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L’art pictural en évocation : « L’astronome » de Johannes Vermeer

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Pays-BasVermeer, Johannes, Musée du Louvre, Département des Peintures, RF 1983 28 - https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010064324 - https://collections.louvre.fr/CGU
L'Astronome. Crédit : collection du Louvre

L’art est un évocateur pour celui qui le regarde à travers des émotions et des références qu’il a accumulées. Sa connaissance et le plaisir suscité se satisfont d’un esprit inlassablement curieux durant une vie sans qu’il atteigne l’érudition.

Voici exposé la proposition au lecteur d’un exemple de chef-d’œuvre dans l’art pictural qui provoque une émotion humaine, justement auprès d’une personne non érudite comme moi (mais non complètement ignorante tout de même). 

Récemment un prêt du musée du Louvre au musée de Marseille avait réveillé mon esprit, celui d’un tableau du peintre hollandais Johannes Vermeer, L’astronome. Et voilà les éléments habituels qui se bousculent dans la  mémoire de celui qui cultive sa curiosité.

Il ne faut surtout pas être étonné qu’une évocation d’un tel événement suscite un article de ma part seulement après plusieurs mois. La pédagogie de la culture n’est pas dans l’événement en lui-même, l’art n’est pas une actualité mais une pérennité.  Abordons l’œuvre choisie par quelques portes d’entrée. 

Le basculement du monde en une œuvre iconique 

Prenons ensemble l’audioguide du musée (petit boîtier avec des enregistrements audio) et écoutons-le nous faire la présentation du célèbre tableau. 

L’œuvre du grand maître évoque le bouleversement copernicien et le nouveau regard de l’humanité sur les connaissances et la science, ceux des arts et de la compréhension de son milieu terrestre et du ciel. Ce moment est dans la suite logique des grandes aventures d’exploration et d’explosion des savoirs entre le 16ème et 17 ème siècle, période appelée La Renaissance (le nom est évocateur) qui fait sortir l’humanité des dogmes du moyen-âge. L’art en était également soumis.

Dans L’astronome il y a de toute évidence l’idée que la lumière du savoir éclaire le monde. C’est la traditionnelle allégorie du savoir qui illumine les esprits en les libérant des ténèbres que représente cette chambre sombre du tableau.

Regardez le tableau, que voit-on  en plus de cette chambre pénétrée par la lumière ? Un globe terrestre qui avait contredit ceux qui avaient cru que le monde se limitait au seul territoire  chrétien. C’est donc la vision nouvelle du monde terrestre dont la principale référence est bien entendu celle de Christophe Colomb.

Mais on y voit également une lunette astronomique, d’où le nom du tableau qui fait référence au personnage, L’Astronome. L’objet représente la nouvelle connaissance du ciel et la place du monde dans celui-ci.

Nous devinons tous la référence de Nicolas Copernic qui avait donné son nom à la révolution des savoirs. La terre n’était plus le centre du monde autour duquel tournait le soleil mais le contraire. Un véritable bouleversement pour l’humanité, nous avons dans ce tableau ses deux identifiants, la connaissance de la terre et celle du ciel. 

L’astronome de Johannes Vermeer ne pouvait donc être absent des représentations picturales  pour enseigner la période de la Renaissance, chevauchant les deux siècles. C’est l’apparition en cascade de l’âge d’or en Italie (où est apparue l’humanisme) de l’âge d’or de la Hollande, de l’Italie (où est apparu l’humanisme), de l’Espagne, de la France de François Premier et de quelques autres qui ont suivi. 

Le peintre est Hollandais, il naquit dans la ville de Delft et deviendra un marchand d’art, ce qui est cohérent avec son talent artistique même si cela n’a pas un lien direct obligatoire. Sa vie est au centre du bouleversement du monde par sa naissance en 1632 et sa mort en 1675.

Une histoire contemporaine chaotique

Johannes Vermeer ne trouvera jamais la grande notoriété de son vivant, c’est au XIX ème siècle seulement que son œuvre avait été « redécouverte ». Elle avait été réelle mais très limitée au territoire local jusqu’à se perdre dans l’oubli. 

Par sa nouvelle naissance c’est dans la Collection Rothschild au début du 20 ème siècle que nous retrouverons le tableau. Au cours de la seconde guerre mondiale, il avait connu le sort de nombreux chefs-d’œuvre de l’époque, soit le vol par le régime nazi. 

Dès la fin de la guerre, il fut retrouvé et restitué à la famille Rothschild qui le cédera à la France en 1983 au titre d’une dation (règlement de droits de succession par la cession d’une œuvre d’art).

Une contestation des contestataires

Revenons au début de l’histoire de l’œuvre. Johannes Vermeer s’était inscrit dans le mouvement baroque du siècle d’or de la peinture néerlandaise, nous l’avons déjà dit. Cette école est née d’un mouvement global en Europe qui voulait s’opposer à la Contre-réforme catholique qui, elle-même avait voulu restaurer le prestige de l’Église face à La Renaissance avant qu’il ne soit mis à mal (en tout cas très écorché) par le souffle des grandes découvertes de la réalité du monde, terrestre et cosmique, ainsi que des sciences et des technologies qui l’ont permis. 

Mais en même temps qu’elle voulait s’opposer à la Contre-Réforme, la peinture baroque avait néanmoins contesté l’école de la peinture de la Renaissance. Autrement dit, une contestation de ceux qui avaient eux-mêmes contesté l’art imposé. La peinture baroque veut émouvoir et impressionner le spectateur en supprimant toutes les rigidités de la peinture de la Renaissance (qui elle-même, nous l’avons dit, souhaitait briser les rigidités antérieures). 

