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samedi 17 mai 2025
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Festival de Cannes 2025 : la voix forte des cinéastes du Maghreb et l’écho de Gaza sur la Croisette

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Festival de Cannes

Le Festival de Cannes a entamé sa 78e édition ce mardi 13 mai, dans une atmosphère mêlant émotion, hommage et engagements forts. Si les projecteurs ont salué des figures du cinéma international comme Robert De Niro et Juliette Binoche, c’est aussi la présence dense, vibrante et réfléchie du monde arabe — en particulier du Maghreb — qui imprime un souffle singulier à cette édition.

Le Maghreb s’invite avec gravité et grâce

Cette année, les cinéastes maghrébines imposent leur regard sur le monde avec une rare intensité. Qu’elles explorent la mémoire familiale, les tensions religieuses ou les silences ruraux, leurs œuvres portent une parole libre, souvent ancrée dans le réel, mais toujours traversée par une recherche esthétique exigeante.

La réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, déjà saluée en 2023 pour Les Filles d’Olfa, revient en compétition officielle avec Tu ne feras point d’images. Ce nouveau film, fiction intime et symbolique, retrace la quête intérieure d’Amira, une jeune femme qui, en héritant d’une clé mystérieuse, se lance dans un voyage à travers les non-dits familiaux. À travers ce récit, Ben Hania interroge la transmission, le poids des traditions et la liberté de créer. Soutenu par plusieurs coproducteurs européens, le film bénéficie également de l’appui d’ARTE France Cinéma, confirmant l’intérêt grandissant pour un cinéma arabe affranchi des clichés.

Une autre Tunisie filmée par Erige Sehiri

Dans un registre tout en délicatesse, Erige Sehiri dévoile Promis le ciel, présenté dans la section Un Certain Regard. Après Sous les figues, la cinéaste poursuit son exploration de l’intime au sein des communautés rurales, en captant les nuances d’un quotidien à la fois tendre et tendu. À travers des récits tissés de silences et de gestes retenus, Sehiri pose un regard social subtil, où la condition des femmes reste au cœur de son cinéma.

Hafsia Herzi, entre création et transmission

De son côté, Hafsia Herzi poursuit son parcours singulier entre les deux rives de la Méditerranée. Présente cette année à Cannes dans un film français projeté en séance spéciale, elle signe également un court-métrage à la Quinzaine des cinéastes. Actrice révélée, réalisatrice affirmée, Herzi incarne cette nouvelle génération maghrébine qui s’émancipe des cases et des regards condescendants, pour mieux revendiquer la complexité de ses identités.

Gaza dans les cœurs et à l’écran

Cannes 2025 ne pouvait ignorer les drames du monde. Dans son discours d’ouverture, Juliette Binoche a évoqué la mémoire de Fatima Hassouna, jeune photographe tuée à Gaza en avril dernier. Son travail devait être présenté à Cannes, scellant ainsi la présence poignante de la Palestine sur les marches du Palais. Cette évocation, loin d’être anecdotique, témoigne d’une édition attentive aux fractures contemporaines et aux récits des peuples meurtris.

Un continent en mouvement

Au-delà du Maghreb, le continent africain et le Moyen-Orient s’illustrent avec une vitalité créative impressionnante. Du Liban au Sénégal, du Maroc à l’Égypte, les cinéastes s’approprient les codes du cinéma pour mieux les détourner, proposer des formes nouvelles et porter des récits puissants, enracinés dans leurs réalités, mais ouverts sur le monde.

Une présidence engagée, un festival en transition

Avec Juliette Binoche à la tête du jury, le Festival assume une posture artistique et politique. Entourée de réalisateurs aux visions audacieuses comme Dieudo Hamadi ou Payal Kapadia, elle incarne une édition où l’engagement poétique croise les luttes symboliques. Le cinéma n’y est pas seulement célébré pour sa beauté, mais pour sa capacité à déranger, éclairer, et surtout, relier les consciences.

Djamal Guettala  

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Ligue 1 Mobilis : l’Entente pour enchaîner, le CSC veut rebondir

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Football

L’ES Sétif et le CS Constantine, s’affronteront jeudi au stade du 8-mai 1945 de Sétif (18h00), dans un derby de l’Est indécis entre deux équipes qui luttent pour des objectifs diamétralement opposés, lors de la mise à jour de la 21e journée du championnat de Ligue 1 Mobilis de football.

L’Entente (4e, 38 pts), qui reste sur un succès à la maison face à l’Olympique Akbou (1-0), aura à cœur d’enchaîner pour se rapprocher du podium. Un succès des Sétifiens leur permettrait de revenir à trois points du CR Belouizdad (3e, 44 pts).

Les joueurs de l’entraîneur tunisien Nabil Kouki, sur leur lancée après quatre matchs d’invincibilité, devront sortir le grand jeu pour venir à bout d’une équipe constantinoise (13e, 26 pts), battue samedi en déplacement face à l’USM Alger (2-1), et qui espère relever la tête du côté des hauts-plateaux.

Eliminé aux demi-finales de la Coupe de la Confédération, le CSC doit se consacrer désormais à soigner son classement, d’autant qu’il ne devance le premier relégable, l’O. Akbou, que d’un seul point seulement.

Troisième au classement final du précédent exercice, le CSC est appelé à puiser dans ses ressources pour refaire son retard au tableau, cela passera inéluctablement par l’importance de grignoter le maximum de points lors des neuf matchs qui lui reste à disputer, dont quatre comptant pour la mise à jour.

Cette rencontre sera dirigée par Azrine, assisté de Kliha (1e assistant) et Slimani (2e assistant), alors que le quatrième arbitre est Belkebir.       

Jeudi, 15 mai 2025 :

ES Sétif – CS Constantine    18h00

Classement :                     Pts         J

1). MC Alger                      46         24

–). JS Kabylie                    46         25

3). CR Belouizdad             44         25

4). ES Sétif                         38         24

5). USM Alger                    36          24

6). Paradou AC                  35         25

7). MC El Bayadh               34         25

8). ASO Chlef                     32         25

–). JS Saoura                     32         25

10). USM Khenchela          28         24

11). MC Oran                      27         24

–). NC Magra                      27         25

13). CS Constantine           26         21

–). ES Mostaganem           26         25

14). O. Akbou                     25          24

16). US Biskra                    20          25.

APS

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Interview d’Emmanuel Macron : référendums, fin de vie, guerre à Gaza…

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Macron

Le président de la République français, Emmanuel Macron, s’est exprimé pendant trois heures sur TF1 et a notamment annoncé qu’il envisageait de consulter les Français via la voie référendaire « dans les mois qui viennent ».

Guerres en Ukraine et à Gaza, réforme des retraites, finances publiques, mais aussi fin de vie… Emmanuel Macron, qui poursuit son entreprise de reconquête de l’opinion, s’est longuement exprimé, mardi 13 mai, dans une émission grand format diffusée sur TF1, au cours de laquelle il a donc annoncé son intention de recourir à l’instrument du référendum, sans préciser à quel sujet.

A la veille de l’audition de François Bayrou devant la commission d’enquête parlementaire sur le scandale de Bétharram, le président a réitéré son soutien à son Premier ministre. « Je sais qui il est et j’ai confiance en lui », a-t-il assuré. Quant à son avenir politique, Emmanuel Macron a botté en touche à propos d’une hypothétique candidature en 2032 : « Je pense à une seule chose, c’est notre pays. Quand j’aurai fini, je réfléchirai à la suite et à ce moment-là je pourrai vous répondre. »

Le chef de l’Etat a répondu pendant trois heures aux questions d’un panel d’intervieweurs au profil très varié : la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet sur la réforme des retraites, le youtubeur Tibo Inshape sur le sport à l’école, le journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot, sur la fin de vie, Cécile Duflot, directrice de l’ONG de lutte contre les inégalités Oxfam, sur une éventuelle taxe sur l’héritage…

Sur les référendums, il souhaite « ne rien s’interdire »

« Je souhaite qu’on puisse organiser une consultation, plusieurs référendums dans les mois qui viennent », a annoncé le chef de l’Etat, assurant que « si une loi » était « bloquée au Parlement », il ne faudrait « rien s’interdire ». « A chaque fois qu’on sera trop lent ou bloqué, on peut aller au référendum, et je prends mes responsabilités », a plaidé Emmanuel Macron, sans donner plus de précisions sur un calendrier arrêté ou sur l’objet de ces référendums. Il a néanmoins évoqué des référendums sur « les grandes réformes économiques, sociales et éducatives » et écarté une nouvelle fois un référendum sur l’immigration.

