L’Algérie a abrité, jeudi, la réunion ministérielle du Mécanisme tripartite des pays voisins concernant la crise en Libye, avec la participation du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et de Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, du ministre égyptien des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Expatriés égyptiens, M. Badr Abdel-Ati, et du ministre tunisien des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, M. Mohamed Ali Nafti, indique un communiqué du ministère.
La réunion a permis de procéder à des concertations approfondies et à un large échange de vues sur «les développements de la situation en Libye et les moyens de contribuer aux efforts visant à relancer le processus politique dans ce pays frère, sous l’égide des Nations Unies, partant du principe que les pays voisins sont les plus directement impactés par les répercussions de la crise libyenne, les plus proches de sa réalité et de ses détails et les plus soucieux de parvenir à un règlement durable», précise la même source.
Les travaux de la réunion du Mécanisme tripartite ont été sanctionnés par l’adoption d’un communiqué conjoint, qui réaffirme l’importance du «principe d’appropriation et de conduite» du processus politique en Libye par les frères Libyens et qui exhorte toutes les parties libyennes à placer les intérêts supérieurs de leur pays au-dessus de toute autre considération, pour mettre fin aux divisions, unifier les institutions politiques et militaires et organiser les élections législatives et présidentielle, ajoute la même source.
Le communiqué conjoint réaffirme également la position des trois pays «rejetant toute forme d’ingérence étrangère dans les affaires intérieures libyennes» et «appelant au retrait des mercenaires et combattants étrangers du territoire libyen».
Le communiqué conjoint salue, par ailleurs, «le rôle et les efforts de l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations Unies pour mettre en lumière la responsabilité qui incombe à la communauté internationale dans la préservation des ressources du peuple libyen et la garantie de la bonne gestion de ses avoirs financiers gelés».
Des quantités énormes de psychotropes saisies. Crédit : photo DGSN.
Le Service central de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants (SCLTIS) a démantelé, la semaine dernière, un réseau criminel organisé, et procédé à la saisie de 176.000 comprimés psychotropes de type « Prégabaline », indique samedi un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN).
« Dans le cadre des efforts des services opérationnels de la Sûreté nationale dans la lutte contre le crime organisé lié au trafic de drogue, le Service central de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants a procédé, au cours de la semaine écoulée, au démantèlement de la structure criminelle d’un réseau organisé, à la saisie de 176.000 comprimés psychotropes de type Prégabaline, de fabrication étrangère, et à l’arrestation de six individus, dont une femme, activant au sein de ce réseau », précise la même source.
L’opération a été menée à la suite d’investigations intensives « ayant permis aux enquêteurs du SCLTIS d’identifier et d’arrêter, dans un premier temps, quatre individus membres de ce réseau criminel organisé, dans des quartiers de la capitale, avant de procéder à l’arrestation du principal suspect en compagnie d’une femme », selon le communiqué.
Cette opération s’est soldée par « la saisie de la quantité de psychotropes mentionnée et la récupération du camion utilisé dans son transport, de trois véhicules et de deux motocycles », ajoute la même source, précisant que « les mis en cause ont été déférés devant le procureur de la République près la tribunal de Koléa ».
La jeune femme, âgée d’une vingtaine d’années, a été tuée par des jihadistes présumés vendredi 7 novembre dans sa ville natale de Tonka (cercle de Goudam), située dans la région de Tombouctou. Suivie par 95 000 abonnés sur son compte TikTok, elle n’hésitait pas à apporter son soutien à l’armée malienne dans ses publications.
Son assassinat suscite une très grande émotion au Mali. Connue pour ses vidéos sur les réseaux sociaux dans lesquelles elle tient des chroniques et fait la promotion de sa ville, Mariam Cissé, une jeune tiktokeuse suivie par 95 000 abonnés, a été tuée sur une place publique de Tonka, une localité située à une centaine de kilomètres de Tombouctou, vendredi 7 novembre.
La veille, alors que c’était jour de foire dans une localité voisine, la jeune femme filmait encore en direct sur son compte TikTok le marché de la cité, son fleuve et ses habitants. Puis, subitement, selon ce qu’affirment plusieurs témoins, des hommes armés l’ont arrêtée. Immédiatement identifiée comme « ennemie » par ces jihadistes présumés qui reconnaissent son visage, elle est d’abord conduite à moto hors de la ville, puis ramenée le lendemain sur la place centrale de Tonka – la place de l’Indépendance – où elle est tuée devant une foule impuissante.
Le Mali pleure une petite vedette des réseaux sociaux
Âgée d’une vingtaine d’années, joviale, la jeune femme était une vedette dans sa ville natale du nord du Mali. Dans ses vidéos, où elle pouvait se montrer tour à tour drôle ou critique, Mariam Cissé pouvait aussi manifester son soutien à l’armée malienne. L’un de ses posts la montre d’ailleurs même porter avec fierté la tenue des troupes régulières.
Alors que l’annonce de son décès bouleverse le Mali – non seulement dans le nord d’où elle était originaire, mais aussi dans le sud –, sur les réseaux sociaux, beaucoup s’interrogent : comment les forces de l’ordre n’ont-elles pas pu empêcher un tel meurtre en plein centre-ville de Tonka ?
