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dimanche 17 août 2025
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Tunisie : arrestation de Mourad Messaoudi, président de l’association des jeunes juges

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Mourad Messaoudi

Mourad Messaoudi, président de l’Association des jeunes juges en Tunisie, a été interpellé, vendredi 15 août 2025, devant son domicile par des agents de sécurité en civil, selon les déclarations de son avocat Samir Ben Omar à Ultrasawt.

L’avocat précise que Mourad Messaoudi a été conduit vers un lieu inconnu et qu’aucune information claire n’a été communiquée aux avocats concernant son lieu de détention ou les motifs de son arrestation.

La famille de Messaoudi, ainsi que plusieurs avocats et défenseurs des droits humains ont rapporté que le juge et ses proches auraient été victimes de violences lors de l’interpellation.

Rappelons que Mourad Messaoudi faisait partie des 57 juges révoqués en 2022 par décret présidentiel de Kaïs Saïed, une mesure largement critiquée par les instances judiciaires et les organisations de défense des droits humains pour son atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire. Bien que la Cour administrative ait annulé cette révocation, son exécution n’a jamais été mise en œuvre.

Messaoudi avait également été candidat à l’élection présidentielle de 2024. Il a été condamné par la huitième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis à huit mois de prison pour « falsification de parrainages » relatifs à sa candidature. Il avait contesté ce jugement et comparu devant le tribunal pour faire valoir ses droits, mais la condamnation a été confirmée.

Cette arrestation intervient dans un contexte de tension croissante autour du système judiciaire et de la liberté d’expression en Tunisie. La communauté internationale et plusieurs organisations locales de défense des droits humains suivent de près l’affaire et demandent la clarification des motifs de détention ainsi que le respect des droits fondamentaux du juge.

Mourad Benyahia

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Drame à Alger : 18 morts dans la chute d’un bus dans oued El-Harrach

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Bus dans oued El Harrach : 18 morts
Les chaînes de télévision ont manqué de retenue lors du drame d'oued El Harrach

Un bus de passagers a dévié de sa trajectoire avant de basculer du pont surplombant l’Oued El-Harrach, à l’est d’Alger, ce vendredi pour sombrer dans l’oued.

Le bilan est lourd. Le commandant Bernaoui a fait savoir que deux des blessés, en état critique, ont été pris en charge sur les lieux avant d’être évacués vers l’hôpital local, tandis que les dépouilles des 18 personnes décédées ont été transférées à la morgue du même établissement.

Le véhicule, qui transportait des passagers, a quitté sa trajectoire avant de chuter du pont sur un axe reliant la cité Mohammedia au quartier limitrophe, Beaulieu. 

Cet accident particulièrement grave relance une fois de plus le débat sur la sécurité routière en Algérie. Les infrastructures, le respect des normes de transport collectif et la vigilance des conducteurs sont régulièrement pointés du doigt dans ce type de drame.

La rédaction

Les secours sont arrivés pour tenter de sauver les victimes de ce drame
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Sommet Trump-Poutine à Anchorage : vers une nouvelle dynamique diplomatique ?

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Ce sommet arrive dans un contexte international tendu. Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine se sont rencontrés ce vendredi à la base militaire d’Elmendorf-Richardson, à Anchorage, en Alaska.

Ce sommet, le premier depuis 2019, intervient alors que la guerre en Ukraine continue de déstabiliser l’Europe de l’Est et de polariser les relations internationales.

Un sommet sous haute tension

Le principal objectif de cette rencontre était de discuter d’un cessez-le-feu en Ukraine et d’explorer des solutions diplomatiques pour réduire les tensions entre les États-Unis et la Russie. Bien que le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’ait pas été présent, le sommet a mis en lumière la nécessité d’une coopération internationale et d’un dialogue direct pour prévenir une escalade.

Les discussions ont également abordé la sécurité régionale et la stabilité stratégique. Les deux dirigeants ont confirmé leur volonté de poursuivre le dialogue sur le contrôle des armements et sur des mesures visant à limiter les risques nucléaires, sans qu’aucun accord concret n’ait été annoncé à l’issue du sommet.

Positions divergentes

Donald Trump a souligné l’importance de négociations directes et transparentes, tout en évoquant la possibilité d’une rencontre tripartite incluant l’Ukraine à une étape ultérieure. Les responsables américains ont indiqué que Trump visait à créer un cadre pour de futures discussions qui pourraient ouvrir la voie à un cessez-le-feu durable.

Vladimir Poutine a insisté sur la nécessité de garanties de sécurité pour la Russie et sur le respect des intérêts stratégiques de son pays. Les discussions ont abordé des pistes potentielles de contrôle des armements, mais Poutine a réaffirmé que la sécurité russe restait prioritaire.

Réactions internationales

La communauté internationale a suivi le sommet de près. Les pays occidentaux ont exprimé des réserves sur l’absence de Zelensky et sur l’efficacité de discussions bilatérales sans la participation directe de l’Ukraine.

Du côté ukrainien, le président Zelensky a déclaré que l’absence de sa présence au sommet limitait la portée des discussions et a souligné que l’Ukraine restait ferme sur la préservation de son intégrité territoriale. Les responsables ukrainiens ont par ailleurs confirmé la réception d’une aide militaire américaine, soutenue par des financements européens, destinée à renforcer la défense du pays face aux opérations russes.

À Anchorage, des manifestations pro-ukrainiennes ont eu lieu, reflétant l’attention internationale portée à cette rencontre.

Symbolisme et gestes

Le sommet a également été marqué par des aspects symboliques, notamment la mise en place des délégations et la communication autour des gestes des participants. Si certains médias ont relayé des interprétations symboliques, il est important de souligner que ces aspects restent secondaires face aux enjeux diplomatiques et militaires principaux.

Bilan et perspectives

Le sommet n’a pas permis d’aboutir à un accord concret, mais il a permis d’établir un canal de communication direct entre les deux puissances. Les discussions devraient se poursuivre dans les prochaines semaines, avec une attention particulière sur :

La participation future de l’Ukraine dans des négociations trilatérales.

La poursuite des discussions sur le contrôle des armements et la sécurité nucléaire.

Le suivi des tensions sur le terrain en Ukraine et l’adaptation de la diplomatie internationale.

La rencontre Trump-Poutine à Anchorage illustre la complexité de la diplomatie contemporaine : un mélange de stratégie, de symbolisme et de calculs géopolitiques. Malgré les divergences, l’ouverture d’un dialogue direct reste essentielle pour prévenir une escalade majeure et explorer des solutions de paix durable.

Ce sommet rappelle que la stabilité internationale dépend autant de la diplomatie que de la vigilance des acteurs mondiaux, et que chaque geste et chaque mot peuvent avoir un impact considérable sur les relations internationales.

Djamal Guettala

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Polémiques autour du dossier de l’hebdomadaire « Le Point » : et si Kamel Daoud avait raison ?

