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Pourquoi notre société est-elle devenue si agressive ?

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Arrestation d'un délinquant par des gendarmes.
Arrestation d'un délinquant par des gendarmes. Crédit photo : APS

Il suffit aujourd’hui d’un mot, d’un geste banal ou d’un simple regard pour que tout explose.

Dans la rue, sur la route, au travail, dans nos cités, même dans les familles : la tension est permanente, la nervosité omniprésente. Beaucoup disent : « Le peuple est devenu nerveux. » Mais cette nervosité n’est pas née du vide.

Je suis convaincu que la décennie noire a laissé en nous des séquelles morales et psychologiques d’une profondeur inouïe. Pendant ces années sombres, nous avons vécu sous la peur, la suspicion, la mort quotidienne.

Nous avons appris à nous méfier de tout : du voisin, du passant, du bruit au coin de la rue. Nous avons appris à faire taire nos émotions, à contrôler nos gestes, à étouffer nos colères pour survivre.

Ces traumatismes, jamais réellement nommés, jamais soignés, sont restés là — silencieux mais vivants. Aucune politique nationale de reconstruction psychologique n’a été menée.
Aucune écoute collective, aucun espace de parole. On a voulu tourner la page sans jamais la lire.

Des images qui ravivent un passé douloureux

Ces dernières années, les réseaux sociaux ont ajouté une couche supplémentaire à ce malaise national. Chaque semaine, nous voyons circuler des vidéos d’une violence extrême : des hommes armés de couteaux, de sabres, des scènes de règlements de comptes d’une brutalité inouïe, parfois même l’usage d’outils comme des compresseurs pour torturer des victimes.

Ces images réveillent brutalement les souvenirs de la décennie noire, ces années où la vie humaine valait si peu. Elles ravivent les traumatismes enfouis, renforcent la peur, normalisent la violence.

Une agressivité devenue langage courant

Ce passé non traité a façonné une génération entière.
Ceux qui ont grandi dans les années 90 ont transmis, souvent sans le vouloir, leur anxiété, leur méfiance, leur dureté.
Aujourd’hui, l’agressivité s’est installée dans le quotidien :
• dans les échanges dans les files d’attente,
• dans la conduite en ville,
• dans les interactions administratives,
• dans les discussions politiques et familiales.

À cela s’ajoute l’effondrement de certaines valeurs traditionnelles :
– l’école qui ne joue plus son rôle d’éducation citoyenne,
– les institutions qui peinent à inspirer confiance,
– la société de consommation qui impose l’individualisme,
– la compétition pour exister qui transforme chaque interaction en lutte.

Quand tout devient combat, la violence devient le langage naturel.

Peut-on guérir collectivement ?

La question essentielle n’est pas : « pourquoi sommes-nous devenus agressifs ? » Elle est : «Comment sortir de cet héritage traumatique que nous n’avons jamais affronté ? »

Nous avons besoin :
• d’une véritable politique de guérison collective,
• d’espaces de parole,
• d’éducation au respect et à la gestion des conflits,
• de revalorisation du lien social,
• d’un travail de mémoire sur cette décennie qui a brisé notre société.

Ce n’est pas de la nostalgie. C’est une nécessité pour reconstruire un vivre-ensemble fragilisé.

Sommes-nous condamnés à rester les héritiers d’une époque violente que nous n’avons jamais su dépasser ? Ou pouvons-nous, enfin, affronter nos cicatrices invisibles pour reconstruire un avenir plus apaisé ?

Ces questions ne concernent pas seulement notre passé, elles déterminent ce que nous voulons devenir.

Aziz Slimani

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Tommy Recco, l’homme ayant passé le plus de temps en prison en France, est mort à 91 ans

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Tommy Recco
Tommy Recco, criminel récidiviste, mort à 91 ans. Crédit photo : DR

Tommy Recco, de son vrai nom Joseph‑Thomas Recco, est mort à l’âge de 91 ans à l’hôpital de Marseille le 20 novembre 2025, mettant fin à l’histoire d’un criminel devenu une figure tristement emblématique du système carcéral français.

Originaire de Corse, Recco détient le record du détenu ayant passé le plus de temps derrière les barreaux en France, avec plus de 55 ans d’incarcération cumulés, répartis sur deux périodes distinctes.

La première période commence dans les années 1960. Condamné en 1962 pour le meurtre de son parrain, il purgera sa peine jusqu’en 1977. À sa sortie, il bénéficie d’une certaine liberté, mais replonge rapidement dans la criminalité, donnant lieu à une seconde vague de crimes particulièrement violents.

En décembre 1979, Recco tue trois caissières d’un supermarché à Béziers, un meurtre qui choque l’opinion publique par sa brutalité et son caractère prémédité. Quelques semaines plus tard, en janvier 1980, il commet un autre crime terrible à Carqueiranne, tuant une fillette de 11 ans, son père et leur voisin. Ces actes lui valent une condamnation définitive à la réclusion criminelle à perpétuité, peine qu’il purgera jusqu’à sa mort.

Tout au long de sa détention, Recco a nié ces meurtres, multipliant les demandes de libération conditionnelle, qui lui ont toutes été refusées. Ses requêtes répétées et son long séjour en prison ont suscité un intérêt médiatique considérable, faisant de lui un symbole de la gestion des peines longues et des détenus dits « dangereux » dans le système judiciaire français.

Au fil des années, son état de santé s’est détérioré, ce qui a motivé son transfert vers un établissement pénitentiaire près d’Aix‑en‑Provence, puis son hospitalisation à Marseille, où il est finalement décédé de causes naturelles. Sa mort clôt un parcours exceptionnel par sa longueur et marqué par des crimes particulièrement violents, qui ont durablement marqué l’opinion publique et laissé une trace dans l’histoire criminelle française.

Tommy Recco laisse derrière lui le souvenir d’une trajectoire sombre et complexe, entre récidives meurtrières et décennies de prison. Son parcours interroge à la fois sur la nature de la criminalité violente, la gestion des détenus à long terme, et les limites du système de réinsertion en France. Il reste ainsi une figure emblématique, inquiétante et fascinante, du paysage pénal français du XXe siècle.

Mourad Benyahia

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Macron évoque une possible reprise du dialogue avec Alger : avec « respect et exigence »

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Macron Tebboune
Macron invite Tebboune-à paris

En conférence de presse au G20 de Johannesburg, Emmanuel Macron a évoqué une possible relance des relations franco-algériennes. Tout en reconnaissant une situation  » insatisfaisante  » de part et d’autre, le président français mise sur une reprise progressive du dialogue, fondée sur le « respect » et « l’exigence ».

On est donc loin des déclarations enflammées. Les liens se fond recoudre avec des trésors de prudence non dénuée de méfiance décidément. En marge de l’ouverture du Sommet du G20 à Johannesburg, Emmanuel Macron s’est exprimé sur la perspective d’une reprise des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie. Interrogé  sur l’absence d’Abdelmadjid Tebboune a ce Sommet auquel il devait participer et sur l’état du dialogue bilatéral, le président français a défendu une approche méthodique et dédramatisée.

