15.9 C
Alger
dimanche 19 octobre 2025
Accueil Blog Page 5

L’Algérie, ce pays qui donne trop !

2
Alger

L’Algérie donne, elle efface, elle aide, elle promet. L’Algérie tend la main avec une sincérité rare, mais oublie parfois de garder l’autre sur la table. À force de vouloir être généreuse, elle en devient naïve.

On commence par une scène restée coincée dans la gorge du pays : le représentant d’un peuple martyr, venu remercier, oublie de citer l’Algérie. Pression, calcul ? Peu importe : l’omission a le goût amer d’une gifle. Elle dit tout : la surprise, la déception, la fierté froissée. Car enfin, comment un pays qui a levé la voix quand d’autres chuchotaient, qui a ouvert ses bras, vidé ses coffres, pris des coups pour sa solidarité – jusqu’à l’ONU – peut-il s’effacer d’un simple discours de gratitude ?

Ce n’est pas un incident diplomatique, mais un révélateur. L’Algérie s’étonne d’être oubliée parce qu’elle croit encore que la morale fonde la politique. On a prêté des milliards, effacé des dettes, offert du pétrole, des biens, des voix. On a porté l’Afrique, la Palestine, la Tunisie, la Libye, le Liban comme on porte une cause : à bout de bras, avec le cœur, sans calcul. Et souvent, en retour, on récolte la mémoire courte. Il suffit d’un vote ou d’un remerciement omis pour que certains “frères” crachent sur la main qui les a nourris. Ce n’est plus de la diplomatie ; c’est de la naïveté nationale.

L’Algérie agit souvent comme elle ressent : avec le cœur, sans méthode. Entre la raison d’État et la politique du ressenti, le fossé se creuse. On veut être aimé avant d’être respecté, admiré avant d’être compris. On confond le symbole avec la stratégie, le geste avec la vision. Derrière les grands mots, la diplomatie s’épuise à jouer sur le registre de l’émotion. Résultat : on s’émeut beaucoup, on pèse peu.

Cette logique dépasse la politique étrangère : elle traduit un rapport général au pouvoir. Ici, la décision naît dans l’émotion et meurt dans l’oubli. On déclare avant de réfléchir, on promet avant de planifier. Le pouvoir aime le spectaculaire ; il confond communication et action. Et à force de gouverner par réflexe, on finit par administrer le pays comme un sentiment : dans l’excès.

Et puisque tout commence en haut, tout déborde en bas. La démesure de l’État a contaminé la rue : on gouverne dans le symbole, on vit dans le spectacle. On parle plus qu’on n’écoute, on promet plus qu’on n’agit, on consomme plus qu’on ne produit. Dans les cafés et les salons, chacun veut être entendu, reconnu, validé – comme si exister dépendait du regard des autres. Derrière ce vacarme, un vertige : celui d’un peuple sincère jusqu’à l’épuisement, mais prisonnier de sa propre intensité.

Cette intensité, elle, plonge dans l’histoire. Longtemps nié, le peuple s’est défendu par le bruit, a fait de la parole une preuve d’existence. La fierté a remplacé la stratégie, le symbole a pris la place du projet. Ce réflexe, hérité de la douleur, entretient la confusion entre dignité et efficacité. Et à force de brandir le passé comme drapeau, on avance en regardant derrière soi.

Mais le vrai danger n’est plus moral : il est institutionnel. La générosité nationale s’est transformée en politique personnelle. On distribue, on efface, on offre – comme si les biens du peuple appartenaient à la magnanimité d’un seul. La diplomatie devient un geste du prince, le trésor public une caisse de prestige. Dans un pays sans presse libre ni opposition réelle, la générosité ne se discute pas : elle se décrète.

La raison d’État, elle, reste absente. Le geste remplace la stratégie, l’émotion supplante la réflexion. La souveraineté ne se mesure pas à la main qu’on tend, mais à celle qu’on garde ferme.

Peut-être qu’un jour, l’Algérie apprendra à donner sans se perdre, à aider sans s’ignorer, à croire sans s’aveugler. En attendant, elle continue – fière, bruyante, sincère – à confondre vertu et stratégie. Et chaque fois qu’un remerciement l’oublie, la même amertume remonte : celle d’un pays qui découvre, encore une fois, que le cœur ne suffit pas à gouverner.

Zaim Gharnati

- Publicité -

Batna en deuil : décès de Nabil Tamine, bassiste des Play Boys

0
Nabil Tamine,
Nabil Tamine,

Batna perd l’une de ses figures emblématiques de la musique locale. Nabil Tamine, bassiste du célèbre groupe les Play Boys, s’est éteint à quelques jours seulement de la sortie en salle du film auquel il avait participé.

L’inimitable artiste qu’était Tamine avait néanmoins eu la chance d’assister à l’avant-première en juin dernier, entouré de proches et d’amis, lors d’un événement qui avait rassemblé l’ensemble de la scène culturelle batnéenne.

La ville pleure un musicien et un acteur majeur de sa vie culturelle, dont l’engagement a marqué plusieurs générations. Les condoléances affluent à la grande famille Tamine, reconnue pour sa contribution à la culture batnéenne.

Djamal Guettala 

- Publicité -

Serguei Lavrov sème le doute sur les frontières algéro-maliennes

15
Tebboune et Lavrov

Le ministre russe des affaires étrangères a qualifié d' »artificielles » les frontières entre l’Algérie et le Mali. Alger garde le silence.

Les déclarations du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ont été largement commentées par les internautes algériens sur les réseaux sociaux mais n’ont pas encore suscité de réaction de la part de la diplomatie algérienne.

La déclaration du ministre russe des Affaires étrangères est pourtant particulièrement gravissime puisqu’elle porte atteinte à l’intégrité territoriale.

Au-delà de la rhétorique géopolitique habituelle sur l’Afrique, les propos tenus par le MAE russe en réponse à une question posée par une journaliste de Radio Algérie Internationale — chaîne publique algérienne — ont été interprétés comme un message politique direct adressé au pouvoir algérien.

Mais Serguei Lavrov, dans une réplique un tantinet ironique  et calculée, a saisi l’occasion pour souligner que la question avait été rédigée à l’avance pour la journaliste, afin d’y répondre de manière percutante. Il a alors évoqué un point d’une grande importance : selon lui, les frontières héritées de la colonisation — des frontières artificielles — sont à l’origine de la plupart des conflits sur le continent africain, notamment du différend entre l’Algérie et le Mali. Il a également fait référence au peuple touareg et aux événements survenus dans la région des Grands Lacs en Afrique.

