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Marseille : Samia Ghali propose de « payer les policiers sur le terrain » pour contrer le narcotrafic

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Samia Ghali
Samia Ghali. Crédit photo : Samia Ghali

Face à l’explosion du trafic de drogue dans certains quartiers populaires, Samia Ghali, maire-adjointe (DVG) de Marseille, met les pieds dans le plat. Elle propose que les policiers reçoivent une prime lorsqu’ils effectuent des saisies, estimant que cette mesure pourrait renforcer leur motivation et leur efficacité sur le terrain, selon la Provence.

Cette déclaration intervient dans un contexte dramatique : l’assassinat de Mehdi Kessaci, qualifié d’« assassinat d’avertissement », a une nouvelle fois mis en lumière la violence qui gangrène certains quartiers de la ville. Présente auprès de la famille de la victime, Samia Ghali plaide pour une stratégie globale, capable de combiner action policière et politiques sociales. Elle réclame des renforts policiers, le retour d’un préfet de police de plein exercice et la création d’un parquet spécialisé à Marseille. Selon elle, ces mesures doivent s’accompagner d’un engagement concret des autres collectivités locales pour sécuriser durablement les quartiers défavorisés.

Déjà en 2012, alors maire des 15e et 16e arrondissements, Samia Ghali avait alerté sur l’ampleur du narcotrafic et n’avait pas hésité à demander l’intervention de l’armée dans certains secteurs. Treize ans plus tard, elle constate que la situation reste préoccupante et que la mobilisation coordonnée de tous les acteurs demeure indispensable.

La proposition de prime pour les policiers relance un débat sensible sur la motivation des forces de l’ordre et sur la manière d’allouer des moyens financiers pour lutter efficacement contre le trafic de drogue. Pour Samia Ghali, seule une action globale et coordonnée pourra produire des résultats durables : renforcer la police sur le terrain tout en soutenant l’éducation, l’insertion et les politiques sociales dans les quartiers populaires.

Cette approche traduit sa conviction que la sécurité ne peut pas se réduire à une seule intervention policière. Prévention, encadrement et soutien social doivent accompagner toute opération répressive. Ghali insiste sur le fait que sans cette stratégie combinée, les trafiquants continueront d’exploiter les zones sensibles et que les jeunes resteront exposés à la violence et au trafic.

Dans cette logique, la prime aux policiers n’est pas une fin en soi mais un outil destiné à améliorer l’efficacité des interventions sur le terrain, tout en envoyant un signal clair : la lutte contre le narcotrafic doit mobiliser tous les acteurs et toutes les ressources disponibles pour protéger les habitants et restaurer la sécurité dans les quartiers populaires de Marseille.

Synthèse Mourad Benyahia

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Guinée-Bissau : les avocats de Domingos Simões Pereira dénoncent un coup d’État électoral

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Militaires de la Guinée Bissau
Les putschistes de Guinée-Bissau.

Les avocats de Domingos Simões Pereira, président du PAIGC, et d’Octave Lopes, cadre de ce même parti, tirent la sonnette d’alarme sur la situation politique en Guinée-Bissau après le premier tour de la présidentielle. Dans un communiqué, ils qualifient les événements récents de « pseudo coup d’État » et dénoncent une rupture flagrante de l’ordre constitutionnel.

Selon le collectif, l’absence de publication officielle des résultats, les déclarations unilatérales de victoire, l’intervention illégale de forces militaires et l’arrestation arbitraire de responsables politiques témoignent d’une volonté de confisquer la souveraineté du peuple et de détourner le processus électoral de sa fonction démocratique. Les avocats exigent la libération immédiate et sans condition de Messieurs Domingos Simões Pereira et Octave Lopes, dénonçant la violation de leurs droits civiques et politiques garantis par la Constitution et par les instruments internationaux.

« Leur arrestation, survenue à un moment crucial du scrutin, altère l’intégrité de la compétition électorale et remet en cause la possibilité même d’un processus libre et crédible », soulignent-ils. Les autorités civiles et militaires sont tenues pour responsables de la sécurité physique et morale des deux personnalités.

Le communiqué appelle la communauté internationale, et en particulier la CEDEAO, l’Union africaine, les Nations unies et l’Union européenne, à intervenir rapidement pour rétablir la légalité constitutionnelle, reprendre le processus électoral et respecter la volonté souveraine exprimée dans les urnes. Toute tentative de consolidation d’un pouvoir issu d’un processus interrompu ou manipulé « doit être considérée comme nulle et dépourvue d’effet », avertissent les avocats.

Le collectif affirme qu’il poursuivra tous les recours juridiques nationaux et internationaux pour contester les actes arbitraires et défendre les droits politiques de leurs clients.

