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lundi 18 août 2025
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« Les Nuits du Casif » : Kader Japoni annule sa participation à cause des prix des billets

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Kader Japonai

Le chanteur algérien Kader Japoni a annoncé qu’il se retirait du concert prévu le 15 août sur la scène en plein air du festival « Les Nuits du Casif». La décision fait suite à une hausse soudaine et jugée excessive du prix des billets, qui risquait de limiter l’accès à son public fidèle.

Dans un communiqué officiel, l’artiste et son équipe ont précisé avoir tenté, jusqu’au dernier moment, de maintenir le tarif initial. « Nous avons tout mis en œuvre pour que le public puisse profiter du concert aux conditions initiales, mais la hausse imposée reste disproportionnée », indique le texte. Face à cette situation, Kader Japoni a préféré se retirer plutôt que de participer à un événement susceptible d’exclure une partie de ses fans.

L’artiste présente ses excuses à ceux qui attendaient ce rendez-vous musical et promet de retrouver son public dans de meilleures conditions, dès que possible. Les détenteurs de billets sont invités à se faire rembourser directement auprès de l’organisation du festival, à laquelle l’artiste adresse également ses remerciements pour leur collaboration.

Cette annulation souligne un problème récurrent dans l’organisation des concerts et festivals en Algérie : le juste équilibre entre rentabilité et accessibilité pour le public.

Kader Japoni, comme d’autres artistes, place l’accès aux spectacles au cœur de ses priorités, montrant que le lien avec les fans passe avant tout par la possibilité de partager la musique sans obstacles financiers.

Le festival « Les Nuits du Casif » devra désormais ajuster sa politique tarifaire pour accueillir les artistes et leurs publics dans des conditions équitables, afin que la culture et la musique restent accessibles à tous.

Djamal Guettala

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Quand l’IA de Musk accuse Israël : la suspension qui en dit long

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Elon Musk et IA

En l’espace de quelques minutes, Grok, le chatbot d’Elon Musk, a été réduit au silence sur X après avoir qualifié de « génocide » l’offensive israélienne à Gaza, citant l’ONU et Amnesty International. Une suspension éclair qui soulève une question brûlante : sur les réseaux sociaux, la vérité dépend-elle des algorithmes… ou de la politique ?

Le 11 août 2025, une suspension de quelques minutes a suffi à relancer le débat sur la liberté d’expression… même pour les machines. Grok, le chatbot développé par xAI, société d’Elon Musk, et intégré à la plateforme X (ex-Twitter), a été mis hors ligne après avoir affirmé qu’Israël et les États-Unis commettaient un « génocide » à Gaza. Une formule choc, étayée par des références au Tribunal pénal international, à l’ONU, à Amnesty International et à l’ONG israélienne B’Tselem.

À son retour en ligne, l’intelligence artificielle a fourni aux utilisateurs des explications pour le moins contradictoires. Pour certains, il s’agissait d’un « bug technique ». Pour d’autres, la cause résidait dans des « signalements massifs » ou l’application des règles de la plateforme contre le discours de haine. Dans d’autres réponses encore, Grok a suggéré que la suspension était directement liée à sa prise de position sur Gaza. Ces variations nourrissent un doute : la machine a-t-elle été muselée pour ses propos ou simplement victime d’un dysfonctionnement ?

Elon Musk, propriétaire de X et de xAI, est intervenu rapidement. Il a minimisé l’affaire, la qualifiant de « dumb error » — une « erreur stupide » — et affirmant que Grok « ne savait pas vraiment » pourquoi il avait été suspendu. Mais cette défense ne répond pas à la question de fond : qui décide, dans l’écosystème numérique, de ce qui peut être dit ou non sur un conflit aussi polarisé que celui de Gaza ?

La suspension, aussi brève soit-elle, a suscité de vives réactions. Les partisans de la cause palestinienne y voient la preuve que les grandes plateformes pratiquent une modération politique déguisée. Les défenseurs de Musk, eux, parlent d’un incident technique amplifié par des adversaires toujours prompts à dénoncer une censure. Entre ces deux lectures, un point demeure : l’IA n’a pas de conscience, mais ses réponses peuvent déranger lorsqu’elles reprennent mot pour mot les conclusions d’organismes internationaux.

