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Tamurt icudden amedyaz d…  tamuḍint !

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Mohamed Tadjadit
Mohamed Tadjadit

Tamurt irran takmamt i umedyaz, i t-igren di tesraft, ur tezmir ad tili d tamurt gar tmura i igan azal i umdan, d argaz neɣ d tameṭṭut, akken ibɣu yili. 

Ur tezmir ad taɣ amkan deg igerwan ibedden d talast gar izerfan akked yal tasnareft/dictature.

S tuqqna n Mohamed Tadjadit di 5 iseggasen n unekraf, tamurt n Lezzayer tekcem aluḍ-nni n yir ammus (1).

Akken bɣunt ilint tecrurin i yas-d-aâllqen akken ad as-sbibben yal tamsalt, zun ikker-d d acengu n tmurt-is, ass-a yiwen Uzzayri ur ittamen tikerkas-nni. 

Tamsalt tefra, ur telli tagut : « taɣdemt n tmurt-nneɣ teqqen Mohamed Tadjadit akken ad as-rren takmamt, akken ad issusem ».

Maca, ur izmir yiwen ad yerr takmamt i umedyaz di tiɣri-s, di twuɣa-s i tayri n tmurt-is. Nnan-t imedyazen sdat-s :

Eǧǧet-iyi abrid ad aâddiɣ 

Iwumi iyi-tugadem 

Ifasssen ur kkaten ara

I tira iwumi laqen (2)

….

Azekka ad t-inin imedyazen ara d-ikkren, s tiɣri yugaren tin illan ass-a, ad iddu ssut-nsen, ad izger akkin i tɣilla.  

Maca, maca… tasusmi n tmurt ass-a ur telli d ayamun ad d-iglun ayen ilhan. 

Maca, ur iẓri yiwen ma d tin zun n tidderɣelt, n ‘’tesmeḍ n wul’’ n waṭan i d-innulfan, neɣ d tin kan n usemnenni n wurfan, tirint nnig tayeḍ, ar d-yaweḍ wass-nni ideg ara yaɣ uḥeǧǧaǧu ameqqran n waklan idduklen di ddra n tlelli-nsen…

Tamawt 

Si berru n Boualem Sansal si lḥebs deg was n 13/11/2025, iteddu wawal, zun d ayen issewhamen : « amek adabu d-ibran i Boualem Sansal, ikkat s wa ijebber s wa, deg wass-is iwwet Mohamed Tadjadit s 5 iseggasen, amek ? ».

Tidet kan : tuṭṭfa n Sansal ɣer lḥebs d laâr, berru i yas-d-bran d aârayen, am wawal-nni n umedyaz (3) !

D tamsalt n wass-a i yessefken ad teg talast gar teɣdemt/justice akked tsertit :  asmi ara tbeddel teɣdemt n Lezzayer, ur tettili d taqeddact n tsertit, ass-nni ad ikkes wugur d ameqqran ɣef tmurt…

Aumer U Lamara 

Timerna / Notes :

1. Tiɣimit n teɣdem n Dar El Beida (tribunal criminel) n wass n 11/11/2025, tefra s tefgurt/peine n 5 iseggasen n unekraf/lḥebs, akked 200 000 DA i Mohamed Tadjadit.

2. Asefru n umedyaz Lhacène Ziani ; d asefru i cnan yakan ‘’Ideflawen’’.

3. D awal n umedyaz ameqqran, Yusef U Qasi (1680 – 1740 ?), asmi yas-inna yiwen ilemẓi :

– A Dda Yusef, ad nemaâbbar ? 

Nnan, irra-yas Yusef U Qasi :

– Ma nemaâbbar di sin, akken i teffeɣ taâkes : ma ugareɣ-k, ad as-inin « ẓer kan, d laâr, irna-t umɣar ! », ma tugareḍ-iyi, ad as-inin : « ẓer kan, d aârayen, ikker ad imaâbbar akked umɣar ! ».

* Amaâbber : lutte gréco-romaine – amaziɣ.

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Manon Aubry en Cisjordanie occupée : « J’ai vu la réalité de l’apartheid »

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Manon Aubry
Manon Aubry. Crédit photo : DR

Avant même son retour en Europe, Manon Aubry a lancé un avertissement clair. Dans un message publié sur X (ex-Twitter), l’eurodéputée française a déclaré :

« Alerte : Israël veut m’arrêter pour avoir montré la réalité de l’occupation en Palestine. Je suis en Cisjordanie, occupée illégalement selon le droit international. Je ne céderai pas à leurs menaces. Interpellez les autorités : votre relais est ma protection ! »

Cette prise de parole, d’une rare gravité, éclaire le contexte de son déplacement et la portée de son témoignage. Elle affirme être visée pour avoir révélé, depuis le terrain, ce qu’elle décrit comme un système d’apartheid assumé.

De retour d’une mission en territoires occupés, Manon Aubry raconte une Palestine morcelée, surveillée et étouffée. Hébron, Silwan à Jérusalem-Est, et le village chrétien de Taybeh composent un triangle saisissant où se déploie un contrôle multiforme : militaire, administratif, territorial. À ses yeux, ces trois lieux racontent la même histoire : celle d’un peuple vivant sous un régime de domination qui ne dit plus son nom.

Hébron : une ville coupée en deux

À Hébron, la séparation est visible à chaque rue. Les colons circulent librement ; les Palestiniens, eux, avancent au rythme des checkpoints, des fouilles et des restrictions. Boutiques fermées, rues désertées, miradors surplombant les maisons : l’espace public est quadrillé. Pour une mère qui accompagne son enfant à l’école ou un travailleur qui se rend à son emploi, chaque déplacement devient un acte d’endurance.

« La ville ressemble à une carte postale déchirée », confie Manon Aubry, frappée par l’abîme qui sépare les deux réalités coexistant sur un même trottoir.

À Silwan, autre scène de cette géographie fragmentée, près de 40 000 habitants vivent sous la menace permanente d’expulsion. Les maisons sont numérotées comme on coche une liste. Certaines voient leurs fondations fragilisées par des tunnels creusés sous leurs pieds au nom d’un projet archéologique destiné à réécrire la ville au bénéfice des colons.

Ici, explique Aubry, « le projet n’est pas seulement de contrôler le présent, mais de réécrire le passé ». L’urbanisme devient un instrument politique, une manière de réduire progressivement l’espace palestinien jusqu’à le rendre inhabitable.

Taybeh : l’étouffement silencieux

Dernier bastion chrétien de Cisjordanie, Taybeh vit un encerclement plus discret mais tout aussi implacable. Les habitants sont isolés, pris au piège par des routes interdites, des postes militaires et une liberté de circulation réduite au minimum.

Les jeunes grandissent dans l’incertitude, les projets se heurtent aux restrictions, mais la communauté continue de préserver ses traditions, son hospitalité et sa foi. Le village tient, malgré tout.

Pour Manon Aubry, ces trois étapes ne sont pas des exceptions : elles forment un système de domination intégré, où tout — le droit, la géographie, la force militaire, les infrastructures — est conçu pour limiter le développement palestinien, entraver la circulation, diviser les territoires et épuiser la résistance.

« Rien n’est laissé au hasard », affirme-t-elle.

Ce qui la frappe le plus, pourtant, ce ne sont pas les dispositifs de contrôle, mais la dignité des Palestiniens. Les mères qui rebroussent chemin plutôt que de laisser un soldat humilier leur enfant. Les familles qui rebâtissent les murs détruits. Les jeunes qui continuent de rêver malgré un horizon cadenassé.

