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mercredi, 12 novembre 2025
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Que reste-t-il du rêve d’indépendance ?

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Fête de l'indépendance
Qu'a-t-on fait de l'indépendance en Algérie ? Crédit photo : DR

Soixante-trois ans après l’indépendance, le rêve d’un peuple souverain, maître de son destin et libre de ses choix, semble s’être effrité sous le poids des désillusions. Le 1er Novembre, date fondatrice du combat pour la libération nationale, résonne aujourd’hui comme un rappel amer d’un idéal trahi.

L’aspiration à la liberté et à la démocratie, portée par la révolution, s’est heurtée au coup de force fomenté dès l’aube de l’indépendance, avant même que les armes ne se soient tues. Le pouvoir a été confisqué, au détriment des militants qui croyaient encore à la promesse d’un État libre et juste. 

Le constat politique est sans appel. L’idéal démocratique connaît un destin contrarié. Ignorée d’abord, combattue ensuite, proclamée puis plébiscitée, il fut réduit à une simple simulation, avant d’être pervertie par un système obsédé par sa survie, pour finir sacrifié sur l’autel de la normalisation autoritaire. La promesse du 1er Novembre, celle d’un peuple libre et souverain, reste ainsi inaboutie.

Toutes les révoltes qui ont tenté de raviver cet idéal ont toutes été écrasées, souvent dans la violence et le sang. Le régime s’est montré prêt à tout pour préserver ses privilèges et à empêcher toute remise en cause de son hégémonie.

Octobre 88 avait pourtant laissé entrevoir un espoir. La population était descendue dans la rue pour tourner la page du parti unique et réclamer la liberté, la démocratie pluraliste et l’alternance. Mais, en peu de temps après, cet espoir s’est mué en désillusion. 

Le parti unique a certes disparu, mais il n’a pas laissé place à un véritable pluralisme politique. A sa place s’est installé un unanimisme de façade, sans partis authentiques ni opposition réelle. Car si le parti unique s’est effacé, l’État profond, lui, s’est solidement enraciné à sa place.

Ces pouvoirs non élus ont absorbé les institutions, transformant la fonction publique en base militante. L’administration n’est plus un contrepoids, mais le prolongement direct du pouvoir. Les décisions ne naissent plus du débat politique, mais de la hiérarchie administrative. La quasi-totalité du personnel politique actuel en est issue, de ses rangs. 

Là où les démocraties voient émerger des responsables venus des partis politiques, de la société civile, du monde associatif ou intellectuel, notre pays recycle ses fonctionnaires en dirigeants politiques. Le pouvoir se reproduit ainsi par promotion interne, perpétuant les mêmes logiques, les mêmes réflexes de soumission et de contrôle.

En prétendant rompre avec le système du parti unique, finalement on n’a fait que changer de façade. L’administration a pris la place du parti, sans que la souveraineté populaire ne puisse s’exercer réellement.

Derrière les apparences, le formalisme démocratique dissimule mal une réalité autoritaire. Le pouvoir s’est doté des mécanismes sophistiqués pour assurer sa pérennité, en neutralisant toute véritable alternative démocratique. Ces mécanismes se distinguent autant par leur subtilité que par leur efficacité. Deux exemples permettent de l’illustrer. 

D’abord, le suffrage universel a perdu toute sa substance, réduit à une portée purement formelle. Il est désormais surclassé par le poids politique prépondérant des réseaux clientélistes, des clans d’influence, et d’une bourgeoisie affairiste prospérant dans l’économie informelle tentaculaire. A cela s’ajoutent des pratiques héritées du totalitarisme. Dès lors, il n’est guère étonnant de voir certains triompher dans les urnes de « l’Algérie nouvelle » sans véritable parcours militant, sans ancrage partisan ou social, et parfois même avec le passé compromettant d’un fidèle serviteur de l’ancien régime tant décrié.

Ensuite, la loi sur le régime électoral elle-même verrouille l’accès à une véritable représentation politique nationale. Loin d’être un outil de représentation, elle agit comme un instrument de contrôle. En dénaturant la compétition, elle empêche l’émergence de courants porteurs d’un projet démocratique et unificateur. Elle favorise au contraire la dispersion, la cooptation locale et la domestication des forces politiques. Ce dispositif, loin d’être neutre, constitue un rouage stratégique du verrouillage autoritaire.

