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Marseille : un assassinat qui vise une famille engagée, le parquet explore la piste d’un message criminel

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Mehdi Kessaci
Mehdi Kessaci assassiné par des criminels affiliés au narcotrafic à Marseille.

Le meurtre du jeune frère d’Amine Kessaci, survenu jeudi 13 novembre à Marseille, bouleverse une ville déjà éprouvée par l’escalade des violences liées aux trafics. Le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée, tout en reconnaissant que l’hypothèse d’un “message adressé” n’est pas écartée.

Derrière cette formule, une réalité brutale : l’idée que des réseaux criminels puissent viser, non plus seulement des rivaux ou des intermédiaires, mais des proches de figures publiques engagées contre leur emprise.

Mehdi Kessaci, âgé d’une vingtaine d’années, venait de sortir de sa voiture dans le 4ᵉ arrondissement lorsque les tireurs ont fait feu. Il n’avait aucun antécédent judiciaire. Ses proches rappellent son ambition de rejoindre les forces de l’ordre : il devait repasser le concours de gardien de la paix dans les prochaines semaines. Son parcours, loin des circuits de la délinquance, renforce l’idée d’un ciblage délibéré sans lien avec un éventuel contentieux personnel.

Selon le procureur Nicolas Bessone, plusieurs éléments orientent les enquêteurs vers un homicide planifié, exécuté par un commando organisé. La nature des tirs, la rapidité de l’action et la fuite des assaillants sans laisser de trace identifiable évoquent les méthodes habituelles des règlements de comptes liés au narcotrafic. Mais dans ce dossier, l’élément le plus troublant reste le profil de la victime : un jeune homme sans implication criminelle et issu d’une famille militante.

Depuis plusieurs mois, Amine Kessaci, fondateur de l’association Conscience et voix forte contre les réseaux de stupéfiants, faisait l’objet de menaces explicites. Très exposé médiatiquement, il était devenu une figure qui dérange. Ses prises de position contre les trafiquants, ses interventions dans les quartiers touchés, son engagement pour offrir des alternatives aux jeunes ont fait de lui un symbole de résistance citoyenne. Face au risque grandissant, le ministère de l’Intérieur lui avait accordé une protection policière permanente, mesure exceptionnelle pour un acteur associatif.

L’assassinat de Mehdi, son jeune frère, survient donc dans un climat de tension croissante. Pour de nombreux observateurs, il marque une nouvelle étape dans la stratégie des groupes criminels : s’attaquer à l’entourage de figures publiques pour intimider, faire taire, ou rappeler leur capacité à frapper où ils veulent et quand ils veulent. Cette logique de terreur, déjà observée dans d’autres contextes, plonge Marseille dans une inquiétude profonde, car elle touche au cœur même du lien social.

Dans les quartiers nord comme dans le centre-ville, la nouvelle a provoqué stupeur et colère. Les habitants dénoncent une ville prise en otage par des réseaux qui défient ouvertement l’État. Beaucoup y voient l’échec des politiques sécuritaires successives, incapables d’enrayer l’économie de la drogue et les violences qui en découlent. Les acteurs associatifs, eux, s’inquiètent pour celles et ceux qui, comme Amine Kessaci, se battent pour offrir des issues à la jeunesse. Le risque d’un découragement généralisé est réel.

Malgré la douleur, Amine Kessaci a rappelé sa détermination : « On ne se taira pas. » Le parquet, lui, s’en remet désormais à la police judiciaire pour identifier les auteurs et éclaircir les motivations exactes du meurtre. L’enquête devra dire si ce drame est un avertissement ou un acte isolé. Pour Marseille, il s’agit surtout d’un signal d’alarme supplémentaire, dans une ville où la frontière entre crime organisé et vie quotidienne se fait chaque jour plus fragile.

Mourad Benyahia 

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« Bonjour la France : Boualem Sansal libre et déterminé »

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Boualem Sansal
Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison a retrouvé la liberté

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a retrouvé sa liberté après un an de détention, à la suite d’une intervention présidentielle allemande. Dans son premier entretien avec Kamel Daoud, à Berlin, il s’est montré vif, joyeux et optimiste, déclarant : « Bonjour la France, je reviendrai, nous vaincrons ».

Boualem Sansal a raconté les conditions de son incarcération. Seule sa femme, Naziha, venait le voir régulièrement. Privé de tout moyen de communication après la confiscation de ses documents et de son téléphone, il vivait dans une quasi-isolement total. La lecture était limitée aux ouvrages religieux ou en arabe, tandis que les autres livres circulaient via une petite contrebande achetée avec des cigarettes ou des friandises. Écrire était impossible.

Malgré ces conditions, l’écrivain a senti le soutien international : certaines indications lui ont montré que son affaire attirait l’attention hors d’Algérie. Son transfert vers un service hospitalier sous surveillance a marqué un changement dans son traitement, passant du statut de détenu à celui de patient surveillé.

Boualem Sensal a refusé d’« adoucir ses positions », affirmant : « Vingt années supplémentaires en prison valent mieux que de limiter ma liberté d’expression ». Toutefois, il se dit ouvert au dialogue pour normaliser les relations entre l’Algérie et la France, rappelant : « La France est amie de l’Algérie, le régime est responsable de l’hostilité. L’Allemagne peut jouer un rôle positif ».

Rappelons que Sansal avait été arrêté en novembre 2024 à Alger, après des propos controversés sur l’histoire de l’Ouest algérien, diffusés sur une chaîne française, entraînant une condamnation à cinq ans de prison et 500 000 dinars d’amende. Sa libération symbolise un tournant diplomatique et illustre l’impact du soutien international sur les dossiers sensibles.

