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Édouard Philippe et le négationnisme colonial : quand l’histoire vacille et que la gauche se tait

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Edouard Philippe avec Christian Estrosi, maire de Nice.
Edouard Philippe avec Christian Estrosi, maire de Nice. et Lou Festin Nissart. Crédit @edouardphilippe

Le 10 décembre 2025 restera dans les annales de la mémoire coloniale française. Sur LCI, Édouard Philippe, maire du Havre, ancien premier ministre et probable candidat à la présidentielle de 2027, a été interrogé par le journaliste Jean-Michel Aphatie : « La colonisation est-elle un crime ? »

Sa réponse, lapidaire et choquante, fut : « Non. » Un simple mot, mais chargé d’une signification lourde : un refus de reconnaître les violences, les crimes et les massacres commis pendant la longue histoire de l’empire colonial français. Cette déclaration n’est pas un simple dérapage, elle s’inscrit dans un courant idéologique qui refuse de faire face à la vérité historique.

Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire spécialisé dans l’histoire coloniale, souligne que cette réponse illustre un phénomène récurrent au sein de certaines droites dites traditionnelles et parmi les nostalgiques de l’Algérie française : la négation ou la réécriture de l’histoire coloniale. Selon lui, la réponse de Philippe peut résulter soit d’une ignorance manifeste des faits historiques – ce qui est surprenant au vu de son parcours académique – soit d’une stratégie délibérée visant à séduire une fraction de l’électorat sensible aux thèses révisionnistes. La question coloniale, longtemps éclipsée dans le débat public et académique, reste un terrain électoral sensible.

Le Cour Grandmaison rappelle que les grandes écoles fréquentées par Philippe – hypokhâgne au lycée Janson-de-Sailly, Sciences-Po, puis l’ENA – ont longtemps marginalisé l’enseignement de l’histoire coloniale. Ces institutions ont contribué à diffuser ce qu’il appelle le « roman impérial-républicain », un récit mythifié de l’expansion française où la colonisation est présentée comme un projet civilisateur et universel, occultant les guerres sanglantes, les massacres, les déportations et l’oppression systématique des peuples colonisés. Jules Ferry et ses alliés, selon ce récit, auraient mené une « œuvre civilisatrice », masquant derrière des discours sur l’universalisme les réalités brutales de la conquête.

Cette vision apologétique de la colonisation a été renforcée sur le plan législatif par la loi du 23 février 2005, qui rend hommage aux acteurs de la présence française en Afrique du Nord et en Indochine. Le texte, jamais abrogé, a officialisé une mémoire sélective et partielle, contribuant à la diffusion d’une interprétation louangeuse de l’histoire coloniale. Pour Le Cour Grandmaison, cette loi a ouvert la voie à une série de distorsions historiques, relayées et amplifiées par des médias et des acteurs financiers proches des sphères conservatrices. Vincent Bolloré, les éditions Fayard et d’autres officines médiatiques ont ainsi participé à la diffusion de récits révisionnistes, renforçant un courant qui tend à justifier ou banaliser la colonisation et ses violences.

Au-delà des institutions et des médias, ce courant trouve un écho dans les extrêmes-droites et leurs tentatives de modeler la mémoire collective pour servir des agendas politiques contemporains. Alain de Benoist et ses émules ont théorisé dès les années 1970 une « métapolitique » destinée à conquérir l’influence culturelle et électorale. Aujourd’hui, cette stratégie se déploie dans les médias, les spectacles et les publications, où des mythes impériaux sont présentés comme des vérités historiques incontestables.

Face à cette offensive idéologique, le silence des gauches politiques est préoccupant. La déclaration d’Édouard Philippe aurait dû susciter une réaction massive, mais elle a été largement ignorée, les forces progressistes estimant sans doute qu’il s’agit d’un épisode secondaire. Cette passivité laisse le champ libre aux falsificateurs de l’histoire, permet aux récits révisionnistes de se diffuser et affaiblit les initiatives visant à reconnaître les crimes coloniaux et leurs victimes.