Censée fonder une représentation nationale, cette loi fragmente l’espace politique en entités cloisonnées, incapables de refléter la diversité du pays. Elle réduit le jeu politique à l’échelle de la wilaya, neutralisant ainsi toute dynamique nationale au profit d’une logique strictement locale.

Au lieu de structurer le débat autour des stratégies et des projets de portée nationale, cette loi encourage un vote d’appartenance. Le choix de l’électeur repose moins sur l’adhésion à un programme que sur des réflexes identitaires, affectifs ou communautaires. La relation entre électeur et candidat s’établit désormais sur la proximité immédiate, court-circuitant toute médiation partisane. Les citoyens ne votent plus pour une vision, mais pour une loyauté ; non pour un projet collectif, mais pour la promesse d’un avantage individuel, matériel ou symbolique.

Aujourd’hui, le peuple vit sous cloche. Rabaissé à l’état de mineur à vie, il demeure sous tutelle, dessaisi de sa souveraineté et privé de liberté. La parole citoyenne ne compte plus, elle est remplacée par le silence et l’attente. 

Cette confiscation de la souveraineté politique a naturellement trouvé son prolongement dans le domaine économique. Toute velléité d’autonomie est perçue comme une menace potentielle, un possible foyer d’émancipation et de dissidence. La crainte de voir émerger des acteurs économiques indépendants, susceptibles de remettre en cause l’autorité du pouvoir, constitue l’un des principaux freins à toute politique sérieuse de développement et de diversification économique. 

Le pouvoir se retrouve ainsi prisonnier d’un dilemme permanent, entre la nécessité économique de la libéralisation et la peur d’un affaiblissement de son emprise. Ces hésitations du régime, valsant entre discours réformateurs et volonté de préserver les leviers de domination qui garantissent sa survie, ont favorisé l’expansion d’une économie informelle tentaculaire. Ce laisser-faire a instauré ses propres règles, à l’origine de la prospérité actuelle de la finance islamique et de la bourse parallèle du square Port-Saïd.

Faire obstacle à la modernisation économique relève dès lors d’un choix stratégique, celui de maintenir l’ordre politique en place. Il s’agit, en définitif, de conserver le monopole du pouvoir économique entre les mains de l’État, ou plutôt entre celles de ceux qui l’incarnent.

Dans ce système, le dinar, symbole de souveraineté nationale et censée refléter la vitalité du pays, n’est plus qu’une monnaie d’ajustement. Il est côté de manière à veiller au train de vie fastueux de l’appareil d’État, qui baigne dans l’opulence, et la prospérité insolente de ses dirigeants. Ces derniers ne connaissent ni crise, ni rareté, ni restrictions ; tandis que le citoyen subit la dégradation continue de son pouvoir d’achat, ou s’enfonce dans le dénuement. Cette fracture économique est aussi une fracture morale.

L’indépendance ne se réduit pas à un drapeau ou à une frontière. C’est une conquête totale : politique, économique, culturelle et morale. Elle se mesure à la liberté des citoyens, à la dignité, et à la force du droit. Sans cela, elle perd tout son sens.                           

Le 1er Novembre, jadis symbole d’émancipation, devient aujourd’hui le reflet des luttes inabouties. Il nous revient désormais de redonner vie à ce rêve, de le soustraire à ceux qui l’ont confisqué, et de reconstruire une indépendance réelle : celle d’un peuple debout, conscient, et maître de son destin.

Hamid Ouazar, ancien député de l’opposition

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Monder Boudène du RND ou la métaphore de « la pomme pourrie» !

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Mounder Boudene
Mounder Boudene (RND). Crédit photo : DR

Quand la rhétorique politique abreuvée au populisme se perd dans les vergers des Aurès, la fierté nationale se mesure aux kg de pommes produits en Algérie.

À Batna, lors d’un meeting populaire marqué par des envolées lyriques et des métaphores champêtres, Monder Boudène, jeune chef du Rassemblement national démocratique (RND), a cru bon de bâtir son discours politique… autour d’une pomme. Pas n’importe laquelle : la pomme des Aurès, symbole, selon lui, de la souveraineté agricole retrouvée et de l’indépendance vis-à-vis des importations « étrangères ».

