens une grande tristesse autant qu’une immense colère par le fait qu’un homme soit emprisonné à cause de sa liberté de paroles.
Je suis avec toi de tout cœur, courage et force de résistance, nous vaincrons ces immondes personnes qui osent se prétendre être nos compatriotes.
Tu es le mien et nous le sommes réciproquement par le partage des actions ou l’affrontement des idées. Nous serons deux algériens libres et heureux de pouvoir nous chamailler dans une tendresse dissimulée.
Je personnalise mon propos mais une immense masse d’Algériens démocrates et humanistes le font également. Les expressions intimes et personnelles se regroupent pour un cri d’indignations et de douleurs collectives à ton égard
Bon courage et ne prends pas de risques inconsidérés avec eux. La dignité du risque, tu l’as déjà prouvée.
Boualem Sansal est bien plus qu’un écrivain franco-algérien d’exception. Sa plume, empreinte de laïcité, d’universalité et d’un profond humanisme, incarne l’héritage des Lumières.
Boualem Sansal est, à mes yeux, une figure lumineuse de notre époque, portant haut les valeurs de liberté, de vérité et de justice, même dans un contexte qui les étouffe. Mais Boualem, c’est aussi un ami. Un ami de longue date avec qui j’ai partagé des moments riches d’échanges, parfois des désaccords, mais toujours dans le respect et l’admiration mutuelle.
C’est pourquoi son sort actuel m’alarme profondément. Arrêté par les autorités algériennes dès l’atterrissage de son avion à Alger, en provenance de Paris, il est aujourd’hui retenu au secret par les services algériens.
Cette arrestation, qui ne peut être vue que comme une tentative de museler sa voix libre et critique, me bouleverse et m’indigne. Boualem Sansal n’est pas seulement un écrivain brillant et engagé ; c’est un homme vulnérable, dont la santé fragile exige des soins et une médication régulière. Ce sont là des besoins vitaux qui, en détention, risquent de ne pas être assurés, mettant sa vie en danger.
Au-delà des mots, mon amitié pour Boualem repose sur un respect sincère pour son courage intellectuel et moral. Il a toujours su défendre des idées parfois difficiles, même au péril de sa sécurité personnelle.
Cette force, qui l’a souvent isolé dans un monde où le conformisme règne, n’a jamais entamé sa dignité ni son humanisme. Pourtant, cette fois-ci, c’est à nous de répondre à son courage par une solidarité sans faille.
Je fais appel à tous ceux qui, comme moi, croient en la liberté de pensée et d’expression. Aujourd’hui, plus que jamais, il est impératif de faire entendre notre indignation. Nous devons créer un écho retentissant pour que le régime algérien entende et comprenne que Boualem Sansal n’est pas seul.
Sa libération immédiate et inconditionnelle est une exigence, non seulement pour respecter les droits de l’homme, mais aussi pour protéger un esprit irremplaçable, une voix qui porte haut les valeurs universelles.
Ensemble, nous avons le devoir de protéger ceux qui, comme Boualem, incarnent la résistance aux oppressions et aux obscurantismes. Pour lui, pour les Lumières qu’il représente et pour les principes qui nous unissent, faisons tout notre possible pour qu’il retrouve rapidement sa liberté et puisse continuer à illuminer notre époque de son intelligence et de son humanité.
L’écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, n’a pas donné de nouvelle depuis près d’une semaine, depuis son arrivée en Algérie.
Le président français Emmanuel Macron « est très préoccupé par la disparition de Boualem Sansal et suit l’affaire de très près », indique l’entourage du chef de l’État à Radio France jeudi 21 novembre, alors qu’on est sans nouvelle de l’écrivain franco-algérien. Boualem Sansal a été naturalisé français cette année.
« Les services de l’État sont mobilisés pour clarifier sa situation. Le président de la République exprime son attachement indéfectible à la liberté d’un grand écrivain et intellectuel », poursuit cette source. Son éditeur Gallimard est sans nouvelle de lui depuis près d’une semaine maintenant, soit depuis le samedi 16 novembre, jour de son arrivée en Algérie. Il avait décollé de Paris le même jour.
Boualem Sansal, 75 ans, romancier et essayiste est censuré en Algérie pour ses écrits, comme beaucoup d’auteurs. L’auteur de 1984 et du « Serment des barbares » est très critique du pouvoir et des islamistes.
« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin. »
Nous ne pouvons pas nous taire face à l’arrestation arbitraire de Boualem Sansal. On peut trouver dans quelques jours des motifs fallacieux comme l’intelligence avec l’ennemi. Oui, cet ennemi ou cette idée d’ennemi, fonds de commerce du régime depuis 1962. Indignons-nous de cette énième atteinte à la liberté d’expression et de pensée. Levons-nous comme un seul homme pour dire non à cette arrestation de Boualem Sensal,
« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.
Cette phrase emblématique, tirée du contexte de la lutte pour la liberté et la résilience face aux oppressions, résonne comme un écho poignant dans le roman « 2084 : La fin du monde » de Boualem Sansal. Dans cette œuvre dystopique, l’auteur explore les conséquences du totalitarisme religieux dans l’empire fictif de l’Abistan, mettant en lumière les tensions inhérentes entre l’individu et le système.
« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.
La tension narrative dans « 2084 » se manifeste principalement à travers le conflit entre l’individu et le système oppressif. Le protagoniste, Ati, représente cette lutte en s’opposant aux dogmes imposés par le régime. Sa quête de vérité et de liberté symbolise un acte de résistance face à l’hégémonie idéologique.
Comme l’affirme Zilberberg (1998), la tension narrative est essentielle pour capter l’intérêt du lecteur, car elle met en exergue le dilemme existentiel de l’individu confronté à un pouvoir omniprésent. À cet égard, le parcours d’Ati devient une métaphore de la résistance intellectuelle face à l’oppression.
« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.
Les valences (Valeurs) dans « 2084 » se manifestent par l’opposition entre la soumission collective et la quête individuelle de liberté. L’Abistan impose une uniformité linguistique et religieuse, éradiquant toute forme de dissension. Cette uniformité, comme le souligne Dubois (2015), a pour but de contrôler la pensée et d’éliminer toute possibilité de critique.
En revanche, le personnage d’Ati incarne la recherche de pensée autonome, cherchant à retrouver un langage qui lui permet d’exprimer ses aspirations et ses doutes.
« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.
La dynamique de cette opposition est renforcée par la présence de personnages secondaires, tels que le mentor d’Ati, qui représente une forme de résistance passive. Ces personnages illustrent les différentes facettes de la lutte contre l’oppression, permettant ainsi d’explorer la complexité de la condition humaine dans un contexte totalitaire (Sansal, 2015).
« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.
À mesure que l’intrigue progresse, la tension s’intensifie non seulement à travers les actions d’Ati, mais aussi par les événements extérieurs qui menacent sa quête. Les forces opposées se manifestent dans des scènes de violence et de répression, où la brutalité du régime est mise en lumière. Chaque avancée d’Ati est contrebalancée par des conséquences dramatiques, ce qui accentue le sentiment de désespoir et d’angoisse. Cette dynamique crée un cadre narratif où le lecteur est constamment en état de tension, impliqué dans le parcours de l’individu face à l’oppression.
« Je ne suis pas armé, ce soir, le lion est mort au loin.
Sansal utilise les techniques tensives pour souligner les dangers du radicalisme religieux et du totalitarisme. « 2084 » devient ainsi une fable contemporaine qui met en garde contre les dérives idéologiques, tout en offrant une réflexion profonde sur la liberté individuelle face à l’oppression systémique. En insistant sur les valences et les tensions entre soumission et révolte, l’auteur établit un dialogue entre le passé, le présent et le futur, incitant le lecteur à réfléchir sur sa propre condition face à l’autoritarisme.
Cette œuvre s’inscrit dans une tradition littéraire qui interroge le rapport entre l’individu et le pouvoir, à l’instar d’auteurs tels que George Orwell dans « 1984 » et Aldous Huxley dans « Le Meilleur des mondes« , tout en proposant une critique acerbe des dérives de la société moderne.
Ce roman prémonitoire nous avertit sur notre condition de sujet. Nous sommes les sujets du pouvoir d’Alger. Nous lui appartenons. Il a vie et mort sur nous. Il nous incarcère si on lui désobéit, il nous chasse si on n’oublie pas le traumatisme de la décennie noire. Il décide de notre pensée et notre façon d’appréhender le monde. Nous les soumis ! Sauf si nous crions haut et fort notre colère.
Car chaque cellule d’Algérien est un Novembre potentiel. Les Novembres qui embrasèrent 1954. Et qui consumeront les geôliers de Sensal.