Depuis son indépendance en 1974 du Portugal, la Guinée-Bissau a connu en tout, quatre coups d’État et 17 tentatives de putsch.

Mourad Benyahia 

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Le RCD appelle à la libération de Saad Bouakba et à la levée des scellés sur Vision TV

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Saad Bouakba
Saad Bouakba embastillé. Crédit photo : DR

Le placement sous mandat de dépôt du journaliste Saad Bouakba (79 ans) continue de susciter des réactions au sein de la classe politique. Le RCD réclame sa libération immédiate.

Dans un communiqué rendu public jeudi, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) exprime sa « profonde préoccupation » et appelle à la libération immédiate du chroniqueur, poursuivi pour des propos tenus lors d’une émission télévisée.

Pour le parti, si le sujet abordé par le journaliste peut être « sensible » ou « prêter à débat », la détention ne saurait constituer une réponse acceptable. Le RCD rappelle que les outils démocratiques – droit de réponse, débat contradictoire, critique publique – suffisent à réguler les opinions, même dérangeantes ou contestables. « La privation de liberté ne peut en aucun cas être une réponse légitime à une opinion », insiste-t-il.

Le communiqué replace cette affaire dans un contexte plus large. Le parti affirme alerter depuis plusieurs années sur la nécessité d’ouvrir le champ politique et médiatique afin d’éviter que des journalistes ou des acteurs publics ne se retrouvent incarcérés pour des prises de position. Il dénonce un « enfermement systématique » qui, selon lui, étouffe progressivement l’espace du débat public.

Le RCD critique également la mise sous scellés des locaux de la web-TV Vision-TV, qui avait accueilli Saad Bouakba dans plusieurs entretiens. La formation politique qualifie cette mesure d’« arbitraire », estimant qu’elle illustre la volonté du pouvoir de réduire les espaces d’expression indépendants. La fermeture d’un média, souligne-t-elle, prive les citoyens d’un droit essentiel : celui à une information pluraliste.

Le parti juge par ailleurs « incompréhensible » la sévérité des mesures prises, d’autant qu’elles visent un journaliste âgé de 79 ans. Selon lui, d’autres voies, plus respectueuses de la dignité humaine et des principes de justice, étaient possibles.

En appelant à la libération de Saad Bouakba et à la levée des scellés imposés à Vision-TV, le RCD réaffirme sa demande d’une « ouverture réelle du champ médiatique ». Pour le parti, seul un environnement libre et pluraliste permet aux citoyens de se forger leur propre jugement et de distinguer « le vrai du faux » dans un moment où le débat public apparaît de plus en plus restreint. Jusqu’à quand le régime demeurera sourd aux nombreux appels des partis, ONG, intellectuels et journalistes ?

La rédaction

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Incarcération de Bouakba : lectures juridiques  sur une affaire symptomatique de la fermeture du champ des  libertés

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Tebboune, le président algérien
Dans la nouvelle Algérie de Tebboune, il est interdit d'avoir une pensée critique. Crédit photo : DR

L’affaire Saad Bouakba dépasse largement le simple cadre judiciaire. Son incarcération est devenue, pour beaucoup, le symptôme d’un mal national profond : la sévère contraction du champ des libertés publiques et de la mise sous cloche du libre débat en Algérie.

L’air devient irrespirable sous la « nouvelle Algérie ». Entre lois spéciales appliquées strictement, accusations liées aux propos tenus et recul ressenti des libertés d’expression, cette affaire révèle un climat où parler de sujets sensibles devient de plus en plus risqué.

La mise en détention provisoire du journaliste Saad Bouakba, poursuivi pour « atteinte aux symboles de la Révolution », a suscité un vif débat au sein des milieux juridiques et médiatiques. Trois argumentaires, portés par Me  Sadat, Me Tarek Merrah et le juriste Habib Achi, structurent aujourd’hui les contours d’une affaire où se croisent droit constitutionnel, loi spéciale et exercice du métier de journaliste.

La détention provisoire en question

Pour Me Fetta Sadat, la mesure restrictive prise à l’encontre du journaliste contrevient à l’esprit même de la Constitution. Elle rappelle que la détention provisoire est définie comme une « mesure exceptionnelle », dont l’usage doit être strictement proportionné. Or, dans le cas d’un prévenu âgé, malade et présentant toutes les garanties de représentation, le recours à l’incarcération apparaît excessif.

L’avocate souligne également que l’affaire relève d’un délit de presse, un domaine où la Constitution consacre explicitement la liberté d’opinion, d’expression et de la presse. À ses yeux, le mandat de dépôt entre directement en contradiction avec ces garanties fondamentales.

