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« Idir ou l’identité au pluriel » d’Arezki Khouas : un chant d’argile et d’univers

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L’ouvrage d’Arezki Khouas, « Idir ou l’identité au pluriel. De la Kabylie à l’Universalité », se dresse comme un hommage essentiel à la figure de Hamid Cheriet, dit Idir. Bien plus qu’une simple biographie, ce texte est une analyse profonde du rôle de l’artiste en tant qu’ambassadeur culturel et porte-voix des revendications identitaires algériennes.

En retraçant son parcours depuis ses racines kabyles jusqu’à sa reconnaissance mondiale, l’auteur met en lumière la contribution majeure d’Idir : avoir su marier l’ancrage dans la culture berbère avec un message de tolérance et d’universalité. Le livre décrypte comment l’œuvre d’Idir, porteuse de sagesse et de révolte, est devenue un symbole du « vivre-ensemble » et un pont entre les générations et les cultures, forgeant un héritage dont l’impact dépasse largement le cadre de la musique.

L’ouvrage d’Arezki Khouas, « Idir ou l’identité au pluriel. De la Kabylie à l’Universalité », se positionne comme une œuvre de mémoire et d’exégèse essentielle. Il ne se contente pas de retracer le parcours de l’artiste Hamid Cheriet, connu sous le nom d’Idir, mais propose une véritable analyse thématique de son œuvre et de sa vie. Le cœur de l’étude réside dans la double casquette d’Idir : celle d’un ambassadeur de la culture algérienne dans toute sa richesse et celle d’un acteur clé dans la problématique de l’identité plurielle.

Face à des décennies de tentatives pour imposer une identité monolithique (souvent arabophone et centralisée), Idir a incarné la résistance culturelle et la revendication amazighe. Son art, en diffusant la langue et les traditions kabyles à l’échelle mondiale, a démontré que l’identité algérienne est intrinsèquement composée de multiples facettes. 

Cette approche thématique confère à l’ouvrage sa dimension d’exégèse, cherchant à décrypter la philosophie de l’artiste et son rapport fondamental à l’identité. Idir est donc bien plus qu’un simple musicien ; il est célébré comme le héraut qui a transporté la culture Amazigh sur la scène internationale, offrant une image de l’Algérie diversifiée et complexe. Son rôle en tant qu’acteur de l’identité plurielle est fondamental, son combat, mené par l’art, ayant consisté à affirmer qu’on peut être profondément Kabyle et totalement Algérien, tout en étant ouvert à l’universalité, transformant ainsi une revendication en un débat national sur la nature même de la citoyenneté. L’analyse de Khouas érige Idir en un symbole de la résistance culturelle douce, dont la vie et l’œuvre offrent une clé de lecture indispensable pour comprendre les tensions identitaires et la quête de reconnaissance dans l’Algérie contemporaine. 

L’auteur souligne d’emblée qu’Idir était un artiste qui portait en lui la complexité et la diversité de son pays. Son analyse se focalise sur la manière dont Idir a affronté le pouvoir uniformisateur en Algérie. Le passage analysé met en lumière la dimension de résistance culturelle qui définit l’œuvre d’Idir face aux politiques étatiques d’uniformisation. Pendant des décennies, le pouvoir algérien a souvent favorisé un modèle identitaire monolithique, centré sur la langue arabe et une lecture centralisée de l’histoire, reléguant de fait la culture amazighe (berbère) et sa langue, le tamazight, au statut de folklore ou de particularisme régional, sinon marginalisé.

Face à cette tentative d’imposer une identité unique, Idir a incarné une revendication amazighe puissante mais non-violente. Son art, porté par des mélodies douces et une poésie profonde, est devenu un acte de sauvegarde linguistique et culturelle. En choisissant de chanter et de s’exprimer dans sa langue maternelle, le kabyle, il a conféré à cette langue une légitimité mondiale, la sortant de l’espace domestique et régional pour la projeter sur la scène internationale. Cette diffusion à l’échelle mondiale a eu un effet miroir crucial : elle a démontré de manière irréfutable que l’identité algérienne est intrinsèquement composée de multiples facettes, que sa richesse réside dans sa pluralité et non dans son homogénéité forcée.

Idir, Hamid Cheriet, est né à Ath Yenni en Grande Kabylie, une région symbolique connue pour son artisanat et son histoire. Être « profondément ancré dans sa kabylité et son algérianité » signifie qu’il puisait son inspiration, sa langue, ses rythmes et sa philosophie directement dans le terreau de sa région. Cette assise identitaire n’était pas un simple héritage, mais le fondement de son expression artistique et le moteur de son engagement.

Cependant, comme le souligne KHOUAS, cette base solide n’a jamais été perçue ou vécue comme un repli ou un particularisme excluant. Au contraire, elle a servi de point de départ à son universalité. Idir a utilisé sa culture spécifique, la langue kabyle et les mélodies traditionnelles, non pas pour s’enfermer, mais pour ouvrir une fenêtre sur le monde. L’ouvrage explique avec justesse comment Idir a réussi à transcender son héritage local pour atteindre une résonance mondiale. La clé de cette transcendance réside dans la nature des thèmes qu’il véhiculait.

Sa musique, bien que richement ornementée de poésie locale et de sonorités traditionnelles, traitait de sujets qui touchent l’humanité entière : la tolérance, l’humanité, l’amour et la sagesse. Ces valeurs fondamentales, traduites en kabyle, ont trouvé un écho puissant chez des auditeurs de toutes nationalités et cultures. En chantant les préoccupations de son village et de son peuple, il touchait les préoccupations universelles de l’existence humaine : la quête de sens, le respect de l’autre, la beauté de la nature et le chagrin de l’exil. Ce faisant, il a prouvé que plus l’expression artistique est fidèle à ses racines, plus son message a la capacité de voyager et d’être compris par le plus grand nombre, faisant de lui un véritable pont culturel.

Le livre s’appuie sur des preuves concrètes, notamment les collaborations présentes dans ses albums emblématiques tels qu' »Identités » et « La France des couleurs ».

Ces albums ne sont pas de simples recueils de chansons ; ils sont de véritables manifestes d’ouverture. En collaborant avec des artistes d’horizons variés, français, breton, corse, africain, et bien d’autres, Idir a démontré que le dialogue interculturel n’était pas une menace pour ses racines, mais au contraire, une source d’enrichissement. L’analyse insiste sur le fait que cette pluralité n’a jamais été synonyme de dilution de ses racines kabyles, mais une affirmation de la tolérance. Il a utilisé la force de son identité ancrée pour tendre la main, prouvant qu’il est possible d’être fier de ses origines tout en étant profondément ouvert au monde.

Pour Idir, cette vision se résumait à l’idée d’être « Algérien à part entière ». Cette formule, centrale dans la pensée de l’artiste, implique l’acceptation inconditionnelle de toutes les composantes de l’Algérie, en particulier la composante berbère souvent mise de côté. C’est en embrassant cette vérité identitaire complexe qu’il a permis à son message de s’adresser au-delà des frontières et des appartenances ethniques. Son discours, partant du local pour atteindre l’universel, a résonné auprès de tous ceux qui luttent pour la reconnaissance de leur identité dans un monde globalisé.

En ce sens, l’artiste est un pionnier de la pensée décentralisée et inclusive. Sa démarche a anticipé les débats contemporains sur la diversité et l’interculturalité, prouvant qu’une identité forte est celle qui s’ouvre sans crainte, utilisant l’art comme l’outil le plus efficace pour l’inclusion et le dialogue pacifique entre les cultures.

