7.9 C
Alger
Accueil Blog Page 2

Tunisie : une grève de la faim collective pour rappeler que la lutte démocratique ne s’emprisonne pas

0
Ayachi Hammami
Ayachi Hammami.

Le 22 décembre 2025 marque le début d’une grève de la faim collective dans plusieurs prisons tunisiennes. À l’origine de cette mobilisation, l’appel lancé par l’avocat et défenseur des droits humains Ayachi Hammami, lui-même entré en grève de la faim depuis son arrestation, le 2 décembre.

Ce geste, à forte portée symbolique, résonne comme un écho direct à une autre séquence marquante de l’histoire politique tunisienne : la grève de la faim du 18 octobre 2005 contre le régime de Zine El-Abidine Ben Ali.

Vingt ans séparent ces deux dates, mais le parallèle s’impose. En 2005, la grève avait contribué à structurer une opposition plurielle face à un pouvoir autoritaire. En 2025, le contexte est différent, mais la logique répressive et la fermeture de l’espace politique rappellent des réflexes que l’on croyait révolus. L’entrée en grève d’Ayachi Hammami depuis sa cellule s’inscrit dans cette continuité historique : celle d’un combat démocratique qui refuse de s’éteindre sous la contrainte.

Dès le jour de son arrestation, Hammami a annoncé sa décision de transformer la prison en lieu de résistance. Pour lui, l’incarcération ne saurait être une parenthèse silencieuse, mais un prolongement du combat pour les libertés. Son appel à une grève collective vise précisément à rompre l’isolement carcéral et à redonner une visibilité politique à celles et ceux que le pouvoir entend reléguer dans l’ombre.

La force de cet appel réside dans son caractère inclusif. Il s’adresse aux prisonniers politiques, mais aussi aux syndicalistes, journalistes, militants associatifs, détenus d’opinion et, plus largement, à toutes les personnes estimant être victimes de poursuites judiciaires arbitraires. Cette démarche traduit une conception exigeante de la défense des droits, fondée sur l’égalité face à l’injustice et le refus de toute hiérarchisation des causes ou des engagements.

Tout au long de son parcours, Ayachi Hammami s’est distingué par une constance rare. Durant la période de transition démocratique, il est resté à distance des jeux d’appareil et des compromis politiques. Sa brève expérience gouvernementale, en 2020, comme ministre des Droits de l’homme, a confirmé les limites de l’action institutionnelle dans un climat de polarisation extrême. Depuis le tournant autoritaire engagé par le pouvoir en place, il s’est retrouvé de nouveau au cœur de la confrontation, notamment à travers son engagement pour l’indépendance de la justice et la défense des magistrats révoqués.

La grève de la faim demeure l’une des formes de lutte les plus radicales et les plus chargées de sens. Elle engage le corps lorsque toutes les autres voies d’expression sont verrouillées. En choisissant cette forme d’action, les grévistes entendent rappeler que la privation de liberté ne saurait signifier l’abdication politique.

La grève collective du 22 décembre s’inscrit ainsi dans un temps long : celui des résistances qui se transmettent, se transforment et se renouvellent. Elle pose, une fois encore, une question centrale : peut-on parler d’État de droit lorsque la dissidence se paie de la prison ? Pour ses initiateurs, la réponse passe par la mobilisation, même derrière les barreaux.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

France : cambriolage chez François Hollande, deux jeunes Algériens en détention

2
Hollande
Le domicile de François Hollande visité par deux cambrioleurs algériens.

Une simple intrusion dans le domicile parisien de l’ancien président François Hollande et de sa compagne, l’actrice Julie Gayet, a pris des proportions judiciaires inattendues. Deux jeunes Algériens, âgés de 28 et 29 ans, ont été arrêtés pour le cambriolage survenu dans la nuit du 22 novembre dans le 17ᵉ arrondissement de Paris.

Selon la presse française, ils ont emporté une montre et une tablette, avant d’être rapidement identifiés grâce à des techniques d’enquête sophistiquées, notamment la localisation des téléphones portables utilisés à proximité du lieu du vol.

Les suspects, arrivés récemment en France, dont l’un en situation irrégulière depuis environ un an, ont été placés en détention provisoire. La défense conteste la gravité de la qualification retenue par le parquet, estimant qu’il s’agit d’une disproportion manifeste : « La nature des faits ne justifie pas un traitement pénal aussi sévère », déclarent leurs avocats. Selon eux, la notoriété des victimes aurait joué un rôle déterminant dans l’escalade judiciaire.

L’un des prévenus, exprimant ses regrets, a confié à la presse française qu’il n’imaginait pas que ce qu’il considère comme un « vol mineur » aboutirait à une détention prolongée. La chambre d’instruction de Paris a rejeté leur demande de remise en liberté, un refus qualifié de « scandale » par la défense, soulignant le contraste entre la modestie des biens dérobés et la rigueur de la réponse judiciaire.

L’affaire met en lumière une problématique souvent débattue en France : le traitement des infractions commises par des migrants, en particulier lorsqu’elles impliquent des personnalités publiques. Selon la presse française, les enquêtes ont été menées avec minutie par la police judiciaire, et la restitution de la montre volée à son propriétaire témoigne d’un suivi efficace de l’enquête.

Si le préjudice matériel reste limité, l’impact médiatique est considérable. L’opinion publique et les observateurs du droit s’interrogent sur l’équilibre entre la célébrité des victimes et la proportionnalité de la sanction infligée aux jeunes hommes. Au-delà de l’infraction en elle-même, cette affaire soulève des questions sur la manière dont le système judiciaire français prend en compte le contexte social et migratoire des prévenus.

Cette affaire rappelle aussi que la médiatisation peut influencer la perception du droit et amplifier la portée d’incidents qui, dans d’autres circonstances, seraient restés de simples délits mineurs. Selon la presse française, la détention des deux Algériens continue de susciter débats et polémiques, entre vigilance légale et questions sur la justice équitable face aux préjugés médiatiques et sociaux.

Mourad Benyahia

- Publicité -

Emigration algérienne : plus de 50% sont des femmes 

2
Haragas algériens
Haragas algériens : les barques du dernier espoir d'une vie meilleure.

Les données les plus récentes des Nations unies confirment un tournant discret mais structurant dans la dynamique migratoire algérienne. Les femmes émigrent de plus en plus que les hommes. Pour des raisons autant sociologiques qu’économiques sans doute.

Longtemps dominée par les hommes, l’émigration algérienne se caractérise désormais par une majorité féminine, une évolution rare dans l’espace maghrébin et révélatrice de transformations sociales plus profondes.

