17.9 C
Alger
Accueil Blog Page 2118

Le président Bouteflika : « vous êtes témoins des conflits qui déstabilisent notre nation arabe »

0
Dans un communiqué lu par Tayeb Zitouni

Le président Bouteflika : « vous êtes témoins des conflits qui déstabilisent notre nation arabe »

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé dimanche un message à l’occasion de la journée nationale du Moudjahid, lu en son nom à Tébessa par le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni. En voici la traduction APS:

« Mesdames, Messieurs

En cette journée historique, l’Algérie commémore la journée du Moudjahid en reconnaissance aux artisans de l’indépendance de notre chère patrie et de l’affranchissement de notre valeureux peuple et en célébration des honorables stations historiques de la glorieuse Révolution de Novembre.

En cette date commémorative, je tiens d’abord à adresser mes salutations fraternelles et profondément respectueuses à l’ensemble de mes compagnons Moudjahidine et Moudjahidate en leur souhaitant bonne santé pour continuer à être témoins de la persévérance de l’Algérie sur la voie de la construction et de l’édification.

Je saisis également cette occasion pour me recueillir à la mémoire des Moudjahidine et Moudjahidate qui nous quittent, malheureusement, les uns après les autres, et ce, après avoir contribué à la libération de l’Algérie et à la reconstruction de son Etat altier.

De même que je tiens à adresser mes salutations fraternelles aux membres de l’Organisation nationale des Moudjahidine, mes compagnons d’armes, en souhaitant à leur auguste organisation davantage de réalisations au service de la mémoire de la glorieuse Révolution de Novembre et de la défense de l’histoire de l’Algérie combattante.

Mesdames, Messieurs

La date du 20 août coïncide également avec l’anniversaire de mémorables évènements historiques, à commencer par l’Intifada de notre vaillant peuple dans le Nord constantinois, qui par les sacrifices qu’il a consentis, a confirmé que la Révolution du 1er Novembre 1954 était véritablement la révolution de tout un peuple, un peuple résolu à libérer sa terre, un peuple dont l’Armée de libération nationale a été le solide bouclier pour briser les chaines du colonialisme.

Oui, mesdames et messieurs, l’Intifada du 20 août 1955 a été une admirable fusion entre nos vaillants Moudjahidine et nos valeureux citoyens, une fusion qui a terrifié l’implacable colonisateur. Ce sursaut a été également une preuve supplémentaire de la détermination de notre peuple à payer le prix fort pour le recouvrement de sa liberté.

Face à ce nouveau sursaut de notre brave peuple et à la bataille courageuse menée par notre Armée de libération nationale le 20 août 1955, le colonisateur s’est livré à une sanglante répression sans précédent, en utilisant toutes sortes d’armes par voie terrestre, aérienne et maritime. Une répression qui a atteint sa plus horrible manifestation avec le massacre dont a été le théâtre le stade de Skikda qui a vu le génocide de plus de 10.000 civils sans défense.

En commémorant cet anniversaire aujourd’hui que l’Algérie est indépendante, le devoir nous impose de nous recueillir avec déférence et respect à la mémoire de ces milliers, voire ces dizaines de milliers d’Algériens et d’Algériennes tombés en martyrs dans le Nord constantinois en priant Le Tout-Puissant de les rétribuer et de les accueillir en son vaste paradis.

Mesdames, Messieurs,

Durant la lutte armée et à un moment crucial de la glorieuse Révolution de Novembre, le Commandement de l’Armée de libération nationale a décidé de la tenue du congrès de la Soummam le 20 août 1956. Un congrès qui a réuni l’élite des dirigeants de notre révolution armée qui ont arrêté une charte traçant la route de notre révolution jusqu’à la victoire et mis en place une solide organisation de notre lutte armée et une structure politique permanente, venue en appui au bouclier politique de la glorieuse Révolution de Novembre, j’entends le Front de libération nationale.

En effet, l’organisation militaire adoptée par le Congrès de la Soummam a permis de donner un souffle nouveau et fort à l’Armée de libération nationale qui a ainsi renforcé sa présence sur le terrain et resserré l’étau sur l’armée coloniale.

La vaillante Armée de libération nationale, soutenue par le peuple dans son ensemble y compris sa communauté à l’étranger, avait contraint l’odieuse armée coloniale à acheminer plusieurs convois militaires vers notre pays pour maintenir sa présence dans une tentative désespérée fatalement vouée à l’échec.

Ainsi l’indépendance de l’Algérie a été acquise au prix de sacrifices d’un million et demi de Chahid et non sans une destruction barbare dont le point noir a été la sinistre armée secrète de colons haineux qui ont déversé leur fiel sur les civils sans distinction entre grands et petits, ni hommes et femmes.

Mesdames, Messieurs,

Certes, aujourd’hui nous jouissons des bienfaits de la liberté et de l’indépendance et des fruits du processus de construction et d’édification, engagé par notre vaillant peuple depuis plus de cinq décennies, un processus qui a enregistré un bond qualitatif et quantitatif les deux dernières décennies, et vous en êtes témoins, à travers tout le pays de son extrême sud à sa façade maritime et d’Est en Ouest.

