31 mars 2025
spot_img
Accueil Blog Page 3

Lettre à  Boualem Sansal, mon ami, mon frère et mon compatriote

12
Boualem Sansal
Boualem Sansal placé en détention depuis le 16 novembre dernier

Boualem, comme à chaque fois qu’un innocent est martyrisé je prends la plume pour lui parler. Pour toi je personnalise le propos car pour les 240 autres ma rage exprimée ne peut être que collective. Il ne s’agit pas de différenciation par la notoriété médiatique mais une impossibilité de le faire pour chacun des autres.

Je les joins dans ma discussion avec toi, tous en égalité de conversation.

Et toujours je demande pardon à des victimes de l’immonde. Un pardon à être totalement démuni pour vous sortir, toi et les autres, des griffes de ceux qui sont des marionnettes de leurs maîtres, le parquet et les juges.

Ce sont des lâches car ils n’osent pas affronter ce qu’ils savent très bien être leur déshonneur, camouflé derrière de intérêts de gloire et financiers sous le couvert des lois qu’ils n’appliquent qu’aux autres.

Je suis totalement dépourvu de la possibilité de te rendre justice et de te ramener vers la liberté qui est le seul endroit où tu devrais être avec les autres.

Mon âge ne peut plus rien et je regrette que lors de notre rentrée en Algérie j’avais choisi la plume et l’engagement politique plutôt que les armes. Mais les armes, faut-il encore avoir le pouvoir mental de les prendre car la mort n’est pas de notre humanité.

Pardonne-moi et du fond de ta situation soit sûr qu’à l’extérieur vous êtes tous des martyrs de la liberté pour avoir eu ce courage. Certains disent que c’était de l’inconscience d’être rentré, je ne suis pas loin de le penser. Mais le moment n’est vraiment pas de disserter sur cette question.

Mon cher Boualem, je ne te connais qu’à travers les médias et même pas à travers tes livres. Je dois avouer que j’ai été très sévère, non pas pour tes postions mais pour ta stratégie médiatique, comme celle de Kamel Daoud.

Aucune de tes positions politiques ne diverge avec les miennes, absolument aucune. Et même si cela avait été le contraire, tu as la liberté absolue de les avoir et de les clamer. Aucune d’entre elles n’est à sanctionner et encore moins ne justifie le réquisitoire d’un procureur sans dignité.

Aujourd’hui, je pense à toi et aux quelque 240 autres qui sont les victimes d’une barbarie humaine. Ma solidarité n’est pas grand-chose mais elle s’additionne avec celle des dizaines de milliers d’autres.

Elles pourront avoir un jour la force de combattre cette peste qui s’est abattue sur notre pays. Alors il faudra laisser la place des geôles à tant d’autres qui doivent vous remplacer. Et pour eux, ce sera le lieu qui convient le plus aux ténèbres de leur inhumanité.

Un jour nous nous rencontrerons peut-être pour échanger notre accord sur la liberté et la si belle littérature qui est au service de la justice, de l’éducation, du rêve, du plaisir intellectuel et de la liberté.

Tu es mon frère, mon ami et mon compatriote. Justice te sera rendue, j’en suis certain car ces lâches ne plient que face à la force.

Courage, tu vaincras, avec les autres !

Boumediene Sid Lakhdar

Coupe d’Algérie : l’USM Alger et le MC El Bayadh en demi-finales

0

Les clubs de l’USM Alger et du MC El Bayadh (Ligue 1) se sont qualifiés aux demi-finales de la Coupe d’Algérie de football, saison 2024-2025, aux dépens respectivement, du CR Témouchent (Ligue 2) et l’ES Sétif (Ligue 1), lors des matchs de quarts de finale joués, jeudi en soirée.

Au stade Miloud Hadefi (Oran), l’USM Alger, un spécialiste de la Coupe, avec 8 titres, a battu le CR Témouchent (Ligue 2) sur le score de 5-0., mi-temps (2-0) marques par khaldi (24′ 66′), Benmazouz (42′, 71′) et Ghacha (90+1).