L’apport majeur d’Idir, tel que décortiqué dans l’ouvrage de KHOUAS, se situe au carrefour de l’art, de l’engagement social et de l’identité. Il ne s’est pas contenté d’être un chanteur populaire ; il est devenu le porte-parole symbolique d’une double aspiration.

D’une part, Idir a canalisé la complainte et la révolte de la communauté berbère, qui se sentait marginalisée et niée dans son identité par le discours officiel. Ses chansons ont donné une voix mélodieuse et poétique aux frustrations historiques et aux revendications culturelles de son peuple. Elles ont transformé la douleur de la non-reconnaissance en un cri artistique audible. D’autre part, son message, bien que localement enraciné, a su capter les espoirs du peuple algérien pour une vie meilleure, au-delà des clivages ethniques. La quête de justice, de dignité et de paix qui traversait son œuvre a résonné auprès de l’ensemble de la jeunesse et des citoyens algériens.

Cette fonction de porte-parole a été rendue possible par la puissance de diffusion de son œuvre. Son art a permis la diffusion de la langue et de la culture kabyles aux quatre coins du monde. En chantant dans sa langue, Idir a fait résonner la prosodie de cette langue au-delà des frontières, lui conférant une visibilité et une légitimité internationales inédites. C’était un acte de résistance et de préservation culturelle, sa conviction profonde étant la défense et la sauvegarde de sa culture, de sa langue et de son identité.

Crucialement, Idir a mené ce combat en s’inscrivant dans une lignée de tolérance et de respect des différences. Il a toujours rejeté l’enfermement identitaire, se définissant comme un fier défenseur de l’identité berbère, mais jamais au détriment de l’unité nationale ou du dialogue avec les autres cultures. Sa formule emblématique résume parfaitement cette position équilibrée : être un « Algérien à part entière et non un Algérien entièrement à part ». Cela signifiait revendiquer sa place complète et légitime au sein de la nation, sans accepter d’être traité comme une entité secondaire ou séparée. C’est cet équilibre entre l’affirmation de soi et l’ouverture aux autres qui fait de son apport un héritage essentiel pour la compréhension de l’Algérie plurielle.

Le livre met en évidence l’impact sociétal et culturel durable d’Idir, qui s’est manifesté par sa puissante capacité à fédérer au-delà des divisions. Son œuvre est la preuve vivante que l’ancrage identitaire peut être le tremplin d’une profonde ouverture aux autres.

Cette ambition est particulièrement visible dans deux de ses albums majeurs : « Identités » et « La France des couleurs ». Ces disques ne sont pas de simples productions musicales ; ils sont des déclarations politiques et humanistes. Ils illustrent concrètement sa volonté de partager sa culture en invitant des artistes aux horizons multiples à chanter avec lui, rompant ainsi les barrières linguistiques et ethniques. En se faisant le chantre de l’ouverture et du « vivre-ensemble », Idir a créé des ponts inédits. 

L’album « Identités » (1999) a été une plateforme pour le dialogue interculturel, réunissant des voix aussi diverses que Manu Chao, Zebda, Thierry Titi Robin, Maxime Le Forestier/ Brahim Izri, Geoffrey Oryema, l’Orchestre national de Barbès.

L’album « La France des couleurs » (2007) est un album majeur dans la carrière d’Idir. Il ne s’agit pas seulement d’un recueil de chansons, mais d’une véritable déclaration politique et humaniste sur la diversité et l’identité en France, analysé dans l’ouvrage d’Arezki KHOUAS comme un pont jeté entre la France et l’Algérie. L’idée centrale de cet album était de célébrer la mosaïque culturelle et ethnique de la France. Idir a souhaité démontrer que cette diversité est une richesse et un « acquis irréversible », un message qui faisait écho à son propre combat pour la reconnaissance de la pluralité de l’identité algérienne. Idir a réuni un plateau d’artistes français et internationaux très divers, symbolisant le multiculturalisme qu’il défendait, Zaho, Xmo Puccino, Kore & Bellek, Grand Corps Malade, Daniel, Manu & Guizmo, Kenza Farah, Akhenaton, Tiken Jah Fakoly, Sniper & Rim’k, Disiz La Peste, Sinik, Wallen, Noa, Nâdiya, Féfé (Saïan Supa Crew), & Leeroy. 

« Ici est ailleurs » (2017) est l’un des albums les plus significatifs de sa fin de carrière. Il est l’aboutissement de son message d’universalité et de dialogue, en témoignant de sa capacité à fédérer des artistes majeurs de la scène française et internationale. 

L’album est célèbre pour son prestigieux casting, reflétant l’immense respect et l’amitié qu’Idir inspirait dans le monde de la chanson française. Il a réussi à réunir plusieurs figures emblématiques autour de son projet, Charles Aznavour,

Francis Cabrel, Patrick Bruel, Grand Corps Malade, Gérard Lenorman, Bernard Lavilliers, Henri Salvador, Tanina, Tryo, Maxime Le Forestier.

L’ouvrage d’Arezki Khouas souligne que, par sa musique, Idir a établi un parallèle fort entre la France et l’Algérie. En abordant la diversité en France, il a affirmé que l’existence de cette mosaïque culturelle et ethnique était un acquis irréversible, un enrichissement mutuel. Il a ainsi tendu un miroir à la richesse ethnique et culturelle de l’Algérie elle-même. Son message sous-entendait que si la France peut embrasser sa diversité, l’Algérie doit également reconnaître et célébrer toutes ses composantes, y compris l’Amazighité.

Au-delà de ces messages politiques, la nature même de son œuvre, empreinte d’humilité, d’humanité, de sagesse et de sérénité, lui a permis de transcender les querelles générationnelles. Sa musique, douce et profonde, est devenue un véritable lien entre les générations, transmettant des valeurs essentielles et le souvenir d’une histoire commune, tout en offrant une mélodie apaisante face aux tumultes du monde moderne.

L’ouvrage d’Arezki KHOUAS cristallise le statut d’Idir, non seulement comme un artiste majeur, mais comme un symbole et un modèle dont la résonance perdure bien au-delà de sa carrière. Sa disparition en 2020 a provoqué une vive émotion mondiale, prouvant que son message avait traversé les frontières et les cultures, transformant la peine en reconnaissance universelle.

Idir incarnait un équilibre essentiel : un attachement inébranlable à ses racines, sa kabylité profonde, doublé d’un ardent défenseur de la tolérance et du respect de la diversité. Il a démontré que l’affirmation identitaire la plus forte n’est pas celle qui s’isole, mais celle qui s’ouvre. Son œuvre est ainsi présentée comme la matérialisation d’un combat teinté de révolte et d’espoir. La révolte était dirigée contre les forces d’uniformisation et de négation culturelle ; l’espoir portait sur la vision d’une Algérie enfin réconciliée avec son identité et son histoire, capable de se revendiquer fière de sa diversité, et de s’établir comme une terre de justice et de tolérance.

L’analyse érige Idir en une figure de la résistance douce et poétique, une opposition pacifique, menée par l’art et non la violence, par la douceur mélodique et non le fracas des discours. KHOUAS inscrit Idir dans la continuité historique en le désignant comme l’héritier de Jugurtha et de « Vava Inouva », soulignant sa constance remarquable dans son verbe et sa tolérance, faisant de lui une figure morale et artistique dont l’influence est impérissable.