« Leur résistance est une manière de dire au monde que la vie continue », dit-elle.

Un témoignage sous pression

Le message publié sur X, où elle dit craindre une arrestation, souligne la tension qui entoure son déplacement. Une élue européenne déclarant publiquement être menacée pour avoir documenté une situation d’occupation : l’alerte est lourde de sens.

Ses soutiens estiment que cette pression vise à dissuader toute voix internationale trop critique. Les autorités israéliennes, pour l’heure, ne réagissent pas officiellement.

Mais le récit qu’elle rapporte ne laisse pas indifférent. Derrière chaque checkpoint, chaque maison promise à la destruction, chaque route interdite, il y a des existences et une résilience qui force le respect.

Et c’est précisément ce qu’elle affirme avoir voulu montrer : la réalité d’un apartheid quotidien, vécu par des millions de Palestiniens depuis des décennies.

Mourad Benyahia 

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Le pays où le futur refuse d’être livré

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Tebboune et Chanegriha
Tebboune et Chanegriha : une diarchie sans vision et hors d'âge.

On nous promet modernité, autosuffisance et numérique triomphant. En réalité, tout coince : les ingénieurs manquent, les compétences fuient, et les prix des hydrocarbures vont glisser vers le bas. La question n’est plus “que faire ?”, mais “que restera-t-il à sauver ?”.

Il faut vivre ici pour comprendre ce paradoxe : en Algérie, tout commence bien, tout est annoncé fort… et tout se grippe au moment de faire. Les stations de dessalement se multiplient sur les plans, mais l’eau reste rare. La numérisation s’affiche comme priorité nationale, mais sans les ingénieurs capables de la porter. L’autosuffisance alimentaire est proclamée chaque saison, pendant que les produits de base s’arrachent au prix fort. Et au milieu de ces urgences qui s’entassent, le dinar glisse vers son plus bas niveau, signe d’une économie qui souffle déjà avant d’avoir avancé d’un pas.

Chez nous, ce n’est jamais l’idée qui manque : c’est la capacité à la transformer en réalité.

Pendant que le monde prépare déjà 2026, nous préparons des discours. Une poudre sans effet, longtemps utilisée comme calmant collectif, désormais réduite à un mensonge transparent. Ailleurs, on calcule les équilibres budgétaires ; ici, on calcule les dates des annonces officielles. Et pendant que nous entretenons l’illusion, la nouvelle s’impose : les prix des hydrocarbures vont baisser. Pas seulement le pétrole. Le gaz aussi. Sobrement, mécaniquement, inévitablement. Le marché mondial ne connaît ni l’optimisme patriotique ni les injonctions télévisées : il suit ses courbes, pas nos illusions.

La baisse des hydrocarbures n’est pas nouvelle. Elle reviendra toujours. Ce qui change, c’est notre incapacité à apprendre d’elle. Rappelez-vous : en 1986, elle a fissuré le pays jusqu’à l’effondrement social. En 2014, elle a révélé la fragilité d’un modèle bâti sur le sable. Et aujourd’hui, alors que le cycle revient, nous nous comportons comme si rien n’allait se produire, alors que l’événement obéit pourtant à une régularité d’horloge.

C’est désormais toute l’ère Tebboune, son entourage et son clan qui se retrouvent devant l’épreuve que l’Histoire impose à chaque pouvoir : “Qu’avez-vous bâti pendant que les hydrocarbures vous portaient ?” Et la réponse, une fois de plus, donne froid.

Nous voici en 2025 avec des infrastructures en retard, des compétences en exil, une économie dépendante d’une ressource capricieuse, et des millions de jeunes qui n’y croient plus. Les hydrocarbures ne sont pas le problème.

Le problème, c’est de continuer à les traiter comme une assurance-vie politique plutôt que comme un marché instable.

Notre pays ne manque pas de ressources. Il manque d’organisation. Il ne manque pas d’idées. Il manque de continuité. Il ne manque pas d’intelligence. Il manque d’un État qui lui fasse confiance.

On parle de souveraineté alimentaire, mais on n’arrive pas à stabiliser les prix. On parle de transformation numérique, mais les démarches de base s’écroulent devant une simple connexion. On parle de dessalement, mais on manque d’ingénieurs. On parle beaucoup. On réalise peu.

Et l’exil comble la différence.

Les élites ne partent pas parce qu’elles n’aiment pas ce pays. Elles partent parce qu’on ne leur permet pas d’y travailler. Elles partent parce qu’on aime les compétences tant qu’elles restent silencieuses. Elles partent parce qu’on confond la loyauté avec l’obéissance. Le départ de nos talents n’est pas un dommage collatéral : c’est un diagnostic.

Alors oui, 2026 arrivera comme toutes les autres années où la manne des hydrocarbures s’est effondrée : brutale pour ceux qui croient encore au miracle, évidente pour ceux qui lisent les chiffres.

Ce ne sera ni une malédiction ni une surprise. Ce sera simplement la conséquence d’un pays qui ne fabrique pas son avenir, mais qui attend qu’on le lui livre par pipeline.

2026 n’apportera pas la crise. Elle apportera le miroir. Et dans ce miroir, nous verrons enfin ce que la rente cache depuis soixante ans : un pays qui a tout pour réussir, mais qui refuse de se donner les moyens d’y parvenir.

Même les hydrocarbures, un jour, se lassent d’être les seuls à travailler.

Zaim Gharnati

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Calendrier CAN 2025 au Maroc : le programme complet des matchs

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CAN

La Coupe d’Afrique des Nations 2025 se tient au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026. Cette 35ᵉ édition marque l’histoire en s’étendant pour la première fois sur deux années civiles. Un total de 52 rencontres sera organisé en 29 jours à travers six villes marocaines, promettant un spectacle footballistique d’exception.

Six villes hôtes et neuf stades pour accueillir la compétition

Le Maroc a mis en place un dispositif d’envergure avec neuf enceintes sportives réparties dans six métropoles. La capitale, Rabat, joue un rôle majeur en accueillant quatre stades, dont l’emblématique Stade Prince Moulay Abdellah qui hébergera la cérémonie d’ouverture et le match décisif. Les autres sites retenus sont Casablanca et son Stade Mohammed V, Agadir avec le Stade Adrar, Marrakech et son Grand Stade, Fès avec le stade de son complexe sportif, et Tanger avec le Stade Ibn-Batouta.

Les rencontres de poules débuteront à 18h00 et 20h30 (heure française), la finale étant prévue à 20h00. Ce planning permettra aux passionnés de football du monde entier de vivre chaque moment clé de la compétition en direct.

Premier tour : dix jours de compétition du 21 au 31 décembre 2025

Le tournoi s’ouvrira le 21 décembre avec la rencontre entre le Maroc et les Comores au Stade Prince Moulay Abdellah de Rabat. Durant les dix journées suivantes, les 24 sélections qualifiées s’affronteront quotidiennement dans des duels opposant têtes d’affiche et formations ambitieuses.

Le premier tour se clôturera le 31 décembre, proposant aux spectateurs un calendrier dense avec de nombreuses rencontres attractives. Chaque formation disputera trois matchs pour arracher sa qualification en huitièmes de finale. Les deux premiers de chaque poule accéderont directement à la phase suivante, rejoints par les quatre meilleurs troisièmes.