Dans l’autre quart de finale de la soirée, le MC Bayadh, a éliminé l’ES Sétif qu’il a battu sur le score de 1-0, après les prolongations sur un but de Boudechicha (100′) au temps réglementaire, dans un match disputé au stade Nelson Mandela (Alger)et qui s’est terminé sur le score de 0-0.

Le dernier club qualifié pour les demi-finales, sera connu, vendredi (22h00) en soirée, après le match qui opposera au stade Hocine Ait Ahmed à Tizi-Ouzou, le CR Belouizdad (détenteur du trophée) au MO Béjaia, club d’inter-régions.

Lors de la soirée du mercredi, l’USM El Harrach (Ligue 2) s’était qualifiée aux demi-finales, au stade du 5 juillet (Alger), en battant l’ES Mostaganem, club de Ligue 1, aux tirs au but (2-0), après la fin du temps réglementaire et les prolongations sur un score nul (1-1).

APS

Libertarianisme et démocratie illibérale, confusion et oxymore

1
Elon Musk. Image par Bulu Patel de Pixabay

« Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde » nous conseille la très célèbre phrase d’Albert Camus. Mais je pense que le problème est de trouver un nom qui correspond à ce qu’on veut exprimer dans la chose.

C’est justement la problématique d’aujourd’hui avec des personnages sortis de nulle part dans l’actualité. En langage et sociologie politiques une nouvelle sémantique apparaît toujours lorsqu’on ne sait pas qualifier ou commenter une doctrine. Lorsqu’on veut appuyer un mot qui existe déjà mais qu’on veut l’amplifier, un adverbe peut le faire mais deux mots existeraient, ce qui ne serait pas aussi percutant. Alors il faut s’en sortir avec de nouveaux mots qui tranchent avec la banalité qu’on estime être peu engagée pour la doctrine politique observée.

Ces mots sont anciens ou construits mais très peu utilisés ou tombés dans la désuétude. Libertarianisme ou illibéralisme sont réapparus avec force dans leur usage récent. J’ai eu d’ailleurs quelques difficultés à les écrire correctement dans leur orthographe.

Le premier, pour qualifier Elon Musk, un fou incontrôlable et Donald Trump, un dément irréfléchi. On ne pouvait les qualifier avec des mots ordinaires tant ils sont des créatures venant de frontières inconnues, au-delà des extrêmes. Mais ces mots créent non seulement une confusion mais surtout une contradiction. Examinons successivement les deux.

Dans le mot libertarianisme il y a liberté, aussi bien dans sa forme économique que sociologique. Dans sa composante économique il y a bien longtemps que le mot libéral existe avec la doctrine d’Adam Smith. Alors, comme pour vouloir amplifier le mot, on fait appel à l’astuce sémantique la plus ancienne, la terminaison en –isme.

Elon Musk est donc un ultra-libéral qui veut la liberté économique sans aucune norme ni de régulation. C’est donc un ultra-libéral poussé jusqu’aux limites invraisemblables d’où la nécessité d’un mot spécifique. Adam Smith se retournerait dans sa tombe s’il voyait l’utilisation extrémiste et contradictoire avec sa théorie libérale.

Le grand théoricien économique du libéralisme n’avait jamais dit que les règles de régulation devaient totalement disparaitre mais au contraire en faire l’une des conditions essentielles pour que l’équilibre général soit efficace. Les fonctions régaliennes de l’état, soit la défense et la sécurité, la justice ou la diplomatie pour les plus importants devaient exister car des remparts sont indispensables pour la liberté économique à la condition qu’ils soient les moins intrusifs possibles.

Elon Musk interprète le libéralisme jusqu’à la folie. Il veut détruire tous les remparts (à la hache), de l’état jusqu’aux lois en passant par les juges c’est-à-dire tout ce qui peut gêner la puissance économique et le monopole absolu de ceux qui sont les plus forts. Il ne doit y avoir ni barrière ni rempart. Or le libéralisme économique exclut les monopoles car ils détruisent les règles de la concurrence sur le marché libre.