Les faits

La scène s’est déroulée lors d’une conférence de presse retransmise par Sputnik Afrique. Interrogé sur les accusations occidentales visant la présence militaire russe au Mali, Lavrov a d’abord défendu l’action de son pays : « L’Africa Corps opère à la demande des autorités légitimes et ne cible pas les civils. » Mais le ministre russe a ensuite dévié vers une lecture historique lourde de sens : « Les tensions entre l’Algérie et le Mali trouvent leurs racines dans les frontières artificielles héritées de la colonisation. Ce sont ces tracés imposés qui divisent encore aujourd’hui des peuples, notamment les Touaregs. Ceux qui ont dessiné ces frontières continuent parfois à en exploiter les failles. »

Cette remarque, qui semble anodine dans une perspective analytique, touche en réalité à l’un des piliers de la doctrine diplomatique algérienne : le respect intangible des frontières héritées de la colonisation, principe que l’Algérie défend avec constance depuis son indépendance. En rappelant que ces frontières sont «artificielles » et qu’elles nourrissent les conflits en Afrique, Lavrov a, volontairement ou non, remis en question un fondement politique et stratégique majeur pour Alger.

Le ton utilisé n’est pas passé inaperçu. Ce recadrage public, perçu comme ciblé et stratégique, a été interprété comme un signal : Moscou entend désormais parler de l’Afrique du Nord et du Sahel en terrain d’influence, quitte à bousculer des sensibilités historiques.

La réaction du député indépendant Abdelouahab Yakoubi illustre le malaise suscité : « Cette lecture biaisée de l’histoire vise à légitimer une implantation russe dans une zone qui n’a jamais fait partie de son espace géostratégique. Nous n’avons récolté de Moscou que des slogans, des contrats d’armement et une dépendance technologique. »

Au-delà du débat de fond, cette prise de parole soulève une question brûlante : comment réagira Alger à ce qui s’apparente à une remise en cause frontale de l’un de ses dogmes diplomatiques ? 

Alger procédera-t-elle à la convocation de l’ambassadeur russe pour une protestation symbolique ? Rien n’indique, pour l’heure, une telle démarche.  Le silence — souvent interprété comme une prudence calculée du pouvoir — pourrait prévaloir une fois de plus.

Ce nouvel épisode révèle surtout une évolution des rapports entre Alger et Moscou. Jadis alliés stratégiques dans un contexte de méfiance commune envers l’Occident, les deux capitales se trouvent désormais sur des trajectoires géopolitiques plus nuancées. La Russie, en quête d’un rôle pivot dans le Sahel, n’hésite plus à mobiliser l’histoire coloniale comme levier diplomatique, y compris au risque d’irriter un partenaire de longue date.

Si cette déclaration était venue d’un officielle français elle aurait attiré les foudres de guerre des autorités algériennes. Cependant, si la diplomatie algérienne choisit de ne pas réagir publiquement, cela pourrait être interprété comme une volonté d’éviter une crispation avec Moscou dans un contexte international tendu. Mais cette séquence laissera des traces, car elle touche au cœur même du récit fondateur de l’État algérien : celui d’un pays attaché au principe de l’intangibilité des frontières héritées de la décolonisation.

Samia Naït Iqbal

- Publicité -

Coût des Accords franco-algériens : deux milliards d’euros, selon un rapport

6
Drapeau Algérie France

En France, deux députés du camp présidentiel ont dévoilé mercredi matin « pour éclairer le débat », un rapport sur le coût des accords entre la France et l’Algérie. Soutenus par l’ancien Premier ministre, Gabriel Attal, dans leur démarche, les deux élus pointent du doigt l’accord franco-algérien de 1968, qu’il faut, selon eux, dénoncer.

Cet accord avait été signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie, alors que la France avait besoin de bras pour soutenir son économie. Ce rapport adresse plusieurs reproches à l’accord de 1968. Le premier d’entre eux, c’est que le statut dérogatoire dont bénéficient les Algériens porterait atteinte au principe d’égalité entre les étrangers.

« Un citoyen guinéen ou sénégalais, il doit attendre 18 mois pour bénéficier du regroupement familial contre 12 mois pour un Algérien », constate le député Ensemble pour la République, Charles Rodwell.

Deuxième enseignement, c’est que la France serait la seule des deux parties à continuer d’appliquer le texte. « Pour un Algérien qui a travaillé 40 ans, 20 ans en Algérie et 20 ans en France, l’accord dit que la France doit lui verser la moitié de sa pension. L’Algérie doit verser l’autre moitié de la pension. La Sécurité sociale algérienne ne verse pas cette pension, c’est la France qui compense », poursuit Charles Rodwell.

Deux milliards d’euros, le coût pour le contribuable français 

Le rapport estime à au moins 2 milliards d’euros, chaque année, le coût de l’accord pour le contribuable français. Un chiffrage « très peu étayé » critique la gauche, qui parle d’un rapport plus politique que financier. « Le Général de Gaulle souhaitait que le statut des Algériens soit spécifique en raison de leur appartenance à la nation française durant 132 ans. Il n’est pas totalement incompréhensible que des gens qui ont partagé un destin commun avec la France voient leur statut être régi de manière spécifique », estime le député socialiste Philippe Brun.

« L’abrogation de cet accord ouvrirait une nouvelle page de l’histoire commune entre la France et l’Algérie », affirment au contraire les auteurs du rapport, qui espèrent que le président de la République entendra leur demande.

L’accord-cadre franco-algérien de 1968 et ses avenants

Les relations entre la France et l’Algérie sont dans un moment de fort tension au point que le dossier migratoire, pourtant en veilleuse, est revenu sur le tapis. Il a été remis sous le feu des projecteurs en 2023 à la faveur d’un rapport à charge pour l’Algérie de l’ancien ambassadeur Xavier Driencourt. Un rapport destiné au centre de réflexions Fondapol, très marqué à droite, et publié peu après la sortie en librairie de ses mémoires algériennes (L’Énigme algérienne. Chroniques d’une ambassade à Alger, aux Éditions de l’Observatoire, 2022) qu’il conclut en ces termes : « Nous avons trop souvent tendu l’autre joue après avoir reçu une gifle. » Un rapport venu nourrir la volonté exprimée depuis plusieurs mois par des responsables politiques de droite (l’actuel ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau mais aussi les ex-Premiers ministres Edouard Philippe et Gabriel Attal, ou encore Marine Le Pen) de dénoncer l’accord-cadre de 1968.