Dans une Algérie traversée par des débats identitaires souvent passionnés, la parole de Rachid Ali Yahia invite à repenser l’unité nationale non comme une uniformité imposée, mais comme une construction volontaire fondée sur la reconnaissance mutuelle et la solidarité.
Figure emblématique du courant berbériste historique, Rachid Ali Yahia, connu pour ses positions intransigeantes au sein du Parti du peuple algérien (PPA) dans les années 1940, a réaffirmé avec force, dans un message publié, ce samedi 8 novembre, sur sa page Facebook, son attachement à l’unité nationale. Dans un contexte où les tensions identitaires et régionales refont surface dans le débat public, il met en garde contre toute aventure politique susceptible de fragiliser la cohésion du pays.
Pour celui qui fut l’un des acteurs les plus lucides du mouvement national, la fragmentation de l’Algérie constituerait un péril majeur. « Il ne faut pas morceler l’Algérie. Il ne faut pas morceler l’Afrique du Nord », avertit-il, appelant à la consolidation du pays dans le respect des composantes qui font sa richesse.
Rachid Ali Yahia prône une vision d’unité qui ne nie pas la pluralité. Il insiste sur la nécessité de reconnaître la diversité linguistique, culturelle et régionale : « Travaillons à l’unification dans le respect de la diversité des deux communautés nationales — arabophones et berbérophones — mais aussi des diversités régionales à l’échelle nationale et nord-africaine. »
Son appel revêt une portée à la fois nationale et maghrébine. L’ancien militant du PPA met en garde contre la tentation du repli identitaire et contre les manœuvres étrangères visant à fragiliser les États de la région : « Il ne faut pas que le pays soit une contestation de petits États à la solde des pays étrangers, manipulés de l’extérieur. »
Dans une posture à la fois critique et constructive, Rachid Ali Yahia appelle à renforcer le pays en soutenant les dynamiques positives de l’État tout en dénonçant ses insuffisances. Il plaide pour une Algérie réconciliée avec elle-même, ouverte à sa double appartenance : « Travaillons à l’unification et à la fraternisation du pays, à faire en sorte que le pouvoir avance dans la voie de l’Algérianité et de la Nord-Africanité. »
Son message, résumé en une formule percutante — « Non au morcellement de l’Algérie, oui à l’unité dans la diversité » — résonne comme un rappel des fondamentaux du projet national. Au-delà de la conjoncture politique, il s’agit d’un appel à la vigilance et à la responsabilité collective face aux divisions internes.
En Tunisie, la contestation prend désormais la forme la plus radicale du désespoir : celle du corps qui se consume. Depuis plusieurs jours, plusieurs figures majeures de l’opposition sont engagées dans des grèves de la faim pour dénoncer l’autoritarisme grandissant du régime de Kaïs Saïed.
Des dizaines de détenus d’opinion embastillés. Des hommes politiques, des avocats, des journalistes, des activistes, de simples citoyens… la liste est longue. L’état de santé de certains d’entre eux, dont l’universitaire et militant politique Jaouhar Ben Mbarek, suscite une vive inquiétude.
Détenu à la prison de Belli, Jaouhar Ben Mbarek en est à son dixième jour de grève de la faim “sauvage”, refusant toute alimentation, y compris l’eau sucrée. Ce geste de protestation extrême, qu’il justifie par “la disparition de toute forme de justice”, a trouvé écho au sein de l’opposition tunisienne. L’ancien secrétaire général du Parti républicain, Issam Chebbi, et le chef du mouvement Ennahda, Rached Ghannouchi, ont eux aussi entamé une grève de la faim ouverte pour dénoncer les atteintes aux libertés et exiger la libération des prisonniers d’opinion.
À Tunis, comme à Paris, les mouvements de solidarité se multiplient. Samedi 8 novembre, plusieurs membres de la famille de Jaouhar Ben Mbarek ont rejoint le mouvement de grève. Des militants politiques et des défenseurs des droits humains se sont également rassemblés au siège du Parti républicain pour soutenir les prisonniers d’opinion. À Paris, une veillée de soutien s’est tenue la veille, avec des pancartes à l’effigie des opposants emprisonnés dans le cadre des affaires dites de “complot contre la sûreté de l’État”.
Le porte-parole du Parti républicain, Wissem Essaghir, a décrit dans une déclaration à Ultra Tunis “une situation des libertés devenue noire, faite d’enfermement, de vengeance et de liquidation des adversaires politiques”. Selon lui, les forces démocratiques et civiles du pays traversent un moment de grande faiblesse, mais “il leur revient d’assumer leur rôle avant que ces hommes ne perdent la vie pour la liberté et la dignité”.
La situation en Tunisie ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de l’Algérie. Depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Kaïs Saïed a suspendu le Parlement et concentré les pouvoirs entre ses mains, la Tunisie s’enfonce dans un climat d’autoritarisme assumé. Les arrestations d’opposants, de journalistes, d’avocats et de syndicalistes se sont multipliées, souvent sous des chefs d’accusation flous de “complot” ou d’“atteinte à la sûreté de l’État”. Les procès politiques se tiennent dans une opacité quasi totale, alimentant les accusations de dérive dictatoriale.