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Le Point

Accusé de trahison pour avoir évoqué la Kabylie dans Le Point, l’écrivain et chroniqueur Kamel Daoud a réveillé un vieux tabou algérien : celui d’une région à la fois pilier et trouble-fête de l’unité nationale.

Une région souvent cible de soupçons, alors qu’elle a payé le prix fort pour défendre, seule, des revendications identitaires et démocratiques valables pour tous les Algériens. Et si cette polémique, qui ravive de vieilles blessures politiques, en disait moins sur l’écrivain que sur l’incapacité du pays à reconnaître la diversité qui le compose ?

Le dossier du Point sur la Kabylie a réuni pêle-mêle les anti-MAK, les anti-autonomistes, les anti-Saïd Sadi, les anti-Kamel Daoud, des pro-pouvoir, des anti-extrême droite, même des anti…Kabylie… Car dans le lot se cachent un nombre insoupçonnable d’individus qui ne supportent pas le particularisme culturel, identitaire et politique de la Kabylie.

Et dans le lot, Kamel Daoud a essuyé le gros des attaques. Affligeant. Cette tempête médiatique en dit sans doute plus sur la nervosité de la scène publique algérienne que sur le contenu même de l’article. Il a suffi que l’écrivain s’attaque – ou paraisse s’attaquer – à la question kabyle pour que le réflexe pavlovien se mette en marche : indignation unanime, accusations de trahison et réaffirmation solennelle de l’«indivisibilité » de l’Algérie.

Pourtant, derrière ce brouhaha patriotard, une évidence transparaît : en récusant en bloc les propos attribués à Kamel Daoud, ses contradicteurs réaffirment eux-mêmes, souvent avec une passion inconsidérée, que la Kabylie est une composante indissociable de la nation. Une position martelée à chaque crise, et qui n’est pas sans rappeler les débats du Printemps noir de 2001 ou encore les événements du Printemps berbère de 1980. Manifestement pour ces grands pourfendeurs parler de la Kabylie est un tabou, voire un sacrilège.

Le précédent du printemps noir

En 2001, l’assassinat du jeune Guermah Massinissa, dans la brigade de gendarmerie de Beni Douala, mit le feu aux poudres. La Kabylie s’était levée comme un seul homme pour dénoncer l’usage meurtrier de la force par l’État, plus d’une centaine de jeunes manifestants ayant été tués et des centaines d’autres blessés. Leur crime ? Avoir dénoncé l’arbitraire, la hogra et l’injustice sous toutes ses formes.

Très vite, la colère locale s’était muée en un mouvement collectif, porteur de revendications nationales, formulées dans la célèbre plateforme d’El Kseur. Ce texte fondateur proposait rien de moins qu’une refondation politique : reconnaissance de l’identité plurielle de l’Algérie, fin de l’exclusion politique, modernisation des institutions et garantie des libertés fondamentales. 

Une Kabylie seule face au pouvoir

Mais en 2001 et 2002, rares furent les voix, hors de la région – à l’exception de certaines élites politiques et intellectuelles progressistes – à défendre ce projet. Déjà affaiblie par la répression, la Kabylie dut porter seule ce combat, alors même qu’il se voulait unificateur et inclusif. Hormis quelques voix des Aurès, aucune solidarité transrégionale ne s’est exprimée.

Cette solitude payé avec le sang de 127 jeunes Kabyles et plus de 500 blessés faisait écho à celle vécue lors du Printemps berbère de 1980, quand la région avait déjà dû défendre seule la cause identitaire et les revendications démocratiques qui l’accompagnaient. Véritables forces de propositions politiques, les animateurs du  Mouvement culturel berbère avaient alors jeté les bases d’un discours démocratique, moderne et pluraliste. Le MCB avait frayé, seul, une brèche dans le système autoritaire du parti unique.

La question que personne ne pose

Derrière cette polémique, il y a bien souvent les ennemis de Kamel Daoud, mais aussi de la Kabylie. La belle affaire ! Le dossier du Point leur offrait une occasion de se payer les deux pour le prix d’un.

Au-delà, la polémique autour de Kamel Daoud réveille un paradoxe : on glorifie l’unité nationale, mais on oublie que l’une de ses régions les plus actives politiquement a souvent été laissée seule lorsqu’elle défendait des valeurs communes à tous les Algériens.

Et si, derrière la provocation supposée de Kamel Daoud, se cachait un rappel dérangeant ? Et si le malaise venait du fait que la Kabylie incarne, depuis des décennies, une revendication de droits et de libertés que l’Algérie officielle n’a jamais su – ou voulu – intégrer ?

Les réactions outrées disent beaucoup sur la fragilité d’un nationalisme souffreteux qui, pour se rassurer, préfère réaffirmer les frontières symboliques plutôt que de s’attaquer aux fractures réelles : celles de la représentation politique, de l’égalité devant la loi et de la reconnaissance sincère de la diversité culturelle. Et certainement, celles d’un véritable Etat de droit qui manque terriblement aux Algériens. La vraie question est là, pas ailleurs.

Car si l’Algérie est bien « une et indivisible », encore faut-il que cette unité soit vécue comme un contrat équitable, et non comme une obligation, voire un simple slogan mobilisé au gré des polémiques.

Sofiane Ayache

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Jean-Maurice de Montremy : entre mémoire, l’intime et le sacré

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Jean-Maurice Waldruche de Montremy,
Jean-Maurice Waldruche de Montremy.

Jean-Maurice de Montremy est une figure discrète mais essentielle du paysage littéraire et intellectuel français contemporain. 

Jean-Maurice de Montremy est né à Moyeuvre-Grande, en Moselle. Dès ses études à l’université Paris-Nanterre, il se passionne pour la littérature et la linguistique, sous l’influence des travaux de Roman Jakobson, Jean-Pierre Richard et Georges Dumézil. Ce double ancrage – dans l’humanisme lettré et dans une exigence analytique – traverse toute son œuvre, qu’elle soit critique, biographique ou romanesque.

Il débute dans le journalisme culturel comme pigiste, avant d’être recruté en 1978 par La Croix, où il est chargé de créer le supplément « Livres et Idées », qu’il animera et dirigera jusqu’en 1989. Il y défend une vision exigeante et curieuse de la littérature. Par la suite, il devient rédacteur en chef du magazine Lire, puis producteur d’émissions culturelles pour France Culture et RFI. Il y affine une voix critique souple mais rigoureuse, attentive aux œuvres plutôt qu’aux modes, et attachée à mettre en lumière des pensées de fond. Jean-Maurice de Montremy ne cesse d’alterner les rôles de passeur, d’interprète et d’explorateur. En 2010, il met un terme à ses activités journalistiques pour se consacrer à l’édition : il fonde alors Alma éditeur avec Catherine Argand, éditrice et ancienne journaliste. Cette maison indépendante défend avec intelligence la littérature contemporaine et les sciences humaines. Depuis 2022, il est conseiller des éditions Le Condottiere.