Phases finales : du 3 au 18 janvier 2026

Après une pause dédiée aux festivités du Nouvel An, le tournoi reprendra le 3 janvier 2026 avec le début des huitièmes de finale. Ces confrontations à élimination directe se dérouleront dans l’ensemble des villes hôtes, notamment au Stade Ibn-Batouta de Tanger, au Stade Mohammed V de Casablanca, au Stade Moulay Abdellah de Rabat, au Stade Adrar d’Agadir, au Stade du Complexe sportif de Fès et au Grand Stade de Marrakech.

Les demi-finales sont programmées pour le 14 janvier 2026, une à Rabat et l’autre à Tanger. Ces deux chocs majeurs désigneront les équipes qui se disputeront le titre. La petite finale aura lieu le 17 janvier au Stade Mohammed V de Casablanca, suivie du match pour le sacre continental le 18 janvier au Stade Prince Moulay Abdellah de Rabat.

Un rendez-vous historique pour le football africain

Cette édition 2025 s’annonce parmi les plus compétitives de l’histoire de la compétition africaine. Le Maroc, pays organisateur, cherchera à reproduire l’exploit de la Côte d’Ivoire, titrée à domicile en 2024. Les Lions de l’Atlas attendent un deuxième sacre continental depuis leur unique titre obtenu en 1976 et auront à cœur de briller devant leur public.

Cette compétition constituera une formidable vitrine pour le football du continent africain. Les installations sportives de dernière génération , l’organisation méticuleuse et la ferveur des supporters garantiront une ambiance exceptionnelle durant tout le tournoi. Chaque rencontre, chaque réalisation, chaque performance remarquable contribuera à écrire une nouvelle page de cette compétition mythique.

Suivez en temps réel tous les résultatsscores et temps forts de chaque match de la CAN 2025 sur cette page actualisée quotidiennement. Retrouvez également les classements actualisés de chaque groupe et l’historique complet des vainqueurs de la Coupe d’Afrique des Nations.

Rfi

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Le RCD alerte sur «l’impasse économique» et pointe les dérives d’une gouvernance sans cap

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Atmane Mazouz
Atmane Mazouz, président du RCD. Crédit photo : Hamid Arab

Réuni le 14 novembre, le Secrétariat national du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a livré un diagnostic sévère de la situation du pays. Si le parti d’opposition évoque les blocages politiques, le rétrécissement des libertés et les errements diplomatiques, c’est surtout l’état alarmant de l’économie nationale qui concentre l’essentiel de ses inquiétudes.

Un déficit budgétaire « hors norme » qui interroge la soutenabilité financière de l’État

Au cœur des préoccupations du RCD, la loi de finances 2026, présentée comme un révélateur de l’impasse dans laquelle s’enfonce l’économie algérienne. Le déficit annoncé – plus de 9 000 milliards de dinars, soit 54 % du budget global et plus de 22 % du PIB – constitue, selon le parti, un signal critique.

Pour le RCD, de tels déséquilibres « interrogent gravement sur la capacité de l’État à se financer par les voies conventionnelles ». En filigrane, le parti évoque la possibilité d’un retour déguisé au financement non conventionnel, une politique monétaire qui, dans le passé, a contribué à accélérer l’inflation et à fragiliser davantage le dinar.

Un taux de change en chute libre, symptôme d’une crise de confiance

Le communiqué souligne également l’effritement continu du dinar sur le marché parallèle, devenu un véritable baromètre de la défiance. L’écart toujours plus grand avec le taux officiel est interprété comme le signe d’une tension monétaire profonde et d’une perte de confiance généralisée dans la capacité des institutions à stabiliser l’économie.

Le RCD estime que cette situation résulte d’une politique économique « sans vision », marquée par des décisions dispersées, des restrictions tous azimuts et une absence de stratégie de diversification crédible.

Une économie asphyxiée par les contrôles et dépendante d’une rente épuisée

Loin des discours officiels sur la relance, le parti décrit un paysage économique où « l’État subventionne l’échec et taxe la production ».

Dans son analyse, le RCD dénonce un environnement peu propice à l’investissement, où la bureaucratie, l’instabilité réglementaire et la méfiance du pouvoir envers l’initiative privée bloquent l’émergence d’un tissu économique solide.

Les tensions persistantes sur les produits de première nécessité et les intrants industriels sont évoquées comme les conséquences directes d’un système incapable d’assurer la sécurité d’approvisionnement. L’économie, souligne le parti, reste enfermée dans une logique rentière, où le court terme l’emporte systématiquement sur la planification.

Un contexte politique verrouillé qui aggrave l’incertitude économique

Si l’accent principal est mis sur les difficultés financières et structurelles, le parti rappelle que la dégradation économique ne peut être dissociée du contexte politique. Le verrouillage du champ médiatique et partisan, illustré notamment par la lourde condamnation infligée au poète Mohamed Tadjadit, contribue selon le RCD à un climat d’inquiétude et d’anticipation négative.

L’affaire Boualem Sansal, emprisonné puis libéré après une médiation internationale, est citée comme un révélateur supplémentaire d’un système judiciaire « à géométrie variable », accentuant l’incertitude et dissuadant l’initiative dans tous les secteurs, y compris économique.

Une gouvernance économique fragilisée par l’instabilité institutionnelle

Le RCD pointe également les hésitations du pouvoir autour des réformes annoncées : loi sur les partis politiques, code communal, code de wilaya, code électoral… Préparées puis mises entre parenthèses, relancées puis suspendues, ces réformes témoignent d’une lutte interne pour le contrôle des leviers institutionnels, estime le parti.

Cette instabilité aurait un impact direct sur l’économie, en créant un environnement imprévisible pour les opérateurs économiques, nationaux comme étrangers.

Pour le RCD, la sortie de crise passe par un sursaut national. Au-delà du constat critique, le parti appelle à un débat national approfondi, incluant acteurs politiques, syndicaux et société civile, afin d’identifier les voies d’un redressement économique et institutionnel.

Le RCD insiste : aucune relance n’est possible dans un contexte de fermeture politique. La restauration de la confiance, indispensable au redémarrage de l’investissement, passe selon lui par une transition démocratique, l’abrogation des lois liberticides et l’ouverture du champ public.

En filigrane, le communiqué du RCD présente une économie nationale au bord de l’essoufflement, prise en étau entre un déficit budgétaire record, une monnaie en chute libre, un appareil productif fragilisé et une gouvernance jugée incohérente.

Pour le parti, la situation économique ne pourra s’améliorer sans une refondation globale des mécanismes de gouvernance et des institutions politiques.

Samia Naït Iqbal

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Monsieur Boudjemaa, vous être le retour du spectre de la mort

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Peine de mort
La peine de mort pourrait être réactivée en Algérie. Photo : DR

Il y a bien longtemps j’avais publié dans le Matin d’Algérie, un article sous le titre, « En finir avec la monstruosité de la peine de mort ». Un parmi tant d’autres à ce sujet dans la presse algérienne mais certainement le plus complet. Suspendue depuis 1993, voilà que le spectre de la mort légalisée revient avec votre proposition.

Aujourd’hui je ne peux m’empêcher de le faire à travers les arguments que j’avais tant défendus et défends encore à propos de ce déni de l’humanisme. Devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN), monsieur le ministre de la Justice, vous annoncez le projet de réactivation de la peine capitale, gelée dans son exécution depuis 1993.