Elon Musk va encore plus loin dans sa croisade, autant burlesque que dangereuse. Il souhaite la victoire écrasante de la morale catholique extrémiste jusqu’au suprémacisme blanc. Là aussi, tout doit être détruit, brûler les livres, censurer dans la recherche et bien d’autres actions propres au fascisme.

Le moindre mot qui n’entre pas dans le moule fasciste est suspect comme avortement, égalitarisme, le genre ou même, ce qui est stupéfiant, le mot femme et ainsi de suite…

Elon Musk est donc en totale contradiction avec un mot dont la racine est celle de liberté. D’ailleurs il faut absolument ne pas faire une confusion avec le mot libertaire qui est d’une signification toute autre.

Tout ce que nous venons d’exprimer est aussi valable pour Donald Trump. À la différence que lui, peut être ce que vous voulez, même du parti démocrate en des temps passés, dès lors que son immense ego et sa soif de puissance, économique et politique, le porte au sommet de la gloire. Il a très bien pris le virage ultra conservateur des électeurs qui se sentent déclassés depuis l’écroulement de la ceinture industrielle du centre du pays.

Son action présente est qualifiée de démocratie illibérale, la contradiction apparaît dès la lecture de l’oxymore. Une démocratie nécessite une liberté totale des droits humains. Démocratie illibérale signifie que toutes les institutions et systèmes d’élection sont présents mais totalement contraints par un chef d’état ou système politique.

C’est un parfait exemple d’oxymore qui est le fait de lier deux mots contradictoires comme un sympathique assassin. Ou une démocratie est libre et entière ou elle ne l’est pas.

Depuis que ma capacité à comprendre ou réfléchir est présente j’observe que toutes les dictatures sont parées des outils institutionnels de la démocratie. Le vote est les lois qui instaurent les libertés et droits humains sont bien existantes sur le papier mais gare à ceux qui les interprètent au premier degré.

C’est ce qui se passe avec Donald Trump qui est la définition parfaite des fascistes face à une opposition muette et tétanisée par quelque chose qu’elle n’aurait jamais pensé être possible dans ce pays.

Pour Elon Musk, Donald Trump et son entourage qui appartiennent au plus profond de l’extrême droite, des mots sont impossibles à trouver dans le répertoire courant sinon à les déterrer ou les construire.

Le champ lexical est de l’ordre de l’humain. La phrase d’Albert Camus n’avait pas prévu cette situation car elle était pensée pour l’humanité.

Elon Musk, Donald Trump et les autres dangereux illuminés en font-ils partie ?

Boumediene Sid Lakhdar

Hamza Feghouli n’est plus : « Mama Messaouda » s’éteint

2

L’Algérie vient de perdre l’un de ses visages les plus emblématiques, une voix, un sourire, une présence qui a marqué des générations entières. Hamza Feghouli, l’inoubliable « Mama Messaouda », s’en est allé après un long combat contre la maladie.

Avec lui, c’est un pan de notre enfance qui s’efface, une époque où la télévision était un rendez-vous familial, où l’humour était sincère et où les personnages devenaient des membres à part entière de nos foyers.

Un personnage culte, une présence inoubliable

Qui ne se souvient pas de « Mama Messaouda », cette figure maternelle haute en couleur, malicieuse et attachante, qui nous faisait rire et rêver avec sa gestuelle unique et ses répliques cultes ? Derrière ce rôle se cachait un immense comédien, un artiste qui a su donner une âme à ses personnages, les rendant intemporels et immortels dans la mémoire collective.

Hamza Feghouli était plus qu’un simple acteur : il était un conteur d’histoires, un passeur d’émotions, un pilier de la culture populaire algérienne. Son humour, toujours bienveillant et accessible à tous, résonnait dans chaque foyer, rassemblant les familles autour d’une télévision en noir et blanc puis en couleur, mais toujours remplie de vie grâce à lui.