Abandon des lignes droites au profit de celles courbées et des postures en tension, conformes à la réalité humaine. C’est l’être humain dans toute sa vérité qui est montré. La peinture baroque veut capturer les scènes sans exaltation et dévotion que suscitait la peinture doctrinaire des siècles précédents. Quoi de mieux que la représentation du quotidien de la vie et des sentiments humains pouvaient le faire ?

Johannes Vermeer n’était pas le seul représentant de ce mouvement artistique mais il en deviendra l’un des plus connus.

Le clair qui contraste avec le sombre

Il y a toujours une injustice lorsqu’on parle de la lumière traitée dans les œuvres des grands peintres. Interrogez les personnes autour de vous, beaucoup vous répondront que ce sont les impressionnistes qui ont été les premiers à faire de la couleur ce qui explose aux yeux. Une couleur due à la peinture à l’extérieur dont ils sont précurseurs, c’est vrai. 

Certes l’époque du Hollandais n’était pas encore aux peintures de la vie en plein air mais on ressent bien combien de nombreux artistes contemporains à Johannes Vermeer ont eu une envie d’un ailleurs, une soif de le découvrir à l’extérieur du carcan des dogmes antérieurs. Dans l’Astronome de de Vermeer, la lumière qui pénètre dans la pièce est ce qui éclaire mais également ce qui symbolise le chemin de la sortie par la fenêtre. 

J’avais toujours été fasciné, surtout par deux passages au Louvre, par la peinture de cette époque en majorité composée de noir et de blanc. Passionné mais en même temps interrogateur, comment un tableau en noir et blanc peut-il avoir une teinte si brillante ? 

La seule réponse que pouvait me donner mon esprit est que ces tableaux étaient recouverts d’un vernis qui les protégeait. Une réponse qui après tout n’est pas stupide mais qui s’est révélée fausse lorsque mes étudiants en École d’art m’avaient expliqué le phénomène (les braves petits !). 

C’était la technique du clair-obscur qui crée un contraste si appuyé du noir avec le blanc qui donne l’effet d’une teinture brillante. On attribue sa paternité aux peintres italiens Le Caravage, à l’Espagnol  Diego Velasquez et à bien d’autres.

Une incrustation dans l’image collective

Il faut rappeler que l’incrustation des œuvres d’art dans la mémoire collective prend souvent racine par des chemins tout à fait inattendus. Parfois même par ceux qui sont dénigrés par les érudits qui s’arrachent les cheveux de voir des œuvres célèbres reproduites dans des boîtes de biscuits, de chocolat ou des publicités. Le destin de Johannes Vermeer n’y échappe pas. 

Le chemin d’apprentissage indirect, contrairement à ce qui parait évident dans les esprits, n’est pas principalement celui des cours de dessin ou de peinture, comme on disait autrefois. C’est justement pour cette raison que l’histoire de l’art n’est enseignée que dans les niveaux supérieurs, du lycée ou de l’université, à l’âge où les esprits sont plus matures. 

Pour la sensibilisation à l’art des plus jeunes, la racine de la connaissance de ce tableau se trouve dans les illustrations des manuels scolaires des collégiens où apparaissent principalement ces chefs-d’œuvre. Quel autre tableau que celui de Johannes Vermeer pouvait mieux représenter l’extraordinaire bouleversement des savoirs scientifiques de l’époque concernée ?

Voilà ce qu’avait réveillé en moi ce prêt du célèbre tableau de Johannes Vermeer du musée du Louvre au musée de Marseille, une histoire et des sentiments provoqués par l’art. 

Boumediene Sid Lakhdar

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Reddition d’un terroriste dans le Sud algérien

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Terroriste sud algérien
Un terroriste s'est rendu aux autorités dans le sud algérien. Crédit photo : MDN

Au cours de la semaine du 12 au 18 novembre 2025, l’Armée nationale populaire a mené une série d’opérations qui confirment une évolution notable des défis sécuritaires dans le pays.

Si la menace terroriste continue de s’éroder, les réseaux criminels transfrontaliers et l’orpaillage illégal prennent une place grandissante dans les bilans de sécurité. Le fait marquant reste la reddition du terroriste Tibari Hafedh, alias « Gaâsaoui », qui s’est livré aux autorités militaires à Bordj Badji Mokhtar, dans la 6ᵉ région militaire, selon un communiqué du Ministère de la Défense. L’homme, armé d’un pistolet-mitrailleur Kalachnikov et muni de munitions, a mis fin à plusieurs années de cavale dans une zone longtemps considérée comme un refuge pour les groupes résiduels opérant au Sud.

En parallèle, les forces de sécurité ont arrêté huit éléments de soutien aux groupes terroristes lors d’interventions ciblées dans plusieurs wilayas. Ce chiffre confirme la persistance d’un environnement logistique encore actif, même si les capacités opérationnelles de ces groupes sont aujourd’hui très affaiblies.

Mais c’est surtout la lutte contre la criminalité organisée qui domine le rapport. En coordination avec différents services de sécurité, l’ANP a interpellé 27 trafiquants de drogue, saisi plus d’un quintal de kif traité, 1,4 kg de cocaïne et près de 967 000 comprimés psychotropes. Ces volumes illustrent le poids croissant des circuits de narcotrafic reliant l’Ouest algérien aux marchés régionaux, ainsi que la mutation des réseaux, désormais bien équipés et structurés.

Le Sud du pays a été le théâtre d’opérations particulièrement vastes. À Tamanrasset, Bordj Badji Mokhtar, In Guezzam, Illizi et Djanet, les forces armées ont arrêté 186 individus impliqués dans l’orpaillage illégal, un phénomène devenu endémique. Le matériel saisi — 27 véhicules, près de 300 générateurs, plus de 160 marteaux-piqueurs — atteste de l’industrialisation croissante de cette activité clandestine, qui mobilise des moyens logistiques lourds et d’importants flux humains.