Quelques passages seront repris de mon ancien article dans ce journal car sur un tel sujet il ne peut y en avoir d’autres, ni en contradiction avec sa propre conscience ni avec le souci d’en rechercher de nouveaux. Ce serait renier la profonde conviction que est en moi, dans mon éducation, mon instruction et mon très long et difficile chemin pour construire une personnalité humaine digne de la vie qui m’a été offerte. Ce n’est certainement pas pour demander de la supprimer à d’autres

Le faux argument de l’exemple dissuasif

Si nous reprenons les arguments avancés par les partisans de la peine de mort, il en est un qui est des plus fragiles. Selon eux, la peine de mort serait le risque encouru qui stopperait le bras de l’assassin au dernier moment de son projet criminel. Son envie d’échapper à la mort serait bien plus forte que son irrésistible envie de tuer. 

Si la peine de mort était si dissuasive, cela se saurait  depuis longtemps. Elle n’a jamais eu et n’aura probablement jamais ce pouvoir. De nombreuses études sur la criminalité ont prouvé que la seule raison qui peut éventuellement dissuader l’assassin est le risque d’être confondu et arrêté.  

L’argument de la réduction de la violence criminelle dans la société est donc des plus faux car jamais il n’a pu être validé dans l’histoire humaine. En fait, l’argument se retourne aussi facilement car si nous regardons la carte mondiale des exécutions capitales, c’est presque en symétrie que nous découvrons la présence de la violence civile dans les pays qui maintiennent la peine de mort. Aussi bien dans le cas particulier des États-Unis que dans celui de bien d’autres. Ce qui se passe est tout à fait le contraire et il y a souvent un parallélisme évident entre les deux.

L’argument ne peut tenir en lui-même, sans avoir besoin de recourir à l’évidence statistique. Comment peut-on, tout à fait tranquillement, prétendre qu’exécuter un être humain, surtout lorsque cela est public, dissuaderait du crime ? Pas besoin d’assister à une seule heure de cours de sociologie, d’histoire ou de psychologie pour penser que l’effet pervers obtenu est l’inverse absolu de ce qui est prétendu. 

Donner la mort au nom du droit et de la justice ?

Drôle de façon de concevoir le droit et la justice qui ont été durement arrachés tout au long des siècles à une conception antique et moyenâgeuse. Ce n’est que récemment, au XIX ème siècle, que certains intellectuels ont réagi et combattu ce qui leur semblait être contraire aux valeurs humaines.

Mais il a fallu très longtemps pour que cette évidence apparaisse aux yeux de très nombreux États dans le monde. Hélas il y a encore beaucoup trop d’exceptions et, plus décourageant encore, des pays qui reviennent à la peine capitale. C’est le cas des Etats-Unis.

Donner la mort au nom du droit et de la justice est un reniement de l’humanisme qu’il faut encore et encore combattre.

Les décisions de justice en matière pénale sont rendues au nom du peuple. Une phrase qui ouvre l’exposé de la sentence. Non, monsieur le ministre, ce n’est pas en mon nom qu’on exécute un être humain. Je ne suis pas né sur cette terre pour cautionner une telle abomination.

La loi du Talion, une réponse aux souffrances infligées aux proches ?

C’est là encore un argument des plus avancés et classiques que reprennent les défenseurs de la mise à mort. Vous dites que devant l’explosion de la violence et des crimes, la société réclame le retour de la sanction par la peine capitale.

Ce serait justice qu’appliquer cette sentence en réponse à l’effroyable souffrance des proches des victimes. L’argument est à priori cohérant avec la notion de justice. Le mot trouve son origine dans une racine latine. Justicia, avec le suffixe –itia qui exprime l’état d’être. Au final, être doté de l’esprit de justice me dit le dictionnaire que j’ai consulté.

Mais comme rien ne peut faire revenir l’être cher ou réparer une monstruosité, la peine de mort est inutile pour faire balance entre une abomination et un appel à une autre. Bien d’autres peines sont assez lourdes pour évoquer le bon droit de la justice. La condamnation à perpétuité est déjà une peine qui prive  le criminel d’une très grande partie de sa vie.

Mais, dans la certitude que mon article choquerait beaucoup, je n’irai pas jusqu’à avouer mon opinion qui consiste à dire que la condamnation à la perpétuité est l’équivalent d’une peine de mort (en fait, je viens de le dire). Je suis rassuré que la perpétuité réelle soit inexistante ou rarissime dans son accomplissement.

La justice n’est pas une vengeance et doit répondre à l’inacceptable par de très lourdes peines mais ne pas exiger ce qui n’est pas possible, interdire une vie pour compenser une profonde douleur. La mort ne compense jamais la mort.

La terrible et irréversible erreur judiciaire

Donner la mort est un acte irréversible, que penser d’une erreur judiciaire qui ne pourra jamais être réparée. C’est terrible que cette décision d’enlever la vie à un innocent. C’est l’une des responsabilités les plus lourdes de conséquences que puisse faire la justice humaine. 

On pourrait me rétorquer que dans la majorité des cas, l’aveu ou la preuve détruisent l’argument de l’erreur judiciaire. Et pourtant, ni l’un ni l’autre ne sont une certitude. La vérité judiciaire n’est pas la vérité absolue. 

La justice humaine peut-elle donner la mort dans ce cas, même rare ? Peut-on évoquer la rareté statistique pour jouer aux dés. Un seul cas suffirait pour enlever à la justice son honorabilité. La rareté constatée par les statiques n’enlèvera jamais les exemples d’erreurs judicaires dans le monde et dans l’histoire de la civilisation humaine.

Les pratiques hors de l’humanité de la mise à mort

L’exécution à mort, c’est comme un concours d’innovation pour spectacle, elle est aussi diversifiée que le génie humain lorsqu’il se met au service du mal. En Chine, lorsque l’exécution est publique et massive, on aligne les condamnés, on les agenouille et on leur tire une balle dans la nuque. En Iran, on accroche la corde à son support et on attise la foule qui se réunit autour pour assouvir sa soif morbide de vengeance (ou plutôt de spectacle). Puis on amène le condamné et on lui passe la corde au cou. 

Mais le spectacle ne serait pas si réjouissant si un scénario macabre n’était pas prévu. On fait venir la famille de la victime en pleurs et on lui demande si elle pardonne le crime. Et voilà que le condamné hurle sa demande de pardon avec des gesticulations monstrueusement horrifiantes.

Un suspense fait taire la foule et accélère le pouls des spectateurs, que va décider la famille ? Ce jour-là, pour les besoins d’un reportage télévisé que j’avais vu, on avait préparé le scénario, les parents avaient déjà accordé le pardon. Et lorsqu’ils expriment ce pardon devant la caméra, en direct, voilà que ce pauvre bougre leur cri sa reconnaissance éternelle. Il venait de voir la mort de près.

Mais plus sordide encore, une scène d’un autre reportage vu à la télévision, elle se déroule aux États-Unis cette fois-ci. La responsable de la communication de la prison d’un État installe les membres de la famille dans une pièce où ils sont invités à voir le spectacle à travers une vitre. Pour l’occasion, pas de pardon de dernière minute du gouverneur, il n’y a qu’au cinéma que cela se passe. 