Plusieurs députés proches du pouvoir ont eux-mêmes dénoncé la répression et le verrouillage du débat public. L’un d’eux a même interpellé le président, l’appelant à “choisir entre le peuple tunisien et les nouveaux Trabelsia”, allusion directe au clan corrompu de l’ancien régime Ben Ali. Pour Wissem Essaghir, “le véritable complot réside dans la nomination de ministres sans compétence et dans la mise au pas du pouvoir judiciaire”.
Santé en danger et déni officiel
Les alertes se multiplient sur la santé fragile des prisonniers. L’avocate Délila Mseddi, sœur de Jaouhar Ben Mbarek, a fait savoir que son frère souffrait d’une chute sévère de la glycémie et de plusieurs troubles graves. Malgré cela, les autorités pénitentiaires affirment que “l’état des détenus est stable” et qu’elles leur assurent “tous les soins nécessaires”, une version jugée mensongère par les associations de défense des droits humains.
La Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), qui a rendu visite à Ben Mbarek, parle au contraire d’un “effondrement physique inquiétant” et d’un risque vital imminent. Dans un communiqué, elle dénonce “le refus obstiné des autorités de reconnaître la gravité de la situation et d’entamer un dialogue sur les conditions de détention des prisonniers politiques”.
Trois ans après la concentration des pouvoirs par le président Saïed, la Tunisie semble revenue à des pratiques d’un autre âge : répression judiciaire, musellement de la presse, arrestations arbitraires. L’espoir né de la révolution de 2011 s’effrite, laissant place à une désillusion amère.
Dans ce pays où le pain manque et où la parole se paie de prison, la grève de la faim devient l’ultime langage du refus. En se privant de nourriture, ces opposants rappellent que la liberté, elle aussi, se meurt lentement en Tunisie — dans l’indifférence d’un monde plus préoccupé par ses équilibres diplomatiques que par la survie de la démocratie au Maghreb.
En Algérie, les réseaux sociaux peuvent propulser un jeune inconnu sous les feux de la rampe… mais aussi le conduire derrière les barreaux. Mais souvent c’est plutôt la prison que la reconnaissance.
C’est ce qui est arrivé à Boudjemaa Dahzaoui, influenceur suivi par plus de deux millions d’abonnés sur TikTok, arrêté début novembre par la brigade de lutte contre la cybercriminalité de Chlef.
Selon les services de sécurité, Dahzaoui diffusait des vidéos en direct avec des personnes venues d’Algérie ou de l’étranger, dont le contenu a été jugé « contraire aux bonnes mœurs et à l’ordre public ». Ces publications, destinées à élargir son audience, ont attiré l’attention des autorités et conduit à l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Les investigations ont également mis au jour des pratiques financières non réglementées. Le jeune influenceur collaborait avec un tiers pour effectuer des transactions en devises étrangères via des portefeuilles numériques, puis convertissait ces sommes en dinars en dehors des circuits bancaires officiels. Lors de l’intervention, les forces de l’ordre ont saisi plusieurs téléphones, équipements informatiques, une carte bancaire étrangère et un montant de 24 millions de centimes, soupçonné d’être issu de ces activités.
Le dossier a été transmis aux autorités judiciaires compétentes. Les deux mis en cause sont poursuivis pour diffusion de contenus jugés inappropriés, blanchiment d’argent et utilisation d’actifs numériques hors du cadre légal.
Cette affaire illustre les enjeux contemporains liés à la popularité sur les réseaux sociaux. La notoriété en ligne offre une visibilité immédiate et des opportunités économiques, mais elle s’accompagne aussi de responsabilités légales et sociales. Les contenus diffusés publiquement doivent respecter les normes locales, tandis que les transactions financières restent encadrées par la loi.
Elle souligne également la complexité de la régulation à l’ère numérique. Les plateformes connectées, tout en favorisant l’expression et le partage, exposent leurs utilisateurs à une surveillance accrue. Toute dérive, qu’elle soit morale ou financière, peut rapidement devenir une affaire judiciaire.
L’arrestation de Boudjemaa Dahzaoui rappelle que la célébrité virtuelle n’est pas sans conséquences en Algérie. Elle met en lumière les nouvelles réalités d’une société où influence numérique, législation et normes sociales se croisent, imposant à chacun une vigilance particulière dans la gestion de sa notoriété et de ses activités en ligne.
Manifestant du 14 juin 2001. Crédit photo (colorisée) : DR
La Kabylie porte une histoire longue, saturée de résistances, de répressions et de renaissances successives. Elle concentre dans sa trajectoire un faisceau de dynamiques que les pouvoirs successifs n’ont jamais su — ou voulu — absorber autrement que par la contrainte, la suspicion et la segmentation.
Depuis quelques années, la régence militaro-bureaucratique élabore une entreprise systématique de désarticulation de la région, dans la continuité d’un contentieux ancien dont les racines plongent à la fois dans l’histoire longue des sociétés amazighes et dans les fractures fondatrices de l’État algérien contemporain.
