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Batna–Khenchela : le « projet du siècle » s’enlise

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Le projet de route Batna -Khenchela s'enlise.
Un projet qui peine à se concrétiser.

Annoncé comme une infrastructure majeure capable de désenclaver les Aurès, le projet de la route Batna–Khenchela peine à sortir de terre. Surnommé par certains médias le « projet du siècle », il devait transformer la route nationale 88 en une voie à double chaussée, modernisée et sécurisée. Mais deux ans après le lancement des travaux et malgré une section inaugurée, le chantier reste un exemple des lenteurs chroniques des grands projets publics en Algérie.

Le projet a débuté fin 2021 avec un budget de 2 milliards de dinars, confié à plusieurs entreprises nationales. Une section de 14 kilomètres a été mise en service en mai 2024 et inaugurée par Abdelmadjid Tebboune en personne. Il fallait bien lui faire plaisir et faire croire à l’opinion que « la nouvelle Algérie » de Tebboune est efficace.

Cependant, cette portion, bien que symbolique, ne reflète qu’une fraction de l’ambition initiale, et ses bénéfices réels sur la circulation restent limités. Autrement dit, de l’affiche pur. Le reste du tracé, lui, accuse un retard inquiétant. Certains tronçons présentent déjà des dégradations, avec des nids-de-poule et un revêtement inégal, mettant en danger les automobilistes.

Les habitants et transporteurs dénoncent une planification déficiente et un manque de contrôle. Les entreprises adjudicataires, bien que nombreuses, semblent dépassées par l’ampleur du chantier. Le contraste est frappant : un projet affiché comme vitrine du développement régional se heurte à des problèmes techniques et organisationnels qui freinent toute avancée tangible. C’est l’incompétence et l’improvisation à tous les niveaux.

Au-delà de l’aspect logistique, ce retard révèle une déconnexion persistante entre promesses politiques et réalité sur le terrain. 

La population locale, qui attendait une amélioration significative de ses conditions de déplacement, se retrouve face à un chantier à moitié achevé, incapable de répondre aux besoins quotidiens. Pour les zones rurales, déjà isolées, cette route devait représenter une bouffée d’oxygène économique et sociale ; elle demeure un symbole de frustration.

Les enjeux économiques et sociaux sont pourtant évidents. La route Batna–Khenchela constitue un axe vital pour le transport des personnes et des marchandises, et sa modernisation pourrait stimuler le commerce local, faciliter l’accès aux services publics et réduire l’isolement des villages environnants. Aujourd’hui, ces promesses restent largement théoriques.

Ce projet, censé être un levier de développement, illustre surtout les limites du suivi et de l’exécution dans les grands chantiers publics. La question n’est plus seulement celle de l’achèvement, mais de la capacité des autorités à garantir cohérence, qualité et calendrier. Tant que les travaux restent suspendus entre communication politique et retard technique, le « projet du siècle » risque de rester un slogan plus qu’une réalité.

La route Batna–Khenchela, si elle veut tenir ses promesses, doit sortir de l’ombre des discours officiels. Les Aurès méritent une infrastructure digne de ce nom, achevée dans les délais, et non une vitrine partielle qui masque des années de lenteur et d’impréparation.

Mourad Benyahia 

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Escroquerie en ligne : démantèlement de 32 réseaux et arrestations de 197 individus

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DGSN
Des éléments de la DGSN. Crédit image : Radio Algérie

La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a annoncé ce mardi le démantèlement de vastes réseaux spécialisés dans l’escroquerie en ligne, et ce précise ce corps de sécurité, « dans le cadre du renforcement de la sécurité numérique et de la protection des citoyens et de leurs biens contre la criminalité électronique ».

Selon la DGSN, une opération d’envergure, menée à l’échelle nationale par le Service central de lutte contre la criminalité cybernétique (SCLC) et ses équipes spécialisées, a ciblé des groupes impliqués dans le phishing et les fraudes via Internet à travers l’ensemble des wilayas du pays.

