Lorsqu’on parle de la colonisation française en Algérie, il est facile de se concentrer sur les aspects les plus connus : la domination militaire, l’exploitation des ressources naturelles, et les souffrances infligées aux Algériens. Cependant, une question plus profonde se cache derrière cette histoire coloniale : à quoi a véritablement servi cette colonisation de peuplement, et quels en ont été les véritables objectifs cachés ?
À partir de 1830, la France s’installe en Algérie, non pas simplement pour l’exploiter économiquement, mais pour en faire une prolongation de son territoire . L’Algérie devient un laboratoire à ciel ouvert de la politique de colonisation de peuplement , où des milliers de colons européens sont envoyés, leur installation subordonnant les populations autochtones à un processus systématique d’expropriation, de marginalisation et de répression. Mais cette volonté de peupler n’était-elle pas en réalité un pari sur l’élimination des habitants autochtones ? Un pari dont l’objectif semblait être de substituer une population française à une population algérienne.
La colonisation de peuplement en Algérie repose sur l’idée que l’on peut non seulement contrôler un territoire , mais aussi remplacer ses habitants . Le mais n’était pas uniquement d’exploiter la terre, mais de transformer l’Algérie en une extension de la France, peuplée de colons européens. Et, au fil des décennies, la violence des politiques coloniales, à travers des massacres, des déportations et des répressions, a progressivement cherché à effacer la population indigène, tant sur le plan physique que culturel.
Cette destruction, bien qu’elle ne fût pas révéler un génocide organisé , en portant les germes. La politique de substitution démographique , la spoliation des terres et la répression des révoltes algériennes ont contribué à un processus de déshumanisation qui, à bien des égards, s’apparente à un génocide, un génocide par l’effacement des cultures, des sociétés et des populations autochtones.
Cette disparité tragique entre la volonté d’installer un peuple colonisateur et la volonté d’effacer un peuple autochtone révèle un cynisme profond. Un cynisme qui ne se contente pas de réduire les Algériens à des sous-citoyens, mais qui, en toute conscience, sacrifie leur existence au nom d’une vision impérialiste de domination.
La France coloniale n’était pas seulement intéressée par l’exploitation économique, mais bien par la transformation totale du paysage social et humain de l’Algérie.
Ce cynisme, au fond, n’était pas accidentel. Il découle d’une logique impérialiste qui visait non seulement à accaparer les ressources d’un territoire, mais à imposer une culture, une civilisation, une identité, jusqu’à l’effacement de la culture et de l’existence même des populations algériennes. . Le processus était, en quelque sorte, structuré pour faire disparaître tout ce qui faisait l’Algérie algérienne et en faire une Algérie française .
Il est important de noter que, pendant de nombreuses décennies, la réalité de ce cynisme a été soigneusement camouflée, notamment par la propagande coloniale qui présentait la France comme une nation civilisatrice . L’idée selon laquelle la colonisation française apportait la « lumière » aux peuples « sauvages » cachait une réalité bien plus sombre : celle d’une volonté de domination totale , où les habitants indigènes étaient vus non comme des sujets mais comme des obstacles à l ‘expansion d’une France idéale.
Aujourd’hui, après des décennies de luttes pour la mémoire et la reconnaissance des souffrances infligées aux Algériens, il devient crucial de dévoiler ces aspects du cynisme colonial. L’histoire coloniale n’est plus un récit unilatéral, dominé par la perspective des colonisateurs. Elle est désormais un espace de débat où les Algériens, et plus largement tous les peuples concernés par la colonisation, ont un droit à la parole.
La question du cynisme colonial français est un volet fondamental de cette histoire. C’est le cynisme de considérer qu’un peuple pouvait être effacé pour laisser place à un autre, dans une logique de substitution et de domination. Ce cynisme a été dissimulé pendant des générations, mais il est aujourd’hui mis à nu, non seulement par les historiens, mais aussi par les descendants des colonisés qui revendiquent une mémoire collective et une justice qui reste encore à être pleinement reconnues.
La colonisation du peuplement en Algérie, avec son corollaire génocidaire, est un chapitre de l’histoire qui ne doit pas être effacé. Comprendre le cynisme derrière cette entreprise coloniale permet d’appréhender les fractures profondes qu’elle a laissées dans les sociétés algériennes et françaises. La mémoire de ces événements doit être protégée, car elle est essentielle pour comprendre la relation complexe entre la France et l’Algérie, une relation marquée par l’histoire, la souffrance et le besoin impératif de reconnaissance . En exposant ce cynisme, on permet de guérir les blessures laissées par la colonisation, et d’ouvrir la voie à une réconciliation plus juste et plus éclairée.
Dr A. Boumezrag