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Mohamed Amine Belghit définitivement condamné

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Mohamed Lamine Belghit
Le négationniste Belghit définitivement condamné. Crédit image : DR

La Cour suprême a définitivement tranché dans le dossier de l’enseignant universitaire en histoire, Mohamed Amine Belghit, en rejetant le pourvoi en cassation introduit par sa défense.

Cette condamnation de Mohamed Amine Belghit confirme les jugements prononcés en première instance puis en appel, mettant un terme au volet judiciaire d’une affaire qui aura traversé plusieurs mois de controverse et de débats publics.

Un cycle judiciaire désormais clos

Pour les avocats de Mohamed Amine Belghit, ce rejet constitue la dernière étape d’un parcours judiciaire entamé dans la foulée des déclarations controversées de l’historien, qui avait affirmé que « l’amazighité est un projet sioniste et français ». Ces propos avaient été considérés par la justice comme attentatoires à la cohésion nationale et contraires aux fondements constitutionnels définissant l’identité de l’État algérien.

La réaction des autorités judiciaires avait été rapide : ouverture d’une enquête, poursuites, procès puis condamnation.

En première instance, Belghit avait été condamné à cinq ans de prison ferme pour atteinte à l’unité nationale, diffusion de discours de haine et atteinte à l’intégrité de l’unité nationale.

Le 7 octobre 2025, la Cour d’appel d’Alger avait révisé la peine à trois ans de prison ferme et deux ans avec sursis.

Une affaire aux lectures opposées

Les soutiens de l’universitaire estiment que les propos incriminés relèvent — quoique discutables ou provocateurs — de la liberté d’expression et du débat académique. Ils dénoncent une criminalisation d’un discours intellectuel, aussi controversé soit-il.

À l’inverse, ses détracteurs rappellent que Mohamed Amine Belghit défend depuis plusieurs années des thèses qualifiées de révisionnistes sur l’histoire de l’Algérie. Selon eux, ses déclarations ne s’inscrivent pas dans un cadre scientifique, mais dans une logique de dénigrement visant à délégitimer l’une des composantes identitaires centrales reconnues par la Constitution : l’amazighité.

Vers une possible issue politique ?

La clôture judiciaire ne signifie toutefois pas la fin du dossier. Au contraire, le débat se déplace désormais sur un terrain politique.

Le collectif d’avocats, tout comme les partisans de Belghith, évoquent la possibilité d’un pardon présidentiel dans les prochaines semaines — une option légalement possible mais politiquement délicate, notamment dans un contexte où les questions identitaires constituent un sujet de sensibilité nationale.

Un dossier révélateur des tensions identitaires

L’affaire Belghit illustre, comme le procès intenté récemment au journaliste Saad Bouakba illustrent, une fois de plus, les tensions persistantes autour des enjeux identitaires et de l’histoire en Algérie. Sous Tebboune, l’histoire est inflammable. Sacré. On en débat pas. On avalise les vérités imposées d’en haut. Ces affaires mettent en évidence les frontières parfois mouvantes entre liberté d’expression, débat historiographique et protection de « l’unité nationale », si l’on reprend la doxa officielle.

L’intersection du droit, de la mémoire et du politique continue ainsi d’alimenter des controverses qui dépassent largement le cadre individuel du procès.

Samia Naït Iqbal

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Le miroir numérique que le régime algérien ne supporte pas

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Tebboune et Chanegriha
Saïd Chanegriha et Abdelmadjid Tebboune, une dyarchie autoritaire. Crédit photo : DR

Le pouvoir parle de modernité, mais redoute surtout ce qu’elle révèle. La numérisation n’éclaire pas le pays, elle expose ses zones d’ombre. Et c’est cette lumière-là que le régime ne supporte pas.

La machine, la numérisation, l’IA : en Algérie, tout cela n’est qu’un prétexte commode. Ce qui inquiète vraiment, ce n’est pas ce que ces outils savent faire, mais ce qu’ils pourraient rendre visible, le retard soigneusement entretenu, la paresse intellectuelle devenue réflexe, la vieille garde qui n’a jamais dépassé le stade du fichier imprimé, tamponné, béni par la bureaucratie. La modernité ne fait pas peur. Le miroir qu’elle tend, si.