Olivier Le Cour Grandmaison insiste sur l’urgence d’une réponse organisée et déterminée : reconnaître les crimes coloniaux, défendre les libertés académiques, restituer les biens spoliés et engager des réparations sont autant d’étapes nécessaires pour corriger une mémoire nationale déformée. La négation de l’histoire coloniale inflige une double violence : elle efface la souffrance des victimes et brouille la compréhension des enjeux contemporains liés à l’héritage colonial. Les massacres du 17 octobre 1961, la répression de la guerre d’Algérie, les violences institutionnelles et symboliques subies par les populations afro-descendantes et post-coloniales illustrent cette injustice persistante.

La réponse d’Édouard Philippe n’est donc pas anodine. Elle révèle la persistance d’un négationnisme colonial intégré dans la sphère politique et médiatique, et le danger que représente le silence des forces de gauche face à cette réécriture de l’histoire. Au-delà du geste d’un homme, c’est une mémoire collective, une vérité historique et une justice symbolique qui sont en jeu. Face à l’instrumentalisation de l’histoire, il est impératif que les forces progressistes reprennent la parole, défendent la vérité et réaffirment la nécessité d’une mémoire fidèle aux faits, pour que le passé cesse d’être détourné au service de stratégies électorales et idéologiques.

Synthèse Djamal Guettala 

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Mohamed Amine Belghit s’excuse auprès du Tebboune après sa grâce

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Mohamed Lamine Belghit
Le nihiliste et raciste Mohamed Lamine Belghit s'excuse auprès de Tebboune. Crédit photo : DR

​L’universitaire et enseignant en histoire anti-amazigh, Mohamed El Amine Belghith a présenté ses excuses écrites au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, reconnaissant son erreur. Pathétique personnage dont le zèle n’a d’égal que sa haine envers la dimension amazighe.

Cette démarche, rapportée par le journal El Khabar, intervient immédiatement après que le président de la République a signé un décret de grâce totale en sa faveur, annulant le reste de la peine.

​Dans sa missive, le professeur Mohamed Amine Belghit a exprimé ses profonds regrets pour les propos qui lui ont valu des poursuites judiciaires. Il a également tenu à réaffirmer son respect du Droit et son engagement à se conformer à la Constitution et aux lois de la République, promettant de ne plus commettre de tels actes à l’avenir.

​Cette affaire trouve son origine dans la diffusion, le 1er mai 2025, d’une vidéo montrant Belghit lors d’un entretien télévisé sur Sky News Arabia. Ses déclarations, notamment celle qualifiant l’Amazighité de « projet franco-sioniste « , avaient déclenché une vague de controverses, menant à son inculpation pour des accusations d’atteinte aux constantes nationales et à la constitution.

Si l’historien révisionniste a exprimé ses regrets pour les propos incriminés et s’est engagé à respecter les lois, l’article ne précise cependant pas si cet acte de contrition s’accompagne d’un renoncement à ses thèses révisionnistes et controversées concernant la Révolution algérienne – Il a, notamment soutenu que le révolution du 1e Novembre a été déclenché sur ordre du leader égyptien, Djamel Abdelnacer – et l’identité nationale, qu’il a inlassablement développées sur diverses tribunes médiatiques.

Samia Naït Iqbal

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Zouheir Zeghada : un an après le monument d’Aksel, la grève de la faim d’un militant de mémoire

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Zouheir Zeghada
Zouheir Zeghada. Crédit photo : Le Matin

Interpellé au cours du mois de novembre 2025, Zouheir Zeghada est détenu à la prison de Kais, dans la wilaya de Khenchela. Jugé le 4 décembre 2025, un an jour pour jour après l’inauguration et le démantèlement du monument d’Aksel, il a été condamné à une peine d’un an de prison.

Depuis le 24 novembre 2025, il observe une grève de la faim, protestant contre ce qu’il considère comme une sanction injuste liée à son engagement citoyen et culturel.

Zouheir Zeghada n’est pas un homme ordinaire. Issu d’une famille profondément enracinée dans l’histoire et la lutte pour la nation, il a pris les armes durant la décennie noire, défendant sa région contre ceux qui menaçaient la sécurité et l’unité nationale. Mais son engagement ne s’est jamais limité au champ militaire. C’est aussi un militant de l’identité amazighe.