Citer n’est pas accuser

Sur le fond, Me Tarek Merrah recentre le débat sur la nature même de l’acte reproché à Bouakba. Le journaliste n’aurait fait que reprendre un passage de l’ouvrage « Lextrémiste, François Genoud, de Hitler à Carlos », publié en 1996 par Pierre Péan, non contesté devant les tribunaux par l’ancien président Ahmed Ben Bella.

L’avocat estime que la responsabilité du journaliste ne peut être engagée pour la simple citation d’un texte déjà disponible au public depuis près de trois décennies. Incarcérer pour avoir cité un livre reviendrait, selon lui, à étendre indûment la responsabilité pénale des professionnels de l’information. Mais comme écrit précédemment, le placement sous mandat de dépôt de Saad Bouakba est symptomatique de l’autoritarisme imposé à toute la société. Désormais, ceux qui sont aux affaires se sont transformés en directeurs de conscience.

La loi spéciale sur les symboles de la Révolution, un cadre contraignant

Le juriste Habib Achi adopte une approche plus nuancée. Il rappelle que l’affaire pourrait relever d’un cadre juridique particulier : la Loi du Moudjahid et du Chahid, qui impose à l’État de protéger la mémoire des figures révolutionnaires. Cette loi spéciale, par sa nature, pourrait primer sur les principes généraux de la Constitution, notamment en matière de liberté d’expression.

Achi estime par ailleurs que la prudence professionnelle s’imposait. Saad Bouakba, figure publique rompu aux dossiers sensibles, aurait dû consulter un conseiller juridique avant d’aborder des sujets susceptibles de relever du droit spécial. Selon lui, cette omission a facilité la judiciarisation du dossier. Mais alors qu’en est-il des historiens ? Doivent-ils donc s’appuyer systématiquement sur des avocats pour publier leurs recherches ou simplement renoncer à traiter des « dossiers polémiques » ?

Une affaire au croisement des libertés publiques et de la mémoire nationale

Ces trois lectures, loin de s’opposer frontalement, mettent en lumière la tension entre deux impératifs : d’un côté, la protection des libertés publiques, un socle constitutionnel ; de l’autre, la défense de la mémoire de la Révolution, érigée en valeur juridique protégée.

Il appartiendra désormais à la justice de déterminer dans quel sens penche la balance : vers la primauté des droits de la presse ou vers l’application stricte d’une loi spéciale au nom de la préservation du récit national.

Samia Naït Iqbal

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Affaire Saad Bouakba : que révèle l’incarcération du journaliste sur notre rapport à l’histoire ?

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Mohamed Khider, Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf,
Mohamed Khider, Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf, trois opposants au régime de Ben Bella-Boumediene. Tous trois assassinés.

L’emprisonnement du journaliste Saad Bouakba, 80 ans, pour « atteinte aux figures de la Révolution » divise l’opinion publique et relance le débat sur la liberté d’expression en matière historique. Dans une tribune remarquée, le journaliste et écrivain Hmida Ayachi appelle à soumettre l’histoire à la raison et à renoncer à l’instrumentalisation politique de la mémoire nationale.

Un débat public polarisé

La mise en détention provisoire de Saad Bouakba a suscité des réactions divergentes sur les réseaux sociaux. Certains internautes dénoncent des propos jugés offensants envers des figures emblématiques de la lutte anticoloniale. D’autres rappellent qu’il s’agit de faits historiographiques déjà documentés et s’inquiètent d’un précédent dangereux pour la liberté d’expression.

La réflexion de Hmida Ayachi : restaurer la rationalité historique

Dans sa tribune intitulée « Bouakba s’est-il trompé ?…Et Khider, Boudiaf, Krim Belkacem et Aït Ahmed ont-ils bénéficié de l’argent de la Révolution ? » Hmida Ayachi replace l’affaire dans un cadre plus large : celui du rapport complexe de l’Algérie à sa mémoire révolutionnaire.

Pour lui, la Révolution demeure sacrée à travers ses martyrs et ses héros, mais cette sacralité ne doit pas conduire à occulter la vérité historique ni à criminaliser la recherche ou l’interprétation.

 « Il faut soumettre l’histoire à la raison (…) Mettre en prison un journaliste de quatre-vingts ans n’est pas une solution. Cela n’aide personne, n’améliore pas l’image du pays et affaiblit la confiance du peuple dans ses institutions. »

H’mida Ayachi met en garde contre l’instrumentalisation du passé comme arme politique ou outil d’émotion collective. Pour autant, faut-il taire des pans entiers de notre histoire sous le fallacieux prétexte que des acteurs de notre histoires sont sacrés ?