En réalité, le pouvoir ne vit pas à l’ère de l’intelligence artificielle. Il vit dans celle de la pseudo-numérisation, cette modernité de carton qui scanne le désordre au lieu de le corriger. Numériser, chez nous, ce n’est pas transformer. C’est archiver la médiocrité, convertir la corruption en PDF, mettre le piston en ligne, stocker l’arbitraire dans un serveur. Le cachet a changé de forme, pas de fonction. Le régime de décision reste inchangé : opaque, lent, clientéliste, verrouillé comme une vieille armoire dont personne n’ose ouvrir les tiroirs.

La numérisation version pouvoir n’a jamais été pensée pour libérer. Elle a été conçue pour resserrer. Centraliser les données, tracer les citoyens, croiser les fichiers, automatiser la suspicion. Ce qu’ils appellent “transition numérique” n’est, en réalité, qu’une prolongation technique du vieux réflexe policier : voir, classer, bloquer. Dans leurs mains, la technologie ne sert ni l’efficacité ni la transparence. Elle sert la mise au pas. C’est la bureaucratie qui se dote d’une loupe, pas d’un cerveau.

L’intelligence artificielle, elle, reste un horizon lointain pour cette machine d’État. Non pas parce qu’elle serait trop complexe, mais parce qu’elle est politiquement ingérable. Une IA réelle ne respecte ni les rangs ni les réseaux ni les héritiers. Elle compare, détecte, expose les anomalies. Elle ferait s’effondrer tout le système de l’exception permanente, du passe-droit discret, de l’ordre maintenu par le flou et l’improvisation. Voilà pourquoi ils en parleront sans cesse, mais n’en voudront jamais vraiment. Une IA qui fonctionne mettrait trop de lumière là où ils ont bâti leur confort, dans l’ombre.

Dans les cercles du pouvoir, toute technologie suit trois étapes immuables : la briser, la contrôler, la corrompre. Depuis l’indépendance, le réflexe est resté le même. L’Algérien est un suspect à gérer, jamais un citoyen à servir. On ne cherche donc jamais à comprendre ce qu’une technologie pourrait offrir à la société. On cherche seulement comment l’intégrer au circuit des privilèges et comment l’utiliser pour surveiller davantage. Ce qui ne peut pas être récupéré est bloqué. Ce qui ne peut pas être bloqué est sali. Ce qui échappe est criminalisé. La modernité, ici, n’est jamais adoptée. Elle est capturée, détournée, neutralisée.

Les mêmes qui n’arrivent pas à faire fonctionner une plateforme administrative sans qu’elle s’effondre prétendent numériser le pays. Ils confondent souveraineté avec centralisation, modernité avec communication, gouvernance avec affichage. Ils croient que poser un écran, lancer une application, annoncer un “programme national” suffit à faire entrer l’Algérie dans le futur. Ils ne font que déplacer l’échec d’un bureau à un serveur.

La jeunesse, elle, n’attend plus rien de cette comédie. Elle utilise, apprend, contourne. Elle vit déjà dans un monde d’automatisation, d’outils rapides, de raisonnement distribué. Elle avance pendant que le système débat encore de cadres juridiques pour des réalités qui le dépassent. Et c’est précisément cette autonomie qui affole le pouvoir : une génération qui n’a plus besoin de lui pour comprendre, produire, collaborer. Une génération débranchée de leur tutelle.

Le conflit est là. Non pas entre l’Algérie et la technologie, mais entre un système qui ne survit que par le verrouillage et une société qui aspire à l’usage libre. Entre un pouvoir qui a besoin de lenteur pour durer et une jeunesse qui vit dans l’instant, la vitesse, l’adaptation permanente.

Ce pays ne manque ni de cerveaux ni de compétences ni d’outils. Il manque d’un État qui accepte enfin de ne plus être le centre de tout. Il manque d’un pouvoir qui préfère construire plutôt que surveiller. Il manque, surtout, de courage politique.

L’intelligence artificielle ne sauvera pas l’Algérie.

