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​RCD : Atmane Mazouz prône une «transformation démocratique» face au blocage du pays

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Le conseil national du RCD
Le RCD vote la participation aux prochaines élections.

​Réuni en conseil national ce vendredi 19 décembre 2025 à Alger, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a dressé un réquisitoire sévère contre la gestion actuelle du pays. Son président, Atmane Mazouz, a appelé à une refondation de l’État, tout en ouvrant une réflexion stratégique sur la question électorale.

​Un diagnostic de « crise multidimensionnelle »

​D’emblée, Atmane Mazouz a dépeint une Algérie traversant une phase critique, marquée par un « blocage structurel » des institutions et une déconnexion croissante entre le pouvoir et la société. Pour le leader du RCD, la persistance d’une gouvernance fondée sur la gestion sécuritaire du politique et la restriction des libertés fondamentales mène le pays vers une impasse.

​Sur le plan socio-économique, le président du parti a fustigé une économie « sous perfusion », dépendante de la rente et incapable de juguler une inflation qui fragilise les classes moyennes. Il a réitéré le lien indissociable, selon sa formation, entre réforme économique et justice politique.

​Libertés et unité nationale : des « lignes rouges »

​Le discours a accordé une place centrale à la question des droits de l’homme. Atmane Mazouz a exigé une « amnistie globale » pour les détenus d’opinion et ceux liés au Hirak/Tanekra, citant particulièrement le cas des détenus de Larbaâ Nath Irathen comme une « blessure ouverte».

​Abordant les tensions identitaires, le président du RCD a défendu une vision de l’unité nationale intégrant la diversité. Tout en réaffirmant l’attachement du parti aux emblèmes national et amazigh — décrits comme complémentaires et non opposés — il a fermement rejeté les projets de sécession.

« La Kabylie n’est pas un problème sécuritaire, elle est une richesse nationale », a-t-il martelé, imputant la radicalisation de certains discours à la fermeture de l'espace démocratique par le pouvoir.

Prochaines  élections : une participation soumise à conditions 

​L’un des enjeux majeurs de cette session réside dans le positionnement du parti face aux prochaines échéances électorales. Si le RCD refuse de « sacraliser » l’élection dans un système verrouillé, Atmane Mazouz semble privilégier une ligne de résistance pragmatique.

​Le président du parti a invité les militants à réfléchir à l’investissement de la sphère institutionnelle, non par « allégeance », mais pour transformer ces espaces en tribunes de combat. Cette participation resterait toutefois conditionnée à des garanties concrètes : Ouverture effective du champ médiatique et politique, fin des ingérences administratives et libération des détenus d’opinion.

​En conclusion, Atmane Mazouz a appelé à un renforcement organique du RCD, exhortant les décideurs à « ouvrir les portes de l’avenir » par le dialogue et la reconnaissance de la pluralité, afin d’éviter une rupture définitive entre l’État et ses citoyens.

La rédaction

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L’excès d’impunité !

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Justice

Il existe en Algérie une zone grise où les responsabilités ne disparaissent pas après coup, mais se dissolvent avant même d’être posées. Ce n’est pas un vide juridique. C’est pire : une saturation. Trop d’impunité, trop longtemps, jusqu’à ce qu’elle devienne une matière structurelle du pouvoir, un réflexe, une condition de fonctionnement.

À ce stade, l’impunité n’est plus une anomalie. Elle est la règle tacite. Elle ne sert pas à protéger après l’erreur, elle autorise avant l’acte. Elle permet de décider sans mesurer, d’agir sans prévoir, de laisser faire sans jamais assumer. Ce n’est pas la faute qui est pardonnée, c’est la conséquence qui est neutralisée.

Dans un tel système, la catastrophe n’est jamais un échec politique. Elle est un dommage acceptable. Elle touche ceux qui ne comptent pas dans l’équation du pouvoir, ceux dont la disparition ne dérègle aucun équilibre, n’affecte aucun réseau, ne menace aucune continuité. La mort devient une variable silencieuse.

Alors on parle de fatalité, de destin, de circonstances. Le vocabulaire sert à nettoyer le réel, à lui retirer toute responsabilité humaine. Pendant que les morts s’empilent, les postes, eux, restent intacts. Ce ne sont pas les responsables qui tiennent, c’est le système qui les retient, les fixe, les protège de toute conséquence.

L’excès d’impunité produit un renversement dangereux : il inverse la logique de la faute. Plus on est haut, moins on est exposé. Plus on est proche du centre, plus on devient intouchable. La responsabilité se transforme en punition réservée aux périphéries. Le sommet fonctionne hors-sol, détaché de ses propres effets.

Mais l’impunité ne tue pas seulement. Elle use. Elle façonne un citoyen qui sait qu’aucun compte ne sera jamais rendu, que sa vie ne déclenchera ni enquête réelle, ni rupture politique. Elle fabrique la résignation, l’autocensure, le retrait. Elle apprend à survivre sans attendre justice, à vivre sans exiger réparation.

De temps en temps, quelqu’un tombe. Juste assez pour calmer. Un nom sans poids, un visage remplaçable. Une offrande administrative. Le système appelle cela une sanction. En réalité, c’est un sacrifice rituel destiné à préserver le cœur intact du pouvoir, à donner l’illusion du mouvement sans jamais toucher à la structure.

Cet excès d’impunité ne tient pourtant pas seul. Il s’appuie sur un autre excès, plus discret encore : celui du silence. Silence médiatique, silence institutionnel, silence social. Tant que les mots n’atteignent pas le centre, l’impunité circule librement. Elle prospère dans ce qui n’est pas nommé.

Mais un pays ne tient pas indéfiniment sur des sacrifices et des silences. L’accumulation des drames non assumés ne produit pas seulement de la colère. Elle creuse une rupture de confiance irréversible. Quand plus rien n’est payé par le haut, tout finit par être payé par le bas.

L’Algérie ne souffre pas d’un excès de crises. Elle souffre d’un excès d’impunité. Et tant que cette matière invisible continuera de lier le pouvoir à lui-même, chaque incendie, chaque noyade, chaque mort sera traitée comme un incident tolérable.

Jusqu’au jour où ce qui a été accepté trop longtemps cessera brutalement de l’être.