Une judiciarisation inquiétante du débat historique

L’inculpation de Bouakba interroge : peut-on encore débattre des angles morts de la guerre de libération sans risquer la répression ? Manifestement non. À une époque où plusieurs pays encouragent la confrontation critique avec leur histoire, l’Algérie semble peiner à instaurer un espace serein pour la relecture documentaire et le débat mémoriel. Il y a une certitude : sous Tebboune-Chanegriha notre pays a enregistré une glaciation effrayante en matière de débat en général et de traitement de la révolution en particulier. Pourquoi le régime a-t-il peur du débat ? Ne craint-il pas, derrière ces interdictions de toute expressions, ses contradictions ? Voire ses démons ?

Vers une maturation du rapport à la mémoire nationale ?

L’affaire révèle des contradictions profondes : une société en quête de transparence historique face à des réflexes de (sur)protection des symboles par la mobilisation d’un arsenal judiciaire et répressif et une écriture orientée et fragmentée de l’histoire. En appelant à un traitement rationnel et apaisé du passé, Hmida Ayachi propose une voie pour sortir de la crispation — et éviter que l’histoire ne se transforme en terrain de conflits politiques ou judiciaires. Cela va-t-il suffire car l’absence de débats et de lieux d’expression libres comme les médias audiovisuels, papier et en ligne ne fera qu’épaissir la crise de confiance et cristalliser les rancœurs.

La rédaction 

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Procédure pour « offenses aux symboles de la Révolution » contre Saad Bouakba

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Bouakba sur le plateau de Vision TV
Bouakba sur le plateau de Vision TV

Le juge des délits du tribunal de Bir Mourad Raïs a ordonné, jeudi, le placement en détention provisoire du journaliste Saad Bouakba, après sa présentation en comparution immédiate. L’audience a été renvoyée au 4 décembre 2025, date à laquelle l’affaire sera examinée.

Selon un communiqué du procureur de la République près le même tribunal, une enquête préliminaire a été ouverte à la suite d’une plainte déposée par Mahdia Ben Bella, fille du premier président algérien, Ahmed Ben Bella. Elle accuse le journaliste d’avoir porté atteinte à la mémoire de son père, considéré comme l’un des symboles historiques de l’État, lors d’un entretien diffusé sur la chaîne YouTube Vision TV News, intitulé : « Ainsi les chefs de la Révolution se sont partagés l’argent du FLN ».

D’après le ministère public, l’entretien contient des “informations fausses, erronées ou attentatoires”, mettant en cause plusieurs figures de la Révolution de Novembre. Le journaliste y affirme que des dirigeants du FLN auraient, durant la guerre de libération, détourné des fonds du mouvement en les déposant sur des comptes personnels — des propos qualifiés d’atteinte aux symboles de l’État et de la lutte de libération nationale.

La ministère des Moudjahidine, représenté par son conseiller juridique, s’est constitué partie civile aux côtés de la plaignante. Saad Bouakba est poursuivi pour injure et diffamation via l’utilisation de moyens électroniques à l’encontre de symboles de la Révolution, ainsi que pour diffusion volontaire de fausses informations auprès du public.

Le gestionnaire de la web TV Vision TV News, Abderrahim Harraoui, est également poursuivi pour injure et diffamation, mais le juge a décidé de le laisser en liberté provisoire.

À l’issue de la procédure de comparution immédiate, le dossier a été transmis à la section correctionnelle. Le journaliste, âgé de 79 ans, attendra son procès en détention provisoire, dans un dossier qui relance le débat sensible sur la gestion de la mémoire historique et les limites de la parole publique dans l’Algérie contemporaine.

L’affaire du journaliste Bouakba renseigne sur les limites, voire le refus, de tout débat contradictoire en Algérie.

Samia Naït Iqbal

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Le journaliste Saad Bouakba placé sous mandat de dépôt

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Saad Bouakba
Saad Bouakba embastillé. Crédit photo : DR

Le juge du tribunal de Bir Mourad Raïs (Alger) a placé ce jeudi le journaliste Saad Bouakba (79) sous mandat de dépôt suite à une plainte de la fille de l’ancien président Ahmed Ben Bella.

Mahdia Ben Bella, fille du défunt président Ahmed Ben Bella, qui a déposé une plainte contre le journaliste Saïd Bouakba pour « atteinte à l’encontre de son père, suite à des déclarations tenues par le journaliste lors d’une émission diffusée sur la chaîne YouTube Vision TV News.