Mais la numérisation, telle qu’ils la pratiquent, peut parfaitement l’achever : moderniser la surveillance, automatiser l’injustice, rendre l’oppression simplement plus performante.

Car le vrai danger pour ce régime n’est pas la technologie. Le vrai danger, c’est la fin de l’obscurité organisée. Et c’est précisément là que tout peut basculer.

Une génération qui voit clair n’a plus besoin qu’on lui explique comment marcher.

Le régime peut retarder l’évidence, mais il ne peut pas stopper une société qui avance, lentement mais sûrement, vers son propre mode post-obscurité, vers un horizon post-système algérien.

Zaim Gharnati

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« L’Affaire Bojarski, le maître de la fausse monnaie », de Guillaume Soa

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L'affaire Bojarski
L'affaire Bojarski portée à l'écran par Jean-Paul Salomé.

Dans un sous-sol parisien, l’encre et le papier exhalent leur odeur âcre. Trois cents millions de francs circuleront bientôt grâce aux presses clandestines de Czesław Jan Bojarski. Chaque mouvement est précis, chaque erreur interdite. Le claquement sec du papier, le grincement des engrenages : tout devient un instrument de tension. Le lecteur, comme spectateur, retient son souffle. Bojarski ajuste une plaque d’impression, un geste parfait, presque artistique, et Soa nous fait ressentir l’intensité de l’instant.

Paris, années 1960. Dans les rues silencieuses, chaque café vide, chaque ruelle déserte, chaque volets tirés raconte l’époque. Bojarski se déplace entre ombre et lumière, camouflant ses intentions derrière un visage impassible. Guillaume Soa transforme des faits réels en immersion totale, où la peur, le génie et le suspense se mêlent. Le lecteur voit le faussaire, entend ses pas, devine ses pensées, et devient complice de ses stratagèmes.

Face à lui, le commissaire Benhamou, obsessionnel et inflexible, suit ses traces avec la minutie d’un horloger. Chaque filature nocturne, chaque interrogation, chaque faux pas devient un duel palpitant. Soa joue avec les angles de vue : le lecteur est à la fois spectateur et acteur, ressentant la tension psychologique, l’angoisse et l’ingéniosité de chacun.

Mais Bojarski n’est pas un simple criminel. Chaque détail, un cliché photographique dans sa poche, un regard hésitant, un silence lourd de sens, révèle un anti-héros complexe, humain et fascinant. Guillaume Soa excelle dans l’art de rendre la psychologie d’un personnage palpable : le génie et la vulnérabilité coexistent, rendant chaque scène encore plus captivante.

Les actions se déroulent comme un film. Bojarski transporte les billets fraîchement imprimés, échappant aux regards indiscrets, manipulant chaque situation avec une intelligence redoutable. Le lecteur entend presque le cliquetis des serrures, la respiration haletante des poursuivants, le froissement du papier… Chaque détail devient une scène, chaque scène un plan de cinéma.

Le roman devient un thriller historique vivant, où le vrai et le faux s’entrelacent, où la tension historique et psychologique atteint son apogée. Soa nous montre la virtuosité de sa plume : maîtrise du rythme, précision descriptive, talent pour créer à la fois empathie et suspense.

Cette histoire continue de vivre : un film inspiré de l’affaire sortira en 2026, réalisé par Jean-Paul Salomé, avec Reda Kateb dans le rôle de Bojarski. Mais c’est le roman qui offre l’expérience immersive ultime, où le lecteur pénètre l’esprit du faussaire et du policier, observant leurs stratégies, leurs doutes, leurs calculs minutieux.

L’Affaire Bojarski est plus qu’un thriller : c’est un spectacle, une plongée dans l’ombre d’un génie criminel, racontée avec la finesse et la virtuosité d’un auteur qui transforme l’histoire en cinéma littéraire.

Djamal Guettala


À propos de l’auteur

Auteur, compositeur et interprète de chansons à texte, Guillaume Soa a enregistré plusieurs albums et obtenu différents prix et nominations (Sacem, France Télévisions, Région Centre…).