L’affaire Grok révèle ainsi un double paradoxe : les machines sont programmées pour « dire la vérité » selon leurs données d’entraînement, mais cette vérité peut être jugée inacceptable par les règles des plateformes. Et Musk, qui se présente comme un champion de la liberté d’expression, se retrouve à défendre une suspension… de sa propre création. Une illustration parfaite du conflit permanent entre algorithmes, politique et contrôle de l’information.

Djamal Guettala

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Lorsqu’on est trois, un se fait avoir !

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Image par Elisa de Pixabay

Il y a des sujets où les dictons populaires s’enchaînent. C’est tout à fait attendu car les dictons sont la réflexion et l’analyse de l’expérience de l’homme. Elles sont complexes, ce qui explique le nombre incalculable de dictons.

Commençons par celui du titre de la chronique, c’est de lui que j’en annonce d’autres qui en découlent. Imaginons les deux élèves les plus forts et les plus bagarreurs de la cour d’école. Il est inévitable que ces deux vont dans un premier temps se battre pour la suprématie du territoire et sur les autres.

Ainsi, il y a trois parties dans la communauté scolaire. La première grande gueule, la seconde et les autres. Dans cette configuration vous vous doutez bien que le troisième n’est vraiment pas en situation d’imposer son point de vue.

C’est exactement ce qui s’est toujours passé dans les relations internationales. Lorsque les tensions se font sentir et qu’il y va de l’avenir du monde, les deux grandes puissances sont en concurrence frontale. Je n’ai pas beaucoup de génie pour dissimuler les pays en question, grossièrement cachés sous mes sous-entendus.

Pourquoi deux ? Car l’inévitable est que tous les autres se sont mis en situation d’être dominés et qu’il ne reste que les plus forts. De combats en combats, d’alliances en alliances, il est évident qu’ils ne reste que deux en finale. L’Algérie, qui se croyait une grande gueule sur la scène internationale, s’est fait vite remettre à sa place, elle ne sera une grande gueule que devant une foule, les uns tétanisés par la peur, les autres embrigadés jusqu’au fond du cerveau.

Si nous revenons à notre cour de récréation, les deux sont donc en finale, parfois dès les premiers jours de classe, parfois après un long chemin de provocations et de menaces de l’un vis vis de l’autre. On appelle cela en matière de relations internationales, tester les forces de l’ennemi.

Mais si le combat est déclenché et qu’il devient féroce, les autres n’ont que deux solutions qui s’ouvrent à eux. Soit se rallier à la position de l’un des deux soit être neutre.

Je l’ai déjà écrit dans une chronique, le neutre n’existe pas. Les deux grosses gueules feront tout, par la force de l’intimidation ou de la corruption (des billes, des bonbons ou de la protection), pour obtenir l’adhésion des indécis.

Dire que la Suisse est l’exemple de la neutralité est une vaste plaisanterie ou une profonde ignorance. Comment fait-elle alors ? Eh bien, elle a montré au monde que dans l’annonce des deux possibilités, comme je viens de les énumérer, il y avait bien une troisième voix. 

C’est d’être plutôt d’un côté et plutôt de l’autre dans le même temps, selon les circonstances. Il ne faut jamais oublier que dans l’histoire européenne, ce petit pays avait compris qu’il fallait être une source armée de mercenaires au profit des uns puis, ensuite des autres.

Chacun des belligérants ne voulant pas se priver des services d’une armée qui en avait acquis l’expérience car il pouvait y compter lui aussi pour les utiliser la fois suivante à leur compte. Et parfois dans des situations étranges comme celle de la garde du Pape.

Bref, l’écolier suisse avait compris qu’il n’avait aucun intérêt à s’engager dans une adhésion visible pour l’un ou pour l’autre. Il compte les coups, en est épargné et ne fait jamais état de son engagement pour l’un ou pour l’autre sinon pour les deux. C’est une situation possible que car il a des atouts pour convaincre les deux. Le premier est celui que nous avons déjà énoncé, le second est d’avoir un système bancaire anonyme et sécurisé. Les banquiers vénitiens l’avaient compris dès le 16e siècle. 