Brahim Saci

 Arezki Khouas, Idir ou l’identité au pluriel, Éditions Identité
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Rencontre avec Ahmed Hidouche Yacine : au cœur de « Survivances – Mémoires d’un anonyme »

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Rencontre avec Ahmed Hidouche Yacine
Rencontre avec Ahmed Hidouche Yacine. Crédit image : Djamel Guettala.

Fin de semaine, la librairie L’Île aux Mots Marseille a accueilli Ahmed Hidouche Yacine pour une rencontre centrée sur son essai Survivances – Mémoires d’un anonyme, paru le 19 mai 2025 par les Editions El Amir . L’auteur y a partagé son parcours intime et la genèse de son ouvrage, qui mêle souvenirs personnels et échos de l’Histoire algérienne.

Le débat a été ouvert par Monsieur Ahmed, qui a rendu un grand hommage à Jean-Paul Domergue. Il a souligné que ce dernier représentait véritablement un trait d’union entre les Pieds-Noirs et les Algériens, symbole d’une Algérie où les deux communautés auraient pu coexister en harmonie, dans le respect mutuel et sans discriminations.

Bien que Jean-Paul Domergue n’ait pas été enterré à Tigzirt, il aurait, selon Monsieur Ahmed, bénéficié d’un soutien massif de la population jusqu’à sa dernière demeure. Par ses actes, il avait épousé la nationalité algérienne, sans renier celle qui lui avait été attribuée en tant que Pied-Noir.

Au fil de l’échange, Ahmed Hidouche Yacine a expliqué que l’écriture de son livre constituait autant un exorcisme qu’un acte de transmission. Chaque récit, chaque anecdote de son enfance à Tigzirt, des maquisards aux figures héroïques du quotidien, visait à préserver la mémoire et à transmettre des leçons de résilience aux générations futures.

Les participants ont été plongés dans l’univers d’un enfant confronté à la guerre et à ses injustices, mais également capable de saisir la beauté fugace de petits bonheurs, de liens humains et d’amours interdits. L’auteur a insisté sur l’importance de revenir sur ces souvenirs, non seulement pour se souvenir, mais pour offrir un héritage moral et philosophique aux jeunes générations, et rappeler que la liberté et la justice ont un prix.

La rencontre s’est conclue par une séance de dédicaces, offrant au public l’opportunité de repartir avec un exemplaire personnalisé du livre et d’échanger plus longuement avec l’auteur sur la mémoire, l’histoire et les traces qu’elles laissent dans nos vies.

Djamal Guettala 

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Zhang Zhan, symbole d’une Chine qui étouffe la liberté de la presse

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Zhang Zhan
Zhang Zhan. Crédit image. DR

La situation de la liberté de la presse en Chine continue de se dégrader, et l’histoire de Zhang Zhan en incarne l’extrême brutalité.

Dans un pays où les journalistes indépendants sont considérés comme des « perturbateurs » et non comme des acteurs essentiels de l’information, le régime de Xi Jinping impose une ligne monolithique : les médias doivent servir le Parti.

En 2025, la Chine recule encore au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, occupant la 178ᵉ place sur 180. Le pays détient plus de 120 journalistes et collaborateurs de médias — le chiffre le plus élevé au monde. Derrière ces nombres se trouvent des vies brisées, des familles sous pression, et un appareil répressif qui s’abat sur quiconque tente de documenter la réalité.

Zhang Zhan, ancienne avocate devenue journaliste citoyenne, en est l’un des visages les plus connus. Son « crime » : avoir montré, en 2020, ce qui se passait réellement à Wuhan au début de l’épidémie de Covid-19. Arrêtée, jugée en quelques semaines, elle est condamnée à quatre ans de prison. Libérée puis de nouveau arrêtée en 2024, elle a écopé d’une nouvelle peine de quatre ans.

La répression s’est encore durcie en 2025. En novembre, les autorités ont tenté de la faire disparaître purement et simplement. La mobilisation rapide d’organisations internationales — dont Reporters sans frontières — a forcé Pékin à reculer. Mais le message était clair : le régime est prêt à franchir un seuil supplémentaire pour faire taire une voix jugée trop gênante.

Dans sa cellule, Zhang Zhan a mené une grève de la faim qui l’a conduite au bord de la mort. Les autorités l’ont nourrie de force, l’ont laissée menottée pendant des jours. Malgré ces traitements inhumains, elle persiste à défendre l’idée que la vérité doit être transmise, quoi qu’il en coûte.

L’appel lancé par RSF dépasse son seul cas : il rappelle l’urgence de soutenir celles et ceux qui risquent leur liberté, et parfois leur vie, pour que l’information continue d’exister en Chine. Le sort de Zhang Zhan n’est pas une exception : il est devenu le symbole d’une machine répressive qui se durcit et s’assume.

Mourad Benyahia 

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Lancée en 2014 : la pénétrante autoroutière de Tizi-Ouzou, miroir des dérives structurelles des grands projets publics

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Pénétrante reliant Tizi Ouzou à l'autoroute Est-Ouest.
Pénétrante reliant Tizi Ouzou à l'autoroute Est-Ouest. Crédit image : https://www.ozguntr.com/fr

Symbole des dérives structurelles qui minent les grands projets publics, la pénétrante de Tizi-Ouzou vers l’autoroute Est-Ouest illustre un système où la technique cède trop souvent devant les blocages administratifs et les décisions hésitantes.

Malgré un discours ministériel se voulant plus ferme et plus lucide, la crédibilité de l’État se jouera désormais sur un seul terrain : celui des kilomètres effectivement livrés, loin des promesses répétées.

Le ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base, Abdelkader Djellaoui, a  présidé, jeudi 27 novembre 2025, deux réunions de suivi décisives consacrées aux projets de raccordement stratégiques de la pénétrante de Béjaïa et de la liaison Tizi-Ouzou–Bouira à l’autoroute Est-Ouest. Si ces rencontres traduisent une volonté ministérielle d’accélération, elles mettent aussi et surtout en exergue l’ampleur des problèmes persistants, en particulier les surcoûts massifs engendrés par des années de retard et de gestion approximative.

Ces réunions ont exposé les dysfonctionnements structurels qui paralysent la pénétrante autoroutière reliant Tizi-Ouzou à l’autoroute Est-Ouest, révélant une fois de plus les failles récurrentes de la gestion des grands chantiers publics en Algérie. C’est dans cet esprit que Le Matin relaie ces déclarations, en les replaçant dans une approche critique fidèle à sa vocation d’éclairage du débat public.

Un ministre au chevet d’un chantier sans fin

Onze ans après (en 2014) l’ambitieux lancement du chantier, la pénétrante reliant Tizi-Ouzou à l’autoroute Est-Ouest via Bouira illustre les maux chroniques des grands projets d’infrastructures en Algérie : retards interminables, gestion éclatée, réévaluations budgétaires à répétition. Projet vital pour le désenclavement de la région, il est devenu un condensé des dérives du « projet du siècle » — l’autoroute Est-Ouest — dont il reproduit les retards, les surcoûts et la lourdeur administrative. Pathétique en matière d’improvisation et de manque de rigueur dans la gestion du dossier.

En visite, au début du mois de novembre, à Tizi-Ouzou, le ministre Abdelkader Djellaoui a dressé un constat sans détour : « Le manque de pragmatisme, de rigueur et de transparence dans la gestion a entraîné un retard de plus d’une décennie », a-t-il affirmé, soulignant un dysfonctionnement qui dépasse le seul cas de Tizi-Ouzou.