Un basculement statistique attesté par l’ONU

Selon le rapport International Migrant Stock 2024 du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (UN DESA), la diaspora algérienne compte désormais légèrement plus de femmes que d’hommes. Le ratio de féminité atteint 1,02, indiquant que, pour 100 hommes nés en Algérie et résidant à l’étranger, on dénombre environ 102 femmes.

Sur un stock migratoire total estimé à près de deux millions de personnes, les femmes représentent désormais un peu plus de la moitié. Cette configuration place l’Algérie à contre-courant des autres pays d’Afrique du Nord, où l’émigration reste majoritairement masculine, notamment au Maroc et en Égypte, dont les flux demeurent fortement liés aux secteurs à forte intensité de main-d’œuvre masculine.

À l’échelle mondiale, les femmes constituent environ 48 % des migrants internationaux. L’Algérie franchit ainsi un seuil que peu de pays du Sud ont atteint, traduisant une évolution structurelle plutôt qu’un simple ajustement conjoncturel.

De la migration familiale à la mobilité autonome

L’analyse longitudinale des données de l’ONU met en évidence un changement de nature des trajectoires migratoires féminines algériennes. Pendant plusieurs décennies, celles-ci relevaient majoritairement du regroupement familial, dans le sillage d’une émigration masculine préalable.

Depuis le milieu des années 2010, cette logique s’est progressivement érodée au profit de projets migratoires autonomes, portés par des femmes jeunes, diplômées et actives. Trois canaux principaux structurent désormais cette mobilité :

La migration étudiante, devenue un vecteur central. Les flux d’étudiantes algériennes vers l’Europe et l’Amérique du Nord ont fortement progressé, avec des taux de mobilité désormais comparables à ceux des hommes.

La migration qualifiée, notamment dans les secteurs de la santé, de l’ingénierie, de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La diversification des destinations, au-delà du pôle historique français.

La France demeure le premier pays d’accueil, avec une population algérienne où les femmes représentent plus de 50 %. Le Canada se distingue également, affichant un taux de féminisation estimé à environ 52 %, en lien avec des politiques migratoires favorables aux profils hautement qualifiés.

Le poids du capital scolaire féminin

Cette féminisation s’inscrit dans un contexte national marqué par un surplus de capital éducatif féminin. En Algérie, les femmes représentent plus de 60 % des effectifs universitaires, avec des taux de réussite supérieurs à ceux des hommes, selon les données consolidées par les agences onusiennes.

Ce déséquilibre entre niveau de qualification et capacités d’absorption du marché du travail national alimente une dynamique de départ. La migration apparaît alors comme un mécanisme de valorisation du diplôme, dans un environnement international perçu comme plus méritocratique et plus ouvert aux carrières féminines.

Contrairement aux vagues migratoires ouvrières du passé, ces nouvelles trajectoires sont largement individualisées, pensées comme des investissements de long terme dans des parcours professionnels transnationaux.

Une exception maghrébine aux causes multiples

L’Algérie se distingue ainsi par un modèle migratoire en transition, qui tend à se rapprocher de celui des pays à revenu élevé, où la parité — voire la majorité féminine — est devenue la norme.

Les experts de l’ONU y voient le reflet de transformations sociales internes : élargissement de l’accès des femmes à l’éducation, montée des aspirations à l’autonomie économique, mais aussi tensions persistantes sur l’emploi et les conditions de vie. À ces facteurs s’ajoutent des motivations socioculturelles plus diffuses : recherche d’un cadre de vie perçu comme plus sécurisant, accès aux services publics, ou encore volonté d’échapper à certaines contraintes sociales.

Une féminisation qui interroge les politiques publiques

Cette recomposition n’est pas sans conséquences. La montée en puissance d’une émigration féminine qualifiée pose la question d’une fuite des compétences au féminin, susceptible d’affecter durablement les capacités de renouvellement du tissu économique et social national.

Pour l’ONU, le défi pour l’Algérie ne réside pas uniquement dans la gestion des flux migratoires, mais dans la création de conditions internes capables de retenir — ou de faire revenir — ces profils hautement formés. À défaut, la féminisation de l’émigration risque de devenir un indicateur durable d’un déséquilibre structurel entre aspirations sociales et débouchés économiques.

Un révélateur plus qu’une anomalie

Loin d’être un simple fait statistique, ce basculement vers une majorité féminine constitue un révélateur des mutations silencieuses de la société algérienne. Il traduit l’émergence de nouvelles formes de mobilité, de nouvelles attentes et d’un rapport renouvelé à l’espace public, au travail et à l’avenir.

En ce sens, l’émigration féminine algérienne ne relève plus de l’exception, mais d’une transition inachevée, dont les implications dépassent largement le seul champ migratoire.

​Résumé des données pour l’Algérie selon l’ONU

Population migrante totale : Environ 2 millions de personnes nées en Algérie vivent à l’étranger.

Féminisation : Le rapport souligne qu’en 2024, le taux de femmes algériennes à l’étranger a atteint un point de bascule historique (ratio de 1,02 femme pour 1 homme), faisant de l’Algérie une exception notable en Afrique du Nord.

Samia Naït Iqbal

Liens  pour accéder au rapport de l’ONU intitulé  « International Migrant Stock 2024: Key facts and figures », publié par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (UN DESA).

  1.  International Migrant Stock 2024: Key facts and figures C’est dans ce document que sont analysées les tendances mondiales et régionales, incluant l’évolution de la migration féminine.
  2.  : International migrant stock at mid-year by sex and by region, country or area of origin, 1990-2024 Ce fichier contient les statistiques précises par pays d’origine (Algérie) et par sexe, permettant de vérifier le dépassement du nombre de femmes sur celui des hommes en 2024.
- Publicité -

Résurgence impérialiste : les symptômes d’une crise structurelle de l’ordre libéral international

0
Guerre
Crédit image : safary248

L’actualité internationale récente confirme avec une acuité croissante la thèse d’un retour simultané de l’extrémisme politique et des logiques impérialistes. Des États pourtant insérés dans des cadres institutionnels démocratiques connaissent une radicalisation idéologique interne, tandis que la scène internationale est marquée par la réhabilitation explicite du rapport de force, de l’annexion territoriale et de l’ingérence armée.

Cette conjoncture ne saurait être réduite à une juxtaposition de crises régionales ; elle révèle une recomposition structurelle de l’ordre mondial, dans un contexte de déclin relatif du multilatéralisme libéral.