Emmanuel Macron a rappelé que la relation reste prise en étau entre les agendas politiques internes des deux pays : « Beaucoup veulent transformer le lien franco-algérien en un sujet de politique domestique. Si l’on laisse ces logiques de part et d’autre faire l’agenda, on n’avance pas. » Le président français s’adresse là à la droite et l’extrême droite qui ont fait de la question algérienne leur mantra politicien pour gagner les faveurs d’un électorat anti-immigration.

Le chef de l’État français revendique une méthode constante fondée sur le « respect et l’exigence ». Le respect, conseille-t-il, parce qu’« on n’obtient rien en insultant son interlocuteur » ; l’exigence, parce que la situation demeure insatisfaisante sur plusieurs dossiers — sécurité, migrations, économie. On est là bien loin des déclarations comminatoires de son ancien ministre de l’Intérieur, un certain Bruno Retailleau.

Le président français a confirmé avoir lancé, « il y a plusieurs semaines », un processus de reprise technique du dialogue : réunions entre directeurs d’administration, consultations entre secrétaires généraux des affaires étrangères, puis rencontres ministérielles à venir.

Selon lui, ces mécanismes commencent à produire des « premiers résultats », citant notamment la réouverture de la Voie mécanique.

Echaudé, Emmanuel Macron appelle néanmoins à la prudence et à la constance : « Il faut de l’humilité et du respect. C’est un sujet que nous devons régler, au moment où les conditions seront réunies pour obtenir des résultats. » Puis le président français précise : « Il y a donc un processus que j’ai décidé en réunissant les ministres et les services concernés il y a plusieurs semaines, c’est celui qu’on applique. Il a conduit à des réengagements de discussions et c’est comme ça qu’on re-prépare, qu’on re-déclenche les choses. Je constate qu’on a déjà eu des premiers résultats, et la libération de Boualem Sansal est un premier résultat dont il faut se féliciter. Maintenant, il faut avoir beaucoup de constance et je le dis, d’humilité et de respect. Et pour moi, c’est un sujet qu’on doit régler ».

Une manière d’indiquer que la normalisation du dialogue politique dépendra de ces avancées préalables — et qu’elle ne peut être précipitée. Très affaibli à l’intérieur, Emmanuel Macron joue le démineur et la prudence. Long sera manifestement le sentier de la normalisation des relations entre les deux capitales.

La rédaction

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Belaïd At Ali : Aẓidan d umerẓagu (Tazmamt n°6, asebter 221)

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Belaïd At Ali Les cahiers de Belaid ou la Kabylie d'antan
Belaïd At Ali Les cahiers de Belaid ou la Kabylie d'antan. Crédit photo : Le Matin

Illa di zman n zik yiwen umexluq, d argaz ameqqran, d amussnaw irna yekseb d ayen ur nferru. Netta ɣur-s yiwen mmi-s. Mmi-s nni mazal-it cwiṭ meẓẓi. Lamaâna, deg wakken iwala iman-is umɣar-nni qrib ad immet, ifra d yiman-is ad as-yefk rray seg imir-nni, ur yurǧi ass aneggaru. Walakin inna-yas, welleh ar alamma jerrbeɣ-t.

Ass-nni, ihi, tameddit, akken di mi ččan imensi, zzin i ukanun, ilaɛi-t :

– A mmi, tura waqila tewḍeḍ d argaz. Llah ibarek. Nekkini ur yi-d-mazal ara, meqqreɣ, irna aâyiɣ, daɣ netta ilaq ad tebduḍ ad tsewqeḍ ɣef uxxam, meskud ddreɣ i wakken ma yella kra ur tessineḍ ara ad ak-t-mleɣ.

Inna-yas uqcic :

– Yirbeḥ a baba.

Iṭṭef umɣar, inna-yas :

– Ihi, tura ad tebduḍ deg wayen isehlen. Azekka ma nedder, d ssuq. Aɣ idrimen, ruḥ sewweq-aɣ-d d keč ; ad ak-wessiɣ kan, awi-yaɣ-d ayen tufiḍ ẓid.

– Amek ? Ayen ufiɣ ẓid ?

– Ih, ayen tufiḍ di ssuq ẓid, aɣ-aɣ-t-id

Inna-yas uqcic,

– Yirbeḥ a baba.

Azekka-nni sbeḥ, ikker uqcic, ibges ɣef yiman-is, iṭṭef abrid ɣer ssuq. Sakin, segmi yeffeɣ seg uxxam netta yettxemmim, yettḥebbir, amek a sidi Rebbi ara yexdem, dacu n ssuq ara isewweq, ladɣa dacu n lḥaǧa-agi ẓiden i yas-ilaqen ad tt-id-yaɣ.

Issen baba-s, iẓra seg wass-nni kan ara yettkel fell-as neɣ ara t-iḥqer. Iẓra-t d win d-ijebbden lmaâna di cwiṭ. Ileḥḥu, iteddu ɣer ssuq, ittnadi, isseḥsab di lxaṭer-is, armi yeqḍaâ yiwet terbaât i d wi-yeddukel, i d wi-yemmejbed lhedra, isi yettu aɣbel-is. Akken di mi yewweḍ ɣer ssuq, ikcem iffeɣ di tḥuna, di leqhawi, di rreḥbat. Imlal-d akked yeḥbiben-is, ihder d umecṭuḥ d umeqqran. Iqqim akked imussnawen, iḍsa deg yaâggunen. 

Akken lḥasun armi ttqarib d tameddit, am win ara t-id-iwten s ubeqqa, iṭṭef-itt d tazzla ɣur igezzaren, yaɣ-d yiwen yiles, yawi-t-id di tsaâleqt, iṭṭef-d abrid dɣa syen s axxam. Iwweḍ-d, yuɣ lḥal, a tilawin, yemma-s akked tmeṭṭut-is, ar t-ttraǧunt am aggur n lɛid. Nnant-as : Mi d ssuq-is amezwaru, ar d aɣ-d-yawi d alebaâḍ n texxamin n uksum uɣelmi is ara aɣ-tewwet tmagart.

Armi d taneggarut, issers-d sdat-sent iles, iles weḥd-s ! Irna, iḥun Rebbi, iwessa-t umɣar ad d-yawi ayen ẓiden ! Ma d amɣar-nni yessusem kan, ur d-inni zzant wala rɣant. Sewwent iles-nni, ččan imensi amzun kra ur illi. Wa ur inni i wa. Azekka-nni, mkul wa yaâna ccɣel-is. Amɣar irra iman-is am akken yettu, ma d aqcic ittraǧu ad t-id-ilaɛi baba-s.