Aujourd’hui libre, Boualem Sansal affiche une énergie retrouvée et une volonté intacte de continuer à écrire et s’exprimer, rappelant que la liberté de pensée et le dialogue sont au cœur de son combat.

Djamal Guettala 

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«La main d’Avi » de Hamid Bouzid : un voyage de mémoire et de réconciliation entre deux rives

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À travers La main d’Avi, Hamid Bouzid signe un récit émouvant où se mêlent quête identitaire, mémoire historique et espoir de réconciliation. En suivant le voyage d’Avi, jeune Français d’origine juive algérienne, l’auteur ravive une histoire longtemps tue : celle des liens brisés entre juifs, musulmans et chrétiens d’Algérie.

Entre témoignage personnel, fiction inspirée du réel et réflexion universelle, l’ouvrage tend une main fraternelle pour reconstruire la mémoire partagée des deux rives de la Méditerranée.

Le livre La main d’Avi de Hamid Bouzid, publié chez Nombre 7, s’impose comme une œuvre profonde et nécessaire, à la croisée du récit autobiographique, de l’essai historique et du roman identitaire. À travers la voix d’Avi Timsit, jeune Français d’origine juive algérienne, l’auteur entreprend un véritable voyage de mémoire. Ce périple, qui mène le protagoniste de la France à l’Algérie, devient le symbole d’un retour aux sources, d’une quête de sens et d’identité. Avi, curieux de comprendre les silences de sa famille et les non-dits de son histoire, cherche à percer les mystères d’un passé marqué par la colonisation, les injustices et les fractures mémorielles.

Ce retour au pays des ancêtres prend la forme d’un itinéraire à la fois initiatique et spirituel, où chaque rencontre, chaque lieu, chaque témoignage éclaire un pan oublié de la mémoire franco-algérienne. En revisitant le décret Crémieux, qui en 1870 fit des juifs d’Algérie des citoyens français, l’auteur dénonce une politique d’assimilation arbitraire qui a contribué à séparer des communautés jusque-là unies. Par le biais du regard d’Avi, Bouzid met en lumière les blessures du colonialisme, la complexité du rapport à l’identité et les séquelles de la guerre d’indépendance, encore perceptibles dans les mémoires collectives.

Mais au-delà du constat historique, Hamid Bouzid s’attache à réconcilier les mémoires. Son héros découvre une Algérie vivante, hospitalière et multiculturelle, bien loin des clichés et des préjugés. À travers des personnages bienveillants et des paysages empreints de spiritualité, l’auteur redonne souffle à une Algérie plurielle, celle où juifs, musulmans et chrétiens cohabitaient avant les déchirements de l’histoire. Ce roman devient ainsi une méditation sur l’appartenance et la transmission, une invitation à comprendre d’où l’on vient pour mieux se situer dans le monde.

En somme, La main d’Avi n’est pas seulement un récit de voyage ; c’est un chemin de réconciliation, un appel à la mémoire partagée et à la fraternité retrouvée entre les deux rives de la Méditerranée.

Hamid Bouzid est un journaliste et écrivain algérien, contraint à l’exil en France en 2004 suite à la censure de ses chroniques. Il est un observateur attentif de la société algérienne et franco-algérienne.

Dans son œuvre, il aborde la question essentielle de la mémoire et de la réconciliation. Son écriture s’inscrit dans une démarche à la fois historique, humaniste et pédagogique, cherchant à réparer les fractures héritées du passé colonial et à rétablir la vérité sur des pans d’histoire souvent occultés ou déformés.

Ce travail de mémoire se retrouve au cœur de ses deux ouvrages majeurs,

La main d’Avi : Ce roman est un chemin de réconciliation et un appel à la mémoire partagée entre les deux rives de la Méditerranée, à travers le voyage initiatique d’Avi Timsit. Le cri de la grande bleue : Cette œuvre s’inscrit dans la continuité thématique, explorant les sujets de l’exil et de la méditerranéité. Elle met en lumière les épreuves des migrants et des exilés, renouvelant son engagement en faveur de l’humanisme et de la solidarité entre la France et l’Algérie.

En somme, l’écriture d’Hamid Bouzid est un geste de paix et d’humanité, un manifeste moral qui utilise la littérature comme un pont pour le dialogue et l’unité.

Hamid Bouzid, à la fois journaliste, écrivain et observateur attentif de la société algérienne et franco-algérienne, aborde dans La main d’Avi une question essentielle : celle de la mémoire et de la réconciliation. Son écriture s’inscrit dans une démarche à la fois historique, humaniste et pédagogique, cherchant à réparer les fractures héritées du passé colonial et à rétablir la vérité sur des pans d’histoire souvent occultés ou déformés. Par la voix d’Avi, alter ego partiel de l’auteur, Bouzid donne vie à une génération tiraillée entre deux rives, deux cultures et deux appartenances, mais animée par le même besoin de vérité et de reconnaissance.

À travers ce personnage, Hamid Bouzid met en scène une quête identitaire profondément intime : comprendre les raisons du silence, parfois douloureux, de la génération précédente, celle des juifs constantinois qui ont cru à l’indépendance de l’Algérie et l’ont défendue avant de devoir la quitter. Ce silence, à la fois honte et protection, cache la déchirure d’un exil forcé, d’un sentiment d’abandon et d’une perte d’appartenance. Avi devient le porte-parole de tous ces enfants d’exilés qui cherchent à renouer avec leur passé, non pas pour juger, mais pour comprendre et reconstruire.