Les investigations, qui se sont étalées sur plusieurs jours et ont été appuyées par des techniques avancées de recherche et d’enquête numériques, ont été conduites sous la supervision des procureurs de la République compétents, indique la même source, précisant que ces investigations ont abouti « au démantèlement de 32 réseaux criminels organisés, dont un réseau à dimension internationale opérant depuis un pays asiatique, avec l’arrestation de cinq de ses membres ».

Au total, 197 personnes ont été interpellées, parmi lesquelles 31 faisaient l’objet de mandats d’arrêt pour des affaires d’escroquerie.

Les analyses criminelles des données ont permis de mettre en lumière les méthodes employées pour collecter des informations sur les victimes. Ces pratiques reposaient notamment sur « l’ingénierie sociale », « le phishing », « l’utilisation de logiciels malveillants de vol d’informations » et « l’usurpation d’identité d’entreprises publiques et privées ».

Les préjudices financiers causés aux victimes dépassent 52 milliards et 900 millions de centimes en monnaie nationale, en plus d’autres sommes en devises étrangères.

Les mis en cause ont été présentés devant les procureurs de la République territorialement compétents, ajoute la DGSN, appelant les citoyens « à faire preuve de prudence et de vigilance dans leurs échanges électroniques et bancaires sur Internet », « à vérifier l’origine des messages et des appels reçus », et « à éviter de partager des informations personnelles ou de cliquer sur des liens suspects ».

F.B-Radio Algérie Multimédia

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Droit de change pour voyage à l’étranger : nouvelles modalités de règlement

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Banque d'Algérie
La Banque d'Algérie. Crédit image : APS

La Banque d’Algérie (BA) a précisé, à travers deux notes adressées aux banques les 15 et 16 décembre courant, les modalités de règlement de la contre-valeur en dinars du droit de change pour voyage à l’étranger.

Dans une note datée du 15 décembre, signée par le Directeur général de son inspection générale, la BA a rappelé aux banques l’obligation d’observer rigoureusement les dispositions de l’instruction n 05-2025 du 17 juillet 2025 relative au droit de change pour voyage à l’étranger, notamment celles prévues à son article 10.

A ce titre, les banques sont tenues de s’assurer que les capacités financières du bénéficiaire effectif lui permettent de s’acquitter, pour son propre compte ou au profit des personnes apparentées, telles que définies par l’instruction, du montant afférent à l’opération, conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur.

Par conséquent, l’octroi du droit de change est désormais subordonné à la détention, par le demandeur, d’un compte bancaire. Les établissements bancaires doivent, dans ce cadre, mettre en œuvre l’ensemble des mesures de vigilance prévues par les textes en vigueur, notamment celles relatives à la connaissance du client, à la vérification de l’identité et à l’évaluation de la cohérence des opérations avec le profil du titulaire.

La contre-valeur en dinars du montant en devises doit être réglée exclusivement par des moyens scripturaux émis par les banques, tels que la carte CIB, le chèque bancaire ou tout autre instrument scriptural autorisé. Le paiement en espèces n’est plus admis.

Par ailleurs, les banques doivent informer les bénéficiaires ayant séjourné à l’étranger pour une durée effective inférieure à sept (07) jours, de l’obligation de restituer le montant du droit de change perçu, sous peine de perdre le bénéfice de ce droit pour une durée de cinq (05) années, sans préjudice de poursuites judiciaires.

Ces dispositions visent à sécuriser les conditions d’octroi du droit de change, à garantir son utilisation par les seuls bénéficiaires effectifs et à assurer le bon déroulement de l’opération, précise la note, qui entre en vigueur à compter de la date de sa signature.

Dans une seconde note datée du 16 décembre, signée par la Directrice générale des changes, la BA souligne que l’encaissement de la contre-valeur en dinars du droit de change relève désormais exclusivement des banques, l’octroi de ce droit étant conditionné à la détention d’un compte bancaire.

Le règlement sera effectué directement auprès de la banque par le bénéficiaire effectif du droit de change ou par tout national résident au profit de son conjoint ou de ses ayants droit, conformément aux dispositions de l’article 5 de l’instruction n 05-2025.

