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mardi 19 août 2025
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Poker-menteur autour du cadavre Algérie

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Chroniques du temps qui passe

Poker-menteur autour du cadavre Algérie

Nous n’aurons plus jamais les faramineuses recettes pétrolières dont a bénéficié le régime de Bouteflika. L’arrivée de ce dernier au pouvoir avait coïncidé avec l’augmentation de la demande chinoise qui avait fait s’envoler les prix du pétrole en quelques années. Aujourd’hui, nous vivons le scénario inverse. L’exploitation du pétrole non conventionnel en Amérique du Nord va créer dans les cinq prochaines années une augmentation de l’offre qui va faire effondrer le prix du baril. Autrement dit, avec ou sans Bouteflika, le prochain régime se débrouillerait avec un pétrole à moitié prix, moins abondant, et des besoins en hausse !  La tragédie nous arrive en effet, droit sur la gueule !  Le pétrole, les réserves financières en milliards de dollars, c’est fini ! Oui, fini. Les projections les plus optimistes donnent l’Algérie pour importatrice nette de pétrole dès 2020. Au cours des trois mandats du « pouvoir civil » de Bouteflika, il a été gaspsillé l’argent du présent et celui du futur. Les hydrocarbures ont été si outrageusement pompées qu’il ne devrait plus rien rester dans le sous-sol d’ici quelques années, date à laquelle nous serions 40 millions d’Algériens, tous, théoriquement, voués à la précarité puisque Bouteflika aura épuisé les réserves pétrolières sans doter la maison Algérie d’une économie diversifiée  pouvant prendre la relève du pétrole et du gaz naturel. 

En l’espace de cinq ans seulement, la production algérienne de pétrole est passée de 1,6 à 2 millions de barils par jour, soit un bond de 25% ou le double de la moyenne d’augmentation de la production OPEP durant la même période. Les recettes ? Sans s’étaler sur la partie supposée avoir été dérobée par la kleptocratie au pouvoir, elle a surtout engraissé la mafia de l’import via les importations qui ont explosé  entre le premier et le troisième mandat de Bouteflika, passant de 9 milliards de dollars en 1999 à 49 milliards en 2012. Aucun investissement sérieux n’a été engagé dans la production pour doter le pays d’une économie  viable qui prenne le relais des hydrocarbures. Oui, l’Algérie de Bouteflika rappelle la Russie de Boris Eltsine, toutes proportions gardées, une nation chancelante, otage de prédateurs de toutes sortes qui se sont engouffrées au sein de cette faille providentielle pour vider l’Algérie de son sang. Ce fut à leur seul profit  qu’on a  surproduit le pétrole. Aujourd’hui, il est bien tard…L’Algérie redevient pauvre ! Pauvre et sans solution de rechange : quatorze ans après Bouteflika I, le pays n’est plus en mesure de répondre à la demande d’emplois, ni peut-être même à la demande alimentaire.

Les observateurs les plus conscients pensent même que le pire est à envisager. Après 14 années de règne, Bouteflika a mis l’État à la merci de sa population. La fronde des chômeurs peut aller dans n’importe quelle direction, y compris la plus pessimiste,  Bouteflika  ayant abandonné l’investissement productif, comment lutter contre le chômage ? 

Mais cela, cette vérité primordiale, celle-là qu’il faut dire non pour abattre, non pour accabler ni pour décourager, mais pour mobiliser, pour réfléchir, cette vérité qui réveille, personne ne veut la communiquer, je veux dire personne parmi ceux qui ont la responsabilité de la dire. Ou alors, quand une bouche plus courageuse que d’autres la formule, elle est immédiatement contredite par les virtuoses du poker menteur. Quand le PDG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, qui sait de quoi il parle, reconnaît que les gisements de pétrole sont en « déclin » et les réserves sont « modestes », il est immédiatement contredit pas son ministre de tutelle, Youcef Yousfi pour qui « l’Algérie continuera à produire du pétrole et des hydrocarbures en général pendant « de longues années encore ». Et lorsque le ministre des Finances, Karim Djoudi laisse entendre qu’il n’y a plus d’argent en caisse, que les salaires comme les pensions ne seront plus augmentés, il est aussitôt recadré par le chef du gouvernement, Abdelmalek Sellal, qui jure ses grands dieux que tout va à merveille dans ce territoire coupé du monde qui s’appelle l’Algérie. Nos dirigeants fabulateurs pour qui l’art de gouverner se réduit à clamer les fausses bonnes nouvelles et à taire les vraies mauvaises nouvelles, entendent démentir la formule d’Abraham Lincoln : «  Aucun homme n’a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge ».  En foi de quoi, ils entreprennent hardiment de duper l’opinion sur l’état de santé d’un président dont ils nous apprennent aujourd’hui qu’il est en convalescence prolongée après nous avoir annoncé, il y a trois semaines, qu’il était entré à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce pour de simples examens complémentaires.  Le léger accident vasculaire se termine ainsi par une lourde vacance du pouvoir mais c’est tout cela, n’est-ce-pas, le charme du poker menteur auquel se livrent avec tant de zèle et si peu de classe, nos dirigeants depuis cinquante ans. Le jeu consiste à faire passer les vessies du bunker pour d’heureuses lanternes, c’est-à-dire produire un bobard, sinon crédible, du moins vraisemblable, quelque chose qui ait  l’allure du « mensonge le plus détestable»  qu’André Gide définit comme étant « celui qui se rapproche le plus de la vérité», quitte à susciter chez l’opinion une réplique par un autre mensonge, le « mensonge fructueux»  dont Sacha Guitry dit qu’il « consiste à faire croire à quelqu’un qui vous ment qu’on le croit ».

L’équation est alors très simple : reconduire Bouteflika, comme le souhaite la mafia, en supposant qu’il garde ses facultés naturelles, revient à reconduire le pouvoir le plus irresponsable qu’ait connu l’Algérie en 50 ans afin qu’il parachève sa besogne de destruction. Ce serait alors un choix suicidaire, consciemment fait pour en finir avec notre pays.

Le général Lebed disait de Boris Eltsine qu’il était, par nature, un destructeur. « Il ne comprend la politique qu’en brisant et en déstabilisant l’environnement. Cela est une qualité en période de transition, mais il est temps aujourd’hui de construire. Boris Eltsine, lui, n’est pas un bâtisseur. »

Alors oui, reconduire Bouteflika, comme le souhaite la mafia, c’est en terminer avec l’Algérie.

Quelle alternative reste-t-il ? Une seule, confirmée par l’histoire récente, dans tous les pays qui ont vécu une situation similaire : un gouvernement de salut national.

Pour cela, il faut le vouloir.

M.B.

 

Auteur
Par Mohamed Benchicou

 




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Du nouveau sur le 17 octobre 1961

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Colonisation

Du nouveau sur le 17 octobre 1961

Les historiens ont longtemps considéré comme une « énigme » la violence de la répression d’octobre 1961. Pierre Vidal-Naquet, en 2000, la plaçait « parmi les énigmes les plus étranges que pose à l’historien et à l’honnête homme la guerre d’Algérie ». Il pointait que c’est justement, après l’ouverture, le 20 mai 1961, des négociations d’Évian entre le gouvernement français et le FLN, quand chacun savait que la guerre allait se terminer par l’indépendance de l’Algérie, que cette guerre « atteint à Paris son pic de violence1 ».