S’exprimant devant un public conquis, Boudene a vanté la réussite des agriculteurs locaux qui ont su, « par leur labeur et leur foi en la terre », transformer les vallées aurésiennes en vergers florissants. Jusque-là, rien d’extraordinaire : la fierté régionale et la promotion du produit local sont des thèmes récurrents dans le discours politique. Mais le chef du RND a franchi un pas de plus en conférant à la pomme aurésienne des attributs de souveraineté nationale. Il est même allé jusqu’à saluer la « libération du marché » de la dépendance à la… pomme française.

Une comparaison pour le moins audacieuse, voire cocasse, tant le fruit en question reste, dans les faits, un produit de luxe pour la majorité des Algériens. Sur les étals, la variété haut de gamme s’affiche à près de 800 dinars le kilo, et les gammes inférieures oscillent encore entre 300 et 500 dinars. Une souveraineté donc bien théorique, réservée à ceux qui peuvent encore se permettre de croquer dans la pomme nationale sans craindre de grever leur budget.

L’ironie du propos tient aussi à la charge symbolique qu’il porte : vouloir faire de la pomme un emblème d’indépendance économique dans un pays où l’autosuffisance alimentaire demeure un horizon lointain relève d’un certain décalage avec la réalité. En voulant illustrer la réussite du terroir, Monder Boudene a surtout révélé la facilité avec laquelle le discours politique algérien verse dans la fable, confondant communication et incantation.

À force de vouloir « nationaliser » la pomme, le RND en viendrait presque à oublier que les véritables racines du problème se trouvent moins dans les vergers que dans la gouvernance du secteur agricole lui-même. Et qu’à trop vouloir verdir son discours, on risque d’en oublier que, parfois, sous la belle peau rouge du fruit, se cache… une pomme un peu pourrie.

Samia Naït Iqbal

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Réforme du statut de la magistrature : renforcer l’indépendance de la justice… sous condition ? 

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MInistère de la justice

Présenté, ce dimanche 9 novembre, à l’APN par Lotfi Boudjema, le ministre de la Justice, le projet de réforme du statut de la magistrature se veut une avancée vers une justice plus indépendante et transparente.

Mais derrière ce discours de modernisation, l’opposition non parlementaire dénonce une indépendance « sous condition », estimant que les nouvelles dispositions renforcent davantage le pouvoir de l’exécutif que celui des juges.

Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Lotfi Boudjama, a présenté devant l’Assemblée populaire nationale (APN) le projet de loi organique portant Statut de la Magistrature. Ce texte de 110 articles, appelé à remplacer la loi organique n°04-11 de 2004, s’inscrit dans le prolongement des réformes institutionnelles engagées depuis la Constitution de 2020.

L’objectif affiché est de consolider l’indépendance du pouvoir judiciaire et de moderniser le cadre juridique régissant la carrière des magistrats. Le projet s’articule autour de trois axes majeurs : le transfert des compétences vers le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), la revalorisation du statut professionnel du magistrat et le renforcement de la déontologie et de la responsabilité judiciaire.

Un CSM doté de nouvelles prérogatives

Le texte confère au Conseil supérieur de la magistrature un rôle central dans la gestion de la carrière des magistrats, incluant les nominations, mutations, promotions et mesures disciplinaires. Cette évolution met fin à la tutelle administrative exercée par le ministère de la Justice depuis 2004.

Le CSM devient ainsi le garant de l’autonomie du corps judiciaire et de la transparence des décisions le concernant. Cette orientation s’inscrit dans l’esprit de la Constitution de 2020, qui érige le principe d’indépendance de la justice en pilier de la réforme institutionnelle.

Statut et conditions de carrière revalorisés

Le projet introduit également des dispositions destinées à améliorer les conditions de travail et de carrière des magistrats. Il met l’accent sur la formation continue, la mobilité professionnelle et la reconnaissance du mérite dans les promotions.

Un volet particulier est consacré à la protection du magistrat contre toute pression ou ingérence dans l’exercice de ses fonctions. Le texte prévoit par ailleurs une révision du régime disciplinaire afin de garantir un équilibre entre droits et devoirs, tout en renforçant la transparence des procédures internes.