Les adaptations introduites visent à rationaliser les circuits de paiement de la contre-valeur en dinars et à permettre aux banques d’assurer une meilleure gestion des flux financiers liés à ce droit de change, conclut le document.

APS

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Pétrole : le Brent chute à 58,92 dollars le baril

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Baril

Les cours du pétrole ont reculé mardi soir, pour la quatrième séance consécutive, subissant de plein fouet les effets de questions géopolitiques.

En terminant à 58,92 dollars (-2,71%), la référence européenne pour livraison en février (le Brent) a même atteint un plus bas en clôture depuis février 2021.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison en janvier, a reculé de 2,73% à 55,27 dollars.

APS

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Emmanuel Macron à Marseille : sécurité, narcotrafic et annonces sous le regard des quartiers

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Emmanuel Macron à Marseille à côté de Benoît Payan, maire de la ville. Crédit image : DR

Le président français Emmanuel Macron s’est rendu à Marseille, mardi 16 décembre 2025, pour une visite officielle centrée sur la lutte contre le narcotrafic, la régulation des réseaux sociaux et le suivi des engagements de l’État dans la deuxième ville de France. Un déplacement à forte charge symbolique et politique, dans un contexte marqué par des violences persistantes liées aux trafics de stupéfiants.

La visite a débuté par un moment de recueillement. Emmanuel Macron s’est rendu sur la tombe de Mehdi Kessaci, en présence de son frère Amine. Ce geste, voulu comme un signe de reconnaissance et de solidarité, s’inscrit dans une séquence mémorielle destinée à rappeler le coût humain des violences urbaines et à placer la question sécuritaire au cœur du déplacement présidentiel.

Dans la continuité, le chef de l’État a annoncé une mesure phare : le relèvement de l’amende forfaitaire délictuelle infligée aux consommateurs de drogues. Actuellement fixée à 200 euros, celle-ci devrait passer à 500 euros. Emmanuel Macron a justifié cette décision par la nécessité de renforcer la dissuasion et de réduire la demande, qu’il considère comme un moteur essentiel du narcotrafic. « Ce n’est pas festif de se droguer », a-t-il déclaré, assumant une ligne de fermeté sur le sujet.

Le président a également insisté sur l’évolution des modes opératoires des réseaux criminels. Selon lui, une part croissante du trafic de stupéfiants s’organise désormais via les réseaux sociaux et les messageries chiffrées, ce qui impose une adaptation des outils judiciaires et policiers. La lutte contre le narcotrafic passe ainsi, selon l’exécutif, par un renforcement des moyens techniques et législatifs face au numérique.

À la mi-journée, Emmanuel Macron a échangé avec des lecteurs de la presse régionale autour de la question de la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux. Il a évoqué la possibilité de restreindre l’accès à ces plateformes pour les mineurs de moins de 15 ou 16 ans, estimant que les réseaux sociaux contribuent à la diffusion de contenus violents, à la désinformation et à certaines formes de délinquance. Cette proposition s’inscrit dans un débat plus large sur la régulation du numérique, engagé au niveau national et européen.

L’après-midi a été consacré aux questions de sécurité de proximité. Le président a inauguré le nouveau commissariat des 13ᵉ et 14ᵉ arrondissements de Marseille, aux côtés notamment du ministre de la Justice Gérald Darmanin, du ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, du maire de Marseille Benoît Payan, de la présidente de la Métropole Martine Vassal et du président de la Région Sud Renaud Muselier. Les responsables policiers présents ont souligné la nécessité de moyens supplémentaires, en particulier pour remonter les filières et frapper les réseaux à leur sommet, notamment sur le plan financier.

C’est également dans ce commissariat qu’Emmanuel Macron a rencontré la mère de Socayna, jeune étudiante tuée en septembre 2023 par une balle perdue alors qu’elle se trouvait dans son appartement. Cet échange, non inscrit initialement au programme, a rappelé la dimension humaine et tragique de la violence liée au narcotrafic à Marseille et le poids des attentes en matière de justice.