Dérives multiples et surcoûts incompressibles

Les chiffres sont implacables : depuis 2014, seuls petits 5 kilomètres ont été réceptionnés à Draâ El Mizan, tandis que 33 kilomètres demeurent en attente de réalisation. Onze ans pour cinq kilomètres, puis la promesse réitérée d’achever le reste en quatre mois : de quoi alimenter un scepticisme largement partagé.

Les causes de ces retards sont clairement identifiées, comme l’ont confirmé les dernières réunions de suivi.

En premier, il y a les blocages fonciers et lourdeurs administratives. A titre d’exemple, les oppositions de propriétaires et les lenteurs dans les procédures d’expropriation et d’indemnisation constituent le principal frein. Sur une grande partie du tracé, l’emprise foncière n’est toujours pas libérée, immobilisant durablement les travaux.

S’ensuivent des  contraintes liée à la complexité géologique et d’ordre  techniques. Le relief de la Kabylie impose de nombreux ouvrages d’art et expose le chantier à des aléas techniques majeurs. Le glissement de terrain de Draâ El Mizan ( région concernée par le tracé de la route), sur la liaison Tizi-Ouzou–Bouira, illustre ces difficultés qui nécessitent des solutions coûteuses et retardent encore davantage le projet.

Pour le ministre, ces retards ne sont pas propres à Tizi-Ouzou : « Pratiquement toutes les pénétrantes enregistrent les mêmes problèmes, les mêmes retards et les mêmes surcoûts, aggravés par la fluctuation des changes et le prix des matériaux. » Le coût initial du projet, fixé à 45 milliards de dinars, dépasse aujourd’hui 75 milliards — soit une hausse d’environ 65 % — pour un taux de réalisation inférieur à 30 %.

Un diagnostic sévère, mais lucide

Le ministre dit vouloir remettre la question des grands chantiers sur le terrain de la responsabilité : « Toutes les parties prenantes seront réunies pour mettre tout sur la table et déterminer les responsabilités », a-t-il promis. Promesse tenue, puisque la dite réunion s’est tenue jeudi dernier. L’objectif affiché est clair : situer les responsabilités et engager les mesures nécessaires pour achever le projet.

Il affirme par ailleurs que le financement n’est pas en cause : « Le projet ne souffre pas d’un manque de financement. L’État accompagne pleinement ce chantier et assurera les moyens nécessaires à sa finalisation. »

Entre promesses et réalisme

Abdelkader Djellaoui a exigé la mise en service immédiate des tronçons achevés et la finalisation rapide de la déviation, accordant un délai maximal de quatre mois aux entreprises. Une exigence ambitieuse mais difficilement crédible au regard du rythme observé depuis plus d’une décennie.

Il a néanmoins salué les efforts des autorités locales et des élus pour lever les oppositions et débloquer certaines situations, reconnaissant que les récentes avancées doivent beaucoup à l’implication du wali et à la coordination territoriale.

 Une équation structurelle non résolue

Au-delà des déclarations, la même question demeure : comment expliquer que des projets stratégiques échappent, année après année, à tout contrôle d’efficacité, de transparence et de délai ?  

À Tizi-Ouzou, comme presque partout dans le reste du pays où ce genre de projets sont lancés, les habitants ne comptent plus les discours : ils comptent les kilomètres réellement livrés.

Sofiane Ayache

Pénétrante de Tizi-Ouzou : les faits marquants

2014 — Lancement du projet

• Début des travaux.

• Coût initial : ≈ 45 milliards DA.

2016–2018 — Blocages

• Expropriations incomplètes.

• Retrait d’entreprises, retards cumulés.

2019 — Première réévaluation

• Budget porté à ≈ 60 milliards DA.

2020–2023 — Stagnation

• Suspension partielle du chantier.

• Coordination défaillante entre intervenants.

2024 — Relance partielle

• Avancées limitées sur quelques tronçons et ouvrages d’art.

Novembre 2025 — Point d’étape

• Réception symbolique de 5 km (Draâ El Mizan).

• Nouveau délai : 4 mois pour achever les 33 km restants.

#Bilan Provisoire

Durée du chantier : 11 ans

Taux d’avancement : ≈ 30 %

Coût réévalué : > 75 milliards DA

Dépassement budgétaire : +65 %

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Ligue 1/OM – Toulouse : un week-end gâché et une occasion manquée

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OM
L'Olympique de Marseille accroché par Toulouse.

L’espoir de la semaine parfaite a laissé place à une fin de week-end au goût amer. Quatre jours après leur relance européenne contre Newcastle (2-1), les Marseillais, accrochés sur le fil par Toulouse au Stade Vélodrome (2-2), n’ont pas su profiter de la défaite du PSG à Monaco (0-1) un peu plus tôt ce samedi pour prendre les commandes du classement de Ligue 1.

Le scénario, cruel et frustrant, a laissé Roberto De Zerbi avec un sentiment d’inachevé. « On le paye très cher », a-t-il regretté après une égalisation concédée dans les ultimes secondes, reflétant les difficultés persistantes de son équipe à fermer les matches.

La rencontre avait pourtant commencé de la pire manière. Surpris par l’intensité des visiteurs, l’OM a rapidement concédé l’ouverture du score. Secoués, les Marseillais ont fini par réagir, retrouvant du mouvement et de l’inspiration offensive pour égaliser puis prendre l’avantage. Le Vélodrome s’était alors enflammé, croyant assister à un succès charnière, capable d’ancrer durablement l’équipe dans une dynamique positive après sa victoire européenne.

Mais la suite a rappelé les limites actuelles de Marseille. Incapables de conserver le contrôle du ballon dans le dernier quart d’heure, les joueurs de De Zerbi ont reculé, laissé des espaces et permis à Toulouse de reprendre espoir. Dans un ultime assaut, le club toulousain a arraché l’égalisation, laissant un stade médusé et un entraîneur amer face à une victoire qu’il pensait acquise.

Ce nul pèse d’autant plus lourd que le PSG avait laissé la voie ouverte quelques heures plus tôt. Désormais, c’est Lens qui pourrait en profiter : une victoire à Angers ce dimanche offrirait aux Sang et Or la tête du classement. Pour l’OM, l’occasion s’envole encore, rappelant une évidence : sans rigueur jusqu’au bout, les ambitions se fissurent.

Djamal Guettala 

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Chayma Issa arrêtée : un symbole de résistance face à l’autoritarisme tunisien

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Chayma Issa arrêtée
Chayma Issa arrêtée. Crédit photo : DR

La scène aurait pu passer inaperçue dans un pays désormais habitué aux coups de force : une femme encerclée par des agents en civil, arrachée à une foule pacifique, conduite vers une destination inconnue. Mais la femme arrêtée est Chayma Issa, figure centrale de l’opposition tunisienne, militante infatigable des libertés publiques.

La poétesse et militante Chayma Issa a été interpellée le samedi 29 novembre 2025 à Tunis, alors qu’elle participait à une manifestation pacifique pour dénoncer les dérives du pouvoir. Son arrestation, survenue au lendemain de la confirmation en appel de lourdes peines dans l’affaire du « complot contre la sûreté de l’État », résonne comme un message brutal : la contestation doit être réduite au silence, coûte que coûte.