Accompagné d’un collectif artistique, il a écrit des scénarios, réalisé des courts métrages et des vidéoclips. Après un premier roman paru en 2020, puis un autre en 2022, il publie son troisième thriller historique, montrant une plume toujours aiguisée, capable de faire vivre le suspense comme au cinéma.

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Porte-voix de Tebboune, Mehdi Ghezzar arrêté puis relâché à Paris

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Mehdi Ghezzar.
Mehdi Ghezzar. Crédit image : Al24/

Le chroniqueur de la chaîne internationale AL24 News et porte-voix de Tebboune, Mehdi Ghezzar, a été arrêté près de son domicile, mardi à Paris, par la police française, annonce l’APS.

Selon les éléments rapportés, les forces de l’ordre lui ont signifié qu’il était inscrit au fichier « S » ainsi qu’au fichier des personnes recherchées. Le journaliste, réputé être un propagandiste du régime algérien a été néanmoins relâché dans la journée.

En fait, il a constaté, depuis plusieurs mois, selon l’APS,  »être systématiquement retenu » lors de ses passages (entrées et sorties) dans les aéroports parisiens, dans un climat d’hostilité qui ne cesse de s’alourdir.  »Sans aucune raison, c’est de l’intimidation », déplore-t-il.

Mehdi Ghezzar avait été viré fin août 2024 de la radio RMC de l’émission les  »Grandes Gueules », à la suite de ses prises de positions sur le Maroc et Gaza. Propriétaire de plusieurs affaires en France, il était aussi et surtout connu pour l’homme à tout faire de Tebboune en France, durant la présidentielle.

Y a-t-il un lien entre cette arrestation et l’agitation des relais du régime contre le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie ? Possible, surtout qu’un appel pour un rassemblement est prévu place de la République est lancé afin de dénoncer le MAK.

Yacine K.

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Marseille : 1500 policiers mobilisés pour une opération d’ampleur contre le narcotrafic

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Des policiers à Marseille.
Des policiers à Marseille. Crédit photo : Le Matin d'Algérie.

Marseille a connu ce mardi 9 décembre une mobilisation policière exceptionnelle. Environ 1500 agents, issus de la police nationale, judiciaire, administrative et des forces mobiles, ont été déployés, principalement dans les quartiers Nord et le 3e arrondissement, pour cibler le narcotrafic et les commerces soupçonnés de blanchiment (Made in Marseille, Loïs Elziere, 9 décembre 2025).

Cette opération s’inscrit dans la continuité des précédentes interventions dites « place nette » en 2023 et « place nette XXL » en 2024, qui mobilisaient déjà plusieurs centaines d’effectifs. Selon le préfet Jacques Witkowski, récemment nommé pour sa réputation de fermeté, il s’agit de « faire régner l’insécurité aussi auprès des narcotrafiquants […]. On ne veut pas les laisser tenir le terrain ».

Dès les premières 30 minutes, plus de vingt interpellations ont été effectuées, des stupéfiants saisis et un commerce fermé. Au total, quinze points de deal ont été visés.

À quelques jours de la visite d’Emmanuel Macron et après plusieurs drames liés au trafic – notamment la mort de Mehdi Kessaci et d’Abderrahim –, le préfet assure qu’il ne s’agit pas seulement d’un coup d’éclat. « C’est un travail de longue haleine », indique-t-il, précisant que quotidiennement, 250 à 300 personnels sont mobilisés pour ces opérations, avec des moments d’intensification comme celui de ce mardi.

Cette action s’inscrit également dans le plan « Marseille en grand », qui vise à renforcer l’éducation, le logement, la santé et les transports, tout en reprenant le contrôle de l’espace public.

Depuis 2021, le nombre de points de deal à Marseille a été réduit de moitié, passant de 161 à 89. Plus de 2 000 personnes ont été mises en examen pour trafic, 800 détenues provisoirement, et les saisies de cocaïne ont augmenté de 146 %. En 2025, la Direction interdépartementale de la police nationale a saisi plus de 26 millions d’euros d’avoirs criminels. Le nombre de « narcomicides » est également en baisse : 49 en 2023, 24 en 2024 et 17 en 2025.

Cette opération illustre la volonté des autorités marseillaises de reprendre durablement le contrôle de la ville face au narcotrafic, en combinant interventions policières, mesures sociales et communication publique.