L’homme est réellement exécuté, nous ne voyons pas la scène mais celle du retour de notre charmante chargée de communication. Toute souriante, elle commence par : « Alors, vous avez vu, cela a été magnifique ? » Et je m’imagine, encore aujourd’hui, un dialogue qui aurait pu convenir à la même scène car la dame, propre sur elle, semblait tout autant dire : « Vous n’avez rien raté ? Avez-vous vu les gémissements et le dernier souffle ? Vous n’étiez pas trop loin ? Vous voulez boire quelque chose? ».

Voilà qu’arrive maintenant dans le stade sa vedette, le bourreau. Énorme gaillard, cagoulé même si ce n’est pas la honte qui le fait rougir mais la nécessité de l’anonymat. Fonctionnaire de l’État, il s’en retournera à la maison, l’esprit serein d’avoir bien fait son boulot.

Et bien d’autres scènes qui sortent de la civilisation humaine pour entrer dans autre chose, son reniement.

Monsieur le ministre, comment pouvez-vous dormir tranquille avec vos paroles même si elles sont dictées par Abdelmadjid Tebboune (puisque vous le dites) ? Dans le premier cas vous êtes un monstre froid, dans le second, un servile complice d’une monstruosité.

Boumediene Sid Lakhdar

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Michel Valkovic : «Traducteurs, soyez attentifs à ce qui se publie dans l’autre langue »

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Michel Valkovic
Michel Valkovic

Depuis plus d’une décennie, Michel Valkovic fait le pari audacieux de faire découvrir la littérature grecque moderne au public francophone. Traducteur passionné, éditeur indépendant et amoureux des mots, il a fondé Le Miel des anges en 2013 pour publier des textes de qualité souvent jugés « trop rares » pour les grandes maisons.

Poésie, nouvelles, théâtre, chants populaires… son catalogue témoigne d’une exigence et d’une curiosité sans compromis. Dans cet entretien, Michel Valkovic revient sur son parcours, ses choix éditoriaux, les défis de la traduction et de la diffusion, ainsi que sur ses conseils aux jeunes traducteurs et éditeurs désireux de faire connaître des littératures étrangères peu publiées.

Le Matin d’Algérie : Qu’est-ce qui vous a motivé à vous concentrer sur la littérature grecque moderne et à créer Le Miel des anges en 2013 ?

Michel Valkovic : J’ai découvert le grec moderne à trente ans, sans avoir jamais étudié le grec ancien, et suis tombé amoureux de cette langue. Je l’ai apprise avec passion, j’ai découvert une littérature très riche, encore largement méconnue chez nous, et me suis mis à la traduire trois ans plus tard.

J’ai beaucoup travaillé avec diverses maisons d’édition, grandes ou petites, avant de me décider à ouvrir ma propre boutique, pour deux raisons. Je voulais :

— publier certains textes de grande qualité, mais pas assez commerciaux pour intéresser les éditeurs existants ;

— travailler librement, sans être brimé dans mes choix ou devoir négocier à tout moment pour qu’on les accepte.

Le Matin d’Algérie : Pourquoi la poésie occupe-t-elle une place importante dans vos publications ?

Michel Valkovic : La poésie est ce qu’il y a de plus difficile à vendre, donc elle reste sous-traduite.

Celle des Grecs est d’une richesse exceptionnelle en quantité comme en qualité. J’aime la poésie, je m’y plonge comme dans un bain délicieux. Traduire la poésie, c’est difficile, donc passionnant.

Le Matin d’Algérie : Vous publiez également de la prose et du théâtre. Comment sélectionnez-vous ces œuvres et quels critères vous guident ?

Michel Valkovic : Après avoir commencé par la poésie, nous nous sommes étendus à la prose, mais en évitant les romans : n’ayant ni distributeur, ni diffuseur, ni attachée de presse, nous ne pouvons pas leur offrir le public auquel ils peuvent prétendre. Nous nous limitons donc pour l’instant aux nouvelles, or il se trouve que les Grecs ont toujours eu d’excellents nouvellistes. Plus tard encore, nous sommes passés au théâtre, qui se vend encore moins, mais il importe que les textes existent sur papier pour séduire un éventuel metteur en scène.

Le Matin d’Algérie : Vos anthologies couvrent des poètes classiques et contemporains. Comment trouvez-vous l’équilibre entre ces deux époques ?

Michel Valkovic : Nous avons commencé par l’ultra-contemporain : une anthologie de poésie du 21e siècle en six volumes, soixante poètes en tout, et trois recueils présentant des jeunes nouvellistes… La production grecque actuelle est moins connue à l’étranger que celle du passé récent ou lointain, et j’ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir de nouveaux talents. Mon envie de tout essayer, tout explorer, m’a bientôt amené à remonter peu à peu dans le passé. Nous avons actuellement une programmation équilibrée entre l’ancien et le nouveau. L’idée, c’est de tout faire connaître.

L’avantage de l’ancien, c’est que les textes tombent dans le domaine public soixante-dix ans après la mort de l’auteur, si bien qu’on n’a pas à payer de droits — les rapports avec les ayants-droits d’un auteur défunt sont souvent difficiles, et quand il est vivant, l’irruption d’un personnage nouveau et redoutable, l’agent littéraire, complique aussi les choses… Je n’hésite pas à retraduire les textes anciens quand je ne suis pas convaincu par les versions existantes. Il existait déjà deux versions d’Erotòcritos, splendide poème d’amour crétois du XVIIe siècle, mais j’ai été le premier à le traduire en vers. Ne pas le faire est selon moi une trahison grave. Je traduis toujours les vers réguliers en vers réguliers, avec les rimes s’il y en a. Mon édition intégrale des poèmes de Cavàfis, la septième, se justifie (entre autres) du fait qu’elle est la seule à respecter le choix du poète, qui a traduit certains poèmes en vers libres et d’autres en vers réguliers.

Le Matin d’Algérie : La chanson et les chants populaires grecs sont également présents dans vos collections. Pourquoi ce choix ?

Michel Valkovic : J’adore la chanson, pour moi ce n’est pas un genre mineur. Et là aussi, la Grèce a des trésors à nous offrir. Le Miel des anges propose quatre recueils de chansons : des chants populaires anciens qui sont des merveilles de poésie, deux volumes d’admirables chants rebètika — l’équivalent grec du blues, du tango ou du fado — et un volume de chansons plus récentes, elles aussi superbes, dont le titre dit tout : Chanson ou poème ?

Le Matin d’Algérie : Quels sont les plus grands défis de la publication d’auteurs grecs pour un public francophone ?

Michel Valkovic : La francophonie publie davantage de textes grecs que les autres zones linguistiques, ne nous plaignons donc pas trop, mais le travail n’en reste pas moins très difficile : l’État grec ne soutient pas nos éditeurs comme il le faudrait et la presse relaie très mal nos efforts. Les grands éditeurs, le Seuil et Gallimard par exemple, ne publient plus de prose grecque. Seules deux maisons de taille moyenne, Cambourakis et Quidam, font du bon travail, avec des collections grecques de qualité.

Le Matin d’Algérie : Comment travaillez-vous avec vos équipes de relecture, de maquette et d’impression pour garantir la qualité de vos ouvrages ?