L’émission « Voici comment les dirigeants de la révolution se sont partagés les fonds du FLN : révélations historiques choquantes », plonge dans l’histoire du fameux trésor du FLN qui était un temps sous le contrôle de Mohamed Khider. « Cette émission a contenu de fausses informations, inexactes et diffamatoires, insultant les symboles de l’État et de la Révolution », estime le parquet dans son communiqué. L’affaire de ce trésor hérité de la guerre de libération dont les fonds ont été déposés par Mohamed Khider à la BCA, une banque en Suisse, remonte aux premières années de l’indépendance.

Le différend a éclaté publiquement après le congrès du FLN en avril 1964 entre le président Ahmed Ben Bella et Mohamed Khider. Le premier a tenté de récupérer les fonds dont le second avait le contrôle. C’est Aït El Hocine qui était chargé de cette mission. D’autres interviendront également comme François Genoud, banquier suisse et soutien de la Révolution algérienne. En vain. Dans une déclaration à la presse, Mohamed Khider avait déclaré ne pas reconnaître la légitimité du pouvoir de Ben Bella et annoncé « mettre à la disposition de l’opposition les fonds du FLN ». Même Fethi El Dib, chef des renseignements égyptiens a tenté de jouer l’intermédiaire.

L’écrivain Pierre Péan a consacré tout un chapitre de son livre « L’extrémiste, François Genoud, de Hitler à Carlos », paru chez les éditions Fayard, à cette affaire du « trésor du FLN ».

Mohamed Khider sera assassiné devant sa femme à Madrid le 3 janvier 1967. Plus tard, la veuve Khider remettra à Alger à Houari Boumediene en personne, selon les mémoires de Yaha Abdelhafidh, tous les documents et comptes ayant trait à ce trésor du FLN.

Sofiane Ayache

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Cherif Mellal arrête sa grève de la faim

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Cherif Mellal
Cherif Mellal. Crédit photo : DR

Après le détenu d’opinion Mohamed Tadjadit, c’est l’autre prisonnier d’opinion, Cherif Mellal, qui a mis un terme à sa grève de la faim. Il est détenu à la prison d’El Harrach.

Après 11 jours d’une énième grève de la faim pour dénoncer l’arbitraire dont il est victime, Cherif Mellal, ancien président de la JSK, placé en détention depuis le 19 janvier 2023, a pris la décision d’arrêter cette énième grève de la faim.

Dans un message rendu public sur les réseaux sociaux, Me Fetta Sadat qu’elle l’a « trouvé bien affaibli par dix jours de privation, le visage marqué mais l’esprit toujours clair et déterminé ». Puis, elle ajoute : « Il m’a informé qu’il accepte de suspendre la grève de la faim qu’il observait depuis dix jours, faisant ainsi droit aux demandes pressantes des médecins de la prison, de ses avocats et de sa famille.

Ce onzième jour clôt ainsi un mouvement qu’il avait engagé en date du 17 novembre 2025 pour alerter sur sa situation et faire entendre ses revendications.

Il adresse ses remerciements à toutes celles et tous ceux qui se sont solidarisés avec lui et est très touché par les nombreuses marques de sympathie qui lui sont parvenues. Il reste persuadé que malgré les embûches la vérité finira par éclater et que la justice finira par triompher. C’est là le combat d’un homme libre qui reste debout au milieu de la Tempête et des bourrasques. »

Quelque 250 prisonniers d’opinion croupissent dans les différentes prisons du pays.

La rédaction

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« L’amour dans la chanson kabyle » d’Arezki Khouas : entre pudeur et révolte

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Livre d'Arezki Khouas

Dans L’amour dans la chanson kabyle, Arezki Khouas explore un territoire où se croisent mémoire, pudeur et émancipation. À travers un siècle de création musicale, il montre comment la chanson kabyle a servi de refuge et de résistance pour dire l’amour interdit, contourner les silences imposés et affirmer une identité en quête de liberté. Entre analyse sociologique et geste de sauvegarde patrimoniale, son ouvrage révèle la profondeur d’un patrimoine affectif longtemps tenu dans l’ombre.

Arezki Khouas, originaire d’Agouni-Fourrou en haute Kabylie, sociologue de formation et docteur en psychologie sociale, appartient à cette génération d’intellectuels dont le parcours personnel est indissociable de l’histoire culturelle et politique de la Kabylie. Son ancrage dans un territoire marqué par l’exil, les luttes identitaires et la transmission orale donne à son travail une profondeur singulière. Habité par la volonté de comprendre comment un peuple dit ses peines, ses aspirations et surtout ses élans amoureux, il explore dans L’amour dans la chanson kabyle un domaine où s’entrelacent la langue, la mémoire, la pudeur et la transgression.