Synthèse Mourad Benyahia 

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Cinéma algérien : Tebboune interpelé à l’heure du « projet Emir Abdelkader »

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Tebboune
Le chef de l'Etat, premier responsable devant l'histoire. Crédit photo : APS

À un moment où le secteur du cinéma est plongé dans le coma, un groupe de cinéastes et de professionnels a adressé au chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, une lettre ouverte dénonçant l’inertie institutionnelle et l’écart entre les orientations politiques affichées et les mesures concrètement mises en œuvre.

Cette interpellation intervient au lendemain d’une réunion spéciale présidée, le 8 décembre 2025, par Abdelmadjid Tebboune, consacrée au grand projet cinématographique sur l’Émir Abdelkader et à la stratégie plus large de développement de l’industrie cinématographique nationale.

Une lettre qui exprime un malaise profond dans la profession

Les signataires affirment saluer l’intérêt personnel du chef de l’État pour le cinéma, mais constatent que, près d’un an après les Assises nationales du cinéma, aucune recommandation professionnelle n’a été appliquée.

Ils posent une question lourde de sens : qui bloque la mise en œuvre des décisions censées relancer le secteur ?

Le ton est mesuré mais ferme : bureaucratie alourdie, restrictions des espaces d’expression artistique, absence des professionnels dans les processus décisionnels.

Le décret portant création du Centre national du cinéma (CNC) est cité comme un exemple d’une approche « strictement administrative », déconnectée des réalités du terrain.

Une réunion présidentielle empreinte de doutes

La réunion du 8 décembre, présidée par le chef de l’État, a rassemblé plusieurs hauts responsables impliqués dans le pilotage du secteur : Boualem Boualem, directeur de cabinet de la Présidence, Kamel Sidi Saïd, conseiller chargé de la communication, Malika Bendouda, ministre de la Culture et des Arts, Fayçal Metaoui, responsable du dossier cinéma à la Présidence, Abdelkader Djoumma, conseiller au ministère de la Culture, Salim Aggar, directeur de la Fondation Émir Abdelkader et Anouar Hadj Ismaïl, producteur et réalisateur.

Cette réunion, centrée à la fois sur l’avancement du film consacré à l’Émir Abdelkader et sur l’élévation du cinéma national, se veut comme une démonstration de l’intérêt pour le cinéma. Mais la réalité est plus prosaïque. Il n’y a eu aucun grand film produit ces dernières années. La production est simplement en panne. Non pas faute de scénarios, mais de volonté politique.

Elle met aussi en lumière un paradoxe : si la présidence multiplie les signaux d’engagement, les mécanismes institutionnels censés traduire cet engagement restent, selon les professionnels, bloqués ou inefficaces.

Un décalage persistant entre la parole politique et la réalité sectorielle

Les cinéastes rappellent que les textes adoptés récemment ont eu pour effet d’accentuer la centralisation et de marginaliser davantage les professionnels, alors que la relance du cinéma nécessite, au contraire, un cadre souple, transparent et participatif.

La lettre pose donc une question directe : qui assume la responsabilité de l’échec de l’organisation du secteur ?

Cette interrogation prend un relief particulier au moment où le chef de l’État supervise personnellement un projet cinématographique d’envergure. D’où d’ailleurs l’incongruité de la situation, car dans un pays normalement constitué, un chef d’Etat ne se réunit pas pour décider d’un film. Cette réunion sur la production d’un énième film sur l’émir Abdelkader dit beaucoup sur la verticale du pouvoir même dans la production cinématographique.

Pour les professionnels, il y a urgence à traduire la vision présidentielle par des instruments institutionnels cohérents et un fonctionnement administratif respectueux du rôle des acteurs du terrain.

Un appel à un arbitrage politique clair

La démarche des professionnels reste constructive : ils affirment vouloir servir le pays, porter des œuvres de qualité et relancer la présence du cinéma algérien sur la scène internationale.

Mais ils soulignent que cette ambition demeure tributaire d’un environnement favorable et de décisions publiques alignées avec les besoins réels du secteur.