Il s’explique, dans l’entretien que l’on pourra lire ici, sur la lente élaboration du cycle des Iles étrangères ouvert en 1984, plusieurs fois repris, et toujours en voie de rédaction. Paru récemment, Les hivers et les printemps (2022) — premier volet du cycle — creuse la question du deuil et du recommencement, dans une prose élégiaque empreinte de gravité lumineuse.

À côté de ce projet romanesque, Jean-Maurice de Montremy a également livré plusieurs ouvrages marquants dans le champ biographique et de l’essai. L’un des plus remarqués reste Rancé. Le soleil noir (2007), portrait érudit et sensible d’Armand-Jean de Rancé, figure fondatrice de l’ordre cistercien réformé. Ce livre, salué par le prix Combourg-Chateaubriand, dépasse le simple cadre de la biographie pour devenir une méditation sur la radicalité spirituelle, le silence et l’ascèse, en écho à certaines obsessions de l’auteur lui-même : la tension entre la parole et son retrait, entre la foi et le doute, entre l’Histoire et le mythe.

Cette dimension spirituelle et symbolique se retrouve également dans des textes comme Le Mystère d’une dame en blanc (2010), enquête poétique sur une figure féminine disparue, ou encore Capucine à Valence, récit de voyage qui est aussi une quête intérieure, faite de rencontres, de lieux et de sensations ténues.

Plus récemment encore, Jean-Maurice de Montremy s’est aventuré dans un registre nouveau avec Tchaïkovski et le mannequin d’or (2024), roman historique et musical situé dans la Venise de 1893. Ce texte, à la fois enquête et rêverie, imagine les derniers jours du compositeur Piotr Ilitch Tchaïkovski à travers une figure fictive, une sorte de double féminin, mystérieux et spectral. À la manière d’un tableau symboliste, l’auteur y convoque des atmosphères nocturnes, une sensualité trouble, et une réflexion profonde sur l’inspiration artistique et la finitude. C’est sans doute l’un de ses livres les plus accessibles, mais aussi les plus riches sur le plan esthétique.

Dans l’ensemble, l’œuvre de Jean-Maurice de Montremy dessine un territoire rare dans la littérature contemporaine française : un espace où la fiction dialogue avec la pensée, où l’intime s’éclaire à la lumière de l’histoire et du sacré. Son écriture, à la fois classique et libre, rigoureuse et onirique, invite à une lecture lente, presque méditative. Elle témoigne de la fidélité d’un auteur à son monde intérieur, à ses paysages mentaux et spirituels — ce qui, en soi, est une forme de courage artistique.

Son apport à la vie littéraire française est donc multiple. Il a su conjuguer, avec cohérence et discrétion, une œuvre personnelle exigeante et un rôle constant dans la médiation culturelle. Son écriture, dense, souvent grave, porte la marque d’un attachement profond à la vérité littéraire et humaine. Il incarne une certaine idée de la littérature française : savante mais accessible, exigeante mais hospitalière, résolument tournée vers l’intériorité et l’universel.

Dans un monde éditorial souvent marqué par l’immédiateté, Jean-Maurice de Montremy rappelle que la littérature peut encore être une quête de sens, de beauté, de profondeur, nécessaire aujourd’hui plus que jamais. Son œuvre s’impose peu à peu comme celle d’un grand écrivain de l’intime, de la mémoire et du sacré.

Dans cet entretien, Jean-Maurice de Montremy nous dévoile les coulisses de son parcours d’écrivain et de critique, ses sources d’inspiration profondes, ainsi que sa vision singulière de la littérature comme un art de la mémoire, de la spiritualité et de la quête intime.

Le Matin d’Algérie : Tous les critiques et journalistes ne deviennent pas écrivains. Jean-Maurice de Montremy : Pour vous, comment cette envie d’écrire est-elle née ? Était-ce une vocation parallèle dès le départ, ou un besoin qui s’est imposé avec le temps ?

Jean-Maurice de Montremy : Dès que j’ai su lire, je suis devenu lecteur, voire grand lecteur. Lorsque j’ai su écrire, je me suis donc mis à écrire, spontanément, sans véritable projet : c’était un effet de la lecture, par mimétisme. Comme il y avait beaucoup de livres autour de moi, et que mes parents étaient cultivés, cela me semblait aller de soi. Après mon baccalauréat, j’ai pensé, un moment, m’orienter vers Sciences Po, choix assez fréquent dans ma famille. N’ayant toutefois pas d’idées précises pour la suite, j’ai préféré des études de français, puisque j’écrivais déjà et que la littérature était, avec la musique dite « classique », mon état naturel. 

Conformément à l’esprit des années 1970, je me suis passionné pour la linguistique. S’y greffa la philologie, moins en vogue – l’histoire tenant une grande place dans mes préoccupations. Comme je n’avais pas la vocation d’enseignant, ni celle d’énarque (qui était plutôt dans l’idée de mes parents) et que je dévorais les journaux, il m’a semblé que le journalisme concilierait le mieux mon besoin d’écrire et mon intérêt pour l’information – essentiellement la politique, les relations internationales et les divers domaines de la culture.

Après avoir fait quelques piges, j’ai eu la chance de remplacer à La Croix en 1978 un critique de cinéma et de théâtre, en arrêt maladie. Ce critique, malheureusement pour lui, n’a jamais pu reprendre ses activités. De temporaire, mon engagement est devenu définitif. J’ai donc d’abord surtout couvert le cinéma, le théâtre et la musique. Le livre est venu plus tard lorsque La Croix a créé en 1980 son supplément « Livres et idées », qui m’a été confié.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, mes deux activités – roman, journalisme – sont restées parallèles. Sans entrer dans les vastes questions que sont l’économie du livre, celle de la culture et celle de la presse, j’ai vite compris que la presse écrite ou parlée n’était pas le lieu où s’exprimeraient mon projet et mes préoccupations. Mon rôle n’était pas de dire ce que je pensais, ni d’exprimer mes convictions – encore que je n‘aie jamais écrit contre ma pensée, ni mes convictions.

Mon rôle était d’informer et de m’informer pour informer. Cela m’a énormément apporté, par tout ce que j’ai pu lire, entendre et voir. Plus encore, par les rencontres de toutes sortes de personnes. 

Durant mes trente années de journalisme, j’ai signé pour l’essentiel des livres d’entretiens. Les six romans parus de 1984 à 2014 ont intéressé peu de monde – sans doute à raison, car ils n’étaient pas mûrs – et j’ai eu les plus grandes difficultés à les publier. Journaliste ou pas, les éditeurs refusaient mes textes de fiction. 

Le Matin d’Algérie : Votre cycle romanesque Les Îles étrangères s’étend sur plusieurs décennies et explore des thèmes profonds comme la mémoire, l’identité, ou encore le sacré. Comment ce projet a-t-il évolué dans votre esprit au fil des années ?