Les opérations ont également permis d’arrêter 14 individus armés, de saisir des fusils-mitrailleurs, des Kalachnikovs, des fusils de chasse, ainsi que 27 440 litres de carburant et dix tonnes de denrées alimentaires destinées à la contrebande.

Enfin, sur le plan migratoire, les Gardes-côtes ont secouru 152 candidats à l’émigration clandestine et procédé à l’arrestation de 491 migrants irréguliers sur l’ensemble du territoire. L’ensemble du bilan illustre un paysage sécuritaire en pleine reconfiguration, où les trafics transfrontaliers et les flux migratoires prennent désormais le pas sur la menace terroriste traditionnelle.

Mourad Benyahia 

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Villeurbanne : Alain Ruscio présente « La première guerre d’Algérie »

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La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance 1830-1852

L’historien Alain Ruscio sera à Villeurbanne au Palais du Travail (2e étage, place Lazare Goujon) jeudi 20 novembre à partir de 18h pour présenter son ouvrage : La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance 1830-1852

« Quand on pense aux pays du Maghreb aujourd’hui on a surtout en tête la seconde guerre d Algérie (1954-1962) et ses suites. Mais on oublie souvent que la première guerre (1830-1852) a été encore plus meurtrière que la seconde. Et si on évoque parfois la prise d’Alger (5 juillet 1830), les enfumades des grottes du Dahra ordonnées par le maréchal Bugeaud ou la légende d’Abd-el-Kader, on ignore en général ce moment crucial où tout se met en place. L’historien apporte un éclairage sur deux décennies d’affrontements d’une intensité et d’une violence extrêmes, une période méconnue. »

Alain Ruscio a consacré l’essentiel de ses travaux à l’histoire coloniale. II est auteur d’une quinzaine d’ouvrages parmi lesquels : La Guerre française d’Indochine 1945-1954(Complexe, 1992), Le Credo de l’homme blanc regards coloniaux français XIXe-XXe siècles(Complexe, 1996, 2002), et aux éditions La Découverte Nostalgérie. L’interminable histoire de l’OAS (2015), Les Communistes et l’Algérie des origines à la guerre d’indépendance (2019) et La première guerre d’Algérie Une histoire de conquêtes et de résistance 1930-1852 (2024).

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Le Marocain Achraf Hakimi sacré Joueur africain de l’année 2025

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Ashraf Hakimi

Les CAF Awards 2025 ont, sans surprise, sacré Achraf Hakimi comme meilleur joueur africain de l’année ce mercredi. Le défenseur du PSG, qui a presque tout gagné en club, a été récompensé de sa saison exceptionnelle.

Plus globalement, le Maroc était à l’honneur avec, entre autres, les trophées de meilleurs jeunes de l’année qui sont revenus à Doha El Madani et Othmane Maamma. Ainsi que celui de la meilleure sélection pour les champions du monde U20 marocains.

Le peu de suspense qui entourait le nom du lauréat du Joueur africain de l’année 2025 a pris fin. Comme attendu, Achraf Hakimi a raflé la récompense au nez et à la barbe de Mohamed Salah et Victor Osimhen, les deux autres finalistes. La cérémonie des CAF Awards, organisée à Rabat, a donc finalement sacré le Marocain sur ses terres, à un mois de la CAN, lui qui avait déjà été finaliste des éditions 2023 et 2024. 

Il faut dire que la concurrence ne faisait pas le poids face à Hakimi cette année. Même si Mohamed Salah a terminé champion d’Angleterre avec Liverpool, en plus d’afficher des statistiques exceptionnelles (29 buts et 18 passes décisives en Premier League), avec les Reds, il s’est heurté à un mur en huitièmes de finale de la Ligue des champions. Le PSG d’Achraf Hakimi, justement. Le désormais nouveau Ballon d’Or africain a presque tout gagné en club. 

Champion de France, vainqueur de la Ligue des champions, finaliste de la Coupe du monde des clubs et vainqueur de la Supercoupe d’Europe, il a auréolé ce palmarès de statistiques impressionnantes pour un latéral droit. Il a fait valoir ses qualités offensives sous les ordres de Luis Enrique, avec quatre buts et six passes décisives en Ligue 1 et quasiment autant en Ligue des champions (quatre buts et cinq passes décisives). Il a surtout été décisif dans des matches très chauds, en marquant en demi-finale de la C1 contre Arsenal et en finale contre l’Inter Milan, en ouvrant le score.

Pendant toute l’année 2025, le capitaine de la sélection marocaine est resté performant, malgré la menace d’un procès pour viol, requis par le parquet de Nanterre en août dernier. Il avait déjà été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en mars 2023, après qu’une jeune femme l’avait accusé de l’avoir violée à son domicile.

Après le sacre de champion du monde de ses U20, le royaume chérifien a déjà une deuxième bonne raison de faire la fête grâce au football avec ce titre de Joueur africain de l’année. Même si, petite ombre au tableau, Hakimi est venu chercher son trophée sur une seule jambe. On l’a vu atterrir à Rabat avec une botte au pied, pour préserver sa cheville toujours blessée et tenter d’arriver le plus en forme possible à la CAN fin décembre… et tenter de donner une nouvelle bonne raison aux Marocains de faire la fête.

Chez les femmes, c’est une autre Marocaine qui a été sacrée Joueuse africaine de l’année. Ghizlane Chebbak, finaliste de la CAN féminine avec le Maroc, tournoi qu’elle a terminé en tant que meilleure buteuse. La capitaine de la sélection marocaine, qui a quitté le Championnat national et l’AS FAR en 2024 après avoir tout remporté au Maroc, évolue désormais du côté de l’Arabie Saoudite. Elle a signé cet été à Al-Hilal.