Michel Valkovic : Le Miel des anges est une structure minuscule. Nous avons démarré à deux, ma compagne et moi. Par chance, elle est graphiste ! Pendant dix ans nous sommes rentrés dans nos frais sur la base du bénévolat, grâce au soutien de diverses institutions. Notre Centre national du livre, notamment, fait un immense effort en faveur de la littérature étrangère. Un grand merci à lui. Il y a trois ans, cependant, j’ai décidé de rémunérer mes collaborateurs. Je paie désormais à peu près décemment mes maquettistes, ma correctrice et d’éventuels traducteurs invités. Nous travaillons depuis le début avec un imprimeur ami, basé près d’Athènes, qui nous sert aussi de distributeur pour la Grèce, et les livres nous arrivent en camion deux fois l’an. Je perds désormais pas mal d’argent, mais sans regret. Ma richesse est ailleurs.

Le Matin d’Algérie : Quels projets récents ou à venir vous enthousiasment le plus pour le Miel des anges ?

Michel Valkovic : Après plus de quarante ans de traduction et douze ans d’édition (130 titres au catalogue !), j’ai réalisé pratiquement tous mes rêves. L’envie de traduire, cependant, est toujours là, et j’attends de l’avenir l’arrivée de nouveaux auteurs qui me surprendront et me raviront — ou la découverte d’auteurs oubliés que je ferai revivre.

Le Matin d’Algérie : Comment voyez-vous l’évolution de l’intérêt pour la littérature grecque contemporaine dans le monde francophone ?

Michel Valkovic : La période de la dictature (1967-1974) a suscité un certain intérêt pour la Grèce, lequel est retombé par la suite. On ne peut pas dire qu’actuellement les lecteurs se précipitent…

Le Matin d’Algérie : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes éditeurs ou traducteurs qui souhaitent faire connaître des littératures étrangères peu publiées ?

Michel Valkovic : Traducteurs, soyez attentifs à ce qui se publie dans l’autre langue. Constituez-vous un réseau d’informateurs fiables. Proposez à nos éditeurs des traductions excellentes. Faites circuler votre travail sur Internet, en créant si vous le pouvez votre propre site. Les poèmes que je mets en ligne sur le mien, www.volkovitch.com, sont allègrement pillés un peu partout sur la Toile. Faites-vous des amis dans le milieu des traducteurs et de l’édition. Ne vous découragez pas. Ayez une obstination démoniaque et une patience d’ange !

Éditeurs, soyez à l’écoute des traducteurs. Ils sont en général bien informés et de bon conseil.

Entretien réalisé par Djamal Guettala 

Au Salon du Livre de la Métropole à Marseille 

Stand des éditions Miel des Anges 

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Marseille : un assassinat qui vise une famille engagée, le parquet explore la piste d’un message criminel

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Mehdi Kessaci
Mehdi Kessaci assassiné par des criminels affiliés au narcotrafic à Marseille.

Le meurtre du jeune frère d’Amine Kessaci, survenu jeudi 13 novembre à Marseille, bouleverse une ville déjà éprouvée par l’escalade des violences liées aux trafics. Le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée, tout en reconnaissant que l’hypothèse d’un “message adressé” n’est pas écartée.

Derrière cette formule, une réalité brutale : l’idée que des réseaux criminels puissent viser, non plus seulement des rivaux ou des intermédiaires, mais des proches de figures publiques engagées contre leur emprise.

Mehdi Kessaci, âgé d’une vingtaine d’années, venait de sortir de sa voiture dans le 4ᵉ arrondissement lorsque les tireurs ont fait feu. Il n’avait aucun antécédent judiciaire. Ses proches rappellent son ambition de rejoindre les forces de l’ordre : il devait repasser le concours de gardien de la paix dans les prochaines semaines. Son parcours, loin des circuits de la délinquance, renforce l’idée d’un ciblage délibéré sans lien avec un éventuel contentieux personnel.

Selon le procureur Nicolas Bessone, plusieurs éléments orientent les enquêteurs vers un homicide planifié, exécuté par un commando organisé. La nature des tirs, la rapidité de l’action et la fuite des assaillants sans laisser de trace identifiable évoquent les méthodes habituelles des règlements de comptes liés au narcotrafic. Mais dans ce dossier, l’élément le plus troublant reste le profil de la victime : un jeune homme sans implication criminelle et issu d’une famille militante.

Depuis plusieurs mois, Amine Kessaci, fondateur de l’association Conscience et voix forte contre les réseaux de stupéfiants, faisait l’objet de menaces explicites. Très exposé médiatiquement, il était devenu une figure qui dérange. Ses prises de position contre les trafiquants, ses interventions dans les quartiers touchés, son engagement pour offrir des alternatives aux jeunes ont fait de lui un symbole de résistance citoyenne. Face au risque grandissant, le ministère de l’Intérieur lui avait accordé une protection policière permanente, mesure exceptionnelle pour un acteur associatif.

L’assassinat de Mehdi, son jeune frère, survient donc dans un climat de tension croissante. Pour de nombreux observateurs, il marque une nouvelle étape dans la stratégie des groupes criminels : s’attaquer à l’entourage de figures publiques pour intimider, faire taire, ou rappeler leur capacité à frapper où ils veulent et quand ils veulent. Cette logique de terreur, déjà observée dans d’autres contextes, plonge Marseille dans une inquiétude profonde, car elle touche au cœur même du lien social.

Dans les quartiers nord comme dans le centre-ville, la nouvelle a provoqué stupeur et colère. Les habitants dénoncent une ville prise en otage par des réseaux qui défient ouvertement l’État. Beaucoup y voient l’échec des politiques sécuritaires successives, incapables d’enrayer l’économie de la drogue et les violences qui en découlent. Les acteurs associatifs, eux, s’inquiètent pour celles et ceux qui, comme Amine Kessaci, se battent pour offrir des issues à la jeunesse. Le risque d’un découragement généralisé est réel.

Malgré la douleur, Amine Kessaci a rappelé sa détermination : « On ne se taira pas. » Le parquet, lui, s’en remet désormais à la police judiciaire pour identifier les auteurs et éclaircir les motivations exactes du meurtre. L’enquête devra dire si ce drame est un avertissement ou un acte isolé. Pour Marseille, il s’agit surtout d’un signal d’alarme supplémentaire, dans une ville où la frontière entre crime organisé et vie quotidienne se fait chaque jour plus fragile.

Mourad Benyahia 

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« Bonjour la France : Boualem Sansal libre et déterminé »

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Boualem Sansal
Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison a retrouvé la liberté

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a retrouvé sa liberté après un an de détention, à la suite d’une intervention présidentielle allemande. Dans son premier entretien avec Kamel Daoud, à Berlin, il s’est montré vif, joyeux et optimiste, déclarant : « Bonjour la France, je reviendrai, nous vaincrons ».

Boualem Sansal a raconté les conditions de son incarcération. Seule sa femme, Naziha, venait le voir régulièrement. Privé de tout moyen de communication après la confiscation de ses documents et de son téléphone, il vivait dans une quasi-isolement total. La lecture était limitée aux ouvrages religieux ou en arabe, tandis que les autres livres circulaient via une petite contrebande achetée avec des cigarettes ou des friandises. Écrire était impossible.

Malgré ces conditions, l’écrivain a senti le soutien international : certaines indications lui ont montré que son affaire attirait l’attention hors d’Algérie. Son transfert vers un service hospitalier sous surveillance a marqué un changement dans son traitement, passant du statut de détenu à celui de patient surveillé.