Rares sont les élèves qui ont cet atout de flexibilité. Ils n’ont de choix que celui de faire appel au second dicton, il faut savoir miser sur le bon cheval. Le souci est que l’Algérie mise toujours sur les toquards, ceux qui s’effondrent avant même la fin du combat. 

Elle avait choisi les dictatures, elles se sont éclatées en morceau ou sont en perpétuelles vagues de coups d’État. Pas franchement une bonne mise lorsque le bookmaker change à chaque pari. 

Elle avait cru au coup Suisse et elle s’est intégrée dans un groupe d’élèves se disant « Les non alignés ». Non alignés, d’accord, mais derrière une grosse tête. Et bien entendu, l’élève Algérie avait choisi la plus naze des files comme disent les jeunes scolaires.

C’est là ou intervient mon dernier dicton connu par un célèbre dirigeant politique, « Les États n’ont pas d’amis mais des intérêts ». L’Algérie n’a aujourd’hui que des faux amis et des intérêts peu convaincants. Et en plus, la guerre lui a rapporté la baisse du prix du pétrole. Elle est loin d’avoir le stock de billes suffisamment important pour pouvoir être écoutée. C’est notre dernière citation en adage, « Le cocu dans l’affaire ».

Les deux grandes gueules vont maintenant se rencontrer en Alaska. Si l’Ukraine n’est pas invitée, l’Algérie n’aura même pas un strapontin. La Russie reprendra sa place dans la puissance duelle et l’Algérie devra, comme dans les années 70’, se placer en inféodation derrière le gros ours sans parvenir à en tirer avantage avec l’aigle américain. Finalement, à la place du toutou aboyeur.

Mais dans la classe supérieure, l’année suivante, personne n’avait anticipé l’arrivée d’un nouveau venu, une grande gueule qui n’avait pas l’intention de se mettre en inféodation des deux. Son nom est la Chine. 

Finalement, zéro au cours de géographie et d’histoire, zéro en cours de langues, comment voulez-vous y échapper lorsque vous en tentez quatre, zéro en cours de gestion et zéro en sport dans la cour de récréation.

Et moi, indigne décision, le Grand Invisible m’a affecté dans cette école.

Boumediene Sid Lakhdar

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Saïd Taleb : poète de l’essentiel

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Saïd Taleb
Saïd Taleb

Saïd Taleb, poète engagé et sensible, livre dans États d’âme un recueil d’une rare intensité, où chaque vers semble porter le poids d’une mémoire collective et intime. À travers ses poèmes, il se dévoile comme un homme habité par les douleurs du monde, les injustices sociales, les blessures de l’exil, mais aussi par une tendresse infinie pour les siens, pour sa terre, pour les mots.

L’écriture de Saïd Taleb est à la fois simple et profonde, accessible et bouleversante, comme s’il cherchait à parler à chacun, sans détour, avec la sincérité d’un cœur qui bat pour les autres.

Né à Ouadhias en Kabylie, après un baccalauréat littéraire, Saïd Taleb a poursuivi ses études à l’Institut de journalisme d’Alger. Très tôt, il s’est engagé dans le monde de la presse, collaborant à plusieurs journaux avant même d’avoir terminé son cursus universitaire : Le Matin, L’Actualité, El Watan, La Dépêche de Kabylie. En 2004, il quitte ce dernier pour poursuivre un master en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Grenoble, où il s’inscrit également en doctorat. Il vit et travaille à Grenoble depuis plus de vingt ans. Après États d’âme, il prépare un nouveau recueil de poésie ainsi qu’un roman.

Le recueil États d’âme s’ouvre sur une préface vibrante de Youcef Zirem, qui ne se contente pas de présenter l’auteur, mais en révèle la profondeur humaine et la portée politique. Zirem y décrit Saïd Taleb comme un poète de la nuit, un veilleur qui, dans l’obscurité, cherche les éclats de vérité et les visages aimés. Il insiste sur la force des mots de Taleb, leur capacité à dire l’indicible, à transformer la douleur en lumière, à faire du silence un lieu de partage. Cette préface agit comme une clé : elle prépare le lecteur à entrer dans un univers où la poésie n’est pas un ornement, mais une nécessité vitale.