La première strate de cette longue histoire se construit autour de l’autonomie sociale structurante des villages de Kabylie. Ce territoire montagneux a développé, au fil des siècles, une architecture politique fondée sur tajmaεt où se mêlent délibération collective, rotation des responsabilités et contrôle social horizontal. Les sanctuaires naturels ont préservé cette forme d’organisation face aux conquérants successifs : Phéniciens, Romains, conquérants musulmans, dynasties et pouvoirs locaux, Ottomans, puis ordre colonial français. La région, rarement soumise durablement, a protégé ses formes d’auto-gouvernement. Cette autonomie n’est pas un mythe : elle repose sur des institutions sociales documentées, étudiées et décrites par les anthropologues ; elles sont toujours observables jusque aujourd’hui.
La seconde strate est celle de la rencontre violente avec l’ordre colonial. La répression de 1871 — soulèvement mené par la Kabylie en alliance avec le Constantinois — a porté à la région un coup d’une brutalité inouïe : séquestre de près de 500 000 hectares, confiscations massives, amendes impossibles à acquitter, déportations vers la Nouvelle-Calédonie, ruine économique et structurelle. La misère qui en découle propulse des générations entières sur les routes de l’émigration. Ce mouvement d’exil devient une matrice politique. Dans les années 1920-1930, l’ENA — structure précurseur du nationalisme algérien moderne — s’appuie fortement sur les immigrés kabyles, nombreux dans les milieux ouvriers et syndicalistes. L’Internationale communiste, par sa huitième condition d’adhésion, érige le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes en pilier doctrinal : la lutte nationale algérienne y puise une énergie théorique et un cadre stratégique, et cette élaboration s’opère largement dans les foyers d’immigration où les Kabyles forment une part décisive des militants.
La singularité politique de la Kabylie provient donc d’un triple mouvement : une tradition d’autonomie enracinée, un particularisme sociolinguistique structuré par la langue amazighe et les formes sociales communautaires, et un contact précoce avec les idées d’émancipation issues de l’immigration ouvrière du début du XXᵉ siècle. La région acquiert ainsi un rôle spécifique dans la trajectoire nationale : foyer de contestation, zone d’organisation, puis espace d’articulation entre revendications culturelles, justice sociale et projet démocratique.
À l’indépendance, la fracture interne au mouvement national laisse une trace durable. Wilaya III historique, la Kabylie se positionne aux côtés du GPRA contre la prise de pouvoir par l’armée des frontières, et avec les wilayas II et IV, elle conteste la légitimité d’un appareil politico-militaire excentré, peu impliqué dans la guerre à l’intérieur du territoire national et résolu à confisquer l’État naissant. Cette rupture de 1962 est fondatrice. Elle éclaire le fil historique qui mène aux accusations récurrentes de régionalisme ou de sécessionnisme brandies par la régence pour neutraliser toute expression autonome de la région.
Le projet d’État qui s’impose à l’Algérie naissante est un compromis par élimination. L’armée des frontières, devenue Armée nationale populaire le 4 août 1962 par auto-proclamation, bâtit sa légitimité non sur son engagement dans la lutte armée — quasi inexistant sur le sol national — mais sur une opération discursive qui décrète que le seul héros, c’est le peuple. Ce nivellement symbolique place les wilayas de l’intérieur et les combattants qui ont porté le poids de la guerre sur le même plan que ceux qui, restés aux frontières, n’ont pas subi l’épreuve du feu. Dans le même mouvement, le GPRA est disqualifié pour concessions supposées dans les Accords d’Évian, l’ALN intérieure est accusée de régionalisme, et la légitimité révolutionnaire est reconfigurée pour effacer la pluralité des trajectoires historiques.
Ce basculement permet à la régence naissante d’opérer une substitution radicale. L’appareil politico-administratif hérité du Gouvernement général colonial est récupéré intact, tandis que la construction d’un État national fondé sur des racines régionales — celle des wilayas, du mouvement national — est abandonnée. L’État post-1962 n’est pas l’héritier organique du combat national : il s’inscrit dans une continuité bureaucratique coloniale, dotée d’un bras militaire autonome, structuré selon une logique de centralisation. La Kabylie, dans cette configuration, devient un foyer de résistance institutionnelle et politique.
La régence, en s’installant, considère les villages kabyles comme des foyers d’autonomie indésirables. Les villes coloniales, investies massivement par les populations rurales à l’indépendance, acquièrent le statut de dortoirs dépourvus de vie civique. Les cités anciennes — Alger, Constantine, Oran — sont déstructurées. Aucune politique urbaine démocratique n’est mise en place pour absorber l’exode rural massif. La régence trouve dans cette urbanisation sans citoyenneté un environnement idéal : la population isolée est plus contrôlable que des villages dotés d’organisations sociales historiques. La chanson de Meskoud éclaire ce mouvement : elle saisit l’errance d’une population déplacée, jetée dans des villes sans âme, éloignée de ses structures de solidarité originales.
Le pouvoir, pour maintenir son emprise, a longtemps utilisé les réseaux FLN, les anciens moudjahidines et moudjahidates, les enfants de chouhadas, les cercles de cooptation, les distributions sélectives de postes. Mais ces réseaux, épuisés par le temps et discrédités par l’échec de la gouvernance, ne suffisent plus. La régence recourt alors à une politique de désarticulation des villages kabyles : blocage économique, entrave du développement local, injection de crises sociales (toxicomanie, criminalité, précarité contrôlée, réseaux informels), fragilisation délibérée des structures communautaires. La Kabylie, longtemps repère de cohésion sociale, est ciblée pour être transformée en zone fragmentée, gérable par dispersion et non plus par affrontement frontal.