Tezzi-d ddurt, azekka-nni diɣen d ssuq, yaâwed inna-yas :

– Azekka diɣen ruḥ ad d-tsewwqeḍ d keč. Lamaâna abrid-agi ṭṭalabeɣ deg-k ad aɣ-d-tawiḍ d ayen rẓagen. Ih, ayen tufiḍ d amerẓagu di ssuq, awi-yaɣ-t-id.

Inna-yas uqcic :

– Yirbeḥ a baba.

Ssuq-nni amezwaru, yuɣ lḥal yesaâ sebba is d-yuɣ iles. Daɣ netta ihegga ara yehder i baba-s lukan di yas-d-ijbid awal. Wamma tikkelt-agi tis snat yettuaâwweq s tidet. Iteddu diɣen ɣer ssuq, yesaâttib tamelɣiɣt-is : « a Rebbi d acu rẓagen di ssuq ? ». Lamaâ ikkat s wa, ijebber s wa. 

Ikcem diɣen talemmast n ssuq, iṣubb, yuli, ikcem iffeɣ di mkul amkan i yessen, mazal ur yufi ayen iɣef ittnadi. Akken ttqarib d tameddit armi yas-iḍher lɣaci n ssuq yenhewwal, la ttazzalen medden ɣer yiwen umkan, zzin i wissen dacu. Mkul wa la s-iqqar « Ayyaw ad teẓrem ! », yazzel-d ula d netta ɣer dinna, yesteqsa yiwen, « dacu yeḍran ? », inna-yas-d winna : « d yiwen i yewwten wayeḍ »… « Acimi t-inɣa ? »… « d rregmat kan i t-irgem wagi akka yemmuten, dɣa wayeḍ inɣa-t ?! »… « Amek d rregmat kan i t-irgem, d awal kan i s-inna, dɣa yewwi rruḥ-is ?!… « Anaâm ih, d awal kan ». Iqqim uqcic, dɣa dinna am win iseraân, am win tewwi tnafa. Ittu diɣen mkullec… Armi… am win ad t-id-iwten s ubeqqa. Isked akka d wakka, yazzel armi d anda yufa agezzar, yaɣ-d iles, yaâlleq-it-id, iṭṭef abrid s axxam.

Ass-nni, ttraǧunt tlawin ayen « ẓiden », ferḥent, armi sent-ikkes ṭṭmaâ yiles. Ma d ass-nni uɣalent kan di ttelbiba, dacu n urẓagan-agi ara sent-d-yasen i yimensi. Armi ata yekka-d urgaz seg yimi n tebburt, issers-asent-d di tɣerɣert… iles ! D iles diɣen am umezwaru ! Iḥun bab n lḥanna : i mi d iles, d iles meqqar, ccwi ! Ma d taḍsa, rwant-tt deg ulawen-nsent : « dacu-t waâggun-agi yessnen kan ad d-yaɣ ilsawen ? », ma d amɣar, netta ikemmez kan tamart-is, armi fuken imensi. Sakin, ilaɛi mmi-s : 

– « Tura a mmi, ata tufiḍ-iyi-d am akken wehmeɣ. Irna ḥesbeɣ iman-iw zadeɣ di lefhama. Amek ? Nniɣ-ak awi-d ayen ẓiden, tewwiḍ-d iles ; sutreɣ-ak ayen rẓagen, ternuḍ-d d iles ! Ihi… lexbar sɣur-k ».

Inna-yas uqcic :

– S tidet a baba, illa wayen deg ara yewhem bnadem ; illa ula d win ara yeḍsen neɣ ara yi-iḥesben d aâggun. Lamaâna, lemmer ttafeɣ, lxersum d keč ad iyi-tfehmeḍ. Ih a baba ṣelli ɣef Nbi. Asmi yi-d-tessutreḍ tamezwarut, wḍeɣ ɣer ssuq… ttuɣ ayen i wuɣur ttuceyaâɣ, ala si mi qqimeɣ akked kra n yemdanen, akken ufiɣ la heddren ala tameslayt-nni tebɣiḍ s sidi Rebbi, dayen isi nutni heddren, nek wḍeɣ armi yas-nniɣ i yiman-iw : « A ziɣ ulac am yiles, muqel, irna a baba, di laânaya-k, di ddunit ma yella kra t-iɣelben di tiẓeṭ. Tamezwarut, d netta i yaɣ-iferqen d lmal, d netta is ttemsefhamen laâibad, lḥasun is d-nettader awal amaâzuz n « sidi Rebbi ». Tis snat, mel-iyi di laânaya-k, ma yella kra di ddunit yifen awal aẓidan, mel-iyi, ttxil-k, menyif talqimt ara yessiẓden taɣect-ik neɣ iles yesferḥen ul-ik d lxaṭer-ik ?

– S tidet a mmi, ad ak-yaâfu Rebbi. Welleh ar tufiḍ ayen ẓiden di ddunit. Ulac am yiles… Lamaâna… arǧu… i mi dɣa yeɣleb mkullec tiẓeṭ, amek armi…

– Amek armi t-ufiɣ ass-agi d arẓagan ? Tura dagi waqila ara yi-tesḍelmeḍ. Aâlaxaṭer am akken ula d nek ur fhimeɣ ara i yiman-iw. Waqila, ur meyyzeɣ ara akken ilaq, neɣ d urrif i yi-iɣelben. Lḥasun ata wayen illan : seg llina di ssuq, ufiɣ argaz inɣa wayeḍ ? Seqsaɣ dacu ay d sebba-nsen. Nnan-iyi d rregmat, d awal kan i yenna yiwen i wayeḍ. Dɣa nniɣ-as ihi welleh a yiles d-issasen lmut, a yiles is ara d-teggri taâdawt i warraw n warraw, ma yella wayen rẓagen am netta, dayen is yawen-d-wwiɣ daɣen iles.

Iṭṭef umɣar, imiran kan, ifka-yas i mmi-s taxriṭ, irnu-yas tisura, inna-yas :

– Aɣ a mmi ! Tura ttekleɣ fell-ak, seg wass-a d keč i d amsewweq, d keč i d rray n uxxam.  

Belaïd At Ali, 07/1946

Timerna/notes :

1. Tadyant n yiles (« Iles d ayen ẓiden, d ayen rẓagen akk di ddunit / la langue est la meilleure et la pire des choses ») tekka-d si tmussni tagrikit taqburt : Esope, idder di lqern/tasut tis 6 qbel Aâisa, yura tiqsidin d-iqqimen ar ass-a.

Belaïd At Ali yugem-d si tmussni-nni, teffeɣ tmuɣli-s akkin i tlisa, irra-d taqsiṭ n yiles ɣer teqbaylit amzun di taddart n Aẓru At Xlef i d-tlul !

Socrate s timmad-is, ittader-d Esope, ittawi-d tiqsidin-is, akken ad issezri tikta i d-ilmed sɣur-s.

2. « Taxxamt n uksum » : d asaâlaq n uksum ; zik aksum ittnuẓ s tiṭ, mačči s lmizan ; (illa  diɣ : « taxxamt (n) lxedma » : d asaâlaq n ikerciwen, dewwara.