Dans ce récit, Hamid Bouzid met en lumière la richesse et la complexité de l’identité algérienne, faite de multiples influences : juive, musulmane, kabyle, chrétienne, amazighe et méditerranéenne. Loin des discours simplificateurs, il rappelle que l’Algérie a toujours été un creuset de cultures et de spiritualités, un espace de coexistence avant d’être un lieu de division. En revisitant cette mosaïque identitaire, l’auteur appelle à dépasser les tabous historiques, à guérir les blessures mémorielles laissées par la colonisation, la guerre et les exils successifs.

La démarche de Bouzid n’est donc pas seulement littéraire ; elle est aussi citoyenne et éthique. Elle vise à retisser les liens entre les mémoires dispersées et à restaurer une vérité collective fondée sur la reconnaissance mutuelle. En redonnant une voix à ces Algériens juifs oubliés de l’histoire officielle, il ouvre un espace de dialogue entre les communautés, et surtout entre le passé et le présent. La main d’Avi devient ainsi une œuvre de réconciliation des mémoires et des cœurs, un pont entre la douleur du souvenir et l’espérance d’un avenir commun.

L’un des aspects les plus marquants de La main d’Avi réside dans la réhabilitation d’une mémoire oubliée, celle des juifs algériens patriotes qui, malgré leur engagement pour l’indépendance, ont été effacés des récits officiels. Hamid Bouzid redonne une place à ces hommes et femmes qui ont lutté pour une Algérie libre, tels que Daniel Timsit ou Alice Cherki, rappelant que leur judaïté ne les a jamais détachés de leur algérianité. En évoquant ces trajectoires longtemps tues, il rend justice à une part occultée de l’histoire nationale et propose une lecture apaisée, loin des clivages religieux ou politiques. Par ce travail de mémoire, l’auteur s’oppose à toute forme d’exclusion et revendique la pluralité comme fondement même de l’identité algérienne.

Hamid Bouzid s’inscrit ainsi dans la lignée d’une Algérie rêvée par Abane Ramdane, celle d’une république laïque, juste et fraternelle, où toutes les confessions peuvent cohabiter dans la paix et le respect. En rappelant les idéaux du Congrès de la Soummam et les principes de la Révolution algérienne avant leur dévoiement, il souligne la nécessité de revenir à ces valeurs fondatrices : la solidarité, la tolérance et la primauté du citoyen sur l’appartenance religieuse. L’auteur oppose cette vision humaniste à la dérive identitaire et au repli communautaire qui ont souvent marqué les décennies post-indépendance.

L’apport du livre est également esthétique et moral. Par un style limpide, direct et sincère, Hamid Bouzid parvient à rendre l’histoire accessible et vivante. Son écriture, empreinte d’émotion et de vérité, relie les destins individuels – celui d’Avi, de ses parents, de ses rencontres – à la grande Histoire de l’Algérie et de la Méditerranée. Le texte devient un tissage de voix, de mémoires et de sensibilités, où chaque personnage contribue à reconstruire un pont entre les peuples et les générations.

Enfin, Bouzid rend hommage à une galerie de figures intellectuelles et morales qui ont marqué la conscience algérienne et universelle : Jean et Taos Amrouche, symboles d’une Algérie spirituelle et lettrée ; Germaine Tillion, l’ethnologue résistante amoureuse du peuple algérien ; Simone Veil, symbole de courage et de réconciliation ; ou encore Benjamin Stora, historien des mémoires franco-algériennes. Par ces références, l’auteur inscrit son œuvre dans une chaîne de transmission et de résistance humaniste, affirmant que la mémoire partagée est la seule voie vers la paix et la compréhension mutuelle.

Ainsi, La main d’Avi se révèle bien plus qu’un récit personnel : c’est une œuvre de mémoire et de transmission, un manifeste littéraire et moral en faveur du dialogue, de la reconnaissance et de la fraternité entre les peuples.

L’impact de La main d’Avi repose sur la force universelle de son message de réconciliation. En choisissant de revisiter la mémoire franco-algérienne à travers une histoire personnelle nourrie de faits réels, Hamid Bouzid dépasse les clivages identitaires et les rancunes héritées du passé. Son œuvre agit comme un pont symbolique entre les deux rives de la Méditerranée, entre la France et l’Algérie, mais aussi entre les différentes composantes de la société algérienne : juifs, musulmans, chrétiens, berbères et européens. Là où l’histoire officielle a souvent dressé des murs, Bouzid propose une passerelle faite de dialogue, de respect et de compréhension.

En bousculant les préjugés et les représentations figées, l’auteur rappelle que les souffrances de part et d’autre ont la même origine : l’injustice, l’exil, la déchirure. Son roman montre que l’identité n’est pas une barrière mais une richesse, que la mémoire ne doit pas servir à raviver les rancunes, mais à guérir les blessures. À travers la figure d’Avi, jeune homme issu d’une double culture, Bouzid illustre la possibilité d’un vivre-ensemble réinventé, où la connaissance de l’autre devient une forme de réconciliation intérieure. L’Algérie qu’il décrit n’est pas celle des divisions, mais celle d’un peuple fier, accueillant et solidaire, dont la chaleur humaine fait tomber les frontières symboliques et morales.

Le livre agit aussi comme un outil de transmission. Hamid Bouzid s’adresse particulièrement aux jeunes générations, trop souvent éloignées de l’histoire commune de leurs parents et grands-parents. Il les invite à « regarder l’histoire en face », sans honte ni haine, à questionner les silences familiaux et à s’approprier un héritage longtemps fragmenté. En ce sens, La main d’Avi devient un appel à la mémoire partagée, à une pédagogie du dialogue et à une réappropriation lucide du passé.