L’accord-cadre de décembre 1968

Signé par Jean Basdevant, haut représentant envoyé par de Gaulle en Algérie, et Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, cet accord à la négociation duquel a activement participé le diplomate et ancien résistant Stéphane Hessel, alors ministre-conseiller à Alger, restreint les dispositions des accords d’Évian de 1962 qui prévoyaient la libre circulation et installation des personnes d’Algérie vers la France, Algériens comme Français. La libre circulation entre les deux pays avait déjà été freinée avant cette date en raison de l’entrée importante d’Algériens sur le sol français en 1962 : la clause de libre circulation des Accords d’Évian est suspendue en 1964 (accords Nekkache-Grandval). Et dans l’accord-cadre de 1968 un certificat de résidence est imposé aux Algériens. Ce certificat est l’équivalent des cartes de séjour destinées aux étrangers du régime général. Ils peuvent l’obtenir après trois ans de résidence (et non cinq pour les autres ressortissants hors UE) et il est valable dix ans. En cas de regroupement familial, les membres de la famille reçoivent une carte de résident de la même durée que le titre de la personne qu’ils rejoignent. En outre, les Algériens peuvent s’installer à leur compte dans une activité libérale sans autre formalité.

Mais les Algériens subissent des contraintes spécifiques. Ainsi, les étudiants peuvent moins travailler (à mi-temps, au lieu de 60 % du temps de travail pour les autres nationalités) et doivent obtenir une autorisation de travail.

Plusieurs avenants

Au cours des années suivantes, cet accord-cadre de 1968 a été amendé à trois reprises : en 1985, 1994 et 2001. Ces trois modifications ont rapproché la situation des ressortissants algériens des dispositions de droit commun. Après l’amendement de 1985, les Algériens sont soumis à l’obtention d’un visa pour entrer sur le territoire français. Après celui de 1994, le certificat de résidence d’un ressortissant algérien périme si ce dernier passe plus de trois ans consécutifs hors du territoire français, disposition qui s’applique aussi dans le droit commun. Enfin, en 2001, un dernier accord instaure des passe-droits — en particulier hospitaliers – destinés à l’élite algérienne.

En 2007, un aménagement (de niche) signé par Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, et par Mourad Medelci, son homologue algérien, et destiné à faciliter la circulation de détenteurs de passeports diplomatiques en les exemptant de visa, a été « suspendu » par le ministre de l’Intérieur le 17 mars dans le cadre de la « réponse graduée » aux autorités algériennes, répliquant à leur refus d’accueillir leurs ressortissants expulsés du sol français.

Par ailleurs, comme l’accord-cadre de 1968 relève du droit international qui prime sur le droit français, les Algériens vivant en France ne sont pas soumis aux dernières lois (qu’elles soient favorables ou défavorables pour les migrants) votées sur l’immigration depuis 2001. Ils sont ainsi exclus de dispositifs tels que le « passeport talents », qui répond au concept vanté par Nicolas Sarkozy d’une « immigration choisie », ou encore à la régularisation par le travail qui doit passer par le seul exercice d’un métier dit « en tension » ou pour raison humanitaire. « Quand vous mettez tout dans la balance, les ressortissants algériens perdent plus qu’ils ne gagnent et ils auraient intérêt à renégocier ce traité », juge le professeur de droit public Serge Slama.

► Alger prié de « réexaminer » les accords

La question de l’immigration de travail doit être replacée dans le contexte plus général des relations franco-algériennes. Entre l’affaire Boualem Sansal, le dossier du Sahara occidental, les arrestations récentes d’influenceurs, l’attaque mortelle perpétrée à Mulhouse fin février 2025 par un ressortissant Algérien sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), a été le détonateur de la résurgence du débat sur l’accord franco-algérien de 1968. À l’issue d’un comité interministériel mercredi 26 février 2025, le gouvernement français annonce demander à Alger de « réexaminer » la totalité des accords sur l’immigration et ce, dans un délai de quatre à six semaines.

► Que se passerait-il en cas de dénonciation de l’accord-cadre ?

En droit international, seul le président peut dénoncer ou ratifier des traités. « Quand on dénonce un accord international, on n’est pas tout seul à interpréter ses conséquences, explique le politologue Patrick Weil, pour qui une dénonciation serait une erreur. En France, le sénat affirme que les Algériens seraient soumis au droit commun, mais les Algériens, eux, estiment que l’on reviendrait aux accords d’Évian. Dans une situation de tension et de crise, l’Algérie pourrait décider de se replacer immédiatement dans l’esprit des accords d’Évian, et inciter ses ressortissants à se rendre massivement en France. Que ferait la France ? Elle n’a pas intérêt à se placer dans une situation d’incertitude dont la sortie dépendra moins d’elle encore qu’aujourd’hui. »

RFI

 Pour aller plus loin

« Les instruments internationaux en matière migratoire » (rapport du Sénat de février 2025)

L’Histoire secrète des accords d’AlgerFrançois-Guillaume Lorrain, Le Point du 17 avril 2025

« Dénoncer l’accord franco-algérien de 1968 serait une surenchère malvenue dans une conjoncture politique déjà abîmée » (Tribune de Hocine Zeghbib dans Le Monde du 16 janvier 2025)

- Publicité -

Gaza : la France n’apprend pas de son histoire coloniale

1
Macron et Tebboune
Macron et Tebboune : jusqu'à quand les ponts resteront coupés ?

Nous, Franco-Algériens, avons choisi de quitter l’Algérie pour poursuivre la lutte politique contre le régime des généraux d’Alger en s’inspirant du combat politique de nos pères dont la conscience politique d’indépendance a trouvé à Paris un climat politique qui a favorisé sa naissance. 

Celle-ci a bénéficié de la part du peuple français d’un soutien réel et efficace, de compréhension, de solidarité et d’engagement total au projet de libération nationale où le sang des français d’Algérie s’est mêlé à celui des Algériens pour chanter le même chant celui de la liberté, de la justice et de la dignité humaine : notre commune humanité.

Cette guerre de libération a mobilisé les consciences humaines qui ne pouvaient ni se taire ni tolérer l’injustice qui les révoltait et salissent l’image de leur France car le Système colonial est une machine infernale qui broyait les hommes et les peuples. La colonisation était justifiée et légitimée au nom de la grandeur de l’Empire tout en reconnaissant le côté barbare de l’Armée d’Afrique qui sévissait en Algérie, elles se sont dressées contre le déshonneur de la France qui sortait d’une occupation où des contingents de tirailleurs algériens ont payé un lourd tribut pour la libération de la France du Nazisme.

Ces Français d’Algérie, Les Henri Alleg, Maurice Audin, Pierre Colonna, Jules Roy, Pierre Mandouze …pour lesquels l’Algérie était leur patrie, pour les porteurs de valise, les signataires du Manifeste des 121, le réseau Jeanson et les appelés qui ont déserté l’Armée Française, ont été rejetés en France. De plus, l’Algérie, jusqu’à présent, ne vous a pas trouvé la place que vous méritez dans le récit national algérien. Vous avez fait l’essentiel, vous avez lutté aux côtés du peuple algérien pour « délivrer à la fois les Algériens et les Français de la tyrannie coloniale ». 