L’ordre international issu de la fin de la guerre froide reposait sur un postulat central : l’expansion progressive de la démocratie libérale, de l’économie de marché et du multilatéralisme juridique. Or, les évolutions politiques et géopolitiques observées depuis les années 2010 indiquent une rupture historique avec ce schéma. La montée de l’extrémisme politique, la consolidation de régimes illibéraux et la résurgence de pratiques impérialistes témoignent de l’entrée dans une séquence post-libérale, marquée par la contestation simultanée de la démocratie représentative et de l’ordre international fondé sur le droit.

Cette transformation ne doit pas être interprétée comme une simple réaction conjoncturelle à des crises successives (crise financière de 2008, pandémie, conflits armés), mais comme l’expression d’une crise structurelle de légitimation du capitalisme politique globalisé.

L’analyse de cas concrets — en Europe, en Amérique, en Eurasie et au Moyen-Orient — permet de montrer que l’extrémisme intérieur et l’impérialisme extérieur constituent des dynamiques profondément imbriquées, répondant à des logiques de légitimation du pouvoir et de stabilisation autoritaire. Dans de nombreuses régions du monde, l’extrémisme politique prospère sur un triple sentiment d’insécurité : économique (précarité, inflation, inégalités), culturelle (peur du déclassement identitaire) et politique (défiance envers les élites et les institutions). Cette configuration correspond à ce que Zygmunt Bauman qualifiait de « modernité liquide », caractérisée par l’effritement des cadres protecteurs traditionnels. Les mouvements d’extrême droite proposent alors des identités closes, homogénéisantes, fondées sur l’ethnicité, la nation ou la religion, fonctionnant comme des antidotes illusoires à l’incertitude sociale.

En Europe, la normalisation électorale de partis d’extrême droite s’est accompagnée d’un durcissement idéologique du centre politique, traduisant une contamination du champ discursif. Les politiques migratoires restrictives, la criminalisation de la solidarité et la remise en cause de normes juridiques européennes illustrent cette dérive. Aux États-Unis, la radicalisation populiste a introduit une logique de guerre culturelle permanente, où l’État fédéral, les médias et même le processus électoral sont présentés comme illégitimes. Cette polarisation extrême fragilise la démocratie non par un coup d’État, mais par une érosion progressive de la confiance collective.

On assiste aujourd’hui à un retour préoccupant de l’extrémisme, particulièrement à travers l’accession au pouvoir — ou la montée en puissance — de régimes et de forces politiques d’extrême droite dans plusieurs régions du monde. Ce phénomène n’est ni accidentel ni isolé : il s’inscrit dans un contexte global de crises multiples — économiques, identitaires, géopolitiques et culturelles — qui fragilisent les sociétés et rendent les discours radicaux plus audibles. Le contexte international contemporain est marqué par une double dynamique régressive : la montée de l’extrémisme politique à l’intérieur des États, notamment sous la forme de gouvernements et de mouvements d’extrême droite, et la réactivation de logiques impérialistes dans les relations internationales. Cette conjoncture remet en cause les postulats centraux du « moment libéral » de l’après-guerre froide, que Francis Fukuyama avait théorisé, de manière controversée, comme la « fin de l’histoire ». Loin de se diriger vers une convergence démocratique, le système international semble au contraire s’orienter vers une repolarisation idéologique et géopolitique.

Dans la lignée de Karl Polanyi, on peut interpréter la montée de l’extrémisme comme une réaction sociétale aux déséquilibres produits par la marchandisation généralisée. La mondialisation néolibérale, en désarticulant les cadres nationaux de régulation sociale, a généré ce que Pierre Bourdieu appelait une « insécurité sociale généralisée », propice à la radicalisation politique. Les forces d’extrême droite opèrent une traduction idéologique de la souffrance sociale en termes identitaires.

La conflictualité de classe est ainsi reconfigurée en conflictualité culturelle ou civilisationnelle.

Cette dynamique correspond à ce que Ernesto Laclau décrit comme une construction discursive du peuple, fondée non sur des intérêts matériels objectifs, mais sur une chaîne d’équivalences symboliques opposant un « nous » homogénéisé à des « ennemis » intérieurs et extérieurs.

La montée de l’extrémisme politique : du pluralisme au nationalisme exclusif

Dans plusieurs démocraties occidentales, la progression électorale, voire l’accession au pouvoir, de forces d’extrême droite illustre la mutation illibérale du champ politique. En Europe, des gouvernements ou coalitions marqués par un nationalisme identitaire ont engagé des politiques de restriction des libertés publiques, de mise au pas des médias et de remise en cause de l’indépendance judiciaire. Le discours politique y est structuré autour de la défense d’une identité nationale essentialisée, opposée à des figures de l’« ennemi intérieur » : migrants, minorités culturelles, ONG, journalistes ou institutions supranationales.

Aux États-Unis, la persistance d’un courant populiste radical, malgré l’alternance institutionnelle, témoigne d’une polarisation durable de l’espace public. La remise en cause des résultats électoraux, la délégitimation des médias et la sacralisation de la nation contre l’État de droit illustrent ce que la littérature politologique identifie comme une crise de la légitimité démocratique. Le politique y est de plus en plus conçu comme un combat existentiel, et non comme un espace de délibération. Ces exemples confirment l’hypothèse selon laquelle l’extrémisme contemporain ne se manifeste pas d’abord par la suspension des élections, mais par une redéfinition autoritaire de la souveraineté, où la majorité est invoquée pour justifier l’exclusion et la coercition.

Ces dynamiques confirment la thèse de l’« autoritarisme électoral » : un régime dans lequel l’élection subsiste, mais ne garantit plus l’alternance réelle ni la protection des droits fondamentaux. La légitimité politique y est fondée sur une interprétation exclusive de la volonté populaire, réduite à une majorité ethno-nationale ou idéologique. 

La peur comme moteur politique

L’extrême droite prospère sur la peur : peur du déclassement social, de l’immigration, de la perte d’identité nationale, de la mondialisation perçue comme une dépossession. Ces régimes ou mouvements instrumentalisent l’angoisse collective pour désigner des boucs émissaires — étrangers, minorités, opposants, élites intellectuelles — et proposer des solutions simplistes à des problèmes complexes. La rhétorique de l’« ordre », de la « souveraineté » et du « retour à la grandeur » masque souvent une remise en cause des libertés fondamentales.

Le retour de l’extrémisme s’accompagne d’un affaiblissement des contre-pouvoirs : justice sous pression, médias discrédités ou muselés, société civile marginalisée.