Jean-Maurice de Montremy : À 15 ans, en 1967, je fus vivement frappé par une représentation des Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach, à Paris, salle Favart. Attiré depuis longtemps par les mythes, les légendes et la « merveille », je lus, passant de l’opéra aux livres, plusieurs récits et romans d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, notamment Le Vase d’or. L’interaction du visuel, de la musique et de l’imaginaire décidèrent de la suite. En ce début des années 1970, à la découverte d’autres grandes œuvres musicales, du plain-chant à Boulez, il faut ajouter celle des romans de Julien Gracq, Claude Simon, Mikhaïl Boulgakov et Gabriel Garcia Marquez. Sans que j’en sois conscient, le cadre était installé.

Après plusieurs textes inaboutis, j’entrepris en 1979 la rédaction de mon premier roman. Il paraît en 1984, sous le titre de Mémoires

Le titre – évidemment ambigu – exprime l’intrigue. Un enfant, Marc, visite en cachette un château inhabité, où tout reste en place comme avant l’abandon. Les parcours de l’enfant, remettent en œuvre la mémoire des anciens maîtres du lieu. Devenu jeune homme, Marc voit son premier amour et sa propre mémoire peu à peu recomposés par le pouvoir de la grande demeure.

Pourtant, même s’il était adéquat, ce titre, Mémoires, prêtait à confusion – plus encore chez un débutant. L’ambiguïté me convainquit de publier une nouvelle version en 2007, remaniée, sous un nouveau titre : Miroir et songes. Le phénomène se reproduira, pour tous mes romans écrits jusqu’en 2014 – tous doivent connaître une seconde version. J’avais la matière, le projet et la construction. Je l’ai dit : manquait la maturité. On peut très bien n’être pas mûr, littérairement, à trente ou soixante ans. Cela n’a rien à voir avec la maturité physique ou psychique.

J’en avais, en partie, conscience dès mon premier roman. Durant sa mise au point, en effet, s’était imposée dans mon esprit le projet d’une « Suite romanesque » de sept livres – sept mouvements – dans l’esprit d’une vaste suite symphonique, la Suite romanesque des Iles étrangères. De cette Suite, il m’apparut que mon premier roman serait le troisième « mouvement », bien qu’achevé avant les autres. Alors âgé de trente ans, je prévoyais que l’élaboration de ces sept livres pourrait s’étendre sur une bonne partie de ma vie. Restait à écrire, en effet, les deux premiers mouvements et les quatre derniers…

Il semblait évident que l’ordre chronologique de rédaction de chacun de ces romans ne fixerait pas la place qu’il tiendrait dans la Suite. Chacun des mouvements aurait son caractère propre et correspondrait à une certaine expérience du temps et de la durée : on n’a pas la même perception des choses à quarante, cinquante ou soixante ans.

Pour trouver le bon point de vue, il faut avoir vécu, observé, lu, entendu. Les trois romans qui suivirent (1991, 1998, 2005) occupaient, dans mon esprit, et dans l’ordre de rédaction, les sixième, cinquième et deuxième places de la Suite.

En 2014, je me suis mis à écrire le premier mouvement de la Suite, Les hivers et les printemps (2022, Editions le Condottiere). La rédaction dura huit ans. Elle correspondait à la fin de ma carrière de journaliste et à la fin de mes années à la tête d’Alma éditeur, maison que j’ai fondée en 2010. 

Je pris alors conscience, un peu tard, que j’étais sans doute mûr, que ce premier mouvement était à peu près au point, autant qu’il pouvait l’être. Il me fallait donc reprendre l’ensemble de la Suite par ordre chronologique de parution et par ordre logique de succession. Je suis en train de travailler sur le deuxième mouvement, une version très remaniée de Bilkis, paru en 2005.

Certes, « vous ne saurez ni le jour, ni l’heure », est-il écrit. Heureusement que l’espérance de vie s’est accrue depuis le XIXe siècle. Il n’est pas exclu que je parvienne au bout de l’entreprise des Iles étrangères – titre emprunté au Cantique spirituel de saint Jean de la Croix. 

Le Matin d’Algérie : Vous êtes à la fois écrivain, critique littéraire et ancien éditeur. Comment ces trois rôles s’enrichissent-ils mutuellement — ou parfois s’opposent-ils ?

Jean-Maurice de Montremy : De Gaulle disait qu’on ne commence pas une carrière de dictateur à soixante-sept ans. En revanche, j’espère avoir commencé ma véritable « carrière » d‘écrivain à cet âge, mûri par une longue fréquentation des auteurs, de la presse et du milieu littéraire, musical et médiatique – à tous les sens du mot milieu, pas toujours exaltant. On y rencontre, néanmoins, quelques personnes remarquables et sympathiques. Il ne faut jamais désespérer. 

J’ai été journaliste littéraire, pas critique littéraire proprement dit, car la presse n‘est plus un lieu de critique véritable, ni littéraire, ni musicale – pour m’en tenir à ce que je connais d’assez près. J’ai tenté de faire correctement de l’information, nourri par mes difficultés et mon expérience d’écrivain.

Cette expérience m’a donné, je l’espère, l’indispensable empathie pour comprendre ceux qui s’efforcent de mener une œuvre qu’il s’agisse des écrivains et des philosophes, mais aussi des chercheurs – notamment les historiens – des musiciens, des compositeurs, des interprètes. Eux-mêmes m‘ont beaucoup instruit et m’instruisent toujours. 

Le Matin d’Algérie : Dans votre biographie Rancé. Le soleil noir, vous explorez une figure religieuse austère et fascinante. Qu’est-ce qui vous attire dans ces parcours de retrait et de silence ?

Jean-Maurice de Montremy : J’ai passé près de vingt-six ans avec Rancé, sans l’avoir prévu ni voulu. Je n’éprouvais pas de fascination particulière pour ce personnage, malgré La vie de Rancé de Chateaubriand – car c’est l’anti-portrait de Chateaubriand en Rancé qui me fascinait. Lorsqu’un ami éditeur m’a proposé, en 1997, d’écrire sur Rancé j’avais surtout envie de me plonger dans le XVIIe siècle français, le « siècle des saints », mais aussi de Pascal, Molière, Racine et Fénelon.

Je ne pensais pas que cela m’occuperait autant. En sortirent une biographie, Rancé, le soleil noir (Edition définitive, Le Condottiere 2022). Une édition des Relations de la mort de quelques religieux de l’abbaye de la Trappe (Le Condottiere, 2023) et le matériau de mon roman Les hivers et les printemps. Il me semble que c‘est dû, au-delà, de Rancé à la grandeur et à l’intensité de ce siècle – qui est celui de Richelieu, Mazarin et Colbert autant que de Louis XIV.

« Je désire avec une ardeur incroyable d’être tellement oublié des hommes qu’on ne pense pas seulement que j’ai été », a écrit Rancé au cœur de ce temps hanté par la gloire et le paraître. Qu‘un homme de qualité tel que lui – riche, brillant, cultivé, issu de l’élite politique et financière – décide de se défaire de lui-même pour s’enfermer dans une abbaye très austère et devenir un homme sans qualités, voilà qui ne peut qu’intimider notre société du spectacle.