Aujourd’hui, il est avant tout militant culturel et citoyen. Il a été l’un des initiateurs du monument d’Aksel à Bouhmama, symbole de l’identité et de la résistance amazighe contre l’invasion arabe. À travers ses actions bénévoles lors des incendies ou son aide aux populations vulnérables et aux institutions publiques, Zouheir Zeghada incarne la solidarité et le dévouement.

Qui est Aksel ?

Aksel est une figure historique emblématique de la résistance amazighe. Il fut roi et chef militaire qui combattit les invasions arabes en 683 et 688 aux côtés de la reine Dihya. Il infligea une défaite au sanguinaire arabo-islamiste Oqba Ibn Nafi, venu de la péninsule arabique pour envahir l’Afrique du Nord lors de la bataille de Tahouda en 683. La statue du monument d’Aksel à Bouhmama visait à rappeler cette résistance et l’identité culturelle de la région.

Le 4 décembre 2024, le monument a été inauguré puis démantelé le jour même par les autorités, dans un contexte de tensions locales. Pour ses proches et ses amis(e) de combat, l’arrestation de Zouheir Zeghada un an plus tard apparaît comme une sanction ciblée, visant à freiner ses initiatives culturelles et mémorielles.

Sa grève de la faim, commencée le 24 novembre 2025, est un acte de résistance et de dénonciation. Elle traduit sa détermination à revendiquer la reconnaissance de l’histoire, de la mémoire et de l’engagement citoyen dans la région de Khenchela. Ses proches et amis appellent les autorités à la transparence et au respect des droits fondamentaux, rappelant que ce combat dépasse le cas d’un individu et concerne l’avenir du patrimoine culturel local.

Mourad Benyahia 

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Tunisie : la condamnation d’Abir Moussi provoque une vague d’indignation

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Abir Moussi.
Abir Moussi. Crédit photo : DR

La justice tunisienne a condamné Abir Moussi, présidente du Parti constitutionnel libre, à douze ans de prison dans le cadre de l’affaire dite du « bureau du greffe ». Cette décision a immédiatement suscité de vives réactions dans le pays, opposants politiques, associations et acteurs de la société civile dénonçant un jugement « injuste » et motivé politiquement.

Abir Moussi avait été arrêtée le 3 octobre 2023 alors qu’elle se rendait au bureau du greffe de la présidence pour déposer des recours contre des décisions présidentielles. Elle est accusée, selon le code pénal tunisien, d’avoir tenté de « modifier l’organisation de l’État » et d’inciter à des affrontements violents. Son assistante, Mariem Sassi, a écopé de deux ans de prison dans la même affaire.

Le Front du Salut, coalition politique de l’opposition, a dénoncé une procédure « arbitraire » et un « contrôle du pouvoir exécutif sur la justice », appelant à une mobilisation générale pour défendre les libertés et l’indépendance du système judiciaire. Pour le porte-parole du Parti républicain, Wissam Al-Saghir, « défendre les droits et les libertés ne doit jamais être sélectif. Accepter l’injustice aujourd’hui envers un opposant, c’est ouvrir la porte à ce que tous puissent être frappés demain ».

De son côté, le Courant démocratique a critiqué « la transformation d’une simple démarche administrative en accusation grave », dénonçant ce qu’il considère comme un détournement de la justice à des fins politiques. Plusieurs juristes et universitaires jugent l’affaire exemplaire d’« abus de procédure et de manipulation du droit » et estiment qu’elle servira de référence pour étudier les dérives judiciaires dans le pays.

Les organisations de défense des droits humains, dont « Taqatu’ pour les droits et libertés », ont alerté sur le « climat de répression » et le recours croissant à des procès politiques pour faire taire les voix critiques. Elles appellent à une réaction collective de la société civile et des partis politiques afin de protéger les droits fondamentaux, en particulier la liberté d’expression, garantie par la Constitution et les conventions internationales.