L’essai qu’il propose relève autant de la recherche sociologique que de l’acte de sauvegarde patrimoniale, tant il mêle analyse scientifique et volonté de préserver une mémoire collective menacée d’effacement. En s’appuyant sur un vaste corpus de chansons allant des premiers enregistrements du début du XXᵉ siècle aux créations les plus contemporaines, Arezki Khouas redonne vie à un matériau culturel souvent dispersé, parfois oublié, mais essentiel pour comprendre l’évolution intime de la société kabyle. Il montre comment la chanson, dans un contexte de domination politique, de surveillance morale et d’oralité prégnante, a longtemps tenu lieu de livre interdit.

Cette tradition chantée apparaît ainsi comme un refuge symbolique, un espace où l’indicible pouvait être formulé sans l’être vraiment, où les interdits sociaux étaient contournés par la métaphore, la suggestion, l’allusion poétique. Les artistes y disaient ce qu’ils ne pouvaient prononcer dans la vie quotidienne : les amours contrariées, les désirs interdits, les déchirements de l’exil, les frustrations d’une jeunesse empêchée. La chanson constituait un double langage, à la fois soumis aux règles de la pudeur collective et capable de les fissurer en douceur.

Khouas retrace avec une rigueur remarquable les étapes de cette évolution. Il interroge d’abord les formes anciennes, fortement codifiées, où l’amour se disait à travers des symboles empruntés à la nature, des images pastorales ou des détours poétiques obligés. Puis il montre comment, à partir de l’exil massif vers la France, de la modernisation progressive des mentalités et de l’engagement culturel des artistes des années 1970 à 2000, le discours amoureux s’émancipe peu à peu. Les chanteurs, hommes comme femmes, se risquent à dire l’intime plus directement, à questionner les normes patriarcales, à revendiquer une parole personnelle.

Ce faisant, l’auteur éclaire la transformation profonde d’un vocabulaire affectif. L’amour y passe de lhoub, mot chargé de pudeur et de secret, à tayri, terme plus affirmatif, plus assumé, révélateur d’une parole en quête de liberté. Ce glissement lexical, analysé avec finesse, symbolise la mutation d’une société qui, tout en restant attachée à ses codes, apprend à dire ce qu’elle ressent sans détours. Par son travail, Khouas met ainsi en lumière le rôle discret mais décisif de la chanson dans l’élargissement de l’espace d’expression intime en Kabylie, et montre comment cet art populaire a contribué à faire émerger une nouvelle manière d’aimer, de dire, et de se dire.

L’apport majeur de l’ouvrage réside dans sa capacité à replacer la chanson au cœur d’un système social où l’art n’a jamais été un simple divertissement, mais une véritable architecture de survie culturelle. En Kabylie, chanter n’a jamais signifié seulement « faire de la musique » : c’était dire ce que l’on ne pouvait écrire, transmettre ce que l’école et les institutions ne prenaient pas en charge, affirmer une identité dans un contexte politique où celle-ci n’avait pas droit de cité. Khouas montre avec clarté que la chanson kabyle constitue un espace vital de résistance, d’affirmation identitaire et de préservation linguistique, un lieu où s’articulent les mémoires, les luttes et les émotions d’un peuple.

Par une analyse minutieuse et extrêmement sensible des textes, l’auteur révèle comment les chanteurs et les chanteuses ont progressivement fissuré les carcans patriarcaux et les normes sociales qui régissaient l’expression de l’amour. Là où autrefois la pudeur imposait des métaphores, certains artistes ont osé une parole plus directe, plus assumée, faisant émerger une sensibilité nouvelle dans un univers longtemps régi par le silence et la retenue. La chanson devient alors un outil de transformation sociale, parfois discret, parfois frontal, mais toujours déterminant dans la manière de penser les relations affectives.

Khouas montre également le rôle décisif de l’immigration, qui a servi de laboratoire social où l’intime se disait avec moins de crainte. Loin du village et des contraintes communautaires, les artistes exilés trouvent la possibilité d’exprimer un amour débarrassé des injonctions sociales les plus strictes. Cette distance géographique produit un élargissement symbolique : l’exil devient un espace où la parole amoureuse peut se renouveler, s’affranchir, expérimenter.

Ainsi, chaque génération d’artistes, des pionniers anonymes des années 1930 aux figures marquantes de la diaspora en passant par les voix contemporaines, contribue à élargir la marge de liberté du sentiment amoureux. L’ouvrage met en lumière cette progression lente mais continue, montrant comment la chanson kabyle accompagne et parfois devance l’évolution des mentalités.

En redonnant une visibilité à des dizaines d’artistes, connus ou oubliés, Khouas rétablit la place réelle de la chanson kabyle : non pas un simple répertoire musical, mais un miroir sociologique, un thermomètre affectif et une archive sensible d’un peuple qui a appris à préserver son âme par la voix. Ce travail réunit ainsi mémoire, analyse et reconnaissance, rendant à la chanson kabyle la profondeur qui lui revient.