Sur la fin de vie, il entend « aider à partir dans la dignité »

« Je souhaite que le texte qui est engagé aujourd’hui soit voté », a assuré Emmanuel Macron, alors que l’Assemblée nationale s’est emparée du débat sur la fin de vie. « On a un texte d’équilibre », a salué le président de la République. « Je souhaite que l’on puisse aider à partir dans la dignité. C’est une loi d’humanité et de fraternité », a-t-il poursuivi. « Il y a d’abord un temps parlementaire, mais si on voyait un enlisement, l’impossibilité d’aller au bout, le référendum peut être une voie pour débloquer et aux Français et aux Françaises de se prononcer », a assuré le chef de l’Etat. 

Sur l’Ukraine, il se dit prêt à « négocier » avec Vladimir Poutine

« On doit aider l’Ukraine à se défendre, mais on ne veut pas déclencher un troisième conflit mondial », a expliqué Emmanuel Macron à propos de la guerre en Ukraine. « Notre volonté, c’est de prendre à nouveau des sanctions, de les prendre dans les prochains jours en liaison étroite avec les Etats-Unis », a ajouté le président, alors que l’Ukraine et ses alliés européens ont appelé Vladimir Poutine à accepter un cessez-le-feu de trente jours, faute de quoi des « sanctions massives » seraient adoptées. Pour Emmanuel Macron, le cessez-le-feu permettrait de traiter « la situation humanitaire » mais également des « questions territoriales ».

Sur la question de l’utilisation des avoirs gelés russes, le chef de l’Etat a assuré qu’il n’y avait « pas le cadre légal » pour cela. Il s’est aussi de nouveau exprimé sur les forces militaires alliées qui pourraient être pré-positionnées en Ukraine en cas d’accord avec la Russie dans le futur. « Si la Russie violait la paix, elle attaquerait de facto des forces alliées », a-t-il noté. Le locataire de l’Elysée a également déclaré qu’il était prêt à discuter avec Vladimir Poutine le moment venu : « On doit négocier avec lui pour la suite. »

Concernant le partage de l’arme nucléaire, le chef de l’Etat a répété que « la décision finale reviendrait toujours au président de la République », mais que dans la période actuelle, il avait souhaité engager la discussion pour savoir « si on pouvait aller plus loin ». La France est « prête » à une « discussion » sur le déploiement d’avions armés de « bombes » nucléaires dans d’autres pays européens, a-t-il ainsi justifié. 

Sur la guerre à Gaza, il charge Benyamin Nétanyahou

« Ce n’est pas à un responsable politique d’employer ces termes, c’est aux historiens de le faire. Aujourd’hui, c’est un drame humanitaire et c’est inacceptable », a affirmé Emmanuel Macron, questionné sur le fait de savoir si les opérations militaires israéliennes à Gaza pouvaient être qualifiées de « génocide ».

« Ce que fait aujourd’hui le gouvernement de Benyamin Nétanyahou est inacceptable. (…) C’est une honte », déclare le président français.

« Notre combat depuis le 7 octobre 2023, c’est de libérer tous les otages (…) et de démilitariser le Hamas », a-t-il rappelé. « Celui qui a le levier, c’est le président Trump », a aussi reconnu Emmanuel Macron, alors que l’armée israélienne a repris ses bombardements sur la bande de Gaza et que l’aide humanitaire ne rentre plus depuis plusieurs mois. La question d’une révision des « accords de coopération » entre l’UE et Israël est « ouverte », a encore assuré le chef de l’Etat. 

Sur ArcelorMittal, il refuse de nationaliser

« La politique que je mène depuis 2017 a permis d’enrayer la baisse des emplois industriels, on a commencé à recréer des emplois industriels », a soutenu Emmanuel Macron face à la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Interrogé sur la nationalisation d’ArcelorMittal alors que la direction de l’entreprise veut supprimer plus de 600 postes, le président a écarté cette hypothèse catégoriquement. « Ça serait dépenser des milliards d’euros. (…) Ça n’a aucun sens », a-t-il assuré. Et de promettre :

« Nous allons sauver Dunkerque et Fos-sur-Mer, mais en ayant une politique européenne qui protège notre acier.de la République

Sur les retraites, il rejette toute abrogation

Interrogé sur l’organisation d’un référendum sur l’abrogation de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a été catégorique et écarté cette proposition. « Cette réforme, on ne l’a pas faite de gaîté de cœur, on l’a faite pour sauver notre système par répartition auquel je suis attaché. Elle permettra de dégager environ 17 milliards d’euros d’ici à 2028 et on réinvestit un tiers dans les dépenses sociales », a affirmé le président. 

« Un conclave a été lancé par le Premier ministre, il faut aller au bout de cette discussion », a affirmé le président, alors que le gouvernement de François Bayrou discute, en ce moment, avec certains partenaires sociaux, mais pas la CGT qui a claqué la porte des négociations.

« Je laisse le gouvernement et les syndicats travailler. S’ils peuvent améliorer la chose, très bien », explique-t-il.

Le président a aussi annoncé qu’il allait demander au gouvernement d’ouvrir « dans les prochaines semaines » un chantier concernant l’installation d’« une conférence sociale » « sur le mode de financement de notre système social », mais aussi « une réflexion sur les évolutions du travail ».

Sur la prison, il est prêt à louer des places à l’étranger « si besoin était »

Interrogé par le maire divers droite de Béziers (Hérault), Robert Ménard, le président de la République a annoncé qu’il souhaitait que « le gouvernement puisse prendre une loi qui donnera la possibilité aux maires qui le souhaitent » et « sous l’autorité du procureur », pour que les polices municipales puissent « faire les saisines, les flagrances, les amendes forfaitaires délictuelles », comme la police nationale.

Questionné sur la construction des 15 000 places de prisons promise lors de la campagne de 2017, et qui n’ont pas encore vu le jour, le chef de l’Etat a assuré que le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, allait accélérer l’édification des 5 000 places de prison qui sont « en cours ». Pour les « 5 000 places en projet », les règles seront simplifiées pour aller plus vite.

Emmanuel Macron s’est aussi dit favorable à louer des places de prison à l’étranger « si besoin était » et à la participation des détenus à leurs frais de détention, proposition faite par Gérald Darmanin. Sur la question de l’immigration, le président s’est dit favorable à l’organisation d’un débat au Parlement tous les ans.

Francetvinfos

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L’affaire Amir DZ : les services algériens pointés du doigt

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Amir Dz
Amir Dz au coeur d'une affaire qui pourrait conduire à la rupture des relations entre Alger et Paris.

La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le renseignement intérieur français, incrimine dans un rapport d’enquête un ex-haut responsable de l’ambassade algérienne à Paris dans l’enlèvement en 2024 de l’influenceur Amir Boukhors, dit « Amir DZ ».

Cette mise en cause suit la mise en examen, à la mi-avril, de trois personnes, dont un agent consulaire algérien, pour l’enlèvement et la séquestration de l’opposant au régime. Dans son édition de ce mardi, Le Parisien affirme que cinq nouveaux suspects ont été placés en garde à vue ce mardi matin par les services antiterroristes dans l’enquête sur le rapt de l’influenceur Amir DZ près de Paris. Décidément, l’affaire de l’enlèvement d’Amir DZ est une véritable grenade dégoupillée dont la déflagration à répétition emporte par pans entiers les relations algéro-françaises.