Depuis des mois, le pouvoir tunisien applique une stratégie qui ne s’embarrasse plus d’apparences démocratiques. Kaïs Saïed, maître absolu du jeu institutionnel depuis l’instauration du régime d’exception en 2021, consolide un système où les contre-pouvoirs sont méthodiquement neutralisés. L’Etat de droit est démantelé et les voix libres muselées, voire embastillées. Magistrats limogés, journalistes poursuivis, syndicalistes intimidés, avocats arrêtés…

L’interpellation de la militante Chayma Issa s’inscrit dans cette mécanique implacable : frapper les visages visibles pour intimider les voix restantes.

Condamnée à 20 ans de prison dans l’affaire du « complot », un dossier tentaculaire visant une quarantaine d’opposants et de militants, elle a toujours dénoncé une procédure politique destinée à faire taire la dissidence. Ses avocats parlent aujourd’hui d’un « enlèvement ». Les ONG, dont Amnesty International, dénoncent un acte illégal et dangereux. Mais la portée de cette arrestation dépasse le cas individuel.

Quelques minutes avant d’être capturée, Chayma Issa rappelait encore aux manifestants : « Ne cédez pas à la tyrannie. Nous sacrifions notre liberté pour vous. » Elle savait que la confirmation de sa condamnation la mettait en première ligne. Elle a choisi de ne pas se cacher. Son geste témoigne de ce que le pouvoir cherche précisément à étouffer : la détermination d’une partie de la société à défendre ce qu’il reste de l’esprit révolutionnaire.

La Tunisie, longtemps présentée comme l’exception démocratique du monde arabe, glisse désormais vers un autoritarisme assumé, où la justice devient un instrument de contrôle et la dissidence un délit. L’affaire du « complot », avec des peines allant jusqu’à 45 ans de prison, montre à quel point la machine judiciaire peut être remodelée pour servir un agenda politique.

Les réactions internationales se multiplient, mais l’impact demeure limité face à un pouvoir qui n’entend plus rendre de comptes. Dans ce paysage verrouillé, l’arrestation de Chayma Issa peut marquer un tournant, non pas parce qu’elle surprend — plus rien ne surprend désormais — mais parce qu’elle cristallise le combat entre un régime qui se ferme et une société civile qui refuse de disparaître.

La question n’est plus de savoir si la Tunisie dévie : c’est de savoir jusqu’où elle ira, et combien de voix devront être arrêtées pour que le pays réalise ce qu’il est en train de perdre.

Mourad Benyahia 

Lien de son arrestation : https://www.facebook.com/share/r/19gYsD8X8h

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Entre les lignes de l’APS : un pouvoir qui accuse, un pays qui sombre

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APS
L'agence officielle APS.

Il y a quelque chose d’assez fascinant dans la façon dont ce pouvoir parle. Il accuse, il sermonne, il tonne, il moralise. Et chaque fois qu’il dit “faillite politique”, c’est comme s’il décrivait une scène qu’il refuse de voir dans son propre miroir.

L’APS a encore sorti son grand numéro : indignation officielle, termes emphatiques, rappel à la morale, discours en carton-pâte. On croirait écouter un professeur d’éthique qui donne un cours dans une classe qu’il a lui-même incendiée.

Le pouvoir désigne les partis comme responsables. Très bien. Mais quels partis ? Ceux qui n’ont plus le droit de tenir une réunion ? Ceux qui sont convoqués à la police pour avoir dit une phrase de travers ? Ceux qui savent qu’un communiqué peut les envoyer trois jours devant le juge ? Ceux qui, même proches du système, se taisent parce que parler est devenu une prise de risque ? L’opposition n’est pas muette : on l’a muselée. On n’a pas étouffé des idées ; on a étouffé des voix. Dans un pays normal, le silence d’un parti serait un message politique. Chez nous, c’est un réflexe de survie.

Pendant que le pouvoir surveille les adjectifs et poursuit les opinions, le pays, lui, agonise. La harga n’a pas disparu : elle s’est transformée. Aujourd’hui, ce ne sont plus des jeunes solitaires qui s’embarquent clandestinement, mais des familles entières qui préparent leurs enfants comme on prépare un dernier départ. Le dinar a touché le fond du fond, 300 dinars pour un euro, un record historique, mais pas du genre qu’on célèbre. Le commerce étouffe, les prix s’envolent, les salaires s’effritent, les foyers s’enfoncent, et la colère sociale gronde sous la surface comme une plaque tectonique qu’on ignore par habitude.

Et au milieu de ce désastre, le ministre de l’Économie – celui censé tenir la barque – se trompe entre le dinar et le dollar en pleine séance parlementaire. Les officiels rient. Les députés rient. Le ministre rit. Tout le monde rit, sauf ceux qui vivent dans le pays réel, celui où le prix de la semoule décide du menu de la semaine. Le message est limpide : le peuple souffre, eux s’amusent. Ils se trompent, ils rient, ils plaisantent, et la vie continue… pour eux seulement.

Ensuite arrive l’APS, comme une troupe de théâtre mal éclairée, pour annoncer que tout va bien, qu’il faut “protéger les valeurs”, “préserver l’éthique”, “défendre la stabilité”. Quelle stabilité ? Celle des frigos vides ? Celle des familles qui vendent leur mobilier pour payer le loyer ? Celle des jeunes qui prient pour que leur visa ne soit pas refusé ? Celle d’un pays où l’on peut finir en procès pour avoir écrit une phrase de trop ? La stabilité, ici, n’est qu’un autre mot pour dire : “Tais-toi”.

Le pouvoir parle de contradiction politique. Parlons-en. La contradiction politique, c’est un État qui réclame la morale en manipulant la vérité. C’est un gouvernement qui accuse des partis désarmés pendant que lui-même accumule les échecs comme on collectionne des timbres. C’est un système qui exige des comptes à ceux qui n’ont aucun pouvoir, mais n’en rend aucun à ceux qui l’ont élu – si tant est qu’il considère encore devoir des comptes.

La faillite politique n’est pas dans les discours des partis. Elle est dans le vide des actes du pouvoir. Elle est dans l’absence de gouvernance, dans l’obsession de surveiller au lieu de diriger, dans l’art de fabriquer des communiqués pour dissimuler l’absence de résultats. Elle est dans ce chaos maquillé, dans ce désordre organisé, dans cette mise en scène permanente où le peuple n’est qu’un figurant qu’on rappelle à l’ordre dès qu’il tente de parler.

La vérité est brutale : la faillite politique, c’est un État qui gouverne seul, parle seul, écoute seul, jusqu’à croire que son monologue est un dialogue.

Le pays s’effondre en silence. Le pouvoir s’indigne en bruit. Et c’est cela, précisément, la faillite.

Zaïm Ghernati

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Désactivation du passeport de Boualem Sansal : l’écrivain est-il toujours citoyen algérien ?

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Boualem Sansal
Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison a retrouvé la liberté

La désactivation du passeport biométrique algérien de Boualem Sansal, révélée par Le Soir d’Algérie dans son édition du 29 novembre 2025, soulève une question sensible : quelle est désormais la situation juridique de l’écrivain, considéré depuis toujours comme Algérien malgré sa double nationalité ?

Si cette mesure est confirmée, elle pourrait placer l’auteur dans une position inédite, contraint de solliciter un visa pour entrer dans son pays d’origine. 

Une mesure administrative lourde de conséquences

Selon Le Soir d’Algérie, les autorités auraient procédé à la « désactivation » du passeport de Sansal. Concrètement, le document aurait été retiré du système informatique officiel, le rendant inutilisable.