Au cardinal de Retz, ruminant ses échecs et s’ennuyant dans sa prison dorée de l’abbaye de Saint-Denis, Rancé écrit : « Tout ce qui passe dans cette vie n’est que vanité et ne mérite pas un seul instant les soins d’un homme qui en attend une autre, et le monde est fait de manière et se discrédite tellement de lui-même, qu’il ne faut ni grâce, ni vertu, pour le quitter. »

Ce dépaysement produit par l’enquête sur Rancé répondait à mes interrogations sociales, religieuses, amoureuses et esthétiques. Depuis 1997, notre société a définitivement et profondément changé de siècle, voire de vision du monde. Et j’ai retrouvé, en étudiant Rancé des tensions toujours bien présentes : la tension du religieux et du politique, la redéfinition conflictuelle des rapports entre les hommes et les femmes, le problème du libre arbitre et de la responsabilité personnelle. Je ne parle pas de la « fin de vie » qui est au cœur de toute l’entreprise Rancé. Mourir était, pour lui, une dignité. 

Le Matin d’Algérie : Avec Tchaïkovski et le mannequin d’or, vous faites revivre les derniers jours du compositeur à Venise, en tissant étroitement histoire et imagination. Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette figure complexe, et comment avez-vous choisi de lui donner chair par l’écriture romanesque ?

Jean-Maurice de Montremy : Avec Berlioz, Tchaïkovski fait partie des premiers compositeurs que j’aie aimés. L‘un comme l’autre, sont souvent snobés par leurs pairs et par l’élite critique. Je rends son dû à Berlioz – de surcroît, grand écrivain- dans au moins deux de mes romans. Lorsque je découvrais la musique, à la fin des années 1960, beaucoup moquaient la « vulgarité, le « mauvais goût » ; les « dégoulinades » et les « flonflons » de Tchaïkovski. Je voulais lui rendre justice ou, du moins, me justifier de l’admiration que je lui portais – encouragé en cela par l’intérêt constant que Stravinski portait à son compatriote. La commande en 1985 d’un petit texte sur Venise servit de déclencheur.

Un mystère entoure la mort de Tchaïkovski, fin 1893. Il était certes mélancolique et dépressif – en témoigne la Symphonie Pathétique tout juste créée – mais sa mort surprit tout le monde. S’était-il empoisonné accidentellement, s’était-il suicidé ou l’avait-on « suicidé » ? Tchaïkovski était, en effet, homosexuel, suspecté de « détourner » des jeunes gens, voire de très jeunes gens. Il est possible qu’un scandale l’ait menacé, un « kompromat » comme la Russie en eut toujours le secret. J‘ai donc inventé un séjour de Tchaïkovski à Venise en 1893 dans une ambiance à la Thomas Mann et à la Visconti – deux auteurs que j’aime bien : la mort à Venise. Il s’y rend à l’invitation d’un personnage omniprésent et invisible, un méchant qui rappelle le sinistre sorcier Rotbart qui dans le Lac des cygnes substitue des cygnes noirs aux cygnes blancs. 

Ce palazzo où il est invité à composer une nouvelle œuvre est, en fait, une machine à fouiller dans l‘inédit, le non-dit, les remords d’écritures, les remords en général, les secrets inavouables, les variantes etc. C’est le paradis des notes de bas de page, de l’inquisition policière, des fouilleurs de corbeilles. L’invisible maître des lieux convoite, chez l’artiste, le « misérable petit tas de secrets », auquel Malraux fait allusion, mine du journalisme à scandale et des spécialistes universitaires de l’autobiographie ou de l’autofiction.

Tout cela est aussi prétexte à laisser libre cours, en contrepoint à mon goût pour les contes de fées et les contes d’Hoffmann – goût partagé avec Tchaïkovski. En espérant qu’au terme de sa cruelle agonie, c’est bien le Jardin féerique des Lilas qui l’accueille et pas l’ignoble fosse à vipères de Carabosse. 

Le Matin d’Algérie : Vous semblez accorder une place importante à la lenteur, à la profondeur, à la réflexion dans vos livres. À l’heure d’une culture saturée et rapide, quel rôle croyez-vous que la littérature peut encore jouer ?

Jean-Maurice de Montremy : Je suis fondamentalement impulsif voire expéditif, volontiers péremptoire. Je n’ai jamais eu l’angoisse de la page blanche ou de l’écran vide, j’en ai noirci des milliers, j’en noircis encore, j’en noircirai toujours. Heureusement qu’existent l’ordinateur, sa capacité de stockage et les facilités qu’il offre aux constantes révisions. Cela sauve peut-être quelques arbres. J’ai commencé d’écrire au stylo, puis je suis passé à la machine à écrire, puis à l’ordinateur. Je ne regrette pas cette évolution, qui rend bien plus faciles les reprises, retouches, remaniements, transports de paragraphes, finitions etc. Disons que ma lenteur est inséparable de ma rapidité. J’ai toujours un deuxième temps, un vieux fonds de rumination : je réécris sans cesse avec autant d’ardeur que j’écris, estimant n’avoir jamais exprimé exactement ce dont j’ai eu l’intention. 

Claude Simon disait qu’on n’écrit jamais qu’au présent, s’inscrivant dans la lignée de saint Augustin dont on sait la célèbre formule : "Il y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur. Le présent du passé, c'est la mémoire ; le présent du présent, c'est l'intuition directe ; le présent de l'avenir, c'est l'attente."

Le présent prend donc tout son temps : son instantanéité suppose le temps long de la mémoire et la longue patience de l’avenir – cette attente dont parle Augustin. 

Le Matin d’Algérie : Avez-vous des projets en cours ou à venir ?

Jean-Maurice de Montremy : Je tente de mener à bien l’achèvement des sept volumes de la Suite romanesque des Iles étrangères. Et aussi de débroussailler un Journal que je tiens assez régulièrement depuis les années 1970 : pas un journal intime, plutôt des choses vues, lues, entendues, et des réflexions. Je l’appellerais volontiers Journal d’un observateur enthousiaste, en hommage à Hoffmann. Bien sûr, je n’ai plus vingt ans, mais je fais comme si… On prête, parfois à Isidore de Séville, parfois à Thomas d’Aquin ce conseil : « Etudie comme si tu devais vivre toujours ; vis comme si tu devais mourir demain ».

Le Matin d’Algérie : Un dernier mot peut-être ?

Jean-Maurice de Montremy : Selon Georges Bernanos, “le diable est l’ami qui ne reste pas jusqu’au bout ». J’ai toujours à l’esprit cette plasticité de l’ombre, lorsque je me débats avec les pôles d’action parfois antagonistes, parfois alliés, que sont ces figures mouvantes qu’on appelle en littérature des « personnages ». J’y ajoute souvent cette idée du grand écrivain, pas assez reconnu en France qu’est Anthony Powell (1905-2000) l’auteur du cycle de la Danse de la vie humaine (Christian Bourgois, 1989-1998. Versions originales : Heinemann, Londres 1951-1975) : « L’amour de soi est rarement payé de retour ». Tout écrivain devrait méditer cette phrase chaque fois qu’il écrit. C’est d’ailleurs la logique de Bernanos : l‘amour de soi est typiquement l’ami qui ne reste pas jusqu’au bout. 