Ainsi, l’AFP a appris mardi de source proche du dossier que la DGSI met désormais en cause un quatrième protagoniste, non poursuivi à ce stade : un certain S. S., présenté comme un « sous-officier algérien de la DGDSE », un service de renseignement de ce pays, âgé de 36 ans. 

Il aurait été présent à Paris « sous la couverture diplomatique de Premier secrétaire » de l’ambassade d’Algérie, mais n’a pas été arrêté. Il n’est possiblement plus en France, et pourrait faire valoir une éventuelle immunité diplomatique. Pour Le Monde, l’implication d’un diplomate algérien rend cette affaire explosive. Evoquant une source proche du dossier, le quotidien du soir souligne que ce diplomate accrédité en qualité de premier secrétaire de l’ambassade algérienne, a été étroitement mêlé aux préparatifs et à la supervision de l’enlèvement d’Amir DZ.

Une mise en cause qui ne devrait pas améliorer le climat entre la France et l’Algérie. Le renseignement intérieur français incrimine dans un rapport d’enquête un ancien haut responsable de l’ambassade algérienne à Paris dans l’enlèvement fin avril 2024 près de la capitale d’Amir Boukhors, dit «Amir DZ», a appris l’AFP de source proche du dossier mardi.

Il s’agit du quatrième protagoniste mis en cause dans cette enquête, menée par un juge antiterroriste parisien. «S.S.», ainsi que le présente la direction générale de la sécurité intérieure, est un «sous-officier algérien de la DGDSE», un service de renseignement de ce pays, âgé de 36 ans. Il aurait été présent à Paris «sous la couverture diplomatique de Premier secrétaire» de l’ambassade d’Algérie, mais n’a pas été arrêté. Il n’est possiblement plus en France et pourrait faire valoir une éventuelle immunité diplomatique.

Trois autres personnes, dont un agent consulaire, ont été mises en examen mi-avril 2025 pour arrestation, enlèvement, séquestration, en relation avec «une entreprise terroriste». Dans son rapport du 11 avril, la DGSI affirme que S. S. aurait été appelé par l’un des mis en cause «alors que commençait la séquestration», ou aurait participé à un «débriefing» à quatre, «deux heures après l’enlèvement».

Téléphone qui borne

S. S. a aussi retiré cette nuit-là à la banque 2 000 euros, possiblement pour rémunérer les geôliers d’Amir Boukhors. Son téléphone a aussi borné plusieurs fois près du domicile de l’influenceur et d’un bar, où il avait ses habitudes, plus d’un mois avant l’enlèvement. Des médias évoquent une volonté des auteurs de l’enlèvement d’exfiltrer Amir DZ par l’Espagne vers l’Algérie.

Installé en France depuis 2016, Amir DZ, 41 ans et un million d’abonnés sur TikTok, fait l’objet de neuf mandats d’arrêt internationaux d’Alger qui veut le juger, notamment pour escroquerie ou infractions terroristes. En 2022, la justice française a refusé son extradition, et le pays lui a accordé l’asile politique en 2023. Amir Boukhors – dit « Amir DZ » – avait été enlevé le 29 avril 2024 dans le Val-de-Marne, puis relâché le 1er mai. L’enquête, d’abord menée à Créteil, a été reprise en février par le Parquet national antiterroriste (Pnat) et confiée à la DGSI et à la Brigade criminelle.

Sollicité par l’AFP, son avocat Eric Plouvier a dénoncé «une atteinte violente à l’intégrité physique d’un réfugié politique en France et une grave atteinte à la souveraineté française» et demande la «délivrance de mandats d’arrêt».

La rédaction avec AFP

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Le service e-paiement des cotisations sociales pour les émigrés lancé

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Carte Cnas

La Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS) et la Banque de développement local (BDL) ont signé, mardi, une convention de partenariat portant lancement du service e-paiement des cotisations sociales au profit de la communauté nationale établie à l’étranger.

Cette convention, signée par le directeur général de la CNAS, Nadir Kouadria, et le directeur général par intérim de la BDL, Mohamed Mebarek, s’inscrit dans le cadre du dispositif d’affiliation volontaire au système national de sécurité sociale et de retraite.

La cérémonie de signature a été présidée par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Fayçal Bentaleb, la Haut-commissaire à la numérisation avec rang de ministre, Meriem Benmouloud, et le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaib.

S’exprimant à cette occasion, M. Bentaleb a souligné que ce partenariat intervient en « application des engagements du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à protéger la communauté nationale à l’étranger et à consolider sa participation au développement national, ainsi qu’au développement des outils de modernisation et de numérisation dans la prestation des services administratives, facilitant ainsi les procédures ».

Ce partenariat traduit « l’attachement de l’Etat à raffermir la relation entre ses institutions et les membres de la diaspora en proposant des solutions numériques sécurisées et efficaces pour faciliter les opérations de paiement, afin de contribuer à la simplification des procédures, à réduire les déplacements aux services concernés au niveau des pays de résidence et à améliorer la transparence des transactions, outre d’élargir la base des affiliés au système national de retraite ».

Dans le même sillage, le ministre a précisé que ce nouveau service intervient « en réponse aux préoccupations de la communauté nationale à l’étranger, qui peut désormais s’acquitter à distance des cotisations de sécurité sociale à tout moment et depuis n’importe quel endroit du monde grâce en utilisant une carte bancaire internationale VISA.

Le ministre a indiqué que l’affiliation volontaire est régie par le décret exécutif 22-351 du 18 octobre 2022 et l’arrêté interministériel du 5 janvier 2023 qui permet à la communauté nationale à l’étranger de bénéficier de la couverture sociale à l’intérieur du pays, au titre des prestations en nature pour l’assurance maladie et maternité à travers la carte Chifa, ainsi que pour les prestations de retraite.

A cet égard, la CNAS a mis en place une plateforme qui permet aux intéressés de soumettre leurs demandes d’affiliation et de déposer les déclarations et les documents requis, a ajouté le ministre.

Pour sa part, le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger a affirmé que cette importante initiative, destinée au profit des membres de la communauté nationale à l’étranger, s’ajoute à la série des procédures tangibles prises en sa faveur durant les dernières années, sur instructions des hautes autorités du pays.

Cette nouvelle étape « est une illustration supplémentaire de notre engagement en tant qu’organe gouvernemental à appliquer les différentes instructions données pour optimiser la prise en charge des besoins de la communauté et œuvrer avec diligence à la formulation des solutions devant répondre à ses préoccupations », a indiqué le ministre.

Il a ajouté qu’il s’agit « d’une vision claire traduisant l’intérêt accordé à l’implication de la diaspora dans les différentes politiques publiques, y compris celles liées à la sécurité sociale et à la retraite ».

APS

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Crise diplomatique : Paris va « renvoyer » des diplomates algériens

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Jean-Noël Barrot

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a défendu sur BFMTV une « réponse immédiate, ferme et strictement proportionnée » après une « nouvelle décision injustifiée et injustifiable des autorités algériennes ».

Début de semaine, l’Algérie a renvoyé un contingent de 15 fonctionnaires français après les 12 déjà expulsés le mois dernier. La France a répliqué en rappelant son ambassadeur et en expulsant autant de fonctionnaires algériens. En toile de fond de ce bras de fer diplomatique l’affaire de l’enlèvement d’Amir DZ et l’arrestation de fonctionnaires algériens en France.

Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a annoncé, mercredi 14 mai, que de nouveaux diplomates algériens en France seront « renvoyés » prochainement, en « réponse » à une décision identique d’AlgerLe ministre a défendu sur BFMTV une « réponse immédiate, ferme et strictement proportionnée » après une « nouvelle décision injustifiée et injustifiable des autorités algériennes ». Il faut s’attendre donc à l’expulsion de 15 fonctionnaires algériens par la France.