Déontologie et responsabilité judiciaire renforcées

Le troisième axe de la réforme porte sur l’éthique et la responsabilité des magistrats. Le projet de loi précise les obligations déontologiques, notamment en matière d’impartialité, de réserve et de probité.

Il introduit également de nouveaux mécanismes de contrôle et d’évaluation visant à renforcer la confiance du citoyen dans l’institution judiciaire. Ces mesures s’inscrivent dans une logique d’exemplarité et de modernisation de la justice, dans un contexte marqué par une forte attente sociale en matière d’équité et de transparence.

Des réserves nourries par l’opposition et la société civile

Si le gouvernement présente ce texte comme une avancée décisive vers une justice indépendante, des activistes politiques, ainsi que plusieurs acteurs de la société civile, y voient déjà la continuité d’un processus de réforme piloté d’en haut, davantage soucieux de réaménager le cadre institutionnel que d’en changer la logique.

Selon ces voix critiques, le projet ne risque pas de  modifier  en profondeur les rapports entre l’exécutif et le judiciaire : le Conseil supérieur de la magistrature, bien que renforcé sur le papier, demeure soumis à une influence politique latente à travers la composition de ses membres et les mécanismes de nomination. En d’autres termes, l’indépendance proclamée risquerait de rester largement formelle.

Plusieurs amendements introduits dans la dernière version du texte sont également perçus comme des signes d’un durcissement du contrôle étatique sur la société. Ils s’inscrivent, selon les détracteurs, dans une tendance plus large à la restriction des libertés publiques, au renforcement du pouvoir de l’administration et à la limitation des espaces de contestation.

Pour l’opposition, cette réforme illustre la contradiction d’une politique qui revendique l’État de droit tout en consolidant le contrôle institutionnel du pouvoir. Elle dénonce un processus de modernisation « à sens unique », où la réforme judiciaire, loin d’émanciper la magistrature, risque de servir à légitimer la centralisation du pouvoir sous couvert d’indépendance.

Samia Naït Iqbal

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Mineurs algériens aux Baléares : les ONG espagnoles s’opposent à une expulsion « illégale »

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Les adolescents algériens arrivés clandestinement à Ibiza
Les adolescents algériens arrivés clandestinement à Ibiza

En cherchant à contourner les mécanismes légaux de protection de l’enfance, l’exécutif baléare s’expose aux critiques d’une partie de la société civile *, qui y voit une atteinte au principe fondamental de l’intérêt supérieur de l’enfant.

Les Îles Baléares font face à une polémique grandissante sur la gestion des mineurs algériens non accompagnés (MENA). Le gouvernement régional, dirigé par le Parti populaire (PP), réclame le rapatriement collectif de près de 300 enfants, une mesure jugée illégale par les organisations humanitaires et contraire à la jurisprudence de la Cour suprême espagnole.

À l’origine de cette controverse figure un cas isolé : la procédure de retour de sept adolescents algériens arrivés à Ibiza en septembre, demandée par leurs parents via les autorités algériennes. Ce dossier exceptionnel, encadré par le parquet espagnol, est désormais utilisé par l’exécutif baléare pour justifier une expulsion massive. Une assimilation dénoncée par le ministère espagnol de la Jeunesse et de l’Enfance, qui y voit une tentative de « semer la confusion » entre des situations distinctes : l’exercice de l’autorité parentale pour les sept mineurs concernés et la tutelle publique pour les 298 autres enfants en situation d’abandon.

Les associations de défense des droits des enfants (CEAR, Plateforme de l’Enfance, APDHA) rappellent que tout rapatriement doit respecter l’intérêt supérieur du mineur et faire l’objet d’une évaluation individuelle. Une expulsion collective serait non seulement contraire au droit espagnol, mais aussi aux engagements internationaux du pays.

Les autorités baléares invoquent la saturation de leurs centres d’accueil, dont le taux d’occupation dépasse 230 %. Mais les experts rappellent qu’un mécanisme de solidarité interrégionale existe déjà. Le décret-loi 2/2025 prévoit la répartition automatique des mineurs entre les différentes communautés autonomes lorsque la capacité d’accueil est dépassée. Le gouvernement des îles Baléares, au lieu de l’appliquer, a choisi de le contester devant la justice, sans succès.