À l’écrivain déprimé par ce constat, par sa blessure narcissique, par sa solitude, par le tour dérisoire que prend son travail dans un monde saturé d’images, de bruits et de réseaux, j’aime aussi rappeler l’encouragement de Georges Dumézil : « Rien n’est jamais perdu des propositions d’avenir : elles attendent seulement dans l’immensité, dans l’éternité des bibliothèques, la flânerie ou l’inquiétude d’un esprit libre ».

Entretien réalisé par Brahim Saci

https://jeanmaurice-demontremy.com/

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Décès de Noureddine Benomar : le cinéma algérien perd un pionnier

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Noureddine Benomar
Noureddine Benomar

Le monde du cinéma et de la télévision algériens est en deuil. Noureddine Benomar, réalisateur et producteur emblématique, s’est éteint à l’âge de 74 ans, laissant derrière lui un héritage artistique considérable. Sa disparition constitue une perte majeure pour le paysage audiovisuel national, où il a exercé une influence durable sur plusieurs générations de cinéastes et de professionnels du secteur.

Noureddine Benomar est né dans les années 1950 à Oran. Passionné très tôt par les arts dramatiques, il a intégré dans les années 1970 l’Institut de musique « Ahmed Wahbi », où il a suivi une formation en arts théâtraux. Ses débuts artistiques l’ont rapidement conduit vers la télévision régionale d’Oran, où il s’est affirmé comme un réalisateur talentueux et visionnaire, capable de conjuguer créativité et engagement social.

Au fil de sa carrière, Benomar a produit et réalisé de nombreuses œuvres télévisuelles et cinématographiques. Parmi ses films les plus marquants figurent El Harga (الحرڤة), qui aborde la migration clandestine et les aspirations de toute une jeunesse, La Qaida Halima (القايدة حليمة), un film qui explore les traditions locales et les défis sociaux à travers la vie d’un personnage féminin fort, et Bint El Khoss (بنت الخص), qui interroge les questions d’identité et la condition féminine en Algérie. Ses productions, qu’il s’agisse de fiction ou de documentaires, se distinguent par leur authenticité et leur capacité à capturer les réalités sociales de son époque.

Au-delà de son travail artistique, Noureddine Benomar a joué un rôle essentiel dans la détection et l’accompagnement de nouveaux talents. Plusieurs acteurs et réalisateurs formés ou révélés par ses soins sont aujourd’hui devenus des figures reconnues de la scène artistique nationale.

Le Directeur général de l’Établissement public de télévision (EPTV), Mohamed Baghali, a présenté ses condoléances à la famille du défunt et à la communauté artistique et médiatique, saluant l’impact durable de son œuvre sur la culture algérienne.

Par son engagement, son sens de l’innovation et sa capacité à raconter des histoires qui résonnent avec le public, Noureddine Benomar a marqué l’histoire de l’audiovisuel en Algérie. Son héritage continue de vivre à travers ses œuvres et inspire de nouvelles générations de cinéastes et de créateurs, perpétuant ainsi sa vision d’un cinéma algérien engagé, humain et profondément ancré dans la réalité sociale du pays.

Djamal Guettala

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Migration illégale en Espagne : Jupol plaide pour des accords de réadmission avec plusieurs pays africains

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Le syndicat Jupol, principal représentant des agents de la Police nationale espagnole, a appelé le gouvernement à renforcer sa politique migratoire en négociant des accords de réadmission avec le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Sénégal. Objectif affiché : permettre le «retour automatique » des migrants entrés illégalement en Espagne.

Dans un communiqué relayé par l’agence Europa Press, Jupol estime que ce dispositif permettrait de freiner les réseaux d’immigration clandestine, de limiter « l’effet d’attraction » incitant aux traversées maritimes périlleuses et de renforcer la sécurité nationale par un « contrôle efficace des flux migratoires ».

Le syndicat cite en exemple l’accord en vigueur entre l’Espagne et la France. Celui-ci prévoit que toute personne ayant pénétré illégalement sur le territoire français, et dont il est établi ou présumé qu’elle a transité par l’Espagne, soit renvoyée vers ce pays. Jupol souhaite que le même principe s’applique avec les États africains mentionnés, de manière à ce que toute arrivée irrégulière en provenance directe ou indirecte de ces territoires soit suivie d’un renvoi « sans délai ni procédures inutiles ».

Un précédent avec la France 

L’accord existant entre Madrid et Paris prévoit le renvoi en Espagne de toute personne entrée illégalement en France et dont il est prouvé ou présumé qu’elle a pénétré dans l’Union européenne via l’Espagne. Pour Jupol, ce principe devrait s’appliquer aux pays africains concernés, afin que toute personne arrivant illégalement soit réadmise « sans délai ni procédures inutiles ».

« Lorsqu’un canot provenant de ces pays ou transitant par eux sera immédiatement restitué, les mafias n’auront plus aucune raison de continuer à envoyer des embarcations surchargées dans des conditions inhumaines. Loin d’être une mesure hostile, il s’agit d’une mesure visant à protéger des vies humaines », affirme le syndicat.

Cette prise de position intervient dans un contexte de pressions croissantes sur les routes migratoires atlantiques et méditerranéennes, marqué à la fois par une hausse des arrivées irrégulières et par des drames en mer. Elle ravive le débat sur l’équilibre entre contrôle des frontières et respect des droits fondamentaux des migrants.

Entre sécurité et droits humains

La proposition de Jupol s’inscrit dans une logique de contrôle renforcé des frontières, visant à réduire les arrivées irrégulières et à priver les réseaux criminels de leurs moyens d’action. Elle s’insère dans une politique où l’Espagne mise déjà sur la coopération avec les pays d’origine et de transit, notamment avec la Mauritanie, qui a récemment accru ses patrouilles maritimes grâce à un soutien financier espagnol et européen (El País).

Mais ce type d’accords soulève aussi des interrogations sur le respect des droits fondamentaux  et sur les conditions de réadmission, en particulier dans des pays où les garanties juridiques peuvent varier fortement.

Pour l’heure, le gouvernement espagnol n’a pas réagi publiquement à cette demande. La question pourrait toutefois s’inviter dans les débats de rentrée, alors que les dynamiques migratoires en Méditerranée et sur l’Atlantique continuent d’évoluer rapidement. Reste à savoir si cette initiative se traduira par des accords bilatéraux concrets ou par une politique intégrée, respectueuse des droits fondamentaux, proposée par l’exécutif dans les prochains mois.

Un contexte migratoire en mutation

Les dernières données du ministère espagnol de l’Intérieur et de l’agence Frontex montrent une baisse globale des arrivées irrégulières en Espagne en 2025, mais avec de fortes disparités régionales, avec, notamment, une forte poussée des arrivées à partir de l’Algérie ( 3000 arrivées au 1er semestre 2025).