Cependant, la liberté et l’indépendance, la construction et l’édification sont des acquis et des enjeux qui requièrent la mobilisation permanente, l’effort intarissable et même le sacrifice au service de la patrie.

Vous connaissez l’ampleur des défis qui continuent à se poser à nous pour satisfaire tous les besoins sociaux de notre peuple et pour construire une économie forte et moins dépendante aux hydrocarbures.

Vous êtes témoins des conflits qui déstabilisent notre monde contemporain et particulièrement notre nation arabe, et bafouent les droits économiques des peuples.

Oui, le droit à la liberté, à l’indépendance ainsi que le droit des peuples à vivre dans la stabilité et la sérénité sont devenus malheureusement une chose rare dans le monde arabe en raison des conflits et des crises épuisants pour nos potentialités, des conflits qui nous éloignent du devoir sacré qu’est la libération de la Palestine, la première des deux Qiblas et le troisième Lieu saint de l’Islam.

Pour notre chère Algérie, ces crises extérieures qui se jouent à nos frontières sont porteuses de dangers du terrorisme abject et des réseaux du crime organisé, deux fléaux désormais transfrontaliers.

Face à ces défis et à ces dangers, je vous exhorte, enfants de notre chère patrie, à suivre les pas de nos glorieux Moudjahidine et valeureux Chouhada, à vous mobiliser pour la poursuite de l’édification et la mutualisation de toutes les potentialités de notre pays et à renforcer l’édifice d’un front populaire solide afin de garantir la stabilité de l’Algérie et sa résistance face à toutes les manœuvres internes et menaces externes.

Nous avons renoué avec la stabilité, la sécurité et la sérénité au prix de lourds sacrifices durant la tragédie nationale, d’où le devoir de préserver ces acquis qui sont le socle essentiel et indispensable au parachèvement de notre projet socioéconomique.

Par ce front populaire solide, vous devez contrecarrer toutes les manœuvres politiciennes et tentatives de déstabilisation de nos rangs par des interprétations erronées ou en opposition aux préceptes de notre religion.

Vous devez également, grâce à ce front populaire solide, faire face à tous les fléaux et en premier lieu la corruption et la drogue qui rongent notre économie et notre société.

Dans le cadre de cette mobilisation nationale, je vous exhorte tous, enfants de notre chère patrie, à prendre exemple sur l’élite  de notre société, les éléments l’Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l’Armée de libération nationale, et les éléments des forces de sécurité qui consentent quotidiennement des sacrifices pour la sauvegarde de l’intégrité et la souveraineté de notre territoire national et la préservation de la sûreté et de la sécurité de notre peuple et de ses biens.

A l’occasion de cet anniversaire, je souhaite rendre hommage, en votre nom et en mon nom personnel, aux membres de l’Armée nationale populaire (ANP) et aux forces de sécurité qui continuent à donner leurs vies pour la lutte contre le terrorisme odieux jusqu’à son éradication avec l’aide du Tout puissant, et m’incliner à la mémoire des martyrs du devoir national.

Mesdames, Messieurs,

En vous adressant ce message à la veille de l’Aïd El-Adha, j’aimerais adresser à tous mes chers compatriotes en Algérie et à l’étranger mes vœux les meilleurs et souhaiter également à nos Hadjis un pèlerinage agréé par Allah et qu’ils l’accomplissent dans les meilleures conditions et retrouvent les leurs sains et saufs.

Gloire à nos valeureux martyrs

Vive l’Algérie ».

Auteur
APS

 




- Publicité -

Intenses combats en cours à Kaboul, après des tirs de roquettes

0
Afghanistan

Intenses combats en cours à Kaboul, après des tirs de roquettes

D’intenses combats se déroulaient dans Kaboul, où des roquettes ont été tirées mardi matin, alors que l’Afghanistan attendait encore une réponse officielle des talibans à l’offre de cessez-le-feu du président Ashraf Ghani.

Les roquettes sont tombées sur la capitale alors que le chef de l’Etat prononçait un discours pour le premier jour de l’Aïd, deux jours après avoir proposé une trêve aux insurgés. Aucun groupe n’a pour l’instant revendiqué l’attaque.

Un journaliste de l’AFP a vu un hélicoptère militaire descendre en piqué au-dessus d’une rue proche de la mosquée d’Eidgah, dans la vieille ville, et tirer une roquette sur une position tenue par un assaillant. Un nuage de fumée s’est alors envolé vers le ciel.

« Un groupe de terroristes a pris le contrôle d’un bâtiment de Reka Khana (vieille ville) et tiré plusieurs roquettes en direction de Kaboul », a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur Najib Danish à l’AFP. « Deux personnes ont été blessées. Les forces de sécurité sont en train de combattre les terroristes », a-t-il ajouté.

Les incidents ont démarré vers 9H00 locale (5H30 GMT) quand plusieurs roquettes ont été tirées sur deux quartiers de la ville, a indiqué le porte-parole de la police de Kaboul Hashmat Stanikzai.

« Des assaillants ont pris position derrière la mosquée Eidgah. Les forces de police sont sur place. Elles ont bouclé le périmètre », a-t-il poursuivi, sans toutefois pouvoir communiquer de bilan.

