AccueilPolitiquePeut-on parler d’une dérive populiste de Djerad à Hassi R’mel ? (I)

Peut-on parler d’une dérive populiste de Djerad à Hassi R’mel ? (I)

DECRYPTAGE

Peut-on parler d’une dérive populiste de Djerad à Hassi R’mel ? (I)

Etait-il raisonnable et politiquement correct de la part d’un responsable politique d’évoquer la corruption et les mauvais exemples qui ont encadré Sonatrach lors d’une visite commémorative qui s’adresse primordialement et éminemment aux générations futures ?

Il faut souligner d’emblée que la double commémoration de la nationalisation des hydrocarbures est censée garder un caractère votif pour acquitter un vœu en se rappelant des concepteurs puis des bâtisseurs de cet acte de grand courage qui a exigé une mobilisation de grande envergure d’où son lien indéfectible avec l’organisation syndicale « d’antan » bien entendu.

En effet, la nationalisation des hydrocarbures a été conçue par les révolutionnaires qui aspiraient à une Algérie libre et totalement indépendante : politiquement et économiquement.

Le congrès de la Soummam a dès 1956 soit un peu plus de deux ans après le déclenchement de la révolution, l’a dotée d’un organe de réflexion et de délibération sur toutes les actions à mener à la fois politiques, militaires et surtout économiques et sociales qui est le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) bien avant que le pétrole coule dans les pipes algériens.

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Après un sacrifice de plus d’un million et demi de chouhadas en février 1962, c’est dans cette première assise de Tripoli que ce Conseil donna le feu vert pour négocier les accords d’Evian en refusant toute proposition séparatiste du sud algérien. Forte convoitise de la puissance coloniale lorsqu’elle a vu les premiers barils de pétrole arriver de Hassi Messaoud à Skikda en 1959. Elle a été confirmée dans les mémoires du général de Gaulle dits « de l’espoir » « pour garder la mise à disposition des gisements de pétrole que nous avons mis en œuvre et celle de nos bases d’expérimentation de nos bombes et nos fusées, nous sommes en mesure quoi qu’il en arrive à instituer un Etat indépendant au Sahara. » 

Nos aînés connaissaient leurs forces et leurs faiblesses indépendantes de leur volonté mais liées au processus de colonisation. En effet, « la société algérienne fut une des plus dépossédées du monde : la colonisation de peuplement avait expulsé une partie de la paysannerie de sa terre et condamnait, par son existence même, les chômeurs ruraux à ne pas trouver d’emploi dans le secteur agricole.

La majorité des postes de cadres moyens ainsi que des fonctions administratives subalternes étaient dévolus aux Européens. » Enfin l’identité algérienne elle-même était niée, le pays ayant un statut départemental tandis que l’arabe n’était pas enseigné dans les écoles. Le succès de « l’insurrection » du 1er novembre 1954 trouve là ses sources.

Malheureusement nos ainés ont été obligés d’accepter un pays dépourvu de ressources d’abord humaines ensuite matérielles et financières. Ils ont donc accepté le 18 mars 1962 des accords, lesquels accords étaient sur le plan hydrocarbures totalement en leur défaveur mais à la deuxième rencontre de Tripoli en juin 1962, le CNRA exigeait dans sa déclaration finale d’élaborer un plan qui mettrait le pays en mesure de gérer lui-même ses richesses minérales et énergétiques, donc préparer des instruments dans ce sens.

Le 31 décembre 1963 a été crée Sonatrach avec une petite poignée d’ingénieurs Algériens et des objectifs politiques lui étaient fixés de prendre en charge le secteur des hydrocarbures et de servir d’instrument pour le développement des autres secteurs. La première mission d’essai était l’ouvrage du 3e oléoduc Haoud El Hamra –Arzew en collaboration avec une entreprise anglaise CJB et un financement koweitien.

Le lendemain une large prospection a été menée à travers le monde pour créer une structure pour préparer la source humaine « capable de gérer et d’entretenir le secteur des hydrocarbures » qui abouti à la création en 1964 du Centre africain des Hydrocarbures et de Textile (CAHT) avec l’université soviétique de Goubkine.

D’ailleurs, les recommandations faites dans la charte d’Alger en 1964, étaient de prendre le temps pour laisser rôder Sonatrach dans le circuit international tout en préparant l’encadrement nécessaire même s’il faudrait « repousser la nationalisation sur le long terme. » Il se trouve justement que la gourmandise de la partie française prenait progressivement des proportions intolérables en laissant le jeune pays nouvellement indépendant « grignoter » les fruits de ses richesses énergétiques et minérales ce qui a fait accélérer les choses pour le charismatique, bâtisseur, cohérent, fidèle à la ligne du CNRA, le colonel Houari Boumediene proclamer le 24 février 1971 la nationalisation des hydrocarbures. Elle consistait dans un premier temps à récupérer 51% des intérêts français dans la production du brut, la nationalisation totale des réserves de gaz et celle de tous les moyens de transport.

C’était donc à ces charismes que le premier ministre aurait pu s’en référer au lieu de faire allusion en grandes pompes à Abdelmoumen Ould Kaddour (01) dénoncé par des patriotes en temps opportun car que gagneraient aujourd’hui les Algériens dans les procès spectacles après que les dégâts aient lieu avec la complicité de plusieurs responsables encore en poste. (A suivre)

R. R

Prochain article : L’énigme Ould Kaddour : était-il seul ?

(01)-https://www.algerie360.com/laffaire-du-rachat-de-la-raffinerie-augusta-rattrape-ould-kaddour/

Auteur
Rabah Reghis

 




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