Les hypothèses exprimées à ce sujet par Jean-Luc Einaudi m’avaient déjà conduit en 2011, dans Le 17 octobre des Algériens. La triple occultation d’un massacre2, à avancer que la solution de cette énigme résidait dans l’existence au sein même du gouvernement du désaccord du premier ministre, Michel Debré, avec la politique algérienne du général de Gaulle. Debré n’avait plus aucune prise sur le dossier algérien et conservait la responsabilité du maintien de l’ordre en France, et, quand, en août 1961, suite aux concessions du président sur la question du Sahara, un accord avec le FLN devenait rapidement possible, il s’est agi pour lui de lancer, a contrario de la politique de sortie du conflit choisie par le Général, une guerre à outrance contre la fédération de France du FLN. Un ensemble d’indices conduisaient à cette explication.

Mais, en 2017, les notes de Louis Terrenoire, l’un des ministres qui soutenaient totalement la politique du général de Gaulle pour la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie, publiées dans un ouvrage émouvant de sa fille, Marie-Odile Terrenoire, Voyage intime au milieu de mémoires à vif. Le 17 octobre 19613, confirment ces présomptions, et, on peut le dire, délivrent, pour de bon, la clé de cette énigme.

Louis Terrenoire, en tant que ministre de l’information depuis le 5 février 1960, prenait régulièrement des notes au conseil des ministres, et, de surcroît, comme il avait pris l’habitude de le faire depuis 1947, tenait un Journal où il laissait libre cours à ses réflexions personnelles. Né en 1899, hostile en 1938 aux accords de Munich, il était entré en clandestinité après l’armistice de juin 1940, avait été secrétaire du Conseil national de la Résistance (CNR), puis arrêté et torturé par la Gestapo (il y perdit un œil), il fut déporté dans le camp de Kempten, dépendant de Dachau. Il a raconté comment « gaullistes, chrétiens, communistes et inclassables » y avaient réussi à constituer « un front uni face à la pire adversité4 ». C’est là qu’il a connu Edmond Michelet, chrétien comme lui, qui restera son ami.

Comme Michelet, il partageait pleinement le choix du général de Gaulle, annoncé en septembre 1959, un an après son élection comme président de la République, de mettre fin à la guerre d’Algérie par l’« autodétermination ». Pour le premier président du GPRA, Ferhat Abbas : « À partir de l’offre d’autodétermination par le chef de l’État français, le problème algérien est virtuellement réglé. Dès lors que le général de Gaulle, au nom de la France, reconnaît aux Algériens le libre choix de leur destin, il admet par là même leur droit à l’indépendance5. » De Gaulle avait précisé son choix dans sa conférence de presse du 4 novembre 1960 où il a parlé d’une « République algérienne » et de négociations avec le FLN, puis dans celle du 11 avril 1961 où il a dit que la « République algérienne » serait un État « souverain au-dedans et au-dehors ».

Louis Terrenoire savait que ce choix était ancien : « C’est le 18 mai 1955 que le général me parla, pour la première fois, de l’avenir de l’Algérie. « Nous sommes en présence, me dit-il, d’un mouvement général dans le monde, d’une vague qui emportera les peuples vers l’émancipation. Il y a des imbéciles qui ne veulent pas le comprendre ; ce n’est pas la peine de leur en parler6 » Il cite en exergue de son livre De Gaulle et l’Algérie, témoignage pour l’histoire, cette phrase du Général d’avril 1955 à l’écrivain algérien Jean Amrouche : « L’Algérie sera émancipée. Ce sera long. Il y aura de la casse. Beaucoup de casse. Vous aurez beaucoup à souffrir. Quant à moi, je ne parlerai que le jour où je serai en situation de faire ce que j’aurai dit. »

Quand de Gaulle a annoncé en septembre 1959 sa politique algérienne, Terrenoire a applaudi : « La proposition d’autodétermination était saluée par le monde comme un acte de grand courage, qui ramenait la France sur la voie, tracée jadis par elle, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. » Il a déclaré le 20 novembre 1960 à Alençon : « Un immense mouvement de décolonisation a commencé à travers l’univers que rien ni personne n’a le pouvoir d’arrêter » et le Général l’en a félicité et lui a dit que cela traduisait sa propre pensée. Au moment du putsch des généraux, Terrenoire a écrit qu’on assistait « au sursaut d’un colonialisme menacé par l’émancipation d’un peuple dominé. »

Après l’échec du putsch d’Alger, l’ouverture des négociations entre la France et le GPRA à Évian annonçaient la fin de la guerre. Mohammed Harbi, qui présidait la commission d’experts auprès du GPRA, écrit dans ses Mémoires : « Plus que le cessez-le-feu ou la proclamation de l’indépendance, l’arrivée à Genève ce 18 mai 1961 fut l’un des plus beaux jours de ma vie. Nous étions arrivés à bon port7. » Dès lors, des délégués du FLN discutaient ouvertement, sur le territoire français, avec des représentants officiels de la France, des militaires français étaient chargés de leur protection pour qu’ils ne soient pas pris pour cible par les ultras de l’OAS. Le cessez-le-feu unilatéral d’un mois que la France avait proclamé, de Gaulle décida, contre son avis de premier ministre, dira Michel Debré8, de le prolonger jusqu’au 2 août.

Debré, qui avait soutenu l’arrivée au pouvoir du Général en 1958 en pensant qu’il défendrait jusqu’au bout l’Algérie française, n’était pas favorable à sa politique algérienne, approuvée pourtant par la grande majorité des opinions françaises et algériennes. Après de premières divergences dès la fin de l’année 1959, ce fut un net désaccord à la fin de 1960, aggravé par la décision du Général d’accepter, en août 1961, la souveraineté algérienne sur le Sahara. Debré lui a présenté le 18 août sa démission, qu’il a refusée. Il lui avait retiré la responsabilité du dossier algérien en créant, en février 1960, un Comité des affaires algériennes qu’il présidait lui-même, puis en attribuant ce dossier en novembre à Louis Joxe, ministre d’État aux Affaires algériennes, sous son autorité directe. Mais, lors de la création du Comité des affaires algériennes, Michel Debré lui avait demandé de préciser que le maintien de l’ordre en France resterait sous sa responsabilité. En 1960 et 1961, il a organisé plusieurs conseils restreints de sécurité à Matignon qui ont mis en œuvre sous son autorité divers dispositifs dans la région parisienne en s’appuyant sur le préfet de police, Maurice Papon.