En pratique, cette opération assimile son détenteur à un ressortissant étranger pour les formalités d’entrée : Boualem Sansal ne pourrait se rendre en Algérie qu’avec son passeport français, accompagné d’un visa. Un document que les autorités algériennes ne risquent pas de lui accorder. Au-delà de la simple contrainte administrative, cette situation interroge, car le passeport constitue l’un des principaux attributs matériels de la nationalité.

Désactivation de passeport : quelles implications sur la nationalité ?

Sur le plan juridique, la désactivation technique d’un passeport n’équivaut pas au retrait de la nationalité algérienne, lequel obéit à une procédure spécifique et exige une décision formelle. Mais la portée symbolique et pratique de la mesure reste considérable : elle prive le citoyen de son droit le plus élémentaire, celui de pouvoir entrer librement dans son propre pays.

Cette action peut dès lors être perçue comme une sanction politique, voire comme un prélude à un débat plus large sur le statut national de l’écrivain — particulièrement dans un contexte où les relations entre Sansal et les autorités sont extrêmement tendues.

Un contexte explosif marqué par des déclarations controversées

L’affaire survient quelques semaines seulement après la libération de Boualem Sansal. Arrêté en novembre 2024 à la suite de propos polémiques tenus sur une chaîne française d’extrême droite, où il avait affirmé que certaines régions algériennes appartenaient autrefois au Maroc.

Il a finalement été gracié le 10 novembre 2025 par Abdelmadjid Tebboune, pour des raisons qualifiées d’« humanitaires », à la suite d’une demande officielle du président allemand Frank-Walter Steinmeier. L’Allemagne devait ensuite assurer son transfert et la prise en charge de ses soins. L’écrivain, lui-même, dans une de ses réponses à la presse, affirme n’avoir jamais demande de grâce à Tebboune.

Manifestement, les déclarations de Sansal dans les médias français après sa libération — notamment sur France 2 et France Inter — semblent avoir ravivé les tensions. L’auteur y évoquait son souhait de revenir en Algérie pour, selon ses mots, « corriger l’injustice subie », une posture interprétée par certains comme un défi ouvert aux autorités.

Un risque de crispation diplomatique avec Paris ?

La possible désactivation du passeport de Sansal intervient alors que les relations algéro-françaises semblaient amorcer un timide dégel. Une mesure perçue comme punitive à l’encontre d’un écrivain franco-algérien pourrait raviver des tensions déjà fragiles, au moment même où des signaux de rapprochement étaient enregistrés.

Une question centrale demeure. Tant que les autorités n’auront pas communiqué officiellement, une interrogation majeure reste en suspens :  Boualem Sansal est-il toujours, aux yeux de l’État algérien, un citoyen à part entière, ou la mesure prise à son encontre inaugure-t-elle une remise en cause plus profonde de son appartenance nationale ?

Samia Naït Iqbal

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Belaïd At Ali : Mara d-mmektiɣ (Tazmamt n°6, asebter 225)

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D amezwaru n unebdu. Lamaâna, aseggas-a zik ayagi yebda weẓɣal. Yagi bdan rɣan wussan. Akken kan ifuk ugeffur d ubruri, ad as-tiniḍ nekcem talemmast n ɣect. Sebḥan sidi Rebbi : iḍelli kan i d tafsut… ass-agi yebda ubẓiẓ.

Dɣa wissen ma armi d ass-agi kan i yebda aâggeḍ, neɣ zik i d-yusa nek ur as-d-rriɣ ara kan tamawt ? Lḥasun, armi d ass-agi i yas-sliɣ. Laâslama-k ay abẓiẓ. Ad t-ig Rebbi d win ɣef nerbeḥ ncallah.

Ahat tura ad yili inessef wass. Iṭij di tlemmast n igenni neɣ wissen anida, deg wakken yuɣ mkul amkan. Alamma d deqqal, mi ttqarib ad yeɣli, ara yenǧem bnadem ad t-iwali, wamma tura ddunit d netta.

Ddunit tessusem, tamurt irkel ad as-tiniḍ temmut. Imeksawen zik ayagi deg d-rran azal, tura ma yefka Rebbi ṭsen. Tabaɛ, taddart d iḍes ayen teṭṭes, neɣ d ddunit ayen inegren, qqimeɣ-d nek weḥd-i ? Armi tameɣrust-agi n waklan i d-ifkan ifurkan-is ɣer lḥara-nneɣ ad as-tiniḍ teṭṭes : yiwen yifer deg-s mačči la yettembiwil. I yefrax, anida llan ? Aâni ula d nutni rewlen, subben s iɣezran, ɣer yemdunen, ad sbuḥrun cwiṭ ? Lḥasun, ddunit texla, ddunit teṭṭes, ama d ṭejra, ama d taḥcict, d laâbd, tamurt, teggugem.

Abẓiẓ ? Ula d netta ad iniɣ ur yettwaḥsab ara ssut-is, imi lukan d ara yessusem ara d-issaki win iṭṭsen, imi s ssut-nni dɣa i t-tewwi tnafa. Illa ssut ittwaḥesben di tsusmi, deg akken t-innum umeẓẓuɣ.

Dɣa, am teswiɛt-agi deg lliɣ. Segllin qqareɣ-as taddart s lekmal-is teṭṭes, a yuɣ lḥal llant lxersun snat tlawin yukin am nek : yiwet di lǧiran-agi nneɣ ufella, si sbeḥ ala teẓẓad s tessirt n uxxam. Tis snat, n lḥara-yagi sdat-nneɣ. Tagi aâqleɣ taɣect-is, ssneɣ-tt : d Zayna at Ḥemmu i la yettdekkiren, tetthuzzu wissen d mmi-s neɣ d yell-is. Welleh ma ẓriɣ. Dɣa d lewhayem di Zayna yagi. Deg wasmi tt-ssneɣ, acḥal n laâwam ayagi, illa nettat dayem tettdekkir, dayem tetthuzzu, dayem tesaâ llufan di dduḥ. Deg wasmi yas-d-cfiɣ, ama deg iḍ ama deg wass, deg umezwaru ar uneggaru useggas, dayem tesaâ di dduḥ iwumi ara tettɣenni : « ay aneznez ay iḍes… ». Wissen ma d yiwen llufan kan i yugin ad yimɣur, neɣ tettarew mkul aggur, neɣ amek. Lḥasun, armi ula d leɣna-s yuɣal yettwaḥsab di tsusmi, am tessirt la yeẓẓaden, am ubẓiẓ la yeẓẓenẓinen, am taggent-agi neɣ arẓaẓ i la izehhren nnig uqerruy-iw, cɣel n ṭumubil-nni n igenni. D ayen isi yas-nniɣ tamurt s lekmal terɣa, tessusem, teṭṭes.

Yemma, ula d nettat, tečča kan cwiṭ n lqut segllin, terra tabburt n uxxam ɣef yiman-is, teṭṭes. Tettarra tabburt mara teṭṭes deg uzal i wakken ad as-iḍul lḥal,  irna ɣef yizan ur tt-ttmeḥḥinen ara (a Rebbi ay ttagadeɣ ides-agi n yemma deg uzal ! Aâlaxater, mara d-taki, a d-tekker s wurfan. Lamaâna, sya ar imir-nni, ad yeg Rebbi ttawil).

Ma d nek, aâniɣ-d asqif, ssiɣ-d agertil, nniɣ-as ad ṭṭseɣ cwiṭ, lamaâna tugi ad iyi-tawi tnafa. Asqif-agi nneɣ acek-it deg unebdu : mara s-teldiɣ i sin lelwaḥ d-ifkan ɣer uzniq, isaâɛu cwiṭ n ubeḥri. Aârḍeɣ ad ɣreɣ cwiṭ i wakken ad iyi-d-yers nadam, ulac. Aâyiɣ di leqraya, iḍaq cwiṭ lxaṭer-iw, serseɣ taktabt, sakin, akken d tinnegnit, allen-iw di sqef, rriɣ-tt i umekti. 