En fin d’après-midi, le chef de l’État s’est rendu à la prison des Baumettes. Cette séquence a permis d’aborder les questions liées à l’institution pénitentiaire, à la lutte contre le crime organisé et aux conditions de détention. Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de maintenir une politique pénale ferme à l’égard des trafiquants, tout en évoquant la nécessité de réformes structurelles à long terme.

La visite s’est conclue par un passage à la gare Saint-Charles, où le président a évoqué le vaste chantier de modernisation engagé pour plusieurs années. Ce projet est présenté par l’exécutif comme un élément clé du développement urbain et économique de Marseille.

À travers ce déplacement, Emmanuel Macron a cherché à afficher l’engagement de l’État face aux défis sécuritaires, sociaux et urbains auxquels Marseille est confrontée. Reste désormais la question centrale de la mise en œuvre effective des annonces, dans une ville où les promesses publiques sont systématiquement jugées à l’aune de leur traduction concrète sur le terrain.

Mourad Benyahia 

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Mondial 2026 : Noureddine Kourichi analyse la poule des Verts et pointe Messi et l’Argentine

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Noureddine Korrichi
Noureddine Korrichi

Dans un entretien exclusif pour annasronline, l’ancien international Noureddine Kourichi revient sur le tirage au sort du Mondial 2026, qui a placé l’Algérie dans la dixième poule avec l’Argentine, l’Autriche et la Jordanie. Pour lui, cette configuration offre autant de défis que d’opportunités pour les Fennecs.

L’élément le plus marquant, selon Kourichi, est le premier match contre l’Argentine. « Le match face à l’Argentine est un atout, pas un obstacle », affirme-t-il. L’ancien joueur observe que l’équipe sud-américaine n’est plus celle du triomphe qatari en 2022 : plusieurs cadres ont vieilli et Lionel Messi, bien qu’étant une légende vivante, n’est plus au sommet de son art. « Messi aura 39 ans et plusieurs joueurs clés ont perdu un peu de leur vigueur. Cela ne diminue pas leur qualité, mais cela rend la rencontre plus abordable », analyse-t-il, insistant sur le fait qu’un bon résultat dès la première journée serait un énorme booster de confiance pour les Verts.

La confrontation avec la Jordanie, perçue comme plus accessible, nécessite tout de même vigilance. « Sur le papier, c’est le match le plus facile, mais la concentration et le sérieux restent essentiels pour assurer la qualification », souligne Kourichi. La victoire face à la Jordanie est selon lui la clé pour prétendre à la deuxième place du groupe ou à une qualification comme meilleur troisième.

Le duel final contre l’Autriche porte une dimension historique particulière. Kourichi rappelle le Mondial 1982, lorsque l’Autriche s’était entendue avec l’Allemagne pour éliminer l’Algérie malgré la prestation héroïque des Verts. « Cette rencontre est l’occasion de laver cette humiliation historique », insiste-t-il, soulignant l’esprit de revanche et la détermination nécessaires.

Pour réussir, plusieurs facteurs sont essentiels : stabilité de la composition, cohésion collective et homogénéité de l’équipe. « Éviter les changements incessants, permettre aux joueurs de se connaître parfaitement et renforcer la défense, c’est fondamental », explique Kourichi. Il insiste aussi sur la Coupe d’Afrique des Nations comme répétition générale pour fixer l’ossature de l’équipe et développer l’osmose entre les joueurs.

« Le groupe est solide et motivé, il peut aller loin », conclut-il. Selon Kourichi, battre la Jordanie et obtenir un résultat positif contre l’un des grands rapprochera l’Algérie du second tour, avec de réelles chances de créer l’histoire.