La dénonciation récurrente du régionalisme kabyle fonctionne comme un outil politique. Elle masque les véritables logiques du régionalisme d’État qui, depuis 1962, structure les luttes internes de la régence : cooptations par origines tribales ou locales, réseaux corporatistes ou népotiques, logiques de clientélisme qui traversent les appareils sécuritaires et administratifs. La région kabyle, en réalité, offre un modèle opposé : régulation par la base, capacité d’auto-organisation, vitalité associative, culture du débat interne. Son existence même est un rappel vivant de ce qu’aurait pu être un État national fondé sur la pluralité des espaces locaux et sur la délibération populaire.
Dans ce paysage, l’accusation de séparatisme est l’outil ultime de la régence. Elle sert à délégitimer la demande démocratique. Elle sert à neutraliser l’histoire propre de la région, son rôle dans le mouvement national, son engagement dans la guerre d’indépendance. Elle sert à masquer la continuité coloniale de l’appareil d’État et à empêcher l’émergence d’un débat sur la refondation politique du pays.
Ainsi se dessine la dynamique actuelle : un pouvoir central vieillissant, privé des réseaux de contrôle traditionnels, confronté à une région dotée d’un héritage social complexe, tente de briser ce qui subsiste d’autonomie locale en Kabylie. Mais la longue histoire de la région montre que les entreprises de domestication n’ont jamais produit l’effet escompté. Chaque tentative d’étouffer la Kabylie a produit l’effet inverse : une politisation accrue, un renforcement de la mémoire collective et une réactivation des structures d’autodéfense symboliques.
Le conflit entre la régence et la Kabylie n’est donc pas conjoncturel : il est structurel. Il met aux prises deux conceptions du politique. L’une, centralisatrice, opaque, issue de la continuité bureaucratique coloniale. L’autre, horizontale, enracinée, productrice de citoyenneté. Ce choc façonne l’histoire politique de l’Algérie depuis soixante ans et détermine une grande part de ses impasses actuelles.
Aucun pouvoir ne désarticule impunément les lieux où s’est forgée la colonne vertébrale du nationalisme. Aucun système ne détruit sans risque l’une des matrices essentielles de la conscience collective. La Kabylie a été un foyer d’émancipation sociale au début du XXᵉ siècle ; elle est aujourd’hui un foyer de résistance civique au cœur d’un État néo patrimonial.
Avec Irina, un opéra russe, paru le 22 août 2025 aux Éditions Emmanuelle Collas, Anouar Benmalek signe une œuvre où la mémoire, la douleur et l’exil s’entrelacent comme des fils invisibles d’une tragédie humaine. À travers Irina et Walid, il explore les tumultes de l’histoire russe et les fragilités de l’existence, où l’amour devient refuge et la fiction, un espace de liberté.
Pour Anouar Benmalek, « écrire, c’est penser malgré l’évidence » : chaque personnage devient miroir de nos propres blessures, chaque phrase tisse un pont fragile entre ce qui fut, ce qui souffre et ce qui persiste. Lire Irina, c’est se confronter à l’épreuve de vivre, sentir battre le pouls du passé et entrevoir, au cœur des douleurs, la lumière fragile de la réconciliation. Dans cet entretien accordé à Le Matin d’Algérie, l’écrivain revient sur les racines de son œuvre, son rapport à la mémoire et à l’exil, et cette quête de vérité qui traverse toute son écriture.
Le Matin d’Algérie : Votre roman met en scène des trajectoires multiples, marquées par l’exil, la mémoire et la douleur. Comment ces personnages se sont-ils imposés à vous ?
Anouar Benmalek : À mon sens, un roman répond d’abord à une question : que se passerait-il si… C’est la vieille question qui nous taraude tous, à laquelle l’être humain tente de trouver une réponse depuis l’aube de l’humanité. La mémoire et la douleur sont des composantes essentielles de la définition même du fait d’être humain. Sans mémoire, nous ne sommes rien ; sans douleur, il est peu probable de mener une vie digne de l’être, puisque toute vie digne d’être vécue suppose de se colleter avec ce qui l’empêche justement d’être digne. Quant au fait d’être exilé, nous le sommes tous d’une manière ou d’une autre : exilé de son pays dans le sens le plus littéral du terme, exilé de son enfance, exilé d’une époque où l’on a été heureux avec ses parents ou avec des êtres chers. Vivre est une tragédie, qui se termine toujours mal, comme aucun de nous ne l’ignore, malheureusement.
Dans Irina, un opéra russe, j’ai voulu rejouer cette tragédie de vivre avec les ingrédients propres à la Russie que j’ai connue à l’époque où je préparais une thèse de mathématiques. Je suis parti, comme toujours, d’un couple, Irina et Walid, dont l’histoire d’amour va évoluer dans le temps et dans l’espace dans cet immense monde soviétique, en me concentrant plus particulièrement sur sa partie russe. Comme la Russie ne se comprend pas sans un détour par son passé, il m’a fallu introduire un personnage, Vladimir, conçu au départ comme secondaire, mais qui, rapidement, s’est imposé à moi comme une pièce essentielle au cours de la construction du roman.