Des habitants qui jusqu’alors faisaient des courses pour l’Aïd se sont mis à courir pour se mettre à l’abri. Des voitures ont fait des embardées pour quitter le quartier. Des explosions et des tirs d’armes à feu pouvaient être entendus alors que les forces de sécurité bouclaient le périmètre. 

Près de la présidence 

Cette mosquée est située à proximité du palais présidentiel, où Ashraf Ghani se trouvait. Le bruit d’une explosion était audible en arrière fond sonore de son discours retransmis sur Facebook. Une forte présence sécuritaire était aussi visible près du stade de Kaboul.

L’Afghanistan attendait toujours mardi la réponse des talibans à une offre de cessez-le-feu de trois mois faite dimanche soir par le président Ghani.

L’administration afghane a supprimé « tous les obstacles » à la paix, avait-il affirmé, « exhortant » les talibans « à se préparer à des discussions de paix basées sur les valeurs et principes islamiques ».

Le groupe Etat islamique, très actif sur Kaboul, n’avait toutefois pas été mentionné par Ashraf Ghani.

Quelques heures après l’intervention du chef de l’Etat afghan, les insurgés avaient fait savoir qu’ils libèreraient lundi des « centaines » de prisonniers « pour qu’ils puissent passer l’Aïd » el-kébir, qui démarre cette semaine, « avec leurs familles et amis ». 

Il était toutefois difficile de savoir à quels détenus se référaient les talibans qui n’ont depuis lors pas communiqué sur le cessez-le-feu.

Interrogé par l’AFP, l’un de leurs cadres au Pakistan a expliqué lundi qu’ils devaient encore préparer une réponse formelle à l’offre d’Ashraf Ghani. Même sans annonce officielle, les combats devraient toutefois diminuer d’intensité pendant l’Aïd, a-t-il suggéré.

Mais pour le porte-parole du président afghan, Haroon Chakhansuri, « tout cessez-le-feu non officiel ou restrictions (dans les combats) n’est pas un cessez-le-feu. S’ils annoncent officiellement (le cessez-le-feu) nous le respecterons tant qu’ils feront de même ».

L’offre du président Ghani a été saluée par les Etats-Unis, l’Otan et le Pakistan voisin, qui ont appelé toutes les parties à déposer les armes.

Auteur
AFP

 




- Publicité -

Gabriel Garcίa Márquez, le conteur d’un autre monde

0
Conseil de lecture aux jeunes

Gabriel Garcίa Márquez, le conteur d’un autre monde

En 1968 fut mondialement diffusé le roman publié en 1967 « Cent ans de solitude » écrit par le journaliste et romancier colombien Gabriel Garcίa Márquez. À ce moment précis de l’histoire, de l’université de la Sorbonne à celle de Berkeley, la jeunesse comme les intellectuels dans leur ensemble étaient occupés à d’autres bouleversements mondiaux où le conservatisme avait subi les contrecoups de la décolonisation et des libertés inféodées au carcan des États conservateurs d’après-guerre.

Et pourtant, malgré cela, ils perçurent immédiatement le choc retentissant de ce roman inoubliable qui se hissa sans tarder dans les hauteurs de la littérature mondiale avec un succès qui ne s’est jamais démenti jusqu’à nos jours. Dans la fin des années 90, mes enfants me l’ont offert à mon anniversaire avec une touchante dédicace, sachant que j’avais exprimé l’intention de le relire dans sa nouvelle édition de poche avec une photo de couverture devenue désormais célèbre.

Et si je vous propose aujourd’hui ce livre, ce n’est bien entendu pas pour ce rappel à mes tendres souvenirs mais parce que moi-même comme des millions de lecteurs à travers la planète et les décennies ont ressenti la même émotion de lecture. De celles qui laissent une  trace profonde dans la conscience des lecteurs, reconnaissable entre toutes.

Marquez

Dès la notoriété soudaine dans son pays puis dans le monde, Gabriel Garcίa Márquez n’a cessé de répéter qu’il était étonné du succès d’un livre dont il n’avait jamais pensé qu’il puisse être son meilleur. Il estimait que son écrit qui aurait pu peut-être devenir un succès serait « L’amour au temps du choléra ».

Et c’est justement dans cette remarque que se situe la puissance de cet écrivain hors-norme, c’est à dire la haute qualité de presque tous ses romans. Si j’ai choisi pour nos jeunes lecteurs, parmi tous les merveilleux romans de l’écrivain colombien, « Cent ans de solitude », ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit du succès le plus notoire en terme de vente mais surtout parce qu’il est le plus surprenant et le plus fascinant. Et lorsqu’un roman sort des conventions habituelles, suscite autant de passion et de curiosité par l’étrangeté de son histoire, tout en restant très accessible à la lecture du plus grand nombre, nous sommes incontestablement dans la définition du chef-d’œuvre.

On ne peut éviter de reprendre un commentaire très connu du poète chilien Pablo Neruda, autre géant sud-américain, à propos de « Cent ans de solitude », soit d’être le plus grand roman de la littérature hispanophone après le célébrissime Don Quichotte de Miguel de Cervantes.

Au delà du compliment partagé, nous devons préciser qu’il y a une base identique de comparaison, justement cet élément qui ne fait ressembler l’histoire à rien de convenu. Nous l’avions souligné dans l’un des premiers opus de cette chronique d’été, consacré à Don Quichotte. Tout comme lui, l’étrangeté du récit de « Cent ans de solitude » en a fait un monument de la littérature.