Pour la libération de Boualem
Saïd Keciri
Bibliographie
– Dubois, M. (2015). *Dystopie et résistance : Une étude des récits contemporains*. Paris : Éditions de la Découverte.
– Sansal, B. (2015). *2084 : La fin du monde*. Paris : Éditions Gallimard.
– Zilberberg, A. (1998). *Grammaire tensive et dynamique narrative*. Revue de Linguistique et de Littérature, 12(3), 45-67.
– Orwell, G. (1949). *1984*. Londres : Secker & Warburg.
– Huxley, A. (1932). *Le Meilleur des mondes*. Londres : Chatto & Windus.
L’arrestation de Boualem Sansal à sa descente d’avion à Alger samedi 16 novembre démontre que le pouvoir est décidé à en découdre avec toutes les têtes pensantes du pays.
De mémoire d’homme, jamais persécution des élites intellectuelles, à travers le monde, n’a atteint une telle ampleur depuis les années de braise communiste en Chine. Et encore, les élites chinoises ne furent pas des cibles prioritaires de la révolution maoïste.
Si elles ne furent que des cibles secondaires, les élites chinoises, après les dissidents, furent sévèrement persécutées. L’anti-intellectualisme de la doctrine de la révolution rouge fit des « intellectuels » une catégorie noire à éradiquer, surnommée « le neuvième puant ».
Comble de l’ironie, pendant qu’il s’attaquait aux élites intellectuelles affirmées, Mao décide de lancer la révolution culturelle afin de consolider son pouvoir en s’appuyant sur la jeunesse et les étudiants du pays ! ?
Boualem Sansal a donc été arrêté samedi à sa descente d’avion, et à l’heure actuelle, personne, ni même sa femme ne sait où il se trouve. Si le pouvoir ose s’attaquer à telle stature, c’est qu’on a décidé de museler toute discordante à la cacophonie qui règne en haut lieu…
Pour rappel, Muhend Taferka est sorti de prison, il y a une semaine, mais il n’est pas sorti d’affaire pour autant puisqu’il ne sait même pas où et comment récupérer son passeport. De plus, il est rentré en prison debout, il en est ressorti en fauteuil roulant. Ce qui prouve le très peu de pitié que le pouvoir porte au citoyen.
Quant à Kamel Daoud, il ne sait pas encore à quelle sauce il va être mangé et que lui réserve le futur, proche ou lointain. Après avoir osé remuer le fond de la marmite de la décennie noire, le pouvoir ne lui pardonnera jamais l’affront d’être allé à contre-courant de la loi qui prévoit, pas moins de cinq années de prison à toute personne qui ose faire référence à la période encore floue de notre histoire récente.
Que reste-t-il à faire, comment ramener à la raison un pouvoir qui n’en fait qu’à sa tête ? Sourd à tout appel à la raison, nos décideurs nous réservent encore de nombreuses mauvaises surprises.
Que peut-on bien reprocher à Boualem Sansal sinon ses prises de position courageuses ? Il n’y a que nos honorables responsables le savent.
Seul Mao Tse-Tung, en son temps, avait osé des opérations de grande ampleur pour se débarrasser des intellectuels chinois. Mais lui avait une vision pour la Chine, aussi mortifère qu’elle pouvait être. Les nôtres, en revanche, sont dans l’improvisation à la petite semaine. Tebboune et ses parrains sont assurément déconnectés des réalités algériennes mais aussi du monde. D’où le sérieux péril qu’ils font courir à l’Algérie et la région.
Boualem Sansal vient de passer dans la machine à laver. Cette redoutable règle du système, cette loi du linge sale, impose de régler ses comptes en famille.
Critiquer l’Algérie, ses tabous, son système, cela passe tant que cela reste entre nous. Mais dès qu’un écrivain ose exprimer ces critiques sur une scène internationale, dès qu’il parle à d’autres, avec d’autres – surtout ceux que l’on accuse de nous détester – la sentence tombe : c’est l’isolement, la répression, et parfois pire. Sansal en est la dernière victime : emprisonné, silencié. Tandis que Daoud avait été pris pour cible par des campagnes de dénigrement.