Djamal Guettala

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Édouard Philippe et le négationnisme colonial : quand l’histoire vacille et que la gauche se tait

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Edouard Philippe avec Christian Estrosi, maire de Nice.
Edouard Philippe avec Christian Estrosi, maire de Nice. et Lou Festin Nissart. Crédit @edouardphilippe

Le 10 décembre 2025 restera dans les annales de la mémoire coloniale française. Sur LCI, Édouard Philippe, maire du Havre, ancien premier ministre et probable candidat à la présidentielle de 2027, a été interrogé par le journaliste Jean-Michel Aphatie : « La colonisation est-elle un crime ? »

Sa réponse, lapidaire et choquante, fut : « Non. » Un simple mot, mais chargé d’une signification lourde : un refus de reconnaître les violences, les crimes et les massacres commis pendant la longue histoire de l’empire colonial français. Cette déclaration n’est pas un simple dérapage, elle s’inscrit dans un courant idéologique qui refuse de faire face à la vérité historique.

Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire spécialisé dans l’histoire coloniale, souligne que cette réponse illustre un phénomène récurrent au sein de certaines droites dites traditionnelles et parmi les nostalgiques de l’Algérie française : la négation ou la réécriture de l’histoire coloniale. Selon lui, la réponse de Philippe peut résulter soit d’une ignorance manifeste des faits historiques – ce qui est surprenant au vu de son parcours académique – soit d’une stratégie délibérée visant à séduire une fraction de l’électorat sensible aux thèses révisionnistes. La question coloniale, longtemps éclipsée dans le débat public et académique, reste un terrain électoral sensible.

Le Cour Grandmaison rappelle que les grandes écoles fréquentées par Philippe – hypokhâgne au lycée Janson-de-Sailly, Sciences-Po, puis l’ENA – ont longtemps marginalisé l’enseignement de l’histoire coloniale. Ces institutions ont contribué à diffuser ce qu’il appelle le « roman impérial-républicain », un récit mythifié de l’expansion française où la colonisation est présentée comme un projet civilisateur et universel, occultant les guerres sanglantes, les massacres, les déportations et l’oppression systématique des peuples colonisés. Jules Ferry et ses alliés, selon ce récit, auraient mené une « œuvre civilisatrice », masquant derrière des discours sur l’universalisme les réalités brutales de la conquête.

Cette vision apologétique de la colonisation a été renforcée sur le plan législatif par la loi du 23 février 2005, qui rend hommage aux acteurs de la présence française en Afrique du Nord et en Indochine. Le texte, jamais abrogé, a officialisé une mémoire sélective et partielle, contribuant à la diffusion d’une interprétation louangeuse de l’histoire coloniale. Pour Le Cour Grandmaison, cette loi a ouvert la voie à une série de distorsions historiques, relayées et amplifiées par des médias et des acteurs financiers proches des sphères conservatrices. Vincent Bolloré, les éditions Fayard et d’autres officines médiatiques ont ainsi participé à la diffusion de récits révisionnistes, renforçant un courant qui tend à justifier ou banaliser la colonisation et ses violences.

Au-delà des institutions et des médias, ce courant trouve un écho dans les extrêmes-droites et leurs tentatives de modeler la mémoire collective pour servir des agendas politiques contemporains. Alain de Benoist et ses émules ont théorisé dès les années 1970 une « métapolitique » destinée à conquérir l’influence culturelle et électorale. Aujourd’hui, cette stratégie se déploie dans les médias, les spectacles et les publications, où des mythes impériaux sont présentés comme des vérités historiques incontestables.

Face à cette offensive idéologique, le silence des gauches politiques est préoccupant. La déclaration d’Édouard Philippe aurait dû susciter une réaction massive, mais elle a été largement ignorée, les forces progressistes estimant sans doute qu’il s’agit d’un épisode secondaire. Cette passivité laisse le champ libre aux falsificateurs de l’histoire, permet aux récits révisionnistes de se diffuser et affaiblit les initiatives visant à reconnaître les crimes coloniaux et leurs victimes.

Olivier Le Cour Grandmaison insiste sur l’urgence d’une réponse organisée et déterminée : reconnaître les crimes coloniaux, défendre les libertés académiques, restituer les biens spoliés et engager des réparations sont autant d’étapes nécessaires pour corriger une mémoire nationale déformée. La négation de l’histoire coloniale inflige une double violence : elle efface la souffrance des victimes et brouille la compréhension des enjeux contemporains liés à l’héritage colonial. Les massacres du 17 octobre 1961, la répression de la guerre d’Algérie, les violences institutionnelles et symboliques subies par les populations afro-descendantes et post-coloniales illustrent cette injustice persistante.