La rédaction

*https://www.eldiario.es/illes-balears/politica/organizaciones-humanitarias-advierten-deportacion-menores-argelinos-plantea-pp-balears-ilegal

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Alger-Paris : quand l’ignorance des traités devient un argument de campagne…

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France Algérie

Il y a des discours qui se veulent patriotiques mais qui finissent, faute de connaissance historique, par devenir de véritables contresens politiques.

Depuis quelque temps, on entend ici ou là certains responsables ou commentateurs suggérer que l’Algérie devrait “annuler les accords bilatéraux de 1968” avec la France. Une idée lancée comme un slogan, sans mesurer ni les conséquences ni les paradoxes qu’elle porte.

Évian : la liberté avant la frontière

Les Accords d’Évian (1962) ne furent pas qu’un cessez-le-feu. Ils représentaient une reconnaissance mutuelle et un pont humain entre deux peuples liés par plus d’un siècle d’histoire.

À travers ces accords, les Algériens pouvaient circuler, travailler et s’établir librement en France, sans visa, sans quotas ni obstacles administratifs. C’était un geste fort, une manière de dire : la séparation politique ne doit pas signifier la rupture humaine.

1968 : quand la bureaucratie remplace la fraternité

Six ans plus tard, les accords bilatéraux de 1968 viennent mettre de l’ordre — du moins en apparence. Sous prétexte d’“organiser les flux migratoires”, ils restreignent en réalité les droits obtenus à Évian.

L’Algérien devient désormais un étranger comme un autre, soumis aux autorisations de travail, aux titres de séjour et aux politiques de visa.

Autrement dit, on ferme ce qu’Évian avait ouvert.

Et si l’Algérie les annulait ?

Ironie de l’histoire : si l’Algérie décidait aujourd’hui d’abroger les accords de 1968, le cadre juridique applicable serait celui des Accords d’Évian, jamais officiellement dénoncés.

Cela reviendrait, en droit international, à rétablir la libre circulation et l’installation sans visa des Algériens en France. Autrement dit, supprimer l’accord restrictif ferait renaître un texte bien plus libéral.

Le cauchemar de l’extrême droite

Voilà qui ferait sans doute tourner la tête à certains politiciens français qui, par ignorance ou opportunisme, agitent la menace d’une rupture des accords.

En voulant “punir” l’Algérie, ils offriraient en réalité une victoire symbolique et juridique aux Algériens eux-mêmes.

C’est le comble du populisme : brandir le drapeau sans connaître les lois.

L’histoire n’est pas un outil de chantage

Les relations franco-algériennes sont trop profondes pour être réduites à des calculs électoraux.

Les traités ne sont pas des jouets entre les mains d’apprentis du politique : ils sont la mémoire vivante d’un lien humain et historique.

Annuler, menacer, rompre — autant de mots vides si l’on ne comprend pas ce qu’ils impliquent.

Et parfois, l’histoire se venge : à force de vouloir effacer le passé, on finit par en réveiller les droits.

 Aziz Slimani

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Le FFS ou la fin d’un mythe

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FFS

Tribune. Il fut un temps où le nom du FFS suffisait à faire frémir le pouvoir.

C’était le parti des martyrs, celui des premières révoltes contre la confiscation de l’indépendance, le cri de ceux qui refusaient de troquer la colonisation française contre la domination d’une junte militaire.

Mais ce temps est loin. Aujourd’hui, le FFS n’est plus qu’un sigle fatigué, une bannière qu’on ressort quand il faut donner au régime une façade démocratique, une illusion de débat.

Et chaque fois que le pouvoir vacille, le FFS réapparaît comme une béquille, prêt à amortir la chute du système.

Je le dis sans détour : j’ai de sérieux doutes sur la sincérité de l’opposition de Hocine Aït Ahmed lui-même.

Je respecte l’homme, son intelligence et son charisme, mais son itinéraire politique laisse des zones d’ombre que l’histoire n’a jamais éclaircies.

Après son arrestation en 1964 et son évasion en 1966, Hocine Aït Ahmed s’est exilé à l’étranger, principalement en Suisse. Et, en réalité, depuis son installation en Europe, rien ne prouve qu’il ait gardé l’attachement profond d’un vrai nationaliste.