La couverture du livre, réalisée par l’artiste Azal Belkadi, ajoute une profondeur symbolique puissante à l’essai, au point qu’elle en devient presque une introduction silencieuse. Le tableau représente le visage d’une femme kabyle, orné de bijoux traditionnels qui rappellent les codes esthétiques et les ancrages identitaires d’une culture ancestrale. Mais ce visage apparaît fragmenté, comme morcelé, traversé par des lignes de rupture qui évoquent autant les fissures du temps que les fractures imposées par l’histoire. Loin d’être un simple effet esthétique, cette fragmentation exprime la vulnérabilité d’un monde intime longtemps contraint par les normes sociales, et la fragilité d’une parole amoureuse que la société kabyle, comme tant d’autres, a longtemps tenu en marge.

Cette figure féminine, à la fois forte et vulnérable, réunit en un seul regard tout l’enjeu du livre : la tension entre pudeur et désir, entre tradition et émancipation, entre héritage et modernité. On y lit le poids du silence imposé aux femmes, ces gardiennes de la mémoire affective, mais aussi leur résilience, leur force intérieure et leur rôle central dans la transmission émotionnelle et culturelle. Belkadi parvient ainsi à figurer, avec une sobriété puissante, le paradoxe d’un amour kabyle longtemps vécu dans la discrétion mais jamais absent, toujours vibrant même lorsqu’il ne pouvait s’exprimer qu’en métaphores.

Par son geste pictural qui mêle tradition et abstraction, Azal Belkadi offre une interprétation visuelle de ce que Khouas explore par l’analyse : l’amour kabyle n’est pas un bloc figé, mais un territoire en perpétuelle recomposition, marqué par les blessures historiques, les migrations, les interdits, mais aussi par les renaissances successives que permet la chanson. Les fragments du visage ne sont pas seulement les traces d’une fragilité : ils témoignent de la capacité à se reconstruire, à se réinventer, à maintenir vivante une identité affective face aux bouleversements du temps.

La couverture devient ainsi une véritable porte d’entrée symbolique vers l’ouvrage. Elle rappelle que derrière chaque chanson, derrière chaque mot d’amour, se cachent des existences traversées de joies et de peines, des récits intimes, des rêves contrariés ou accomplis. Elle dit que ce que l’on nomme “patrimoine” n’est pas seulement fait de langue et de mélodies, mais aussi de cicatrices, d’espérances et de fragiles éclats d’humanité. En cela, l’image de Belkadi dialogue étroitement avec le texte de Khouas et en prolonge la portée : elle donne un visage à cette mémoire affective que le livre met en lumière.

L’impact de l’ouvrage est d’autant plus important qu’il paraît à un moment où la mémoire kabyle se trouve prise dans une tension paradoxale : d’un côté, elle risque de s’effriter sous l’effet de la mondialisation, de la standardisation culturelle et de la disparition progressive des témoins d’une époque révolue ; de l’autre, elle connaît une revitalisation sans précédent grâce à l’engagement d’une nouvelle génération d’artistes, de chercheurs, de militants culturels et de membres de la diaspora qui s’emploient à réanimer une tradition souvent marginalisée. Dans ce contexte fragile mais fertile, l’essai de Khouas intervient comme un geste décisif de mise en lumière et de transmission.

En articulant avec finesse l’histoire, la langue, la sociologie et l’analyse littéraire, l’auteur propose une grille de lecture qui dépasse largement le cadre esthétique ou musical. Il montre que comprendre la chanson kabyle, c’est interroger un mode de pensée, une manière d’habiter le monde, une façon particulière de dire l’intime. Il replace les chants d’amour dans un ensemble de pratiques symboliques où s’entrelacent les rapports de genre, la mémoire de l’exil, les contraintes communautaires, les aspirations individuelles et les transformations sociales de la Kabylie contemporaine. L’essai devient dès lors un outil indispensable pour ceux qui souhaitent aborder cette tradition autrement que comme un simple patrimoine sonore : Khouas en dévoile la structure profonde, la logique interne, les zones de silence et les zones de résistance.

En retraçant la façon dont un peuple aime, dit son amour, le chante, le masque ou le revendique, l’auteur révèle une dimension fondamentale de l’identité amazighe. Les modalités d’expression de l’amour ne sont jamais neutres : elles traduisent une vision du monde, des valeurs, des rapports sociaux, et même des tensions politiques. Chanter l’amour, en Kabylie, a souvent signifié affirmer une présence, préserver une langue, contourner une domination, ou dire le refus d’être réduit au mutisme. Ainsi, Khouas montre que ce qui pourrait passer pour un simple répertoire sentimental constitue en réalité un terrain où se jouent des enjeux bien plus vastes : la survie culturelle, la liberté de dire, la construction de soi dans un environnement marqué par les luttes et les contraintes.