A la litanie coloniale, L’Algérie c’est la France et la seule négociation c’est la guerre » ; le peuple français le 8 avril 1962 a répondu oui à 82% au référendum sur l’indépendance de l’Algérie ; ce jour là le peuple français comme le prédisait Sartre voulait « construire avec les Algériens des relations nouvelles entre la France libre et l’Algérie libérée ». 

Gaza, la martyrisée, Gaza l’affamée, Gaza l’éventrée, Gaza où se joue notre humanité ; en plus des images innommables qui nous arrivent, qui hantent notre quotidien, dans un contexte d’impuissance de l’ONU qui atteste et prouve qu’elle est au service de l’esprit de ses fondateurs : celui des pionniers avec qui a commencé l’ère coloniale. Diplomatiquement, l’ordre mondial dans sa configuration actuelle ne peut servir que les intérêts de la colonisation.

Durant la guerre d’Algérie, l’éditorialiste du « New York Times », journal du monde libre écrivait « quelques puissent être les défauts du régime français en Afrique du Nord, la France est le seul pays qui puisse actuellement garder l’Afrique du Nord au « Monde libre ».

Le même cynisme et aveuglement accompagnent les démocraties libérales occidentales et à leurs têtes les Etats – Unis, qui malgré la volonté d’avilir, de chasser et d’exterminer un peuple voient dans l’Israël de Netanyahou le prolongement de l’Occident, du Monde libre.

La majorité des Français ayant voté pour l’indépendance de l’Algérie sont dans les rues de France pour exprimer leur solidarité avec la Palestine. C’est notre intime conviction que cette vision d’une France, oasis de paix et de justice pour l’ensemble de ses habitants que portent celles et ceux qui depuis deux ans apportent leur solidarité à la population de Gaza qui nous donnent l’espoir qu’une Nouvelle France est possible. 

En tant que Franco-Algérien musulman, ces dernières années où se développe un climat de droitisation et de suspicion principalement chez les nostalgiques de l’Algérie française avec la loi sur le Séparatisme puis sur l’Entrisme, nous nous trouvons face à une France officielle, qui dans ses errements, organisent la confusion : on nous demande plus que d’être discrets voire invisibles.

La France comme dans les années 50 reste insensible aux voix des faibles et des opprimés et n’apporte aucune aide réelle aux souffrances des Gazaouis, se contentant de communiqués et de protestations sans aucun acte réel pour sanctionner Israël ; même la reconnaissance de la Palestine n’est suivie d’aucun effet réel, ce que confirme l’arraisonnement de la flottille par la force, la mise en danger des ambassadeurs de l’humanité et leur humiliation et maltraitance. Les communiqués du Ministère des Affaires étrangères s’alignent sur la posture israélienne qui considère que les eaux internationales et celles de Gaza sont sa propriété… Face à cette situation scandaleuse, la République macronienne se fait protectrice et demande aux humanitaires, aux journalistes, aux politiques de ne pas provoquer Israël en s’approchant de son espace maritime, le mieux étant de ne pas s’y rendre car c’est dangereux et laisser ainsi les Gazaouis mourir, livrés à la barbarie sioniste à huit clos.

Nous partageons l’angoisse du peuple français depuis juin 2024 où la volonté populaire a été bafouée et où les problèmes sociaux continuent de gronder depuis 2018 et où une organisation communautaire s’érige en directrice des consciences pour s’arroger le droit de parler au nom de tous les juifs de France et désigner la France insoumise, la voix d’une France qui se veut juste et fraternelle comme étant la France de Vichy.

Comme dans les années cinquante, face à l’arrogance de la puissance coloniale, hier celle de la France et aujourd’hui de l’Occident colonial, Israël, des personnalités Françaises, intellectuels, journalistes, humanitaires, politiques, étudiants, syndicalistes, hommes et femmes de culture et de cinéma, associations de Français Juifs (l’Union juive française pour la paix UJFP  et le collectif juif décolonial TSEDEK ! se dressent comme un rempart contre ce discours d’une droite occidentale qui veut l’essentialiser en le qualifiant de lutte entre le bien et le mal, la lumière et l’obscurité. Ce rempart est nécessaire car leur inconscient collectif européen est encore habité par l’Horreur occidentale qui traverse le roman autobiographique de Conrad au cœur des ténèbres. Le spectre de cette horreur- Exterminez toutes ces brutes- est dans le langage de Netanyahou, Smotrich, Bengvir et consolidé par le soutien inconditionnel des personnalités politiques et des extrêmes droites européennes. Les brutes, dans l’imaginaire des coloniaux, ont un nom : les musulmans.

Nous Franco-Algériens, opposants au « Système » d’Alger, à l’Algérie des Généraux, défenseurs et partisans du Hirak populaire, nous nous devons d’avouer que l’Algérie n’a pas appris, elle aussi, de son histoire coloniale. Pire que nos frères marocains qui vivent l’injustice d’un Maroc à deux vitesses ; nous vivons dans une Algérie à deux visages où l’une, celle des généraux, fait la guerre à l’Autre, l’Algérie du Peuple. La postcolonie a rejoint la colonie.

La réalité coloniale d’hier nous la vivons aujourd’hui. A l’Algérie Française correspond l’Algérie des Généraux (le Système) et à l’Algérie des indigènes correspond l’Algérie du Peuple. A la ville européenne, Club des pins et à la ville arabe, celle des bidonvilles l’Algérie des cités. Frantz Fanon, voyait déjà dans la psychologie du colonisé, ce rêve de s’installer à la place du colon. Non de devenir colon mais de se substituer à lui. Car la culture militaire incarnée par le pouvoir de l’Armée et de la police politique est la culture dominante en Algérie depuis 1962 :  celle de l’oppression et de la domination, de la spoliation des richesses et de la corruption. 

Au cœur d’Alger, en plein effervescence du Hirak, le 5 juillet 2019, le peuple scandait : le peuple veut l’indépendance. A deux reprises historiques, le peuple revendique son indépendance. Preuve que les Algériens n’ont pas le sentiment d’être gouvernés mais occupés. Le « Système » est entré dans une guerre ouverte contre les militants du Hirak et les clans qui structurent le pouvoir s’autodétruisent. Ne restent de nos sacrifices durant la guerre de libération que le désespoir de notre jeunesse qui pense l’avenir dans l’aventure méditerranéenne, une oligarchie qui spolie les richesses et s’approprie des biens à l’étranger et une lutte acharnée entre les clans pour le pouvoir pour se répartir la rente pétrolière, poumon et cœur du Système. 