S’il aimait tant son pays, pourquoi n’a-t-il jamais choisi d’y finir ses jours ?

Pourquoi ses enfants ont-ils tous pris des nationalités étrangères ?

On ne peut pas parler au nom d’un peuple qu’on a quitté, ni se présenter en symbole de fidélité quand toute sa vie personnelle dit le contraire.

Son retour en Algérie en 1989 a toujours laissé perplexe.

Comment un opposant aussi emblématique, qui avait défié le régime pendant plus de vingt ans, a-t-il pu rentrer sans être inquiété ?

Comment expliquer qu’il ait pu reprendre une activité politique légale, alors que d’autres ont été réduits au silence pour bien moins ?

Tout cela ressemble moins à une réconciliation qu’à un pacte tacite, un serment passé avec le pouvoir :

“Tu gardes ton rôle d’opposant moral, on te garde en vitrine.”

Car si la junte au pouvoir l’avait considéré comme un danger réel, elle ne lui aurait pas laissé le moindre espace.

Aït Ahmed est devenu, malgré lui peut-être, l’opposant idéal du régime : intouchable, respecté, mais sans impact concret.

Et aujourd’hui, le FFS continue sur cette même trajectoire. Le parti vient d’annoncer sa participation aux prochaines élections.

Rien d’étonnant : c’est la suite logique d’un comportement vieux de plusieurs décennies.

À chaque échéance, il joue le rôle du lièvre électoral, celui qui court devant pour donner une allure démocratique à une course déjà truquée.

Il l’a fait en 2012, en 2017, en 2021… et le scénario se répète, sans honte ni remise en question.

Mais comment oublier les élections de la honte de 2002 ?

L’année 2001 avait été celle du Printemps noir, du sang, des martyrs et de la colère. Toute la Kabylie s’était levée pour dire non à la répression et à la mascarade politique.

Et en 2002, cette même Kabylie avait décidé, d’une seule voix, de rejeter les urnes, de boycotter les élections.

Les villages étaient en deuil, les routes bloquées, les jeunes en grève, les familles encore endeuillées.

Et le FFS, lui, qu’a-t-il fait ?

Il a brisé cette unité historique, cassé cette dynamique populaire en se présentant malgré tout, contre la volonté de tout un peuple.

Résultat : des élus obtenus avec sept ou huit voix dans certaines communes. Une humiliation politique gravée dans la mémoire collective.

Et depuis, la liste des trahisons s’allonge : participation sélective, discours creux, alliances douteuses, et aujourd’hui encore, la même posture molle face à la dictature.

Et qu’ont fait ces soi-disant élus des APC et des APW de Tizi-Ouzou ou de Béjaïa pour leur région ?

Ont-ils un jour présenté leur bilan ?

Ont-ils appliqué cette fameuse “gestion participative” qu’ils promettaient à chaque campagne ?

Rien. Silence et opportunisme.

Les communes sont à l’abandon, les jeunes sans perspectives, les projets enterrés dans la poussière des bureaux.

À part leur présence remarquée aux fêtes de villages, aux cérémonies ou aux festivals folkloriques — où ils viennent manger du couscous aux frais de la collectivité —, que font-ils d’autre ?

Pire encore, on les voit parfois sur les pistes de danse, exhibés ensuite sur les pages Facebook comme si c’était là l’accomplissement de leur mandat.

C’est dire à quel point la fonction politique s’est vidée de tout sens.

Des élus devenus figurants, des représentants transformés en animateurs de kermesse, pendant que les vrais problèmes — routes, emploi, jeunesse, eau, ordures, dignité — restent sans réponse.

Et quand il s’agit des élections nationales, malgré la mobilisation de toute leur secte politique et le coup de pouce bienveillant du pouvoir, ils se contentent toujours de leur mainmise sur la Kabylie — comme si leur horizon politique s’arrêtait aux limites de la région.

Ils n’ont jamais su parler au reste de l’Algérie, encore moins la convaincre.

Leur influence se réduit à un réflexe identitaire entretenu par la nostalgie, pas à un projet politique.

Autrement dit, le FFS ne vit plus que sur les ruines de son passé.