Tella yiwet teqsiṭ di taddart ɣef tsuqqilt ur nwata : yiwen yura-d tabrat si Fransa i aâmm-is illan di taddart d amsewweq-is, inna-yas-d : « … merci d’acheter chaque semaine une ‘’chambre de travail’’ à ma famille ».

3. Is = swayes  (fr. avec, au moyen de…)

4. Isi = imir kan (fr. aussitôt que, à l’instant…)

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Tamsalt-nni n « peuples autochtones » di Tamazɣa : d tikerkas neɣ d tidderɣelt ?

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Imazighen drapeau
Drapeau amazigh

Ma nekkni d « peuple autochtone », anwa i d « peuple allochtone »/aberrani (1) ?

Wid ittberriḥen ass-a s wawal-nni, zun Imaziɣen d « peuple autochtone » di Tamazɣa, issefk ad aɣ-d-inin anwa i d « peuple allochtone », win i d-ikecmen si berra ɣer Tamazɣa ?

Ur izmir ad iqqim wawal d amnasef (2).

Awal n « peuple autochtone », neɣ Natives s teglizit, iteddu kan di tmura n Marikan, Autralia akked New Zeland.

Asmi yekcem uɣref n Urupa timura-nni (si Legliz, Fransa, Spanya, Hollanda), si tallit n Christophe Colomb di tasut/lqern tis 15 ɣer Marikan, ɣer Autralia akked New Zeland di tasut 19, seddan tasertit n temharsa/colonisation akken ad beddlen aɣref, zwaren wten akken ad snegren imezdaɣ ufan di tmura-nni.

Taggara, illa wanda aɣref n Urupa yugar aɣref amezwaru, « peuple autochtone », armi beddlent udem tmura-nni. 

Di tmurt n USA, d lmatrayuz n jiniral Custer i yesnegren imezdaɣ Izandyaten n Sioux, Dakota, Cheyennes,… armi d-ggrant kan kra n tewsimin/tribus di tudrin-nsen, « les réserves ». Di Marikan n Wanẓul/Sud, d Spanya i yesnegren iɣerfan n Mayas, Kečwa, Aymara, …

Ass-a, amennuɣ ɣef izerfan n iɣerfan imezwura/’’peuples autochtones’’, mazal iteddu yal ass di tmura n Bresil (Amazonia), Guatemala, Colombie, Perou… akken ad nnaɣen mgal « grand remplacement » n udabu, ad idiren deg wakal n imezwura-nsen.

Nnger n uɣref illan d amezwaru, d tin i d tasertit n « grand remplacement » swayes ttberriḥen, s tḥila, kra n imeɣnasen n tafusit/extrême droite di Fransa, Legliz, Almania, ɣef iminigen iberraniyen i d-ittasen si tmura nniḍen, akken kan ad rewlen i ṭṭrad, neɣ akken ad xedmen s iɣallen-nsen, ad ččen aɣrum-nsen di lehna.

Takti n « peuple autochtone » ur teddi di tmura n Tamazɣa, si Libya ar Merruk.

D yiwen uɣref i yellan, d aɣref amaziɣ si nnig 30 leqrun neɣ ugar, ɣas llant ass-a snat tutlayin di tmurt : tamaziɣt (tacelḥit, taqbaylit, tacawit, tarifit, tamzabt, tacenwit, tamacek, ….) akked darǧa i d-ilulen si temlilit n tmaziɣt akked taârabt i d-wwin at Banu Hilal di tasut/lqern wis 11.

Akken ad ibeddel uɣref deg yiwet tmurt, issefk aɣref i d-ikecmen ad yili yugar win illan yakan d amezwaru  di tmurt-nni, syin ad yaweḍ ad t-issenger s ‘’tsertit n nnger’’/génocide, s ujenwi d ubarud, neɣ tikkal ad d-yeǧǧ kra n imezdaɣ-nni… akken ad ten-issexdem d aklan-is.

Ma nger tamawt i umezruy n Tamazɣa di 20 n tasutin/leqrun tineggura yettwassnen, nezmer ad nẓer amek tedda tmurt, seg imnekcem ɣer wayeḍ :

– Ifniqen n Carthage (tasut tis -7 ar -2), d takemmict kan i d-ikecmen, zun d inebgawen ttaɣen znuzun, syin bnan tiɣremt n Carthage, anida imezdaɣ-is am iserdasen-is amur ameqqran d Imaziɣen di taggara ; tutlayt n Carthage d taqanant/punique, tezdi akked tmaziɣt. Mi thudd Carthage di -146, s ufus n Ruman, imezdaɣ-is nnejlan, guǧǧen ɣer yal tamnaṭ, maca Ifniqen/Imaziɣen-nni ur beddlen aɣref n tmurt tamaziɣt.

– Iṭelyanen irumyen n Roma, ɣas ṭṭfen tamurt uzaɣar si tasut/lqern -1 ar +5 , si Libya ar Merruk, ɣas kecmen-d kra n iserdasen yuɣen aẓar akked kra n ifellaḥen, bnan tiɣermin timeqqranin, syin gan-as isem ‘’Africa Romana’’, maca ur beddlen udem neɣ idammen n tmurt tamaziɣt s umata. Amur ameqqran uɣalen ɣer Roma.

– Aâraben d-ikecmen di tasut tis 7, s yisem n ddin ineslem, d tamharsa n « el futuḥat », ur qqimen di tmurt n Tamazɣa ; amur ameqqran n iserdasen uɣalen ɣer wansi d-usan, ɣer Damas d Maser. Mi fran imennuɣen deffir azal n 50 iseggasen n ujenwi, yal adabu ibedden di yal tamnaṭ n Tamazɣa, d Imaziɣen inselmen i t-isbedden. Amezwaru deg-sen d Idris I, win i sbedden imezdaɣ Iwraben n Tafilalet di Merruk.

Takemmict n Waâraben i d-yusan si Teɣzut n Nil di Maser, di tasut tis 11, amur ameqqran d Banu Hilal akked Banu Suleyman, ur llin nnig 15000 n yemdanen, gar imeẓyanen d imeqqranen. 

Ur beddlen udem n tmurt, ur beddlen idammen n tmurt ; llan zdin akked Iznaten, Imaziɣen n izuɣar imeqqranen (Hauts Plateaux sahariens) ; ɣas llan wid d-ittmektin ass-a tajaddit-nsen si Saâudya, neɣ Lyaman.

Inselmen d-ikecmen si Wandlus/Andalousie deffir tanekra n ‘’reconquista’’ n 1492, amur ameqqran d Irifiyen akked Icelḥiyen i izegren si tasut tis 8, si Merruk ɣer Spanya ; d nutni i yebnan tiɣermin n Ɣernaṭa/Grenade, Gadir/Cadix, Sevilla, Qerṭuba, … i wuɣur rezzun ass-a yemdanen si yal tamurt.