Zaim Gharnati

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Omar Kerdja : « Ecrire c’est refuser que notre mémoire se dissolve dans le silence »

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Omar Kherdja
Omar Kherdja. Crédit photo : DR

Omar Kerdja est un écrivain, chercheur et historien algérien originaire d’Irdjen, dans la région du Djurdjura, en Kabylie. Son travail s’inscrit dans une démarche constante de sauvegarde de la mémoire collective, de l’histoire locale et du patrimoine culturel amazigh, en particulier kabyle. À la croisée de l’histoire, de la recherche linguistique et de l’écriture littéraire, il s’attache à restituer les expériences vécues des populations, à préserver la langue amazighe et à transmettre des savoirs ancestraux menacés par l’oubli.

Ses recherches privilégient l’histoire ancrée dans le quotidien, nourrie de témoignages oraux, de traditions populaires et d’archives locales, souvent marginalisées par l’historiographie classique. Cette approche traverse l’ensemble de son œuvre, qu’il s’agisse de la modernisation de la langue amazighe avec Petit lexique des sciences de la nature, de l’analyse historique avec La conquête française du Djurdjura, ou encore de l’étude des savoirs traditionnels dans Les plantes dans le quotidien de la famille kabyle d’autrefois.

Avec Lexipso, il explore la richesse de la langue et de la sagesse amazighes à travers une forme hybride mêlant réflexion, psychologie sociale et collecte linguistique. Plus récemment, La Tragédie d’Ibehlal s’inscrit dans une écriture de mémoire consacrée aux traumatismes de la période coloniale, donnant voix aux victimes civiles et aux récits longtemps tus. L’ensemble de son parcours témoigne d’un engagement profond en faveur de la reconnaissance de la culture amazighe comme composante essentielle de l’histoire algérienne, engagement salué notamment par le prix d’encouragement Mouloud Mammeri.

Écrivain de la mémoire et chercheur de terrain, Omar Kerdja développe une œuvre singulière où l’histoire, la langue et la culture amazighes se répondent et s’éclairent mutuellement. Chacun de ses ouvrages explore un champ particulier – linguistique, historique, ethnographique ou mémoriel – tout en poursuivant un même objectif : restituer la parole des populations locales, préserver les savoirs hérités et interroger les mécanismes de transmission entre générations.

Cet entretien propose de revenir sur les intentions, les enjeux et la démarche qui traversent son travail. De la tradition orale à l’écriture de l’histoire, de la modernisation de la langue amazighe à la mémoire des traumatismes coloniaux, Omar Kerdja partage ici sa réflexion sur le sens de son engagement intellectuel, les choix méthodologiques qui guident ses recherches et sa vision de l’avenir de la culture et de l’histoire kabyles auprès des jeunes générations.

Le Matin d’Algérie : Dans l’ensemble de votre œuvre, qu’il s’agisse de vos travaux historiques, linguistiques ou mémoriels, qu’est-ce qui vous a conduit à faire de la mémoire kabyle et amazighe le cœur de votre démarche d’écriture et de recherche ?

Omar Kerdja : Rien, dans ma jeunesse, ne me prédestinait à l’écriture ni à la recherche ; c’est précisément le silence imposé autour de notre histoire et de notre langue qui m’y a conduit. Je consignais parfois quelques notes, sans projet précis, d’autant que le contexte politique de l’époque imposait une véritable loi de l’omerta : posséder une machine à écrire ou certaines revues culturelles pouvait suffire à attirer de graves ennuis. Ce climat n’encourageait ni l’expression ni la transmission de la mémoire.

Avec le recul, je comprends que c’est précisément ce manque qui m’a conduit vers la mémoire kabyle et amazighe. J’ai grandi sur la terre de mes ancêtres tout en connaissant peu notre passé et notre culture, largement éclipsés à l’école, dans l’administration et dans l’espace public. Après 1980, j’ai ressenti la nécessité d’aller vers les gens, d’écouter, de collecter, de comprendre. Ma première source a été la famille, puis les anciens, la langue et les récits fragmentaires.

Cette démarche n’est pas née d’un projet académique, mais d’un besoin profond de réappropriation et de transmission. La mémoire kabyle et amazighe s’est imposée naturellement comme le cœur de mon travail, parce qu’elle était menacée d’effacement et qu’elle porte une part essentielle de notre histoire collective.


Le Matin d’Algérie : Votre travail repose largement sur la tradition orale, très présente notamment dans La conquête française du Djurdjura et La Tragédie d’Ibehlal. Comment articulez-vous les témoignages locaux avec l’exigence de rigueur historique dans vos recherches ?

Omar Kerdja : J’essaie avant tout d’être cohérent avec moi-même et d’aborder ce type de recherche avec la plus grande rigueur possible, en me replaçant systématiquement dans le contexte de l’époque et au plus près des acteurs locaux qui ont façonné les événements. La tradition orale n’est pas pour moi un simple matériau narratif : elle est un héritage vécu. Nous avons grandi aux côtés de nos grands-parents et de figures respectées du milieu kabyle, qui furent à la fois les témoins, les relais et les gardiens de cette mémoire.

Les témoignages recueillis s’inscrivent donc dans un rapport direct à ce legs. Mais ils ne sont jamais pris isolément. À l’âge adulte, j’ai pu confronter cette mémoire transmise à des sources écrites, en consultant, comparant et analysant les ouvrages disponibles. Les publications comme la Revue africaine ou Récits de Kabylie. Campagne de 1857 d’Émile Carrey ont constitué des points d’appui essentiels de départ pour croiser les récits, en mesurer les écarts, en comprendre les biais et, lorsque cela était possible, en dégager une lecture critique.

C’est dans cette articulation constante entre témoignages locaux, mémoire familiale et confrontation aux sources écrites que j’essaie de concilier fidélité à la tradition orale et exigence de rigueur historique.


Le Matin d’Algérie : Avec Petit lexique des sciences de la nature, vous vous êtes engagé dans un travail de modernisation du vocabulaire scientifique amazighe. Qu’est-ce qui a motivé ce projet, et quels enjeux culturels, identitaires et pédagogiques portait-il selon vous ?

Omar Kerdja : À l’origine de ce projet, il n’y avait pas une volonté immédiate de produire un lexique scientifique, mais un travail de recherche plus large consacré aux At Iraten, cette confédération des cinq fractions que les historiens anciens rattachent aux Quingentiens. Mon approche se voulait globale. Dans l’ouvrage que je leur consacre, At Iraten : Hommes et terre, il m’était indispensable d’aborder tous les aspects qui définissent cette société, son territoire et son rapport à l’environnement.

Très vite, la question de la toponymie s’est imposée, et avec elle un ensemble de termes amazighs directement liés aux sciences de la nature : reliefs, sols, végétation, eau, climat. Pour pouvoir les expliquer avec précision et cohérence, j’ai été conduit à explorer et à structurer ce champ lexical, jusque-là dispersé ou peu formalisé. C’est ainsi que s’est ouverte cette « brèche » qui a donné naissance au Petit lexique des sciences de la nature.