L’élection devient parfois un simple alibi démocratique, vidée de son esprit, au profit d’un pouvoir autoritaire qui s’installe durablement. La vérité elle-même est relativisée, remplacée par des récits nationaux mythifiés et des discours complotistes.

Parallèlement, on observe un retour de l’impérialisme, non plus toujours sous la forme classique de la colonisation, mais à travers des logiques de domination économique, militaire, technologique et culturelle. Certains États, portés par des idéologies nationalistes radicales, cherchent à étendre leur influence en violant le droit international, en annexant des territoires, en soutenant des régimes clients ou en imposant leur volonté par la force. L’extrémisme intérieur alimente ainsi un impérialisme extérieur, légitimé par un discours de puissance et de revanche historique.

Ce retour de l’extrémisme et de l’impérialisme constitue une menace directe pour la paix mondiale, mais aussi pour l’idée même d’un destin humain partagé. Il sape les efforts de solidarité internationale, accentue les inégalités et ferme l’horizon politique à toute alternative progressiste. Face à cela, la résistance ne peut être seulement morale : elle doit être intellectuelle, politique et citoyenne, fondée sur la défense de la raison, du droit et de la dignité humaine.

Le grand retour des démons : extrémisme et impérialisme au XXIᵉ siècle

L’histoire que l’on croyait reléguée aux marges du XXᵉ siècle revient frapper à la porte du présent. Sous des habits neufs, parfois élus démocratiquement, l’extrémisme renaît, porté par l’accession au pouvoir de régimes d’extrême droite et par la banalisation de discours jadis jugés infréquentables. Ce retour n’est pas une simple dérive politique : il annonce une régression civilisationnelle. Partout, la mécanique est la même.

On gouverne par la peur, on simplifie à l’excès, on divise pour régner. L’étranger devient une menace, la différence une faute, la contestation une trahison.

Le langage se durcit, la nuance disparaît, et la démocratie se transforme en décor : on conserve les urnes, mais on vide l’esprit. La liberté de la presse, l’indépendance de la justice et le pluralisme sont perçus non comme des acquis, mais comme des obstacles.

Ce glissement autoritaire à l’intérieur des États s’accompagne d’un phénomène tout aussi inquiétant sur la scène internationale : le retour de l’impérialisme. Un impérialisme décomplexé, souvent justifié par la rhétorique de la souveraineté, de la grandeur retrouvée ou de la revanche historique. L’annexion, l’ingérence, la guerre et le chantage économique redeviennent des outils politiques assumés.

Le droit international, patiemment construit après les grandes catastrophes du siècle passé, est piétiné au nom du rapport de force. L’extrémisme intérieur nourrit ainsi l’agressivité extérieure. Plus un régime se crispe sur une identité fantasmée, plus il cherche à projeter sa puissance au-delà de ses frontières. La violence devient un langage légitime, la domination une vertu, la paix une naïveté. Le monde glisse alors vers une logique dangereuse où la loi du plus fort remplace la règle commune.

Ce qui frappe, c’est la normalisation de l’inacceptable. Des idées autrefois confinées aux marges s’installent au centre du débat public. On relativise l’autoritarisme, on excuse l’intolérance, on s’habitue à la brutalité. Le vacarme idéologique finit par étouffer la raison, et l’indignation s’émousse à force de répétition. Ce retour de l’extrémisme et de l’impérialisme n’est pas seulement une menace géopolitique ; il est une attaque frontale contre l’idée même d’un avenir commun. Il fracture les sociétés, radicalise les relations internationales et referme l’horizon de la coopération. Face à ce danger, le silence n’est pas une neutralité : il est une complicité. Résister aujourd’hui, c’est défendre la parole libre, la complexité du réel et la primauté du droit contre la tentation du chaos.

La période contemporaine est marquée par une dynamique paradoxale. Alors que la fin de la guerre froide avait nourri l’hypothèse d’une diffusion irréversible de la démocratie libérale et d’un dépassement progressif des rivalités de puissance, le monde connaît aujourd’hui une repolarisation idéologique et géopolitique. La montée de l’extrémisme politique, en particulier sous la forme de mouvements et de régimes d’extrême droite, coïncide avec la réactivation de pratiques impérialistes dans les relations internationales. Cette conjonction invite à une analyse systémique, mettant en lumière les interactions entre transformations internes des régimes politiques et reconfigurations de l’ordre mondial. Dans une perspective néo-critique, on peut poser l’hypothèse que l’extrémisme contemporain et le retour de l’impérialisme constituent deux expressions d’une même crise de légitimation des États et du capitalisme globalisé, au sens où l’entend Jürgen Habermas.

Sur le plan international, la guerre en Ukraine constitue un exemple paradigmatique du retour de l’impérialisme territorial en Europe. 

L’invasion et l’annexion de territoires, justifiées par un discours historique et civilisationnel, traduisent une remise en cause frontale du principe de souveraineté des États et de l’intangibilité des frontières, principe fondateur de l’ordre post-1945. Cette stratégie impériale s’inscrit dans une logique de restauration de la puissance, nourrie par un nationalisme autoritaire interne. Ce retour de l’impérialisme territorial ne se limite pas à l’Europe.

En Afrique, certaines puissances réactivent des logiques de zones d’influence, mêlant présence militaire, contrôle des ressources et soutien à des régimes autoritaires.

L’impérialisme y prend la forme d’une domination sécuritaire et économique, souvent présentée comme une alternative au multilatéralisme occidental.

Dans un autre registre, la situation au Moyen-Orient illustre la normalisation de la violence asymétrique et étatique, où la logique sécuritaire tend à supplanter toute perspective de règlement politique durable. Le recours massif à la force, la marginalisation du droit international humanitaire et l’acceptation croissante des destructions civiles traduisent un glissement vers une conception décomplexée de la domination militaire. Par ailleurs, les rivalités sino-américaines en mer de Chine méridionale et autour de Taïwan révèlent une impérialité stratégique indirecte, fondée moins sur l’occupation que sur le contrôle des routes commerciales, des technologies critiques et des espaces maritimes. Ici, l’impérialisme s’exerce par la dissuasion, la démonstration de force, la pression économique, contrôle des infrastructures critiques, des chaînes d’approvisionnement et des technologies clés (semi-conducteurs, intelligence artificielle, réseaux numériques). La mer de Chine méridionale devient un espace de projection de puissance, où le droit maritime international est subordonné à la démonstration de force.