Par sa dimension humaniste et apaisée, le récit contribue à réparer le lien entre les peuples que la guerre et l’exil ont brisé. En montrant que la fraternité peut renaître du souvenir, Bouzid propose une autre lecture de l’histoire, fondée sur la reconnaissance mutuelle plutôt que sur la culpabilité. Il nous rappelle que la réconciliation n’est pas une illusion, mais un acte de courage collectif, un devoir de vérité envers ceux qui ont souffert, et un gage d’avenir pour les enfants des deux rives.

Ainsi, l’impact de La main d’Avi dépasse largement la littérature : il s’agit d’un geste de paix et d’humanité, un message d’unité qui redonne espoir à ceux qui croient encore en une Algérie et une France réconciliées par la mémoire, non divisées par elle.

La main d’Avi s’impose comme un véritable voyage de mémoire et d’espérance, à la fois personnel et collectif. Hamid Bouzid y déploie une réflexion profonde sur la transmission, le pardon et la nécessité de renouer avec l’histoire pour mieux construire l’avenir. Le titre lui-même, La main d’Avi, revêt une dimension symbolique forte : celle d’une main tendue, main du fils vers le père, du présent vers le passé, mais aussi d’un peuple vers un autre. Ce geste d’ouverture et de réconciliation résume à lui seul la portée du récit : il s’agit d’un appel à dépasser les frontières, les rancunes et les identités figées pour retrouver une humanité commune.

Le livre relie ainsi la France et l’Algérie dans une même démarche de vérité. Il refuse les récits univoques et les mémoires exclusives pour proposer une lecture apaisée, où chacun peut reconnaître sa part d’histoire. En faisant dialoguer les voix, les lieux et les souvenirs, Bouzid restaure ce lien brisé par la colonisation et la guerre, et invite à concevoir la mémoire non comme un fardeau, mais comme une force de réconciliation. Son écriture, à la fois simple et profondément sincère, touche par sa capacité à faire revivre des émotions universelles — la perte, la nostalgie, la fierté, la fraternité.

Ce récit se distingue par son humanisme lumineux. L’auteur ne cherche ni à juger ni à opposer, mais à comprendre et à relier. Il met en avant la possibilité d’un avenir commun fondé sur la reconnaissance mutuelle, la justice et la bienveillance. En cela, La main d’Avi dépasse le cadre du roman pour devenir une leçon de mémoire et de paix, un texte qui nous rappelle que la vérité historique n’a de sens que si elle ouvre la voie au respect et à l’amour de l’autre.

Hamid Bouzid nous enseigne, à travers ce périple initiatique, que la paix des mémoires ne naît ni de l’oubli ni du ressentiment, mais de la lucidité et du dialogue. Son œuvre nous invite à tendre la main, à écouter l’autre, à reconnaître la pluralité de nos histoires pour mieux bâtir un avenir commun. La main d’Avi n’est donc pas seulement un hommage au passé : c’est une promesse d’espérance, un plaidoyer pour la réconciliation entre les peuples et les générations, un pont entre la douleur d’hier et la lumière de demain.

Brahim Saci

Le livre La main d’Avi, Éditions Nombre 7

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Mali : deux généraux et des dizaines de militaires arrêtés

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Mali

En août 2025, plusieurs dizaines de militaires maliens ont été arrêtés par la junte pour « tentative de déstabilisation des institutions ». Parmi eux, deux hauts gradés, les généraux Abass Dembélé et Néma Sagara, qui ont été formellement inculpés ce 13 novembre 2025 « pour atteinte à la sûreté de l’État ».

Ces deux généraux ont été présentés mercredi et jeudi devant le juge d’instruction du tribunal militaire de Bamako, capitale du Mali. Pour la première fois depuis leur arrestation, il y a un peu plus de trois mois, des avocats ont pu les voir physiquement.

Le général Abass Dembélé est apparu « amaigri, mais avec un bon moral », témoigne un avocat. Quant à Néma Sagara, également général, « elle est éreintée, on lit sur son visage le poids de la privation de la liberté », confie la même source.

Ils ne reconnaissent pas les faits

Devant le juge d’instruction, un colonel-magistrat, les deux hauts gradés ont été entendus pendant plusieurs heures, avant notification de leur inculpation pour « tentative de déstabilisation » et « atteinte à la sûreté de l’État ». Ils ne reconnaissent pas les faits.

En octobre dernier, ils ont été radiés de l’armée par décret présidentiel. Plusieurs dizaines d’autres militaires maliens ainsi qu’un diplomate français en poste à Bamako ont été également arrêtés dans le cadre de la même affaire.

RFI

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Le Collectif de défense de Chérif Mellal communique

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Cherif Mellal
Le détenu Cherif Mellal paye cher son engagement pour la Kabylie

Le collectif de défense du détenu d’opinion Cherif Mellal, ancien président de la JSK, a rendu public ce communiqué.

Chérif Mellal, ancien président de la JSK, est privé de liberté depuis le 19 janvier 2023. Cela fait près de trois ans qu’il vit séparé de sa famille, aujourd’hui installée en Allemagne, et en particulier de ses enfants en pleine adolescence, qui suivent de loin, impuissants, la manière dont leur père est traité.

Ses enfants, eux-mêmes citoyens Algériens, grandissent avec la douleur de voir leur pays agir injustement envers leur père, qui n’a pourtant cessé de respecter la loi.