  • Un dernier adieu à une époque révolue

Avec la disparition de Hamza Feghouli, c’est une page qui se tourne. Celle d’un temps où l’humour algérien puisait sa force dans la simplicité et l’authenticité. Un temps où les artistes n’étaient pas que des visages sur un écran, mais des compagnons du quotidien, des repères indissociables de notre enfance et de nos souvenirs les plus chers.

Aujourd’hui, les hommages affluent de toutes parts. Les réseaux sociaux se remplissent de messages d’adieu, de vidéos d’archives, de témoignages émouvants qui rappellent combien Hamza Feghouli était aimé et respecté.

Mais au-delà de la tristesse, il reste une certitude : on ne meurt jamais vraiment quand on a fait rire autant de générations. À chaque rediffusion, à chaque imitation, à chaque évocation de « Mama Messaouda », c’est un peu de son âme qui continuera de vivre.

Merci pour tout, Hamza Feghouli. Merci pour les rires, pour les instants de bonheur, pour les souvenirs impérissables. Repose en paix.

Djamal Guettala  

Chérif Mellal : 25 jours de grève de la faim contre l’arbitraire

2
Cherif Mellal
Cherif Mellal paie cher son courage.

L’ancien président de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), Chérif Mellal, poursuit sa lutte contre l’arbitraire judiciaire en Algérie. Incarcéré depuis le 19 janvier 2023, il a entamé une grève de la faim illimitée le 3 mars 2025, atteignant aujourd’hui son 25ème jour de protestation.

Une condamnation controversée

Le 23 octobre 2024, Cherif Mellal a été condamné à 4 ans de prison ferme et à une amende de 225 millions de dinars algériens par le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed. Cette décision a été confirmée en appel le 25 février 2025 par la chambre pénale près la cour d’Alger.

Les charges retenues contre lui incluent la « violation de la législation et de la réglementation de change et de mouvement de capitaux à l’intérieur et à l’extérieur du pays » ainsi que le « blanchiment d’argent ». Cependant, ses avocats ont vigoureusement contesté ces accusations, les qualifiant de dénuées de tout fondement légal.

Un combat pour la justice

Cherif Mellal, qui clame son innocence, voit dans cette condamnation une manœuvre politique visant à le punir pour son refus de céder le contrôle de la JSK à des intérêts proches du pouvoir. Le résultat, on le voit actuellement. Le club est entre les mains d’Ould Ali Lhadi, un ancien ministre de Bouteflika, recyclé par Tebboune. La grève de la faim, la troisième depuis son incarcération, de l’ancien patron de la JSK témoigne de sa détermination à lutter contre ce qu’il considère comme une injustice flagrante. Cherif Mellal sait pourtant qu’il fait face à un pouvoir sans état d’âme et qu’il peut perdre la vie dans ce combat à partir de la prison. Pour autant, il tient avec l’énergie du désespoir car il sait qu’il y va désormais de son honneur.

Inquiétudes pour sa santé

Après 25 jours sans s’alimenter, l’état de santé de Chérif Mellal suscite de vives inquiétudes. Sa famille a à maintes reprises tiré la sonnette d’alarme. En vain. Le prisonnier d’opinion, lui-même, a récemment adressé une lettre au chef de l’État et au ministre de la Justice pour les alerter sur sa situation critique. Mais son appel s’est manifestement brisé devant l’indifférence de ces individus. 

Cette action désespérée rappelle tragiquement les cas de Mohamed Tamalt et du Dr Kamel-Eddine Fekhar, deux détenus décédés suite à des grèves de la faim prolongées en 2016 et 2019 respectivement.

Un symbole de résistance

Comme Mira Moknache, le cas de Chérif Mellal est devenu emblématique de la répression exercée contre les figures influentes de Kabylie. Son refus de plier face à ce qu’il considère comme une injustice en fait un symbole de résistance pour de nombreux Algériens, en particulier en Kabylie.