Le Maroc en force

Le Maroc était présent en force dans chaque catégorie de ces CAF Awards. Et dès le début de la cérémonie, deux Marocains ont été honorés : l’attaquante de l’AS FAR Doha El Madani et l’attaquant de Watford Othmane Maamma ont été sacrés meilleurs jeune joueuse et jeune joueur africains de l’année 2025. 

Côté sélection, c’est le Nigeria qui a logiquement remporté le trophée de meilleure sélection féminine, grâce à son succès à la CAN cet été, emmené par Rasheedat Ajibade, qui avait été élue meilleure joueuse du tournoi. Puisqu’il n’y avait pas de CAN chez les hommes en 2025, il a fallu aller chercher des exploits ailleurs. Mais il n’a pas fallu aller chercher bien loin : les U20 du Maroc ont été récompensés de leur sacre à la Coupe du monde, que le sélectionneur Mohamed Ouahbi est venu récupérer sur scène.

Le Pyramids FC à l’honneur

Le titre de meilleur club masculin de l’année revient au Pyramids FC, après son superbe parcours en Ligue des champions de la CAF qui l’a mené à sa première finale en éliminant les Orlando Pirates. Puis à son premier titre, avec une victoire finale contre le Mamelodi Sundowns. C’est d’ailleurs leur attaquant Fiston Mayele qui a été nommé joueur interclubs de l’année, auteur de neuf buts sur la compétition.

Chez les gardiens, la Nigériane Chiamaka Nnadozie a réalisé un triplé avec un nouveau titre de meilleure portière africaine, après ceux de 2023 et 2024. Tout juste transférée à Brighton, elle avait réalisé une très belle saison sous les couleurs du Paris FC, avec qui elle avait remporté la Coupe de France. Chez les hommes, c’est encore un Marocain, Yassine Bounou, qui a remporté le trophée de gardien de l’année. Il l’avait déjà reçu en 2023.

Côté entraîneurs, enfin, chez les hommes, qui d’autre que Bubista, qui a qualifié le Cap-Vert pour la première Coupe du monde de son histoire.

Le palmarès des CAF Awards 2024

Joueur de l’année

Achraf Hakimi

Joueuse de l’année

Ghizlane Chebbak

Entraîneur de l’année (Hommes)

Bubista (Cap-Vert)

Gardien de but de l’année

Yassine Bounou (Maroc / Al-Hilal)

Gardienne de but de l’année

Chiamaka Nnadozie (Nigeria / Brighton)

Jeune Joueur de l’année

Othmane Maamma (Maroc / Watford)

Jeune Joueuse de l’année

Doha El Madani (Maroc / AS FAR)

Équipe Nationale de l’année (Hommes)

Maroc U20

Équipe Nationale de l’année (Femmes)

Nigeria

RFI

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Cherif Mellal : 1036 jours de détention, 5e jour de grève de la faim

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Cherif Mellal

Cherif Mellal et Mohamed Tadjadit sont en grève de la faim depuis 5 jours. C’est l’ultime moyen qu’ils ont trouvé pour se dresser contre leur emprisonnement et l’arbitraire qui les frappe.

Me Fetta Sadat a rendu public le communiqué ci-dessous sur l’insoutenable arbitraire dans lequel est plongé depuis 34 mois l’ancien président de la JSK.

« 1036 jours de détention et cinquième grève de la faim : la justice doit enfin regarder le dossier Mellal.

Cela fait désormais 34 mois, soit 1036 jours que Chérif Mellal est privé de liberté.

Mille trente-six jours au cours desquels aucune des irrégularités signalées dans son dossier n’a été examinée, malgré leur gravité et malgré les voies de recours engagées.

Face à cette impasse judiciaire, et pour alerter sur l’inertie des institutions, Chérif Mellal a entamé une grève de la faim illimitée il y a trois jour.

Depuis sa mise en détention le 19 janvier 2023, c’est la cinquième fois qu’il met sa vie en danger pour faire entendre sa voix.

Ce seul fait devrait suffire à alerter l’institution judiciaire.

Depuis sa condamnation, Chérif Mellal n’a cessé de contester la procédure qui a conduit à son incarcération.

Deux plaintes successives pour faux et usage de faux ont été déposées, chacune accompagnée de pièces concrètes mettant en cause l’authenticité de documents essentiels, utilisés pour engager les poursuites.

Ces documents — dont la vérification est déterminante pour évaluer la régularité même du processus judiciaire — n’ont fait l’objet d’aucune expertise, aucune audition, aucune instruction. À deux reprises, les plaintes ont été classées sans suite, comme si leur contenu n’avait aucune portée juridique.

Or, lorsqu’une condamnation repose potentiellement sur des éléments falsifiés, l’obligation de réexaminer la procédure n’est pas une option : c’est une exigence absolue du droit à un procès équitable, garantie par la loi.

Il ne s’agit pas ici de discuter la peine en elle-même, mais de rappeler un principe fondamental : aucune condamnation ne peut subsister si les pièces qui l’ont fondée sont suspectes, contestées et jamais vérifiées.

Le refus d’examiner des éléments nouveaux, sérieux et circonstanciés constitue : une violation du droit de la défense, une atteinte à l’obligation d’impartialité et une rupture manifeste avec les principes de bonne administration de la justice.

Lorsque l’on refuse de regarder les preuves d’une possible falsification, ce n’est plus la décision judiciaire qui est protégée : c’est son dysfonctionnement qui est couvert.

Une grève de la faim n’est jamais une stratégie. C’est un acte ultime.

Le fait que Chérif Mellal en soit à sa cinquième grève de la faim révèle une situation anormale : un justiciable ne met pas sa vie en péril à cinq reprises si le droit lui est réellement accessible.