Saïd Taleb ne se contente pas de peindre des paysages intérieurs ou de raconter des souvenirs : il interroge le monde, il le confronte à ses contradictions. Ses poèmes sont des actes de parole, des gestes de résistance, des appels à la conscience. Ils portent en eux la colère des opprimés, la tendresse des absents, la dignité des oubliés.

Chaque vers semble surgir d’un lieu blessé, d’une mémoire meurtrie, mais toujours avec une volonté de réconciliation, de transmission, de beauté. Il évoque la prison non seulement comme un lieu physique, mais comme une métaphore de l’enfermement politique et existentiel, comme dans le poème La plume et le papier comme compagnons : « Dans une cellule minuscule / Le crayon et le bout de papier lui tiennent compagnie / Ils lui rappellent qu’il est là pour ses opinions et ses écrits. » Il parle de la perte avec une pudeur bouleversante, notamment lorsqu’il s’adresse à sa sœur disparue dans Un anniversaire dans un cimetière, où l’amour fraternel devient une prière : « Je t’ai apporté / Ma prose et quelques roses / Pour continuer tes phrases inachevées. » Ce poème, dédié à sa sœur Ouiza, résonne comme un hommage intime et universel, où la douleur du deuil se transforme en acte d’écriture, en lien indélébile entre les vivants et les absents.

La solitude, chez Saïd Taleb, n’est jamais stérile : elle est peuplée de souvenirs, de voix, de visages. Elle devient un espace de création, un refuge pour les mots. La mémoire, omniprésente, est à la fois douleur et ressource, blessure et remède. Il écrit pour ceux que l’histoire a effacés, pour ceux que la société marginalise, pour ceux que le pouvoir réduit au silence. Il donne une voix aux enfants, aux mères, aux opposants, aux exilés, aux rêveurs. Il célèbre les marcheurs de la liberté, ces figures anonymes qui, par leur courage, redonnent sens à l’espoir collectif. Dans le poème Les marcheurs, il écrit : « Demain aussi nous irons marcher / Malgré les menaces, les entraves / Ces femmes et ces hommes braves / Se souviennent de ce jour en couleur / Où se brisent les chaînes de la peur. »

Chaque poème est une pierre posée sur le chemin de la dignité. Il ne s’agit pas de construire un monument, mais de tracer une route, de baliser un sentier pour ceux qui viendront après. Saïd Taleb écrit comme on plante des graines : avec la certitude que quelque chose poussera, même dans les terres les plus arides. Sa poésie est une forme d’engagement, mais aussi un acte d’amour. Elle nous rappelle que les mots peuvent consoler, éveiller, rassembler. Elle nous invite à marcher, à penser, à rêver, à ne jamais oublier.

L’impact du recueil États d’âme de Saïd Taleb est immédiat, presque viscéral. Dès les premiers vers, le lecteur est saisi par une émotion brute, une sincérité sans fard qui ne cherche ni à plaire ni à impressionner. Taleb ne joue pas avec les artifices du langage : il les écarte pour laisser place à une parole nue, vibrante, essentielle. Ce dépouillement stylistique est précisément ce qui rend sa poésie si puissante. Elle ne s’encombre pas de métaphores alambiquées ou de figures rhétoriques spectaculaires ; elle va droit au cœur, avec des mots simples qui portent des vérités complexes.

Ce choix de la justesse plutôt que de la joliesse est un acte poétique en soi. Taleb refuse l’esthétisation de la souffrance, il ne maquille pas les blessures du monde. Il les expose, les nomme, les partage. Et ce faisant, il transforme la poésie en un espace de résistance. Résistance contre l’oubli, contre l’injustice, contre l’indifférence.