Un appel à la révision du procès

Cherif Mellal, ses avocats, sa famille et ses nombreux soutiens réclament la révision de son procès, arguant que le dossier judiciaire est vide et que les accusations ont été montées de toutes pièces. Cette affaire met en lumière les défis auxquels fait face le système judiciaire algérien, souvent critiqué pour son manque d’indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif.

Alors que Chérif Mellal entame son 26ème jour de grève de la faim, son cas continue de soulever des questions sur l’état de droit en Algérie et sur le traitement réservé aux voix dissidentes dans le pays. La communauté internationale et les défenseurs des droits de l’homme suivent de près cette situation, appelant à une résolution juste et équitable de cette affaire qui a déjà coûté plus de deux ans de liberté à l’ancien dirigeant sportif.

Rabah Aït Abache

Cherif Mellal au 25e jour de sa grève de la faim

0
Cherif Mellal

En détention depuis le 19 janvier 2023, Chérif Mellal observe une grève de la faim illimitée depuis le 3 mars 2025.

Une condamnation à une peine de quatre ans de prison ferme a été infligée à Cherif Mellal par jugement rendu par le pôle pénal économique et financier sis au tribunal de Sidi M’hamed en date du 23 octobre 2024, jugement confirmé dans toutes ses dispositions par arrêt rendu par la chambre pénale près la cour d’Alger en date du 25 février 2025.

Liberté pour Cherif Mellal et pour tous les détenu.es d’opinion.

Me Fetta Sadat

Les violations des droits humains en Algérie : le cas de Mohamed Tadjadit

1

L’Algérie est devenue la risée du monde. A l’incapacité de ses dirigeants à rendre sa fierté au peuple s’ajoute une répression impitoyable des voix libres.

L’Algérie est un grand paradoxe. C’est un pays riche d’une histoire plurielle et marquée par des luttes pour l’indépendance et la souveraineté, mais otage d’une oligarchie qui l’entraîne depuis quelques années dans une entreprise de déclassement international.

Après octobre 1988 et son bain de sang, on croyait l’Algérie immunisée contre l’arbitraire et l’autoritarisme. Que nenni ! Avec Tebboune et Chanegriha, le pays macère dans l’ère du parti unique avec en prime, l’incompétence à tous les étages du système, le mensonge devenu outil de communication et une répression systématique.

En effet, les voix dissidentes sont étouffées, surveillées et emprisonnées. Un exemple frappant de cette répression est le jugement rendu par le tribunal de Rouiba (cour d’Alger) en date du 20 janvier 2025, qui a condamné Mohamed Tadjadit à cinq ans de prison ferme, accompagné d’une amende de 200 000 DA et de la confiscation de ses biens saisis.

Mohamed Tadjadit : une Illustration de la répression de la liberté d’expression

Le cas de Mohamed Tadjadit est l’exemple récent d’une répression systématique des voix dissidentes en Algérie. Le 20 janvier 2025, Tadjadit a été condamné par le tribunal de Rouiba à une peine de cinq ans de prison ferme, une amende de 200 000 DA et la confiscation de ses objets saisis. Les charges retenues contre lui sont graves et multiples : atteinte à l’intégrité du territoire national, exposition à la vue du public des publications, vidéos et enregistrements sonores de nature à porter atteinte à l’intérêt national, incitation à l’attroupement non armé par l’utilisation des technologies de la communication et de l’information, ainsi qu’outrage à un corps constitué.

Les accusations sont fondées sur plusieurs articles du code pénal , notamment les articles 79, 96, 100 et 146, qui criminalisent toute forme de contestation jugée nuisible à l’ordre public ou à l’unité nationale. Dans un contexte où la liberté d’expression est extrêmement limitée, ces lois sont utilisées pour étouffer toute forme de critique ou de résistance contre le régime en place. À travers ce jugement, les autorités algériennes cherchent à envoyer un message fort : toute remise en question du pouvoir sera sévèrement punie.