Alors que la réunion du 8 décembre confirme un intérêt présidentiel renouvelé, la lettre ouverte rappelle que le cinéma algérien ne pourra se relever sans une clarification des responsabilités, une simplification du cadre réglementaire et une véritable association des professionnels aux décisions.

La balle est désormais dans le camp des institutions chargées de traduire politiquement ce qui, pour l’instant, reste largement au stade des intentions.

Samia Naït Iqbal

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L’onomatopée, une autonomie des cultures

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Image par DAN TER de Pixabay

L’autonomie des cultures a toujours combattu l’uniformité universelle autant qu’elle le pouvait. Elle trouvera parfois des chemins très improbables pour y arriver. Certains ne sont pas volontaires mais la culture, écrite ou orale, sait inventer ses propres mécanismes pour préserver son autonomie. 

Il fallait bien un jour que je fasse l’effort de rechercher la signification du nom Tik Tok, le si célèbre et controversé réseau social, s’il en a une. La première idée lorsque vous êtes confrontés à un nom au son percutant, très court, parfois répété et sans signification apparente, vous pensez à une onomatopée. 

Sa définition, tout le monde la connaît, c’est un mot qui fait référence à un bruit particulier. Vlan ! Boum ! Crac ! Plouf ! Et ainsi de suite. Il y en a autant en arabe mais le lecteur m’excusera de ne pas savoir les écrire en lettres latines, sinon d’une façon qui me ridiculiserait. Ce n’est pas exactement ce que je recherche dans une chronique ni ailleurs.

Je ne suis certainement pas le premier à le dire, il est étonnant qu’un même bruit se dérive en une onomatopée différente selon les régions du monde, ses langues et ses cultures. Cela prouve, comme nous l’avons dit, qu’elles ont une capacité à s’autonomiser même avec un bruit pourtant perçu de la même manière par les oreilles de tous les êtres humains. Le son est une vibration, il est attendu qu’il soit le même en toutes circonstances et en tout lieu de ce monde.

Un humoriste de grand talent, tombé depuis dans les abîmes du racisme et de la vulgarité, je ne le cite  pas, avait écrit un sketch très drôle et très significatif des onomatopées. L’une d’entre elles, le cri du coq, que nous traduisons par cocorico ! 

Pourtant, nous dit l’humoriste, cette onomatopée se traduit en Angleterre par Cock-a-doodle-doo ! En allemand, Kikeriki, en espagnol, Kikiriki, en italien, Chicchirichi ! Et ainsi de suite dans toutes les variations des langues. Ai-je vraiment réussi à les orthographier correctement ? 

Peut-on considérer vraiment que les onomatopées sont des éléments de la culture et de la linguistique des différentes sociétés dans le monde ?

C’est étonnant mais c’est absolument oui. En fait si l’onomatopée est la reproduction des sons, c’est surtout un phénomène linguistique perceptuel et phonologique nous disaient nos professeurs de lettres et de langues. 

Or, il n’y a rien de plus différent que les perceptions, notamment  dans le domaine phonique (comme les accents). Cela est aussi vrai pour les individus pris dans leurs singularités aussi bien que pour les différentes sociétés humaines.

Si nous en revenons à notre Tik Tok qui m’avait intrigué, c’est effectivement une onomatopée, après une très courte recherche. On reconnait le son de l’horloge et des secondes qui s’écoulent. C’est ainsi le mouvement constant qu’on pourrait assimiler au déroulement rapide des images et des vidéos sur l’application.

Hélas, dans ma recherche, vu mon ignorance que j’avais avoué au début, j’ai découvert également que l’onomatopée était anglaise, Tic-tock pour la même signification.

Pour ce réseau social qui n’a pas un brin d’intelligence et de références culturelles, il aurait été surprenant d’en trouver une qui soit issue de la langue de son créateur. Abrutissant pour les jeunes et même pas culturel !

Et vlan ! En voilà une sur la figure. Vous n’avez, bien entendu, pas raté l’onomatopée.

Boumediene Sid Lakhdar

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Financement libyen : la justice française libère le Franco-Algérien Alexandre Djouhri

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Alexandre Djouhri
Alexandre Djouhri était le dernier prisonnier dans le cadre du procesdu financement libyen.

Dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré, la cour d’appel de Paris a accepté mercredi 10 décembre de libérer Alexandre Djouhri sous contrôle judiciaire.

Homme d’affaires franco-algérien, Alexandre Djouhri a été condamné à six ans de prison avec mandat de dépôt en septembre dernier pour son rôle d’intermédiaire dans l’affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007.

Alors que l’intermédiaire avait déjà émis une première demande de mise en liberté en octobre, elle avait été rejetée début novembre. Pour la cour d’appel de Paris, le risque de fuite à l’étranger, notamment, était trop important.

La deuxième tentative d’Alexandre Djouhri aura donc été la bonne : la Cour d’appel a donné son feu vert à une libération, malgré les réquisitions du parquet général, les magistrats pointant particulièrement la double nationalité du prévenu et donc la possibilité d’un départ vers l’Algérie. D’autant plus que la coopération judiciaire avec la France demeure fragile.

Mais cette libération n’est que partielle : Alexandre Djouhri demeure sous contrôle judiciaire. Selon son contrôle strict, il est interdit de de sortir d’Île-de-France, de s’absenter de son domicile entre 8h et 20h, ainsi que de tout contact avec les autres prévenus. Il a également l’interdiction de mener une activité d’intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d’emprisonnement avec mandat de dépôt : l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer. L’ex-chef de l’État a été incarcéré 20 jours à la prison de la Santé, avant d’obtenir sa libération auprès de la cour d’appel. Wahib Nacer, condamné à une peine de quatre ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a pareillement été libéré de prison.

Selon son avocat cité par l’Agence France-Presse, Alexandre Djouhri quitte la prison de la Santé après moins de deux mois derrière les barreaux : c’est donc en homme libre qu’il comparaîtra au procès en appel du financement libyen, prévu du 16 mars au 3 juin – comme tous les autres prévenus de cette affaire. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.

Avec RFI

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Peur sur la Kabylie !

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Kabylie.
La Kabylie. Crédit photo : Mahdy Aridj

À quelques jours de la déclaration d’indépendance de la Kabylie, les réseaux sociaux s’emballent et sont inondés de commentaires incendiaires, souvent frisant l’insulte, entre les partisans du « pour » et ceux du « contre ». Jamais autant d’invectives remplies de hargne n’a atteint tel niveau de haine. Tout le monde semble pressé d’en découdre, quitte à affronter l’autre sur des terrains de combat de guerre.

C’est un véritable vent de folie qui souffle sur nos compatriotes, tant il est vrai que les enjeux sont immenses.

Quels arguments sont utilisés par les uns et les autres pour tenter de convaincre et d’imposer leur vision des choses pour rallier à leur cause ?

Pour les indépendantistes, depuis la nuit des temps, la Kabylie a toujours été occupée par des envahisseurs venus du bout du monde, sauf les derniers en date qui étaient aux aguets à nos frontières en attendant que l’armée française fasse ses valises. Cette armée des frontières avait envahi le pays de façon aussi, voire plus féroce que ceux qui étaient venus de contrées lointaines. Cela est une vérité que personne ne peut nier ou renier.  La suite est connue de tous.

Toujours pour les indépendantistes, il est plus que temps d’arracher la liberté telle que rêvée par les anciens et prendre enfin notre place dans le train d’un monde civilisé qui avance à toute vitesse.

Bien évidemment, pour les autonomistes, il ne s’agit pas de s’affranchir de nos frères arabophones mais de la tutelle dictatoriale de l’armée et de ses zélés serviteurs.

Pour ceux qu’on appelle les « Algérianistes », la formule consacrée est : « Pas d’Algérie sans la Kabylie, et pas de Kabylie sans l’Algérie ». À cet égard, les « khawa-khawa », scandés à tue-tête aux quatre coins du pays, étaient porteur de mille et un espoirs.