De Gaulle, qui était la cible en 1961 de tentatives d’assassinats venant de l’OAS et aux prises avec une opposition « Algérie française » au sein même de sa majorité, savait son premier ministre en désaccord avec lui mais, ne voulant pas qu’il le quitte avant la signature des accords, il a du se résoudre à lui faire d’importantes concessions. Il a cédé, le 6 mai 1961, à sa demande de remplacer le ministre de l’Intérieur, Pierre Chatenet, ancien conseiller de Pierre Mendès-France, qui désapprouvait les méthodes du préfet de police : « Je sens l’insuffisance de Chatenet en ce qui concerne la police », écrivait Debré en décembre au général de Gaulle9. Il avait obtenu son remplacement – au prétexte de sa mauvaise santé… -, par Roger Frey, ancien responsable du RPF, proche de Jacques Soustelle, qui partageait son hostilité à l’indépendance algérienne. Et, le 23 août 1961, il obtient le départ du ministre de la Justice, Edmond Michelet.

L’éviction d’Edmond Michelet

Michelet, du même âge que Terrenoire, s’était engagé dans la Résistance dès juin 1940 et investi particulièrement dans l’aide aux Juifs et aux réfugiés allemands antinazis. Arrêté en 1943 et déporté, il a poursuivi son combat au camp de Dachau. Dès 1957, il rejetait l’idée d’intégration de l’Algérie à la France et affirmait l’existence de deux peuples, français et algérien. Nommé ministre de la Justice en 1959, il était fondamentalement hostile, comme proche de Témoignage chrétien et ancien résistant déporté, à l’usage de la torture et refusait la répression injuste des Algériens favorables à l’indépendance. Soutenue par sa directrice de l’administration pénitentiaire, Simone Veil, il avait accepté que les détenus du FLN sortent du statut de « droit commun » et obtenu qu’aucune exécution capitale n’ait plus lieu. Et il avait pris des mesures améliorant leurs conditions de détention, avec l’accord du Général, mais en cachette de Matignon qu’elles scandalisaient. Debré écrivait en décembre 1959 à Michelet : « Les lieux de détention deviennent des camps de repos et surtout des camps de propagande10 » ; plus tard : « Je rougis de honte devant l’absence de discipline des établissements pénitentiaires11. » Nulle absence de discipline, en réalité, mais Michelet laissait délibérément le FLN organiser la vie dans les camps et les prisons. Michel Debré avait fait mettre sur écoute les membres de son cabinet et l’avait obligé à se débarrasser, au printemps 1960, de deux d’entre eux qu’il avait chargés, écrit Terrenoire, d’une mission – voulue par le général de Gaulle – auprès des responsables du FLN « arrêtés illégitimement en plein ciel et incarcérés soit à la prison de la Santé, soit au fort de l’Ile de Ré, d’être mis au courant, préalablement, du discours promoteur de la politique d’autodétermination, le 16 septembre 1959 ». Debré reprochait aussi à Michelet de « protéger » Paul Teitgen, qui avait dénoncé la torture et les exécutions sommaires lors de la Bataille d’Alger ; de refuser de poursuivre Simone de Beauvoir pour une « libre opinion » publiée dans Le Monde du 2 juin 1960, de ne pas prendre de sanctions contre Gisèle Halimi pour avoir aussi publié un « article scandaleux », ni contre les autres « avocats félons » qui défendaient les militants du FLN. Quand le premier ministre obtient son remplacement par Bernard Chenot, Louis Terrenoire écrit qu’Edmond Michelet a été « limogé » et remplacé par quelqu’un qui prendrait, selon les vœux de Michel Debré, « le contre-pied des positions d’Edmond Michelet12 ». Une fois ce départ obtenu, la répression extrajudiciaire et les violences orchestrées par Maurice Papon ont pu, dès le début de septembre 1961, se donner libre cours, avec une censure croissante de l’information et l’assurance que les plaintes déposées par des Algériens seraient enterrées.

Le directeur du Monde, Hubert Beuve-Méry, a écrit ne pas comprendre pourquoi de Gaulle avait écarté Michelet, « tout dévoué à ses idées, pour le remplacer par M. Chenot, plus docile, lui, aux instructions de M. Debré » et pourquoi il tolérait « à de très hauts postes et jusque dans son entourage immédiat, des hommes qui trahissaient ou sabotaient sa politique13 ». Louis Terrenoire raconte dans son Journal que Michelet lui a dit, le 23 août 1961, « Michel Debré a eu ma peau… » et que Maurice Papon s’est félicité de son départ et s’est même vanté d’y avoir contribué. Debré avait demandé aussi le départ de Louis Terrenoire, mais de Gaulle s’en est tiré en lui enlevant la charge de ministre de l’information tout en le gardant au gouvernement comme ministre délégué auprès du premier ministre et comme son porte-parole personnel.

Dès le départ d’Edmond Michelet, le 23 août 1961, Maurice Papon a pu organiser la guerre contre la fédération de France du FLN et les immigrés algériens qui la soutenaient très majoritairement, en la présentant comme un simple maintien de l’ordre face à une supposée reprise des attentats algériens. Il a adressé le 5 septembre une directive demandant de « reprendre fermement l’offensive dans tous les secteurs » contre la fédération de France du FLN, en raflant les Algériens « indésirables » et en organisant des expulsions massives vers l’Algérie. Il a fait revenir dans Paris la Force de police auxiliaire et en a implanté des unités à Aubervilliers et Nanterre, d’où elles pouvaient faire des expéditions meurtrières dans les communes de banlieue environnantes. Une brigade spéciale a multiplié les raids de nuit dans les bidonvilles, démolissant des maisons et jetant des familles à la rue. D’autres équipes para-policières, sortes d’« escadrons de la mort », ont mitraillé des cafés et des hôtels fréquentés par des Algériens, la préfecture de police attribuant cela à des attentats du FLN, informations reproduites telles quelles sur la radio publique et dans la presse, y compris dans un quotidien comme Le Monde… Suite à un conseil interministériel réuni par le premier ministre le 5 octobre, la préfecture, a envoyé un ordre du jour à tous ses services instaurant un « couvre-feu » et une « interdiction » de circuler après 20h pour les « Français musulmans algériens ». Et quand les Algériens, hommes, femmes et adolescents, sont néanmoins sortis simplement, désarmés dans les rues de Paris, le 17 octobre, à l’appel de la fédération de France du FLN, ils ont été réprimés avec une violence inouïe.