Diminution générale : Entre janvier et fin mai 2025, l’Espagne a enregistré 15 769 arrivées irrégulières, soit un recul de 27,6 % par rapport à la même période de 2024 (inspain.news).

Iles Canaries en recul : Les îles ont accueilli 10 983 personnes sur cette période, en baisse de 35,4 % (inspain.news), après un pic historique en 2024 avec plus de 61 000 arrivées (Cadena SER).

Explosion vers les Baléares : À l’inverse, la route algérienne vers l’archipel a enregistré près de 3 000 arrivées au premier semestre, soit un triplement par rapport à 2024 (El País). Depuis le début de l’année, plus de 3 500 migrants y ont débarqué, en hausse de 124 % (El País), avec une présence notable de migrants originaires de Somalie (Reuters).

Au niveau européen, Frontex signale que les franchissements irréguliers aux frontières extérieures de l’UE ont chuté de 38 % en 2024, atteignant leur plus bas niveau depuis 2021.

La rédaction

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Faut-il s’excuser d’être Kabyle ?

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Identité amazighe
L'identité amazighe est portée par ses enfants malgré le déni des pouvoirs d'Afrique du Nord

Il aura suffi d’un dossier spécial sur les Kabyles, concocté par Le Point, avec un titre qui en dit long, pour que les couteaux s’aiguisent. Ce titre : « Les Kabyles, un peuple debout » n’est pas du goût de certains algériens qui s’estiment plus patriotes que les autres.

À lire certains commentaires pervers sur les réseaux sociaux, on mettrait sa main à couper que leurs auteurs se sont contentés de se focaliser sur la couverture. Exit tout le reste. Exit les interviews de Saïd Sadi et la chronique Kamel Daoud. Exit tous ces articles complémentaires qui rajoutent au dossier des éléments intéressants, si tant est que l’on les lise avec distance.

C’est fou comment le regard de certains de nos compatriotes vis-à-vis des Kabyles et de la Kabylie se rapproche pour se confondre avec celui de ces gouvernants qui ont prêté allégeance aux tenants du pouvoir (Chanegriha/Tebboune). Ils font preuve d’un courage qu’on ne leur connaît pas quand il s’agit de dénoncer l’arbitraire qui ronge le pays.

Une terminologie nouvelle a fait son apparition ces derniers temps pour qualifier ceux qui pensent autrement : kabyliste, algérianiste, séparatiste, etc., autant de qualificatifs déplacés pour désigner ceux pour qui l’autonomie régionale est une solution pour apaiser les esprits et construire une nouvelle Algérie !

Parlons peu mais parlons vrai ! Sommes-nous plus rusés que les Suisses ?

Pour rappel, la Suisse, ce petit Etat européen, compte 26 cantons qui ont chacun leurs propres constitution, parlement, gouvernement et tribunaux. Et les langues de certaines minorités sont jalousement protégées. Pour autant, cela a-t-il jamais menacé la Suisse d’éclatement ou de guerre civile ?

Alors, pourquoi dès lors qu’il s’agit d’un pays aussi vaste que l’Algérie, le terme autonomie fait bondir certains de nos compatriotes pour se dresser comme le feraient des vierges effarouchées ?

« Si la langue de tes gouvernants n’est pas celle de ta mère, sache que tu es colonisé », énonce l’écrivain kabyle Karim Akkouche. Je suis désolé mais, de son vivant, ma mère ne parlait ni ne comprenait rien d’autre que le kabyle !

Que je sache, Okba Ibn Nafâa et ses cavaliers n’ont pas conquis l’Afrique du Nord avec des fleurs, et depuis 1962, nos gouvernants sont loin de nous diriger en bonne intelligence et respect du citoyen. Pour preuve, les centaines de prisonniers d’opinion et les milliers d’autres sous le coup de poursuites judiciaires et autres interdictions dont la fameuse ISTN qui empêche de nombreux citoyens de se rendre dans leur terre natale.

De mon point de vue, au risque de faire bondir nos khawa arabophones, seule une approche fédérale est seule à même de sauver l’Algérie et initier des interactions apaisées entre les différentes confédérations. Des confédérations qui restent à délimiter pour que puissent être sauvées nos langues, nos us et nos coutumes héritées de nos aïeuls.

Des langues, des us et des coutumes qui représentent autant de richesses que le pays serait bien avisé de protéger et de faire épanouir au lieu de les combattre aveuglément !

Bientôt, non seulement on exigera de nous que l’on s’excuse d’être ce que nous sommes mais se dire Kabyle sera considéré comme une offense au reste du pays ! C’est déjà le cas d’ailleurs !

Que les termes soient clairs : cette chronique n’a pas pour objectif de rajouter de l’huile sur le feu d’un sujet sensible comme celui de l’autonomie régionale et de ses implications politiques et sociales, mais d’initier un débat serein entre les pour et les contre. La question se pose et se posera inévitablement avec acuité dans un futur proche si on n’y réfléchit pas dès maintenant. Mais est-ce qu’on sait réfléchir en haut lieu, là où l’on dégaine à tout toutes sortes de tares pour pointer du doigt le Kabyle et la Kabylie ?

Quand on se dit Breton, personne ne s’offusque pour l’accuser de séparatisme. Idem quand on se dit Oranais, Constantinois, Algérois ou Chaoui. Alors, pourquoi ce lever de Boucliers quand on affirme sa kabylité ? 

« Il est long, il est loin ton chemin papa, c’est vraiment fatiguant où tu vas ! »

Pour revenir sur le titre du dossier, certains rappels sont utiles : sous l’influence du pouvoir d’Alger, la France n’a jamais aidé les Kabyles à se maintenir debout ! Bien au contraire. Relisez l’histoire, la Kabylie a tenu tête au colonialisme français dès l’été 1830.

Son alignement sur les phobies d’Alger est, pour le moins, abject. A-t-on tapé du poing sur la table pour exiger des comptes sur les nombreuses victimes des Printemps noirs de 1980 et 2001 ? Rappelons-nous, peu de voix se sont élevées quand des gendarmes abattaient des jeunes manifestants kabyles désarmés. Décidément !

Le pouvoir français a toujours été conciliant avec celui d’Alger quand il s’agit de la question Kabyle. Il est grand temps que cela change si le but est de construire des liens dénudés de toute hypocrisie.

Kacem Madani

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Le marché aux migrants de Donald Trump

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Trump
Image par kalhh de Pixabay

Connaissez-vous le Royaume d’Eswatini ? C’est un petit État enclavé entre la frontière orientale de l’Afrique du Sud et le Mozambique, d’une superficie totale de 17.360 km2, avec 1,4 million d’habitants. Anciennement appelé Swaziland, il est depuis 1986 dirigé d’une main de fer par un dictateur corrompu, le Roi Mswati III. Si on en parle tant  dans les  journaux aujourd’hui, c’est en raison de son lien avec Donald Trump qui ne sait sans doute pas où se trouve Eswatini sur la carte du monde.