Dans un communiqué, le Quai d’Orsay confirme avoir convoqué mardi le chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie à Paris, après « la décision unilatérale des autorités algériennes d’établir de nouvelles conditions d’accès au territoire algérien pour les agents publics français », « en violation de l’accord bilatéral de 2013 ». « Le chargé d’affaires s’est vu notifier que la France prendrait les mêmes mesures à l’égard de l’Algérie dans une stricte réciprocité », poursuit le communiqué.

Une crise d’une gravité inédite entre les deux pays

Malgré une tentative de réconciliation fin mars orchestrée par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux pays ont échoué à reprendre langue de manière apaisée et durable, Alger ayant expulsé mi-avril 12 fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur. La France avait immédiatement riposté en prenant une mesure similaire – l’expulsion de 12 agents consulaires algériens – et en rappelant l’ambassadeur Stéphane Romatet pour consultations. Outre l’alignement de la France sur le Maroc dans le dossier sahraoui, un certain nombre d’affaires comme celle des influenceurs algériens qui ont menacé les opposants algériens, le refus de l’Algérie d’accepter les sans papiers expulsés par la France et enfin l’enlèvement de l’influenceur et critique du régime algérien, Amir DZ le 29 avril 2024 ont fini par rendre les relations entre les deux pays particulièrement exécrables.

Cette récente crise, d’une gravité inédite entre l’Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962), a démarré à l’été 2024 lorsque Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis cinquante ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L’Algérie avait alors immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

La rédaction/AFP

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Pepe Mujica s’est éteint, ciao guérillero-président !

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Pepe Mijica
Pepe Mujica, un przsident citoyen exemplaire

C’est un président comme on ne fait qu’un tous les siècles. Iconoclaste et d’une simplicité renversante, Pepe Mujica, ancien président de l’Uruguay, s’est éteint.

L’ancien président uruguayen (2010-2015) Jose « Pepe » Mujica est décédé ce mardi 13 mai à l’âge de 89 ans. Ce président iconoclaste, ancien guérillero converti à la social-démocratie qui s’affranchissait des codes de la pompe politicienne, était devenu du fait de la voracité médiatique un « maître à penser » de la gauche bien au-delà des rives du continent latino-américain. 

Ce fut sans doute son dernier acte politique public. Pepe Mujica a assisté le 1er mars à l’investiture du nouveau président de l’Uruguay Yamandu Orsi, assis à côté des anciens présidents Luis Alberto Lacalle Herrera (1990-1995), père du président sortant, et Julio Sanguinetti (1985-1990). « J’ai une énorme confiance en lui », a-t-il déclaré. Le vieux lion avait tiré le rideau un peu plus tôt, en janvier. « Je veux mourir en paix », plus de visites, plus d’interview, avait déclaré alors Pepe Mujica, dans un adieu à ses concitoyens.  

« Pepe » pour José, José Alberto Mujica Cordano. Une manière familière de désigner le président d’une République, fut-elle modeste : 176 000 km² pour quelque trois millions et demi d’habitants. Il était Pepe Mujica pour tout le monde. Pour les Uruguayens ; pour les médias nationaux et étrangers qui ont accouru lui rendre visite dans sa petite ferme, sa chacra de Rincón del Cerro, aux environs de Montevideo ; pour les artistes que sa vie mouvementée, sa réputation de probité et sa fidélité à ses  engagements politiques inspiraient. Aerosmith, Sean Penn, Glenn Close, Ricky Martin, Milton Nascimento… et tant d’autres lui ont rendu visite. En janvier encore, des musiciens espagnols et latino-américains (Joaquin Sabina, Silvio Rodriguez, Leon Gieco, etc d’autres) ont lancé sur les réseaux sociaux Una canción y unas palabras para Pepe lui dédiant certaines de leurs chansons.  

Il a aussi eu les honneurs du cinéma. Le réalisateur serbe Emir Kusturica a filmé trois années durant à ses côtés pour les besoins du documentaire El Pepe, una vida suprema, diffusé sur Netflix. Autre film, de fiction cette fois, du réalisateur uruguayen Alvaro Brechner, Una larga noche de 12 años, inspirée des années de captivité de Pepe Mujica pendant la dictature militaire en Uruguay (1973-1985). Le film fut présenté au festival de Venise en 2018 mais Pepe Mujica n’assista pas à la projection. La nature nous a mis les yeux sur la face, expliqua-t-il en conférence de presse, pour justifier son refus de revenir sur un passé douloureux. « Ce qui est important dans la vie, c’est demain… » 

Les albums photo témoignent de ces hommages et Pepe Mujica comme ses interlocuteurs, en habile politique, a su en jouer. 

Pepe Mujica a mis fin à sa carrière politique, après un mandat présidentiel (2010-2015), un passage au ministère de l’Agriculture et 26 années au Sénat, le 21 octobre 2020, en raison des menaces que la pandémie de Covid-19 faisait peser sur lui : « Je suis âgé et je souffre d’une maladie immunitaire chronique », avait-il expliqué à ses collègues sénateurs dans son message d’adieu. Et le quotidien d’un élu, « c’est de parler aux gens, aller à leur rencontre, ça ne se joue pas dans les bureaux ». Un adieu plein de nostalgie et un message à la jeunesse : « Triompher dans la vie, ce n’est pas gagner mais toujours se relever après être tombé ». Un cancer de l’œsophage, détecté en mai 2024 et soigné par deux interventions chirurgicales en septembre et décembre, a encore compliqué une santé devenue fragile en raison d’une insuffisance rénale, jusqu’à sa décision d’arrêter tout traitement début janvier.  

Un président hors norme 

Admiré des stars de cinéma ou de la musique, Pepe Mujica a aussi été un cadeau pour les journalistes et essayistes. Nombre d’ouvrages lui ont été consacrés, comme celui des journalistes Andres Danza et Ernesto Tulbovitz, qui ont publié en 2015 un livre d’entretiens avec Pepe Mujica intitulé Pepe Mujica: un mouton noir au pouvoir. En préambule, ils rappellent la popularité mondiale du président qui a même une petite babouchka à son image en Russie, ces figurines ventrues en gigogne à l’effigie de personnages célèbres. Sauf que, fatale erreur, celle de Pepe Mujica a été affublée d’une cravate. Lui n’en portait jamais, de même qu’il a rechigné à porter l’écharpe présidentielle le jour de son investiture.

Un président hors norme qui a refusé de s’installer dans le palais présidentiel, qui donnait 90% de son salaire à une œuvre de logement social ; qui n’avait que deux vieilles voitures dont une Coccinelle bleue entrée dans la « légende Mujica » au même titre que sa petite chienne bâtarde à trois pattes, Manuela, disparue en juin 2018. Il était sans doute alors le chef de l’État le plus pauvre au monde, lui qui aimait à rappeler que « le président est un vieux qui mourra d’une attaque au milieu d’un champ, comme n’importe quel quidam », selon Danza et Tulbovitz. 

Une simplicité, voire une rusticité, revendiquée par Pepe Mujica qui se définissait comme un Don Quichotte déguisé en Sancho Panza ou encore comme une motte de terre à pattes (un terrón con patas), en référence à son côté paysan. Fils de cultivateurs d’origine basque et italienne dans ce pays d’immigrants, Pepe Mujica est né en mai 1935 dans une famille modeste. Orphelin de père à 6 ans, le petit garçon suit une scolarité primaire et secondaire tout en distribuant du pain pour un boulanger et vendant des fleurs. Il fait du vélo – la bicyclette est pour lui une passion –, sillonne le pays, tombe aussi fréquemment amoureux, raconte-t-il à Danza et Tulbovitz, et entame des études de droit qu’il ne terminera pas. 

Au début du siècle dernier, l’Uruguay était un pays prospère, enrichi grâce à ses exportations notamment de denrées alimentaires vers une Europe appauvrie et affamée par la guerre. L’un des plus développés au monde avec une législation sociale avancée pour l’époque. Dès le XIXe  siècle, l’Uruguay s’est caractérisé par une culture et une pratique démocratiques – avec des périodes d’exception – peu communes. Pepe Mujica lui-même dira, en 2013 devant l’Assemblée générale des Nations unies, que l’Uruguay a inventé la social-démocratie. 