Ce jugement s’inscrit dans un contexte de restriction accrue des libertés en Tunisie, marqué par la multiplication des arrestations et poursuites contre les opposants et les militants, selon plusieurs organisations nationales et internationales de défense des droits humains.

Mourad Benyahia 

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100 000 cas de fraude à la dotation voyage en devises : l’État durcit les contrôles

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Allocation tourisme
L'allocation tourisme détournée.

Le durcissement récent des conditions d’octroi de la dotation en devises pour voyage ne relève plus d’une simple révision réglementaire. Il s’inscrit dans une réponse d’urgence à une fraude d’ampleur inédite, officiellement mise au jour par les autorités.

La Banque d’Algérie (BA), à travers sa note n°01/DGIG/2025, et le gouvernement justifient désormais leurs décisions par la nécessité de contenir ce qui est décrit comme une véritable hémorragie de devises.

Une fraude massive révélée au Parlement

Devant l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Saïd Sayoud, a dressé un tableau alarmant : près de 100 000 cas de fraude à la dotation voyage auraient été recensés en l’espace d’un mois et demi. Des chiffres qualifiés de « terrifiants », révélateurs d’un détournement systématique d’un mécanisme censé répondre à un besoin légitime des citoyens.

Selon les explications fournies, les pratiques frauduleuses reposaient essentiellement sur des déplacements fictifs ou écourtés, facilités par le tamponnage répété des passeports sans respect de la durée minimale de séjour à l’étranger. Ces opérations auraient été structurées autour de réseaux de courtiers et d’intermédiaires, avec l’implication d’agences de voyage.

Les liaisons terrestres vers la Tunisie figurent au cœur de ce dispositif. Plus de 5 000 autocars auraient été mobilisés, certains effectuant des allers-retours rapides, permettant à des voyageurs de quitter puis de réintégrer le territoire après quelques jours seulement afin de bénéficier, à répétition, de la dotation annuelle de 750 euros.

Des populations vulnérables particulièrement ciblées

Le ministre a par ailleurs souligné que les demandeurs d’emploi constituaient l’un des principaux viviers exploités par ces réseaux. Près de 100 000 personnes, dont des bénéficiaires de l’allocation chômage, auraient été impliquées, parfois sans mesurer pleinement le caractère illégal des montages auxquels elles participaient. Cette dimension sociale confère à l’affaire une portée supplémentaire, dépassant le seul enjeu financier.

La riposte de la Banque d’Algérie

C’est dans ce contexte que la Banque d’Algérie a instauré un dispositif de contrôle renforcé, visant à colmater les brèches exploitées par les fraudeurs. La note publiée le 15 décembre introduit plusieurs mesures structurantes.

D’abord, l’octroi de la dotation est désormais conditionné à la détention d’un compte bancaire domiciliataire. Cette exigence vise à renforcer la traçabilité des opérations et à appliquer plus strictement les principes de connaissance du client (KYC), en évaluant la cohérence entre le profil du demandeur et la demande de devises.

Ensuite, l’exclusion totale des paiements en espèces pour le règlement de la contrevaleur en dinars constitue un tournant majeur. En imposant des moyens de paiement scripturaux, tels que la carte CIB ou le chèque bancaire, les autorités cherchent à tarir les circuits de financement informels sur lesquels prospéraient les réseaux de courtiers.

Enfin, la sanction liée à la durée effective du séjour cible directement le cœur du système frauduleux. Tout séjour inférieur à sept jours entraînera la restitution de la dotation perçue ainsi que la perte du droit de change pour une période de cinq ans.

Maintien du droit, durcissement de l’encadrement

Le gouvernement insiste toutefois sur un point : la dotation voyage n’est pas remise en cause en tant que droit du citoyen. « Elle ne sera pas annulée, mais strictement organisée », a assuré le ministre. Dans cette logique, des mesures complémentaires ont été engagées, notamment l’obligation d’autorisations préalables pour les autocars d’agences de voyage opérant aux frontières. Selon les autorités, ces contrôles ont déjà permis de révéler des manquements graves, certaines agences étant incapables de justifier la prise en charge de voyageurs en difficulté à l’étranger.