La réponse d’Édouard Philippe n’est donc pas anodine. Elle révèle la persistance d’un négationnisme colonial intégré dans la sphère politique et médiatique, et le danger que représente le silence des forces de gauche face à cette réécriture de l’histoire. Au-delà du geste d’un homme, c’est une mémoire collective, une vérité historique et une justice symbolique qui sont en jeu. Face à l’instrumentalisation de l’histoire, il est impératif que les forces progressistes reprennent la parole, défendent la vérité et réaffirment la nécessité d’une mémoire fidèle aux faits, pour que le passé cesse d’être détourné au service de stratégies électorales et idéologiques.

Synthèse Djamal Guettala 

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Mohamed Amine Belghit s’excuse auprès du Tebboune après sa grâce

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Mohamed Lamine Belghit
Le nihiliste et raciste Mohamed Lamine Belghit s'excuse auprès de Tebboune. Crédit photo : DR

​L’universitaire et enseignant en histoire anti-amazigh, Mohamed El Amine Belghith a présenté ses excuses écrites au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, reconnaissant son erreur. Pathétique personnage dont le zèle n’a d’égal que sa haine envers la dimension amazighe.

Cette démarche, rapportée par le journal El Khabar, intervient immédiatement après que le président de la République a signé un décret de grâce totale en sa faveur, annulant le reste de la peine.

​Dans sa missive, le professeur Mohamed Amine Belghit a exprimé ses profonds regrets pour les propos qui lui ont valu des poursuites judiciaires. Il a également tenu à réaffirmer son respect du Droit et son engagement à se conformer à la Constitution et aux lois de la République, promettant de ne plus commettre de tels actes à l’avenir.

​Cette affaire trouve son origine dans la diffusion, le 1er mai 2025, d’une vidéo montrant Belghit lors d’un entretien télévisé sur Sky News Arabia. Ses déclarations, notamment celle qualifiant l’Amazighité de « projet franco-sioniste « , avaient déclenché une vague de controverses, menant à son inculpation pour des accusations d’atteinte aux constantes nationales et à la constitution.

Si l’historien révisionniste a exprimé ses regrets pour les propos incriminés et s’est engagé à respecter les lois, l’article ne précise cependant pas si cet acte de contrition s’accompagne d’un renoncement à ses thèses révisionnistes et controversées concernant la Révolution algérienne – Il a, notamment soutenu que le révolution du 1e Novembre a été déclenché sur ordre du leader égyptien, Djamel Abdelnacer – et l’identité nationale, qu’il a inlassablement développées sur diverses tribunes médiatiques.

Samia Naït Iqbal

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Zouheir Zeghada : un an après le monument d’Aksel, la grève de la faim d’un militant de mémoire

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Zouheir Zeghada
Zouheir Zeghada. Crédit photo : Le Matin

Interpellé au cours du mois de novembre 2025, Zouheir Zeghada est détenu à la prison de Kais, dans la wilaya de Khenchela. Jugé le 4 décembre 2025, un an jour pour jour après l’inauguration et le démantèlement du monument d’Aksel, il a été condamné à une peine d’un an de prison.

Depuis le 24 novembre 2025, il observe une grève de la faim, protestant contre ce qu’il considère comme une sanction injuste liée à son engagement citoyen et culturel.

Zouheir Zeghada n’est pas un homme ordinaire. Issu d’une famille profondément enracinée dans l’histoire et la lutte pour la nation, il a pris les armes durant la décennie noire, défendant sa région contre ceux qui menaçaient la sécurité et l’unité nationale. Mais son engagement ne s’est jamais limité au champ militaire. C’est aussi un militant de l’identité amazighe.