Le Matin d’Algérie : La transmission intergénérationnelle est au cœur du récit. Est-ce pour vous une manière de lutter contre l’oubli ou le silence imposé ?
Anouar Benmalek : En caricaturant, nous avons généralement une mémoire de moineau en ce qui concerne les grands événements historiques. Leur complexité est, très souvent, galvaudée, donc niée, en transformant le récit de cet événement en une espèce de « pitch » tenant plus du slogan publicitaire que de la vérité historique. Chaque État entend se construire son propre roman national, de préférence héroïque, qu’importe si le résultat ressemble plus souvent à un scénario de film hollywoodien qu’autre chose ! Si l’Histoire, la vraie, ne correspond pas aux desiderata du scénariste en chef du moment, eh bien, on change l’Histoire ! La lutte contre l’oubli ou, pire, la réécriture sans vergogne du passé est sans fin, harassante, un véritable labeur de Sisyphe, dont on ne sort pas vainqueur en règle générale.
Le Matin d’Algérie : Dans vos pages, l’intime croise toujours l’Histoire collective. Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre ces deux dimensions sans sacrifier ni l’une ni l’autre ?
Anouar Benmalek : Je respecte infiniment le travail des historiens, mais je n’ai pas vocation à écrire des romans historiques. Ce qui m’intéresse, c’est la réaction individuelle, particulière, de quelqu’un d’ordinaire qui se trouve confronté à l’Histoire avec un grand H (ou, plutôt, avec une grande hache !) Les thèmes de mes livres sont souvent très graves, leur écriture me mobilise pendant de longues périodes et la seule manière pour moi de garder mon énergie littéraire est d’y introduire une histoire d’amour. Mais, somme toute, n’est-ce pas également le but de notre vie : que vaudrait cette dernière si l’amour lui demeurait étranger ?
Le Matin d’Algérie : Peut-on lire votre livre comme une fresque des blessures du siècle, mais aussi comme une tentative de réconciliation ?
Anouar Benmalek : Probablement. Au fond, je suis ce qu’Emile Habibi nommait un « peptimiste », c’est-à-dire un pessimiste qui ne demande qu’à être optimiste. Écrire, c’est penser malgré l’évidence que les deux à trois années passées à s’échiner sur un roman que personne ne vous a demandé peuvent valoir la peine que l’on s’est donnée parce que quelques lecteurs vous diront après la lecture : « Ah, cette Irina, j’en suis presque tombé amoureux ; et ce Vladimir, c’est un véritable salaud, mais, après réflexion, peut-être n’aurais pas été différent de lui, peut-être n’aurais-je pas eu à mon tour le courage d’être héroïque tout le temps ; et cette famine d’une si grande ampleur au Kazakhstan, pourquoi n’en ai-je jamais entendu parler, etc. »
Le Matin d’Algérie : On dit souvent de vos romans qu’ils sont portés par une écriture « incandescente », où la poésie côtoie la violence. Comment parvenez-vous à travailler cette tension dans la langue ?
Anouar Benmalek : J’applique au travail sur mes fictions la réponse de Joe Louis, l’immense boxeur du milieu du siècle dernier, à des journalistes qui lui avaient demandé sa recette pour avoir été aussi longtemps champion du monde toutes catégories : « J’ai fait du mieux que j’ai pu. »
Quant à moi, plus modestement, je me mets réellement à la place de chaque personnage, leur destin devient littéralement le mien et, comme le contexte dans lequel je les plonge est parfois abominablement compliqué, ma réaction et, par conséquent, mon écriture sont pleines de cette tension que nécessite la survie ! Faire de son mieux est la première obligation du romancier s’il entend faire œuvre nouvelle, originale, une obligation artistique et éthique à la limite du commandement religieux. À quoi bon écrire sinon ?
Le Matin d’Algérie : Y a-t-il, derrière cette écriture, un héritage littéraire précis qui vous accompagne encore aujourd’hui ?
Anouar Benmalek : Je suis l’héritier de tous les livres que j’ai lus, des plus médiocres aux plus remarquables. Et j’en ai lu beaucoup, des romans policiers de base aux ouvrages les plus sophistiqués, des comics tellement aimés de mon enfance à la science-fiction la plus échevelée. Et puis la poésie, ah, la poésie…
Le Matin d’Algérie : Votre livre convoque plusieurs temporalités et points de vue. Était-ce une contrainte narrative ou, au contraire, une liberté indispensable ?
Anouar Benmalek : Notre principal ennemi est le temps, cet assassin qui nous pousse sans arrêt dans le dos jusqu’à nous précipiter dans l’abîme à la fin. Qui résisterait à la possibilité magique, si elle lui était accordée, de remonter ce maudit temps afin de changer le passé et de repartir à l’assaut de l’avenir, à nouveau plein d’espoir et d’illusion ? L’auteur que je suis n’y a pas résisté, mais il a introduit dans son roman une contrainte : remonter le temps se paie toujours très cher, car l’univers n’est en rien conçu pour être tendre envers les créatures vivantes.
Le Matin d’Algérie : Quel rôle joue pour vous la fiction dans l’exploration de la mémoire historique ?