Sa santé, déjà fragilisée par ces renoncements alimentaires successifs, engage désormais la responsabilité pleine et entière des autorités judiciaires et pénitentiaires.

La demande de Chérif Mellal est simple, légitimée par le droit et par la raison : instruire les plaintes pour faux, expertiser les documents contestés, réévaluer sa condamnation à la lumière des irrégularités signalées.

La justice ne perd jamais de sa force lorsqu’elle corrige ses erreurs. Elle ne s’affaiblit que lorsqu’elle refuse de les regarder.

La vérité doit être établie. Le dossier doit être réexaminé, et Chérif Mellal mérite enfin d’être entendu et libéré.

Liberté pour Chérif Mellal.

Liberté pour toutes les consciences injustement détenues.

Me Fetta Sadat

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Vote algérien à l’ONU sur Gaza : entre soutien officiel palestinien et controverse interne

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Amar Bendjama à l'ONU
Amar Bendjama à l'ONU. Crédit photo : UN

La position de l’Algérie au Conseil de sécurité sur le projet de résolution américain relatif à Gaza continue de susciter un écho contrasté. Si l’Autorité palestinienne de Ramallah salue une diplomatie jugée « constante » et « déterminante » pour la mobilisation internationale, cette lecture flatteuse masque une contestation interne croissante.

L’ambassadeur palestinien à Alger, Dr Fayez Abu Aita, a exprimé la gratitude de Ramallah et mis en avant la coordination exclusive avec l’OLP et l’AP. Mais cette reconnaissance officielle ne parvient pas à désamorcer les critiques de plusieurs formations politiques algériennes, qui dénoncent un vote perçu comme un infléchissement de la position historique du pays.

Comme il fallait  s’y attendre, les partis de la mouvance islamiste sont les premiers à sortir du bois. Toujours aussi pathétiques évidemment !

L’un d’eux, le MSP fustige une résolution ouvrant la voie à une « tutelle internationale biaisée », tandis que le Parti des Travailleurs y voit un « projet colonial » ignorants les exigences fondamentales du droit à la résistance et du retrait total des forces israéliennes. À ces attaques, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, oppose un argument humanitaire centré sur l’urgence de protéger les civils de Gaza.

Face aux polémiques, un point officiel relayé par l’APS rappelle que la politique étrangère relève du seul Président et ne saurait devenir un enjeu partisan. Mais cette mise au point institutionnelle souligne surtout la fragilité d’un équilibre diplomatique où l’Algérie tente de conjuguer fidélité à son héritage politique et adaptation aux contraintes d’un environnement international mouvant.

En toile de fond, demeure une tension persistante : comment défendre un capital symbolique forgé sur la solidarité inconditionnelle avec la Palestine tout en naviguant dans un espace diplomatique où les compromis sont désormais inévitables ?

Samia Naït Iqbal

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« Por si un dia volvemos » de Maria Dueñas ou la mémoire des pieds-noirs revivifiée 

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"Por si un dia volvemos" de Maria Dueñas
"Por si un dia volvemos" de Maria Dueñas

« Por si un dia volvemos » /Au cas où nous reviendrions un jour, est le titre d’un roman de Maria Dueñas, l’une des meilleures écrivaines espagnoles de notre temps. Publié en mars 2025 à Barcelone par les éditions Plana, ce roman narre la vie d’une jeune femme qui en 1927 a involontairement tué pour se défendre, l’agresseur qui la violait.

Analphabète, pauvre au point de dormir par terre sur de la paille, se nourrissant d’un trognon de pain, sans habits autres que ceux qu’elle porte sur elle, elle s’empare des papiers de son assassin et s’engage sur le chemin que ce dernier s’apprêtait à prendre, celui de l’Oranais, celui de l’Algérie française où les émigrants espagnols de l’époque espéraient trouver une vie meilleure.

La trame narrative de María Dueñas c’est l’histoire de cette jeune femme qui sous le nom factice de Cécilia Belmonte traverse toutes les épreuves pour survivre et se reconstruire dans un environnement colonial marqué par les tensions sociales.

Sous l’essor de l’Algérie française qui depuis une centaine d’années a attiré de nombreux Espagnols du Levant et d’Andalousie, la ville d’Oran n’a cessé de croître.

Pour répondre aux besoins des administrations ou du public, il faut de la main-d’œuvre et ce sont les mains bronzées et gercées des Espagnols et des Arabes, des Italiens et des Maltais, leur sueur, leur réveil aux aurores qui l’apportent. Sans eux,l’expansion urbaine de cette ville commerciale et portuaire de près de 200 000 habitants aurait été irréalisable.

Maria Dueñas raconte la trajectoire vitale de son personnage pendant trois décennies. Elle apprend à lire, à écrire, à parler l’Oranais langue ou se mélangent le français, le valencien, l’espagnol et l’arabe.

Avec chaque fois, la volonté de se dépasser, elle sera tour à tour manœuvre agricole dans une plantation de tabac, lavandière, domestique, ouvrière dans la fabrique de tabac Bastos et enfin créatrice de son propre commerce de savon qui lui donne une autorité réelle et une place dans la société oranaise.

Tout au long de ce périple défilent ses amis, ses amours, la solitude, le deuil, les douleurs de l’émigration et de l’exil, les humiliations et le racisme mêlés aux rencontres heureuses.

Elle dit vouloir à travers ce roman sauver la mémoire des Pieds-Noirs espagnols d’Algérie. Elle ne les idéalise pas. Elle évoque leurs faiblesses, leurs tensions, la condition des femmes. Elle estime que c’était une communauté de migrants courageux et travailleurs qui apportèrent beaucoup à la société dans laquelle ils vivaient et qu’ils furent injustement oubliés par la France et par l’Algérie.