Aujourd’hui, il est avant tout militant culturel et citoyen. Il a été l’un des initiateurs du monument d’Aksel à Bouhmama, symbole de l’identité et de la résistance amazighe contre l’invasion arabe. À travers ses actions bénévoles lors des incendies ou son aide aux populations vulnérables et aux institutions publiques, Zouheir Zeghada incarne la solidarité et le dévouement.

Qui est Aksel ?

Aksel est une figure historique emblématique de la résistance amazighe. Il fut roi et chef militaire qui combattit les invasions arabes en 683 et 688 aux côtés de la reine Dihya. Il infligea une défaite au sanguinaire arabo-islamiste Oqba Ibn Nafi, venu de la péninsule arabique pour envahir l’Afrique du Nord lors de la bataille de Tahouda en 683. La statue du monument d’Aksel à Bouhmama visait à rappeler cette résistance et l’identité culturelle de la région.

Le 4 décembre 2024, le monument a été inauguré puis démantelé le jour même par les autorités, dans un contexte de tensions locales. Pour ses proches et ses amis(e) de combat, l’arrestation de Zouheir Zeghada un an plus tard apparaît comme une sanction ciblée, visant à freiner ses initiatives culturelles et mémorielles.

Sa grève de la faim, commencée le 24 novembre 2025, est un acte de résistance et de dénonciation. Elle traduit sa détermination à revendiquer la reconnaissance de l’histoire, de la mémoire et de l’engagement citoyen dans la région de Khenchela. Ses proches et amis appellent les autorités à la transparence et au respect des droits fondamentaux, rappelant que ce combat dépasse le cas d’un individu et concerne l’avenir du patrimoine culturel local.

Mourad Benyahia 

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Tunisie : la condamnation d’Abir Moussi provoque une vague d’indignation

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Abir Moussi.
Abir Moussi. Crédit photo : DR

La justice tunisienne a condamné Abir Moussi, présidente du Parti constitutionnel libre, à douze ans de prison dans le cadre de l’affaire dite du « bureau du greffe ». Cette décision a immédiatement suscité de vives réactions dans le pays, opposants politiques, associations et acteurs de la société civile dénonçant un jugement « injuste » et motivé politiquement.

Abir Moussi avait été arrêtée le 3 octobre 2023 alors qu’elle se rendait au bureau du greffe de la présidence pour déposer des recours contre des décisions présidentielles. Elle est accusée, selon le code pénal tunisien, d’avoir tenté de « modifier l’organisation de l’État » et d’inciter à des affrontements violents. Son assistante, Mariem Sassi, a écopé de deux ans de prison dans la même affaire.

Le Front du Salut, coalition politique de l’opposition, a dénoncé une procédure « arbitraire » et un « contrôle du pouvoir exécutif sur la justice », appelant à une mobilisation générale pour défendre les libertés et l’indépendance du système judiciaire. Pour le porte-parole du Parti républicain, Wissam Al-Saghir, « défendre les droits et les libertés ne doit jamais être sélectif. Accepter l’injustice aujourd’hui envers un opposant, c’est ouvrir la porte à ce que tous puissent être frappés demain ».

De son côté, le Courant démocratique a critiqué « la transformation d’une simple démarche administrative en accusation grave », dénonçant ce qu’il considère comme un détournement de la justice à des fins politiques. Plusieurs juristes et universitaires jugent l’affaire exemplaire d’« abus de procédure et de manipulation du droit » et estiment qu’elle servira de référence pour étudier les dérives judiciaires dans le pays.

Les organisations de défense des droits humains, dont « Taqatu’ pour les droits et libertés », ont alerté sur le « climat de répression » et le recours croissant à des procès politiques pour faire taire les voix critiques. Elles appellent à une réaction collective de la société civile et des partis politiques afin de protéger les droits fondamentaux, en particulier la liberté d’expression, garantie par la Constitution et les conventions internationales.

Ce jugement s’inscrit dans un contexte de restriction accrue des libertés en Tunisie, marqué par la multiplication des arrestations et poursuites contre les opposants et les militants, selon plusieurs organisations nationales et internationales de défense des droits humains.

Mourad Benyahia 

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