Ses textes sont des cris retenus, des murmures de révolte, des chants de mémoire. Ils rappellent que la poésie n’est pas un luxe, mais une nécessité, surtout dans les temps troublés. Elle devient un outil de survie, un moyen de dire ce qui ne peut être dit autrement. Dans le poème Murmures, il écrit : « Le silence / Est la présence / De ceux qui nous ont quittés / Ceux que l’on veut entendre parler. »

Mais Saïd Taleb n’est pas seulement un témoin lucide ; il est aussi un rêveur invétéré. Sa poésie ne se limite pas à dénoncer : elle propose, elle imagine, elle espère. Elle cherche des oasis dans le désert, des éclats de lumière dans les ténèbres. Elle croit encore en l’humain, en la fraternité, en la beauté des instants partagés. Cette tension entre lucidité et espérance donne à son œuvre une profondeur rare. Elle ne sombre jamais dans le désespoir, même lorsqu’elle évoque la perte, la solitude ou l’exil. Elle garde toujours une porte ouverte, un souffle d’avenir. Dans le poème Joie, il écrit : « Ces petits moments de joie / Comme des oasis / Dans cet immense Sahara. »

L’apport de Saïd Taleb à la poésie contemporaine est donc double : il redonne aux mots leur pouvoir de guérison et leur force de rassemblement. Il montre que les mots peuvent consoler, unir, éveiller. Que la poésie peut être un lieu de rencontre, un refuge pour les âmes blessées, un espace de dialogue entre les vivants et les morts, entre le passé et le présent, entre le réel et le rêve. États d’âme est un recueil qui ne se contente pas d’être lu : il se vit, il se ressent, il se partage. Il nous rappelle que, même dans les silences les plus profonds, il y a toujours des mots pour dire, pour aimer, pour espérer.

États d’âme de Saïd Taleb dépasse largement le cadre du recueil poétique traditionnel. C’est une traversée humaine, une immersion dans les méandres de l’existence, où chaque poème devient une halte, une respiration, une méditation sur ce que signifie vivre, aimer, perdre, résister. Taleb ne se contente pas d’écrire : il accompagne, il tend la main, il partage ses états d’âme comme on partage du pain, avec générosité et humilité. Il ne cherche pas à imposer une vision du monde, mais à en révéler les failles, les beautés cachées, les douleurs enfouies. Sa poésie est celle d’un homme qui a vu, qui a vécu, qui a compris que les mots peuvent être des refuges, des armes, des ponts.

Dans ce recueil, Saïd Taleb apparaît comme un poète de l’essentiel. Il ne s’égare pas dans les détours de l’ego ou les jeux de style : il va à l’essence des choses, à ce qui touche, à ce qui relie. Il est un artisan du verbe, un sculpteur de silences, un tisseur de mémoire.

Ses vers sont sobres mais chargés de sens, comme des pierres gravées par le temps. Il parle pour lui, mais aussi pour les autres, pour ceux qui n’ont pas les mots, pour ceux que l’on n’écoute pas, pour ceux que l’on oublie. Il est le frère de tous ceux qui cherchent encore un peu de beauté dans le chaos, un peu de lumière dans l’obscurité, un peu de chaleur dans le froid du monde.

Son œuvre est une invitation. Une invitation à lire, bien sûr, mais aussi à écouter, écouter les murmures du passé, les cris du présent, les promesses du futur. Une invitation à se souvenir, des êtres aimés, des luttes menées, des instants précieux. Une invitation à espérer, malgré tout, malgré la douleur, malgré les absences. États d’âme est un livre qui ne se referme pas : il continue de résonner, de questionner, de consoler.

Il nous rappelle que la poésie peut être un acte de résistance, un geste d’amour, une manière de rester debout quand tout vacille. Et dans cette époque troublée, cette voix est précieuse. Elle nous dit que, même au cœur des ténèbres, il est encore possible de chercher la lumière, et de la trouver.

Brahim Saci

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Ihsane El Kadi distingué par la fondation des Médias de la Sparkasse Leipzig

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El Kadi Ihsane.
El Kadi Ihsane

La Fondation des Médias de la Sparkasse Leipzig a attribué, cette année, son « Prix pour la Liberté et l’Avenir des Médias » au journaliste Ihsane El Kadi.

Ce prix, doté de 10 000 euros, distingue des personnalités et institutions dont le travail illustre un engagement exceptionnel en faveur de la liberté d’expression et de la presse. La cérémonie de remise se tiendra le 8 octobre 2025 au Media Campus Villa Ida, à Leipzig. En attendant, nous formulons le vœu que le pouvoir ne trouve pas quelque prétexte pour empêcher El Kadi Ihsane de recevoir son prix.