Depuis le début, Chérif Mellal a répondu présent à toutes les convocations, obtempéré à chaque étape de la procédure, et n’a jamais tenté d’invoquer une autre nationalité, et ce contrairement à ce que l’on a pu observer dans des affaires récentes.

Il a assumé sa qualité de citoyen algérien avec dignité, sans jamais chercher le moindre avantage.

Pourtant, le 23 octobre 2024, il a été condamné à quatre années de prison ferme, une peine confirmée le 25 février 2025 en appel, malgré des irrégularités flagrantes et des manquements graves aux principes devant prévaloir lors d’ un procès équitable.

Dans cette affaire, le principe de justice a tout simplement été battu en bréche.

Pendant que certains bénéficient de décisions rapides et avantageuses pour des raisons liées à leur situation personnelle ou à leur nationalité, le pourvoi en cassation de Chérif Mellal reste en attente, sans justification aucune prolongeant une attente devenue intolérable.

Cette différence de traitement heurte profondément la conscience collective.
Elle pèse lourdement sur une famille qui regarde l’Algérie depuis l’étranger, espérant un sursaut de justice.

Elle marque surtout ses enfants, qui vivent cette injustice au quotidien et ne comprennent pas pourquoi leur père n’est pas traité comme les autres, comme tout justiciable Algérien.

Notre mandant ne réclame aucun privilège. Il réclame simplement que la loi soit appliquée en vertu du principe d’ égalité. que la justice soit la même pour tous, et que ses droits fondamentaux soient respectés.

Aujourd’hui, sa libération s’impose comme une nécessité à la fois morale et juridique.

Elle est indispensable pour rétablir la justice, soulager une famille meurtrie, et restaurer la confiance dans nos institutions.

Collectif de défense de Chérif Mellal.
Le 14 novembre 25.

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Martine Vassal retire ses délégations à Nora Preziosi : entre droit et mise au pas politique

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Nora Preziosi
Nora Preziosi

À Marseille, le climat politique s’échauffe déjà à l’approche des municipales de 2026. La présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, a pris une décision symbolique mais lourde de sens : le retrait des délégations qu’elle avait confiées à Nora Preziosi, après que celle-ci a officialisé sa candidature à la mairie de Marseille.

L’arrêté signé le 12 novembre 2025 abroge les missions attribuées à l’élue depuis avril 2024, notamment dans le domaine de la politique de la ville et du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU). Ce retrait intervient peu après l’annonce de la candidature de Nora Preziosi, en tandem avec Erwan Davoux, dans une démarche se voulant « citoyenne » et indépendante des partis traditionnels.

Sur le plan juridique, Martine Vassal est dans son plein droit. Le Code général des collectivités territoriales lui permet de retirer à tout moment une délégation, mesure qui repose uniquement sur la confiance politique. En d’autres termes, il ne s’agit ni d’une sanction ni d’une illégalité, mais d’un acte administratif fondé sur la rupture d’un lien de confiance.

Sur le plan politique, en revanche, la décision résonne comme une mise au pas. Martine Vassal, déjà fragilisée par des critiques internes et plusieurs départs dans son entourage, adresse un message clair à son camp : toute velléité d’indépendance sera sanctionnée. Ce retrait s’inscrit aussi dans un contexte tendu, marqué par la précédente éviction de Nora Preziosi de la présidence du bailleur social 13 Habitat, décision que la justice avait confirmée malgré son recours.

Cette nouvelle rupture illustre la désunion de la droite marseillaise, déchirée entre fidélité à Vassal et volonté de renouvellement. En tentant d’imposer la discipline, la présidente risque paradoxalement d’accentuer l’image d’un pouvoir autoritaire et d’alimenter la défiance au sein de son propre camp.

À quelques mois du début officiel de la campagne municipale, le dossier Preziosi met en lumière les failles d’un système où la délégation devient un instrument de contrôle politique. Si le droit donne raison à Martine Vassal, l’opinion pourrait y voir une manœuvre défensive, signe d’un leadership fragilisé et d’une droite en quête de souffle.

Mourad Benyahia 

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Carrefour : Rodolphe Saadé entre au capital et au conseil d’administration

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Carrefour

Rodolphe Saadé, président du groupe maritime CMA CGM, fera son entrée au conseil d’administration de Carrefour le 1er décembre 2025, devenant ainsi le deuxième actionnaire du géant de la distribution avec une participation de 4 % du capital, pour un investissement estimé à 400 millions d’euros.

Rodolphe Saadé remplace Eduardo Rossi, représentant de la holding Peninsula de la famille du milliardaire brésilien Abilio Diniz, décédé en janvier 2024. Le principal actionnaire de Carrefour demeure la famille Houzé, propriétaire des Galeries Lafayette.

Cette opération stratégique revêt une double portée. Pour la famille Saadé, elle renforce sa présence au Brésil, un marché clé où Carrefour est fortement implanté. L’an dernier, CMA CGM avait déjà consolidé son influence dans le pays avec l’acquisition de Santos Brasil, le principal opérateur portuaire brésilien. « Le Brésil est un pays à très fort potentiel, où la croissance est au rendez-vous », souligne Rodolphe Saadé. Pour CMA CGM, désormais numéro trois mondial du transport maritime, avec près de 700 navires et une présence dans 160 pays, cette implantation complète sa force logistique et commerciale dans un pays à forte dynamique économique.

Pour Carrefour, l’arrivée d’un actionnaire stable et influent vise à rassurer les marchés sur la solidité de son actionnariat, alors que le groupe, dirigé par Alexandre Bompard, poursuit sa stratégie internationale et sa transformation numérique. Cette nouvelle présence au capital constitue également un signal fort pour les investisseurs, garantissant une stabilité dans un contexte de concurrence accrue et d’évolution des habitudes de consommation.