À l’origine, ce travail n’était destiné qu’à un usage personnel, comme outil de référence pour mes recherches. Ce n’est que par la suite qu’il a été confié au Haut Commissariat à l’Amazighité pour publication, en 2006. Il faut d’ailleurs rappeler que ce travail avait été distingué auparavant par le prix Mouloud Mammeri, ce qui en a confirmé, à mes yeux, l’intérêt culturel, identitaire et pédagogique.

Le Matin d’Algérie : Dans La conquête française du Djurdjura, vous revisitez un épisode majeur de la colonisation en Kabylie. Qu’avez-vous souhaité apporter de nouveau par rapport aux récits historiques existants, souvent centrés sur les seuls faits militaires ?


Omar Kerdja : Ce livre se distingue d’abord par le regard qu’il porte sur l’événement. Bien qu’il soit l’un des premiers à évoquer, dans sa continuité, le débarquement français de juin 1830 à Sidi-Ferruch, mon objectif n’était pas de répéter un récit strictement militaire. Il m’a paru essentiel de mettre en lumière le ressenti kabyle et l’effervescence provoquée par cet événement, y compris dans une région qui, historiquement, n’avait jamais nourri de sympathie pour le régime ottoman.

La Kabylie — blad essiba (« pays insoumis ») ou blad aεduwa (« pays ennemi ») pour les autorités turques — avait constamment résisté à un pouvoir despotique qui tentait de l’assujettir par tous les moyens. Pourtant, face à un nouvel envahisseur, la mobilisation fut spontanée et quasi unanime chez les populations kabyles. Toute tentative de s’en écarter exposait l’individu à l’exclusion sociale. Je tenais à montrer que, malgré ses différends avec les pouvoirs centraux, la Kabylie n’a jamais failli à ce que j’appelle son devoir patriotique, dès lors que sa profonde et large terre ancestrale, sa ḥorma et sa liberté étaient menacées.

Ce que j’ai voulu apporter de nouveau, c’est une écriture « de l’intérieur » : restituer les faits du point de vue des populations concernées, et non depuis le regard extérieur, souvent colonial, qui domine une grande partie de l’historiographie existante. Cette immersion a été, pour moi, une expérience intellectuelle et humaine profondément enrichissante, même si des considérations personnelles ne m’ont pas permis, à ce jour, de publier le second tome.

Le Matin d’Algérie : Votre ouvrage Les plantes dans le quotidien de la famille kabyle d’autrefois explore les savoirs traditionnels liés à l’environnement naturel. En quoi l’étude des usages des plantes permet-elle de mieux comprendre l’organisation sociale, les valeurs et la vision du monde de la société kabyle ancienne ?


Omar Kerdja : Cet ouvrage a avant tout eu pour ambition — je le dis en toute modestie — de préserver une part des savoirs liés aux plantes utilisées autrefois dans le quotidien des familles kabyles. Son contenu reste volontairement succinct, mais il permet de sauvegarder des éléments menacés de disparition, transmis oralement et rarement consignés par écrit.

L’étude des usages des plantes éclaire bien au-delà de la simple pharmacopée ou de l’alimentation. Elle révèle une organisation sociale fondée sur l’observation, la transmission intergénérationnelle et le respect de l’environnement. Chaque plante renvoie à un usage précis, à un moment du cycle de la vie, à un rapport mesuré à la nature, où rien n’est superflu ni gaspillé. En introduisant des termes peu connus du grand public, et parfois des appellations plus scientifiques accompagnées d’explications sur leur composition, j’ai voulu créer un pont entre le savoir traditionnel et les connaissances contemporaines.

Ces données constituent, à mes yeux, un socle à approfondir. Elles peuvent servir de point de départ à d’autres recherches, qu’elles soient ethnobotaniques, linguistiques ou anthropologiques. Plus largement, elles invitent à mieux comprendre la vision du monde de la société kabyle ancienne, dans laquelle la nature n’était pas un simple décor, mais un espace de vie, de sens et de valeurs partagées.

Le Matin d’Algérie : Lexipso adopte une forme singulière, mêlant langue, réflexion et sagesse populaire. Pourquoi avoir choisi cette écriture hybride, et que révèle ce travail sur la psychologie sociale et les valeurs profondes de la société amazighe ?

Omar Kerdja : Avant toute chose, il me paraît important d’expliquer le choix du titre. Lexipso est un ouvrage que j’estime riche à plus d’un titre, car il renferme de nombreux éléments issus de notre culture orale, que j’ai saisis avant que le temps ne les efface définitivement. C’est, à ce jour, le dernier livre que j’ai pu éditer aux éditions Kerdja, faute de moyens et de circuits de diffusion adaptés, mais cela n’enlève rien à l’importance que je lui accorde.

Comme pour plusieurs de mes ouvrages, j’ai tenu à le présenter en version bilingue, français–kabyle, afin de permettre à un public large d’y accéder dans la langue qu’il maîtrise le mieux. Cette démarche implique toutefois une difficulté majeure : rester fidèle à la pensée, à la nuance et à la charge symbolique de la langue d’origine tout en l’adaptant à une autre langue et à une autre culture. Cette tension entre fidélité et transmission, je l’ai d’ailleurs clairement soulignée dans l’introduction.

Le caractère hybride de Lexipso s’explique par sa matière même. L’ouvrage rassemble du lexique, des expressions, des formes de raisonnement, mais aussi des éléments de psychologie et de sociologie populaires. De cette condensation est né le titre LEXIPSO, acronyme formé à partir de lexique, intellect, psychologie et sociologie. Un ami français, M. Gérard Lambert, m’a fait remarquer que ce terme renvoyait également, en latin, à l’idée de loi. Cette coïncidence m’a profondément marqué, car elle correspond, sans que je l’aie consciemment recherché, à l’esprit du livre.

Ce travail révèle en filigrane la psychologie sociale de la société amazighe : une pensée structurée par la sagesse populaire, le sens de la mesure, la valeur de la parole donnée et une forte cohésion communautaire. Lexipso montre que derrière les expressions, les formules et les images se cache une véritable vision du monde, fondée sur des règles implicites, des valeurs morales et un rapport profond au collectif. C’est cette richesse silencieuse que j’ai voulu fixer, transmettre et partager.