Avant d’être l’une des chevilles ouvrières du Mouvement de libération nationale (MLN-Tupamaros en référence au leader indien Tupac Amaru qui se souleva contre les Espagnols dans le vice-royaume du Pérou au XVIe siècle), un mouvement d’extrême-gauche qui passa à la clandestinité puis à la lutte armée à la fin des années 1960, Pepe Mujica fut d’abord le collaborateur d’Enrique Erro, ministre de l’Industrie et du Travail en 1959-60. Aux côtés de cet intellectuel et journaliste de gauche (qui mourra en exil à Paris en 1984), il voyage en Chine et en URSS notamment, ce qui le vaccinera contre toute tentation totalitaire, y compris dans sa version castriste. 

A son retour de voyage, il lit frénétiquement à la Bibliothèque nationale à Montevideo. Clausewitz, les philosophes grecs et latins (« ma définition de la pauvreté est celle de Sénèque, disait-il: pauvres sont ceux qui ont besoin de beaucoup, car rien ne peut les satisfaire »), Marx qu’il qualifiait de génie en raison de ses analyses historiques et sociales, les auteurs latino-américains bien sûr, les anarchistes qui formeront le socle de sa pratique politique, ou encore Rosa Luxemburg qu’il lira et relira toute sa vie. Mujica puise à toutes les sources sa culture littéraire et politique et restera toute sa vie un grand lecteur, distribuant les livres à des écoles ou bibliothèques quand sa maison en était trop envahie. 

Les Tupamaros : les Robins des bois de la pampa 

Créé en 1966, le MLN-Tupamaros s’inscrit dans une mouvance révolutionnaire qui secoue l’Amérique latine dans les années 1960, stimulée par le succès de la révolution cubaine. Il ne revendiquait aucune filiation politique, considérant que si « les paroles divisent, l’action unit », explique Alain Labrousse qui a consacré deux ouvrages à ce mouvement, dont Les Tupamaros, des armes aux urnes (2009). « Le MLN s’est toujours refusé à mener des débats idéologiques approfondis entre les militants des différentes tendances de la gauche qui le composaient », écrit-il.Le mouvement a d’abord et surtout mené des actions de harcèlement des autorités afin notamment de dénoncer les scandales de corruption financière dans un pays qui a longtemps été considéré comme « la Suisse de l’Amérique du Sud » pour sa stabilité et sa prospérité. « Les Tupamaros reflétaient la culture nationale d’un pays démocratique et pacifique en menant des opérations où la ruse primait sur la force brutale », rappelle encore Alain Labrousse. 

Parmi ses faits d’armes, citons en 1969 l’attaque d’une banque dans laquelle travaillait Lucia Topolansky, l’épouse de Pepe Mujica, compagne de vie et de militantisme (tous deux se sont retrouvés après leur libération des geôles de la dictature, elle avait 40 ans et lui 50). Elle fut vice-présidente de la Nation en tant que présidente du Sénat jusqu’en 2020. C’est elle qui informe les « Tupas » (dont faisait partie sa soeur jumelle) que la banque avait des pratiques douteuses. Les livres de comptes de la banque sont volés et remis à un juge d’instruction. Une enquête sera diligentée et des cadres de la banque arrêtés. La même année, les Tupamaros attaquent un casino dans la station balnéaire de Punta del Este, mais renvoient aux employés l’argent de leurs pourboires. Ces faits d’armes et la redistribution des butins valent aux Tupamaros une notoriété et le soutien de la population jusqu’à ce que le durcissement de la répression entraîne une radicalisation du mouvement qui multiplie les enlèvements au début des années 70. C’est ce que raconte le film État de siège de Costa Gavras (1973). 

Pepe Mujica, l’un des chefs de l’organisation, blessé en mars 1970, gardera toute sa vie trois balles dans le corps. Arrêté, il s’évade avec plus de cent autres prisonniers de la prison de Punta Carretas en septembre 1971. Repris en août 1972, il est gardé au secret avec huit autres chefs Tupas : pris comme otages par la junte militaire, celle-ci annonce qu’ils seront tués si la guérilla reprend ses actions armées. Il ne sort de prison qu’en 1985 à la faveur du retour à la démocratie. Douze années de solitude, de tortures, d’enfermement sans rien pour occuper son esprit, qui ont failli le rendre fou. 

La pratique du pouvoir : fi des dogmes 

Mais les anciens Tupamaros étaient des durs à cuire, du moins ceux qui ont survécu à la dictature militaire et à la répression. Pepe Mujica crée le MPP, Mouvement de participation populaire après son élargissement en 1985. Issu du MLN-Tupamaros, le MPP devient la principale formation du Frente amplio qu’il intègre en 1989. Cette alliance, créée en 1971, va du centre gauche aux communistes. Il est élu député en 1995, sénateur en 1991, ministre de l’Agriculture de Tabaré Vasquez en 2004, et enfin président en novembre 2009. Il sera investi le 1er mars 2010 pour cinq années à la tête de l’Etat. Un jour tu seras président, lui avait dit sa mère, une femme de tempérament… 

Cinq années qui s’inscrivent dans les pas d’une politique, notamment sociale, initiée par son prédécesseur au palais présidentiel et par le programme de la coalition au pouvoir. Réforme du système de santé, politique de logement de social, lutte contre le travail au noir, mécanismes paritaires de négociation des salaires, aide aux coopératives, achat de terres pour aider à l’installation de familles… 

Pepe Mujica assurait n’avoir que faire des dogmes. « A cagar con los dogmas », déclarait-t-il dans son langage fleuri à Danza et Tulbovitz. Il se revendiquait libertaire, pragmatique, s’inspirant dans sa pratique politique du président Lula da Silva au Brésil, plutôt que de Castro ou de Chavez : « Mon modèle, c’est Lula, parce qu’il utilise cette méthodologie consistant à faire de la négociation permanente le centre de la politique ».

De cette démarche naîtront notamment les trois lois phares de la présidence Mujica qui situeront une nouvelle fois l’Uruguay à l’avant-garde des législations sociales: la dépénalisation de l’avortement sur la seule volonté de la femme jusqu’au 3e mois de grossesse en décembre 2012 (Tabaré Vasquez avait lui préalablement exercé son droit de veto, sous sa présidence et empêché la gauche d’autoriser l’interruption volontaire de grossesse), le mariage homosexuel (avril 2012) et la loi qui autorise et régule la production, la consommation et la commercialisation du cannabis (entrée en vigueur en mai 2014).

L’Uruguay avait aboli la peine de mort en 1907, légalisé le divorce dès 1913, les femmes pouvaient voter depuis 1933 et les couples homosexuels pouvaient adopter des enfants depuis 2008. « La reconnaissance du mariage gay, l’avortement et la loi d’encadrement du cannabis sont des progrès. Mais ils le seront de manière définitive le jour où il y aura moins de distance entre les pauvres, les indigents et les plus riches », déclarait-il dans un entretien au Monde en mai 2014. 

Pas de « revanchisme » à l’égard des militaires 

Réduire les inégalités dans son pays mais apporter aussi sa pierre pour plus de justice sociale dans le reste du monde et notamment en Amérique latine, continent qu’il parcourut dans tous les sens, c’est le mantra de Pepe Mujica. Il l’a répété dans des discours qui ont fait mouche à des tribunes internationales, alertant sur les dangers de la consommation effrénée et son « pouvoir d’étourdissement », sur les ressources limitées de la planète, la perte des solidarités…  

Des discours et des prises de position qui ont frappé les esprits et ont nourri l’aura de Mujica, salué aussi à droite par des intellectuels de la stature de l’écrivain Mario Vargas Llosa ou l’édito du grand quotidien brésilien O Globo comme l’un des rares hommes d’État sur le continent sud-américain.