Cette évolution confirme l’hypothèse d’un impérialisme sans colonie formelle, fondé sur la dépendance structurelle plutôt que sur l’occupation directe.

Les fondements socio-économiques de l’extrémisme contemporain

L’extrémisme politique ne surgit pas ex nihilo. Il s’enracine dans les contradictions structurelles du capitalisme tardif. La mondialisation néolibérale, analysée notamment par David Harvey comme un processus d’« accumulation par dépossession », a profondément reconfiguré les rapports sociaux. La désindustrialisation, la financiarisation de l’économie et la flexibilisation du travail ont produit une fragmentation des classes sociales et un sentiment de déclassement généralisé. 

Sur le plan institutionnel, l’extrémisme contemporain se manifeste souvent sous la forme d’un populisme autoritaire, tel que théorisé par Cas Mudde et Jan-Werner Müller. Ce populisme repose sur une conception morale et exclusive du peuple, opposé à des élites jugées corrompues et à des minorités supposées illégitimes. Contrairement aux totalitarismes classiques analysés par Hannah Arendt, l’extrémisme contemporain ne procède pas nécessairement par destruction frontale des institutions démocratiques, mais par leur capture progressive. Fareed Zakaria a forgé le concept de démocratie illibérale pour désigner ces régimes où l’élection subsiste, tandis que l’État de droit, la séparation des pouvoirs et les libertés fondamentales sont progressivement érodés.

Cette mutation s’opère par un processus de désinstitutionnalisation normative : les normes juridiques et éthiques sont subordonnées à une interprétation majoritaire et nationaliste de la souveraineté. Carl Schmitt, théoricien controversé du décisionnisme, redevient une référence implicite : le souverain est celui qui décide de l’exception, et l’exception tend à devenir la règle.

Autoritarisme interne et projection externe : une dynamique de légitimation croisée

L’un des apports majeurs de l’analyse comparative est la mise en évidence d’une relation circulaire entre autoritarisme interne et expansion externe. Les régimes confrontés à une crise de légitimité interne tendent à recourir à la confrontation extérieure comme instrument de consolidation politique. La guerre, la confrontation ou la posture impériale jouent un rôle de cohésion nationale artificielle, en détournant l’attention des fractures sociales internes. Cette posture leur permet de justifier la répression de la dissidence et transforme l’opposition politique en menace sécuritaire.

Cette logique rejoint la théorie de la « guerre de diversion », mais doit être élargie à une économie politique de la conflictualité, où la violence devient un mode de gouvernement.

Dans le cas russe, la mobilisation du récit impérial et de la menace occidentale permet de justifier la restriction des libertés, la criminalisation de l’opposition et le contrôle de l’espace informationnel. De manière analogue, dans d’autres contextes, l’ennemi extérieur est invoqué pour délégitimer toute critique interne, assimilée à une trahison. 

Cette articulation confirme la pertinence des analyses gramsciennes de la crise d’hégémonie : lorsque le consensus social fait défaut, le pouvoir se replie sur la coercition et la projection de puissance. Les régimes autoritaires contemporains mobilisent les conflits extérieurs comme des ressources de légitimation interne, renforçant la cohésion nationale par la désignation d’ennemis extérieurs. En érigeant certaines questions en menaces existentielles, les gouvernements justifient des mesures exceptionnelles, tant sur le plan interne qu’externe, au détriment des normes démocratiques et juridiques.

La crise du multilatéralisme et la banalisation de l’exception

L’un des effets majeurs de cette dynamique est l’affaiblissement des institutions multilatérales. Le Conseil de sécurité des Nations unies apparaît paralysé, le droit international de plus en plus sélectivement appliqué, et les organisations internationales marginalisées face aux stratégies unilatérales des grandes puissances. Cette crise favorise la banalisation de l’état d’exception. Les restrictions aux libertés, la surveillance de masse et les politiques sécuritaires sont justifiées par des menaces permanentes — terrorisme, guerre, instabilité globale — qui tendent à devenir structurelles.

Comme l’avait anticipé Giorgio Agamben, l’exception cesse d’être temporaire pour devenir un mode ordinaire de gouvernement.

La radicalisation politique et la résurgence impérialiste s’accompagnent d’une militarisation du langage politique. L’ennemi, la menace et la sécurité deviennent des catégories centrales du discours public, au détriment de la justice sociale, de l’égalité et de la coopération. Dans cet espace public dégradé, la désinformation et la propagande jouent un rôle central. La vérité devient un enjeu stratégique, confirmant l’analyse de Hannah Arendt sur la fragilité du réel face au pouvoir politique.

Le contexte mondial actuel révèle une reconfiguration durable du pouvoir politique, où l’extrémisme intérieur et l’impérialisme extérieur fonctionnent comme des mécanismes complémentaires de domination. Cette dynamique ne traduit pas un simple retour du passé, mais l’émergence d’une nouvelle forme de gouvernance autoritaire adaptée à la mondialisation conflictuelle. La question centrale n’est donc plus seulement celle de la défense de la démocratie libérale, mais celle de sa réinvention matérielle, sociale et normative. Sans réduction des inégalités, sans refondation du multilatéralisme et sans réhabilitation de la rationalité politique, l’extrémisme et l’impérialisme risquent de devenir les matrices dominantes du XXIᵉ siècle.

Bachir Djaïder, journaliste et écrivain

- Publicité -

CAN 2025 : les Lions de l’Atlas rugissent d’entrée face aux Comores

0
Les Lions de l'Atlas.
Les Lions de l'Atlas vainqueurs

Le stade Moulay Abdellah vibre dès l’ouverture de la CAN 2025. Dimanche soir, 60 000 supporters sont au rendez-vous, drapeaux rouges et verts flottant dans l’air glacé de Rabat, impatients de voir les Lions de l’Atlas lancer leur tournoi.

Et le spectacle ne déçoit pas : le Maroc bat les Comores 2-0, dans un match où la tension, l’émotion et la technique se mêlent à chaque action.

Dès le coup d’envoi, le Maroc impose son rythme. La possession est écrasante, les passes s’enchaînent, mais la défense comorienne résiste, compacte et déterminée. Les Cœlacanthes, comme on les surnomme, tiennent bon malgré la pression et n’hésitent pas à durcir le jeu. Les fautes s’accumulent, le public retient son souffle sur chaque tir. Le penalty accordé à Rahimi après une faute sur Brahim Diaz, à la 9e minute, échoue grâce à l’arrêt magistral de Yannick Pandor. La sortie sur blessure du capitaine Romain Saïss à la 18e minute ajoute au suspense et inquiète les supporters marocains.