Marie-Odile Terrenoire raconte dans son livre que, quand elle a entendu, en 2011, qualifier cette répression de « crime d’Etat », sachant que son père était alors ministre et ayant une haute idée de son anticolonialisme, elle en a été profondément choquée. Elle se souvenait, par exemple, avoir constaté l’amitié de Louis Terrenoire, au lendemain de la guerre d’Algérie, avec une journaliste de Révolution africaine, organe du FLN, ainsi qu’avec Denise Barrat, la femme de Robert Barrat, le journaliste et militant catholique auteur des premiers reportages sur les maquis de l’ALN. Pour en savoir plus, elle s’est lancée dans la lecture d’ouvrages sur le 17 octobre, dont ceux de Jean-Luc Einaudi qu’elle a trouvé honnêtes et scrupuleux. Elle relève notamment qu’il avait recueilli les témoignages de Joseph Rovan et Gaston Gosselin, les deux membres du cabinet d’Edmond Michelet dont Michel Debré avait exigé le départ avant même d’avoir obtenu celui du ministre. D’autres travaux lui ont semblé plus contestables car ils envisagent, sans aucune preuve ni indice, une volonté de répression émanant du chef de l’Etat dont on ne trouve aucune trace dans les écrits laissés par son père. Ceux-ci reviennent à de nombreuses reprises, en revanche, sur la coupure au sein du gouvernement entre ceux qui soutenaient la volonté du Général de reconnaître l’indépendance de l’Algérie et ceux qui étaient en désaccord avec lui. Il en ressort que la répression de septembre et octobre 1961 contre l’immigration algérienne ne relevait en rien d’une volonté du chef de l’Etat, préoccupé, comme le GPRA, à mener à terme les négociations. Il était, au contraire, à la recherche d’une forme de réconciliation avec les nationalistes algériens, de l’établissement de rapports de confiance avec eux, pour construire ensemble la transition la plus pacifique possible vers une indépendance algérienne compatible avec de bonnes relations future avec la France.

La terrible répression contre des civils de septembre et octobre 1961 résulte bien d’une tentative de peser indirectement sur l’issue de la guerre en empêchant l’issue voulue par le chef de l’Etat. Pour éviter que les négociations ne débouchent sur une indépendance de l’ensemble de l’Algérie, et pour l’obliger à envisager sa partition, avec une enclave côtière où seraient regroupés les Européens. Louis Terrenoire rapporte comment de Gaulle a écarté cette option, défendue notamment par Valéry Giscard d’Estaing, secrétaire d’Etat au finances. Elle était aussi portée par le député Alain Peyrefitte, qui l’a développée dans une série de quatre articles publiés dans Le Monde jusqu’au 2 octobre 1961, intitulée « Pour sortir de l’impasse algérienne ». Et dans son livre Faut-il partager l’Algérie ?, financé par Michel Debré et publié peu après chez l’éditeur Plon, dans la collection « Tribune libre ». Le directeur de cabinet du Premier ministre, Pierre Racine, a rapporté qu’il lui avait remis 800 000 anciens francs sur les fonds du Premier ministre en le chargeant de financer cette édition14. C’est bien le premier ministre qui, pour tenter d’empêcher une issue rapide des négociations et essayer de provoquer une partition de l’Algérie, a décidé, en s’appuyant sur Roger Frey et Maurice Papon, et avec l’assurance d’avoir un ministre de la Justice à ses ordres, de déclencher une guerre à outrance contre le FLN et les Algériens de France. Si le général de Gaulle et les hommes politiques qui le soutenaient, comme Edmond Michelet, Louis Terrenoire, Louis Joxe et d’autres, ont une responsabilité dans ce drame, ce ne peut être que dans le silence qui a recouvert un massacre que d’autres avaient voulu et organisé. Dans ce crime d’Etat, il faut probablement distinguer entre ses auteurs et ceux qui en ont été, d’une manière ou d’une autre, les complices par leur silence, qu’ils soient au gouvernement de la France ou dans les principales forces politiques d’opposition du pays qui, à des degrés divers, n’ont rien fait, ou presque rien fait, pour dire et dénoncer le massacre. Leur préoccupation principale, il est vrai, était la fin du conflit. Seuls le PSU, des mouvements étudiants anticolonialistes et des intellectuels ont manifesté.

De ce point de vue, le film d’artiste qui accompagne cet article, 17 octobre 2011, « cinquante ans après je suis là », d’Ariane Tillenon, commence par un témoignage troublant, celui de Georges Azenstarck, photographe à l’époque à l’Humanité, qui montre les photos d’un amas de cadavres de l’autre côté du boulevard, qu’il a prises alors du balcon du 3e étage de l’immeuble du journal et qui en ont ensuite mystérieusement disparu. Ce film orchestre des images de la marche de la fraternité organisée, en 2011, par de multiples associations, avec le soutien de La Parole errante du dramaturge Armand Gatti, qui avait confectionné pour elles quelque 200 silhouettes que les participants ont brandies. Des personnes de toute origine ont marché ensemble. Des Français de famille algérienne ont arboré fièrement le drapeau de la lutte pour la liberté de l’Algérie, et, de l’autre main, celui d’une France qui regarde en face son passé. Le générique remercie notamment un membre de l’équipe de La Parole errante qui a réalisé les silhouettes, Denis Joxe, fils du ministre de l’époque, disparu trop tôt pour voir ces images. Dans le recueillement, les chants et la joie, elles témoignent de ce que, irrémédiablement, malgré le mensonge et le déni de ceux qui ont commis ou dissimulé ce crime, la mémoire de cet événement a ressurgi, et on n’arrêtera pas son retour.

Gilles Manceron

Publié sur Médiapart

Avec l’aimable autorisation de l’auteur

Auteur
Giles Manceron

 




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Macron refuse de donner « des leçons » de droits de l’Homme à Sissi

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Paris/Le Caire

Macron refuse de donner « des leçons » de droits de l’Homme à Sissi

“Je suis conscient du contexte sécuritaire et des conditions dans lesquelles le président Sissi opère”, a déclaré le chef de l‘Etat français à l‘issue de leur entretien à l‘Elysée. “Il a un défi : la stabilité de son pays, la lutte contre les mouvements terroristes, la lutte contre un fondamentalisme religieux violent”.

“Je crois à la souveraineté des Etats et donc de la même façon que je n’accepte qu’aucun autre dirigeant ne me donne des leçons sur la manière de gouverner mon pays, je n’en donne pas aux autres”, a-t-il poursuivi. Pour autant, “la France défend les droits de l’Homme comme étant des valeurs universelles qui ne souffrent d’aucun relativisme.”

Il a évoqué lors de son tête-à-tête d‘une cinquantaine de minutes avec son homologue une “quinzaine de cas individuels égyptiens” – journalistes, militants des droits de l‘homme, associatifs, a-t-on précisé dans l‘entourage d‘Emmanuel Macron.

Allié “stratégique” de la France dans la lutte contre le terrorisme, l‘Egypte connaît depuis l‘arrivée du président Sissi au pouvoir en 2014 la “pire crise des droits humains de l’époque récente” selon les ONG de défense des droits de l‘homme.

Pratique “systématique” de la torture par les forces de l‘ordre (Human Rights Watch), climat de “peur” (Ligue des droits de l‘Homme), arrestations d‘opposants, sites internet bloqués : les ONG s‘alarment régulièrement des atteintes aux droits de l‘Homme dans le pays – en vain pour l‘instant.

Dernier “accroc” en date, la loi sur les ONG promulguée en mai qui interdit aux organisations non gouvernementales de mener un travail de terrain ou d‘enquête d‘opinion sans autorisation préalable des autorités.

Sissi nie toute torture

S‘exprimant aux côtés d‘Emmanuel Macron, le président Sissi a assuré que son pays “tenait” aux droits de l‘Homme et que les forces de sécurité égyptiennes ne pratiquaient “pas la torture”.