Un tournant dans la gestion des devises

L’offensive conjointe de la Banque d’Algérie et des pouvoirs publics marque un tournant dans la gestion de l’allocation devises. Au-delà de la lutte contre la fraude, elle traduit une volonté plus large d’assainir le marché des devises et de préserver des réserves nationales mises sous pression par des pratiques devenues industrielles. Reste à savoir si ce dispositif, aussi rigoureux soit-il, parviendra à endiguer durablement des réseaux qui ont démontré une capacité d’adaptation rapide.

Sofiane Ayache

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PriMed 2025 à Marseille : images et mémoires de la Méditerranée

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PriMed 2025 à Marseille
PriMed 2025 à Marseille. Crédit photo : DR

La 29ᵉ édition du PriMed s’est achevée à Marseille dans une ambiance à la fois chaleureuse et inspirante. Ville-port tournée vers la Méditerranée, Marseille a accueilli cinéastes, journalistes, producteurs, bénévoles et lycéens venus partager leur enthousiasme et débattre des films présentés.

Pendant plusieurs jours, projections et rencontres ont rythmé le festival organisé par le Centre Méditerranéen de la Communication Audiovisuelle (CMCA), confirmant son rôle de plateforme pour explorer mémoires, sociétés et réalités méditerranéennes.

L’événement a été marqué par la forte participation des lycéens, accompagnés de leurs enseignants. Leurs échanges avec les réalisateurs ont apporté une énergie particulière et donné tout son sens au festival, tandis que bénévoles et professionnels assuraient une organisation fluide et accueillante.

Palmarès officiel

Grand Prix Enjeux Méditerranéens (France Télévisions) : Le Ciel au-dessus de Zenica – Nanna Frank Møller et Zlatko Pranjić

Prix Mémoire de la Méditerranée (INA) : The 1957 Transcript – Ayelet Heller

Prix Première Œuvre (RAI) : Echoes from Borderland – Lara Miléna Brose

Prix Art, Cultures et Sociétés : House with a Voice – Kristine Nrecaj et Birthe Templin

Prix des Jeunes de la Méditerranée : Born to Fight – Ala’a Mohsen

Prix Court Méditerranéen – Prix du public : Snake Hill – Joëlle Abou Chabké

Mention spéciale ASBU : Green Line – Sylvie Ballyot

Présence algérienne

L’Algérie était représentée dans la catégorie « Moi, citoyen méditerranéen » avec Là où les mots s’évadent de Noor Abdi (Lycée International Alexandre Dumas, Alger). Hors palmarès, le film La promesse d’Imane, réalisé par Nadia Zouaoui, née en Algérie et installée au Québec depuis 1988, a également été remarqué. Productrice, réalisatrice et journaliste pour Radio-Canada, CBC et Al Jazeera, Nadia Zouaoui offre un regard mature et engagé sur les réalités méditerranéennes.

Prix à la diffusion

Letizia Battaglia, photographe des années de sang – Cécile Allegra (France 3 Corse ViaStella et RAI, Italie)

De plomb et de charbon – Thomas Uzan (2M, Maroc)

Clôturée sur une note d’échanges intenses et de débats passionnés, cette édition du PriMed a confirmé sa vocation : faire dialoguer images, mémoires et générations, tout en mettant en lumière les voix méditerranéennes, locales et diasporiques, à travers Marseille, carrefour et miroir de la Méditerranée.

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Clémence présidentielle : quand la grâce devient sélective

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Tebboune
Tebboune marchande ses grâces selon ses humeurs.

La libération récente de figures intellectuelles et politiques par décret présidentiel a ravivé le débat sur l’usage de la grâce en Algérie. Si ces décisions sont saluées comme des gestes d’apaisement, des militants politiques et des juristes y voient surtout une clémence appliquée de manière discriminatoire, profitant à quelques profils médiatisés tandis que des dizaines de détenus d’opinion, moins visibles, demeurent incarcérés ou poursuivis arbitrairement.