Marquez

Alors que Don Quichotte était un personnage farfelu et totalement invraisemblable, Gabriel Garcίa Márquez fait évoluer un monde où se côtoient les morts et les vivants, les personnages en tapis volant et bien d’autres étrangetés, pourtant dans un décor et une histoire des plus réalistes.

Le romancier sud-américain, surnommé « Gabo », est un activiste politique militant à sa manière et rien ne pourrait être plus critique de l’Amérique latine que des écrits qui sont la parfaire traduction de ce qu’elle est dans ses dérives autoritaires et de corruption. Tout le continent sud-américain s’est reconnu dans les fabuleuses histoires sur fond d’une société parfaitement identifiable.

Pour son œuvre grandiose, l’écrivain obtint en 1982 le prix Nobel de littérature en l’honneur de « ses romans et ses nouvelles où s’allient le fantastique et le réel dans la riche complexité d’un univers poétique reflétant la vie et les conflits d’un continent ». L’écrivain fut effectivement élevé dans son enfance sur la côte caribéenne par ses grand-parents et baigna dans une culture tropicale chargée « de contes et nouvelles aux parfums exotiques » reprennent certains biographes de l’écrivain.

Né en 1927, il s’éteint en 2014 auréolé d’une notoriété mondiale bien méritée. Ses romans continuent d’avoir le même succès auprès des lecteurs du monde entier, je suis persuadé qu’ils puissent avoir le même pouvoir auprès de la jeunesse algérienne. Il n’y a nul doute qu’en 2014 s’éteint l’une des voix les plus caractéristiques de l’âme littéraire (et politique) de l’Amérique latine.

Je vous conseille de vous précipiter pour lire ce fabuleux roman qui laissera une trace indélébile dans votre sentiment de lecture que j’espère être la source d’une envie vers les autres grands romans de l’écrivain. Je ne peux vous en conseiller un autre, ils sont tous bons et chacun a son charme secret.

Juste une petite précaution pour le livre d’aujourd’hui, bien que le colonel Auréliano Buendia soit le personnage central, vous serez peut-être perdus avec tous les Buendia qui forment la descendance et et les proches. Comme pour certains classiques, il est recommandé d’inscrire sur une feuille de papier la généalogie simplifiée de la famille Buendia (ou se la procurer sur Internet) car les aller-retours dans le temps, et donc dans les générations, risquent de perturber les jeunes lecteurs.

Un simple schéma et voilà la seule difficulté de ce « pavé » maîtrisée pour laisser place à une grande délectation de lecture.

Auteur
Sid Lakhdar Boumediene

 




- Publicité -

Mohamed Demagh : méditer le ressenti et renaître des cendres

0
Mohamed Demagh
Mohamed Demagh. Crédit : Jugurtha Hannachi.

L’ensemble des journaux annonçant le décès du plasticien Mohamed Demagh ont associé à son patronyme le vocable moudjahid, comme si l’acceptation et reconnaissance du statut d’artiste incombaient d’abord aux actions anticoloniales menées en plein maquis lors de la Guerre de libération.

Or, bien que la démarche qui caractérise l’œuvre tridimensionnelle de « (…) l’un des plus grands maîtres de la sculpture en Afrique» (selon le Huffpost Algérie, 17 août. 2018) a pour origine déterminante un combat révolutionnaire investi dès 1955 au cœur du djebel, le déclencheur du processus créateur est à détecter sous les noircissures de la braise, c’est-à-dire aux endroits où se plantaient les arbres englués de napalm.

Ces indices primordiaux renvoient au paradigme de résurrection et extensivement à la problématique existentielle de Joseph Beuys, installateur habité d’une vocation thérapeutique susceptible d’immuniser et soulager la société allemande des maux psychologiques inhérents au nazisme. Les souvenirs affectant négativement le passé taraudaient tout autant l’esprit de Mohamed Demagh, lequel tempérera d’abord la souffrance humaine au stade du service maintenance d’un hôpital, emploi le rapprochant du protagoniste germanique contraint d’interrompre des études de médecine dès le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Muté sur le front russe, le futur pilote de la Luftwaffe s’écrasera en Crimée, magnifiera la chute du monomoteur de chasse en stipulant avoir été secouru par des autochtones tartares instinctivement enclins à l’enrouler d’une couverture de feutre, à l’enduire de graisse antiseptique et à le rassasier de miel.

Quant au Batnéen, celui-ci échappera, contrairement à ses frères d’armes, au pilonnage, le 24 juin 1956, de la localité Ras Fourar. L’essence gélifiée (napalm) ayant embrasé les forêts environnantes de la Wilaya I, territoire des Nememcha, ce soldat promu au grade de sous-lieutenant sortira souvent des rangs de l’ALN (Armée de libération nationale) afin de récupérer des troncs de cèdres, chênes ou acacias carbonisés, de leur offrir une nouvelle apparence.