En ce sens, le livre participe à réaffirmer un pan essentiel de la culture amazighe : celui où la parole intime rencontre la résistance politique, où le sentiment amoureux devient un acte de mémoire, où les chansons, à travers leurs élans, leurs détours et leurs audaces, racontent les chemins d’un peuple vers sa propre affirmation. L’essai d’Arezki Khouas se présente alors comme un repère précieux dans ce moment de basculement : il aide à comprendre non seulement ce que la chanson kabyle a été, mais ce qu’elle continue de représenter pour ceux qui la portent, la créent, la transmettent et la réinventent.

L’amour dans la chanson kabyle est bien plus qu’un ouvrage analytique : c’est un véritable acte de transmission, un geste par lequel Arezki Khouas s’inscrit dans la longue chaîne des passeurs de mémoire. Loin d’une étude distanciée, son livre porte l’empreinte d’un chercheur qui parle depuis l’intérieur d’une culture, avec la rigueur de la science mais aussi avec la tendresse de celui qui reconnaît, dans chaque vers, une parcelle de son propre héritage. Il condense un savoir accumulé, une sensibilité forgée au contact des récits familiaux, et une fidélité profonde à une terre où la chanson a toujours été un refuge, un souffle vital, une manière de dire ce que les mots quotidiens ne pouvaient exprimer.

L’essai éclaire ainsi la trajectoire d’un peuple qui, face aux contraintes politiques, aux interdits sociaux ou aux blessures de l’exil, a appris à préserver son âme en chantant. Parfois en silence, dans l’intimité d’une maison, parfois à voix haute, lors des fêtes ou des rassemblements ; mais toujours avec sincérité, toujours avec cette volonté de faire vivre une émotion, une langue, une mémoire. Khouas montre que derrière les variations mélodiques et les images poétiques se cache un récit collectif, celui d’une communauté qui, même lorsqu’elle était privée d’espace d’expression officiel, a su maintenir son identité par la voix de ses poètes et de ses chanteurs.

Le livre se lit alors comme une traversée : celle d’un amour qui, malgré les interdits, les censures, les exils, n’a cessé de trouver de nouvelles formes d’expression ; un amour qui s’est réinventé au rythme des voix kabyles, de génération en génération, faisant de la chanson non seulement une œuvre d’art, mais un territoire vivant où une culture entière continue de respirer. Par cet ouvrage, Khouas contribue à préserver ce souffle fragile et puissant, et offre aux lecteurs une clé essentielle pour comprendre la profondeur humaine de la chanson kabyle.

Brahim Saci

Rencontre littéraire avec Arezki Khouas, autour de son ouvrage, L'amour dans la chanson kabyle, Jeudi 11 décembre 2025 à 19h, au Centre culturel algérien, 171, rue de la Croix-Nivert - 75015 Paris. 
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« Henchir Chaâl » : 9 prévenus libérés, dont l’ancien ministre Samir Beltaïeb

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Samir Beltaïeb
Samir Beltaïeb. Crédit photo : DR

En Tunisie, neuf prévenus arrêtés dans le cadre de l’affaire de Henchir Chaâl pour des soupçons de corruption financière et administrative ont été libérés ce jeudi par décision du juge d’instruction du pôle judiciaire financier. Cette décision concerne notamment l’ancien ministre de l’Agriculture, Samir Beltaïeb, et le directeur général des Terres internationales.

Selon les informations officielles, sept des prévenus ont été relâchés sous caution, avec des montants allant de 10 000 à 50 000 dinars, tandis que deux autres ont été libérés sans aucune garantie financière.

L’affaire de Henchir Chaâl, qui avait attiré l’attention ces derniers mois, concerne des irrégularités présumées dans la gestion de fonds publics et l’attribution de terres agricoles dans la région de Sfax. Cette libération marque une étape importante dans le déroulement de l’enquête, mais le dossier reste ouvert et les investigations se poursuivent.

Le juge d’instruction a précisé que la libération sous caution ne préjuge en rien de la responsabilité des personnes mises en cause. Les prochaines semaines seront déterminantes pour la suite judiciaire de cette affaire, très suivie par les médias et l’opinion publique.

Cette décision illustre le rôle central du pôle judiciaire financier dans le traitement des dossiers de corruption et l’équilibre entre respect des procédures et attentes d’une justice transparente.

Mourad Benyahia 

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