Critiquer entre nous : acceptable. Critiquer devant le monde : un crime
L’Algérie a toujours eu cette contradiction : glorifier ses écrivains tant qu’ils restent confinés à dénoncer « en interne ». Kamel Daoud, dans Le Quotidien d’Oran, était une star, un génie national, la voix de ceux qui se taisent ou n’osent penser. Mais lorsqu’il a franchi les frontières de la scène algérienne, ses mots ont été jugés comme une trahison. De la même manière, Boualem Sansal, avec des propos pourtant mesurés, devient le bouc émissaire. Les critiques s’acharnent, comme si on traquait des poux dans la peau d’un mammouth. On ne célèbre pas leurs succès, on les démonte.
Plumes sous haute surveillance
Pourquoi ces plumes dérangent-elles autant ? Parce qu’elles pointent un mal profond : l’état d’une nation en déliquescence. Boualem Sansal, Kamel Daoud et d’autres dénoncent des vérités que beaucoup veulent taire.
Ils évoquent une société où l’effervescence intellectuelle et politique post-indépendance a été étouffée par la marginalisation et la répression. Leurs critiques ciblent les tabous sociaux, les préjugés, et surtout l’incapacité de l’État à se réformer.
Le tort de ces écrivains ? Ils refusent de jouer le jeu. Une règle tacite qui tolère tout à condition que cela reste discret, invisible, enfoui. Eux écrivent au grand jour, avec des mots pesés, des idées claires. Et pour cela, ils sont condamnés. Pourtant, ces plumes sont précieuses. Elles alertent, elles empêchent les dérives autoritaires de se transformer en habitudes. Mais au lieu de les écouter, le régime s’enferme dans une paranoïa étouffante.
De Beni 3amisme à 3ami Tebboune
C’est un éternel recommencement : après le règne du « Beni 3amisme » de Bouteflika, voici venu celui du « 3amisme » de3ami Tebboune. Une gouvernance gonflée de promesses pompeuses, alimentée par une embellie financière temporaire. Mais comme toujours, cette montgolfière finira par se dégonfler. Et alors ? Alors, l’Algérie reviendra à ses vieux réflexes : demander l’aumône, blâmer l’histoire, répéter les mêmes erreurs.
Boualem Sansal n’a fait qu’écrire ce que d’autres pensent tout bas. Il met en mots une Algérie où les urnes transparentes deviennent opaques en deux heures, où la réalité est tordue par des tours de passe-passe. Une Algérie où, dans les stades, les frustrations sociales éclatent en chaises volantes. Une Algérie où une partie de la population peine à acheter de la viande, où le dessert est un luxe, où l’alimentation devient un défi.
L’illusion du « vivre d’amour et d’eau fraîche »
Et que répond le régime ? L’amour inconditionnel de 3ami Tebboune. Une illusion digne d’un mauvais sketch : « vivre d’amour et d’eau fraîche ». Une Algérie nourrie de promesses creuses, qui rappelle l’histoire du mari qui, rentrant les mains vides, annonce à sa femme : « On vivra d’amour et d’eau fraîche. » La blague tourne au tragique quand la femme, désespérée, se présente nue, un verre d’eau à la main, pour réaliser le rêve absurde de son mari.
Voilà où mène ce système du Beni 3amisme, du 3amisme de Ta3zam et de l’A3ma. Une Algérie qui se prive de ses meilleurs penseurs, qui réprime ceux qui disent la vérité, et qui préfère la façade aux réformes profondes. Boualem Sansal, comme Kamel Daoud avant lui, est une victime de ce système. Mais leurs plumes, trop lourdes pour être effacées, laissent des traces que l’histoire, elle, ne pourra pas laver.
NB : Pour nos amis francophones : Beni 3amisme désigne l’esprit de clan (issu de l’expression Beni 3ami, les fils de mon oncle). 3amisme évoque une relation paternaliste ou protectrice (de 3ami, mon oncle). Ta3zem fait référence à la magie, et La3ma symbolise l’aveuglement.
Aussi glorieux soit le passé, s’il n’est pas convoqué pour mieux valoriser l’avenir, il sera toujours un fardeau pour le présent, et empêchera la compétition générationnelle de se faire au profit d’un avenir radieux et mieux construit.
En effet, continuer à dire que le passé révolutionnaire, ou un autre, est le seul à même servir de terreau pour toute glorification inhibe toute vision lointaine et réduit le champ d’action de ceux qui ont pour véritable vocation de bâtir le présent qui lui-même servira de socle pour l’avenir.