Du côté de Beuys, terre, cuivre, cire d’abeille, beurre, sang, os, soufre, animaux morts, rognures d’ongle, poils, bois et poussières s’annexeront aux trois symboles de chaleur (feutre, graisse et miel), matériaux de départ devenus les supports de prédilection, les récurrents médiums conducteurs d’une expression du sensible ponctuée des douleurs personnelles et ancestrales dissimulées ou enfouies.

Figure de proue du courant Bewegung, le célèbre personnage au chapeau et gilet scénarisera à partir de l’année 1964 la légende dérivée de l’accident d’avion, cartographiera les diverses pistes d’un dispositif intellectif axé sur la condition chaotique, de mouvement et de forme. İl dégagera de la trilogie énergétique un pouvoir de réflexion ainsi qu’une perception élargie de l’idée conventionnelle de la sculpture, discipline que Mohamed Demagh émancipera à son tour en la délestant de la notion de statuaire.

Parfois exhibées devant l’atelier de la rue des frères Guellil (en réalité un garage du centre ville de Batna), les premières épreuves de 1966 exploiteront essences et textures du matériau collecté, sans doute grâce à une formation à l’école technique d’ébénisterie de Hussein dey, somme toute utile tant elle lui permettra d’adoucir les impacts, ce que rapportera l’interview accordée à l’hebdomadaire Révolution Africaine du 04 au 10 mars 1993, l’autodidacte y avouant : « Je communique avec l’arbre, on se parle, (…). Je ne le blesse pas avec les gouges (…). Le maillet me guide (…) et s’est ainsi que se crée une musique ». De la partition maîtrisée du geste naîtront les réalisations L’Étonnement, La Mère et l’enfant puis Tef’faha (Le Pommier). Élaboré suite à la mort du chef de famille, ce totem-mémoire relève d’une histoire encore plus affective puisqu’il s’agissait cette fois de sauver du dépérissement le résineux protégeant des rayons du soleil des parents assis à même la cour. Aussi, chaque métamorphose de l’auteur « (…) maintient le bois en éveil (…), le moule pour libérer l’élan qui sommeille sous la gangue pesante de l’écorce (…), infuse une nouvelle vie, communique une autre dynamique », soulignait en 1980 Tahar Djaout, écrivain attaché au concept de « (…) sculpture-témoin » que l’on retrouvait chez l’initiateur du happening I like America and America likes me.

Agencée en mai 1974 à la galerie newyorkaise René Block, la performance consistera à s’enfermer trois jours durant derrière un grillage avec un coyote, à attester de l’extermination de l’animal par des Blancs pareillement accusés du massacre des İndiens ou Amérindiens. Presque deux décennies plus tard, Demagh se lovait quant à lui au milieu d’une structure de fer, se blottissait au creux d’une cage ovale, semblait couver la météorite dénichée du côté de Khenguet Sidi Nadji, plus précisément à El-Oueldja, village du département de Khenchela. Là, les habitants baptiseront mithkal (poids) ou « Pierre du paradis » celles encore visibles aux alentours, soutiendront qu’elles jonchent le sol lorsque des anges les lancent en direction de Satan.

Le vagabond ou nomade impénitent en ramassera plusieurs et décidera en 1991 de les transporter à Batna puis à İfigha ; deux mois avant l’exposition Poids, mesure, mouvement et espace (aménagée du 20 janvier au 05 février 1993 au Palais de la Culture d’Alger), il les ceinturera de lanières métalliques soudées à l’aide du forgeron de Mtoussa, les métamorphosera en « (…) paraboles unissant deux mondes, le proche et le lointain » pouvait-on lire au sein de l’hebdomadaire Révolution Africaine déjà cité en référence.

Les boules cosmiques ne furent donc aucunement ramenées de Reggane (pôle géographique d’un essai nucléaire français) et à fortiori encore moins « (…) irradiées par l’opération Gerboise bleue », comme l’évoque faussement Mustapha Maaouià (Chef de service de chirurgie à l’hôpital Bachir Mentouri de Kouba) via l’hommage que publieront le Reporters (17 août. 2018), L’Expression, El Watan et Le Soir d’Algérie (19 août. 2018). Venus à l’époque rendre visite au sculpteur, des chercheurs de l’Observatoire de Bouzaréha (CRAAG) confirmeront être en présence de météorites (le quotidien Le Matin du 03 février 1993 titrait d’ailleurs « Demagh, l’homme des météorites »).

« Hymne à la symétrique mesure d’un mouvement d’art inachevé » (intitulé du journal Le Matin, 20 janvier. 1993), la manifestation de l’hiver 1993 montrait La Sirène, Tef’faha ou Pommier de mon père, le bas relief L’enfant sous le palmier et une série de sphères privée de signalements ou repères nominatifs. Puisque « Le mouvement, c’est la maîtrise de l’équilibre » (in Algérie-Actualité, 03-09 mars .1993), Demagh lui attribuait «(…) une forme d’immobilité » (in El Moudjahid, 24 janv. 1993), le figeait dans l’optique de « (…) façonner l’harmonie du moment (…), d’enfermer le temps dans les formes » (İbidem), de suspendre les instants fugaces de la mémoire, de dévoiler tous les non-dits, d’aller au-delà du message pour « (…) explorer l’âme des objets (et) en décoder la symbolique», réajuster au final le tempo de la nature et de l’homme, les acclimater à « (…) d’autres trajectoires plus expressives » (İbidem). En emprisonnant les météorites au sein de rails elliptiques, l’écologiste et humaniste existentialiste empêchait les démons de se déchainer, d’amplifier les traumatismes issus de violences corporelles partout agissantes au début de la décennie 90.