C’est dans ce contexte que la grâce présidentielle accordée à l’enseignant universitaire en histoire Mohamed Lamine Belghit, après celle dont a bénéficié l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, a suscité un soulagement immédiat dans certains cercles intellectuels et politiques. Mais au-delà de ces libérations à forte portée symbolique, la décision a ravivé un malaise plus profond : celui d’un recours à la clémence perçu comme sélectif, appliqué au cas par cas et détaché d’une approche globale de respect des libertés fondamentales.

Pour l’avocat Me Hakim Saheb, si la libération de toute personne détenue pour ses idées, ses écrits ou son engagement pacifique demeure « une bonne nouvelle en soi », elle met néanmoins en lumière un « deux poids, deux mesures » dans l’usage de la grâce présidentielle. Selon lui, la sortie de prison de figures connues, bénéficiant d’un certain écho médiatique ou de soutiens influents, contraste brutalement avec la situation de centaines d’autres détenus d’opinion, moins visibles, toujours incarcérés.

Journalistes, militants du Hirak, défenseurs des droits humains, activistes amazighs ou simples citoyens ayant exprimé un désaccord : pour Me Saheb, ces profils composent une réalité largement occultée. À cela s’ajoutent de nombreux prévenus maintenus dans une attente judiciaire prolongée, parfois pendant des mois, voire des années, dans un contexte où les procédures sont régulièrement dénoncées pour leurs irrégularités et leur usage dissuasif.

Dans une lecture juridique, Me Abdellah Heboul estime que la grâce individuelle accordée à Mohamed Amine Belghit devrait, par souci de cohérence, être étendue à l’ensemble des situations similaires. Il invoque le principe d’égalité entre citoyens, consacré par l’article 35 de la Constitution, et rappelle que l’État de droit suppose l’absence de discrimination dans le traitement des affaires liées aux libertés publiques.

Du côté des militants politiques, le constat est plus sévère. Mohcine Bellabes dénonce une « Algérie des grâces à la carte », où la liberté ne dépendrait plus du droit, mais du « calcul politique ». À ses yeux, la libération de quelques figures emblématiques ne saurait masquer le sort de dizaines d’autres détenus, privés de visibilité, de relais et de perspectives claires.

Mohand Bakir va plus loin dans la critique. S’il rappelle que Mohamed Lamine Belghit, poursuivi, selon lui, pour l’expression d’une opinion, « n’aurait jamais dû être emprisonné », il estime que le recours à la grâce présidentielle, dans le contexte actuel, relève moins d’un geste d’apaisement que d’une manœuvre politique cynique.

Le militant dénonce une approche qu’il qualifie de politiquement prédatrice et froidement calculée. Selon lui, cet acte de clémence, intervenu dans un contexte politique précis marqué par le rejet quasi unanime de la proclamation unilatérale d’indépendance de la Kabylie par le MAK, relève davantage d’un signal adressé au courant idéologique auquel appartient l’enseignant en histoire — courant qui, depuis son incarcération, a multiplié les pressions et les sollicitations auprès du chef de l’État — que d’une réelle volonté de consacrer le respect des libertés individuelles et de la liberté d’opinion.

Ces prises de position convergent vers une même interrogation : la grâce présidentielle relève-t-elle d’un principe de justice universel ou d’un instrument de gestion politique ponctuelle ? En libérant quelques noms emblématiques tout en laissant perdurer une machine judiciaire punitive, les autorités alimentent un sentiment d’injustice et fragilisent la confiance dans les institutions.

Pour leurs auteurs, la véritable mesure de l’État de droit ne réside pas dans des gestes isolés, mais dans une politique cohérente et transparente de respect des libertés. Tant que l’emprisonnement restera une réponse à l’opinion ou à la critique pacifique, la promesse d’une Algérie démocratique et réconciliée avec elle-même continuera de se heurter à la réalité des cellules et du silence.

Samia Naït Iqbal

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Coupe arabe 2025 : la Jordanie, un triomphe inattendu

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La Jordanie triomphe en Coupe arabe.
La Jordanie triomphe en Coupe arabe.