“Nous sommes dans une région perturbée et ces troubles risquent de transformer cette région en région d‘exportation du terrorisme dans le monde entier”, a-t-il souligné, jugeant que l‘image de la situation dans son pays véhiculée à l‘international n’était pas “réelle”.

La dégradation de la situation dans le pays est source d‘embarras pour les capitales occidentales, notamment à Paris, Emmanuel Macron ayant fait de la lutte contre le terrorisme sa priorité diplomatique numéro un.

Contrairement à Washington, qui a gelé en août son aide au Caire pour protester contre le manque de progrès en matière de droits de l‘Homme, la France marche sur des oeufs. L‘Egypte, souligne-t-on à Paris, est un “élément central de la stabilité régionale” et essentiel à la résolution des conflits israélo-palestinien, libyen et dans la lutte contre le terrorisme.

“Il y a aujourd‘hui un partenariat stratégique étroit entre nos pays en matière de défense et de coopération, nous continuons à travailler dans ce cadre de ce partenariat”, a dit Emmanuel Macron, qui a été invité par son homologue à se rendre en Egypte.

Le Caire est en outre devenu sur la période 2007-2016 le quatrième client en armement de la France selon le ministère de la Défense, notamment grâce à la vente de 24 avions de combat Rafale, d‘une frégate multimissions et de deux navires de guerre Mistral pour quelque six milliards d‘euros.

L‘option du Caire sur 12 avions de combat Rafale a été notamment évoquée lors de l‘entretien entre les deux chefs d‘Etat. “C‘est en discussion, cette visite permet de discuter des conditions financières qui peuvent être octroyées aux Égyptiens”, a-t-on indiqué à l‘Elysée, sans donner plus de précisions. Selon latribune.fr, Bercy bloquerait la signature de ce contrat face à la demande de l‘Egypte de bénéficier de facilités de paiement.

Auteur
Reuters

 




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Le prince héritier promet une nouvelle monarchie « modérée »

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Arabie saoudite :

Le prince héritier promet une nouvelle monarchie « modérée »

Le prince Mohammed ben Salmane, 32 ans, s’est livré à une attaque frontale contre certains milieux religieux conservateurs qui exercent une influence notable sur la société depuis des décennies.

« Nous ne ferons que retourner à un islam modéré, tolérant et ouvert sur le monde et toutes les autres religions », a-t-il déclaré lors d’une conférence économique internationale.

Il a estimé que l’Arabie saoudite avait abandonné la modération en 1979 avec la montée en puissance de courants religieux extrémistes.

« Nous n’allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder d’idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant », a assuré le jeune prince, suscitant les applaudissements nourris des participants à ce forum qui a attiré 2.500 décideurs du monde entier.

« Nous allons détruire l’extrémisme très bientôt », a insisté le prince héritier, fils du roi Salmane (81 ans) mais considéré aujourd’hui comme l’homme fort du royaume.

Dans les années 1970, l’Arabie saoudite a connu d’importantes réformes, malgré la résistance de milieux religieux conservateurs, comme l’ouverture de l’enseignement aux jeunes filles et l’introduction de la télévision.

L’assassinat du roi Fayçal en 1975 a freiné ce mouvement dans un pays bâti sur une alliance entre l’aile religieuse, représentée par la famille Al-Cheikh qui régule l’espace social, et le pouvoir politique représenté par la famille Al-Saoud, qui a fondé le royaume actuel en 1932.

Bouffée d’oxygène

Depuis sa nomination en juin comme prince héritier, Mohammed ben Salmane s’est attaché à desserrer le carcan des milieux religieux sur la société saoudienne.

Il est considéré comme l’inspirateur de la décision en septembre de lever l’interdiction qui était faite aux femmes de conduire. Auparavant, il avait fait arrêter plus de 20 personnes, dont deux prédicateurs religieux très influents. 

Plus généralement, sa nomination a représenté une bouffée d’oxygène pour les jeunes Saoudiens (plus de la moitié de la population a moins de 25 ans).

Avec le prince héritier, l’Arabie saoudite commence à s’ouvrir aux arts, à la musique et des femmes ont été autorisées pour la première fois à participer aux célébrations de la fête nationale dans un stade de Ryad en septembre.

Les Saoudiens attendent maintenant l’ouverture de salles de cinémas et plus de divertissements, longtemps interdits par les milieux religieux conservateurs.

Auteur d’un vaste plan de transformation de l’économie saoudienne destiné à réduire la dépendance du royaume au pétrole, le prince Mohammed est venu au forum de Ryad présenter un méga-projet.

Il porte sur la création d’une gigantesque zone de développement économique, appelée NEOM et d’une superficie de 26.500 km2, avec des investissements projetés à plus de 500 milliards de dollars (425 milliards d’euros).

Cette nouvelle zone économique, à peine plus petite que la Belgique, sera établie au nord-ouest de l’Arabie saoudite, sur les bords de la mer Rouge.

Certains secteurs seront frontaliers de la Jordanie et de l’Egypte, précise un communiqué du Fonds public d’investissement saoudien.

« Volonté du peuple »

Appuyé également par des investisseurs étrangers, NEOM concernera des secteurs aussi divers que l’énergie, l’eau, la biotechnologie, l’alimentation, le numérique, les médias et les divertissements, selon le communiqué.

« Toutes les conditions sont réunies pour assurer le succès de ce projet et, en premier lieu, la volonté du peuple saoudien », a plaidé le prince, suscitant encore une fois les applaudissements de l’assistance.

Mohammed ben Salmane n’a toutefois pas abordé les difficultés économiques du royaume. Premier exportateur mondial de pétrole, l’Arabie saoudite a enregistré d’énormes déficits budgétaires et vu ses réserves financières fondre depuis la chute à la mi-2014 du prix de l’or noir.

Le prince héritier, ministre de la Défense et qui préside également le Conseil économique et de développement, a présenté en 2016 un plan, appelé Vision 2030, qui vise à diversifier l’économie.

Ce plan prévoit notamment la vente en 2018 de 5% de parts du géant pétrolier Aramco. 

En août, les autorités saoudiennes avaient déjà annoncé le lancement d’un projet touristique d’envergure consistant à transformer une cinquantaine d’îles de la mer Rouge en stations balnéaires de luxe. 

AFP

Auteur
AFP

 




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Le cinquième sablier

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Algérie

Le cinquième sablier

Auteur
R. Zenati

 




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Deux dangereux terroristes abattus à Jijel

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Sécurité :

Deux dangereux terroristes abattus à Jijel

 « Suite aux opérations de qualité exécutées par nos unités à Jijel et Batna, un détachement de l’Armée nationale populaire a abattu, cet après-midi du 23 octobre 2017 à Jijel, deux dangereux (02) terroristes en leur possession deux (02) pistolets mitrailleurs de type Kalachnikov, un pistolet automatique et une quantité de munitions », précise la même source.