Pour la première fois depuis sa création il y a 25 ans, la Fondation décerne également un prix honorifique, remis au professeur hambourgeois Michael Haller, en reconnaissance de l’ensemble de sa carrière consacrée au journalisme de qualité et à la formation des générations futures.

« Tout au long de sa carrière, Ihsane El Kadi a été témoin et chroniqueur des moments-clés de l’histoire récente de l’Algérie : ouverture démocratique d’octobre 1988, décennie noire des années 1990, retour à l’autoritarisme, puis soulèvement populaire pacifique de 2019 », a déclaré Stephan Seeger, directeur exécutif de la Fondation. « Il a toujours résisté aux pressions et assumé sa responsabilité envers la société », a-t-il ajouté.

Né en 1959 à Tripoli, fils d’un militant indépendantiste, El Kadi Ihsane a commencé sa carrière dans les médias d’État avant de devenir l’une des figures de la presse indépendante. Fondateur des plateformes Maghreb Émergent et Radio M, ouvertes à toutes les opinions, il a vu ses médias visés par la censure à partir de 2021. Condamné en 2023 à une lourde peine de prison pour la fallacieuse accusation de « financement étranger illégal », il a été gracié en novembre 2024, mais reste privé de passeport, tout comme son épouse.

À propos de cette distinction, El Kadi Ihsane confie : « Ce prix dit que le monde n’a pas oublié l’épopée de la presse algérienne ».

Michael Haller, né en 1945 à Constance, a quant à lui enseigné le journalisme à l’Université de Leipzig de 1993 à 2010, après une longue carrière dans la presse écrite, notamment à Der Spiegel et Die Zeit. Son nom reste associé à la promotion d’un journalisme rigoureux, ancré dans l’éthique et la responsabilité.

Sofiane Ayache

La rédaction du Matin d'Algérie félicite El Kadi Ihsane pour cette distinction amplement méritée. 
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Mort de Sonallah Ibrahim, icône de la littérature arabe et conscience critique de l’Égypte

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Sonallah Ibrahim
Sonallah Ibrahim

La littérature arabe et égyptienne en particulier perdent l’une de leurs figures les plus libres. L’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim est décédé au Caire, le 13 août 2025, à l’âge de 88 ans, après une longue maladie.

Auteur majeur de la seconde moitié du XXᵉ siècle et du début du XXIᵉ, Sonallah Ibrahim a façonné une œuvre où se mêlent rigueur littéraire, regard lucide et refus de toute compromission.

Né au Caire en 1937, il s’impose par un style épuré, proche du documentaire, qui en fait un témoin incisif des bouleversements politiques et sociaux en Égypte et dans le monde arabe. Ses livres, traduits dans plusieurs langues, comptent parmi les plus marquants du roman arabe contemporain : Beirut, Beirut (1984), Charaf (1998), Zaat (1992) ou encore Le Comité (1981). Adapté à la télévision en 2013, Zaat a trouvé un écho singulier auprès de la jeunesse égyptienne après le Printemps arabe.

Sa trajectoire est indissociable de ses engagements. Emprisonné cinq ans sous Nasser pour ses convictions de gauche, il publie en 1966 Cette odeur-là, roman longtemps censuré.

En 2003, il refuse un prix littéraire offert par le régime Moubarak, dénonçant la corruption et la complaisance du pouvoir vis-à-vis d’Israël en pleine deuxième intifada.

Satiriste de la bureaucratie, chroniqueur de l’ordinaire et témoin intransigeant de son époque, Sonallah Ibrahim laisse un héritage littéraire et moral qui continuera d’inspirer les voix libres du monde arabe.

Djamal Guettala

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Soudan : le Darfour frappé par la pire épidémie de choléra depuis des années

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Soudan

Le Soudan, déjà meurtri par plus de deux années de guerre, fait face à une urgence sanitaire d’une ampleur alarmante. Dans la région du Darfour, Médecins sans frontières (MSF) a annoncé, jeudi, qu’au moins quarante personnes avaient succombé au choléra en une semaine seulement. Il s’agit, selon l’ONG, de la pire flambée de la maladie qu’ait connue le pays depuis plusieurs années.