A gauche cependant, en Uruguay, il lui sera reproché de ne pas aller assez loin dans les réformes, de ne pas rompre totalement avec les lois du marché et sur le plan politique notamment de ne pas avoir fait abroger la loi dite « de la caducité », votée en 1986 sous le gouvernement de Julio Maria Sanguinetti, qui garantit l’impunité aux militaires coupables de crimes pendant la dictature. 

« Ne pas juger les militaires tortionnaires, c’est renoncer à la prétention démocratique de soumettre le pouvoir à la loi », analyse Denis Merklen, enseignant chercheur à l’Institut des Hautes études de l’Amérique latine *. Une attitude que Pepe Mujica justifiera par la volonté de ne pas faire preuve de « revanchisme » et dans laquelle certains analystes verront un nouveau témoignage de son pragmatisme et de sa recherche permanente de consensus : par deux fois, lors de deux référendums en 1989 et en 2009, les Uruguayens se déclarèrent opposés à l’abrogation de cette loi. 

Dans son discours d’adieu au Sénat pour raisons de santé, le 21 octobre 2020, Pepe Mujica est revenu sur cette culture du consensus, du débat. « J’ai beaucoup de défauts, mais dans mon jardin, je ne cultive pas la haine… La haine finit par abrutir, elle est aveugle comme l’amour mais l’amour lui est créateur ». Même message dans son adieu à ses compatriotes, début janvier : « Il est facile d’avoir du respect pour ceux qui pensent comme vous, mais il faut apprendre que le fondement de la démocratie est le respect de ceux qui pensent différemment (…) Je vous embrasse tous », a-t-il conclu. 

Un médiateur tous terrains 

Pepe Mujica est resté jusqu’au bout, malgré ses problèmes de santé, sur tous les fronts. En août 2024, dans une interview au New York Times, il insiste sur la nécessaire sobriété pour épargner les ressources de la planète et ne pas aliéner sa liberté au profit de la consommation. Sur le conflit au Proche-Orient, dans une vidéo en octobre 2023, il appelle le Hamas à libérer ses otages israéliens.

Il a été l’un des artisans du rapprochement entre les États-Unis et Cuba pendant la présidence de Barack Obama, même s’il qualifiait son action de « grain de sable ». Son offre à Obama d’accueillir des prisonniers de Guantanamo, qu’il qualifiait de « honte pour l’humanité », fit couler beaucoup d’encre. Il a également accompagné la mise en œuvre de l’accord de paix avec les Farc en Colombie, rappelant que pour construire un pays et panser les plaies d’une guerre, il fallait laisser de côté la haine.

Dans la crise politique vénézuélienne, il a proposé sa médiation dans la crise politique opposant le président Nicolas Maduro à Juan Guaido, président par intérim autoproclamé puis a pris ses distances avec le régime de Maduro qu’il a qualifié de « dictature » en juillet 2019. Une prise de position inédite qui avait alors fâché ses alliés politiques.  

Sa personnalité et son prestige, mais aussi la modestie de son propre pays, lui ont servi dans ces actions. « Parfois, être petit a ses avantages, parce que l’on peut dire avec clarté ce que l’on pense », déclarait-il, et il ne s’en est pas privé, s’enquérant à l’oreille du roi d’Espagne Felipe de la santé de « ses vieux »… Il a joué la carte des ensembles régionaux comme l’Unasur et le Mercosur, détendu les relations avec l’Argentine qui s’étaient crispées pendant les présidences de Tabaré Vasquez et de Nestor Kirchner au sujet des papetières du rio Uruguay (2010), soutenu Buenos Aires dans sa bagarre avec les fonds de pension américains…  

« La vie n’est qu’une guérilla », disait souvent Mujica. Le vieux lutteur avait apporté sa caution à la campagne présidentielle du candidat du Frente amplio, Daniel Fernandez, néanmoins battu en novembre 2019. En 2024, il soutient celle de Yamandú Orsi, favori à la présidentielle du 27 octobre. « Nous sommes des animaux politiques », assure en écho son épouse Lucía Topolansky. « Il est possible que ce monde meilleur ne soit rien d’autre qu’un chemin perpétuel, qu’une lutte perpétuelle pour ce monde meilleur… il est probable que la seule chose qui existe réellement soit le chemin », disait-il encore dans un entretien à RFI. Il est donc arrivé au bout de ce chemin. 

Avec RFI

*dans Les cahiers des Amériques latines n°77 

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Algérie-Slovénie : coopération lilliputienne et vantardise

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Tebboune Mme Natasa Pirc Musar,
Tebboune et la président de la Slovénie, Mme Natasa Pirc Musar,

Abdelmadjid Tebboune était en visite à Ljubljana (Slovénie), accompagné de plus de 70 chefs d’entreprise. Une occasion pour le chef de l’Etat et ses porte-plumes de fanfaronner sur le rapprochement entre l’Algérie et la Slovénie.

Beaucoup de discours mais la réalité de la coopération bilatérale reste marquée par d’importantes limites. Encore une fois, le chef de l’Etat a brillé par ses effets de manches et ses fanfaronnades.

Un partenariat énergétique

Parlons clairement : de quel partenariat peut se targuer l’Algérie avec la Slovénie hormis l’énergie, et plus précisément le gaz. C’est l’unique pilier principal de la relation économique entre les deux pays. L’accord signé entre Sonatrach et Geoplin prévoit une augmentation des livraisons de gaz algérien à la Slovénie, passant de 300 à 500 millions de mètres cubes par an dès 2026, ce qui couvrira la moitié de la consommation nationale slovène. Certes, pour l’Algérie, ce partenariat s’inscrit dans une stratégie de diversification de ses débouchés en Europe, alors que le continent cherche à réduire sa dépendance au gaz russe. Mais pour un tel contrat, fallait-il le déplacement du chef de l’Etat et une tripoté de chefs d’entreprises ? Peu sûr.

Des ambitions de diversification affichées

Au-delà du gaz, Alger et Ljubljana affichent leur volonté de diversifier la coopération. Les discussions lors de la visite de Tebboune portent sur l’intelligence artificielle, la numérisation, l’agriculture, les énergies renouvelables ou encore la gestion de l’eau et la technologie spatiale. Plusieurs accords-cadres ont été signés ces derniers mois, notamment lors de la visite du Premier ministre slovène en Algérie, pour encourager les échanges dans ces secteurs émergents.

Des limites structurelles persistantes

Malgré cette dynamique, la coopération économique reste limitée et très concentrée sur l’énergie. Les échanges hors hydrocarbures demeurent insignifiants, et les projets concrets dans les secteurs innovants peinent à se matérialiser. Encore faut-il que l’Algérie ait par exemple un système bancaire dématérialisé pour qu’elle puisse ambitionner de parler de technologie spatiale… Les obstacles sont nombreux : différences réglementaires, manque de connaissance réciproque des marchés, lenteurs administratives et absence d’investissements privés significatifs.

Déséquilibre commercial

La Slovénie voit en l’Algérie un partenaire stratégique en Afrique, mais le volume global des échanges reste modeste comparé à d’autres partenaires européens de l’Algérie. Le déséquilibre est notable : l’Algérie exporte principalement du gaz, tandis que les importations slovènes restent marginales, en dehors de quelques secteurs industriels et pharmaceutiques. Alors ? Tout porte à croire que cette visite relève d’une opération cosmétique d’un régime expert en improvisation que d’autre chose !

Sur le plan politique, la convergence est réelle, les deux pays siégeant comme membres non permanents au Conseil de sécurité de l’ONU et partageant des positions sur plusieurs dossiers internationaux. Mais cette entente ne suffit pas à compenser le manque de projets économiques structurants et la faible implication du secteur privé.