« Ainsi, le bilan de ces opérations, qui demeurent en cours, s’élève à l’élimination de quatre (04) terroristes et la capture de deux (02) autres en plus de cinq (05) femmes terroristes arrêtées et la récupération d’armes à feu et d’une quantité de munitions », ajoute le communiqué du MDN.

APS

 

Auteur
APS

 




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La diplomatie économique viendra-t-elle à la rescousse de Messahel ?

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Affaires étrangères

La diplomatie économique viendra-t-elle à la rescousse de Messahel ?

Le ministère des Affaires étrangères a mis en place dans son nouvel organigramme une structure spéciale en charge de la diplomatie économique, a déclaré le ministre Messahel lors d’un panel dédié à la diplomatie économique, développement des exportations, accords de libre-échanges, ainsi que les relations commerciales avec les pays africains, à l’occasion de la 3ème édition de l’université du Forum des chefs d’entreprises (FCE), tenue du 18 au 20 octobre à Alger.

Le chef de la diplomatie a ainsi fait part de la création d’une direction générale, au sein du ministère, chargée de la prospective, des études, et de la formation. Selon le régime politique algérien, cette direction générale permettra de se projeter sur de nouvelles activités à mener à l’étranger en faveur de l’économie nationale dans l’avenir. Elle comprendra trois directions et 6 sous-directions. Il est paradoxal de créer cette nouvelle direction générale, alors que l’Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI) remplit le même rôle et dont la création remonte à 2002 ? N´y a-t-il pas un risque de se retrouver face à un chevauchement des fonctions entre l’IDRI et la nouvelle direction ? Faut-il dissoudre l’IDRI ? Concernant les obstacles en matière de logistiques rencontrées pour conquérir les marchés africains ; le ministre a déclaré également que la route transsaharienne, qui devrait être achevée, en 2018, serait en mesure de favoriser les échanges, suggérant également la création d’une compagnie aérienne sous-régionale pour desservir l’Afrique et écouler les produits algériens dans ses marchés. Lancé dans les années 1960, le projet de la route Transsaharienne est un réseau routier de quatre branches desservant outre l’Algérie, la Tunisie, le Mali, le Niger, le Tchad, et le Nigeria.

Ce projet n’est pas totalement achevé, en raison de difficultés économiques et financières notamment dans les pays du Sahel. Présidé par l’Algérie, le Comité de liaison de la route Transsaharienne (CLRT) est constitué des pays traversés par la transsaharienne: Mali, Tunisie, Niger, Tchad et Nigeria. Sa mission est d’assurer la coordination entre les six pays membres pour superviser l’état d’avancement et identifier les contraintes du projet. Ses membres se réunissent tous les six mois pour évaluer le projet. La construction de la route transsaharienne Alger-Lagos ouvrira des perspectives réelles, à l’intensification des relations commerciales avec l’Afrique et stimulera les investissements structurants en direction du continent, la réalisation de cette route est un facteur décisif de désenclavement du Sahel et de densification des échanges économiques.

En effet, l’Algérie et le Nigeria sont liés par des relations importantes consolidées par les différents projets communs de coopération et d’accords établis, dans le cadre de la Haute commission bilatérale algéro-nigériane, en l’occurrence la route transsaharienne Alger-Lagos, le gazoduc transsaharien, reliant le Nigeria à l’Europe via l’Algérie et la liaison par fibre optique Alger-Abuja.

Au vu des enjeux du 21e siècle, la situation économique actuelle devrait interpeller le régime politique à intensifier davantage les efforts en accordant la plus grande attention aux relations économiques, bilatérales et multilatérales. Afin de mettre le pays sur les rails du progrès économique, le débat sur l’adhésion de l’Algérie à l’organisation D8 doit être ouvert. Pourquoi l’Algérie doit-elle devenir membre du D8 ? Le D-8, également connu sous le nom de Developing-8, est une organisation de coopération économique et de développement .Elle regroupe 8 pays musulmans : Bangladesh, Égypte, Indonésie, Iran, Malaisie, Nigéria, Pakistan et Turquie. L’idée d’une coopération entre les principaux pays musulmans en développement a été évoquée, lors d’un séminaire sur la coopération au développement qui s’est tenu à Istanbul (Turquie), en octobre 1996. Ce groupe d’Etats envisage la coopération entre les pays s’étendant de l’Asie du Sud-Est à l’Afrique. La création du D-8 a été annoncée officiellement par la Déclaration d’Istanbul du Sommet des chefs d’Etat et Gouvernement, le 15 juin 1997. Les principaux objectifs du D-8 : renforcer la position des États membres dans l’économie mondiale, créer de nouvelles opportunités dans les relations commerciales, promouvoir la participation au processus décisionnel au niveau international et améliorer le niveau de vie. Le D-8 est une entente globale comme le reflète la composition de ses membres. L’Organisation de coopération économique (D-8) est un forum qui analyse les engagements bilatéraux et multilatéraux des pays membres, qui émanent de leur appartenance à d’autres organisations internationales ou régionales.

La déclaration d’Istanbul indique que le D8 est ouvert à d’autres pays en développement souscrivant aux objectifs et aux principes du groupe partageant des obligations communes. Depuis sa création, le groupe D8 a souligné en outre qu’un mécanisme approprié soit établi pour assurer la liaison avec d’autres organisations internationales pertinentes. Néanmoins, une nouvelle compétition commerciale se présente, un autre challenge attend la diplomatie algérienne. Le ministre Messahel a suggéré la création d’une compagnie aérienne sous-régionale pour desservir l’Afrique. De mon point de vue, cette annonce intervient après la publication de la déclaration d’Ouagadougou sur la création de la compagnie aérienne du G5 Sahel, le 22 Avril 2016 : Les ministres en charge de l’aviation civile du G5 Sahel se sont réunis le 22 Avril 2016 et ont approuvé la feuille de route définissant le processus de création de la compagnie aérienne régionale du G5 Sahel. Un comité de pilotage pour la mise en œuvre de cette feuille de route a été créée, dont sa mission prendra fin dès la désignation des dirigeants de la compagnie aérienne. C’est dans ce cadre que s’est déroulé la réunion de démarrage de l’étude de faisabilité technico-économique et financière du projet qui est l’un des plus avancés de l’organisation régionale.

Selon le G5 Sahel, cette compagnie aérienne est attendue par les populations, les décideurs et les hommes d’affaires pour mettre fin à l’enclavement de l’espace sahélien. Prospectivement, la diplomatie économique du régime algérien sera de plus en plus concurrencée dans la région. Avant de songer à mettre en œuvre une diplomatie économique, le ministre Messahel devrait d’abord se consacrer à la diplomatie, car il est sidérant d’observer que l’abrutissement qui règne au sein de cette pseudo élite diplomatique est la béquille d’un faux-volontarisme politique. Une diplomatie mièvre incapable de saisir les enjeux qui se tissent au Maghreb.

Benteboula Mohamed-Salah, géographe

 

Auteur
Benteboula Mohamed-Salah

 




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A l’ACB et à la Comédie des Trois-Bornes : venez rencontrer l’auteur

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« Le dernier soir du dictateur »

A l’ACB et à la Comédie des Trois-Bornes : venez rencontrer l’auteur

Comment devient-on dictateur, assoiffé de pouvoir, accroché à son fauteuil, même malade, même agonisant, depuis Caligula jusqu’à Bouteflika ?