Au Darfour, les équipes de MSF ont soigné plus de 2 300 malades en sept jours. Depuis juillet 2024, près de 100 000 cas ont été recensés dans l’ensemble du Soudan, touchant toutes les régions. L’UNICEF tire la sonnette d’alarme : dans le seul État du Nord-Darfour, environ 640 000 enfants de moins de cinq ans sont exposés au risque d’infection.

Les conditions de vie dans certaines zones aggravent la propagation de la maladie. Dans la ville de Tawila, où se sont réfugiées des dizaines de milliers de personnes fuyant les combats, chaque habitant ne dispose en moyenne que de trois litres d’eau par jour, soit moins de la moitié du minimum recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour couvrir les besoins en boisson, cuisson et hygiène. L’absence d’installations sanitaires oblige de nombreux enfants à faire leurs besoins en plein air, ce qui accroît la contamination des sources d’eau. Dans certains camps, l’eau distribuée provient de puits déjà pollués ; MSF rapporte même que dans un cas récent, la population a été contrainte de boire l’eau d’un puits dans lequel avait été retrouvée une dépouille.

La situation est tout aussi préoccupante dans d’autres régions du pays. À Damazin, capitale de l’État du Nil Bleu, les médecins font face à un « mélange mortel » : des patients atteints de choléra présentent également une malnutrition sévère. Entre le 3 et le 9 août, six malades y sont morts, alors qu’ils souffraient déjà de sous-alimentation extrême. La famine touche actuellement environ 25 millions de personnes au Soudan et a déjà causé la mort de dizaines de milliers d’habitants.

Pour MSF, la crise a franchi un seuil critique : l’épidémie s’étend désormais bien au-delà des camps de déplacés, menaçant villes et villages. Sans action humanitaire massive et rapide, prévient l’ONG, le nombre de morts pourrait encore s’accroître dans un pays où l’accès aux soins, à l’eau potable et à la nourriture est chaque jour plus difficile.

Djamal Guettala

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Incident à Roissy C.de-Gaulle : un contrôleur crie « Free Palestine » à un vol d’El Al !

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Compagnie israélienne

Un vol de la compagnie israélienne El Al a été le théâtre d’un incident inhabituel le 11 août 2025 à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle à Paris. Selon les pilotes, un contrôleur aérien français a adressé via la radio le message « Free Palestine » à l’équipage.

El Al a qualifié ce comportement de « non professionnel et inapproprié » et a indiqué avoir signalé l’affaire aux autorités françaises et israéliennes. Le ministre français des Transports, Philippe Tabarot, a confirmé que le contrôleur, rattaché au Centre en route de la navigation aérienne (CRNA) Nord, a été suspendu et privé de toute possibilité d’exercer jusqu’à nouvel ordre.

Cet épisode survient dans un contexte de tensions croissantes en France liées au conflit israélo-palestinien, avec plusieurs actes antisémites recensés, notamment des graffitis sur les bureaux d’El Al à Paris. La compagnie a annoncé qu’elle ne maintiendrait plus de personnel permanent dans la capitale française et transférerait ses services à d’autres transporteurs opérant sur place.

L’incident illustre la montée des tensions et des manifestations pro-palestiniennes en Europe depuis le début du conflit à Gaza, et met en lumière la vigilance accrue des compagnies aériennes face à des comportements jugés inappropriés dans l’espace aérien.

Djamal Guettala

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Aïn Fakroun : 15 ans de prison ferme pour deux accusés dans l’affaire de l’agression d’un père de famille 

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Deux agresseurs présumés arrêtés
Les deux condamnés à 15 ans de prison

Le tribunal d’Aïn Fakroun, dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, a rendu son verdict, ce jeudi 14 août, dans l’affaire de l’agression commise en plein jour contre un citoyen au centre-ville. Un verdict bien lourd qui se veut un peu trop exemplaire.

Les deux principaux accusés ont été condamnés à une peine de 15 ans de réclusion criminelle, assortie d’une amende d’un million de dinars algériens chacun, après que leur implication dans les faits a été formellement établie.