Mais, au-delà de l’histoire des Pieds Noirs espagnols d’Algérie, c’est toute l’histoire tragique de l’Espagne, de 1920 à son entrée dans l’Europe en 1986 que l’écrivaine réveille.

D’abord, le désastre d’Anoual ou l’armée espagnole en guerre contre les Berbères du Rif subit une défaite qui laisse 15 000 morts sur le terrain. Ensuite la guerre civile espagnole, de 1936 à 1939, dont on ne peut donner le nombre exact de morts

mais que l’on estime à 500 000. Puis, en 1940, l’arrivée au pouvoir de Philippe Pétain qui enferme les Républicains espagnols dans des camps de concentration ou les livre aux nazis. En 1954 enfin, la Guerre d’Algérie qui conduit les Pieds-Noirs Espagnols à quitter un pays qu’ ils pensaient devenu le leur, pour un second exil.

Maria Dueñas termine son roman parfaitement documenté qui devrait attirer de nombreux lecteurs francophones lorsqu’il sera traduit, par ces lignes émotives pour tous ceux qui ont vécu la perte de leur terre natale et ressenti les douleurs de l’exil :

Garde tout dans ta mémoire, Cécilia, nous ne devons rien oublier murmura Rafael quand la côte d’Oran se transforma en une ligne floue. Au cas où nous reviendrions un jour. Mais il n’en fut rien.

Emile Martinez

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Mali : les jihadistes du Jnim annoncent un durcissement du blocus

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Bina Diarra, alias Abou Houzeifa Al-Bambari.
Bina Diarra, alias Abou Houzeifa Al-Bambari, JNIM. Crédit photo : DR

Au Mali, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda, a diffusé mardi 18 novembre dans la soirée de nouvelles vidéos qui traitent notamment de l’embargo décrété début septembre sur les importations de carburant.

Au Mali, le porte-parole du Jnim tente d’abord de décrédibiliser les autorités de Transition, en les accusant de duplicité. Selon Nabi Diarra, alias Abou Houzeifa Al-Bambari, les militaires au pouvoir encouragent des villages à conclure des accords locaux avec le Jnim dans les zones qui échappent au contrôle de l’armée, puis attaquent ces villages en les accusant de collaborer avec les jihadistes.

Ces dernières années, les accords de ce type se sont effectivement multipliés, notamment dans le centre du pays, avec la bénédiction des services maliens de la sécurité d’État. Les opérations militaires et les exactions contre les civils aussi. Dans le même temps, les localités qui refusent de conclure ce type d’accord sont soumises par le Jnim à des blocus – plus rien n’y entre ni n’en sort – pour la plus grande souffrance des habitants.

Le porte-parole du Jnim assure par ailleurs que les autorités négocient pour la libération d’otages étrangers, mais pas pour les soldats maliens détenus. Ces dernières semaines, un otage émirien a été libéré et d’autres otages étrangers avant lui. Plusieurs civils maliens ont également été relâchés, à l’instar du maire de Konna, fin octobre.

La contrainte et la peur

Nabi Diarra tente ensuite de justifier l’embargo décrété début septembre sur les importations de carburant et les contrôles renforcés des routes menant à Bamako, qui pénalisent désormais la capitale et plus seulement les régions maliennes. Le porte-parole du Jnim se félicite ensuite des effets de ce blocus sur les populations : moins de sorties dans les boîtes de nuit, davantage de femmes voilées sur les routes du pays… Ces résultats sont évidemment obtenus par la contrainte et par la peur et ne démontrent en aucun cas une adhésion des populations aux objectifs du Jnim.

Les jihadistes menacent une fois encore les Maliens qui collaborent avec l’armée ou qui les combattent directement de représailles violentes, à commencer par les chasseurs traditionnels dozos. Et de citer l’exemple récent de Loulouni, région de Sikasso, où les jihadistes ont attaqué les dozos qui tentaient de s’opposer à eux. Au début du mois, le Jnim a exécuté publiquement la jeune blogueuse Mariam Cissé, qui affichait son soutien aux militaires maliens dans la région de Tombouctou. Cet assassinat a soulevé un élan d’indignation et de patriotisme dans le pays.

Durcissement du blocus

Le Jnim annonce enfin un durcissement du blocus qui s’étendra désormais à toutes les entreprises transportant du carburant – certaines sont nommément citées et on ignorait qu’elles étaient jusqu’ici épargnées. Quant aux chauffeurs de camions citernes, ils seront désormais traités par le Jnim comme les militaires : il n’y aura plus de prisonniers. Rappelons que depuis début septembre, de nombreux transporteurs ont déjà été tués et d’autres capturés. 

La semaine dernière, les autorités maliennes de Transition ont même annoncé des mesures de soutien : les enfants de routiers assassinés lors des attaques deviendront pupilles de la nation et les transporteurs blessés bénéficieront de soins médicaux gratuits.

« Le Jnim a eu des succès militaires, mais il ne pourra pas aller plus loin sans acquis politiques, analyse une source malienne spécialisée dans la veille sécuritaire. Alors les jihadistes cherchent l’adhésion des populations. Ils veulent donner l’impression que les actions de la Transition, en fin de compte, les renforcent. » « Le Jnim affiche sa détermination à maintenir la pression dans le cadre d’un durcissement du blocus », commente un autre expert malien, qui explique que le groupe jihadiste « a pour projet de faire tomber la junte militaire. »

« Ces déclarations peuvent semer le doute dans l’opinion, juge un opposant prônant le dialogue avec les groupes armés, parce que les Maliens vivent déjà la pénurie de carburant, les coupures d’électricité. Le Jnim met en lumière l’incapacité des autorités à trouver des solutions. » Selon cette personnalité très critique des militaires au pouvoir, « les Maliens distinguent de plus en plus les forces armées, qu’ils respectent, du régime qui les dirige. »

Effet contraire

« Ils veulent que la population lâche les autorités, mais ça ne marchera pas », réagit à l’inverse une source sécuritaire malienne qui estime que « les jihadistes ont commis une grande erreur » : « Le blocus a produit l’effet contraire à celui recherché, poursuit cette source. Les populations en souffrent directement, elles n’apprécient pas du tout et font bloc derrière les autorités. » En clair, les Maliens n’oublieraient pas qui sont les premiers responsables de la pénurie de carburant qui les accablent, à savoir les jihadistes eux-mêmes.