Ihi, ur illi « grand remplacement » n Waâraben di tmurt n Tamazɣa. 

Maca, anekcum n tinneslemt ɣer Tamazɣa tegla-d s tikli n tutlayt taârabt s ddin ineslem ; mi tezdi akked tmaziɣt, syin tlul-d tutlayt tamaynut : ‘’darǧa’’ ; armi ass-a zun tessaɣ i tmurt deg izuɣar akked temdinin. D tutlayt n Tamazɣa, mačči d taberranit.

– Anekcum n tmurt n Turk si 1516, s ufus n Aârruǧ akked Xeyr-ddin, di tmurt n Lezzayer akked Tunes, illa d win n temharsa, maca ur illi d win iseddan tasertit n « ubeddel n uɣref » (colonisation de peuplement).

Iturkiyen illan di tmurt, d wid kan n udabu akked iserdas-nsen (janissaires) ; d wid i d-ttawin ugar si temnaṭ n Anatolia, di tmurt n Turk.

Adabu aterki ur d-iwwi imezdaɣ Iterkiyen si tmurt n Turk akken ad ṭṭfen tamurt, ur isbedd aɣerbaz deg ad isselmed tutlayt taterkit. D taârabt n Leqran i yella yesselmad-itt di yal tamesgida. 

Imezdaɣ d-icettlen si Turk, ikka-d seg iserdasen Iturkiyen i yuɣen Tizzayriyin neɣ Titunsiyin ; gan-asen isem ‘’Kuluɣli’’. D takemmict kan ur nbeddel udem neɣ idim n Tamazɣa. 

Tikerkas n Turk, banent-d ussan izrin di Lezzayer, mi d-inna unmahal/ambassadeur n Turk di Lezzayer, « zun llan Iterkiyen di Lezzayer (azal n 5 ar 20 % n imezdaɣ) », akken kan tamurt n Turk ad d-tekcem tamurt !

– Anekcum n Fransa si 1830, ildi tabburt i tsertit n temharsa/colonisation tameqqrant akken ad tbeddel udem tmurt n Lezzayer. D « colonisation de peuplement ».

Sin iberdan ideg idda udabu n Fransa akken ad yaweḍ ɣer yiswi-s :

a) Asenger n Izzayriyen s ubarud akked times (jiniral de Saint-Arnaud, jiniral de Lamoricière, Randon, Bugeaud,…) sawḍen tamussni-nsen n usenger ɣer talast. Azal n umelyun n Izzayriyen i yemmuten di 50 iseggasen imezwura n unekcum n Fransa.

b) Asekcem n imezdaɣ n Urupa akken ad zedɣen tamurt n Lezzayer ; wwin-d imdanen si yal tama n Fransa (Auvergne, Alsace, Catalogne, …), akked si tmura n Spanya, Ṭelyan, Malṭa, … Win i d-yusan ad as-d-fergen lfirma, d ayla-s.

Tasertit-nni tessaweḍ armi azal n 10 % n imezdaɣ n Lezzayer, aẓar-nsen si Urupa. Gan-asen isem ‘’pied-noirs’’. 

Maca ur sawḍen ara ad snegren Izzayriyen, am akken snegren Izandyaten (Apaches, Sioux, …) di tmurt n Marikan, s ufus n jiniral Custer.

Mačči d tazmert i yasen-tt-ikksen i yiserdasen n Fransa, maca ur ufin di Paris amur ameqqran n udabu ara sen-d-ildin tabburt, ara sen-igen tallalt : tamurt n tegrawla n 1789, ɣas teqqen allen-is ɣef twaɣit n tmenɣiwt di Lezzayer, ur teqbil ad tessenger Izzayriyen wakali, akken ad tessiweḍ ɣer « grand remplacement ».

Ɣas ur tessenger Izzayriyen s ubarud, s times, s laẓ, Fransa tesnulfa-d tusnakt/mathématique tamaynut : 

Deg uraren n tsertit n ‘’tugdut-is’’, Fransa tekkes azal i Yizzayriyen, zun mačči d imdanen,  armi yiwen Urumi/pied-noir yugar 9 n Izzayriyen deg ugraw « Assemblée algérienne » ! 

Deffir 1962, amelyun-nni n imezdaɣ « pieds-noirs », iffeɣ tamurt, iǧǧa-d 9 imelyan n Izzayriyen, d Imaziɣen deg uẓar. 

Tamsirt si tmuɣli n umezruy :

Ur issefk ad nessekcem tawekka di tbadut/définition n uɣref n Tamazɣa. 

Ur illi yiɣisi di tmurt n Tamazɣa, acku yiwen uɣref kan i yellan si nnig 30 n tasutin/leqrun, ɣas kecmen-d yemdanen nniḍen si berra (si Lubnan, Maser, Turk, Urupa…), ass-a zdin akked at tmurt, uɣalen d at tmurt, acku… « d tirint i irennun ɣer taffa ».

Asemres/asexdem yal tikkelt n wawal « peuple autochtone », zun nekkat iman-nneɣ s ufus-nneɣ ; zun aql-aɣ « nebḍa tamurt akked uɣref nniḍen », maca d win ur nelli.

Issefk ad d-nesfi timmist deg wawal-nneɣ akken ad yuɣal wasif ɣer ubrid-is :

wid ittmeslayen darǧa di yal tamurt n Tamazɣa, si Libya ar Merruk, ur llin d Aâraben. 

Nutni d Imaziɣen deg uẓar, deg yidles, di tutlayt (ɣas d darǧa), am akk imezdaɣ itutlayen tamaziɣt. D yiwen uɣref i yellan di tmurt n Tamazɣa tameqqrant.

Issefk ad tili d tamsirt i yal ameɣnas n umussu adelsan amaziɣ di yal tamurt/tamazirt, i yal ameɣnas n Ugraw Amaḍlan Amaziɣ (CMA), i yal aɣerbaz n tmurt, i yal ahil n tsertit/programme n ikabaren imaynuten n Tamazɣa. 

D tamuɣli-ya kan i yebnan ɣef umezruy d wayen illan d tidet, d tin ara yekksen azekka tilisa ibedden ass-a zun d ifergan gar tmura n Tamazɣa, akken taggara ad teddukel tmurt, ad yuɣal wasif ɣer umkan-is. 

Aumer U Lamara 

Timerna / Notes :

1. « Peuples autochtones », « peuples premiers » : d imezdaɣ imezwura n tmurt, wid i yettwassnen d imenza deg umezruy.

«Peuples allochtones » : d wid i d-yusan si tmurt-nniḍen, d iberraniyen, d imnekcmen.

2. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », Albert Camus.