Conclusion

La coopération algéro-slovène est un voeu pieux. Une chimère, comme toutes celles qu’agite Tebboune depuis son arrivée au pouvoir. Comme l’autosuffisance alimentaire promise aux algériens alors qu’il importe moutons et banane. Comme la fameuse allocation touristique qui n’a pas connu le moindre début, comme les usines de voitures… La réussite de ce partenariat comme d’autres suppose une politique structurelle, des équipes qui bossent sérieusement leurs dossiers, une administration affranchie de ses lourdeurs, des interventions et de la corruption. Mais aussi et surtout, un gouvernement stable, compétent, rigoureux, cartésien et imperméable au populisme. C’est-à-dire des exigences impossibles à réaliser sous Tebboune et Chanegriha.

Rabah Aït Abache

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Ramdane Lasheb : « Le festival Raconte-Arts, un acte de transmission et de résistance culturelle »

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Livre de Ramdane Lasheb

Auteur de l’ouvrage Le festival Raconte-Arts et la sauvegarde du patrimoine culturel (Éditions L’Odyssée, avril 2025), Ramdane Lasheb, docteur de l’université de Pau et des Pays de l’Adour et chercheur associé au laboratoire Experice/LIAgE (Université Paris 8), livre une analyse approfondie d’un événement singulier, né au cœur des villages de Kabylie.

À travers cette étude, il explore les multiples dimensions d’un festival devenu, au fil des éditions, un acte de « résistance culturelle » et un véritable espace vivant de transmission. Dans cet entretien, il revient sur les coulisses de sa recherche et les enjeux esthétiques, sociaux et politiques qui traversent cette manifestation atypique.

Né de l’initiative de trois passionnés (Hacen Metref, Denis Martinez et Ali Silem) sous la forme d’une modeste semaine culturelle, le Festival Raconte-Arts s’est imposé comme un rendez-vous incontournable de l’expression artistique libre, foisonnante et affranchie des cadres institutionnels. Chaque année, les arts de la scène, la parole, la musique, la peinture et bien d’autres formes de création s’emparent des ruelles des villages, métamorphosant les lieux du quotidien en scènes vibrantes, habitées par un public venu de tous horizons.

Mais au-delà de l’effervescence créative, Raconte-Arts s’affirme comme un véritable carrefour d’échanges interculturels, un espace d’expression de l’altérité et du vivre-ensemble. Il constitue un vecteur de transmission et de sauvegarde du patrimoine immatériel, en l’ancrant dans une dynamique contemporaine où la tradition s’actualise pour mieux perdurer.

Dans Le festival Raconte-Arts et la sauvegarde du patrimoine culturel, Ramdane Lasheb propose une réflexion riche de sens de cette expérience unique. Son travail universitaire met en lumière les profondeurs cachées du festival : sa capacité à tisser du lien, à rendre visibles les invisibles, et à offrir aux marges un espace d’expression. À travers son regard de chercheur, Raconte-Arts se dévoile comme un laboratoire artistique et citoyen, un levier de décentralisation culturelle, un miroir critique d’une société en quête de sens, de mémoire et d’appartenance. Entretien.

Le Matin d’Algérie : Votre ouvrage explore en profondeur le festival Raconte-Arts. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à cette initiative en particulier ?

Ramdane Lasheb : Comme beaucoup de celles et ceux qui ont eu l’occasion de découvrir ou de participer au festival Raconte-Arts, j’ai été profondément marqué par l’atmosphère singulière qui y règne. Ce qui m’a particulièrement interpellé en tant que chercheur, c’est la richesse des interactions entre les artistes – venus d’horizons divers –, les habitants des villages et les visiteurs. En tant que spécialiste des questions liées à l’éducation au patrimoine culturel, à la patrimonialisation et aux formes d’apprentissage expérientiel, j’y ai retrouvé des similitudes frappantes avec les chantiers archéologiques auxquels j’ai participé, notamment sur le plan de l’interculturalité vécue.

Le lien entre Raconte-Arts et le patrimoine m’est apparu d’emblée évident. Mais l’idée d’en faire un objet de recherche s’est imposée plus tard, au fil du temps et des réflexions. Ce sont les lectures spécialisées et mes participations répétées au festival qui ont permis de faire émerger une véritable problématique : en quoi ce festival participe-t-il à la sauvegarde du patrimoine culturel ?

Le Matin d’Algérie : Pour documenter un événement aussi vivant et multiforme, quelle méthodologie avez-vous mise en œuvre pour explorer cette question et structurer votre ouvrage ?

Ramdane Lasheb : L’objectif était de comprendre comment certaines activités du festival – comme la performance « Le point et des traits », « La nuit du conte », « La fenêtre du vent », ou encore « La déambulation nocturne » – s’inscrivent dans un processus de patrimonialisation et contribuent à la sauvegarde du patrimoine culturel.

Pour ce faire, j’ai commencé par constituer un corpus à partir de matériaux variés : entretiens de terrain, documents écrits, et vidéos gracieusement mises à ma disposition par Hacene Metref, l’un des organisateurs du festival. J’ai opté pour une approche d’analyse thématique de contenu, fondée sur l’étude qualitative des données. Une lecture dite « flottante » des matériaux – c’est-à-dire un lâcher-prise initial – m’a permis de dégager les grands axes et sous-thèmes formant la trame de mon analyse.

Sur cette base, j’ai d’abord tenté de cerner les conditions ayant présidé à la naissance du festival et ce qui en fait une expérience unique. Ensuite, j’ai étudié la dimension bénévole de l’événement, ainsi que les motivations des festivaliers. Puis, j’ai exploré la portée interculturelle du festival, à travers les notions de diversité culturelle, de dialogue et d’ouverture à l’altérité. Enfin, j’ai mis en lumière les mécanismes de patrimonialisation à l’œuvre dans certaines activités du festival.

Le Matin d’Algérie : Vous insistez dans votre livre sur l’indépendance du festival vis-à-vis des institutions. En quoi cette autonomie façonne-t-elle son identité ?

Ramdane Lasheb : Raconte-Arts est avant tout un festival populaire qui répond à une aspiration profonde à la liberté de création. Il incarne une reconquête des espaces d’expression artistique, souvent niés ou confisqués par l’obscurantisme d’une part, et par les logiques institutionnelles d’autre part.

Ce qui le distingue fondamentalement des festivals institutionnalisés, c’est son autonomie totale : pas de subventions étatiques, pas d’inscription au budget de l’État. Sa vitalité repose sur le bénévolat, l’élan des artistes – professionnels ou amateurs –, et l’hospitalité des villageois qui accueillent l’événement. Cette indépendance garantit une grande liberté dans le choix des contenus, des formats, et des participants. Elle donne au festival un souffle singulier, presque inimitable ailleurs que dans le contexte socioculturel kabyle. Ce modèle autonome et solidaire en fait un espace de création libre, mais aussi un creuset d’interculturalité.

Le Matin d’Algérie : Vous évoquez la sauvegarde du patrimoine. Comment un festival, par nature éphémère, peut-il contribuer à un processus aussi profond et durable ?

Ramdane Lasheb : La sauvegarde du patrimoine culturel implique de réactiver des éléments culturels dans des contextes nouveaux, parfois très éloignés de ceux dans lesquels ils ont émergé. Prenons l’exemple de tajmaɛt, ce lieu emblématique de la vie villageoise, longtemps tombé en désuétude. Dans le cadre du festival, il est réinvesti comme un espace culturel, restauré et valorisé. Cela témoigne d’un processus de patrimonialisation qui engage à la fois mémoire, transmission et réinvention.

Le festival permet aussi de raviver des pratiques, rituels et expressions menacés d’oubli. À travers des performances artistiques, ces éléments sont réinscrits dans une dynamique contemporaine. Par exemple, la performance « Le point et des traits » rend hommage aux figures locales tout en identifiant des savoir-faire en voie de disparition. L’invitation faite à la qibla La Adidou, sage-femme traditionnelle, par l’artiste Denis Martinez lors du festival à Souamaâ, illustre ce processus. Ce geste artistique a permis de remettre en lumière son savoir, jusque-là ignoré, et d’amorcer une reconnaissance locale, voire nationale, comme Trésor Humain Vivant.