Oui, tu ne sais pas tout cela, toi… Tu ne sais pas ce qu’il y a d’irrésistible dans le pouvoir : la proximité de Dieu ! L’ivresse d’être aigle, sur le sommet d’une montagne, survolant l’humanité rampante ! La seule manière d’être vu et salué par le plus grand nombre ! Etre au dessus ! Régner par la seule violence ! La violence du mensonge ! La violence du sang !

Comment résister à devenir tyran ?

Et comment renoncer à le rester ?

Le dictateur devient alors le concurrent de Dieu :

Mon souci, ce n’était pas la vie de tes enfants, mais ma prochaine mort !

Oui, je m’étais promis de ne pas mourir !

J’ai tant cherché l’immortalité ! Avec mes amis, j’ai cherché l’immortalité !

Oui, je l’avoue, j’ai défié Dieu !

Il parle au ciel

Comment vivre sans vouloir la lune ?

Aurions-nous été puissants si l’on ne t’avait défié, Dieu ?

Aurions-nous été puissants si l’on ne pouvait rien sur l’œuvre de la création, sur l’impossible, sur l’inimaginable ?

Sur l’incroyable ?

Rien sur ce globe qu’on prétend dominer ?

Rien sur la nature… Rien sur l’ordre des jours…Je sais, brave homme, tu me crois fou !Mais quel mal y a-t-il à être fou pour un puissant ? Ne sais-tu pas, pauvre ignorant, que gouverner, ici-bas, ce n’est rien d’autre que permission donnée aux malades mentaux, aux mégalomanes, aux méchants, aux malhonnêtes gens d’aller jusqu’au bout de leur folie, de leur mégalomanie, de leur méchanceté, de leur malhonnêteté ? Qu’est ce que l’histoire si ce n’est un catalogue de nos folies princières ? Cette folie qui m’envoûta dès mes premiers boutons d’acné et que tu peux lire, aujourd’hui, sur chacune de mes rides…

Il se caresse le visage. Tourne dans la chambre

 

Je suis fou, oui je suis fou… Sache-le, fou comme les hommes que leur folie a éternisé ! Fou comme le furent les architectes du monde… …

Fou, fou, fou, je suis fou !

Il se met à danser sur la scène

Fou, fou, fou, je suis fou ! Fou de pouvoir ! Fou de puissance ! Fou comme tous les maîtres qui ont marqué ce monde ! Fou de cette folie qui a illuminé l’époque !

 

Nous sommes quelques-uns, maîtres de ce monde, à vouloir jouir de ce bonheur insensé : ne pas mourir !

Le dernier soir, il avoue sa faiblesse :

Oh, Dieu, qu’ai-je donc été pour les hommes ?

D’où ai-je puisé en moi la force de haïr ?

Comment savourer la vie quand on traîne l’obligation d’avoir un destin ?

Exempte-moi des avenirs divins, Seigneur !

Ou offre-moi un sort à ma mesure !

Mais à l’heure de la mort, il n’oublie pas de renouer avec le prestige de l’absurde. Il a moins peur de la mort que de l’amnésie des hommes. Son derniers reflexe est de rester …immortel dans leur mémoire

Quel souvenir garderont-ils de moi, Dieu, ces gens que je n’ai pas aimés, ces hommes que j’ai méprisés, ces hommes que j’ai soudoyés ?

Gravez mon nom dans vos fables ! Installez-moi parmi vos mythes !

Je fus le plus grand, ne l’oubliez pas ! Je fus votre guide ! Je fus votre soleil !

Inventez-moi une grandeur ! Fabulez sur mon œuvre !

Je vous ai toujours obligés sans rien vous devoir, mais aujourd’hui, j’ai besoin de votre mémoire.

Evoquez-moi dans vos contes ! Ne m’oubliez pas dans vos mensonges…

Rappelez-vous à jamais que je fus maître quand vous eûtes besoin d’un maître…

Je fus votre seule fenêtre sur la lumière ! Je fus Dieu… Ne l’oubliez jamais ! Je fus Dieu…

Je fus le plus grand, ne l’oubliez pas ! Je fus votre guide ! Je fus votre soleil ! Je fus votre seule fenêtre sur la lumière ! Rappelez-vous à jamais que je fus maître quand vous eûtes besoin d’un maître… Je fus Dieu… Ne l’oubliez jamais !

Je fus Dieu…

Dates et horaires des représentations :

Mercredi 25 octobre 19 heures à la salle de l’ACB – 37 Bis Rue des Maronites 75020 Paris – Réservations : 01 43 58 23 25

Jeudi 26 octobre 18 heures à la Comédie des Trois Bornes – 32 Rue des Trois Bornes 75011 Paris

Vendredi 27 octobre 17 heures à la Comédie des Trois Bornes – 32 Rue des Trois Bornes 75011 Paris

Samedi 28 octobre 15 heures à la salle de l’ACB – 37 Bis Rue des Maronites 75020 Paris – Réservations : 01 43 58 23 25

Mercredi 1er Novembre 18 heures à la Comédie des Trois Bornes – 32 Rue des Trois Bornes 75011 Paris

POUR ACHETER VOS PLACES A LA COMEDIE DES TROIS BORNES : cliquez-ici

 




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La rentabilité brouille le débat en Algérie

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Gaz de schiste

La rentabilité brouille le débat en Algérie

La première question que se poserait le citoyen lambda d’In Salah, Timimoune, Mouydir, Illizi et Berkine et toutes les périphéries de ces gisements : Est ce que ces scientifiques et professionnels  qui soutenaient hier que cette ressources non conventionnelle est dangereuse pour l’environnement, les nappes d’eau et par les produits chimiques qu’elle utilise, l’ensemble de la population du sud de l’Algérie, seraient aujourd’hui d’accord pour cette aventure dans la fracturation hydraulique si elle s’avérerait économiquement rentable ? Que viserait cette approche financière ?  Est-ce pour décourager l’exécutif pour revenir sur sa décision de reprendre le dossier de gaz de schiste ? Ou faire fuir les investisseurs ? Si tel est le dernier cas, comment expliqueraient-ils qu’avant même que les autorités algériennes s’apprêtent à créer un conseil d’experts chargé de rédiger la feuille de route de la nouvelle politique énergétique permettant l’exploitation du gaz de schiste, de nombreux mastodontes mondiaux et pas des moindres, ont d’ores et déjà manifesté leurs « intentions » à la Sonatrach ?