Le Matin d’Algérie : Avec La Tragédie d’Ibehlal, vous vous êtes confronté à une mémoire douloureuse de la période coloniale. Comment avez-vous vécu, sur les plans humain et intellectuel, l’écriture de ce livre, et quel message souhaitiez-vous transmettre aux générations actuelles et futures ?

Omar Kerdja : La Tragédie d’Ibehlal raconte une histoire inscrite dans le cours même de l’Histoire, au cœur des événements liés à l’agression française contre la Kabylie. Il s’agit d’un épisode de violence extrême perpétrée par les semeurs de « civilisation » contre des populations qui ne demandaient qu’à être laissées en paix, libres et dignes sur leur terre.

Sur le plan humain, l’écriture de ce livre a été éprouvante. Si Saïd — comme le lecteur peut le découvrir — est considéré comme le premier martyr civil de la conquête de la Haute Kabylie en mai 1857, sa famille a elle aussi été presque entièrement décimée. En retraçant ce drame, j’ai voulu montrer que la Kabylie a payé un tribut lourd et continu pour la sauvegarde de sa dignité, bien au-delà des seuls affrontements militaires.

Intellectuellement, ce travail m’a conduit à inscrire cet événement dans une continuité historique plus vaste. Car un siècle plus tard, en 1957, ce même village d’Ibehlal a connu une autre tragédie : arrestations massives, tortures et exécutions sommaires à Badar, au chef-lieu des At Irjen, perpétrées par ce même « civilisateur ». L’histoire montre ainsi que, chez les troupes d’occupation, chasser le naturel ne suffit pas : il revient souvent au galop.

Le Matin d’Algérie : À la lumière de l’ensemble de vos travaux, comment percevez-vous aujourd’hui l’évolution de l’intérêt des jeunes générations pour l’histoire, la langue et la culture kabyles ?

Omar Kerdja : Aujourd’hui, il est difficile de situer avec précision l’intérêt réel des jeunes générations pour l’histoire, la langue et la culture. Il existe indéniablement une frange de jeunes que ces questions intéressent, à condition qu’on leur propose des ouvrages accessibles, sérieux et honnêtes, dont le contenu parle de leur culture et de leur histoire sans déformations ni escamotages.

Cependant, force est de constater que l’on n’a pas appris, ni à l’école ni même à l’université, à aimer le livre et à développer le goût de la lecture. Encore faudrait-il que les étudiants puissent trouver ces ouvrages dans les bibliothèques des établissements où ils sont scolarisés. Or, celles-ci sont souvent dépourvues non seulement de livres de ce type, mais aussi de personnel formé à la gestion et à la valorisation des fonds documentaires.

À cela s’ajoute une autre difficulté contemporaine : les livres écrits en langue française ne semblent plus accessibles à une large frange de la jeunesse, tandis que les ouvrages en langue arabe restent peu nombreux et reposent sur des références souvent limitées. Quant aux livres en tamazight, ils demeurent encore trop rares. Ce n’est pas une critique morale, mais un simple constat : pour une majorité, on lit peu, quelle que soit la langue.

Il suffit d’observer le Salon international du livre d’Alger : les ouvrages religieux ou pratiques se vendent bien davantage que ceux qui nourrissent l’esprit critique et la réflexion historique. Pourtant, l’espoir demeure. Je reste convaincu que la jeunesse, qu’elle soit estudiantine ou non, peut renouer avec la lecture si on lui en donne les moyens et l’envie.

En définitive, je me considère comme un témoin de mon époque. J’estime qu’il est de notre devoir de léguer aux générations actuelles et futures un patrimoine culturel, linguistique et historique que nous nous efforçons de sauver de l’oubli et de l’effacement.

Le Matin d’Algérie : Votre écriture oscille entre recherche historique, essai et parfois récit littéraire, comme on le voit de La conquête française du Djurdjura à Lexipso. En quoi ce choix vous permet-il de toucher un public plus large et diversifié ?

Omar Kerdja : J’essaie avant tout de donner à chaque sujet son propre tempo et sa résonance, en fonction de ma perception, mais surtout de celle de mes sources. Il ne m’est pas toujours aisé de maîtriser entièrement la forme que je souhaiterais. Ma formation est en histoire, mais il faut aussi rappeler que j’ai été arabisé malgré moi, sans que cela ait été un choix. Cette contrainte initiale a constitué un handicap, que seule la volonté de dépasser les obstacles — qu’ils soient linguistiques, matériels ou financiers — m’a permis de surmonter.

Lorsque je regarde aujourd’hui ce que j’ai pu collecter et écrire, je me dis que j’ai contribué, à mon échelle, à quelque chose d’utile pour ma culture et mon histoire. Beaucoup pourraient le faire, mais la volonté reste l’élément décisif. Cette détermination m’habite depuis plus de quarante ans : je n’ai jamais cessé de chercher ni d’écrire, même dans les périodes les plus difficiles de ma vie.

Concernant Lexipso de la culture amazighe, sa genèse a été presque accidentelle. Chaque information recueillie était, une fois rentré chez moi, classée selon les sujets en cours, comme on répartit des balles par couleur dans différents paniers. Mais il restait toujours des éléments qui ne trouvaient place dans aucun ensemble. Je les conservais dans un « panier à part ». Avec le temps, ce réservoir s’est enrichi de contenus qu’il aurait été dommage de négliger ou d’écarter. C’est ainsi qu’est née l’idée de les coucher sur le papier, donnant naissance à un ouvrage à la croisée de la recherche, de l’essai et du récit, capable de toucher des lecteurs aux attentes diverses.

Le Matin d’Algérie : Après ces différents chantiers, linguistiques, historiques et mémoriels, quels sont les projets de recherche et d’écriture que vous souhaitez développer dans les années à venir ?

Omar Kerdja : Mes projets de recherche et d’écriture sont déjà bien engagés. J’ai actuellement plusieurs ouvrages en cours de finalisation, parmi lesquels Le flissa du bey Muḥemmed ed-Debbaḥ, Un mariage à Icherriden (juillet 1857), Identifications et administration des Algériens : de Mas n Sen à nos jours, ou encore Suq Larbaa n At Iraten, la citadelle kabyle expropriée, pour ne citer que ces ouvrages. Ces travaux s’inscrivent dans la continuité directe de mes recherches linguistiques, historiques et mémorielles.

J’ai ouvert, il est vrai, plusieurs chantiers en parallèle. Chaque nouvelle information, chaque mot, chaque document ou anecdote trouve naturellement sa place dans l’un ou l’autre de mes nombreux projets, tant les thématiques sont liées entre elles. Je n’ai jamais aimé être avare en informations. Certains lecteurs me reprochent d’ailleurs une attention excessive au détail, y compris dans mes annotations parfois très développées.