Quatre mois après une production dynamitant le réalisme monumental préconisé par le Conseil supérieur des Moudjahidine et ayants Droit de chouhada, ou encore lors de l’aménagement du Musée de l’Armée situé au Makam el Chahid (Mémorial du Martyr), Tahar Djaout était assassiné d’une balle tirée à bout portant au niveau de la tempe, abattu froidement au même titre que plusieurs intellectuels antérieurement et postérieurement exécutés. İnitiateur d’un langage bouleversant les canons technico-formels plus ou moins prescrits depuis l’İndépendance, orchestrateur d’une gamme esthétique irrecevable aux yeux de quelques adeptes des « Beaux-Arts », le reclus et incompris Mohamed Demagh discernera, interprétera et pénétrera depuis sa réserve aurésienne les fracas d’une contrée en décomposition. İl est mort le jeudi 16 août 2018 sans faire de bruit et attend, peut-être, maintenant l’acte de crémation, que le tonnerre foudroie sa tombe, que la décharge incendiaire brûle un corps sublimé d’étincelles.

Tel le Phénix, oiseau de feu affilié à l’éternité et à la liberté, le « Loup blanc » des Aurès renaîtra alors des cendres, court-circuitera les desseins du chitane (sheitan, shaitan, cheitan ou chaytan, diable malfaisant), apaisera les cœurs blessés, appliquera de la sorte la guérisseuse « mythologie individuelle » chère à Joseph Beuys.

Saâdi-Leray Farid, sociologue de l’art
- Publicité -

Un contrebandier abattu à Djanet et quatre criminels arrêtés à Debdeb

0
Criminalité

Un contrebandier abattu à Djanet et quatre criminels arrêtés à Debdeb

Quatre criminels ont été arrêtés dimanche à Debdeb, wilaya d’Illizi, par un détachement combiné de l’Armée nationale Populaire (ANP) qui a saisi des armes, des armes blanches et une quantité de munitions, indique lundi un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

« Dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée et grâce à l’exploitation de renseignements, un détachement combiné de l’ANP a intercepté, le 19 août 2018 à Debdeb, wilaya d’Illizi (4e Région militaire), quatre criminels et saisi un pistolet mitrailleur de type Kalachnikov, un pistolet automatique, une paire de jumelle, ainsi qu’une quantité de munitions et des armes blanches », précise la même source.

Par ailleurs, un contrebandier a été abattu samedi à Djanet par un détachement de l’Armée nationale populaire (ANP), après avoir refusé d’obtempérer alors qu’un autre a été arrêté, indique dimanche un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

« Dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée et lors d’une patrouille près de la bande frontalière à Djanet (4e Région militaire), un détachement de l’ANP a intercepté, le 18 août 2018, un véhicule tout-terrain et a abattu un contrebandier après avoir refusé d’obtempérer, alors qu’un autre contrebandier a été arrêté », précise la même source.

De même, un autre détachement « a saisi, au niveau du même Secteur, un véhicule tout-terrain, quinze groupes électrogènes et treize marteaux piqueurs ».

Par ailleurs, des éléments de la Gendarmerie nationale « saisi, à Tlemcen (2e Région militaire), (25) kilogrammes de kif traité », souligne le communiqué.

A El-Kala (5e Région militaire), des Garde-côtes « ont déjoué une tentative d’émigration clandestine de huit (08) personnes à bord d’une embarcation de construction artisanale, alors que trente-neuf (39) immigrants clandestins ont été arrêtés à Ghardaïa, Tamanrasset, Naâma et Tlemcen », conclut le MDN.

 

Auteur
Avec APS

 




- Publicité -

Deux jeunes Touareg auraient été tués par l’armée à Djanet

0
Au cours de manifestations

Deux jeunes Touareg auraient été tués par l’armée à Djanet

Les conditions de l’éclatement de ces échauffourées entre les services de sécurité et la population de Djanet dimanche soir ne sont pas encore très claires. Mais la situation reste très tendue dans cette wilaya de l’extrême sud-est du pays.

Si l’on croit plusieurs informations recoupées sur notre réseau sur la toile, des véhicules de l’armée ont été caillassés par la population en colère. Des coups de feu ont aussi été entendus par plusieurs témoins. Deux jeunes auraient été tués lors de ces affrontements. Certaines sources avancent une troisième victime.

Dans un procès-verbal de réunion qui a eu lieu lundi, portant la signature de plusieurs autorités civile et militaires de la région que nous avons reçu mais dont nous ne pouvons certifier l’authenticité, il est demandé de traduire les coupables devant la justice et des indemnités pour les familles des victimes. A cette réunion de « réconciliation » qui a eu lieu lundi matin, il y avait le président de l’APC, des parlementaires, des représentants de la société civile et des ceux de l’armée.

Pas seulement, le document évoque la revendication de l’ouverture des frontières avec les pays voisins, la libre circulation des habitants partout dans la région.