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Marseille marche pour Mehdi Kessaci : mémoire, colère et espoir

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Marche à Marseille contre le narco-trafic
Hommage à Mehdi Kessaci à Marseile. Crédit photos : DR

Samedi 22 novembre, Marseille a marché pour Mehdi Kessaci. Dix jours après son assassinat en plein jour, au cœur de la ville, des milliers de personnes se sont rassemblées pour dire non à la violence et au narcotrafic qui gangrènent les quartiers. Plus qu’un hommage, cette marche blanche était un cri collectif, un message puissant contre la peur et l’injustice.

Près de 7 000 participants ont parcouru le trajet depuis les métros Saint-Just jusqu’au rond-point Claudie Darcy, là où Mehdi a été tué. La foule avançait silencieuse, certains portant des bougies, d’autres des œillets ou des t-shirts blancs, signe de solidarité et de recueillement. Chacun avançait avec la même douleur, la même détermination.

Amine Kessaci, frère de Mehdi et militant écologiste engagé contre le narcotrafic, avait préparé un message préenregistré. Sa voix, mêlée de tristesse et de colère, a traversé la marche : « Retenez son nom, mille fois répétez son nom, qu’il ne tombe pas dans l’oubli. Pour nos quartiers, pour nos familles, levons-nous. Debout ! Debout ! Debout ! » Ses paroles résonnaient dans chaque coin de la ville, rappelant que cette marche n’était pas seulement un hommage, mais un appel à la justice et à la vigilance.

Sa mère, Ouassila, a également pris la parole. Avec des larmes dans les yeux mais une force indéniable, elle a lancé un message direct aux narcotrafiquants : « Que direz-vous à vos enfants et à vos mères ? Sont-elles fières de vous comme je suis fière de mes enfants, de mon fils ? » Des mots simples, mais puissants, qui ont touché chacun des marcheurs. Elle a dénoncé l’inaction face aux violences qui frappent les innocents : « Trop d’innocents tombent ou sont tombés. Trop de familles pleurent en silence. »

La marche blanche a rassemblé des habitants de tous âges et de tous quartiers. Certains étaient venus avec leurs enfants pour montrer l’importance de résister à la peur et de se tenir debout face à la violence. Juliette, 52 ans, formatrice, dénonce l’abandon des quartiers populaires : « À force d’avoir laissé nos quartiers aux mains de la violence, voilà ce qui arrive. » Fabienne Vie, orthophoniste venue pour la première fois, insiste : « Il y a vraiment deux mondes qui se côtoient à Marseille. Il faut sortir de cette inconscience. »

De nombreux responsables politiques étaient présents, de la gauche à l’extrême droite, pour témoigner leur soutien à la famille et à la cause. Benoît Payan, maire de Marseille, a rappelé que Mehdi avait été tué pour faire peur : « Face à cette mafia, ces gens qui tuent de sang-froid, nous devons nous dresser. Mehdi a été tué pour intimider sa famille. Mais nous ne céderons pas à la peur. »

La marche blanche a mis en lumière la gravité du narcotrafic et de ses conséquences. Sophie, venue de Champigny-sur-Marne, l’explique : « Le narcotrafic gangrène la société. Ce n’est pas qu’un problème de Marseille, il faut que les pouvoirs publics réagissent. » Des voix comme celle d’Amine Kessaci rappellent que la lutte contre la violence ne peut se réduire à la répression : elle doit inclure la prévention, l’éducation et la justice sociale.

Le parcours s’est terminé par un recueillement silencieux au lieu où Mehdi a été assassiné. Des fleurs et des bougies ont été déposées, et les slogans de la famille résonnaient : « Pour nos vies, levons-nous. Plus d’égalité, moins de criminalité. » Ce moment symbolique a transformé la douleur en énergie collective, rappelant à tous que la mémoire de Mehdi ne s’effacera pas.

Marseille a répondu à l’appel. Dans la tristesse, la ville a trouvé sa voix et sa dignité. Mehdi Kessaci n’est plus seulement un nom : il est devenu le symbole d’une communauté debout, déterminée à lutter contre la violence, à protéger ses quartiers et à réclamer justice. La marche blanche n’était pas seulement un hommage au jeune Mahdi assassiné par des narco-trafiquants : c’était un acte de résistance, une promesse que la vie et la justice l’emporteront sur la peur et l’oubli.

Mourad Benyahia 

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Assassinat de Mehdi Kessaci : la DZ Mafia frappe depuis la prison

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Dz Mafia

Une rue du 4ᵉ arrondissement est le théâtre d’un drame qui secoue la ville. Un énième assassinat en plein public. Le jeune Mehdi Kessaci, 17 ans, est abattu en plein jour. Rapidement, les enquêteurs constatent que ce meurtre ne relève pas d’un simple règlement de compte. Derrière l’acte, se profile la DZ Mafia, organisation criminelle marseillaise réputée pour sa violence extrême, capable de frapper même depuis les prisons.

Le dossier est transféré à la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO), révélait CNews. Cette saisie témoigne de la gravité et de la complexité de l’affaire, qui mêle trafic, intimidation et vengeance. Le mode opératoire est maîtrisé : deux hommes casqués sur une moto, tir de 9 mm à bout portant, fuite rapide. Les étuis retrouvés confirment la planification de l’exécution.

Mamine et la DZ Mafia : un réseau qui frappe au-delà des murs

Au centre des investigations figure Amine O., surnommé Mamine, identifié par Le Parisien et Le Progrès comme l’un des chefs de la DZ Mafia. Déjà mis en examen pour plusieurs assassinats en bande organisée, il est soupçonné d’avoir ordonné le meurtre depuis sa cellule. Son passé est marqué par la violence : en 2020, il est impliqué dans un triple homicide particulièrement brutal, où l’une des victimes était un demi-frère d’Amine Kessaci, frère de Mehdi.

Mamine Escobar, comme le désignent certains médias, est un homme discret mais redouté. Capable de coordonner des opérations à distance, il est devenu l’une des figures centrales de la criminalité marseillaise. Son transfert récent vers la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe n’a pas affaibli son influence sur le réseau.

La DZ Mafia, née au début des années 2010, fonctionne comme une « PME criminelle », selon Le Monde. Hiérarchie souple, logistique organisée, contrôle des territoires et violence comme moyen de domination : tels sont les codes qui régissent ce réseau. Contrairement à une mafia classique, la DZ Mafia s’adapte et se renforce dans l’ombre. Le meurtre de Mehdi Kessaci marque un tournant : les civils et les familles des militants anti-drogue deviennent des cibles directes. Le réseau envoie un signal clair : personne n’est à l’abri, et la prison n’empêche pas la capacité de nuisance.

Un meurtre d’intimidation au cœur de Marseille

Pour les enquêteurs, cités par CNews et La Dépêche, la piste la plus sérieuse est celle d’un meurtre d’avertissement. Mehdi pourrait avoir été tué pour atteindre son frère, Amine Kessaci, militant anti-drogue et président de l’association Conscience. Depuis plusieurs années, il dénonce publiquement les trafics dans les quartiers Nord et s’est fait de nombreux ennemis au sein des réseaux criminels.

