Certains produits alimentaires de large consommation, comme l’huile de table et la semoule se font rares. Une situation qui met à rude épreuve les consommateurs qui se démènent comme ils peuvent pour se procurer une bouteille d’huile de table ou un sac de semoule, des produits rarement présentés à la vue des clients sur les étalages des commerçants. Quelle réponse des autorités ?
La seule parade que les autorités ont trouvé pour juguler cette crise qui ne dit son nom est d’actionner le levier de la répression par le biais de la criminalisation des spéculateurs. Une vieille lune facile à sortir à défaut de chercher la véritable origine de cette pénurie.
En 2021, un projet de loi sur la lutte contre le phénomène de la spéculation a été élaboré par le ministre de la Justice, garde des Sceaux et présenté au parlement qui la adopté.
En effet, la loi 15-21 du 28 décembre 2021 relative à la lutte contre la spéculation illicite prévoit l’application de peines sévères contre les personnes impliquées dans ces « crimes », pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison et à la réclusion à perpétuité si le forfait est commis dans le cadre d’un groupe organisé.
Dans la foulée, des mesures préventives ont été préconisées par le chef de l’État qui a ordonné au ministre du Commerce la mise en œuvre des actions de sensibilisation aux profits des commerçants et de la société civile sur la loi contre la spéculation, de l’expliquer aux citoyens à travers les médias, de distinguer entre le stockage organisé à des fins commerciales, et le stockage visant à créer la pénurie ou pour faire monter les prix sur les produits alimentaires de base.
L’échafaudage répressif mis en place n’a toutefois pas été concluant. La crise est toujours là. Et la manière forte n’est d’aucun effet pour l’heure. Comme si le manche pouvait remplir le vide des étalages !
De fait, depuis un peu plus d’une semaine, la machine judiciaire est enclenchée. Une cascade de procès a été actionnée contre tout individu convaincu de s’adonner à des pratiques spéculatives illicites.
A Tizi-Ouzou, Batna, Mcila, Bouira, Djelfa, Ain Defla…, des peines de prison de dix ans et de lourdes amendes ont été prononcées à l’encontre de plusieurs individus accusés d’avoir stocké des quantités importantes de produits alimentaires ( semoule et huile de table) aux fins de spéculation illégale et de leur revente à des prix prohibitifs.
Il y a sept jours, l’APS rapportait, citant un communiqué du procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed, section lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée que « le nombre d’individus poursuivis dans des affaires liées à la spéculation illicite sur des produits alimentaires de large consommation, portées devant le parquet de Sidi M’hamed, section lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, provenant des wilayas de Boumerdès, Djelfa, El-Tarf, Tébessa, Ouargla, Tamanrasset, Sétif et Souk Ahras, a atteint 30 personnes, dont 25 placées en détention provisoire, quatre autres sous contrôle judiciaire, et une personne remise en liberté ».
Il est vrai que la spéculation sur des produits alimentaires pourrait être la source en partie de cette pénurie. Mais il y a une autre réalité. Mal approvisionné, le marché est loin d’être stable. La répression est-elle suffisante pour remplir les magasins ? Evidemment non car, c’est connu, ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on arrive à baisser la température !
S.A.I.