Reste à savoir si ces points couchés sur ce procès-verbal seront suivis d’effet…

document

Auteur
La rédaction

 




- Publicité -

Bouteflika donne son aval pour un musée en hommage à Matoub Lounès

0
A la demande de Malika Matoub

Bouteflika donne son aval pour un musée en hommage à Matoub Lounès

Le président Bouteflika a « approuvé le financement et le soutien » pour la « réalisation d’un musée dédié au patrimoine culturel et artistique du défunt chanteur Matoub Lounes », au village de Taourirt Moussa, à Ait Mahmoud (wilaya de Tizi Ouzou), et ce à la demande de Malika Matoub, présidente de la fondation « Matoub Lounes », a indiqué un communiqué du ministère de la Culture.

« Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a approuvé cette demande et donné ses instructions pour le financement et le soutien en faveur de ce projet culturel qui vise la préservation de la mémoire de l’artiste Matoub Lounes, qui a contribué à la promotion de la chanson et de la musique algériennes dans sa dimension amazighe et au renforcement de l’identité nationale », lit-on dans le communiqué du ministère.

Le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, chargé par le Premier ministre, a reçu Mme Malika Matoub et l’a informée de la décision du président de la République.

Lire aussi: Colloque international à Béjaïa autour de Lounes Matoub, biographie et œuvre
A ce propos, M. Mihoubi a fait savoir que la présidente de la fondation a exprimé sa reconnaissance quant à cette noble attention, et estimé que la décision du Président Bouteflika constituait un « soutien à la culture ayant pour objectif la préservation de la mémoire de ses symboles et artisans ».

La fondation Matoub Lounes avait commémoré le 25 juin dernier le 20e anniversaire de la disparition de l’artiste. A cette occasion, elle a émis le souhait que soit réalisé un musée à proximité de la résidence de la famille du défunt dans un délai n’excédant pas un an, a rappelé la même source.

Matoub Lounes est né le 24 janvier 1956 à Beni Aissa. Il a été assassiné le 25 juin 1998 par un groupe armé. Il était connu pour ses textes engagés contre le pouvoir, l’arabo-islamisme et pour la reconnaissance de tamazight officiellement.

 

Auteur
Avec APS

 




- Publicité -

Tamellaht pleure ses enfants victimes du terrorisme et proteste

0
Après une attaque au « hebheb »

Tamellaht pleure ses enfants victimes du terrorisme et proteste

Dimanche, dans la commune d’Ahnif (wilaya de Bouira), la population a sorti les banderoles, lors de l’enterrement d’un  des petits garçons tués dans l’attaque à la roquette artisanale de samedi soir. Les habitants, en colère, ont exigé que l’armée lance un ratissage pour traquer les terroristes qui sévissent encore sur les hauteurs de Bouira.

tamellaht

Les faits.

Le scénario de l’attaque n’est pas clair cependant. Une source avance qu’un groupe terroriste a tiré une roquette artisanale (hebheb) en direction du terrain vague dans lequel jouait un groupe d’enfants samedi soir. L’autre source parle d’un engin artisanal enterré dans le sol du terrain vague qui aurait explosé. A-t-il été manipulé par ces garçons.

Ce qui est sûr en revanche c’est que cette ignoble attaque a tué deux garçons, dont un de 13 ans et quatre blessés. Dont deux ont été amputé à l’hôpital de Bouira. Cette attaque contre des enfants, voire des civils, est une première en Algérie depuis le début des années 1990.

tam

Auteur
La rédaction

 




- Publicité -

« Hizb fransa » (le parti de la France) a bon dos pour le pouvoir !

0
Regard

« Hizb fransa » (le parti de la France) a bon dos pour le pouvoir !

Nos décideurs sont presque toujours en état de repousser avec pertes et fracas toute proposition venant de l’opposition ou de la société civile qui n’arrange guère leurs intérêts. Et pour contrecarrer l’avis de ceux qui les dérangent, ils n’hésitent jamais à battre parfois le rappel de quelques préjugés sciemment entretenus depuis longtemps pour discréditer toute démarche ne provenant pas du cœur du système (la main de l’étranger, les ennemis de l’Algérie, «hizb fransa» (le parti de la France), etc.). L’erreur est là, et elle est gravissime! 

Les lecteurs de cette chronique seront, peut-être, tentés de tenir cette vue pour excessive. Or, les exemples du recours de notre nomenklatura, ces dernières années, à des procédés et à des ruses politiques de ce type dans l’unique objectif de manipuler et de récupérer facilement le peuple sont légion. Il est clair toutefois que dresser ce dernier contre des ennemis virtuels lesquels sont capables, comme on le prétend, de faire tout pour comploter et saboter la maison-Algérie, est un rituel usé à l’heure des réseaux sociaux et de la technologie numérique de pointe. D’autant que ceux-ci mettent aujourd’hui à portée de clic d’ordinateur l’actualité du monde à la disposition de chaque citoyen. 

C’est pourquoi le seul engagement valable que doit tenir le pouvoir actuel est de se réformer sérieusement et au plus vite afin d’éviter un printemps social d’ampleur qui peut naître du sentiment d’humiliation général des Algériens. Démarche d’autant plus urgente que l’hypertrophie sociale se paie de l’immobilisme institutionnel, de la réduction des facteurs du développement humain, du délabrement de notre système éducatif et de celui de la santé, de la corruption endémique, de la bureaucratie.