Il en va de même pour la « Nuit du conte », initiée par Jorus Mabiala, qui a donné un second souffle au conte kabyle, désormais transmis sous forme de spectacle vivant. Le conteur Idir Fares, qui y participe, perpétue aujourd’hui cette tradition renouvelée. Toutes ces pratiques artistiques sont autant de vecteurs de transmission, de recréation, et donc de sauvegarde d’un patrimoine immatériel en perpétuelle transformation.

Le Matin d’Algérie : Un mot pour conclure ?

Ramdane Lasheb : J’aimerais insister sur deux éléments : l’impact du festival et la portée de cette recherche.

Raconte-Arts a eu un effet mobilisateur et régénérateur dans les villages de Kabylie. Il a insufflé un nouvel élan aux structures socioculturelles locales et suscité une prise de conscience autour de la préservation du patrimoine. En voyant leur culture mise en valeur par des artistes venus d’ailleurs, les habitants ont redécouvert la richesse de leur propre héritage. Ce processus a renforcé leur estime de soi, et contribué à la naissance de nombreux festivals inspirés de l’« esprit » de Raconte-Arts.

Quant à l’ouvrage Le festival Raconte-Arts et le patrimoine culturel, il met l’accent sur les dimensions patrimoniales du festival, mais peut intéresser un public plus large : enseignants, étudiants, chercheurs, animateurs culturels, ou encore acteurs du patrimoine. Et je suis convaincu que d’autres pistes de recherche pourront en émerger.

Sofiane Ayache

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Ces six films africains à suivre lors du festival de Cannes 2025

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Festival de Cannes 2025

La 78e édition du Festival de Cannes, qui se déroule du 13 au 24 mai, met en avant une sélection de films du monde entier. Parmi eux, six œuvres africaines entre fictions historiques, drame social ou encore polar.

•  Promis le ciel, Erige Sehiri de nouveau à Cannes

Après le succès de son précédent film Sous les figues, la réalisatrice franco-tunisienne Erige Sehiri est de retour à Cannes avec Promis le ciel qui est sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard. Son nouveau long-métrage aura d’ailleurs l’honneur de faire l’ouverture de cette compétition. Ce film nous invite dans l’univers de Marie, une pasteure ivoirienne vivant à Tunis, qui ouvre sa porte à deux jeunes femmes : Naney, une mère en quête d’un avenir meilleur, et Jolie, une étudiante déterminée.

Leur quotidien est bouleversé lorsqu’elles recueillent Kenza, une fillette rescapée d’un naufrage. Cette famille recomposée tente d’avancer dans un contexte social de plus en plus préoccupant. Promis le ciel explore avec les thèmes de la solidarité, des migrations et de la quête d’identité, alors que la situation des migrants subsahariens devient de plus en plus précaire en Tunisie ces dernières années.

• Aisha Can’t Fly Away, un regard sur la vie des migrants au Caire

Réalisé par Morad Mostafa, Aisha Can’t Fly Away nous raconte le quotidien d’Aisha, une jeune aide-soignante somalienne de 26 ans vivant à Ain-shams, un quartier du Caire, en Égypte, où réside une importante communauté de migrants subsahariens. Présenté dans la catégorie Un Certain Regard, le film explore les tensions violentes entre les différentes communautés et les gangs qui contrôlent le quartier, dans l’indifférence des autorités. Après trois films courts, ce premier long-métrage de Morad Mostafa offre un regard intime et poignant sur les défis auxquels sont confrontés les migrants en Égypte, mettant en lumière les réalités de communautés souvent invisibilisées et ignorées. Il y raconte un quartier dans lequel il a lui-même vécu durant son enfance et où les pressions sociales s’accumulent sur les migrants qui y vivent.

Son court-métrage I Promise You Paradise, présenté dans la Semaine de la Critique de Cannes en 2023, évoquait les parcours compliqués des migrants subsahariens en Égypte. Film court avec lequel il a d’ailleurs remporté cette année le prix Poulain d’or, cette année au Fespaco. Avec ce film, l’Égypte retrouvera pour la première fois la Croisette depuis Eshtebak de Mohamed Diab présenté en 2016.

• Indomptables, le retour aux racines de Thomas Ngijol

L’humoriste Thomas Ngijol fait un sacré virage avec son nouveau film Indomptables, présenté à la Quinzaine des CinéastesHabitué de la comédie, il s’essaie ici au registre plus sombre du polar. Inspiré du documentaire Un crime à Abidjan de Mosco Levi Boucault, le film suit le commissaire Billong, qui enquête sur le meurtre d’un officier de police à Yaoundé, au Cameroun. À mesure que l’enquête progresse, il se retrouve confronté à des dilemmes moraux et éthiques qui le poussent à bout. À travers le personnage complexe de Billong qu’il incarne, Thomas Ngijol questionne les limites de la loi et de la morale dans une société en proie à la corruption et à la violence.

Ce film entièrement tourné à Yaoundé semble déjà avoir conquis l’équipe de la Quinzaine des réalisateurs : « Thomas Ngijol est absolument extraordinaire, non seulement en tant que réalisateur, mais aussi en tant qu’acteur. L’ensemble de son casting est juste, ça nous a fait du bien de voir ce film camerounais alors qu’il était inattendu. »

• My Father’s Shadow, une première historique pour le cinéma nigérian

My Father’s Shadow, réalisé par Akinola Davies Jr., est une étape importante pour le cinéma nigérian : c’est la première fois qu’un film nigérian est en sélection officielle à Cannes. Le film se déroule durant l’élection présidentielle de 1993 au Nigeria. Organisées après des années de régime militaire, ces élections visaient à rétablir un gouvernement civil. Cependant, ces élections, considérées comme les plus libres du pays à l’époque, ont été annulées par le général Ibrahim Babangida, alors chef de l’État. Ce qui a déclenché une crise politique majeure et conduit à une période prolongée d’instabilité avec une centaine de morts durant des manifestations.

Dans ce long-métrage, le réalisateur suit l’histoire de deux jeunes frères qui passent une journée ensemble dans ce contexte troublé dans la mégalopole de Lagos. Ce récit semi-autobiographique offre un aperçu des dynamiques familiales et politiques complexes de cette période tumultueuse de l’histoire nigériane.

•  L’mina, au plus près du travail informel au Maroc 

L’mina, un court-métrage de 26 minutes réalisé par Randa Maroufi, est présenté à la Semaine de la Critique. Le film se déroule à Jerada, une ville minière au Maroc, où l’exploitation du charbon, bien qu’officiellement arrêtée en 2001, se poursuit de manière informelle. À travers une reconstitution du travail dans les puits, L’mina permet d’appréhender les conditions de vie des habitants de cette région. Le film utilise un dispositif de décor collaboratif, impliquant directement les résidents de Jerada qui jouent d’ailleurs leur propre rôle. Cette approche pleine d’authenticité met en lumière la résilience et la débrouillardise des communautés locales. Ce projet est le cinquième court-métrage de l’artiste plasticienne et réalisatrice franco-marocaine Randa Maroufi.

• La Vie après Siham, un documentaire sur le deuil

La Vie après Siham, réalisé par le franco-égyptien Namir Abdel Messeeh, est sélectionné par l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). Son film précédent, La vierge, les coptes et moi, sortie en 2012, explorait avec humour sa relation avec sa terre natale et sa famille copte. Ce nouveau documentaire intime suit Namir, qui, après la disparition brutale de sa mère Siham, replonge dans ses souvenirs d’enfance et ceux de leur quartier. À travers une enquête sur son histoire familiale entre l’Égypte et la France, Namir explore les thèmes du deuil, de la mémoire et de l’identité. Le film est un hommage émouvant à Siham, mais aussi une réflexion sur l’impact durable de la perte d’un être cher. Un voyage introspectif qui utilise des archives familiales, des témoignages et des séquences contemplatives pour reconstituer la mémoire de sa sœur.

RFI

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