Au-delà du transport et de la distribution, l’opération illustre la diversification de la famille Saadé. Déjà très présente dans les médias – BFM TV, RMC, La Provence, La Tribune, et le média vidéo Brut – et dans le cinéma avec 20 % du capital de Pathé, la famille étend désormais son influence à la grande distribution. Cette stratégie d’ouverture à plusieurs secteurs stratégiques, couplée à une implantation internationale, démontre sa capacité à allier vision économique, diversification culturelle et expansion globale.

L’entrée de Rodolphe Saadé au capital de Carrefour, combinée à la présence historique de CMA CGM au Brésil, illustre ainsi une stratégie de long terme où les secteurs de l’industrie, du commerce et de la culture se croisent, renforçant le rôle de la famille Saadé comme acteur incontournable sur plusieurs marchés majeurs et dans la scène économique internationale.

Mourad Benyahia 

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En Algérie, un opposant entre en prison, un homme de 80 ans en sort

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Boualem Sansal
L'écrivain Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison a été libéré.

Un écrivain, intellectuel et opposant était entré en prison. C’est un homme de 80 ans qui en ressort. On ne peut pas échapper à cette dimension humaine. La perception qu’on a du visage des gens est directement liée à la réalité qui nous fait face.

On le savait, on le disait mais c’est au moment de l’annonce de sa libération que la réalité m’est venue plus distinctement à mon esprit. Même si on le savait, c’était le fond de l’affaire, son injustice et la personnalité de l’homme qui avaient beaucoup occulté cette réalité d’un homme de 80 ans que seule la lâcheté peut prétendre qu’il soit un danger pour la nation.

Boualem Sansal avait été condamné pour intelligence avec un État étranger. C’est un État étranger qui s’immisce dans la décision des juges algériens par une demande de grâce qui lui est accordée. C’est au nom de la prétention du valeureux sentiment de fierté nationale que la décision avait été prise, c’est au nom de la fausseté de ce sentiment qu’elle s’évapore.

Qu’a fait cet homme de 80 ans ? Il a violé, assassiné, pris les armes contre son pays ? Non, il a tout simplement écrit des mots et prononcé des paroles. Il avait pourtant le droit de tout écrire et de tout dire sur son pays natal, le sien.

Peut-on imaginer un homme de 80 ans mettre en péril une nation ? C’est avouer sa faiblesse de le faire croire. Boualem Sansal n’est pas le seul incarcéré en Algérie pour opposition politique mais il en est l’arbre qui cache la forêt. Que cet arbre dissimule tout le reste est à prendre en compte mais ne jamais en faire un argument pour ne pas en rendre compte.

Ce n’est pas nouveau dans l’histoire de l’humanité, ce sont les figures les plus connues dans un combat qui en compte bien d’autres qui s’incrustent dans les mémoires. Cela me dérange mais aujourd’hui nous avons à faire à un homme de 80 ans, affaibli et certainement détruit dans sa capacité de combat.

Il est des exils dont on revient disait Napoléon mais il en est qui dont on ne revient plus, cela avait été son cas. Cette comparaison n’est évoquée que pour la généralisation du propos et non pour équivalence des personnages.

Il ne reste à cet homme de quatre-vingt ans que la mémoire d’une brisure ou la tentation d’une vengeance. Ni l’une ni l’autre ne pourront vaincre l’âge si ce n’est à laisser la place à la réflexion.

J’ai été l’un des plus farouches critiques de Boualem Sansal et de Kamel Daoud mais ni pour leur droit à la parole libre ni pour le reniement de leur talent mais d’avoir dérivé dangereusement vers les milieux et opinions de l’extrême droite. Ce qui d’ailleurs est un droit absolu même si je le critique.

Et si cela est à modérer, ils ont certainement donné le flanc à cette idéologie d’extrême droite dont les partisans voulaient les entendre dire ce qu’ils disaient.

Face à un homme de 80 ans, je ne retiendrai que la facette la plus positive. L’âge mûre est celui de la meilleure rencontre avec l’humanité. Il est l’âge de la raison et plus la fougue exposée aux fautes.

80 ans, dans dix ans, j’espère que j’aurais la même sérénité de l’esprit car si, contrairement au malheureux Boualem, je n’ai pas connu la prison, j’aurais moi aussi perdu mon pays.

Boumediene Sid Lakhdar

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Solidarité modulable : Tadjadit, Sansal ou le génie et l’indigène

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Mohamed Tadjadit
Mohamed Tadjadit. Crédit photo : DR

« Deleuze cite les paroles suivantes de Sartre : « En un mot, la littérature constitue la subjectivité d’une société en état de révolution permanente. ». »  (1)

Aller au secours d’un des siens, ce ne peut être qu’une vertu que naturellement tous louent. Mais la victime a réussi à s’attirer les regards de « l’aristocratie du monde » (Régis Debray). Qu’est-ce qui empêche la droite de parler de la vacance du poste d’intellectuel engagé, quand la gauche (pas toute) se désengage de tous ses attributs historiques sans la moindre retenue morale ? Sartre est mort, et je loue sa mort parce qu’il aurait été sali par la vie d’un champ intellectuel où seules quelques tribunes sont diffusées pour défendre les opprimés et où tous prennent leurs distances vis-à-vis des causes humaines. Plutôt en sélectionnent. La solidarité reste une valeur essentielle dont use l’humain pour préserver son humanité et échapper à ce qui vient des dominants. Marie-Claude Blais écrit : « Les idées d’association et de coopération, renforcées par le développement des sciences de la nature, jouent un rôle immense dans l’émergence de la notion de solidarité qui accompagnera toutes les réflexions sur la “science sociale” au cours du siècle. » (1)