En effet, alors que le rapport annuel du Département des USA sur ce pays  dénonçait des cas de détentions arbitraires, d’homicides pour des raisons politiques, de tortures, de traitements cruels des forces de sécurité et de très mauvaises conditions de vie dans les prisons, Donald Trump a signé avec lui un accord secret pour qu’il reçoive sur son territoire des délinquants et des citoyens en attente d’être jugés aux USA. Après la construction en Floride d’un centre de rétention dans un marécage entouré de reptiles, Donald Trump veut,  grâce au mirage des dollars, passer au-dessus des lois qui dans les démocraties, veillent à ce que les déportations respectent les droits de l’homme,

Fin juillet 2025, cinq déportés sont arrivés en Eswatini, originaires de Cuba, de Jamaïque, du Laos, du Vietnam et du Yémen. Le 1er août 2025, l’un d’entre eux appelle sa famille à La Havane au téléphone mais il ne peut pas parler longtemps ni renseigner sur sa situation.

Il s’agit de Roberto Mosquera, âgé de 58 ans, arrivé aux USA à l’âge de 13 ans. Condamné deux fois à des peines de prison allant du vol de voiture à l’assassinat. Il les a effectuées entre 1989 et 1996 et 2010 et 2012. Détenu le 16 juin 2025, il est expulsé le 14 juillet à Eswatini qui se trouve  à 13.000km de Miami où vivent  sa mère et sa modeste famille qui ne pourront pas venir le voir. 

L’opposition et les défenseurs des droits de l’homme d’Eswatani ne comprennent pas pourquoi cinq étrangers sont arrivés dans les prisons de leur pays sur le seul fait d’un accord entre le gouvernement Trump et les autorités locales. En Afrique du Sud, Etat voisin, le gouvernement craint que d’autres déportations puissent constituer un risque pour la sécurité du pays.

Le cas de Mosquera n’est pas une exception. Donald Trump a trouvé en Afrique et en Amérique latine des opportunités  pour continuer sa politique de déportation de migrants dans des territoires lointains, à l’abri du regard de la presse et des défenseurs des droits de l’Homme, en signant  avec certains pays un accord secret. Pour l’instant, les pays ayant accepté de recevoir ces déportés sont le Mexique, le Guatemala, le Salvador, le Costa Rica, le Panama, le Soudan du Sud, le Rwanda et le Kosovo. Le Nigeria a refusé de recevoir des déportés et de participer à ce marché sordide mais Trump n’a pas reculé et il a sollicité honteusement l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, la Tunisie, le Maroc et la RDC. Attendons de voir ce qu’ils  feront.

Les ONG, les groupes de défense des droits de l’homme et les experts juridiques des USA s’alarment face à ce qui se passe  et affirment que ces déportations vers une nation qui n’est pas le lieu d’origine du migrant pourraient violer le droit international.

Le professeur Ray Brescia, de la faculté de droit d’Albany (États-Unis, affirme que ”le concept d’expulsion vers un pays tiers doit être considéré à la lumière du concept plus large d’asile » mais, ajoute t-il, « il existe un principe de droit international – le non-refoulement – qui signifie que l’on n’est pas censé renvoyer quelqu’un dans son pays d’origine s’il n’est pas certain pour lui qu’un pays tiers pourrait constituer une option sûre”.

Le  Professeur David Super, du centre juridique de l’Université de Georgetown, interrogé  par BBC News sur la légalité de l’expulsion vers un pays  tiers, considère quant à lui que les expulsions vers l’Eswatini et le  Sud Soudan posent de sérieuses questions sur le respect du droit international.

En effet, lorsque des migrants ont été pour la première fois déportés  au Soudan-Sud, en mai 2025, un recours en justice a été déposé devant un tribunal de district alors que le vol avait déjà décollé. Le juge a estimé que les tentatives d’expulsion des déportés avaient violé son ordonnance selon laquelle ces derniers devaient être autorisés à contester leur expulsion vers des pays tiers.

L’avion a été dérouté vers Djibouti, sur la côte est de l’Afrique, où les hommes ont été détenus dans un conteneur d’expédition pendant que l’affaire était entendue. Elle a été renvoyée devant la Cour suprême, qui a autorisé les expulsions mais n’a pas précisé si le Sud-Soudan était considéré comme un lieu sûr pour les déportés.

Pour l’instant, on ne sait toujours pas ce que  sont devenus les cinq déportés à Eswatini. Un avocat représentant le  groupe d’avocats qui les défend s’est présenté devant la prison où il  pense qu’ils sont  détenus. Mais l’accès lui a été barré.

Ces péripéties vont probablement se multiplier. Donald Trump n’écoute personne et se fiche du droit international, il veut juger lui-même. Comme il le fait en politique étrangère en soutenant Vladimir Poutine qui veut reconstruire l’Empire des Tsars ou Benyamin Netanyahu qui voit dans la Bible les frontières d’Israël, Donald Trump veut traiter les délinquants et les migrants, qu’ils soient innocents ou jugés coupables de crimes par des tribunaux, comme des populations que l’on peut vendre ou acheter. 

Il croit pouvoir ramener le monde à la féodalité ou aux pires moments du colonialisme.

Emile Martinez

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« Les Nuits du Casif » : Kader Japoni annule sa participation à cause des prix des billets

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Kader Japonai

Le chanteur algérien Kader Japoni a annoncé qu’il se retirait du concert prévu le 15 août sur la scène en plein air du festival « Les Nuits du Casif». La décision fait suite à une hausse soudaine et jugée excessive du prix des billets, qui risquait de limiter l’accès à son public fidèle.

Dans un communiqué officiel, l’artiste et son équipe ont précisé avoir tenté, jusqu’au dernier moment, de maintenir le tarif initial. « Nous avons tout mis en œuvre pour que le public puisse profiter du concert aux conditions initiales, mais la hausse imposée reste disproportionnée », indique le texte. Face à cette situation, Kader Japoni a préféré se retirer plutôt que de participer à un événement susceptible d’exclure une partie de ses fans.

L’artiste présente ses excuses à ceux qui attendaient ce rendez-vous musical et promet de retrouver son public dans de meilleures conditions, dès que possible. Les détenteurs de billets sont invités à se faire rembourser directement auprès de l’organisation du festival, à laquelle l’artiste adresse également ses remerciements pour leur collaboration.

Cette annulation souligne un problème récurrent dans l’organisation des concerts et festivals en Algérie : le juste équilibre entre rentabilité et accessibilité pour le public.

Kader Japoni, comme d’autres artistes, place l’accès aux spectacles au cœur de ses priorités, montrant que le lien avec les fans passe avant tout par la possibilité de partager la musique sans obstacles financiers.

Le festival « Les Nuits du Casif » devra désormais ajuster sa politique tarifaire pour accueillir les artistes et leurs publics dans des conditions équitables, afin que la culture et la musique restent accessibles à tous.

Djamal Guettala

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