L’image qui peut illustrer le mieux ce Système qui a fait main basse sur l’Algérie est résumé par cette blague qui circulait à Alger depuis le quatrième mandat de Bouteflika : 

Le grand parrain de la Cosa Nostra en Italie ne cesse d’entendre parler de la puissante mafia algérienne. Un jour, il finit par être agacé par ces rumeurs et décide de voir si ces concurrents sont aussi forts qu’on le dit. Il envoie donc l’un de ses hommes en Algérie afin de se renseigner. Lorsqu’il revient, l’homme lui dit, l’air gêné :

-Je suis désolé chef, mais ces Algériens sont trop forts pour nous

-Comment ça, dit le chef, ils ne peuvent pas être plus forts que la Cosa Nostra ?

-Chef, ils ont une armée, un drapeau et des ambassadeurs, ils ont même leur propre police gouvernement, leur propre justice, leur assemblée nationale et leur gouvernement ;

Cette main basse sur l’Algérie met l’existence de celle-ci en question. D’où la persistance du Hirak populaire dans sa lutte car il est la seule solution pour une autre Algérie.

« Là où git le danger croît aussi ce qui sauve » cette citation de Hölderlin est valable pour Gaza, la France et l’Algérie.

Gaza, dans son martyr est devenue la nouvelle conscience du monde, elle dessine un autre visage du monde. L’esprit du monde celui de la puissance, bâti depuis 1492, date qui inaugure la naissance de l’Occident, dans son développement a régné sur le monde que Toynbee nomme et analyse dans son livre l’Occident et le Monde ; ce monde a fini par s’incarner dans l’ONU depuis 1945. Le Nouveau monde, celui de la Justice, celui du retour du peuple sur la scène de l’histoire a bien commencé avec le retour des peuples. Presque chaque année, un peuple surgit sur la scène du monde et ébranle les assises et les fondements de l’ordre injuste et exploiteur. 

Gaza, avec certitude, nous dit que le Monde ne sera plus comme avant.

En France, les politiques se réclamant de la 5e république n’épousent en rien l’esprit de son fondateur qui a toujours vu dans le suffrage universel une rencontre entre un peuple et un homme ; ce dernier devant incarner, respecter et se soumettre à la volonté populaire. Sa vision du monde imposait à la France une véritable indépendance politique et dans le conflit du moyen orient, son discours de novembre 1967 est plus qu’un discours d’un homme d’Etat mais d’un visionnaire qui, lui, s’inspire de l’histoire coloniale de la France.

 Hélas, le personnel politique de la Droite se réclamant du Gaullisme ne porte pas son costume. Pour qu’une Nouvelle France puisse voir le jour, il est donc salutaire qu’avec la fin politique du Gaullisme, meurt aussi lui la 5e république. 

Pour faire naître le nouveau monde des peuples, celui du progrès et de la justice sociale, inspirons-nous de la philosophe Simone Weil (L’enracinement 1949) qui désignait le Capital comme le responsable des malheurs de hommes car là où il pénètre, il détruit tout sur son passage : valeurs, famille, solidarité et humanité. 

L’Amérique, devenue la locomotive du vieux continent qui voulait incarner le destin du monde depuis le XIX siècle, est bâtie sur un Génocide et l’esclavage. Faire l’économie de ces catastrophes historiques et voir dans l’Amérique la Statue de la liberté signe la fin morale et politique de l’Occident.   

L’histoire nouvelle de nos deux peuples français et Algérien ne s’est pas encore inscrite ; elle le sera lorsque des deux côtés de la Méditerranée, le peuple règnera en Maître. Ici, en France, l’avènement d’une Nouvelle république et en Algérie, la victoire du Hirak après avoir démantelé pacifiquement le Système.

Restons unis et luttons ensemble pour ce monde nouveau. Il y va du salut de nos deux peuples, et au-delà celui de l’humanité. C’est notre dette commune au peuple de Gaza.

Mahmoud Senadji (Ancien professeur à l’Ecole supérieure des Beaux-Arts d’Alger)

- Publicité -

Marseille : face à la montée du racisme, un collectif d’associations dit « stop » à la stigmatisation

2
Des associations marseillaises lancent une pétition pour dire "Stop stigmatisation". Photo : N.P.

À Marseille, plusieurs associations locales ont décidé de briser le silence et de s’élever contre la stigmatisation dont sont victimes leurs communautés. Cette mobilisation intervient dans un contexte inquiétant : entre janvier et mai 2025, les actes antimusulmans ont augmenté de 75 % selon le ministère de l’Intérieur.

Les signataires de la pétition Stop à la stigmatisation, pour la plupart Français nés de parents immigrés, dénoncent un climat de racisme ordinaire et institutionnel, ainsi que des discriminations systémiques touchant l’accès au logement, à l’emploi, à l’éducation et à la santé.

Dans leur manifeste, ces citoyens revendiquent une République plus égalitaire, plus fidèle à ses valeurs et à sa justice, ainsi qu’une représentation plus fidèle des populations marseillaises dans les instances politiques et décisionnelles. Pour eux, la lutte contre le racisme passe autant par la mobilisation citoyenne que par des mesures concrètes et institutionnelles.

Cette initiative collective fait écho à plusieurs incidents récents, qui ont choqué la communauté. Abdelkader Hagoug, 68 ans et ancien président de Cesam, raconte sa réaction après avoir entendu, en septembre dernier, un élu local faire des propos stigmatisants ciblant son prénom et, par extension, sa communauté. « Je suis intégré, ancien fonctionnaire, et pourtant je n’ai pas à subir ce type d’attaques. Je ne peux plus rester silencieux », confie-t-il. À ses côtés, Soraya Larguem, fille d’un ancien militant du FLN et présidente de l’association Le meilleur est Avenir, déplore l’inscription « Mort aux Arabes » sur la porte d’un bureau public, rappelant des épisodes historiques de violence raciale à Marseille, comme les ratonnades des années 1970 ou la répression policière de la manifestation du 17 octobre 1961.

Les menaces de mort visant le maire Benoît Payan, proférées sur les réseaux sociaux, et les déclarations de certaines figures politiques locales, qui flirtent avec des positions proches de l’extrême droite, ont également renforcé le sentiment d’un climat nauséabond. Pour Zoubida Meguenni, militante associative et responsable du collectif Passerelle franco-algérien, « nous avons connu l’espoir avec la marche pour l’égalité de 1983. Aujourd’hui, le climat est devenu pesant et inquiétant ».