La première mi-temps se termine sur un sentiment de frustration : le Maroc domine, mais le score reste vierge. Les supporters chantent, encouragent, frappent des mains, et le stade devient une mer rouge et verte.

La deuxième période débloque enfin le match. À la 55e minute, Brahim Diaz, servi par Mazraoui et Amrabat, trouve le chemin des filets. Les tribunes explosent, les klaxons résonnent, et les supporters laissent éclater leur joie. Mais l’action qui fait vibrer tout Rabat survient à la 74e minute : El Kaabi, dos au but, exécute un ciseau parfait après une percée personnelle. Le ballon file dans les filets et scelle la victoire. La ferveur est à son comble.

Même sans Achraf Hakimi, ménagé par Walid Regragui, le Maroc a montré sa force collective, sa maîtrise technique et sa capacité à transformer les occasions en buts. Les Comores n’ont jamais lâché, mais la marche était trop haute pour eux face à l’expérience et au talent des Lions.

Avec trois points, le Maroc prend la tête du groupe A et se prépare à affronter la Zambie, avant le choc attendu contre le Mali. Cette entrée en matière envoie un message clair : les Lions de l’Atlas sont prêts à rugir tout au long du tournoi, et Rabat a déjà vibré au rythme d’une fête qui promet d’être mémorable pour tout le football africain.

Djamal Guettala 

- Publicité -

Coupe de France : l’OM en maîtrise, qualification sans trembler

0
L'O Marseille qualifiée
L'O Marseille qualifiée

Marseille conclut l’année sur une note solide. Face à Bourg-en-Bresse, club de National, les Phocéens ont rapidement pris le contrôle du match et déroulé leur jeu, validant leur qualification pour les 16es de finale sans frayeur (6-0). Une victoire nette qui reflète la cohésion et la discipline retrouvées de l’équipe.

Dès les premières minutes, l’Olympique de Marseille a imposé son rythme. Sur un corner parfaitement exécuté par Angel Gomes, Leonardo Balerdi s’est élevé pour ouvrir le score de la tête (0-1, 8e). 

L’OM installait alors sa domination, multipliant les passes et patientant pour trouver les espaces laissés par la défense adverse. Bourg-en-Bresse a tenté de résister, profitant de quelques contre-attaques, mais sans jamais mettre De Lange en difficulté.

Le tournant est survenu après la pause. Mason Greenwood, lancé dans la profondeur par Højbjerg, a doublé la mise d’une frappe précise (0-2, 59e). Quelques minutes plus tard, le Danois a signé un bijou enroulé depuis l’entrée de la surface (0-3, 64e), avant qu’Igor Paixão, profitant d’une erreur défensive, ne marque dans la cage vide (0-4, 66e). Les entrées de Bilal Nadir et Tadjidine Mmadi ont renforcé le festival offensif : Nadir a enchaîné feinte et frappe enroulée (0-5, 77e), et Mmadi a conclu le score avec puissance (0-6, 87e).

Au-delà des buts, c’est la structure et la cohésion de l’équipe qui a impressionné. Højbjerg et O’Riley ont dicté le rythme, Gomes a trouvé les intervalles, et les latéraux Weah et Emerson ont su combiner montée et équilibre défensif. Même les entrants ont joué leur rôle à la perfection, soulignant la profondeur de l’effectif.

Ce succès permet à Marseille de terminer 2025 sur un visage sérieux et maîtrisé. Le chemin reste long, mais cette démonstration rappelle que l’OM sait gérer ses rendez-vous face à des équipes inférieures, sans se précipiter ni s’exposer. Une manière efficace et sereine de tourner la page de l’année et d’aborder la suite de la saison.

Djamal Guettala 

- Publicité -

Israël poursuit ses opérations militaires meurtrières à Gaza malgré le cessez-le-feu

0
La famine tue aussi à Gaza.
La famine tue aussi à Gaza.

L’armée israélienne a tué vendredi 19 décembre six Palestiniens, dont un bébé, lorsqu’un obus de char a touché le deuxième étage du bâtiment en plein mariage célébré dans une école du quartier d’al Tuffah, à l’est de la ville de Gaza.

Après le tir, les équipes de la Défense civile ont été empêchées d’intervenir pendant au moins deux heures. Les funérailles, samedi 20 décembre, illustrent un cessez-le-feu qui est régulièrement violé par les forces israéliennes.

Parmi les victimes figurent un bébé de quatre mois, une adolescente de 14 ans ainsi que deux femmes, selon Mohammed Abou Salmiya, directeur de l’hôpital al-Chifa. Les funérailles ont eu lieu samedi 20 décembre. « Ce n’est pas une trêve, c’est un bain de sang, nous voulons que ça s’arrête », a lancé samedi devant l’hôpital Nafiz al-Nader, en référence au cessez-le-feu en vigueur depuis octobre à Gaza entre Israël et le Hamas.

Cette attaque est la dernière d’une série de violations du cessez-le-feu par Israël. En tout, depuis le 10 octobre dernier, date de son entrée en vigueur, au moins 401 Palestiniens ont été tués. L’accord était pourtant censé suspendre les hostilités, rapporte la correspondante de Rfi à Ramallah, Alice Froussard.

Mais les attaques n’ont jamais complètement cessé : les forces israéliennes ont mené des frappes aériennes, des tirs d’artillerie et des opérations militaires, tuant des civils ou détruisant des infrastructures, y compris certaines dans des zones censées être protégées par la trêve.

Israël continue également de bloquer la libre circulation de l’aide humanitaire dont Gaza a désespérément besoin.

Dans le même temps, l’envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient Steve Witkoff, et d’autres hauts responsables américains doivent entamer des discussions en Floride sur la manière de parvenir à la phase 2 du cessez-le-feu. Mais les négociations progressent lentement et les deux camps s’accusent mutuellement de ne pas respecter les termes de l’accord.

Pour de nombreux civils à Gaza, cela ne ressemble pas à la paix promise. Le nouvel incident tragique prouve à quel point le cessez-le-feu est encore loin de garantir la sécurité à la population palestinienne.

Cisjordanie : 19 nouvelles colonies approuvées par les autorités israéliennes

En Cisjordanie, la situation n’est pas meilleure pour les Palestiniens non plus. Dimanche 21 décembre, le cabinet de sécurité a validé un plan d’ampleur en Cisjordanie occupée, autorisant l’installation de 19 nouvelles colonies. Une annonce qui porte à 69 le nombre total de colonies, qui se sont multipliées de façon record tout au long de l’année 2025.