Surtout quand ce passé sert surtout à distribuer une rente et à privilégier une partie du peuple au détriment des autres, au motif que la légitimité révolutionnaire est éternellement indétrônable.
Kamel Daoud, puisque c’est lui qui fait l’actualité actuellement, a été agréablement surpris de découvrir et d’écrire (ce qui lui a valu de fortes inimitiés) lors de son voyage au Viêtnam qu’il n’y avait aucun ministère des combattants, et encore moins des ayants-droits à n’en plus finir.
Leur révolution, symbolisée par la bataille Dien-Bien-Phu qui a ébranlé les certitudes du colonialisme et posé les jalons de la décolonisation dans le monde entier, est restée comme simple date historique, rayonnante bien sûr et source de fierté nationale, mais le présent et l’avenir n’y sont jamais arrimés de manière inamovible.
Le risque des privilèges tirés sur des décennies par des révolutionnaires est que les nouvelles générations ne croient plus à leur idéaux, car il les voit comme de simples fonctionnaires rémunérés pour une mission qu’ils ne cessent eux-mêmes de définir par le vocable de « devoir ».
Et quand leurs descendants sont aussi récipiendaires des mêmes subsides, la pilule ne passe plus auprès de leurs contemporains qui ne s’y reconnaissent plus et finissent par désespérer de tout ce qui vient de l’Etat.
Il est primordial, voire vital, de traiter les gens sur le même pied d’égalité et qu’ils aient les mêmes chances dans tous les domaines, sans qu’aucune autre considération que la compétence et l’honnêteté ne s’y immiscent.
Même les révolutionnaires concernés en sortiront grandis, glorifiés et portés au panthéon, car leurs actes passés seront ainsi perçus comme sacrifices faits pour leur nation, dans le désintéressement le plus total, et non pour de quelconques revenus pécuniaires ou matériels. Ils gagneront ainsi une aura de grands héros que personne ne pourra leur disputer.
Le passé doit servir de rampe de lancement pour le progrès au profit des générations présentes et futures. Il ne doit pas se servir avidement en dévorant tout sur son passage.
La génération présente comprendra subséquemment qu’elle pourra, elle aussi, servir d’exemple pour celles à venir, en étant maître et « héroïne » d’une autre révolution : à la fois politique, économique, industrielle, culturelle, technologique, scientifique, etc.
Il est inconcevable de jouer aux dés avec le temps. Il faut respecter la conjugaison de chaque temps.
Le passé ne doit pas empiéter sur le présent, et ce dernier ne peut faire que se surpasser pour se réaliser et se projeter dans le futur en tirant le meilleur du passé.
Il faut laisser chaque génération vivre son temps. Les liens intergénérationnels se feront tout seuls, naturellement.
Ce n’est qu’ainsi que l’espoir renaîtra, le véritable amour de la patrie l’emportera et que la harga cessera !
La Cour constitutionnelle a déclaré recevables, ce jeudi, les deux saisines portant sur les quatre amendements de la loi de finance 2025, présentées par le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, et le Premier ministre, Nadir Larbaoui, le 16 novembre.
Le président du Sénat et le Premier ministre ont décidé des saisir la haute juridiction constitutionnelle, pour faire invalider des amendements apportés par les députés aux articles 23, 29, 33 et 55 de la loi des finances 2025 car jugés contraires à la loi fondamentale du pays.
Les amendements litigieux portent sur des augmentations de taxes et de taux d’imposition, ainsi qu’une augmentation de la taxe sur les véhicules utilitaires.
Dans le texte publié au Journal officiel n°77, la Cour constitutionnelle a rappelé que sa décision a été prise conformément à l’article 147 de la Constitution qui dispose qu’il « est irrecevable toute proposition de loi ou amendement présenté par les membres du Parlement ayant pour objet ou pour effet de diminuer les ressources publiques ou d’augmenter les dépenses publiques, sauf si elle est accompagnée de mesures visant à augmenter les recettes de l’Etat ou à faire des économies, au moins, correspondantes sur d’autres postes des dépenses publiques ».
Saïd Chanegriha, ministre délégué auprès du ministre de la Défense Nationale, a installé le général-major Nacereddine Foudhil, dans les fonctions de commandant de la 3e Région militaire, à Béchar.
Ces importants changements surviennent 48h seulement après la nomination de Saïd Chanegriha ministre délégué auprès du ministre de la Défense. Les autres régions pourraient connaître également des changements à leur tête.
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