Le manifeste publié par le collectif détaille plusieurs propositions concrètes pour lutter contre le racisme systémique. Parmi elles : l’enseignement d’une mémoire partagée sur l’histoire de la colonisation et de l’immigration dans toutes les écoles, la promotion de projets valorisant la double culture, ainsi que la création d’instances permanentes de contrôle à l’échelle municipale, départementale, régionale et nationale.

Ali Amouche, membre du collectif Passerelle, souligne l’importance de cette prise de parole collective : « Pendant des années, nous avons subi propos et actes racistes. Aujourd’hui, nous devons exister collectivement pour avoir le droit d’exister individuellement ».

Au-delà de la défense des individus, cette mobilisation traduit une volonté plus large : celle de protéger la cohésion sociale et les valeurs républicaines, en rappelant que le silence face à la stigmatisation et aux discriminations n’est plus une option. Les associations marseillaises entendent ainsi rappeler que la lutte contre le racisme passe par l’action, l’engagement et la visibilité de celles et ceux qui refusent d’être réduits à des clichés ou à des injures.

Mourad Benyahia 

- Publicité -

Colombie : Gustavo Petro affecte l’or saisi aux trafiquants de drogue à l’aide médicale pour Gaza

0
Colombie : Gustavo Petro

Le président colombien Gustavo Petro a annoncé une décision qui fait déjà parler d’elle au niveau international. Sur sa plateforme « X » (anciennement Twitter), il a indiqué que tout l’or saisi aux trafiquants de drogue serait désormais destiné à fournir des soins médicaux aux enfants blessés à Gaza, région frappée par les récents affrontements entre Israël et le Hamas. Une initiative inédite qui transforme des biens issus du crime en aide humanitaire.

La Colombie est depuis longtemps confrontée aux ravages du narcotrafic, qui affecte non seulement son économie, mais aussi la vie quotidienne de ses citoyens. Chaque année, les autorités saisissent des tonnes de cocaïne, des sommes d’argent importantes et d’autres actifs liés au trafic de drogue. La décision du président Petro de réaffecter l’or saisi à une cause humanitaire internationale marque une rupture avec les pratiques classiques de gestion de ces biens. Elle traduit la volonté du président de combiner justice nationale et engagement global.

Dans un message posté sur « X », Gustavo Petro a précisé vouloir également soumettre à l’ONU une résolution pour la création d’une force internationale chargée de la reconstruction de Gaza. Selon lui, il s’agit d’un acte humanitaire, mais aussi d’un symbole politique : prouver que les ressources mal acquises peuvent être utilisées pour le bien. « Transformer l’or des trafiquants en soins pour les enfants vulnérables montre que la justice colombienne peut avoir un impact au-delà de nos frontières », a-t-il écrit.

Cette initiative a reçu un accueil contrasté dans le pays. Certains, comme le représentant Miguel Polo Polo, estiment que la Colombie devrait d’abord concentrer ses ressources sur ses propres priorités, notamment la sécurité, la lutte contre la pauvreté et le développement des infrastructures sanitaires. Pour ces critiques, redistribuer un actif national vers une cause étrangère peut apparaître comme un geste symbolique, mais risqué, alors que de nombreux Colombiens continuent de subir les conséquences du narcotrafic.

Pour d’autres, en revanche, l’annonce de Gustavo Petro est saluée comme un geste de solidarité concret et innovant. Des organisations humanitaires et des observateurs internationaux y voient un exemple à suivre, qui pourrait inspirer d’autres nations confrontées à des crises similaires. Reste à définir les modalités pratiques de cette initiative : comment transférer l’or et coordonner l’aide avec les acteurs locaux sur le terrain.

En choisissant cette voie, Gustavo Petro place la Colombie sous le feu des projecteurs internationaux et ouvre un débat sur les priorités nationales face aux responsabilités mondiales. Cette décision combine audace politique et engagement humanitaire et pourrait, si elle se concrétise, sauver de nombreuses vies à Gaza. Elle interroge également sur la manière dont les biens issus de l’illégalité peuvent être transformés en instruments de solidarité.

Dans un monde où la géopolitique et l’humanitaire se croisent de plus en plus, Petro mise sur un message fort : les richesses mal acquises peuvent et doivent servir à réparer les injustices, même au-delà des frontières. Un pari audacieux qui place la Colombie dans une posture originale, entre diplomatie, éthique et solidarité internationale.

Mourad Benyahia

- Publicité -

Luca Zidane : premiers pas contrastés sous le maillot des Fennecs

0
Luca Zidane

Pour sa première titularisation avec l’équipe nationale d’Algérie, Luca Zidane a connu des débuts mitigés, lors de la rencontre face à l’Ouganda disputée à Tizi-Ouzou, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Déjà assurés de leur qualification, les Verts se sont imposés (2-1), mais le jeune gardien a vécu une soirée contrastée.

Aligné d’entrée par Vladimir Petkovic, le portier du club espagnol de Grenade a été surpris dès la sixième minute par une frappe de Stephen Mukwala. L’ouverture du score rapide de l’Ouganda a jeté un léger froid dans les tribunes du stade du 1er Novembre. Malgré ce début difficile, l’équipe algérienne a su réagir, notamment grâce à un doublé de Mohamed Amoura, auteur de deux penalties transformés dans les dernières minutes.

Sur le plan individuel, la prestation de Luca Zidane n’a pas été dénuée d’efforts, mais elle n’a pas totalement convaincu. Peu sollicité dans l’ensemble de la partie, il s’est montré prudent, parfois hésitant dans ses relances, sans commettre d’erreurs majeures. Une intervention décisive d’Aïssa Mandi avant la pause a toutefois permis d’éviter un second but adverse.

Pour le sélectionneur, ce match représentait l’occasion de tester de nouvelles options dans un contexte sans pression, la qualification étant déjà acquise. Pour Luca Zidane, en revanche, il s’agissait d’un moment symbolique : celui d’une première apparition sous les couleurs de l’Algérie, après avoir longtemps évolué dans le championnat espagnol.

Malgré une entame compliquée, cette première ne devrait pas être interprétée comme un échec. L’adaptation à la sélection et à un nouvel environnement prend du temps, surtout pour un poste aussi exposé que celui de gardien de but. Le staff technique évaluera sa prestation dans la durée, à travers les prochains rassemblements prévus en novembre, où deux matchs amicaux permettront de poursuivre les essais.

L’Algérie, de son côté, poursuit sa préparation vers la Coupe du monde 2026 avec l’objectif de bâtir une équipe solide et équilibrée. Pour Luca Zidane, cette première expérience restera un point de départ, à confirmer lors de ses prochaines apparitions.