Alors oui, leur participation annoncée aux prochaines élections ne surprend plus personne.

C’est dans leur ADN politique : jouer la comédie de l’opposition pour mieux prolonger la survie du régime.

Le FFS n’est plus ce parti d’opposition né du courage et de la révolte ; il est devenu le parti du confort, celui qui parle au nom du peuple sans jamais marcher à ses côtés.

Le FFS ne fédère plus, il divise. Il ne libère plus, il justifie.

Et la mémoire d’Aït Ahmed, si elle n’est pas relue avec lucidité, risque de devenir ce que le pouvoir voulait qu’elle soit : un mythe utile pour endormir les consciences et neutraliser la colère.

 Aziz Slimani

Citoyen libre, témoin de son temps.

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Ligue 1 Mobilis : le MCO gagne à Rouissat et vire en tête

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Le MC Oran s’est installé en tête du championnat national de Ligue 1 Mobilis à la faveur de sa belle victoire enregistrée sur la pelouse du MB Rouissat (1-3), samedi, en match comptant pour la première partie de la 11e journée de la L1.

Les Hamraoua ont le vent en poupe et les résultats sont là pour le confirmer. En effet, les gars d’El Bahia, nouveaux leaders, ont signé leur troisième victoire  de suite en allant damer le pion au nouveau promu.

Boukholda a débloqué la situation pour les Oranais à la 17e minute, avant de voir les locaux égaliser par le Ghanéen Abdul Fatawu juste avant la pause (43’). En seconde période, les protégés de l’Espagnol Juan Carlos Garrido ont repris les choses en main en reprenant l’avantage à la 73e minute par l’entremise de Aliane (73’), avant d’aggraver la marque grâce à Hamra, trois minutes plus tard (76’).

Avec 20 points à son compteur, le MCO se hisse en tête, alors que le MBR enregistre son premier revers à domicile et recule de la 6e à la 10e position (13 pts).

Dans les autres rencontres de ce premier acte de la 11e manche, l’USM Khenchela a renoué avec la victoire en disposant de l’ES Mostaganem (1-0), l’ES Sétif a été accrochée à domicile par l’Olympique Akbou (1-1), alors que le derby de la capitale, CR Belouizdad – USM Alger, n’a pas connu de vainqueur également dans une affiche qui n’a pas tenu toutes ses promesses se soldant sur un score nul et vierge (0-0).

Ce dimanche, le MC Alger aura l’occasion de reprendre son fauteuil de leader à condition d’aller gagner sur le terrain de la lanterne rouge, le MC El Bayadh (14h30). Outre ce duel des extrêmes, il y aura également trois autres confrontations : ASO Chlef – ES Ben Aknoun (17h45), CS Constantine – JS Kabylie (17h45) et JS Saoura – Paradou AC (18h00).

Résultats partiels de la 11e journée :
CR Belouizdad – USM Alger0 – 0
USM Khenchela – ES Mostaganem1 – 0
MB Rouissat – MC Oran1 – 3
ES Sétif – Olympique Akbou1 – 1
Dimanche  :
MC El Bayadh – MC Alger14h30
ASO Chlef – ES Ben Aknoun17h45
CS Constantine – JS Kabylie17h45
JS Saoura – Paradou AC18h00
Classement de la Ligue 1
#EquipesPtsJ
1MC Oran     2011
2MC Alger197
3Olympique Akbou1811
4JS Saoura1610
5JS Kabylie 158
6CR Belouizdad 149
7USM Alger149
8USM Khenchela1411
9ES Ben Aknoun139
10MB Rouissat1310
11CS Constantine1210
12ES Sétif 1110
13ASO Chlef1010
14ES Mostaganem811
15Paradou AC710
16MC El Bayadh310

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Remise en service du téléphérique reliant Bab El Oued à Bouzaréah

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Téléphérique de Bab El Oued
Téléphérique de Bab El Oued. Crédit photo : APS

Samedi à Alger a eu lieu la remise en service du téléphérique reliant les communes de Bab El Oued et de Bouzaréah, après une période d’arrêt consacrée à une vérification technique complète de la structure.