Anouar Benmalek : Je suis d’abord romancier, c’est donc le théâtre des sentiments des êtres humains qui est au centre de mon travail : la fiction est donc l’essentiel, la mémoire historique, le décor en quelque sorte où se meuvent mes personnages. J’ai à cœur cependant que cette restauration de la mémoire soit la plus précise possible ; ce scrupule de présenter l’histoire telle qu’elle aurait dû être présentée, de la débarrasser des oripeaux du mensonge, est pour moi la politesse minimale que l’on doit au lecteur.
Le Matin d’Algérie : Votre œuvre est traversée par des préoccupations politiques et morales. Pensez-vous qu’un écrivain puisse rester en retrait des grands drames contemporains ?
Anouar Benmalek : Un écrivain est aussi un citoyen. Mais il ne doit pas mélanger ses deux identités, car les exigences de l’une et de l’autre ne se sont pas interchangeables. D’un autre côté, j’ai toujours tenté autant que faire se peut de remplir mes devoirs de citoyen, en particulier de m’élever contre les trop nombreuses atteintes à la démocratie et à l’État de droit depuis l’indépendance de notre pays. Mais dans ce domaine, on est toujours très loin d’en faire assez, malheureusement.
L’Algérie est un pays « difficile », et les différents pouvoirs qui s’y sont succédé peuvent vous faire payer très cher vos velléités de participation à la vie de la nation…
De plus, la « compréhension » qu’ont les dirigeants de la nécessaire liberté qui accompagne la création est très relative, sinon nulle.
Le Matin d’Algérie : Vous êtes vous-même exilé depuis longtemps. Quelle part de votre expérience personnelle irrigue ce livre ?
Anouar Benmalek : L’exil est formateur, dans le sens qu’il vous apprend à vous départir de vos habitudes de pensée et, partant, de nombre de vos préjugés. L’exil est parfois âpre, sinon douloureux. Mais je sais également que je n’aurai pas pu écrire les livres que j’ai écrits en restant en Algérie. L’accueil qui a été réservé en Algérie, par exemple, à mon roman Ô Maria, avec son cortège d’articles incendiaires et de menaces de mort, m’est resté en travers de la gorge, cette gorge qu’un groupe terroriste se promettait justement de trancher pour crime supposé, et absurde, d’atteinte aux « constantes spirituelles » du pays.
Le Matin d’Algérie : Dans un monde saturé de violence, où les guerres et les exils se multiplient, quel rôle attribuez-vous encore à la littérature ?
Anouar Benmalek : Un écrivain ne doit pas espérer changer le monde, tout au plus, s’il n’est pas trop maladroit, de créer un instant d’échange, parfois précieux, entre lui et une poignée de lecteurs. Si la littérature avait le pouvoir de changer le monde, cela se saurait.
Regardez la pléthore d’écrivains de génie qui ont traversé le vingtième siècle : cela n’a pas empêché ce siècle de subir plusieurs génocides, deux guerres mondiales, la barbarie coloniale sur tous les continents, l’impérialisme arrogant et meurtrier des uns et des autres, etc.
On continuera malgré tout à écrire des romans, des nouvelles, de la poésie parce que, comme le soutient une célèbre maxime, il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.
Le Matin d’Algérie : Enfin, que diriez-vous aux jeunes lecteurs algériens et francophones qui vous découvrent aujourd’hui avec ce roman ?
Anouar Benmalek : Lisez, et lisez autant que vous pouvez. C’est la meilleure hygiène morale et spirituelle qui soit dans ce monde décérébré par la propagande des chaînes de télévision et la bêtise souvent crasse des réseaux sociaux.
Entretien réalisé par Djamal Guettala
À noter
Une rencontre avec Anouar Benmalek autour de son roman Irina, un opéra russe (Éditions Emmanuelle Collas, 2025) se tiendra le vendredi 14 novembre 2025 à partir de 18h30, à la librairie L’Île aux Mots, 7 rue Urbain V, Marseille 2ᵉ (quartier Joliette/Arenc).
Crédit. Image générée par IA par Jeanette Atherton de Pixabay
Il ne se passe pas un seul jour où dans la presse nationale autorisée l’Algérie ne bombe pas son torse, ne menace pas, ne montre pas son prestige et sa certitude de la portée de sa voix. Le fennec algérien a toujours eu cette ambition de sortir de son désert et conquérir le monde par son cri.
Mais le fennec est petit, frileux et ne ferait même pas fuir une mouche sur un chameau. Pourtant c’est ce qui se passe dans mon pays natal. Ils vivent encore dans cette croyance de puissance, un demi-siècle après l’esbroufe des moustaches du colonel.
Lisez n’importe quel journal algérien autorisé et recensez combien d’articles concernent la glorieuse participation au monde de sa force à régler les conflits, mettre fin aux agressions des pays occidentaux ou siéger dans des conférences aux noms aussi longs que le bras et aussi téméraires par leur ambition.
On se demande d’ailleurs comment fait notre ministre des affaires étrangères qui ne sait plus où donner de la tête ni de la voix menaçante. Il sort ses griffes à l’ONU, hurle dans les conférences et ne cesse, d’escale en escale, de porter la voix de notre dictature devant des autocrates qui ne sont intéressés que par les variations de la bourse pour leur propre intérêt.