C’est un nouveau coup d’accélérateur pour la politique du gouvernement israélien. Le cabinet de sécurité a officiellement approuvé dimanche la légalisation de 19 avant-postes en Cisjordanie.

Parmi eux figurent les anciennes colonies de Kadim et Ganim, situées dans le nord du territoire occupé et qui avaient été évacuées en 2005 dans le cadre du plan de désengagement. Pour le ministre des Finances, le très extrême droitier, Bezalel Smotrich, ces lieux ont une importance stratégique primordiale pour la colonisation. 

Il s’agit de « réparer l’injustice historique qui remonte à 20 ans et empêcher la mise en place d’un État terroriste palestinien », proclame encore Smotrich, qui est également l’un des dirigeants de l’extrême droite israélienne. « Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral », ont ajouté de concert les cabinets du ministre des Finances et de son collègue de la Défense, Israël Katz, également membre de la droite radicale du pays.

Avec cette décision, le nombre total de colonies approuvées par Israël au cours des trois dernières années grimpe désormais à soixante-neuf. Cette annonce survient deux jours seulement après un rapport de l’ONU, signalant que, depuis le début du décompte en 2017, la croissance des colonies israéliennes en Cisjordanie a déjà atteint un niveau record en 2025.

Avec Rfi

- Publicité -

Batna : un réseau de trafiquants de psychotropes mis à nu

0
Réseau de trafiquants de psychotropes neutralisé
Réseau de trafiquants de psychotropes neutralisé à Batna. Crédit photo : DR.

À Batna, la traque des réseaux de revendeurs et autres trafiquants de psychotropes se poursuit, révélant l’ampleur d’un fléau qui gangrène silencieusement la région des Aurès.

Une opération sécuritaire conjointe entre l’Armée nationale populaire et les services de la Sûreté nationale a permis, ces derniers jours, l’arrestation de l’un des plus importants mrojeurs de substances hallucinogènes de la wilaya, avec la saisie de 56 550 capsules de psychotropes.

L’intervention n’a rien d’une action improvisée. Elle est le résultat d’un travail de renseignement de longue haleine, mené sur le terrain, qui a conduit à l’identification d’un individu décrit comme un maillon central d’un réseau structuré de distribution. La perquisition de son domicile a permis de mettre au jour une quantité massive de capsules, prêtes à être écoulées sur le marché local.

Derrière les chiffres, une réalité préoccupante se dessine. Batna, comme d’autres wilayas de l’intérieur du pays, est devenue une zone de forte pression pour les réseaux spécialisés dans les psychotropes, notamment les médicaments détournés de leur usage thérapeutique. Ces substances, largement consommées par une frange de la jeunesse, alimentent une spirale de dépendance, de violence et de délitement social.

Cette arrestation s’inscrit dans une série d’opérations menées récemment dans la wilaya et ses environs. Au cours des derniers mois, les services de sécurité ont procédé à plusieurs saisies importantes, parfois de dizaines de milliers de comprimés, parfois davantage, témoignant d’une tentative persistante d’inonder le marché par des réseaux organisés, souvent mobiles et difficiles à démanteler dans leur totalité.

Si les autorités mettent en avant la coordination entre les différents corps de sécurité, la répétition de ces affaires interroge. Elle pose, une fois encore, la question des circuits d’approvisionnement, des complicités, mais aussi de l’efficacité des dispositifs de prévention dans une région confrontée à un malaise social profond.

Le suspect interpellé a été présenté devant les juridictions compétentes. L’enquête se poursuit afin d’identifier d’éventuels complices et de remonter les filières. Mais au-delà du coup de filet, c’est bien une bataille de fond qui se joue : celle contre une économie parallèle qui prospère sur la vulnérabilité sociale et l’absence de perspectives.

À Batna comme ailleurs, la lutte contre les psychotropes ne peut se limiter aux seules réponses sécuritaires. Elle appelle une approche globale, associant prévention, prise en charge sanitaire et politiques sociales capables de tarir, durablement, le terreau sur lequel prospèrent ces réseaux.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

Élections en Algérie : la ligne de la continuité face à l’épreuve du pluralisme

4
RCD, Atmane Mazouz
Le RCD a décidé de participer aux prochaines élections. Crédit photo : Le Matin d'Algérie

À l’approche des prochaines échéances électorales, la scène politique, calcifiée par l’autoritarisme, rebouge. Elle se structure autour de deux lectures concurrentes de l’enjeu du scrutin.

D’un côté, les formations de la coalition présidentielle défendent une approche fondée sur la stabilité institutionnelle et la continuité de l’action du pouvoir en place. De l’autre, les partis de la mouvance démocratique tentent de réinvestir l’espace électoral en posant la question des conditions mêmes d’un processus politique crédible.

Exit la question des quelque 250 détenus d’opinion, la violation des droits, la mise sous cloche des libertés individuelles, la censure… Le régime a donc imposé à ce qui reste de l’opposition son agenda.

Le Front El Mostaqbal et le récit de la stabilité

Le récent discours de Fateh Boutbig, président du Front El Mostaqbal, prononcé à Aflou, illustre avec netteté cette ligne de fracture.

En déplacement dans cette région steppique des Hauts-Plateaux, longtemps administrée par la wilaya de Laghouat avant d’accéder récemment au statut de wilaya, il a présenté les prochaines élections comme un moment de consolidation plutôt que de remise en cause. En même temps, ce parti est participationniste, on ne lui connaît pas des positions tranchées vis-à-vis du pouvoir. Bien au contraire. Alors…

Inscrit dans la majorité présidentielle, renforcée par le ralliement de plusieurs partis, dont le FLN, le RND et Al-Bina El Watani, le président du Front El Mostaqbal a défendu une vision dans laquelle le scrutin s’inscrit dans la continuité de la trajectoire autoritaire et de compromission totale avec le régime qu’incarne actuellement Abdelmadjid Tebboune.

Son discours s’articule autour de notions récurrentes : stabilité, préservation des acquis et souveraineté nationale. Des antiennes opportunistes et sans sens critique politique. Les élections sont ainsi présentées comme un rempart face aux incertitudes régionales et aux discours jugés déstabilisateurs. La réforme, dans cette approche, s’opère graduellement à partir des institutions existantes et se matérialise par des politiques publiques telles que le nouveau découpage territorial ou la recherche d’un meilleur équilibre régional. La participation électorale y est conçue comme un acte de responsabilité politique et d’adhésion à l’ordre institutionnel établi.