Un éminent anthropologue, M. Ali Sayad — que je salue ici — m’a même suggéré de répartir cette matière en plusieurs ouvrages distincts. Mais je reste attaché à un principe fondamental : ces connaissances doivent avant tout revenir à notre peuple, afin qu’il puisse s’en nourrir, s’en inspirer et mieux connaître sa culture et son histoire, ne serait-ce que par curiosité. C’est cette exigence de transmission qui continue de guider mes projets à venir.

Écrire, pour moi, c’est refuser que notre mémoire se dissolve dans le silence.

Entretien réalisé par Brahim Saci

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Pouvoir–MAK : un dilemme politique entre Charybde et Scylla

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Tebboune
Le chef de l'Etat, premier responsable devant l'histoire. Crédit photo : APS

Le face-à-face entretenu entre le pouvoir central et le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) s’est imposé, ces derniers jours, au cœur d’une actualité brouillée par le verrouillage des espaces d’expression plurielle et l’effacement du débat contradictoire.

Dans ce climat d’injonctions croisées, l’opinion nationale se retrouve sommée de choisir entre la menace de sécession brandie par Ferhat Mehenni et l’obligation de réaffirmer, sans nuance, son attachement à l’unité nationale. Cette confrontation, longtemps marginalisée dans le débat public, est désormais instrumentalisée par les deux camps, chacun alimentant la radicalité de l’autre. Entre la fermeté sécuritaire d’un pouvoir soucieux de préserver son hégémonie sociale et politique au nom de l’intégrité territoriale, et la rhétorique d’un mouvement qui se pose en incarnation ultime et unique d’un ressentiment régional, la Kabylie et l’Algérie en général semblent  condamnées à naviguer entre Charybde et Scylla. Il y a péril et urgence,et en l’espèce, toutes les cartes et donc les responsabilités de ce qui peut advenir relèvent du pouvoir seul.

Un cadrage étatique qui se referme sur lui-même

Depuis son classement comme organisation terroriste en 2021, le MAK est appréhendé par les autorités exclusivement sous l’angle sécuritaire. Disons-le tout de suite, le MAK jusqu’à preuve fu ocntraire est un mouvement politique. Le discours officiel insiste sur le risque de fragmentation nationale, sur les influences extérieures et sur la nécessité de répondre avec fermeté à toute tentative de remise en cause de l’unité. Cette lecture univoque, en se focalisant sur la menace, reconduit l’idée que la répression constitue la seule réponse légitime. La réponse est déconnectée des réalités crues qui s’offrent aux citoyens.

Ce cadrage idéologique populiste se heurte à une impasse. En évacuant les dimensions historiques, culturelles et politiques de la question kabyle, le pouvoir s’enferme dans une logique défensive qui alimente les frustrations. L’absence d’espaces de dialogue, de mécanismes de médiation ou de reconnaissance pluraliste renforce un sentiment de confiscation du débat public. Le risque est alors de voir s’étendre une défiance diffuse, qui dépasse largement la seule région concernée.

Un mouvement qui prospère sur la polarisation

De son côté, le MAK s’efforce de construire son influence sur la dénonciation d’un « système » perçu comme uniformisateur et hostile à l’expression identitaire. La radicalité du discours de Ferhat Mhenni trouve un écho auprès d’une partie de la jeunesse kabyle, en Algérie comme dans la diaspora, marquée par le traumatisme politique du Printemps noir de 2001. Le mouvement s’enracine dans un ressentiment profond et réel, nourri par l’idée que la Kabylie a été laissée seule face à la répression sanglante du pouvoir, sans solidarité nationale manifeste à l’égard des 128 jeunes manifestants tués par balles réelles par des gendarmes, ni adhésion significative au projet politique fédérateur porté par la plateforme d’El Kseur, élaborée par consensus par les aarchs de Kabylie.

De cette désillusion est née un changement de paradigme progressive : le MAK est passé d’une revendication d’autonomie régionale à une option séparatiste assumée, ses dirigeants estimant que les voies institutionnelles étaient définitivement closes. Le mépris du régime a fait le lit de profonds ressentiments.

Cette dynamique est aujourd’hui entretenue sur les réseaux sociaux, où l’organisation diffuse un récit victimaire et polarisant, opposant un « peuple kabyle » idéalisé à un État présenté comme intrinsèquement oppressif, au risque de figer la question identitaire dans une logique d’affrontement sans débouché politique clair.

Toutefois, le mouvement n’échappe pas à ses propres contradictions : fonctionnement opaque, absence de stratégie politique crédible, alliances fluctuantes, dont la cohérence et les finalités interrogent et discours souvent déconnecté des réalités locales. Sa ligne de rupture totale, si elle peut mobiliser, ne propose pas d’horizon démocratique clair, laissant la question identitaire captive d’une logique de confrontation plus que de construction. Et sa proximité avec Israël etble courant de l’extrême droite en France n’est pas pour rassurer.

Une dynamique réciproque qui entretient la crise

L’un des aspects les plus préoccupants de cette confrontation réside dans son caractère autoréférentiel : la radicalité de l’un justifie la rigidité de l’autre, dans un cercle vicieux où chaque camp se légitime par l’excès qu’il attribue à son adversaire. Le pouvoir mobilise la rhétorique séparatiste pour resserrer son contrôle, légitimer la fermeture du champ politique et persister dans une logique visant à imposer un récit uniciste de l’identité nationale. Dans ce cadre, l’intégration de la dimension amazighe et de la langue tamazight est fréquemment présentée comme acquise, alors même qu’elle demeure largement cantonnée à des dispositifs symboliques, nourrissant le sentiment d’un décalage persistant entre reconnaissance constitutionnelle et réalité politique.

Ce rétrécissement du débat public et cette rigidification du discours institutionnel produisent également des effets sociaux et discursifs perceptibles. Sur les réseaux sociaux, certains groupes et individus se réclamant de courants idéologiques identifiables développent ainsi une rhétorique stigmatisante et injurieuse à l’encontre de la Kabylie, mobilisant un vocabulaire fortement péjoratif pour discréditer sa population et délégitimer les figures historiques qui en sont issues, allant jusqu’à relativiser, voire occulter, sa contribution à la Révolution.

Le MAK, en retour, s’appuie sur ce climat de fermeture et de stigmatisation pour renforcer son discours d’exclusion et son sentiment d’assiégement. Cette dynamique de rétroaction contribue à figer les positions, privant le débat national de toute nuance et enfermant la Kabylie dans une alternative faussée entre répression sécuritaire et surenchère identitaire.