Le mode opératoire souligne la dimension symbolique de l’acte : deux hommes à moto, tirs de 9 mm, dans un quartier sans lien avec le trafic. Il s’agit moins d’une action opportuniste que d’une intimidation ciblée, destinée à envoyer un message aux militants et à la population. Pour Le Progrès, la logique est claire : frapper un proche pour faire plier le militant exposé médiatiquement.

Amine Kessaci réagit avec douleur et colère : “Mon frère est mort pour rien. Ceux qui commanditent depuis les cellules sont les vrais ennemis.” Il confie avoir mis Mehdi en garde : “Il y a des gens qui me cherchent… imagine qu’ils te confondent avec moi.” La famille devient le symbole des risques encourus par les militants qui défient les réseaux.

L’enquête doit établir deux points essentiels : identifier les exécutants et confirmer la responsabilité des commanditaires, notamment Mamine. Selon Le Monde, les magistrats restent prudents : aucun lien formel n’est encore confirmé, mais la piste de la DZ Mafia reste prioritaire.

Marseille sous tension

La ville prend conscience de la capacité d’action des réseaux criminels. Malgré emprisonnements et opérations policières, la DZ Mafia conserve un réseau opérationnel étendu, capable de frapper avec précision et sans préavis. Le meurtre d’un mineur pour atteindre un militant symbolise la radicalisation de la violence, où les limites morales sont dépassées.

Pour les habitants, ce drame révèle que la criminalité organisée s’immisce dans le quotidien, frappant au hasard ou selon des logiques de vengeance. La JUNALCO poursuit ses investigations, consciente que le dossier pourrait révéler non seulement le rôle des commanditaires, mais aussi l’étendue du réseau et sa capacité à menacer la société civile.

Synthèse Mourad Benyahia 

Sources : Le Parisien, Le Progrès, Le Monde, La Dépêche, Centre Presse Aveyron, Cnews

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Tebboune à Constantine : entre b’khour, zorna et figure du “petit père du peuple”

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Tebboune à Constantine
Tebboune à Constantine. Crédit photo : APS

La visite d’Abdelmadjid Tebboune à Constantine, ce jeudi 20 novembre 2025, aura offert un moment de communication politique aux accents folkloriques : un condensé de rites protocolaires que le pouvoir affectionne, où se déploie une mise en scène minutieusement orchestrée.

Abdelmadjid Tebboune y est apparu dans le rôle soigneusement écrit du « petit père du peuple », présenté comme un leader « proche de son peuple » — une proximité qui, comme souvent, semble surtout avoir été prévue au programme.

Au menu : bain de foule contrôlé, effusions populaires photogéniques, parfum de b'khour (encens brûlé) imprégnant l’air et zorna martelant ce que la communication politique peine à exprimer autrement.

Dès son arrivée, le passage présidentiel a donné lieu aux scènes désormais familières : foule dense, drapeaux brandis, téléphones levés, slogans scandés avec l’enthousiasme propre aux grands événements… ou aux dispositifs bien orchestrés. Dans la cohue, les caméras ont saisi des visages irradiés de bonheur. Chaque poignée de main, chaque sourire échangé avec des citoyens soigneusement positionnés s’inscrivaient dans des images destinées aux journaux télévisés du soir. Leur force subliminale est parfaitement scénarisée : un chef de l’Etat avançant vers la foule, sourire calibré, gestes bienveillants, mains tendues vers un public dont l’enthousiasme semblait, lui aussi, bénéficier d’une certaine préparation.

Les caméras, omniprésentes, n’avaient plus qu’à suivre. L’objectif n’était pas tant de parler que de montrer — et surtout de montrer un chef proche, paternel, attentif, dans la pure tradition des figures tutélaires, ces archétypes que les pouvoirs autoritaires affectionnent.

L’encens brûlé à profusion, les embrassades sur le front comme dans les cérémonies familiales où l’on célèbre un patriarche respecté, ajoutait à ce tableau une dimension quasi sacrée. Dans cette atmosphère flottait une idée simple : le président ne vient pas seulement inaugurer ou constater, mais bénir symboliquement les lieux, les projets et, bien sûr, le peuple. La zorna, elle, donnait le rythme — celui d’une communion populaire aussi sonore que brève.

Cette construction visuelle correspond parfaitement à la rhétorique politique actuelle : compenser l’absence de débat public, de dialogue réel, par l’illusion d’un lien affectif fort entre le dirigeant et la population. Les bains de foule présidentiels ne disent rien des attentes sociales, mais beaucoup des intentions de communication : ils permettent de réaffirmer la légitimité populaire, de réactiver le mythe d’un président protecteur, quasi familial, qui connaît son peuple, l’écoute — ou du moins en donne l’impression — et le guide avec une bienveillance quasi filiale.

Pourtant, les enjeux concrets de Constantine — mobilité asphyxiée, désindustrialisation rampante, difficultés sociales persistantes — sont restés en arrière-plan, comme souvent. Le « père » était là, mais sans réponses précises à apporter. L’image paternelle, si utile politiquement, ne s’embarrasse pas de diagnostics rigoureux.

Au final, cette visite aura surtout rappelé à quel point la communication présidentielle s’appuie sur des symboles anciens : musique traditionnelle, rites d’accueil, accolades publiques, promesse implicite d’une protection infaillible. Une scénographie où l’on ne gouverne pas seulement par décisions, mais par posture. Et où, pour quelques heures, le président redevient ce personnage central de la dramaturgie politique : le « petit père du peuple », à défaut d’être l’architecte de solutions attendues pour le pays et la société. Pourtant ces images cachent une autre réalité de cette Algérie percluse par la terreur répressive. Une Algérie immobile, avec une économie atone et inaudible sur le plan internationale.

Rabah Aït Abache

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Tebboune renonce au G20 : esquive diplomatique ou calcul face à une rencontre avec Macron ?

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Tebboune
Tebboune fait du Tebboune

Alors que plusieurs médias français évoquaient, ces derniers jours, une probable rencontre entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune à l’occasion du Sommet du G20 qui débute, aujourd’hui,  à Johannesburg, le chef de l’Etat algérien a finalement renoncé à s’y rendre. Il a chargé son Premier ministre, Seifi Ghrieb, de le représenter lors de ce rendez-vous du club des grandes puissances économiques.

Une absence inattendue qui relance les interrogations : s’agit-il d’un simple ajustement d’agenda ou d’une décision intentionnelle visant à éviter un face-à-face diplomatique délicat ? Pour autant, il y a lieu de rappeler que Tebboune a séché les plus importants sommets internationaux qui ont eu lieu depuis son intronisation au pouvoir par Ahmed Gaïd Salah en hiver 2019.

Une volte-face qui laisse encore perplexe

Jusqu’au début de la semaine, tout indiquait que Tebboune participerait au Sommet. Le G20, pour la première fois organisé en Afrique, offrait à l’Algérie une tribune de choix pour réaffirmer son ambition internationale.