Les accusations fallacieuses

Il n’y a nul besoin d’être un grand clerc pour comprendre que le tissus d’accusations qu’avance le pouvoir contre les activistes ne tient pas la route. En cela, celles portées contre Mohamed Tadjadit soulignent la nature répressive du système juridique algérien. L’atteinte à l’intégrité du territoire national et l’exposition de publications considérées comme nuisibles à l’intérêt national sont des accusations vagues, souvent utilisées pour poursuivre des individus dont les opinions dérangent. L’ »atteinte à l’intégrité du territoire national » peut couvrir un large éventail de comportements, y compris la critique des politiques gouvernementales, la dénonciation des violations des droits humains ou le soutien à des mouvements de protestation.

L’incitation à l’attroupement non armé par l’utilisation des technologies de la communication et de l’information est une autre accusation qui fait partie d’une répression croissante des mouvements sociaux et des manifestations populaires, en particulier celles organisées par le biais de réseaux sociaux. Dans un pays où l’internet est devenu un espace crucial pour le débat public et la diffusion de l’information, l’utilisation de technologies pour organiser ou soutenir des manifestations pacifiques est considérée comme un délit grave.

Enfin, l’accusation d’outrage à corps constitué est souvent invoquée pour réprimer toute critique des autorités, qu’il s’agisse des forces de l’ordre, des juges ou d’autres institutions publiques. Cette accusation est utilisée de manière abusive pour réduire au silence toute forme de protestation légitime, qu’elle soit sur le terrain ou en ligne.

La répression des voix dissidentes et la crise de la démocratie

Il y a une crise, voire une absence de l’Etat de droit en Algérie. Les condamnations de Mohamed Tadjadit, comme celle de Boualem Sansal, de Cherif Mellal,… ne constituent qu’un exemple parmi de nombreux autres de l’intolérance du régime algérien envers la dissidence. Depuis le déclenchement du Hirak en 2019, de nombreux militants, journalistes et activistes ont été arrêtés, emprisonnés, voire condamnés pour des faits aussi insignifiants que l’expression de leur opinion sur les réseaux sociaux ou la participation à des manifestations pacifiques.

Le régime algérien représenté par la diarchie Tebboune et Chanegriha entretient un mépris souverain des libertés et de tout ce que le droit représente. Leur seule préoccupation est leur maintien au pouvoir et celui du système qui les a fait. Ils manient le double discours avec un cynisme consommé. Tout en clamant leur engagement à promouvoir les réformes, ils continuent de maintenir un contrôle strict sur la société civile, l’opposition politique et les médias. La répression des manifestations pacifiques, la surveillance des réseaux sociaux, la censure des médias indépendants et l’arrestation des dissidents témoignent d’une volonté de maintenir une mainmise sur les espaces publics et de museler toute forme de critique. Cette situation contribue à l’absence de démocratie véritable dans le pays et à la fragilité des institutions publiques.

Un système judiciaire inféodé au pouvoir

Le système judiciaire algérien souffre d’un manque d’indépendance et de transparence. Bien que la Constitution algérienne garantisse les droits et libertés fondamentaux, en pratique, les juges et les avocats sont souvent soumis à des pressions politiques, ce qui nuit à l’équité des procès. Le cas de Mohamed Tadjadit en est un exemple typique : la procédure judiciaire semble avoir été utilisée non pas pour rendre justice, mais pour punir un individu pour ses opinions et ses actions politiques. De plus, le recours à des accusations floues et à des peines sévères, comme dans ce cas, soulève des préoccupations sur la légalité et la proportionnalité des sanctions imposées.

Les organisations internationales de défense des droits de l’homme, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, ont régulièrement dénoncé l’usage abusif du droit pénal algérien pour punir des actes de liberté d’expression et d’association. Ces accusations et condamnations, qui relèvent de considérations politiques plus que juridiques, contribuent à l’image d’une justice instrumentalisée et au manque de confiance de la population dans les institutions judiciaires.

L’Appel à la libération de Mohamed Tadjadit et la solidarité Internationale

Des voix courageuses s’élèvent (certaines timidement certes) pour réclamer la libération des détenus d’opinion et la fin de cet état d’exception qui ne dit pas son nom. L’embastillement de Mohamed Tadjadit, à l’instar de celle de nombreux autres militants appelle à une solidarité nationale accrue. il devient urgent que la classe politique, les défenseurs des droits humains, les avocats, la presse, les universitaires et les intellectuels, retrouvent leur liberté de parole et se ressaisissent.