Mara d-mmektiɣ…

Sebḥan-k a sidi Rebbi, ayen i yaɣ-txelqeḍ ! Di teswiɛt am tagi n tsusmi d yiḍes, dacu ara d-mmektiɣ? Dɣa di laâwam-nni, d ussan-nni deg yella wexxam-agi nneɣ izehher di lɣaci, s uaâggeḍ, s teḍsa d imeṭṭawen n warrac, d tullas. Axxam iččur, lḥara teččur, asqif-agi yeččur. Wa ur isel i wa !

Nanna Faṭima d urgaz-is (tura ha-ten di Fransa) zedɣen dɣa ɣur-nneɣ, ṭṭfen ‘’taɣurfet tajdiṭ’’. Faḍma, nettat d urgaz-is aâzlen ɣer ‘’texxamt’’. Axxam gganen deg-s. : yemma d watmaten-iw, Mbarek (ad as-yaâfu Rebbi, immut di Fransa) akked Tayeb (atan tura di Fransa), d yessetma n Lqern : Wezna, Tasaâdit d Mesaâd, mara d-rezfent nutenti akked uqḍar n warraw-nsent. (cfiɣ neṭṭes deg yiwen wusu di aâcra ar tnac yid-nneɣ. Imir-nni i nettemseččaw anwa ara yeṭṭsen d alemmas, deg wakken yettagad uqerni ad t-yečč ‘’lweḥc’’. Sakin lmeḥna tameqqrant ɣef yemma, di sbeḥ mar as-d-iḥder ad tesserbi lqahwa !    

Teggra-d tɣurfet taqdimt, dɣa d tagi nnig uqerruy-iw, tuɣal ula d nettat tettwazdeɣ. Wi tt-izedɣen ? D nek ! Anaâm. Imir-nni i yi-d-zewǧen. Tameṭṭut-iw tamezwarut : Faḍma at Saâdi, si Teskenfut. Meskint ! Mara d-mmektiɣ… Meskint, aâlaxaṭer tura, mara tt-id-smektiɣ, tettɣiḍ-iyi. Am akken yettaker-iyi wul ɣef wayen i yas-xedmeɣ, deg wass-nni ara ass-a (aâcrin n sna ayagi deg i tt-uɣeɣ, briɣ-as), ula d nek jerbeɣ, yettwajreḥ wul-iw si zwaǧ. Daɣ netta, lemmer ttafeɣ ad as-ḍelbeɣ smaḥ. Irna, tabaɛ, sdat Rebbi, lbaṭel i yas-xedmeɣ, tugin i tt-ugiɣ. Sɣur Rebbi : yug-itt wul-iw, yugi-tt lxaṭer-iw,lemmer ttafeɣ ur tt-ttwaliɣ ara.

D yemma i tt-id-ixeḍben, i yi-tt-id-yuɣen, i yi-tt-id-iwwin. Ur tt-ssineɣ ara armi d asmi d-tedda d tislit. Iḍḥu-d teɣleb-iyi di laâmer aṭas, tameṭṭut talemmast, wama nek ad iliɣ di laâmer-iw xemseṭṭac ar seṭṭac n sna. Irna, ma yehwa-yak, mačči d ayen i d-iwwin madakci. Wissen ma imi tesxerxur, neɣ d ssifa-s, neɣ dacu. Wḍeɣ armi tt-ttagadeɣ ! Sakin, akken d imi aâddan wussan-nni n teslit, nniɣ-asen : a win i yas-iqqaren ‘’d nek ay d nek’’, ad d-iruḥ ad iyi-isgen yid-s !

Mara d-mmektiɣ…

Am ass-a… d lemtel mara d-iḥder lawan n yiḍ-s. Dadda Lewnis d tmeṭṭut-is ad alin ɣer tɣurfet tajḍit, xal-i Aâli d tmeṭṭut-is ad alin ɣer texxamt, yemma akked lwacul nniḍen deg uxxam, ad d-rren akk tibbura ɣef yiman-nsen. Faḍma at Saâdi meskint ad tali ɣer tɣurfet-agi taqdimt, ad iyi-tettraǧu. Nek, mi yi-d-suffɣen seg uxxam, ad rreɣ dɣa ɣer tdukkant-agi n usqif, ad ṭṭseɣ.

Nejbed akken aṭas, armi d yiwen wass, tuki-yi yemma. Teffeɣ-d aâni deg iḍ, taf-iyi-d ṭṭseɣ dagi, tayeḍ la tesxerxur iwsawen. Tessusem kan, aâni testḥa neɣ amek. Teḥku-yas azekka-nni i Nanna Faṭima (ladɣa teẓra yemma nettagad Nanna Faṭima akter-is. Aâlaxater d nettat i d tameqqrant deg-nneɣ ; deg wasmi d-nekker i yaɣ-tebda s teɣrit. Seg-s ɣer da, mi nmed meqqrit, tuɣal-aɣ ɣur-s d rehba, d leḥya. Irna, lḥasun, tettawi-tt-id yid-nneɣ cɣel Irumyen : mara tebɣu aɣ-tini kra, teqqar-aɣ-t, ur tt-ittaṭṭaf ara lxuf-nni, neɣ d leḥya-nni saâunt teqbayliyin ɣer gmat-sent ɣas meẓẓi).

Ass-nni ihi, akken ṭṭsen at wexxam, tsubb-d Nanna Ṭiṭi, akken i yas-neqqar, xmat xmat druǧ n tɣurfet, taf-iyi-d ṭṭseɣ dagi deg usqif. Thucc-iyi : « Dacu txeddmeḍ dagi ? I wakken ur aɣ-d-tfehhem ara Faḍma at Saâdi nnig-nneɣ, aâlaxaṭer ittban ur tt-tettawi ara tnafa, thedder-iyi-d s trumit)

– Ali ad teṭṭseḍ !

– Eh !

– Ali ad teṭṭseḍ a gma, ttxil-k !

Awaah ! Akken tebɣu tḥellel-iyi, akken tebɣu tehder, ulac. Tiɣrit, ulama neqqar, ur yi-tekkat ara, aâlaxateṛ ruḥeɣ mdeɣ, ur ttagadeɣ ara tiyita-s, ur yi-tqarreḥ ara. Ula d nettat teẓra. Daɣ netta, tehder armi taâya, ulac, tuli ɣer ‘’tejdiṭ’’, tuɣal-d, tsubb-d, tkems-d deg ufus-is tawriqt n rebaâ duru. Nek, di lweqt-nni, ulamma ur bdiɣ ara tissit n crab, lamaâna tteḥwiǧiɣ idrimen, ttxalaḍeɣ ilmeẓyen, keccmeɣ leqhawi, ttaɣeɣ-d tiktabin, dayem ilaq-iyi cwiṭ umesruf. Nanna Ṭiṭi tewwi-yi-d s lexbar. Dɣa seg wass-nni, tefra rray gar-anneɣ, ur nemcawar. Mi ḥwaǧeɣ kan ɣef yiḍes n tɣurfet taqdimt, ad iyi-d-tɣit s ama d snat, ama d rebaâ duru. Ufiɣ-tt d tarbiḥt. Ala Rebbi ma isemmeḥ-iyi, wissen. Ulamma… aṭas n lecɣal ideg ad iyi-isemmeḥ.