La soirée du lundi 15 décembre 2025 restera gravée dans l’histoire du football jordanien. Sur la pelouse du stade Al Bayt au Qatar, les Nashama ont accompli un exploit inédit : battre l’Arabie saoudite en demi-finale de la Coupe arabe (1-0) et se qualifier pour la finale pour la toute première fois.

L’unique but de la rencontre, inscrit par Nizar Al-Rashdan à la 66ᵉ minute, est venu d’une tête parfaitement ajustée sur un centre venu du flanc droit. Un geste simple mais décisif, qui a fait éclater de joie les supporters jordaniens et inscrit cette victoire dans les annales du football national.

Le parcours des Jordaniens dans cette édition de la Coupe arabe est une leçon de discipline et de constance. Cinq victoires consécutives : face aux Émirats (2-1), au Koweït (3-1), à l’Égypte (3-0), à l’Irak (1-0) et enfin à l’Arabie saoudite. Chaque match a révélé un collectif solide, capable de surmonter les absences et les blessures. Parmi elles, celle de Yazan Al-Naimat, leur joueur clé blessé en quart de finale, aurait pu affaiblir l’équipe. Mais sous la direction du coach Jamal Al-Salami, les Jordaniens ont su transformer cette difficulté en force, misant sur la solidarité, la discipline et la confiance mutuelle.

Au-delà de la victoire, c’est la portée symbolique de cet exploit qui frappe. Pour la Jordanie, ce succès n’est pas seulement sportif. Il s’inscrit dans une dynamique de renouveau : finaliste de la Coupe d’Asie 2024, qualifiée pour la première fois à la Coupe du monde 2026, l’équipe nationale prouve que le football peut devenir un moteur d’unité et de fierté nationale. Les Nashama démontrent qu’avec de la rigueur et un collectif soudé, il est possible de rivaliser avec les grandes équipes de la région.

La finale, programmée le 18 décembre au stade Lusail, les opposera au Maroc, tenant du titre. Un rendez-vous chargé d’enjeux et d’émotions, où chaque geste, chaque passe et chaque tir comptera. Pour les supporters jordaniens, c’est la promesse d’une finale où le rêve et l’histoire se mêleront sur le terrain. Et pour le football arabe, un match à suivre avec attention, symbole de l’émergence de nouveaux protagonistes dans la compétition régionale.

Mourad Benyahia 

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Plus d’un quintal de cannabis saisi dans deux opérations sécuritaires

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Saisie de drogue à Bechar
Saisie de drogue à Bechar. Crédit photo : APS

Les forces de l’ordre algériennes viennent de porter un nouveau coup aux trafiquants de drogue. Lundi, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a annoncé le démantèlement de deux réseaux criminels organisés, spécialisés dans le trafic de cannabis transformé, le fameux kif. Six individus ont été interpellés et plus de 116 kg de drogue, en provenance du Maroc, ont été saisis lors de deux opérations distinctes.

La première intervention a été menée par la cellule centrale de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants. Les enquêteurs ont neutralisé un réseau dont l’activité s’étendait jusqu’au royaume voisin. Plus de 57 kg de cannabis transformé ont été découverts, habilement dissimulés dans la structure d’un véhicule touristique intercepté sur une station-service dans une wilaya du centre du pays. La méthode témoigne de la sophistication croissante des trafiquants, prêts à masquer leurs cargaisons dans des véhicules apparemment anodins pour échapper aux contrôles.

La deuxième opération s’est déroulée à Béchar, sous l’égide de la brigade mobile de la police judiciaire. Les enquêteurs ont mis fin aux activités d’un autre réseau, qui exploitait une ferme comme façade pour son commerce illicite. Une tentative de transport de plus de 59 kg de cannabis transformé a été déjouée : la drogue était cachée dans le coffre arrière d’une voiture, soigneusement camouflée pour passer inaperçue. Ces deux interventions ont également permis de récupérer trois véhicules utilisés dans le cadre des activités criminelles.