Malgré un contexte mondial enclin aux autoritarisme, il est enfin crucial que les organisations de défense des droits humains et les gouvernements étrangers exercent des pressions sur le régime algérien afin de garantir la liberté d’expression et de demander la libération immédiate des prisonniers politiques. Le cas de Tadjadit devient ainsi un symbole de la dissidence courageuse d’une jeunesse éprise de liberté. Il est le nouveau parangon de lutte pour la démocratie et la justice en Algérie, et un rappel de la nécessité de défendre les droits humains partout dans le monde.

Conclusion

Le cas de Mohamed Tadjadit est révélateur d’une situation inquiétante en Algérie, où les violations des droits humains, en particulier celles liées à la liberté d’expression, sont devenues monnaie courante. L’absence de démocratie véritable et la répression systématique des voix dissidentes sont des problèmes majeurs qui freinent l’évolution politique et sociale du pays. Dans ce contexte, il est essentiel que des réformes profondes soient engagées pour garantir les droits fondamentaux et pour que la justice soit rendue de manière indépendante et équitable. En attendant, la solidarité internationale et l’attention portée aux cas de répression, comme celui de Mohamed Tadjadit, sont plus que jamais nécessaires.

Yacine K.

Mohamed Tajadit : un détenu d’opinion sous pression judiciaire constante

1
Mohamed Tadjadit

Le jeune militant Mohamed Tajadit, figure emblématique du Hirak, continue d’affronter une répression judiciaire implacable. Son procès, qui devait se tenir aujourd’hui, jeudi 27 mars 2025,  devant la Chambre criminelle de la Cour d’Alger, a une nouvelle fois été reporté au 10 avril prochain.

Ce énième renvoi prolonge l’incertitude et le calvaire de ce contestataire, devenu un symbole du combat pour la liberté d’expression en Algérie.

Un acharnement judiciaire continu

Arrêté le 16 janvier 2025, Mohamed Tajadit a été jugé en comparution immédiate par le tribunal de Rouiba, qui l’a condamné, dès le 20 janvier, à cinq ans de prison ferme et une amende de 200 000 dinars. Les charges retenues contre lui sont lourdes : « insulte à un organe systémique », « atteinte à la sécurité et à l’unité nationale », et « diffusion de contenus portant atteinte à l’intérêt national et incitation des foules désarmées via les médias et les technologies de communication ».

Depuis la fin du mouvement Hirak, ce n’est pas la première fois que Tajadit se retrouve dans le collimateur de la justice. Connu pour ses prises de position courageuses et ses discours enflammés appelant au changement du régime en place, il a été arrêté à plusieurs reprises ces dernières années. Ses vidéos et publications sur les réseaux sociaux lui ont valu de nombreuses poursuites, faisant de lui l’un des militants les plus ciblés par les autorités.

Un symbole de la répression post-Hirak

Depuis l’essoufflement du Hirak, le pouvoir algérien a intensifié la répression contre les voix dissidentes. Mohamed Tajadit en est l’un des exemples les plus frappants. Son engagement sans concession pour une Algérie libre et démocratique lui a valu une surveillance constante et une série d’inculpations qui visent à le réduire au silence.

Le collectif de défense du jeune militant dénonce un procès politique et réclame un jugement équitable, conforme aux principes des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. « Nous appelons à un procès juste et dénonçons les conditions dans lesquelles notre client est détenu et jugé », a déclaré le collectif dans un communiqué.

Les multiples reports et les condamnations répétées traduisent une volonté manifeste d’épuiser moralement et physiquement ce militant de la première heure du Hirak. Alors que la communauté internationale et les défenseurs des droits de l’Homme suivent son cas avec attention, l’acharnement judiciaire contre Mohamed Tajadit témoigne de la difficulté, pour les opposants au régime, d’exprimer librement leurs opinions en Algérie.