Mara d-mmektiɣ…

Ula d akken, ufiɣ-d ddwa i yiḍes-iw akked Faṭima at Saâdi. Ittaɣ lḥal dagi ɣur-nneɣ i tella Newwara at Ḥemmudi, yell-is n Faḍma-nneɣ, n urgaz amezwaru. Newwara, imir-nni di laâmer-is aâmayen neɣ telt snin. Nettat tḥemmel-iyi d ayen kan. Sakin, ass kamel ad tt-ttwessiɣ, ad as-ttakeɣ leḥlawat. Mi d lawan n yiḍes, ad tebdu ad tettru, ad tettaâggiḍ : « Iḥrem fell-i ma ṭṭseɣ ala ɣur xal-i Belaïd… ! », dɣa nek ad tt-id-refdeɣ ɣer ‘’teqdimt’’, ad tt-id-segneɣ gar-anneɣ nek akked Faḍma at Saâdi. Sakin tagi ad tt-terr i yimeṭṭawen, tefhem id-nni yettruḥu-yas baṭel. D Rebbi ara yi-isemmḥen !

Mara s-neqqar « d ayen tzeraâḍ ara tmegreḍ ». Seg wass-nni ar ass-a, aâcrin n sna ayagi. Ur iwwiḍ ara useggas ideg tt-uɣeɣ, briɣ-as i Faḍma at Saâdi. Di syen xedmeɣ laâsker, ruḥeɣ ɣer Fransa acḥal, uɣaleɣ-d, aâwdeɣ zwaǧ. Yini-yak sidi Rebbi : « ar akken tessruḍ tameṭṭut ara k-tessru tmeṭṭut nniḍen ». Daɣ netta, yeẓra Rebbi ma xellseɣ !

Ddurt-agi yaâddan, kkiɣ-d si Lǧemaâ, anida xeddmeɣ, tedduɣ-d s axxam, armi d lfiraq n Cemmax, issemlil-iyi-d Rebbi akked Faḍma at Saâdi, teteddu ɣer at Mangellat, tewwi-d taqcict ad tili di laâmer-is aâcra neɣ ḥḍac n sna. Yuɣ lḥal aṭas-aya deg sliɣ taâwed zwaǧ, dɣa ɣer at Mangellat, irna tesaâ yell-is. Aâqleɣ-tent i snat, ula d nettat taâqel-iyi-d. Wamma yell-is ur yi-tessin ara. Akken d imi nemlal, tesked-iyi-d, tebra i wallen-is. Wamma nek ur s-hdireɣ ara, muqleɣ-tt mliḥ, nuḍreɣ-tt akken ilaq, aâlaxaṭer, tidet i Rebbi, welleh ar tt-cedhaɣ. Lemmer ufiɣ ad tt-laâiɣ, ad as-hedreɣ, ad tt-seqsiɣ amek tella, dacu tesaâdda ; ad ṭṭfeɣ taqcict-nni, taâǧeb-iyi d ayen kan ! Ad as-ḥkuɣ ɣef yiman-iw. Lamaâna… d laâib ameqqran ɣur Leqbayel. Daɣ netta, nettat d yell-is wtent aâddant, nek wteɣ aâddaɣ. Akken nembaâdad cwiṭ, qelbeɣ ɣer deffir, walaɣ-tent ula d nutenti qelbent-d ɣur-i. Wissen ma tenna-yas i yell-is neɣ ala…

– Tu veux un café ?

Llah ! Llah ! A ziɣ-nni ar yaâdda uzizwu, a ziɣ-nni ay abẓiẓ ar yessusem, a tissirt ar teḥbes, a Zayna ar tessusem, iṭṭes mm-is, neɣ truḥ s isɣaren, ziɣ-nni ar bezgent wallen-iw seg iḍes, a yemma ar zik ay d-tekker, ar tessew lqahwa, teswa armi terwa, ata tewwi-yi-d afenǧal.

Wissen kan tura ma d amekti i d-mmektiɣ, neɣ d targit kan ay urgaɣ tigi ?

Belaïd At Ali, 

Yulyu 1946

Timerna/notes :

1. Ṭumubil n igenni : tamesrafegt (fr. avion)

2. Madakci : ugur, uguren…

3. Cemmax : tala yellan idis n taddart Lqern

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Tunisie : lourdes peines prononcées en appel au méga-procès pour «complot contre la sûreté de l’État»

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Kais Saied
La Tunisie de Kais Saied plonge dans l'autoritarisme. Crédit image : DR

La Tunisie s’illustre encore une fois par une justice spectacle contre les opposants. Le procès en appel de plusieurs figures a donné lieu des condamnations particulièrement lourdes.

Prononcées ce vendredi 28 novembre, elles s’étalent de cinq à quarante-cinq de prison. La plus lourde peine incombe à l’homme d’affaires Kamel Letaief. Trente-sept personnes au total étaient poursuivies – principalement des figures de l’opposition tunisienne -, dans le cadre d’une procédure considérée comme une parodie de justice par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme.

Après plusieurs reports depuis le mois d’octobre et une dernière audience organisée jeudi 27 novembre, le jugement est tombé ce vendredi dans le méga-procès en appel de 37 personnes jugées pour complot contre la sûreté de l’État en Tunisie. Parmi les faits reprochés qui leur étaient reprochés : des rencontres avec des diplomates étrangers…

Alors qu’en première instance, les peines retenues grimpaient jusqu’à 66 ans de prison, celles prononcées cette fois restent lourdes pour atteindre jusqu’à quarante-cinq ans d’incarcération – elle incombe à l’homme d’affaires Kamel Letaief. Si trois acquittements ont été prononcés, certains ont vu leur peine alourdie quand d’autres, à l’inverse, l’ont vue légèrement allégée. Certains ont enfin écopé aussi d’une amende allant de 15 000 à 30 000 euros.

Si une majorité des accusés sont en détention depuis deux ans et demi et ont refusé de comparaître par visioconférence – comme l’exigeait la justice – pour des raisons de sécurité, d’autres sont en fuite ou ont pris la route de l’exil et vivent aujourd’hui à l’étranger. La plupart sont des figures de l’opposition tunisienne comme Jawhar Ben Mbarek, le chef du Front de salut national (FSN), qui écope de  20 ans de réclusion, Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi, Khayam Turki ou encore Ridha Belhaj, même si l’on y trouve aussi une militante féministe ainsi que l’écrivain français Bernard Henri Lévy, qui a été jugé par contumace.

« Parodie de justice sans le début d’une preuve »

Alors qu’il s’est tenu quasiment sans plaidoiries, selon la défense, ce procès fait aussi l’objet de très nombreuses critiques de la part de plusieurs organisations de défense des droits humains qui l’on qualifié de « politique » et d’« inéquitable ». Human Rights Watch évoque ainsi une « parodie de justice sans le début d’une preuve », tandis que pour Amnesty International, la cour d’appel a donné son aval à l’utilisation du système judiciaire pour éliminer la dissidence politique.

Jeudi 27 novembre, le Parlement européen avait, quant à lui, adopté une résolution demandant la libération des détenus d’opinion et des prisonniers politiques en Tunisie, initiative que le président tunisien Kaïs Saïed a qualifié d’« ingérence flagrante » après avoir déjà convoqué l’ambassadeur européen à Tunis dans le courant de la semaine.

Avec RFI

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