Le cas du poète Mohamed Tadjadit et de Boualem Sansal est édifiant. Sansal a atteint l’universalité par le fait d’avoir été emprisonné. L’écho a été bien suivi. La lecture populaire progressiste consacre la rupture avec des concepts creux utilisés comme credo par les chancelleries occidentales et par les espaces où diverses officines exercent. Les intellectuels, on leur accordera les circonstances atténuantes, sont occupés par les guerres menées par les sionistes au peuple palestinien et par la guerre russo-ukrainienne. Rien de cela : silence radio. La scène intellectuelle s’est-elle tellement ringardisée, voire infestée ? Si les détenus d’opinions ne sont pas défendus par les intellectuels progressistes, c’est parce qu’ils auraient été porteurs de messages qui n’intéressent par les chancelleries occidentales. Jamais vu, les détenus sont livrés à la répression exercée par le pouvoir et leur cas n’a pas eu de portée à la mesure de l’universel. Celui-ci n’atteint pas les « corps vivants invisibles ». Claude Obadia écrit : « Transcendantal selon les uns, chimérique selon les autres, l’universel est régulièrement mis au banc des accusés. » (2)

Boualem Sansal écrivain répondant aux standards « internationaux » ; ça suffit. Non ? C’est défendre la lumière et le génie, c’est vaincre le diable qui loge partout dans les pays décolonisés. Certes, Boualem Sansal a défié le pouvoir dans plusieurs de ses interventions médiatiques du temps du président déchu ; mais il n’a pas refusé le confort auquel donnent accès les médias et les divers espaces culturels. Cela se comprend et…se défend. 

En revanche, Mohamed Tadjadit évolue dans un espace qui n’intéresse nullement les progressistes : il écrit au peuple peut-être… en l’essentialisant. La solidarité universelle n’est pas le devoir des seuls peuples civilisés. On voit des partis de la droite algérienne s’allier avec le diable pour laisser la répression s’exercer sans moindre résistance. Le cas de Mohamed Tadjadit incarne le pouvoir qu’ont les droites officielles et populistes sur le peuple. Nos progressistes s’enorgueillissent de leur chauvinisme nationaliste. Nous n’avons pas vu des travaux de recherche universitaires liés à la poésie populaire engagée. Une poésie qui, que je sache, n’existe pas. Cela pose de sérieuses problématiques universitaires, philosophiques, sociologiques et éthiques. « La poésie populaire – chant ou chanson – et le conte sont les deux principaux genres de la littérature populaire. Grâce à la mélodie, la poésie est enregistrée dans la mémoire collective et sa transmission de bouche à oreille, d’une contrée à une autre et d’une génération à une autre, reste assurée. Toutefois, les études consacrées à cette poésie, voire à la littérature populaire de manière générale, sont peu nombreuses, comparées à celles faites sur la poésie « classique »i. » (3)

L’épistémè a joué le jeu

« Les comportements discriminatoires tels que le racisme ou le sexisme s’accompagnent en effet de représentations stéréotypées des groupes à l’égard desquels la discrimination s’exerce… » (4) La stéréotypisation de l’image de l’intellectuel joue contre les poètes populaires. Ceux-ci font intervenir des fragments discursifs sur lesquels les idéologies « nationales » et non « civilisationnelles » ne sont pas en harmonie. Dans l’image occidentale, le poète symbolise la sensibilité la plus extrême et la plus importante ; alors qu’en Algérie, il ne symbolise que l’inverse de la virilité et de la bravoure. Dans ses errances intellectuelles, le sujet algérien colle au poète, pour le discréditer, et à tort, la féminité ; alors que la féminité a ses symboles révolutionnaires et historiques. Si Boualem Sansal est défendu c’est que l’espace sémiotique de l’Occident n’accepte pas que l’intellectuel soit malmené ; mais pour défendre Tadjadit, il faut passer par les réseaux d’influence et les groupes de pression, qui, en Algérie, sont tenus par les conservateurs, toutes tendances confondues, y compris la droite ethnoculturelle. Le poète qui s’exprime en kabyle ou en arabe populaire n’intéresserait jamais les cercles de pression liés à la finance ou au savoir consacré. Ces groupes défendent des thématiques religieuses, d’une part ; et identitaire, d’autre part. 

Ecrire en arabe populaire ou en kabyle, c’est se jeter à la marge réservée aux damnés et aux proscrits. Cela nous renvoie directement à la gauche du mouvement d’avril quatre-vingts. La gauche des avrilistes a réussi un coup de maître : chasser l’essentialisation que la droite du mouvement voulait, suite à des tendances pathologiques et à des penchants narcissiques, à tout prix imposer. 

En gros, Sansal, c’est Sansal ; Tadjadit, c’est Tadjadit. Tous, dans le système auquel nous appartenons et auquel nous contribuons, savent ce qui les attend : les jeux de coulisses pour certains, des gouttes d’encre pour d’autres, des commentaires de presse pour les journaleux, des fonctionnalités numériques pour les internautes. Et tout se plie en quelques heures. Le système se serait nourri de notre psyché et de notre sang, et tout rentre dans l’ordre. L’imprévu a été prévu. Le commandant de bord ne perd pas son identité ni bio-civil, ni ontique.