L’impasse d’une gouvernance sans médiation

Au-delà du duel Pouvoir–MAK, la situation révèle un déficit structurel de médiation politique en Algérie. Les acteurs locaux porteurs d’un discours autonome mais non séparatiste – élus, universitaires, associations, forces culturelles – se trouvent marginalisés dans un contexte où toute critique est suspectée de collusion ou de dérive. La disparition de ces voix intermédiaires laisse le champ libre aux logiques d’affrontement, au détriment de toute perspective de sortie de crise. La chappe de plomb imposée depuis avril 2021 par le régime empêche toute possibilité de débats contradictoires et d’alternative.

Avec Tebboune on est dans l’incantation et la flagornerie avec le déni comme ligne de fuite. Dans un pays aussi pluriel que l’Algérie, la réduction de la question identitaire à un enjeu sécuritaire est dangereuse. Elle empêche de penser la diversité comme un socle de cohésion et non comme un risque. Elle fragilise le lien politique en imposant une unité proclamée plutôt que négociée et partagée.

Sortir du piège : un changement de paradigme nécessaire

Pour dépasser cette confrontation stérile, un changement profond de paradigme s’impose. Il passe par la réouverture du champ politique, la restauration de la confiance, la reconnaissance des expressions culturelles et linguistiques dans toute leur pluralité, mais aussi par la nécessité pour les acteurs régionaux de reconstruire un discours politique responsable, éloigné des simplifications dangereuses.

 En d’autres termes, réaffirmer la dimension algérienne de l’identité nationale, telle que la concevaient les militants primo-indépendantistes du mouvement nationaliste des années 1940 qui proclamaient une Algerie exclusivement algérienne n’excluant aucune de ses composantes : ethnique,  culturelle et linguistique. 

Ni la fermeture autoritaire ni la radicalisation identitaire ne constituent une issue. Ce que révèle aujourd’hui la tension entretenue par le pouvoir autour du  MAK, c’est la difficulté, pour l’Algérie, d’engager un débat national apaisé sur la diversité et l’appartenance. Tant que ce débat restera confisqué ou instrumentalisé, le pays demeurera pris entre Charybde et Scylla, condamné à naviguer entre deux périls nourris l’un par l’autre.

Sofiane Ayache

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Alɣu n timunent n ukabar MAK : amek i d-ixf-is ?

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Printemps noir
Akabar n MAK ilul-d di 2001, seg Umussu Amaziɣ, si tɣennant akked tekriṭ n tsertit n udabu n tmurt n Lezzayer.

Alɣu n timunent/déclaration d’indépendance i yesker ukabar n MAK s yisem n tmurt n Taqbaylit/Kabylie, deg wass n 14 dujamber 2025 di temdint n Paris, tezgel tagejdit tamezwarut n tiɣri n timunent : di yal tamurt deg umezruy n umaḍal ur d-tlul tmurt-nni s tiɣri d-ikkan si berra n tmurt.

Kra n imedyaten kan :   

  • Alɣu n timunent n Iwanaken Idduklen/Etats-Unis n Marikan, illa-d di 04/07/1776 di « Independence Hall »  di  Philadelphie ; illa-d s 13 iwanaken/Etats imezwura.
  • Israël : di 14 maggu 1948,  deg usalay/musée d’art n Tel Aviv. 
  • Vietnam : di 2 ctamber/septembre 1945 di tferka n ijeǧǧigen Ba Dinh di Hanoi.
  • Irlande : di 21 yennayer 1919 di Dublin, syin Legliz iqbel-itt di 6 dujamber 1921.

Di ṭṭrad n timunent n tmurt n Lezzayer, gar 1954 d 1962, ayen iṭṭfen GPRA ur iskir alɣu n timunent qbel ad ifru akked Fransa, d tamsalt-nni n wakal : ALN ur iṭṭif tardast tilellit seg wakal n Lezzayer (zone libérée), akken GPRA ad yizmir ad iger tiɣri s timunent n tmurt. ALN ur llin gar ifassen-is yemrigen/armes imeqqranen swayes izmer ad iqabel tazmert tameqqrant n Fransa : imruden (canons, artillerie) akked timesrugaf n ṭṭrad.

Akabar n MAK ilul-d di 2001, seg Umussu Amaziɣ, si tɣennant akked tekriṭ n tsertit n udabu n tmurt n Lezzayer. Timenɣiwt n 130 yemdanen i d-ikkren, ifassen d ilmawen, akken kan ad suɣen s lbaṭel iḍran ilmend n tmenɣiwt n Masinisa Guermah di tzeqqa n ijadarmiyen, ur tezmir ad tekkes di yal admeɣ. D awcem, illa, ad d-iqqim ur inegger.

Timenɣiwt-nni n Izzayriyen s ufus n iserdasen n tmurt n Lezzayer tekka-d si tsertit n taârabt-tinneslemt n FLN icudden tamurt si 1962 akken ad bnun tamurt ur nelli, ad kksen tamurt illan si nnig 30 leqrun n umezruy. Din i d-ikka wugur.

Maca, abrid n beṭṭu i d-iwwi ukabar n MAK, ur illi d abrid issuffuɣen. Tamurt yiwet i yellan, d tin i sduklen imezwura, d Tamazɣa, tezdi seg yixef ɣer yixef. 

Si tazwara n umezruy, d imnekcmen, yiwen deffir wayeḍ, i tt-ibḍan d tiḥedrin. Mačči d tarwa n tmurt ara yazzlen ass-a ɣer beṭṭu nniḍen.

D timanit-nni n yal tamnaṭ i yellan zik, i d abrid issuffuɣen akken yal tamnaṭ ad tizmir ad tefru uguren n tmeddurt n tarwa-s deg wakal-is. Uguren n tudert n udrar, n uzaɣar, n tiniri mgaraden, akken mgaradent treẓmiwin/solutions n ferru-nsen.

Alɣu n timunent n MAK ur issefk ad iqqim kan d anzel n tsertit n tekriṭ deg ufus n udabu, azekka win d-ineṭqen s wawal n izerfan, ad as-isbeɣ ‘’tacrurt n MAK’’, ad ittwarez ɣer lḥebs.

Issefk tiririt i tiɣri n MAK akked tsusmi n wid akk ur nezmir ad d-suɣen si nnig 60 iseggasen :  issefk ad ibeddel udabu abrid-is, tikli-s, tasertit-is, tigawt-is akken ad tebnu Lezzayer tazzayrit ɣef tgejda n umezruy-is, di talwit akked tmura d-izzin n Tamazɣa.