Avec la remise en service de ce téléphérique, «les citoyens pourront désormais se déplacer plus aisément sur un trajet de plus de 2 km en un temps réduit n’excédant pas 12 minutes, en passant par trois stations : Bab El Oued, Village céleste et Zghara», a précisé le ministre.

M. Sayoud, ministre de l’Intérieur, a salué les efforts déployés par les équipes chargées des travaux de maintenance, qui ont été «achevés en 5 mois malgré la difficulté du terrain», ajoutant que «la wilaya d’Alger sera prochainement dotée de nouveaux téléphériques».

Dans le même cadre, le ministre a indiqué que «les efforts se poursuivent pour la remise en service des téléphériques à l’échelle nationale», notamment celui de la wilaya de Tizi Ouzou, «qui sera remis en service dans les prochains jours».

APS

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L’Algérie abrite la réunion ministérielle du Mécanisme tripartite des pays voisins de la Libye

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Réunion au sujet de la Libye
Réunion au sujet de la Libye

L’Algérie a abrité, jeudi, la réunion ministérielle du Mécanisme tripartite des pays voisins concernant la crise en Libye, avec la participation du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et de Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, du ministre égyptien des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Expatriés égyptiens, M. Badr Abdel-Ati, et du ministre tunisien des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, M. Mohamed Ali Nafti, indique un communiqué du ministère.

La réunion a permis de procéder à des concertations approfondies et à un large échange de vues sur «les développements de la situation en Libye et les moyens de contribuer aux efforts visant à relancer le processus politique dans ce pays frère, sous l’égide des Nations Unies, partant du principe que les pays voisins sont les plus directement impactés par les répercussions de la crise libyenne, les plus proches de sa réalité et de ses détails et les plus soucieux de parvenir à un règlement durable», précise la même source.

Les travaux de la réunion du Mécanisme tripartite ont été sanctionnés par l’adoption d’un communiqué conjoint, qui réaffirme l’importance du «principe d’appropriation et de conduite» du processus politique en Libye par les frères Libyens et qui exhorte toutes les parties libyennes à placer les intérêts supérieurs de leur pays au-dessus de toute autre considération, pour mettre fin aux divisions, unifier les institutions politiques et militaires et organiser les élections législatives et présidentielle, ajoute la même source.

Le communiqué conjoint réaffirme également la position des trois pays «rejetant toute forme d’ingérence étrangère dans les affaires intérieures libyennes» et «appelant au retrait des mercenaires et combattants étrangers du territoire libyen».

Le communiqué conjoint salue, par ailleurs, «le rôle et les efforts de l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations Unies pour mettre en lumière la responsabilité qui incombe à la communauté internationale dans la préservation des ressources du peuple libyen et la garantie de la bonne gestion de ses avoirs financiers gelés».

APS

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Un réseau criminel démantelé et saisie de 176.000 comprimés psychotropes

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Des quantités énormes de psychotropes saisies.
Des quantités énormes de psychotropes saisies. Crédit : photo DGSN.

Le Service central de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants (SCLTIS) a démantelé, la semaine dernière, un réseau criminel organisé, et procédé à la saisie de 176.000 comprimés psychotropes de type « Prégabaline », indique samedi un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN).

« Dans le cadre des efforts des services opérationnels de la Sûreté nationale dans la lutte contre le crime organisé lié au trafic de drogue, le Service central de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants a procédé, au cours de la semaine écoulée, au démantèlement de la structure criminelle d’un réseau organisé, à la saisie de 176.000 comprimés psychotropes de type Prégabaline, de fabrication étrangère, et à l’arrestation de six individus, dont une femme, activant au sein de ce réseau », précise la même source.

L’opération a été menée à la suite d’investigations intensives « ayant permis aux enquêteurs du SCLTIS d’identifier et d’arrêter, dans un premier temps, quatre individus membres de ce réseau criminel organisé, dans des quartiers de la capitale, avant de procéder à l’arrestation du principal suspect en compagnie d’une femme », selon le communiqué.

Cette opération s’est soldée par « la saisie de la quantité de psychotropes mentionnée et la récupération du camion utilisé dans son transport, de trois véhicules et de deux motocycles », ajoute la même source, précisant que « les mis en cause ont été déférés devant le procureur de la République près la tribunal de Koléa ».

APS

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