Djamal Guettala

- Publicité -

« Les griffes de l’écrivain d’Amin Zaoui » : voyage dans les méandres complexes de l’Algérie…

0

Passant d’une escale à une autre, d’un événement à un autre de la vie nationale et d’un sujet à un autre, Amin Zaoui scrute d’un œil perspicace, dans un exercice littéraire de haute voltige, tout ce qui caractérise l’Algérien.

Avec un langage tantôt mi-pessimiste tantôt mi-humoristique, mais jamais moralisateur, l’auteur du Festin de mensonges décortique la société algérienne avec ses torts et ses travers, ses côtés optimistes et ses recoins sombres, ses lumières et ses noirceurs. Le ton n’étant plus à l’académisme ni aux constats-postulats posés comme une épée de Damoclès sur la tête des lecteurs, car, sur fond de critique et de doute méthodique propre à l’intellectuel, l’essai se lit d’une traite, avec envie et sans modération aucune telle une ode à l’espérance et à la vie. A la croisée de l’essai et de la nouvelle, l’ouvrage de Zaoui interpelle les consciences plus qu’il ne les blâme ou les réprimande. C’est un écrit « éveilleur » qui secoue le cocotier des âmes endormies.

L’auteur de La Boîte noire de l’islam ne fait pas dans la dentelle quand il critique, mais ne semble pas non plus d’un jugement acerbe ou dur. Autrement dit, le lecteur peut donner libre cours à ses feed-back, rêver, espérer, participer de son propre constat vécu lui-même au quotidien, voyager, avec lui, l’auteur s’entend, sans qu’il ne ressente de dégoût ni de fatigue.

Amin Zaoui précise d’emblée l’objet de son essai : « j’ai écrit ce livre avec le sentiment d’un devoir de citoyenneté […] sans démagogie ni pédagogie ». En soldat parti aguerri à la bataille, l’écrivain sort ses griffes, non seulement pour se défendre, résister, ébrécher la marge de l’oubli, protester ou dénoncer, mais aussi pour se frayer un chemin,…avancer. Ses griffes sont peut-être celles d’un chat-le thème de ce félin et le rapport  mi-affectif, mi-pathétique de l’Algérien avec lui est revenu comme par hasard dans cet essai- pour lacérer ou écorcher le corps de la société à coups de critiques, s’accrocher au quai du développement, s’arrimer à la modernité.

Dans la quatrième de couverture, l’auteur du Sommeil de mimosa annonce déjà la couleur, sans demi teinte : «L’écrivain, précisaitil, sort ses griffes, cela ne signifie en aucun cas qu’il est devenu un diable ou un monstre. Au contraire, les griffes de l’écrivain ne sèment ni violence ni brutalité ; elles exhument plutôt les étoiles enfouies dans la tête du lecteur.» Ainsi interpelle-t-il, en observateur impartial mais non neutre, tout ce qui le perturbe et le dérange, en s’éloignant autant que possible des partis-pris.

Les griffes de l’écrivain est un ouvrage du cœur, fait avec du cœur, beaucoup de cœur pour dire l’indicible : lire et relire l’Algérie avec toutes ses métamorphoses. Et puis, la vie n’est-elle pas, pour reprendre le mot de l’auteur lui-même, un champ de bataille, où l’écrivain est cette luciole éclairant la noirceur quotidienne ? On découvre, au fil des pages, la sensibilité à fleur de peau de Zaoui, sa finesse éclectique, son regard tatillon mais si généreux qui ne laisse rien au hasard, l’acuité de sa vision, ses colères plutôt teintes d’un brin de plaisanterie, parfois à la limite de l’auto-dérision. Tant de thèmes traversent, à vrai dire, le corpus de l’essai sans qu’il n’y ait « réellement de lien entre eux : « Les chats d’Algérie », « L’Algérien sang chaud cœur doux », « La peur du lecteur algérien », « Quand le Ramadhan algérien fait son arôme », « Ces femmes militaires », « Nos étoiles filantes algériennes », « De la tablette coranique à la tablette numérique», « La figue de barbarie légendaire, mielleuse et épineuse », « Une narration épicée pour le couscous».

D’un subjectivisme suggestif, l’auteur vogue un brin désabusé au gré des tourments de la société, la sienne, pour la narrer de l’intérieur, tout en campant un coin fixe à l’extérieur, afin d’en tirer des leçons, des expériences, des constats. Ainsi parlait-il, nostalgique, des soirées ramadanesques d’autrefois dans le giron de la famille, des rires à foison, de la convivialité, de la foi sans ostentation ni consumérisme débridé, du repas partagé dans la joie désintéressée et de la spontanéité, typique de la société paysanne. Et puis, de son feu père et son expérience avec le cheval, cet animal connu, chez l’Algérien, pour  sa grande symbolique de virilité, de finesse et de prestige, du café d’antan comme agora de débats et de discussions illuminées devenu à l’heure présente un lieu de médiocrité. Et aussi, de la psychologie contradictoire de cet « Algérien doux-amer » prédisposé à l’empathie avec la détresse des autres, fruit d’enchaînement d’épreuves, façonnées d’abord par le trauma colonial, puis la blessure identitaire, et finalement son expérience douloureuse avec l’islam politique.

Sur ce point-là, l’auteur du brûlot Allah n’habite pas à la Mecque pense que, même si ses projets de modernisation sont en rade, la société algérienne est toujours en quête d’une planche de survie. Cette dernière s’efforce, mais timidement hélas à se délester de quelques traditions surannées, bourrées d’hypocrisie, de bigoterie et de fanatisme. Un fanatisme de part et d’autre qui parvient même, dans sa radicalité, à travestir le code vestimentaire de l’Algérien, voire à « l’idéologiser » à des fins obscures.

Quant à la bigoterie, elle altère, de nos jours, tout sens de l’entendement dans le subconscient de l’Algérien et crée une personnalité collective quasiment maladive, dédoublée, schizophrénique. Cela laisse la société sans voix, incapable de verbaliser ses maux et ses douleurs, avec des penchants irréversibles pour la violence et sui generis. Le Verbe pour Zaoui est important, c’est une issue de secours pour des situations irrémédiablement « insecourables ». Et le verbe nécessite de la lecture et c’est là que l’essayiste-romancier de la littérature algérienne contemporaine-le plus prolifique de sa génération- aborde le thème de la bibliothèque et de l’absence criante de la lecture comme activité sociale humanisante.