Les autorités de transition n’ont pas commenté officiellement cette dernière sortie du Jnim et les responsables sollicités par RFI n’ont pas donné suite.

RFI

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Sahara occidental : l’Algérie prête à soutenir une médiation entre le Maroc et le Front Polisario

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Sahara occidental
Sahara occidental. Infographie de Radio France.

L’Algérie a réaffirmé, mardi 18 novembre, son intention de soutenir toute tentative de médiation entre le Maroc et le Front Polisario dans le dossier du Sahara occidental.

La déclaration a été faite par le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf, qui a rappelé la position d’Alger : seule une discussion entre Rabat et le Polisario peut permettre de trouver une solution au conflit. Cette prise de parole intervient quelques semaines après le vote, à l’ONU, d’une résolution apportant son soutien au plan marocain d’autonomie du Sahara occidental.

En se disant prêt à soutenir une médiation entre Rabat et le Front Polisario, Alger tente de reprendre la main sur un dossier ou le Maroc a marqué des points depuis que nombreuses puissances, dont les États-Unis, soutiennent officiellement le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental.

Alger veut continuer de peser sur le processus de discussion. Et ce, malgré la résolution votée par l’ONU le 31 octobre dernier. Le Conseil de sécurité ayant estimé, sous impulsion de Washington, que le plan d’autonomie du Sahara occidental « pourrait représenter la solution la plus réalisable ». 

« Solution durable, juste et définitive » 

Néanmoins, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé les fondamentaux de la position de son pays. À savoir : garder le processus politique dans le cadre des Nations unies, organiser des discussions entre Rabat et le Polisario, s’accorder sur la version finale de la solution entre les deux parties, et enfin et surtout permettre à la population sahraouie de décider de son droit à l’autodétermination.

C’est en se référant à ses constantes stipulées dans les résolutions de l’ONU, propre à cette question, que l’Algérie est prête à s’ouvrir sur une médiation pour une « solution durable, juste et définitive » au Sahara occidental.

RFI

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Daphné Ewin : « Le corps parle là où les mots échouent… »

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Daphné Ewin

Publié le 19 novembre 2024 aux éditions Books On Demand, le roman Au-delà du plaisir de Daphné Ewin invite le lecteur à pénétrer dans un univers où psyché humaine, désirs et rapports de pouvoir se croisent et se confrontent.

Psychologue clinicienne de formation, l’autrice s’appuie sur sept années d’expérience en milieu carcéral pour donner à son récit une profondeur authentique, en explorant les zones grises de la morale et de l’émotion.

Le roman questionne les limites de la liberté intérieure, l’intensité des émotions humaines et les choix qui façonnent nos vies. Il mêle tension psychologique et exploration des désirs, offrant une lecture à la fois exigeante et profondément humaine.

Daphné Ewin a aimablement accepté de répondre aux questions du Matin d’Algérie, partageant son regard sur l’écriture, ses personnages et les thèmes qu’elle aborde avec audace et sensibilité.

Le Matin d’Algérie : Votre roman Au-delà du plaisir se déroule dans un milieu carcéral. Dans quelle mesure votre expérience de psychologue clinicienne a-t-elle nourri l’intrigue et les personnages ?

Daphné Ewin : Elle en est le socle. J’ai passé sept ans derrière les murs à écouter, observer, comprendre… ça laisse des traces, et nourrit la réflexion comme l’imaginaire.

J’ai puisé dans cette réalité mais sans vouloir la copier. J’en ai donc extrait une réalité, qui questionne justement la frontière entre réalité et fiction, entre légalité et moralité, entre comportement normal et déviant. J’ai préservé l’intensité des relations humaines, leur fragilité, la violence des émotions parfois, mais la fiction m’a permis d’aller là où la réalité s’arrête.

Le Matin d’Algérie : Cléo et Antony sont des personnages ambivalents, oscillant entre victime et bourreau. Comment avez-vous construit cette complexité psychologique ?

Daphné Ewin : Je ne sais pas si j’ai « construit » une complexité psychologique : je me suis davantage laissé habiter par mes personnages.L’ ambivalence fait partie de chacun de nous (ou presque – du point de vue de la psychologue). Cléo et Antony sont deux êtres en lutte permanente : contre l’autre, mais surtout contre eux-mêmes, contre leurs désirs et leurs démons. Leur rôles se renversent sans cesse parce qu’il n’y a pas de vérité simple, univoque, encore moins quand il s’agit de passion ou de pouvoir, me semble-t-il.

Le Matin d’Algérie : Le roman mêle érotisme, BDSM et thriller psychologique. Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre tension narrative et scènes sensuelles ?

Daphné Ewin : Il a été facilité en écoutant la respiration de mes personnages. L’érotisme n’est pas une pause dans le récit, il en est la continuité. Chaque scène est là pour révéler quelque chose de leur rapport à la domination, à la peur, à la perte de contrôle. L’équilibre s’est donc imposé de lui-même : le corps parle là où les mots échouent… C’est bien là, d’ailleurs, toute la problématique de nos personnages !

Le Matin d’Algérie : La prison devient un espace presque métaphorique dans votre récit. Qu’avez-vous voulu montrer sur la psyché humaine à travers ce cadre oppressant ?