Une opposition démocratique en quête de sens électoral

Face à ce discours de continuité, les partis se réclamant de la mouvance démocratique — Parti des travailleurs, RCD, FFS, Jil Jadid — adoptent une posture plus nuancée. Sans exclure la participation électorale, leur engagement demeure conditionné par une lecture critique du cadre politique actuel.

Pour ces formations, l’enjeu dépasse la simple reconduction des équilibres existants. Elles plaident pour une transformation qualitative du fonctionnement institutionnel, en mettant en avant plusieurs exigences centrales : l’élargissement des libertés politiques et médiatiques, l’indépendance effective de la justice et l’instauration d’un véritable débat contradictoire sur les choix économiques et sociaux. À leurs yeux, en l’absence de ces garanties, le scrutin risque de demeurer un exercice formel, incapable de restaurer la confiance d’un électorat durablement marqué par l’abstention.

Une élection entre dialogue politique et reproduction du statu quo

Le contraste entre les deux visions apparaît nettement. Là où le Front El Mostaqbal met en avant la responsabilité, la discipline politique et la continuité du système en place, l’opposition démocratique insiste sur la question de la légitimité et sur la nécessité d’une participation citoyenne effective.

Présenté par Fateh Boutbig comme un rejet du « populisme » au profit d’un « discours responsable » et aligné, ce positionnement est interprété par les formations démocratiques comme une tentative de neutralisation du pluralisme. Celles-ci voient, au contraire, dans ces élections une opportunité — peut-être la dernière — de dépasser une stabilité perçue comme formelle pour lui substituer une légitimité populaire fondée sur le débat et une réelle compétition politique.

L’enjeu central de ces élections réside ainsi dans leur capacité à dépasser le simple renouvellement institutionnel. Pour le pouvoir et ses alliés, il s’agira de convaincre que la stabilité invoquée ne se confond pas avec l’immobilisme. Pour l’opposition, le défi sera de transformer sa présence électorale en levier politique concret, au-delà du seul registre protestataire.

Entre la logique de continuité défendue par la coalition présidentielle et l’exigence de renouveau — voire de rupture — portée par la mouvance démocratique, les prochaines échéances électorales apparaissent moins comme une simple compétition partisane que comme un test de crédibilité du processus politique lui-même.

La question demeure ouverte : recomposition démocratique ou reconduction maîtrisée de l’ordre existant ? Tout se jouera, en dernière instance, sur la crédibilité du processus électoral et sur la posture du pouvoir, toujours détenteur des leviers essentiels. Eu égard à l’entêtement autoritaire du régime et son absence de volonté de quelque ouverture que ce soit, il est fort à parier que les partis du courant démocratique laisse leurs plumes dans les prochains scrutins. 

Samia Naït Iqbal

- Publicité -

CAN 2025 au Maroc : le continent africain se prépare pour la compétition

0
Le stade Moulay Abdellah de Rabat
Le stade Moulay Abdellah de Rabat

La 35e Coupe d’Afrique des nations (CAN) débute dimanche 21 décembre. Pour la deuxième fois depuis la création du tournoi, le Maroc en est l’hôte, et pour la deuxième fois de son histoire, le pays espère remporter la compétition footballistique, car le Maroc fait figure de grand favori. Il n’est toutefois pas le seul à pouvoir prétendre à la victoire.

Candidat déclaré à la victoire finale dans « sa » Coupe d’Afrique des nations, le Maroc ouvre la CAN 2025 dimanche 21 décembre à Rabat face aux Comores. Les Lions de l’Atlas entendent assumer leur statut, mais attention aux Cœlacanthes, de retour dans le tournoi avec autant d’humilité que de rêves dans la tête.

Enfin, l’attente arrive à son terme. Quatrième de la Coupe du monde 2022, le Maroc, 11ᵉ nation au classement mondial de la Fifa, arrive gonflé à bloc pour cette CAN 2025 à domicile.

Il s’agit d’effacer l’échec cuisant du dernier rendez-vous continental il y a presque deux ans, en Côte d’Ivoire, et cette élimination en huitièmes de finale. Il est surtout l’heure de matérialiser les progrès réalisés par les Marocains ces dernières années en ajoutant une deuxième CAN dans la vitrine à trophées, après celle glanée en 1976 en Éthiopie.

« Bien sûr qu’on est favoris, on ne se cache pas »

Walid Regragui, interrogé à la veille de ce match d’ouverture, n’a pas cherché à nier ce que tout le monde affirme : les Lions de l’Atlas visent le sacre, et ils ont les faveurs des pronostics pour leur entrée en lice face aux Comores, leurs premiers adversaires dans le groupe A. « Bien sûr, on est favoris. Je le dis toujours : on ne se cache pas. On ne peut pas dire qu’on n’est pas favoris », a-t-il assumé.

Le sélectionneur, en poste depuis trois ans et demi, est lucide. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2025, le Maroc, c’est 11 victoires pour une seule défaite (en amical face au Burkina Faso). Que dire de la campagne des éliminatoires de la CAN : six matches, six victoires, 26 buts marqués contre seulement deux encaissés. C’est, de loin, le meilleur bilan des 24 qualifiés.

Une dynamique qui fait la force du Maroc… et paradoxalement sa faiblesse. Le costume de favori a son revers de la médaille : la pression va inévitablement peser sur les épaules des Marocains, une charge qui a écrasé d’autres, avant eux. Regragui accepte pourtant volontiers ce paramètre : « Il y a de la pression, mais positive. » L’ancien défenseur veut se servir des démons du favori pour galvaniser son groupe. Il compte sur ces matches « qui ne seront pas faciles » en promettant : « On va souffrir. Mais la souffrance, c’est toujours bon pour la gagne. On ne gagne jamais sans souffrir. »

Rfi

- Publicité -

DERNIERS ARTICLES

Jean-Yves Clément, Alexandre Scriabine ou l’ivresse des sphères

Alexandre Scriabine ou l’ivresse des sphères de Jean-Yves Clément

0
Figure singulière et longtemps marginalisée dans l’histoire de la musique, Alexandre Scriabine incarne une modernité visionnaire où la création sonore se confond avec une...

LES PLUS LUS (48H)

Jean-Yves Clément, Alexandre Scriabine ou l’ivresse des sphères

Alexandre Scriabine ou l’ivresse des sphères de Jean-Yves Clément

0
Figure singulière et longtemps marginalisée dans l’histoire de la musique, Alexandre Scriabine incarne une modernité visionnaire où la création sonore se confond avec une...