Quant au troisième prévenu, mineur au moment des faits, il sera traduit devant le tribunal pour mineurs dès la clôture complète de l’instruction.

Les faits qui ont été documentés par une vidéo largement diffusés sur les réseaux sociaux ont suscité colère et reprobation parmi les internautes et  dans la rue locale. Les images ont montré  l’attaque de la  victime par trois individus armés d’armes blanches, lui causant de graves blessures avant de prendre la fuite. Les accusés sont poursuivis pour coups et blessures volontaires avec arme blanche, constitution d’une association de malfaiteurs et mise en danger de la vie d’autrui.

Dans un communiqué rendu public avant-hier, le tribunal d’Aïn Fakroun a précisé que l’affaire concerne une agression suivie de vol dont a été victime un homme nommé Moussa Diafri, et dont la vidéo a circulé sur les réseaux sociaux le 11 août 2025.

L’enquête ouverte par la police judiciaire a permis d’identifier et d’arrêter les trois suspects : Ch.Kh (19 ans), S.A (18 ans) et G.A (17 ans). Présentés devant le procureur de la République, ils ont été inculpés pour vol avec violences et en réunion, conformément à l’article 353 du code pénal.

Le tribunal a ordonné le placement en détention provisoire des deux majeurs, tandis que le mineur a été placé en détention provisoire sur décision du juge des mineurs, dans l’attente de son jugement selon la procédure spécifique applicable aux mineurs.

La rédaction

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À la recherche de la tombe de Tahar Ouettar

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Tahar Ouettar
Tahar Ouettar

Hier, c’était l’anniversaire de la disparition de l’écrivain algérien Tahar Ouettar. Un ami m’a raconté qu’il s’était rendu, avec quelques proches, au cimetière d’El-Alia pour se recueillir sur sa tombe.

À l’entrée, le gardien lui indique aussitôt : « Carré des martyrs ». Mais mon ami et ses compagnons préfèrent vérifier au bureau de l’administration. L’accueil est cordial, les archives impeccablement tenues : dossiers classés par année, carte du cimetière, application recensant les défunts…

La responsable fouille dans les fichiers, consulte les archives, mais rien. Mon ami lui demande alors la liste des défunts du 13 août 2010. Nouvelle piste, nouvelle déception : toujours aucune trace.

Sur le point d’abandonner, ils font un dernier essai et retournent au carré des martyrs. Et là, enfin, ils trouvent la tombe de Tahar Ouettar.

En repartant, le gardien est toujours là, sourire narquois aux lèvres :

— Je vous l’avais bien dit, carré des martyrs… mais vous, vous suivez la technologie.

Mon ami lui répond, amusé :

— Excusez-moi… j’avais oublié que c’est vous le maître du cimetière.

Moralité : la fonction efface le grade, mais pas toujours l’instinct.

Tahar Ouettar, né à Sedrata, fut l’un des piliers de la littérature algérienne d’expression arabe. Romancier, nouvelliste et dramaturge, il a signé des œuvres marquantes comme Dukhan fi Qalbi (Fumée dans mon cœur), Al Zilzal (Le Tremblement de terre) ou Tajriba fi Al ouchq (Une expérience d’amour). Certaines de ses histoires, à l’image de Les martyrs reviennent cette semaine, ont été adaptées au théâtre ou au cinéma, et couronnées de prix prestigieux, du Festival de Carthage à la télévision algérienne.

Traduit dans plus d’une dizaine de langues — du français au vietnamien —, étudié dans les universités du monde entier, il a porté haut une littérature enracinée dans l’âme algérienne et ouverte aux influences universelles, revendiquant dans ses propos l’héritage à la fois de Pablo Neruda et des poètes arabes comme Al Mutannabi ou Al Chanfara.

Voyageur infatigable, défenseur de la langue arabe et de l’identité culturelle, il répétait : « Je suis un oriental. J’ai mes propres rites, et la foi des croyants doit être respectée. » Quinze ans après sa mort, ses mots et ses personnages continuent d’habiter notre mémoire, comme un souffle qui refuse de s’éteindre.

Djamal Guettala

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