Daphné Ewin :Je considère que la prison peut s’inviter partout. Elle se décline sous tant de formes : concrète, mentale, affective. Derrière les barreaux, on observe à quel point la liberté intérieure est souvent plus difficile à atteindre que la liberté physique. C’est précisément cette tension que j’ai voulu explorer : nos murs invisibles, les chaînes que nous nous mettons, notre prison interne. Cette prison nous concerne tous, elle n’est plus l’apanage des seuls détenus. Encore une manière, peut-être, de rendre moins nette la frontière entre « intérieur » et « extérieur ».

Le Matin d’Algérie : Le contrôle, le pouvoir et les désirs refoulés sont des thèmes centraux. Diriez-vous que le roman explore avant tout la psychologie ou le désir ?

Daphné Ewin : Les deux sont indissociables. Le désir est un phénomène psychique, il naît dans l’esprit avant de se loger dans le corps. Le roman interroge justement ce moment où la « pulsion » prend le pas sur la pensée, et où la raison cède. Le plus souvent, c’est quand on croit maîtriser qu’on découvre notre plus grande vulnérabilité.

Le Matin d’Algérie : Votre écriture est à la fois clinique et sensuelle, évoquant une tension permanente. Comment décririez-vous votre style ?

Daphné Ewin : J’avoue que je ne saurais le définir précisément. J’écris à la fois comme ça me vient, mais en cherchant toujours à être la plus juste possible.

J’aime l’authenticité, je ne veux pas tricher. Alors oui, certains mots sont crus, certains dialogues bruts. Le résultat reflète sans doute cet état de tension qui les traverse… et qui me traverse aussi, quand j’écris.

Le Matin d’Algérie : Certains lecteurs pourraient être surpris par l’intensité des scènes érotiques. Quel rôle jouent-elles dans la psychologie des personnages ?

Daphné Ewin : Elles ne sont jamais gratuites. Mes scènes érotiques sont avant tout émotionnelles : elles sont le lieu de toutes les contradictions – plaisir et douleur, abandon et contrôle, vérité et illusion. Ce sont dans ces moments-là que les masques tombent. L’érotisme, dans ce roman, évoque la sexualité avec retenue mais sans tabou. Elle vient interroger les limites de chacun, ce que l’on tait, ce qui, habituellement, reste enfoui : jusqu’où peut-on aller par plaisir ? Où se situe la frontière entre sexualité « normale » et « déviante », lorsque le consentement prime ? Ce sont des scènes de dévoilement, plus que de provocation.

Le Matin d’Algérie : Dans le roman, la frontière entre normalité et déviance est floue. Est-ce une réflexion sur la société ou sur la nature humaine ?

Daphné Ewin : Les deux, sans doute. Je viens d’en parler : la société pose des normes – morales, légales – mais la nature humaine les contourne sans cesse.

Et moi, que ce soit sous ma casquette de psychologue ou d’autrice, la question reste la même : j’aime interroger cette zone grise, là où tout vacille, parfois jusqu’à la bascule.

C’est cette marge qui questionne, intrigue et fascine. Souvent, c’est aussi là qu’où on se découvre.

Le Matin d’Algérie : Avez-vous rencontré des difficultés à traiter des thèmes aussi sensibles que le BDSM et la sexualité en milieu carcéral ?

Daphné Ewin : La plus grande difficulté a été pour moi d’éviter les clichés.

Ces thèmes demandent de la justesse, pas du sensationnalisme. Je voulais surtout parler de pouvoir et d’abandon, moins de pratiques. Même si, évidemment, il en question.Mais justement, ce qui m’intéresse, c’est ce qui se joue à l’intérieur. Du corps comme de l’esprit.

Le Matin d’Algérie : Le roman s’adresse à un public averti. Quels conseils donneriez-vous aux lecteurs pour aborder ces thèmes sans préjugés ?

Daphné Ewin : Je dirais qu’il faut laisser tomber les étiquettes, lire sans chercher à juger. La littérature n’est pas toujours là pour rassurer ; elle est là, avant tout, pour interroger. Au-delà du plaisir n’invite pas à l’imitation, ni à croire que ce qui s’y joue est forcément acceptable. Il invite plutôt à la réflexion : sur soi, sur l’autre, sur ce qui nous lie ou au contraire nous enferme.

Le Matin d’Algérie : Au-delà de l’histoire de Cléo et Antony, souhaitez-vous que le roman provoque une réflexion sur le pouvoir, le désir et la morale ?

Daphné Ewin : Oui, mais vraiment sans moraliser. J’aime quand un livre dérange, au moins un peu ; quand il pousse à regarder différemment ce qu’on croyait acquis.

J’ai écrit comme j’aime lire : en cherchant à être bousculée, bouleversée. Le pouvoir, le désir, la morale… en définitive, tout cela n’est qu’un jeu d’équilibre précaire. Et chacun, à mon sens, doit trouver sa propre ligne de crête.

Le Matin d’Algérie : Enfin, envisagez-vous une suite ou un nouveau roman explorant des univers aussi intenses et psychologiquement complexes ?

Daphné Ewin : Oui. Abnégation, le deuxième tome, qui sort le 18 novembre prochain, prolonge cette exploration : plus sombre et plus déroutante encore. J’y pousse plus loin la question de la perte de soi. Au-delà du plaisir s’est en réalité imposé à moi comme une trilogie : trois parties d’une même relation, dont l’intensité va crescendo, au fil des pages et des tomes.

Et au-delà, d’autres histoires viendront. Tant qu’il restera des zones d’ombre à éclairer, j’aurai envie d’écrire.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

Pour en savoir plus sur l’autrice et ses ouvrages : www.daphne-ewin.fr, ou son profil Instagram : daphne_ewin_auteure

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