Abane Madi

Notes bibliographiques : 

  1. Kôjin Karatani, « La fin de la littérature moderne », dans Fabula-LhT, n° 6, « Tombeaux de la littérature », dir. Alexandre Gefen, May 2009,URL : http://www.fabula.org/lht/6/karatani.html, page consultée le 12 November 2025. DOI : https://doi.org/10.58282/lht.138
  2. Blais, Marie-Claude. « Solidarité : une idée politique ? ». Solidarité(s) : Perspectives juridiques, édité par Maryvonne Hecquard-Théron, Presses de l’Université Toulouse Capitole, 2009, https://doi.org/10.4000/books.putc.218.   
  3. Obadia, C. (2009). Entre le même et l’autre, l’Universel. Le Philosophoire, 31(1), 113-120. https://doi.org/10.3917/phoir.031.0113.     
  4. In OULED HADDAR, S. (2020). La poésie populaire algérienne dans la Revue africaine: Quelles expressions?. مجلة الواحات للبحوث و الدراسات, 13(2), 1569-1587. https://asjp.cerist.dz/en/article/138078 
  5. Georges Schadron, « De la naissance d’un stéréotype à son internalisation », Cahiers de l’Urmis [En ligne], 10-11 | 2006, mis en ligne le 15 décembre 2006, consulté le 12 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/urmis/220 ; DOI : https://doi.org/10.4000/urmis.220 

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Après Brahim, un deuxième frère d’Amine Kessaci assassiné à Marseille

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Amine Kessaci
Le frère d'Amine Kessaci tué

Marseille est de nouveau plongée dans le deuil et l’angoisse. Ce jeudi 13 novembre 2025, le frère du militant écologiste et président de l’association Conscience, Amine Kessaci (sur la photo), a été abattu en plein après-midi dans le 4e arrondissement. La tragédie frappe la famille cinq ans après la mort de Brahim, autre frère d’Amine, retrouvé mort dans une voiture incendiée en décembre 2020, sur fond de narcotrafic.

La victime, âgée de 20 ans, se trouvait au volant d’une Audi Q3, appartenant à sa sœur, devant une pharmacie au rond-point Claudie-Darcy, non loin du siège du Conseil départemental. Vers 14h30, alors qu’il venait de s’arrêter dans ce quartier qu’il fréquentait régulièrement, un commando de deux hommes casqués, juchés sur un trail Yamaha, a surgi. L’un d’eux a ouvert le feu, touchant le jeune homme par trois balles au thorax et une quatrième à la main. Le commando a immédiatement pris la fuite vers le 13e arrondissement, disparaissant malgré la mobilisation rapide des forces de l’ordre.

À l’arrivée des marins-pompiers et du Samu 13, le jeune homme était déjà en arrêt cardiaque. Les équipes médicales ont tenté en vain de le réanimer. Il a été déclaré décédé vers 15h30. Selon La Provence, il rêvait de devenir policier et devait repasser le concours de gardien de la paix le mois prochain. Son nom était surtout connu du grand public en raison de son lien avec Amine Kessaci, engagé depuis la mort de son frère Brahim dans la lutte contre le narcotrafic et le banditisme à Marseille.

Amine Kessaci, âgé de 22 ans, est devenu une figure locale après ce premier drame familial. Militant écologiste et président de l’association Conscience, il accompagne les familles victimes du narcotrafic et dénonce régulièrement l’emprise des trafiquants sur la ville. Il avait récemment publié un livre, Marseille, essuie tes larmes. Vivre et mourir en terre de narcotrafic, une lettre ouverte à son frère Brahim et un cri contre la violence qui gangrène les quartiers marseillais. Le destin tragique de son jeune frère rend aujourd’hui ce titre particulièrement poignant.

Les services de l’État avaient détecté des menaces contre la famille Kessaci depuis plus d’un mois. Amine bénéficiait déjà d’une protection policière permanente. La brigade criminelle de la DCOS a ouvert une enquête pour tenter de comprendre si le meurtre constitue un message d’intimidation visant la famille ou une erreur de cible. La préfète de police déléguée, Corinne Simon, et le maire de Marseille, Benoît Payan, se sont rendus sur place pour constater l’ampleur du drame et soutenir les proches.

Un proche a confié : « Le petit frère d’Amine était tout aussi engagé que lui dans la lutte contre le narcotrafic. Il accompagnait partout le combat de l’association Conscience. Perdre de nouveau un frère, le plus jeune… c’est un choc terrible. Espérons que toute la famille sera protégée et que justice sera faite. »

Cette nouvelle tragédie relance une fois de plus le débat sur la sécurité à Marseille et la capacité de la ville à protéger ses habitants face aux règlements de comptes liés au narcotrafic. Les familles comme les Kessaci, engagées publiquement contre ces réseaux criminels, restent particulièrement exposées à la violence. Les habitants du 4e arrondissement, choqués par l’attaque en plein jour, témoignent de leur inquiétude face à la montée de la criminalité dans leur quotidien.

Alors que la ville tente de se relever de ce nouvel épisode sanglant, la mémoire de Brahim et de ce deuxième frère assassiné se mêle désormais à celle d’Amine Kessaci, qui continue de porter son combat. La douleur familiale se transforme en cri civique : Marseille, confrontée à ses ombres et à ses violences, ne peut plus ignorer la détresse de ceux qui refusent de plier devant les trafiquants.

Synthèse Mourad Benyahia

Le Matin d’Algérie présente ses sincères condoléances à la famille Kessaci et exprime tout son soutien à Amine Kessaci dans cette épreuve terrible. La rédaction se tient aux côtés de ceux qui, comme lui, s’engagent courageusement contre la violence et le narcotrafic à Marseille.
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