Boualem Sensal a refusé d’« adoucir ses positions », affirmant : « Vingt années supplémentaires en prison valent mieux que de limiter ma liberté d’expression ». Toutefois, il se dit ouvert au dialogue pour normaliser les relations entre l’Algérie et la France, rappelant : « La France est amie de l’Algérie, le régime est responsable de l’hostilité. L’Allemagne peut jouer un rôle positif ».

Rappelons que Sansal avait été arrêté en novembre 2024 à Alger, après des propos controversés sur l’histoire de l’Ouest algérien, diffusés sur une chaîne française, entraînant une condamnation à cinq ans de prison et 500 000 dinars d’amende. Sa libération symbolise un tournant diplomatique et illustre l’impact du soutien international sur les dossiers sensibles.

Aujourd’hui libre, Boualem Sansal affiche une énergie retrouvée et une volonté intacte de continuer à écrire et s’exprimer, rappelant que la liberté de pensée et le dialogue sont au cœur de son combat.

Djamal Guettala 

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«La main d’Avi » de Hamid Bouzid : un voyage de mémoire et de réconciliation entre deux rives

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À travers La main d’Avi, Hamid Bouzid signe un récit émouvant où se mêlent quête identitaire, mémoire historique et espoir de réconciliation. En suivant le voyage d’Avi, jeune Français d’origine juive algérienne, l’auteur ravive une histoire longtemps tue : celle des liens brisés entre juifs, musulmans et chrétiens d’Algérie.

Entre témoignage personnel, fiction inspirée du réel et réflexion universelle, l’ouvrage tend une main fraternelle pour reconstruire la mémoire partagée des deux rives de la Méditerranée.

Le livre La main d’Avi de Hamid Bouzid, publié chez Nombre 7, s’impose comme une œuvre profonde et nécessaire, à la croisée du récit autobiographique, de l’essai historique et du roman identitaire. À travers la voix d’Avi Timsit, jeune Français d’origine juive algérienne, l’auteur entreprend un véritable voyage de mémoire. Ce périple, qui mène le protagoniste de la France à l’Algérie, devient le symbole d’un retour aux sources, d’une quête de sens et d’identité. Avi, curieux de comprendre les silences de sa famille et les non-dits de son histoire, cherche à percer les mystères d’un passé marqué par la colonisation, les injustices et les fractures mémorielles.

Ce retour au pays des ancêtres prend la forme d’un itinéraire à la fois initiatique et spirituel, où chaque rencontre, chaque lieu, chaque témoignage éclaire un pan oublié de la mémoire franco-algérienne. En revisitant le décret Crémieux, qui en 1870 fit des juifs d’Algérie des citoyens français, l’auteur dénonce une politique d’assimilation arbitraire qui a contribué à séparer des communautés jusque-là unies. Par le biais du regard d’Avi, Bouzid met en lumière les blessures du colonialisme, la complexité du rapport à l’identité et les séquelles de la guerre d’indépendance, encore perceptibles dans les mémoires collectives.

Mais au-delà du constat historique, Hamid Bouzid s’attache à réconcilier les mémoires. Son héros découvre une Algérie vivante, hospitalière et multiculturelle, bien loin des clichés et des préjugés. À travers des personnages bienveillants et des paysages empreints de spiritualité, l’auteur redonne souffle à une Algérie plurielle, celle où juifs, musulmans et chrétiens cohabitaient avant les déchirements de l’histoire. Ce roman devient ainsi une méditation sur l’appartenance et la transmission, une invitation à comprendre d’où l’on vient pour mieux se situer dans le monde.

En somme, La main d’Avi n’est pas seulement un récit de voyage ; c’est un chemin de réconciliation, un appel à la mémoire partagée et à la fraternité retrouvée entre les deux rives de la Méditerranée.

Hamid Bouzid est un journaliste et écrivain algérien, contraint à l’exil en France en 2004 suite à la censure de ses chroniques. Il est un observateur attentif de la société algérienne et franco-algérienne.

Dans son œuvre, il aborde la question essentielle de la mémoire et de la réconciliation. Son écriture s’inscrit dans une démarche à la fois historique, humaniste et pédagogique, cherchant à réparer les fractures héritées du passé colonial et à rétablir la vérité sur des pans d’histoire souvent occultés ou déformés.

Ce travail de mémoire se retrouve au cœur de ses deux ouvrages majeurs,

La main d’Avi : Ce roman est un chemin de réconciliation et un appel à la mémoire partagée entre les deux rives de la Méditerranée, à travers le voyage initiatique d’Avi Timsit. Le cri de la grande bleue : Cette œuvre s’inscrit dans la continuité thématique, explorant les sujets de l’exil et de la méditerranéité. Elle met en lumière les épreuves des migrants et des exilés, renouvelant son engagement en faveur de l’humanisme et de la solidarité entre la France et l’Algérie.

En somme, l’écriture d’Hamid Bouzid est un geste de paix et d’humanité, un manifeste moral qui utilise la littérature comme un pont pour le dialogue et l’unité.

Hamid Bouzid, à la fois journaliste, écrivain et observateur attentif de la société algérienne et franco-algérienne, aborde dans La main d’Avi une question essentielle : celle de la mémoire et de la réconciliation. Son écriture s’inscrit dans une démarche à la fois historique, humaniste et pédagogique, cherchant à réparer les fractures héritées du passé colonial et à rétablir la vérité sur des pans d’histoire souvent occultés ou déformés. Par la voix d’Avi, alter ego partiel de l’auteur, Bouzid donne vie à une génération tiraillée entre deux rives, deux cultures et deux appartenances, mais animée par le même besoin de vérité et de reconnaissance.

À travers ce personnage, Hamid Bouzid met en scène une quête identitaire profondément intime : comprendre les raisons du silence, parfois douloureux, de la génération précédente, celle des juifs constantinois qui ont cru à l’indépendance de l’Algérie et l’ont défendue avant de devoir la quitter. Ce silence, à la fois honte et protection, cache la déchirure d’un exil forcé, d’un sentiment d’abandon et d’une perte d’appartenance. Avi devient le porte-parole de tous ces enfants d’exilés qui cherchent à renouer avec leur passé, non pas pour juger, mais pour comprendre et reconstruire.

Dans ce récit, Hamid Bouzid met en lumière la richesse et la complexité de l’identité algérienne, faite de multiples influences : juive, musulmane, kabyle, chrétienne, amazighe et méditerranéenne. Loin des discours simplificateurs, il rappelle que l’Algérie a toujours été un creuset de cultures et de spiritualités, un espace de coexistence avant d’être un lieu de division. En revisitant cette mosaïque identitaire, l’auteur appelle à dépasser les tabous historiques, à guérir les blessures mémorielles laissées par la colonisation, la guerre et les exils successifs.

La démarche de Bouzid n’est donc pas seulement littéraire ; elle est aussi citoyenne et éthique. Elle vise à retisser les liens entre les mémoires dispersées et à restaurer une vérité collective fondée sur la reconnaissance mutuelle. En redonnant une voix à ces Algériens juifs oubliés de l’histoire officielle, il ouvre un espace de dialogue entre les communautés, et surtout entre le passé et le présent. La main d’Avi devient ainsi une œuvre de réconciliation des mémoires et des cœurs, un pont entre la douleur du souvenir et l’espérance d’un avenir commun.