Oui, comme l’écrasante majorité, nous avons été séduits par cet élan de solidarité et ces grandes marches desquelles fusaient des slogans magnifiques tels que « Tizi-Ouzou, bravo aâlikoum, El-Djazaïr, teftakher bikoum ! », « Casbah, Bab-el-oued, Imazighen ». Même mon beau père, paix à son âme, en était joyeux et n’hésitait pas à le montrer du haut de ses 88 ans, lui qui avait quitté sa Kabylie natale à l’âge de douze ans pour aller tenter l’aventure dans la capitale. Il se sentait enfin chez lui dans cet Alger jadis hostile à tout ce qui rimait avec Kabyle.

Pendant des semaines c’était la même fougue et le même émerveillement ! Des mois de marches hebdomadaires et aucun dépassement, de quel ordre que ce soit, n’avait été signalé. Le peuple algérien venait de démontrer au monde son pacifisme. Celui de la sagesse de nos ancêtres qui préféraient rester vivants en escaladant collines et montagnes que d’affronter des hordes sauvages venues d’ailleurs pour nous imposer par toutes sortes d’épées leur vision erronée du monde.

C’est pour cela, nous le souhaitons ardemment, que toutes ces marches annoncées soient conformes à l’esprit « Hirak » ! Si c’est le cas, nous pourrons nous targuer du qualificatif de peuple civilisé. Dans le cas contraire, la dictature sévira davantage, au grand bonheur des militaires. D’ailleurs, il ne serait pas étonnant que le pouvoir fasse infiltrer les manifs à venir par leurs fidèles baltaguias pour casser la dynamique pacifique et tirer les marrons du feu. Comme d’habitude. 

Il ne serait pas étonnant, non plus, qu’on nous invente un nouveau Cap Sigli, comme du temps de Boumediene.

En attendant, c’est une peur jamais égalée qui s’abat sur la Kabylie, car nul ne peut l’ignorer, c’est là que se joue la suite de ce tournant décisif de notre histoire. Car qu’on le veuille ou non, le destin de l’Afrique du Nord, dont celui de la Kabylie, dépendra de la sagesse de ses enfants.

Il vous appartient, nous appartient à tous de démentir la citation : « Celui qui cherche la sagesse est un sage, celui qui croit l’avoir trouvée est un fou. » Où qu’elle se cache, cherchons-la !

Kacem Madani

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Algérie–Irak : les Fennecs terminent premiers et filent en quarts

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Algérie Irak
Après son match face à l'Irak, l'Algérie qualifiée aux quats de finale.

Au stade international Khalifa, l’Algérie a livré un match intense et maîtrisé, ponctué de moments spectaculaires et de rebondissements. Dès la 2ᵉ minute, l’Irak est réduit à dix après l’expulsion d’Al Saedi pour une semelle sur Yacine Brahimi. Un carton rouge direct qui place immédiatement les Fennecs en position de force.

Les Algériens prennent le contrôle du jeu et dictent le rythme. Sur un coup franc, Tougai est accroché dans la surface, mais le VAR annule la décision de penalty pour hors-jeu. Malgré cette frayeur, l’équipe nationale reste concentrée et patiente. Juste avant la pause, un coup franc frappé par Yassine Benzia trouve Redouane Berkane au premier poteau, qui dévie le ballon vers Tougai. La reprise instantanée du défenseur est validée après consultation de la VAR (1‑0, 45+1ᵉ).

Le début de seconde période est fatal aux Irakiens. Yacine Brahimi, par un mouvement individuel, élimine son vis-à-vis et centre fort. Talib dévie sur son capitaine Natiq, qui marque contre son camp (2‑0, 47ᵉ). Ce but du break permet à l’Algérie de contrôler le reste de la rencontre.

Malgré plusieurs tentatives et changements, les Irakiens ne parviennent jamais à mettre Chaal en danger, qui s’illustre par des interventions décisives en fin de match. La victoire 2‑0 offre à l’Algérie la première place du groupe D et la qualification pour les quarts de finale.

Vendredi à 18h30, les Fennecs affronteront les Émirats arabes unis, forts de cette performance solide et d’une maîtrise tactique qui n’a jamais faibli, même dans les instants de tension. Cette rencontre restera comme un exemple de patience, de discipline et d’efficacité dans le jeu des Algériens, capables de transformer rapidement un avantage numérique en résultat concret 

Djamal Guettala 

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