Ma yella walɣu i negguni ugar d alɣu n timunent n tmurt n Lezzayer, akken ad tekkes icuddan i tt-iqnen ɣer Liga Aârabiya.  

Ass-nni, ad d-ffɣen imeḥbas ittwarzen, ur nɣin ur ukiren, ad tbedd tutlayt tamaziɣt d tutlayt tunsibt tamezwarut, ad tekcem deg uɣerbaz di yal tamnaṭ n tmurt, ad bedden izerfan isertan n yemdanen akken ad gren afus di tmurt-nsen, akken wid yuysen ur rekkben di teflukin n twaɣit i trewla ɣer tmura n medden.

Akken diɣ azekka ur d-ittili iceqqiq i tlalit n tikta n ‘’desperados’’ n ‘’dewla islamiyya’’.

Awal aneggaru, si tmuɣli-nneɣ, ayen akk i nesla, i neɣra ussan-a ɣef tedyant-a, di yal annar n uẓeṭṭa n internet akked yeɣmisen, d tikuffta kan n wayen ikeblen iseggasen d iseggasen, nekkni ad t-nẓer kan zun d almud n tugdut, di tikli n ddaw ubrid, nnig ubrid.

Tidet, ur illi yiwen d aḥerki n wayeḍ, ur illi yiwen d axabit n wayeḍ, acku yesdukel-aɣ akk usirem n bennu n tmurt-nneɣ tameqqrant, akken azekka ad yimɣur ccan-is…   

Aumer U Lamara 

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Ferry Sète-Béjaïa : quelles raisons derrière l’interruption de la traversée ?

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Le bateau de la compagnie GNV
Le bateau de la compagnie GNV qui devait rejoindre Bejaia a été bloqué à Sète. Crédit photo : 34 infos.

L’immobilisation d’un navire de la compagnie italienne GNV au port de Sète, ayant laissé plusieurs centaines de passagers algériens bloqués durant de longues heures, remet une nouvelle fois en lumière les fragilités du transport maritime reliant la France à l’Algérie. Mais pourquoi ce ferry n’a-t-il pas pu prendre la mer ? Et qu’est-ce qui se cache derrière l’enquête qui a suivi ?

Samedi 13 décembre, environ 650 passagers, billets en main, se sont vu refuser l’embarquement. La traversée prévue à 6h du matin a été retardée de 16 heures, provoquant colère et incompréhension. Des familles avec enfants ont attendu dans le froid, sans aucune explication claire, tandis que des mouvements de protestation ont temporairement perturbé la circulation autour du port.

Derrière cette décision, une enquête judiciaire supervisée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a été ouverte. Les autorités françaises ont reçu des informations des services de renseignement italiens concernant la présence d’un logiciel malveillant dans le système informatique du navire, capable de prendre le contrôle de certaines fonctions critiques. Mais qui est responsable de cette attaque ? Et quels risques auraient pu courir les passagers ?

Deux marins ont été interpellés dans le cadre de l’enquête : un Letton, placé en détention provisoire pour « atteinte au système de traitement automatisé de données dans le cadre d’un groupe organisé et détention de logiciel malveillant, au profit probable d’une puissance étrangère », et un Bulgare relâché faute de preuves. Le ministre français de l’Intérieur, Laurent Nunez, a évoqué l’éventuelle implication d’un État étranger, sans le nommer, tandis que certains médias évoquent des liens avec la Russie.

La compagnie GNV a assuré que l’attaque avait été neutralisée et que les systèmes vitaux du ferry n’avaient subi aucun dommage. Cependant, le manque de communication et d’accompagnement a renforcé la frustration et l’inquiétude des passagers.

Alors que le navire a finalement pu prendre la mer après autorisation des autorités maritimes, plusieurs questions restent sans réponse : qui est derrière cette tentative de piratage ? Quels moyens ont été utilisés ? Et quelles mesures seront prises pour garantir la sécurité des futures traversées ?

Mourad Benyahia 

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Le Maroc rugit à Doha et soulève la Coupe arabe

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L'équipe du Maroc
Le Maroc champion arabe

Le Maroc a inscrit une nouvelle page glorieuse de son football : les Lions de l’Atlas ont remporté la Coupe arabe, ce jeudi 18 décembre à Doha, en s’imposant 3-2 face à une Jordanie coriace après prolongations. C’est le deuxième titre arabe pour le Maroc, douze ans après celui de 2012 en Arabie Saoudite.

Dès le coup d’envoi, les Marocains ont montré leur ambition : Oussama Tannane ouvrait le score dès la 3ᵉ minute, offrant un premier frisson aux supporters. La Jordanie répondait dans la seconde période avec deux buts d’Olwan (48ᵉ et 68ᵉ minutes), mais Abderrazak Hamdallah, entré en jeu, redonnait espoir aux Lions de l’Atlas en égalisant à la 87ᵉ minute. La délivrance venait en prolongations : Hamdallah inscrivait le but de la victoire à la 100ᵉ minute, scellant un succès historique.

Les demi-finales avaient déjà mis en lumière la force des deux finalistes : la Jordanie avait éliminé l’Arabie Saoudite (1-0), tandis que le Maroc balayait les Émirats arabes unis (3-0).

À la fin du match, le Roi Mohammed VI a félicité chaleureusement les joueurs et le staff, saluant leur performance et leur engagement. Partout au Maroc, de Rabat à Casablanca, de Fès à Tanger, en passant par Oujda, des milliers de supporters ont célébré cette victoire dans une liesse populaire, témoignant de la fierté collective d’un royaume tout entier derrière ses Lions.

Ce sacre couronne le travail acharné et le talent d’une génération de footballeurs qui, avec passion et détermination, ont offert aux Marocains un nouveau moment de gloire et de reconnaissance sur la scène arabe.

Djamal Guettala

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Incident historique à la Coupe arabe : le match pour la 3ᵉ place interrompu à Doha

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Coupe arabe

La Coupe Arabe 2025, organisée au Qatar, a été marquée jeudi 18 décembre par un événement inédit : le match pour la troisième place entre l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis a dû être interrompu en raison de pluies torrentielles s’abattant sur le stade Khalifa.

C’est la première fois dans l’histoire de la compétition qu’un match est stoppé pour cause météorologique.

