19 mai 2024
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Pays-Bas : le roi s’excuse pour l’esclavage pratiqué à l’époque coloniale

Esclavage

Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander a présenté, samedi, ses excuses officielles pour l’implication de son pays et de sa dynastie dans l’esclavage, se déclarant « personnellement et extrêmement » touché. C’est une première car peu de pays ont fait cette démarche.

Aujourd’hui, je me tiens devant vous en tant que roi et membre du gouvernement. Aujourd’hui, je vous présente mes excuses personnellement », a déclaré Willem-Alexander sous les acclamations lors d’un événement marquant les 150 ans de l’affranchissement des esclaves dans les anciennes colonies néerlandaises, à l’Oosterpark d’Amsterdam.

Des milliers de descendants de personnes réduites en esclavage dans l’ancienne colonie sud-américaine du Suriname ainsi que dans les îles caribéennes d’Aruba, Bonaire et Curaçao assistaient à ces célébrations.

« Je ressens cela profondément dans mon cœur et dans mon âme », a déclaré le roi, avant d’ajouter : « La traite des esclaves et l’esclavage sont reconnus comme crimes contre l’humanité. » « Les rois de la maison d’Orange [dont descend le monarque actuel, NDLR] n’ont rien fait pour l’empêcher. Aujourd’hui, je demande pardon pour cette inaction », a encore ajouté Willem-Alexander.

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Les commémorations marquant la fin réelle de l’esclavage dans les colonies ont lieu chaque année à Amsterdam, une célébration appelée « Keti Koti », soit « briser les chaînes » en sranantongo (l’une des langues du Suriname). Elles prennent un relief particulier cette année après la présentation en décembre par le gouvernement d’excuses officielles pour le passé esclavagiste des Pays-Bas. L’assistance a salué les excuses du roi. Des descendants de personnes réduites en esclavage avaient demandé au roi de présenter des excuses officielles.

Shirley, 50 ans, habitante de Zaandam près d’Amsterdam, venue assister samedi aux festivités sur le Museumplein en tant que descendante d’esclaves du Suriname, ancienne Guyane néerlandaise :

Je trouve ça très bien que le roi ait présenté des excuses. Mais j’espère que ça n’en restera pas là. Il s’est passé beaucoup de choses. Ça leur a fait gagné beaucoup d’argent, ils ont pris avec eux beaucoup de richesses. Donc j’espère qu’ils vont donner de l’importance aux descendants d’esclaves. Pour moi, c’est important qu’il y ait des compensations, des indemnisations pour les descendants. Mais il faudrait penser aussi à ce qui serait faisable au-delà encore. Si nécessaire construire un musée, dans lequel les gens pourraient avoir un aperçu de ce qui s’est passé. Et que les écoles et les enfants soient ainsi informées de l’esclavage car beaucoup ne le savent pas. Je suis moi-même d’origine surinamienne. Mes ancêtres étaient des esclaves. Et dans les plantations, on peut encore retrouver de nombreuses traces de l’esclavage. C’est d’ailleurs des plantations dont nous sommes originaires, dont viennent mes parents, mes grands-parents. Beaucoup de choses se sont passées et les cicatrices sont encore visibles.

La traite d’environ 600 000 Africains

Depuis l’émergence du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis, les Pays-Bas se sont lancés dans un débat souvent difficile sur leur passé colonial qui en a fait l’un des pays les plus riches du monde. L’esclavage a contribué à financer le « siècle d’or » néerlandais, période de prospérité grâce au commerce maritime aux XVIe et XVIIe siècles. Le pays a procédé à la traite d’environ 600 000 Africains, principalement vers l’Amérique du Sud et les Caraïbes.

Selon un rapport commandé par le ministère néerlandais de l’Intérieur et publié en juin, entre 1675 et 1770, les colonies ont rapporté à la famille royale l’équivalent de 545 millions d’euros, à une époque où l’esclavage était très répandu.

Les lointains ancêtres du roi actuel, Guillaume III, Guillaume IV et Guillaume V d’Orange-Nassau ont fait partie des plus grands bénéficiaires de ce qui est décrit dans le rapport comme une « implication délibérée, structurelle et durable » dans l’esclavage.

Le Premier ministre Rutte avait présenté en décembre les excuses officielles du gouvernement pour le rôle de l’État néerlandais en 250 ans d’esclavage, qu’il avait qualifié de « crime contre l’humanité ». Dans son discours de Noël, le roi des Pays-Bas avait salué ces excuses, et déclaré que celles-ci étaient le « début d’un long chemin ».

Avec RFI

 

1 COMMENTAIRE

  1. Les excuses exigées par les descendants des victimes ou offertes par ceux des auteurs ne valent absolument rien et sont une perte de temps et une insulte aux uns et aux autres. Tout d’abord, on ne peut pas demander pardon à, ou au nom de, quelqu’un d’autre qui est déjà mort, et même s’il est encore vivant. Ce ne sont pas les générations actuelles qui sont les victimes ou les auteurs. Mais le plus grand problème de ces excuses est ceci: Si jamais les circonstances historiques qui ont donné lieu à l’esclavage devaient se reproduire, ceux-là mêmes qui présentent leurs excuses au nom de leurs aïeux esclavagistes aujourd’hui ou leurs descendants referaient la même chose exactement de nouveau. On demande pardon aujourd’hui parce que la notion d’esclavage n’a plus aucun sens économique, on n’en a plus besoin, mais pendant tous les siècles qu’elle était la base de la production, l’idéologie ambiante s’en était fort bien accommodée. Et les mêmes ciconstances économiques reproduiraient la même idéologie et la même situation, donc les excuses ne sont que du vent.

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