Or, martèle-t-il dans son texte «on ne naît pas lecteur, on le devient ! » Et de s’interroger ainsi : « Face au bouleversement vertigineux de toutes les valeurs culturelles, technologiques et sociétales, comment peut-on sauver la vie d’une bibliothèque classique de lecture publique située dans un quartier d’une simple ville algérienne ? C’est un défi. » Un défi d’autant plus crucial que le monde moderne évolue à géométrie variable et à une vitesse-éclair qui ne laisse plus de temps pour les retardataires. Toutefois, l’optimisme de l’auteur saute aux yeux quand évoque l’expérience de quelques femmes auteures et même présidentes de maisons d’éditions, ayant brillé par leur travail et ténacité, dans le domaine créatif, resté jusque-là l’apanage des hommes. Zaoui en profite pour rendre hommage à toutes les femmes algériennes à commencer par la reine Dihiya-Kahina qui, à l’en croire, « dormait les yeux ouverts, rivés sur la sainte terre de la Numidie berbère […]vigile suprême de la langue maternelle ». 

Frontal, exhaustif, chirurgical et allant au fond des choses et des problèmes, l’essai d’Amin Zaoui, tout en exhortant les Algériens à puiser aux valeurs ancestrales d’autrefois matière à l’euphorie, à la solidarité et à l’optimisme, les appelle à faire un pas décisif vers la modernité, vers le renouveau, vers la rupture radicale avec la culture du tabou, de l’hypocrisie et du dogmatisme. Une fresque littéraire à découvrir…  

 Kamal Guerroua

Amin Zaoui, Les griffes de l’écrivain, Dalimen, 2025, 372 pages. 

- Publicité -

Le prix Nobel de la guerre !

1
Escalade américaine dans les caraïbes

Évoquer aujourd’hui une quelconque position anti-impérialiste, c’est parler dans langue morte ou encore consommer un produit dont la date de péremption remonte à 1917.

Pourtant à Gaza le rasage des quartiers et l’extermination des populations sont bien l’œuvre d’une volonté humaine à l’expansion et non d’un cataclysme naturel. Et être un anti-impérialiste n’est pas une antiquaille idéologique du dernier siècle, mais une des voies de cette lutte continuelle contre tout hégémonisme mondialisé par le seul groupe d’intérêt qui veut tout simplement anéantir toute forme de bonheur humain.

Il  est primordiale de le rappeler à chaque instant et de le dénoncer quotidiennement afin d’éveiller les esprits, encore seins et dénoncer les mécanismes des dominations.  

Le 9 octobre dernier, la pseudo académie du canonier Alfred Nobel attribua son prix de la paix à une femme dite de «l’opposition démocratique» au régime vénézuélien, Maria Corina Machado, la meneuse des troupes de centaines de milliers de suivistes vers l’accomplissement du «hirak latino» de coloration orange. Une dame qui s’abreuve à la source du discours néo-libéral et aux pratiques de l’extrême-droite militariste d’un Venezuela du temps des généraux putschistes. 

À Oslo et à l’annonce du nom de la représentante des sectes néolibérales, M. Jorgen Wetne Frydens, porte-parole de l’institution norvégienne s’est contenté de répondre à une question de la presse sur le choix de Machado, que « nous recevons des milliers de lettres chaque années (…) Ce comité délibère dans une salle remplis de photos de lauréats, une salle vivante de courage et d’intégrité. Nous basons notre sélection uniquement sur le travail et la volonté d’Alfred Nobel.»

Personne n’osera dire le contraire et surtout pas que l’on reçoit, dans cette même salle, des milliers de coups de téléphones et mails cryptés pour avancer ou faire reculer tel ou tel candidat. Qu’est-ce que la volonté du spectroman Nobel, cet ancien entreprenant de la colonisation économique en Afrique ? Doté d’une profonde croyance dans les bonnes volontés guerrières des hommes, il a inspiré cette fois une énième candidate à la paix armée au même titre qu’en 1973 avec Richard Nixon et en 2009 pour Barack Obama. Du coup d’Etat fasciste contre le socialiste Allende à la razzia yankee de Libye, d’Afghanistan et de Syrie, la dame Machado inspire une nouvelle étape guerrière dans les Caraïbes. 

Cette dame n’est nullement de la trempe de ces prédécesseurs, elle représente néanmoins la volonté de toute une oligarchie vénézuélienne qui s’est mise au service du trumpisme transcendantal. Elle n’est qu’un pantin néo-libéral et primitivement anticommuniste, soufflant une aire polluée sur une opposition putschiste qui manie l’assaut des parlements, des chaînes TV et des radios d’Etat. Nicolas Maduro est son cauchemar ancestral qui, malgré l’encerclement américain continu une politique d’émancipation sociale, économique et culturelle sur la base du très Franc-maçon Bolivar.

N’en déplaise aux adeptes et leurs «alchimistes» du démocratisme libéral anti-ouvriers et anti-progressistes, leur prix Nobel de la paix sent la poudre à canons et la pourriture des corps humains. Ils ne sont que de valeureux et d’obéissants serviteurs des institutions de l’impérialisme et de la réaction.

En chantant les louanges de la dame Machado, les prosternés de la démocratie de rues ne reçoivent pas la sanctification de la sainte Maria Machado, elle est totalement dissimulée derrière le projet «very, very good» de réouverture du pétrole vénézuélien au contrôle des grands Trusts mondiaux de l’énergie fossile, baignant dans les 300 milliards de baril de réserve que compte le pays. Une richesse qui est aussi un sérum destiné à prolonger l’omnipotence de l’impérialisme occidental et de ses nouvelles cathédrales: les Trump-Towers.

Le prochain lauréat du prix de la poudrerie Nobel de la guerre est certainement l’entreprenant président yankee qui offre 50 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation du président Maduro considéré comme «chef d’un cartel narco-terroriste». il ne faudrait pas être choqué par qui est récompensé, mais plutôt se demander pourquoi ces prix sont décernés et quelles stratégies ils servent. Le Front mondial anti-impérialiste, tout comme le mouvement progressiste le savent. Si Trump ou un de ses adeptes aurons un jour un tel prix, c’est après le lancement des chantiers de la «Gaza-Riviera», totalement dépeuplé des Philistins, sous mandat de la British Petroleum de Tony Blair avec le sponsor de l’italienne ENI des nés-fascistes romains.

Mohamed-Karim Assouane, universitaire.

- Publicité -

DERNIERS ARTICLES

« Ce que disent les morts » de Jugurtha Abbou, ou la recherche...

0
Que disent les morts ma foi ? C’est la première question « philosophique » que l’on se pose, par curiosité, en ouvrant le nouveau...

LES PLUS LUS (48H)

« Ce que disent les morts » de Jugurtha Abbou, ou la recherche...

0
Que disent les morts ma foi ? C’est la première question « philosophique » que l’on se pose, par curiosité, en ouvrant le nouveau...