Les six suspects interpellés ont été présentés aux procureurs des tribunaux de Lakhdaria à Bouira et de Béchar. Selon le communiqué officiel, ces opérations s’inscrivent dans la continuité des efforts des forces de sécurité pour contenir le trafic de stupéfiants, un fléau qui reste fortement implanté dans certaines régions du pays et qui alimente des réseaux transnationaux.

Le modus operandi des trafiquants révèle une organisation structurée et des filières étendues au-delà des frontières nationales. Le kif continue de circuler en quantité notable, malgré les interventions répétées des forces de sécurité. La coordination entre services spécialisés et brigades locales semble de plus en plus efficace.

Ces saisies mettent en lumière l’importance de maintenir une lutte constante contre le trafic de drogues et de renforcer les dispositifs de contrôle aux frontières. Elles illustrent également les défis permanents que doivent relever les forces de sécurité, confrontées à des méthodes de plus en plus ingénieuses de la part des trafiquants.

Alors que l’Algérie reste une cible stratégique pour les filières de stupéfiants en provenance du Maroc et d’autres pays voisins, ces deux opérations en moins d’une semaine montrent au moins que la vigilance et l’action coordonnée peuvent porter leurs fruits. Pour la population, c’est un message clair : l’État ne relâche pas ses efforts et entend réduire la présence de la drogue.

Mourad Benyahia 

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Algérie : quand l’État « socialise » la justice économique

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Palais du gouvernement.
Palais du gouvernement.

Alors que la lutte contre la corruption demeure une priorité affichée des pouvoirs publics, une nouvelle mesure vient de faire son apparition dans l’arsenal législatif social : les salariés des entreprises dont les biens ont été confisqués à la suite de condamnations définitives pour corruption sont désormais habilités à bénéficier de dispositifs de protection sociale exceptionnels.

Publié dans le Journal officiel n°82 du 14 décembre 2025, le décret exécutif signé par le Premier ministre habilite ces travailleurs à accéder, selon leur situation, au départ anticipé à la retraite, à l’assurance chômage, ou à des indemnités compensatoires pour ceux ne pouvant prétendre aux deux premières options.

Ce texte, sans équivalent dans l’histoire récente de la législation sociale, illustre une tentative — délicate et paradoxale — de coupler rigueur judiciaire et responsabilité sociale. Il étend les mécanismes de protection à des catégories souvent prises entre deux feux : sanctionnées par la justice économique mais laissées dans l’incertitude sociale.

Le décret précise que les dossiers seront instruits par la Caisse nationale de retraite, avec dépôt possible par les travailleurs eux‑mêmes ou par les administrateurs nommés par l’État à la tête des structures saisies. L’effet de la retraire anticipée est acté à compter de la date de dépôt du dossier, traduisant une volonté affichée de limiter les zones de rupture sociale.

Cette décision ne surgit pas dans un vide politique ou économique. Elle s’ajoute à un ensemble de mesures récentes destinées à soulager les couches sociales les plus vulnérables : revalorisation des pensions, révisions du Salaire national minimum garanti et discussions en cours sur l’adaptation des règles de fin de carrière dans certains secteurs.

Pour les observateurs, ce texte est révélateur d’un État conscient des fractures sociales qui sous‑tendent la crise de confiance entre les institutions et les citoyens. En protégeant les travailleurs contre les effets collatéraux des sanctions économiques, l’appareil législatif tente de conjurer une dangereuse équation : comment sévir contre la corruption sans abandonner ceux qui, souvent, n’en sont que les victimes silencieuses ?

Cette démarche, qu’on pourrait qualifier — dans un sens socialement responsabilisé — de polis sociale en temps de crise, pose néanmoins des questions profondes. Jusqu’où peut‑on étendre la protection sociale sans diluer les responsabilités individuelles et collectives ? Et comment concilier justice, efficacité économique et cohésion sociale dans un contexte où les attentes populaires en matière de transparence et de redistribution restent élevées ?

Plus qu’un simple ajustement technique, ce texte est un signe fort : la bataille contre la corruption, pour être légitime, ne peut ignorer l’impact humain de ses décisions.

Mourad Benyahia 

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