En clair, il va falloir s’employer à simplifier et à assouplir les procédures administratives pour nos citoyens de sorte qu’elles puissent répondre à leurs attentes, et se plier ainsi aux exigences du marché économique, surtout en ce qui concerne le volet de l’investissement étranger. 

Si le populisme qui gonfle comme un ballon de baudruche, prêt à toutes les enflures politiques et au déguisement des réalités sociales avait exercé jusque-là une influence considérable chez nous, c’est parce qu’il a su cacher par euphémisme ce que vivent réellement les Algériens dans leur quotidien (misère dans tous les sens du terme, matérielle, citoyenne, culturelle, éthique, politique).

En gros, le système semble donner les éléments d’une réponse fragile et provisoire à une crise dont les implications, loin d’être simples, pourraient se retourner facilement contre lui s’il n’y réagissait pas à temps. A notre grand malheur, il n’est pas certain qu’en Algérie, on comprenne mieux l’urgence de l’heure tant les cartes sont brouillées, tant il est tant d’écrans de fumée que l’on entretient pour dissimuler les choses, à coup de discours contradictoires. 

Auteur
Kamal Guerroua

 




- Publicité -

Il faut tout un village pour élever un enfant et toute une nation pour le protéger

0
Coup de gueule

Il faut tout un village pour élever un enfant et toute une nation pour le protéger

Salsabil ne savait pas qu’elle ne reviendrait plus chez elle et qu’elle ne mettrait pas ses nouveaux vêtements de l’Aid. Elle est kidnappée, violée puis assassinée et jetée sur la chaussée. Victime de la bêtise humaine.

Victime d’un jeune né à l’aune de la réconciliation nationale. Pur produit de l’école fondamentale et d’une société hermétiquement fermée par le dogme et les interdits religieux.

L’ouest du pays est sous le choc comme l’a été la Kabylie l’année passée avec la mort, dans les mêmes conditions, de la petite Nihal et avant elle les deux garçons de Constantine il y a quelques années.

Sur les réseaux sociaux, des radicaux intégristes réclament la peine de mort et si l’Etat refuse d’appliquer le verdict populaire, ils demandent de faire la peau au coupable même dans sa cellule de prison. Le crime est grave mais les réactions sont démesurées. Œil pour œil et le monde sera aveugle, disait Gandhi. Nous savons qu’aucune sentence ne pourrait consoler une maman qui perd son enfant dans de telles conditions mais l’application de la peine de mort comme le veulent ces islamistes, souvent en embuscade, n’est pas la solution idoine pour ce  fléau qui continue d’endeuiller les familles.

Le mal est très profond et nécessite un bon diagnostic afin de prescrire un traitement efficace. C’est le rôle de l’Etat, de ces législateurs à l’APN payés à coup de millions mais pas que. L’élite doit intervenir; sociologues et politiques doivent être entendus pour endiguer ce phénomène. L’Etat en tant qu’institution suprême est absent. Il a démissionné et laissé la société aux abois, et en proie à tous les dangers. Sinon comment expliquer ce mutisme qui a entouré cette affaire comme celle de la mort des garçons d’Ahnif dans la wilaya de Bouira, fauchés par une mine anti-personnels ? Les médias ont préféré parler de l’ambiance de l’Aid et des prix du mouton.

Comment peut-on être frappé de cécité au point de ne pas voir des actes d’une telle sauvagerie ? S’il faut tout un village pour élever un enfant, il faut toute une nation pour le protéger. Et cette nation n’existe pas encore. Quand on veut changer les mœurs d’une société, on le fait par des lois, disait Montesquieu.

Le drame des anciennes colonies occidentales est qu’elles ont certes arraché l’indépendance territoriale mais n’ont pas pu et su édifier un Etat, une nation. Ceux qui ont pris les commandes de notre destin n’ont pas pensé à l’élaboration d’un projet de société. Il est manifeste qu’ils n’avaient pas les attributs intellectuels. Ils étaient des militaires pour la plupart qui n’avaient qu’un seul objectif : prendre le pouvoir.

Cinquante-six ans après, on paye les conséquences et on continuera d’en payer tant qu’on n’a pas repenser notre idéal démocratique d’un l’Etat-national. Une république démocratique et sociale comme elle a été rêvée par les congressistes de la Soummam.

Un Etat de droit avec une justice indépendante, des institutions fortes et une école républicaine ouverte sur le monde qui ne produira certainement pas des sauvages comme le violeur de Salsabil ou des terroristes qui ont posé des mines pour arracher à la vie des enfants d’Ahnif.

 

Auteur
Salim Chait

 




- Publicité -

DERNIERS ARTICLES

Boualem Sansal

Controverse sur la libération de Sansal : Ahmed Attaf minimise l’impact...

0
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a réagi pour la première fois à la controverse suscitée par la libération de l’écrivain Boualem...

LES PLUS LUS (48H)

Boualem Sansal

Controverse sur la libération de Sansal : Ahmed Attaf minimise l’impact...

0
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a réagi pour la première fois à la controverse suscitée par la libération de l’écrivain Boualem...