En effet, des sources concordantes assurent qu’une  première liste de compagnies internationales, qui ont déposé leurs candidatures pour explorer le gaz de schiste algérien, a été d’ores et déjà confectionnée par la société nationale. Y figurent notamment  l’américaine Anadarko, l’italienne ENI, la française Total, les britanniques de BP et les norvégiens de Statoil. Toutes ces compagnies ont affiché leur volonté pour investir sur le gaz de schiste algérien. Elles attendent uniquement  la levée de la bureaucratie et surtout plus de clarté dans les prochains amendements de la loi. Si suit le raisonnement par le cash flow tel qu’exposé par nos experts, cela voudra dire que ces multinationales qui roulent leurs bosses dans son domaine depuis plus d’un siècle, ne connaissent pas leurs intérêts ou ne savent pas calculer leur retour sur investissements ? En  quoi l’Algérie est-elle concernée ?  

Que ce soit le régime de partage de production régit par la loi 86-14 ou celui de la concession suivant la  loi 05-07 de 2005, c’est toujours l’investisseurs qui prend le risque. Alors, ces mastodontes ne savent- ils pas évaluer le risque ? Ou ont-elles perdu la raison ? Pour se porter candidats avant même de voir les amendements en projet ? Il est probable que les essais sur le champ d’Ahnet, ont donné de l’eau à la bouche à ces société pour déduire que le pétrole et le gaz de schiste dans le domaine minier saharien sont bien enfouis avec un indice carbone important voire même que la roche mère est facilement stimulable combien même on utilise cette fameuses fracturation hydraulique tant crainte par la population. Maintenant si elles se trompent, tant pis mais pour ce qui concerne l’Algérie, le débat doit s’orienter sur les impacts du gaz des ressources conventionnelles sur l’environnement, la nappe de l’Albienne et la santé publique pour rassurer une population meurtrie par l’expérience nucléaire de la colonisation française. Les comptes comptables ne sont pas un souci algérien mais celui des investisseurs eux même, lesquels investisseurs connaissent bien défendre leur croûte surtout dans une activité aussi capitalistique et risquée comme celle de l’exploration des hydrocarbures. Il faut peut-être reconnaître que l’exécutif Ouyahia a le mérite de poser la problématique de l’économie algérienne d’une manière crue : il n’y a plus  d’argent pour faire tourner la machine, 1 /3 du gaz produits dans les champs en Algérie est réinjecté pour maintenir la pression des autres, l’autre tiers est consommé en interne et cette quantité progresse chaque année de 5%, en dépit d’avoir mis des verrous sur l’importation des véhicules, on importe pour près de 2 milliards de dollars de carburant pour le parc existant, le principal champ gazier de Hassi R’mel d’une réserve évaluée à un peu moins de la moitié de tous les gisement soit 2000 milliards de m3 s’essouffle et exige un boosting pour traverser les différents modules, la solution du financement non conventionnel ne peut pas être éternelle mais très limitée dans le temps, le gaz de schiste américain, celui des Russes et des Qataris chassent dans le marché traditionnel de Sonatrach qui est l’Europe, une entreprise Britannique du nom Sound Energy compte produire quelque 2 milliards de mètres cube de gaz par an tout près de la frontière algéro-marocaine à quelques kilomètres d’Ain Sefra pour le compte du Maroc d’abord sur un gisement de gaz de schiste, ensuite il prévoit de l’envoyer à travers son tronçon sur le GME en Espagne et au Portugal, etc.

Alors ! Que devra faire l’exécutif ? Si nos experts continuent à l’emmener sur le terrain de la rentabilité, opportune ou pas, cette approche purement financière renvoie à plusieurs interrogations. La première est comment se fait-il que le Maroc qui ne dispose d’aucune expérience pétrolière s’aventure pour la première fois directement dans le gaz de schiste et selon toute vraisemblance, il est sur le point de réussir ? En supposant que l’exploitation du gaz de schiste est véridiquement non rentable, permettre aux sociétés déjà candidate d’explorer les gisements de schiste gratuitement, l’Algérie serait gagnante quelque soit le cas de figure. En effet, si le potentiel de gaz ou de pétrole de schiste est économiquement insuffisant, l’Algérie aura gagné le fait de ne rien perdre car toute la recherche est à la charge  de l’investisseur. Dans le cas où c’est rentable, elle viendra tranquillement partager le fruit à la tête du puits. Dans le pire des cas où il n’y a pas du tout de gaz ou de pétrole de schiste, elle aura gagné d’avoir évalué son potentiel au lieu de promettre du néant aux générations futures.

Donc, il est préférable que nos experts, au demeurant très actifs et conscients des difficultés que traverse   leur pays, avancent des solutions et pourquoi pas une alternative. Par exemple la piste de la  stimulation des gisements existant comme Hassi Messaoud, Rhourd El Baghel, Rhourd-Nous et d’autres pourrait être intéressante à développer, quoi d’autres ? 

Le solaire ? oui ! mais avancez le prix du KWH Etc.        

 Rabah Reghis, Consultant et Economiste Pétrolier                                                                                                              

 

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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Un arrêté du 10 mai 2017 vient assouplir les conditions à remplir par les ressortissants étrangers

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Soins médicaux en France :

Un arrêté du 10 mai 2017 vient assouplir les conditions à remplir par les ressortissants étrangers

Pourtant, cet arrêté vient assouplir les conditions à remplir, pour les ressortissants étrangers, souhaitant avoir accès aux soins de santé en France. Désormais, la protection universelle maladie (PUMA) permettra une prise en charge des frais de santé pour 20 catégories d’étrangers hors union européenne.

Pour les primo-arrivants, il leur suffira, afin de remplir les conditions d’accès aux soins, de justifier du dépôt d’une demande d’admission au séjour (quelque soit le motif) et être en possession d’une autorisation provisoire de séjour ou bien, précise le texte, justifier d’un document nominatif, en cours de validité délivré par les services préfectoraux.

Le texte établit que « Sont considérés comme étant en situation régulière au sens des dispositions du I de l’article R. 111-3 du code de la sécurité sociale, les ressortissants étrangers titulaires de l’un des documents suivants en cours de validité :

[…]

18. Autorisation provisoire de séjour.

[…]

20. A défaut, tout document nominatif, en cours de validité, délivré par la préfecture du lieu de résidence de la personne permettant d’attester que la personne est enregistrée dans l’application de gestion des dossiers de ressortissants étrangers en France ».

Ce texte est donc venu assouplir les critères d’obtention de la PUMA.

Aujourd’hui, la simple attestation de dépôt d’une demande de titre de séjour suffira à remplir les conditions d’obtention de la PUMA.

Cette décision ne peut être que saluée tant la situation des étrangers souhaitant accéder aux soins de santé est difficile. Très régulièrement, des associations dénoncent les difficultés rencontrées par ces personnes.

Il n’est pas rare de voir certains collectifs d’associations, tel que l’Observatoire du Droit à la Santé des Etrangers (ODSE), rappeler, dans leurs revendications, le droit à une couverture santé pour tous quelque soit la situation administrative au regard du séjour de ces personnes.

Le texte n’est pas aller aussi loin mais il permettra, à certaines catégories d’étrangers, d’être couvertes durant leur séjour en France.

Farid Messaoudi

Juriste

Ex-Responsable du service juridique de la LDH

Ex-Chargé de mission auprès de la FIDH

 

Auteur
Farid Messaoudi

 




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