Pourtant, la veille de l’événement, le Président a préféré se rendre à Constantine pour inaugurer des projets locaux. Ce déplacement ne justifie pas, à lui seul, l’abandon d’une participation annoncée depuis des semaines. Le caractère tardif de la décision donne plutôt l’impression d’un repositionnement politique délibéré.

Tebboune a-t-il cherché à éviter Macron ?

C’est la question qui s’impose. Depuis plusieurs jours, des sources françaises laissaient entendre que les deux chefs d’État pourraient profiter du Sommet pour renouer le dialogue. Interrogé mardi, Emmanuel Macron s’était dit « disponible pour tout dialogue », à condition qu’il soit « sérieux, serein » et fondé sur « le respect de la France ». Une formulation mesurée mais ferme, qui replace Alger dans un rapport de forces moins avantageux qu’en 2022, au moment du rapprochement avorté entre les deux pays.

Un dégel technique, mais un blocage au niveau politique

La coïncidence est frappante : au moment même où Tebboune renonce à se rendre à Johannesburg, une délégation française de haut niveau — conduite par Anne-Marie Descôtes — est à Alger pour relancer les coopérations en matière d’immigration, de sécurité et d’économie. Les discussions avancent donc sur le plan technique, mais l’impulsion politique, elle, attend toujours.

La libération récente de l’écrivain Boualem Sansal, perçue comme un geste de bonne volonté, laissait penser qu’une reprise du dialogue au sommet était envisageable. L’absence du chef de l’Etat montre au contraire que l’Algérie veut contrôler le rythme et les conditions de ce rapprochement. Voire…

Une absence parmi d’autres, mais pas sans conséquences

Certes, Abdelmadjid Tebboune n’est pas le seul chef d’État à avoir décliné le Sommet : les présidents américain et chinois, Donald Trump et Xi Jinping seront eux aussi absents. Si ces deux défections pèsent lourd sur la dynamique du G20, il n’en va pas de même pour celle du chef de l’Etat algérien, dont l’influence sur la gouvernance mondiale demeure infinitésimable.

Ce contraste est d’autant plus frappant que Tebboune avait lui-même annoncé, avec une certaine fierté, la participation de l’Algérie à cette rencontre inédite sur le continent africain.

Reste que l’essentiel se joue ailleurs : en se retirant, Tebboune laisse passer l’occasion d’un premier contact direct avec Emmanuel Macron depuis plus d’un an. Une fenêtre diplomatique s’est refermée, au moment même où les deux capitales tentaient d’esquisser un début de réchauffement.  

Mais en renonçant à se rendre à Johannesburg, Abdelmadjid Tebboune donne l’impression d’entretenir la brouille. Faut-il y voir un calcul maîtrisé visant à préserver un pseudo-avantage stratégique d’Alger, ou simplement l’une de ces brusques inflexions dont le Président algérien a parfois le secret ? Il y a une évidence toutefois : la diplomatie algérienne est de plus en plus à la ramasse sur toutes les questions y compris celles régionales.

On ignore en revanche si le Premier ministre, Seifi Ghrieb  a reçu pour mandat  d’établir un contact discret avec la délégation française en marge du sommet. On attend de voir.

Samia Naït Iqbal

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Monia Ben Jemia alerte sur l’étau autoritaire en Tunisie

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Monia Ben Jemia
Monia Ben Jemia. Crédit photo : DR

Monia Ben Jemia, figure emblématique de la scène militante tunisienne et méditerranéenne, a marqué les Nouvelles Rencontres d’Averroès par son regard incisif sur la société civile.

Ancienne présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (2016‑2018), Mounia Ben Jemia a détaillé la manière dont les réseaux de défenseurs des droits humains en Méditerranée négocient avec les États, mobilisent des outils juridiques et diplomatiques, et transforment leur action en véritable arme contre les dérives autoritaires et les injustices frappant les populations les plus vulnérables.

Dans la salle du Théâtre de La Criée, à Marseille, Monia Ben Jemia a déroulé un récit dense, mêlant histoire du féminisme, analyse politique et témoignage personnel. Au cœur de son propos : l’urgence de défendre la parole, la démocratie et les libertés dans une Tunisie où l’autoritarisme gagne du terrain.

Elle a retracé les grandes étapes du féminisme tunisien : émergence dans les années 1970, consolidation d’associations autonomes, ouverture du champ militant après la révolution de 2011. « Les acquis n’ont jamais été un cadeau de l’État, mais le résultat de décennies de luttes », a-t-elle rappelé.

Mais c’est surtout pour dresser le portrait du présent que Monia Ben Jemia a captivé la salle. Les droits consolidés sont fragilisés, l’espace civique se rétrécit, et la parole dissidente est aujourd’hui perçue comme une menace. Elle a fait une comparaison directe : « Sous Ben Ali, il existait encore des moyens d’approcher certains ministres, d’entamer un dialogue et de trouver des solutions à des problèmes majeurs. Aujourd’hui, aucun dialogue n’est possible. »

Selon elle, la rue reste désormais le seul espace de dialogue : manifester, se mobiliser collectivement, c’est la seule manière pour la population de faire entendre sa voix et de contester les dérives autoritaires. Le pouvoir centralisé autour de Kaïs Saïed impose une logique d’isolement et de fermeture totale, plus sévère encore que celle du régime précédent.

« La décennie que Kaïs Saïed qualifie aujourd’hui de décennie noire a été la plus belle de ma vie. Nous avons obtenu de nombreuses avancées pour les droits des femmes et la lutte contre les violences, qui ont soulevé beaucoup d’espoirs pour les femmes du monde arabe », explique Monia Ben Jemia.

Aujourd’hui la plupart des associations de défense des droits humains en Tunisie sont suspendues ou menacées de dissolution. Les femmes victimes de violence n’ont plus de recours, plus de secours. C’est grave !

Elle a également expliqué qu’elle ne peut plus se rendre en Tunisie, car elle risquerait « le même sort » que d’autres militants ou juristes ciblés pour leurs prises de position.

Tout au long de son intervention, Monia Ben Jemia a détaillé les mécanismes par lesquels l’autoritarisme se renforce : lois d’exception, arrestations d’opposants et de journalistes, pression sur les ONG, criminalisation de la parole publique. Les réseaux méditerranéens de défense des droits humains – comme EuroMed Droits, qu’elle préside – continuent de jouer un rôle clé pour documenter, alerter et faire pression à l’international.

À la fin de la rencontre, elle a dédicacé son dernier livre, Dominer et humilier. Les violences sexistes et sexuelles en Tunisie (Éditions Cérès). Les échanges avec le public ont prolongé un moment où l’analyse intellectuelle rencontrait la force du vécu.

Cette masterclasse a rappelé que, dans un contexte méditerranéen fragile, la parole, loin d’être un simple outil, reste un acte de résistance. Et que la démocratie, encore plus que jamais, doit être défendue collectivement.

Mourad Benyahia 

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