L’un des aspects les plus marquants de La main d’Avi réside dans la réhabilitation d’une mémoire oubliée, celle des juifs algériens patriotes qui, malgré leur engagement pour l’indépendance, ont été effacés des récits officiels. Hamid Bouzid redonne une place à ces hommes et femmes qui ont lutté pour une Algérie libre, tels que Daniel Timsit ou Alice Cherki, rappelant que leur judaïté ne les a jamais détachés de leur algérianité. En évoquant ces trajectoires longtemps tues, il rend justice à une part occultée de l’histoire nationale et propose une lecture apaisée, loin des clivages religieux ou politiques. Par ce travail de mémoire, l’auteur s’oppose à toute forme d’exclusion et revendique la pluralité comme fondement même de l’identité algérienne.

Hamid Bouzid s’inscrit ainsi dans la lignée d’une Algérie rêvée par Abane Ramdane, celle d’une république laïque, juste et fraternelle, où toutes les confessions peuvent cohabiter dans la paix et le respect. En rappelant les idéaux du Congrès de la Soummam et les principes de la Révolution algérienne avant leur dévoiement, il souligne la nécessité de revenir à ces valeurs fondatrices : la solidarité, la tolérance et la primauté du citoyen sur l’appartenance religieuse. L’auteur oppose cette vision humaniste à la dérive identitaire et au repli communautaire qui ont souvent marqué les décennies post-indépendance.

L’apport du livre est également esthétique et moral. Par un style limpide, direct et sincère, Hamid Bouzid parvient à rendre l’histoire accessible et vivante. Son écriture, empreinte d’émotion et de vérité, relie les destins individuels – celui d’Avi, de ses parents, de ses rencontres – à la grande Histoire de l’Algérie et de la Méditerranée. Le texte devient un tissage de voix, de mémoires et de sensibilités, où chaque personnage contribue à reconstruire un pont entre les peuples et les générations.

Enfin, Bouzid rend hommage à une galerie de figures intellectuelles et morales qui ont marqué la conscience algérienne et universelle : Jean et Taos Amrouche, symboles d’une Algérie spirituelle et lettrée ; Germaine Tillion, l’ethnologue résistante amoureuse du peuple algérien ; Simone Veil, symbole de courage et de réconciliation ; ou encore Benjamin Stora, historien des mémoires franco-algériennes. Par ces références, l’auteur inscrit son œuvre dans une chaîne de transmission et de résistance humaniste, affirmant que la mémoire partagée est la seule voie vers la paix et la compréhension mutuelle.

Ainsi, La main d’Avi se révèle bien plus qu’un récit personnel : c’est une œuvre de mémoire et de transmission, un manifeste littéraire et moral en faveur du dialogue, de la reconnaissance et de la fraternité entre les peuples.

L’impact de La main d’Avi repose sur la force universelle de son message de réconciliation. En choisissant de revisiter la mémoire franco-algérienne à travers une histoire personnelle nourrie de faits réels, Hamid Bouzid dépasse les clivages identitaires et les rancunes héritées du passé. Son œuvre agit comme un pont symbolique entre les deux rives de la Méditerranée, entre la France et l’Algérie, mais aussi entre les différentes composantes de la société algérienne : juifs, musulmans, chrétiens, berbères et européens. Là où l’histoire officielle a souvent dressé des murs, Bouzid propose une passerelle faite de dialogue, de respect et de compréhension.

En bousculant les préjugés et les représentations figées, l’auteur rappelle que les souffrances de part et d’autre ont la même origine : l’injustice, l’exil, la déchirure. Son roman montre que l’identité n’est pas une barrière mais une richesse, que la mémoire ne doit pas servir à raviver les rancunes, mais à guérir les blessures. À travers la figure d’Avi, jeune homme issu d’une double culture, Bouzid illustre la possibilité d’un vivre-ensemble réinventé, où la connaissance de l’autre devient une forme de réconciliation intérieure. L’Algérie qu’il décrit n’est pas celle des divisions, mais celle d’un peuple fier, accueillant et solidaire, dont la chaleur humaine fait tomber les frontières symboliques et morales.

Le livre agit aussi comme un outil de transmission. Hamid Bouzid s’adresse particulièrement aux jeunes générations, trop souvent éloignées de l’histoire commune de leurs parents et grands-parents. Il les invite à « regarder l’histoire en face », sans honte ni haine, à questionner les silences familiaux et à s’approprier un héritage longtemps fragmenté. En ce sens, La main d’Avi devient un appel à la mémoire partagée, à une pédagogie du dialogue et à une réappropriation lucide du passé.

Par sa dimension humaniste et apaisée, le récit contribue à réparer le lien entre les peuples que la guerre et l’exil ont brisé. En montrant que la fraternité peut renaître du souvenir, Bouzid propose une autre lecture de l’histoire, fondée sur la reconnaissance mutuelle plutôt que sur la culpabilité. Il nous rappelle que la réconciliation n’est pas une illusion, mais un acte de courage collectif, un devoir de vérité envers ceux qui ont souffert, et un gage d’avenir pour les enfants des deux rives.

Ainsi, l’impact de La main d’Avi dépasse largement la littérature : il s’agit d’un geste de paix et d’humanité, un message d’unité qui redonne espoir à ceux qui croient encore en une Algérie et une France réconciliées par la mémoire, non divisées par elle.

La main d’Avi s’impose comme un véritable voyage de mémoire et d’espérance, à la fois personnel et collectif. Hamid Bouzid y déploie une réflexion profonde sur la transmission, le pardon et la nécessité de renouer avec l’histoire pour mieux construire l’avenir. Le titre lui-même, La main d’Avi, revêt une dimension symbolique forte : celle d’une main tendue, main du fils vers le père, du présent vers le passé, mais aussi d’un peuple vers un autre. Ce geste d’ouverture et de réconciliation résume à lui seul la portée du récit : il s’agit d’un appel à dépasser les frontières, les rancunes et les identités figées pour retrouver une humanité commune.

Le livre relie ainsi la France et l’Algérie dans une même démarche de vérité. Il refuse les récits univoques et les mémoires exclusives pour proposer une lecture apaisée, où chacun peut reconnaître sa part d’histoire. En faisant dialoguer les voix, les lieux et les souvenirs, Bouzid restaure ce lien brisé par la colonisation et la guerre, et invite à concevoir la mémoire non comme un fardeau, mais comme une force de réconciliation. Son écriture, à la fois simple et profondément sincère, touche par sa capacité à faire revivre des émotions universelles — la perte, la nostalgie, la fierté, la fraternité.

Ce récit se distingue par son humanisme lumineux. L’auteur ne cherche ni à juger ni à opposer, mais à comprendre et à relier. Il met en avant la possibilité d’un avenir commun fondé sur la reconnaissance mutuelle, la justice et la bienveillance. En cela, La main d’Avi dépasse le cadre du roman pour devenir une leçon de mémoire et de paix, un texte qui nous rappelle que la vérité historique n’a de sens que si elle ouvre la voie au respect et à l’amour de l’autre.

Hamid Bouzid nous enseigne, à travers ce périple initiatique, que la paix des mémoires ne naît ni de l’oubli ni du ressentiment, mais de la lucidité et du dialogue. Son œuvre nous invite à tendre la main, à écouter l’autre, à reconnaître la pluralité de nos histoires pour mieux bâtir un avenir commun. La main d’Avi n’est donc pas seulement un hommage au passé : c’est une promesse d’espérance, un plaidoyer pour la réconciliation entre les peuples et les générations, un pont entre la douleur d’hier et la lumière de demain.

Brahim Saci

Le livre La main d’Avi, Éditions Nombre 7

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