Mon pays voulait être le phare du tiers-monde et pense l’être encore. Comme phare il y a plus fiable après tant de bateaux qui se sont fracassés sur les récifs. Cinquante ans que le pauvre Polisario compte sur les muscles déployés de l’Algérie. Il vient de recevoir un gros coup de massue sur la tête par la perte de tous ses espoirs.
Le régime crypto-militaire a menacé mille fois Israël de sa foudre. Il n’a même pas été capable d’envoyer un seul soldat pour défendre les Palestiniens ni même garantir sa survivance alimentaire et sanitaire.
Il a défendu et a siégé dans toutes les réunions des plus gros dictateurs de la terre. Il n’a jamais pu en tirer véritablement profit, ils tombent tous et sont remplacés par d’autres. Il faut alors courir derrière le nouveau et se faire pardonner l’appui pour celui qui a été renversé.
Nous avons abandonné nos cultures et nos langues pour prendre ceux du septième siècle et des monarchies du pétrole. Eux, ils n’ont pas été aussi stupides et se sont retournés vers la puissante Amérique, ses dollars et sa langue.
Notre régime a créé l’islamisme comme rempart à son pouvoir, il s’est retourné contre lui. Il l’a combattu au prix du sang des Algériens et le résultat est qu’on a aujourd’hui, les militaires et les foulards.
Grandiloquence, stature ridiculement menaçante, ce régime n’a de pouvoir que celui d’alimenter les banques étrangères en flux de corruption. Nous n’avons aucun levier de fixation mondial des prix du pétrole et du gaz. L’Algérie compte les points des événements mondiaux, elle encaisse lorsque c’est à son profit, elle menace dans le vent lorsqu’elle y perd.
Le pauvre fennec, il voulait jouer dans la cour des grandes forêts du monde. Il n’en n’a ni la force ni le pouvoir d’adaptation.
Pourtant, nous nous serions parfaitement contentés de ce magnifique animal d’une grande beauté. Sa furtivité lui permettait de nourrir sa portée et il aurait pu se contenter de cette beauté et de son utilité. Nous aurions été fiers qu’il soit l’emblème de notre pays au-delà de celui d’une équipe de baballe. Il doit en rougir de honte de ne pas mériter plus.
Notre régime crypto-militaire a revêtu son armure de chevalier justicier des opprimés. Il les a dépouillés jusqu’à les laisser en guenilles. L’Ivanhoé à l’assaut de l’injustice du monde s’est converti en brigand détrousseur des plus démunis.
Nous l’aimons bien notre fennec, nous n’avons pas besoin d’un lion qui nous dévore. Nous en sommes fiers comme il est et nous le chérissons.
Il nous aurait protégés de sa noblesse sans qu’il soit obligé de prendre la posture du lion.
Harragas 2033, Arezki et Elke, liaison dangereuse entre Paris et Alger est le dernier roman publié par Kacem Madani aux éditions du Net. Ce livre tranche avec les autres œuvres que cet auteur a publiés ces dernières années.
Même si le titre est quelque peu futuriste et nous projette dans le temps, ce roman est d’une brûlante actualité. Tout commence pour ce jeune harraga sur un quai de gare parisienne. Son regard croise celui d’Elke, une jeune femme qui venait d’arriver d’Amsterdam flanquée de deux valises avec lesquelles elle se débattait. Grand cœur Arezki propose de l’aider. Ravie la jeune femme acquiesce. Au bout de quelques mètres, l’invraisemblable se produit. Elke disparaît. Et Arezki se retrouve avec deux valises cadenassées comme perdu à la sortie de cette gare très fréquentée. Son comportement attire les policiers qui surveillent les allées et venus des voyageurs.
Sans papiers, Arezki n’est pas rassuré. Il sait qu’il n’est pas à l’abri à tout moment d’un contrôle policier. Ce qui ne tarde pas à arriver. Aux questions des policiers de plus en plus insistants, Arezki oppose des réponses évasives, peu convaincantes. Papiers ? demande un policier. Le harraga garde un silence embarrassé. « Ouvrez vos valises ?» Demande un autre. … Comment ouvrir des valises dont il n’a pas les clés ? Il tente de s’expliquer, mais pour les policiers, il est déjà « coupable ». Embarqué, jugé et vite expulsé en Algérie… Alors commence le chemin de rédemption d’Elke. Nous n’en dirons pas plus de ce roman plein de rebondissements et de surprises.
Avec un style simple mais efficace, Kacem Madani déploie les plis par couches émotionnelles et humaines successives pour donner à voir l’être humain dans toute sa complexité. Sa grandeur et sa petitesse devant les événements.
Kacem Madani, chroniqueur au Matin d’Algérie, a publié de nombreux essais et des recueils de ses chroniques. On peut citer : « Légendes kabyles, impérieuse culture de mon terroir », « Lounis Aït Menguellet, chants d’honneur », « Fratricide obsession », « Le coupable idéal et autres nouvelles », ainsi ses recueils de chroniques parues sur le site du Matin d’Algérie.
Hamid Arab
Harragas 2033, Arezki et Elke, liaison dangereuse entre Paris et Alger de Kacem Madani. Edilivre éditions
Le collectif de défense du détenu d'opinion Cherif Mellal, ancien président de la JSK, a rendu public ce communiqué.Chérif Mellal, ancien président de la...
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