À l’approche de son prochain procès, le 10 avril, une question demeure : la justice algérienne se pliera-t-elle aux exigences du pouvoir ou respectera-t-elle enfin les principes d’un procès équitable ? Ne nous hasardons pas à croire à un sursaut de respectabilité de cette institution qui s’est complétement fourvoyée dans ses missions.

Samia Naït Iqbal

Le procès en appel de Mohamed Tadjadit reporté

1
Mohamed Tadjadit
Mohamed Tadjadit

La Cour d’Alger chambre pénale a décidé le renvoi au 10 avril 2025 du procès en appel de Tadjadit Mohamed dit le poète du Hirak.

L’appel concerne un jugement rendu par le tribunal de Rouiba (cour d’Alger) en date du 20 janvier 2025 ayant infligé à Mohamed Tadjadit une peine de 5 ans de prison ferme et 200000da d’amende ferme avec confiscation des objets saisis.

Dans cette procédure Tadjadit Mohamed est poursuivi de pas moins de quatre infractions (délits), à savoir : atteinte à l’intégrité du territoire national, exposition à la vue du public des publications, vidéos et enregistrements sonores de nature à porter atteinte à l’intérêt national, incitation à attroupement non armé par l’utilisation des technologies de la communication et de l’ information et outrage à corps constitué (articles 79, 96, 100, 146 du code pénal).

Liberté pour Tadjadit Mohamed et tous les détenus d’opinion.

Me Fetta Sadat

Qatifa, les nouvelles éditions communique 

0

Après sa constitution administrative et la mise en place de ses structures opérationnelles, Le conseil d’administration de Qatifa-les Nouvelles Editions a le plaisir de vous informer de la mise en ligne de son site web tel qu’annoncé dans notre communiqué en date du 7 novembre 2024

Bien qu’il soit présenté dans sa forme finale, quelques liens risquent de ne pas fonctionner adéquatement du fait de quelques ajustements techniques encore en cours. Nous nous excusons de ce léger désagrément qui découle de notre choix de rendre publique sans tarder, la nouvelle maison d’édition fondée Le 28 septembre 2024, dans le champ culturel maghrébin. 

Le site est accessible par le lien ci-après : https://qatifalesnouvelleseditions.com/

QATIFA – LES NOUVELLES ÉDITIONS a pour but de faire émerger une édition, tournée vers le renouveau, la liberté de penser et d’écrire dans tous les champs de la connaissance et de la pensée contemporaine. Associative dans sa forme, elle est un miroir, dans sa composition et sa ligne éditoriale, de la diversité intellectuelle, culturelle et historique maghrébine. Elle produit et promeut les œuvres d’auteurs du champ culturel du Maghreb couvrant les domaines de la littérature, des Sciences Humaines, de l’Art, des Sciences et des Techniques, et constitue un carrefour d’échange entre les deux rives de la Méditerranée. Elle est ouverte, sans condition ni distinction à toutes personnes qui adhèrent à son objet et ses valeurs.

La création de notre entité culturelle, fait suite à une première expérience d’édition lancée en 2019 au sein de la diaspora algérienne de France et du Canada, par l’entreprise dénommée « Qatifa », spécialisée dans la publication et la diffusion des œuvres d’auteurs des deux rives de la méditerranée. Cette expérience bien que brève, a mis en évidence le besoin de faire vivre au niveau maghrébin un cadre d’échange intellectuel et culturel pour le développement d’une pensée de progrès, rationnelle et indépendante, résolument tournée vers les horizons d’un Maghreb global et solidaire.

Qatifa-les Nouvelles Editions accueille les auteurs de tous les pays du Maghreb. Elle diffuse leurs ouvrages dans cet espace, outre méditerranée et outre atlantique.  

Pour le conseil d’administration de Qatifa – les Nouvelles Editions.

El-Hadi Bouabdallah, Vice-président.

DERNIERS ARTICLES

LES PLUS LUS (48H)