25 avril 2024
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La diplomatie économique viendra-t-elle à la rescousse de Messahel ?

Affaires étrangères

La diplomatie économique viendra-t-elle à la rescousse de Messahel ?

Le ministère des Affaires étrangères a mis en place dans son nouvel organigramme une structure spéciale en charge de la diplomatie économique, a déclaré le ministre Messahel lors d’un panel dédié à la diplomatie économique, développement des exportations, accords de libre-échanges, ainsi que les relations commerciales avec les pays africains, à l’occasion de la 3ème édition de l’université du Forum des chefs d’entreprises (FCE), tenue du 18 au 20 octobre à Alger.

Le chef de la diplomatie a ainsi fait part de la création d’une direction générale, au sein du ministère, chargée de la prospective, des études, et de la formation. Selon le régime politique algérien, cette direction générale permettra de se projeter sur de nouvelles activités à mener à l’étranger en faveur de l’économie nationale dans l’avenir. Elle comprendra trois directions et 6 sous-directions. Il est paradoxal de créer cette nouvelle direction générale, alors que l’Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI) remplit le même rôle et dont la création remonte à 2002 ? N´y a-t-il pas un risque de se retrouver face à un chevauchement des fonctions entre l’IDRI et la nouvelle direction ? Faut-il dissoudre l’IDRI ? Concernant les obstacles en matière de logistiques rencontrées pour conquérir les marchés africains ; le ministre a déclaré également que la route transsaharienne, qui devrait être achevée, en 2018, serait en mesure de favoriser les échanges, suggérant également la création d’une compagnie aérienne sous-régionale pour desservir l’Afrique et écouler les produits algériens dans ses marchés. Lancé dans les années 1960, le projet de la route Transsaharienne est un réseau routier de quatre branches desservant outre l’Algérie, la Tunisie, le Mali, le Niger, le Tchad, et le Nigeria.

Ce projet n’est pas totalement achevé, en raison de difficultés économiques et financières notamment dans les pays du Sahel. Présidé par l’Algérie, le Comité de liaison de la route Transsaharienne (CLRT) est constitué des pays traversés par la transsaharienne: Mali, Tunisie, Niger, Tchad et Nigeria. Sa mission est d’assurer la coordination entre les six pays membres pour superviser l’état d’avancement et identifier les contraintes du projet. Ses membres se réunissent tous les six mois pour évaluer le projet. La construction de la route transsaharienne Alger-Lagos ouvrira des perspectives réelles, à l’intensification des relations commerciales avec l’Afrique et stimulera les investissements structurants en direction du continent, la réalisation de cette route est un facteur décisif de désenclavement du Sahel et de densification des échanges économiques.

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En effet, l’Algérie et le Nigeria sont liés par des relations importantes consolidées par les différents projets communs de coopération et d’accords établis, dans le cadre de la Haute commission bilatérale algéro-nigériane, en l’occurrence la route transsaharienne Alger-Lagos, le gazoduc transsaharien, reliant le Nigeria à l’Europe via l’Algérie et la liaison par fibre optique Alger-Abuja.

Au vu des enjeux du 21e siècle, la situation économique actuelle devrait interpeller le régime politique à intensifier davantage les efforts en accordant la plus grande attention aux relations économiques, bilatérales et multilatérales. Afin de mettre le pays sur les rails du progrès économique, le débat sur l’adhésion de l’Algérie à l’organisation D8 doit être ouvert. Pourquoi l’Algérie doit-elle devenir membre du D8 ? Le D-8, également connu sous le nom de Developing-8, est une organisation de coopération économique et de développement .Elle regroupe 8 pays musulmans : Bangladesh, Égypte, Indonésie, Iran, Malaisie, Nigéria, Pakistan et Turquie. L’idée d’une coopération entre les principaux pays musulmans en développement a été évoquée, lors d’un séminaire sur la coopération au développement qui s’est tenu à Istanbul (Turquie), en octobre 1996. Ce groupe d’Etats envisage la coopération entre les pays s’étendant de l’Asie du Sud-Est à l’Afrique. La création du D-8 a été annoncée officiellement par la Déclaration d’Istanbul du Sommet des chefs d’Etat et Gouvernement, le 15 juin 1997. Les principaux objectifs du D-8 : renforcer la position des États membres dans l’économie mondiale, créer de nouvelles opportunités dans les relations commerciales, promouvoir la participation au processus décisionnel au niveau international et améliorer le niveau de vie. Le D-8 est une entente globale comme le reflète la composition de ses membres. L’Organisation de coopération économique (D-8) est un forum qui analyse les engagements bilatéraux et multilatéraux des pays membres, qui émanent de leur appartenance à d’autres organisations internationales ou régionales.

La déclaration d’Istanbul indique que le D8 est ouvert à d’autres pays en développement souscrivant aux objectifs et aux principes du groupe partageant des obligations communes. Depuis sa création, le groupe D8 a souligné en outre qu’un mécanisme approprié soit établi pour assurer la liaison avec d’autres organisations internationales pertinentes. Néanmoins, une nouvelle compétition commerciale se présente, un autre challenge attend la diplomatie algérienne. Le ministre Messahel a suggéré la création d’une compagnie aérienne sous-régionale pour desservir l’Afrique. De mon point de vue, cette annonce intervient après la publication de la déclaration d’Ouagadougou sur la création de la compagnie aérienne du G5 Sahel, le 22 Avril 2016 : Les ministres en charge de l’aviation civile du G5 Sahel se sont réunis le 22 Avril 2016 et ont approuvé la feuille de route définissant le processus de création de la compagnie aérienne régionale du G5 Sahel. Un comité de pilotage pour la mise en œuvre de cette feuille de route a été créée, dont sa mission prendra fin dès la désignation des dirigeants de la compagnie aérienne. C’est dans ce cadre que s’est déroulé la réunion de démarrage de l’étude de faisabilité technico-économique et financière du projet qui est l’un des plus avancés de l’organisation régionale.

Selon le G5 Sahel, cette compagnie aérienne est attendue par les populations, les décideurs et les hommes d’affaires pour mettre fin à l’enclavement de l’espace sahélien. Prospectivement, la diplomatie économique du régime algérien sera de plus en plus concurrencée dans la région. Avant de songer à mettre en œuvre une diplomatie économique, le ministre Messahel devrait d’abord se consacrer à la diplomatie, car il est sidérant d’observer que l’abrutissement qui règne au sein de cette pseudo élite diplomatique est la béquille d’un faux-volontarisme politique. Une diplomatie mièvre incapable de saisir les enjeux qui se tissent au Maghreb.

Benteboula Mohamed-Salah, géographe

 

Auteur
Benteboula Mohamed-Salah

 




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