Les joueurs des deux équipes ont rapidement fait part au corps arbitral de leur difficulté à se déplacer librement sur un terrain devenu extrêmement glissant et partiellement inondé. Après un test de course sur la pelouse, l’arbitre a pris la décision de suspendre temporairement la rencontre afin de permettre l’évacuation des eaux. Cet incident survient malgré le fait que le stade Khalifa soit équipé des technologies les plus modernes en matière de drainage et d’assèchement des terrains, rappelant que même les infrastructures les plus avancées ne sont pas totalement à l’abri des caprices du climat.

Selon la chaîne qatarie Al-Kass, le personnel du stade s’est aussitôt mobilisé pour drainer l’eau accumulée, alors que la ville de Doha célébrait la fête nationale du Qatar. La journée était marquée par des cérémonies officielles et des défilés populaires, rendant la situation d’autant plus remarquable et inhabituelle.

Cet arrêt restera gravé dans la mémoire des supporters et des acteurs de la compétition, ajoutant un épisode inédit à l’histoire de la Coupe Arabe. La forte présence du public dans les tribunes, malgré les conditions difficiles, témoigne de l’engouement et de la passion pour cette édition du tournoi.

Au-delà de l’anecdote, cet événement rappelle que le football reste soumis aux aléas de la nature. Il met en lumière la nécessité pour les organisateurs de prévoir des solutions d’urgence même dans des infrastructures de pointe et souligne la résilience des joueurs et des supporters face aux imprévus.

La rencontre entre l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis restera donc comme un moment historique, symbole d’un imprévu exceptionnel dans un tournoi déjà riche en émotions et en surprises, et montre que le sport, parfois, doit s’incliner devant les éléments.

Djamal Guettala

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Le Caire brandit ses « lignes rouges » face au chaos soudanais

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Abdel Fattah al-Sissi et le général Abdel Fattah al-Burhan,
Abdel Fattah al-Sissi et le général Abdel Fattah al-Burhan au Caire. Crédit photo : DR

L’Égypte a durci son discours à l’égard de la crise soudanaise, avertissant qu’elle ne tolérerait aucun dépassement de ses « lignes rouges » et laissant entendre qu’une intervention militaire pourrait être envisagée pour protéger ses intérêts.

Cette position égyptienne a été exprimée dans un communiqué officiel publié jeudi à l’issue de la rencontre au Caire entre le président Abdel Fattah al-Sissi et le général Abdel Fattah al-Burhan, président du Conseil de souveraineté soudanais.

Le communiqué souligne que la préservation des institutions étatiques soudanaises et l’intégrité territoriale du pays constituent des impératifs non négociables pour Le Caire. Toute tentative de fragmentation ou de création d’entités parallèles est considérée comme une menace directe pour la sécurité nationale égyptienne. Selon la présidence, l’Égypte se réserve le droit de recourir à toutes les mesures prévues par le droit international et par l’accord de défense commune liant les deux pays.

Dans ce contexte, l’Égypte réaffirme son refus catégorique de toute initiative visant à diviser le territoire soudanais ou à reconnaître des structures parallèles. Cette ligne de fermeté traduit l’inquiétude du Caire face aux risques d’implosion durable de l’État soudanais et de déstabilisation régionale.

Le communiqué exprime également une profonde inquiétude face aux violences et aux violations des droits humains au Soudan, notamment dans la ville d’El-Fasher, qui symbolise l’ampleur de la crise humanitaire. Dans ce cadre, l’Égypte plaide pour la mise en place d’une trêve humanitaire, incluant des couloirs et zones sécurisées pour les civils, en coordination avec les institutions officielles soudanaises.

Enfin, Le Caire réaffirme son soutien aux initiatives internationales visant à désamorcer le conflit et à favoriser un règlement politique, notamment dans le cadre de la « quadripartite internationale ». Derrière le ton ferme du communiqué, la position égyptienne révèle surtout l’ampleur des craintes du Caire face à un conflit soudanais devenu un enjeu central de sécurité régionale, dont les répercussions dépassent largement les frontières du pays.

Mourad Benyahia 

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Le procès de l’écrivaine Zineb Mellizi renvoyé par le tribunal de Bir Mourad Raïs

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Zineb Melizi
Zineb Melizi sous le coup de poursuites judiciaires. Crédit photo : DR

L’écrivaine et éditrice Zineb Mellizi, connue également sous le prénom Salima dans le milieu culturel, voit son procès renvoyé au 29 janvier 2026 par le tribunal de Bir Mourad Raïs. Le report a été décidé en raison de l’absence de la partie plaignante, Ibtissam Hamlaoui, présidente du Croissant-Rouge algérien et de l’Observatoire national de la société civile.

Le 30 octobre 2025, la justice avait placé Zineb Mellizi en détention provisoire, à la suite d’un message publié sur Facebook contenant des critiques à l’encontre d’Ibtissam Hamlaoui. Moins de vingt-quatre heures plus tard, elle était remise en liberté, tout en restant poursuivie.

Cet épisode a ravivé le débat sur la judiciarisation de l’expression sur les réseaux sociaux et l’équilibre entre responsabilité juridique et liberté d’opinion.

Des poursuites liées à une publication en ligne

Les chefs d’accusation retenus contre Zineb Mellizi incluent : outrage à fonctionnaire, menace envers un agent public dans l’exercice de ses fonctions et non-respect de convocations officielles.

Ces accusations reposent exclusivement sur le contenu d’une publication diffusée sur un réseau social, soulevant la question de la frontière entre critique légitime et atteinte aux institutions.

Le dossier dépasse le simple litige entre deux individus. La position d’Ibtissam Hamlaoui à la tête de deux institutions nationales majeures a conféré à l’affaire une forte visibilité. Des débats récents sur la gestion interne du Croissant-Rouge ont renforcé l’attention portée à ce dossier, déjà sensible dans l’opinion publique.

Absence de liberté d’expression

L’affaire Mellizi s’inscrit dans un contexte plus large où plusieurs journalistes et intellectuels ont été poursuivis pour leurs écrits ou leurs prises de position. Les réseaux sociaux, espace central du débat public, sont particulièrement surveillés.

Si les autorités invoquent la protection des institutions et de leurs représentants, certains observateurs estiment que ces poursuites reflètent un resserrement de l’espace d’expression, au détriment du pluralisme des opinions.

Une audience attendue fin janvier

La prochaine audience, prévue pour fin janvier 2026, est attendue comme un moment clé. Elle pourrait clarifier les contours juridiques de l’affaire et offrir une indication sur la manière dont la justice algérienne traite la critique publique dans l’espace numérique.

Au-delà du sort de Zineb Mellizi, c’est une fois de plus la liberté d’expression en Algérie qui est interrogée.

Rabah Aït Abache

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