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Pour l’AIE : la guerre des prix du pétrole est « un jeu de roulette russe »

DECRYPTAGE

Pour l’AIE : la guerre des prix du pétrole est « un jeu de roulette russe »

Dans un entretien qu’il a accordé quotidien  «Les Echos » (01) dans sa livraison du mercredi 25 mars, le directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) le Turc Fatih Birol n’est pas allé avec le dos de la cuillère par sa sévérité envers l’Arabie saoudite et la Russie.

Le directeur exécutif de l’AIE les considère comme responsables de la chute actuelles des cours du pétrole par leur comportement irresponsables qui s’est éloigné de l’objectif qui les rassemble dans cette organisation censée œuvrer pour la stabilité du marché. « Les citoyens du monde se souviendront que des grandes puissances qui avaient le pouvoir de stabiliser l’économie de nombreux pays dans une période de pandémie sans précédent ont décidé de ne pas l’exercer », accuse-t-il. En conséquence, «l’histoire les jugera » poursuit-il. Par cet acte déstabilisant, ils ont mis certains pays producteurs en difficulté, estime-t-il.

L’impact sur les pays en développement vulnérables est important. Pour des pays comme l’Algérie, le Nigeria, la Libye, l’Irak et le Venezuela, si les conditions actuelles du marché continuent, leurs revenus tirés du pétrole et du gaz chuteront de 50% à 85% en 2020, atteignant les niveaux les plus bas depuis deux décennies.

Cela est susceptible d’avoir des conséquences sociales et économiques majeures, notamment pour les dépenses du secteur public dans des domaines vitaux tels que les soins de santé et l’éducation, lit-on dans une déclaration conjointe  faite le 16 mars dernier entre lui et le secrétaire général de l’OPEP, le Nigérian, Mohammad Sanusi Barkindo.

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L’Arabie saoudite a choisi d’inonder le marché suivie par les Emirats arabes unis et le Koweït en dépit de l’effondrement de la demande avec la pandémie du nouveau coronavirus se tire une balle dans le pied mais « agit pour des considérations politiques et diplomatiques », observe Dr Fatih Birol.

Quant à la Russie qui a refusé de nouveaux accords avec l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole  pour limiter la production, elle tente par là de « terrasser la production de pétrole de schiste mais cela ne marchera pas car dès que la demande mondiale de pétrole repartira, les cours remonteront et le schiste fera vite son retour ».

Pour sortir de la crise, le directeur exécutif qui représente les pays consommateurs estime que la seule voie de relance économique généralisée après cette pandémie pour soutenir la demande est un accord des grands pays producteurs pour stabiliser la production. Il dit être en contact permanent avec le secrétaire général de l’OPEP et avec les ministres des Etats exportateurs «mais rien de concret n’en est ressorti pour l’instant ».

Pourtant, les pays du G20, avaient promis d’améliorer le dialogue entre les pays producteurs et consommateurs de pétrole et s’étaient engagés à plus de transparence pour limiter la volatilité des prix, cette fois – ci un sommet de G 7 organisé sous la présidence de l’Arabie saoudite par vidéo conférence s’est tenu au début de la pandémie n’a soufflé mot sur cette chute des prix vertigineuse. 

Pour les 23 pays de l’OPEP+, les soucis budgétaires demeureront

Il est clair que le niveau des prix du baril actuellement est différemment apprécié par les uns et les autres, membre de cette corporation informel née en septembre 2016. Le ministre russe de l’Energie a pris la précaution de confirmer que le budget russe 2020 a été construit sur la base d’un baril à 42 dollars. Cette donnée peut paraître étonnante car les cours du brut se sont respectivement établis en moyenne à 69 et 65 dollars pour les années écoulées, 2018 et 2019. Depuis 2016, la stratégie russe a consisté à accompagner l’OPEP  en acceptant une réduction de production, de façon coordonnée dans le seul but de réguler le marché. Cette stratégie offrait l’avantage de maintenir les cours et les revenus.

Il convient en effet de préciser que le pourcentage de hausse des prix se révélait être 2 à 3 fois supérieur au pourcentage de baisse des volumes. Ce solde positif des pourcentages constituait donc une hausse de revenus pour les producteurs. Le refus russe d’accompagner cette fois l’OPEP dans une réduction concertée de la production de 1,5 million de barils par jour, suite à la contraction de la consommation pétrolière chinoise, constitue la raison première de la présente descente des prix. Cette stratégie russe était destinée à provoquer un excès de l’offre et en conséquence une baisse mondiale des prix.

L’objectif clairement exprimé est de mettre en difficulté, et même de sortir du marché, les producteurs américains de pétrole de schiste, dont les coûts de production seraient supérieurs au coût de production russe. Cette décision stratégique russe destinée à fortement perturber les producteurs américains de pétrole de schiste pourrait donc, in fine, créer une situation systémique très négative pour la Russie.

La forte dévalorisation des entreprises cotées impacte leur ratio d’endettement. La chute de 20% du rouble va conduire à une hausse proportionnelle du prix de tous les produits importés. L’inflation venait d’être réduite à un niveau de 3%-4%. Elle va malheureusement repartir. En outre, n’oublions pas que le taux de la Banque centrale russe, régulièrement abaissé depuis 2 ans, se situe encore à 6%.Tous ces paramètres sont à l’opposé de ceux nécessaires à une politique de croissance et donc d’investissement promise par le pouvoir politique russe. Les réalités économiques ont la vie dure.

Cet arrosage ralentira-t-il les ambitions de Vladimir Poutine qui aura besoin de l’appui populaire pour amender la constitution afin de briguer un nouveau mandat présidentiel ? L’Arabie saoudite, à 20 dollars le baril, ne perd pas d’argent: la production d’un baril ne lui coûte que 2,80 dollars. Mais le régime a aussi besoin d’un baril à plus de 80 dollars pour équilibrer son budget. Et pour mener ses ambitieux plans de diversification de l’économie.

En Russie, les coûts de production sont nettement plus élevés, au-delà des 20 dollars. Mais le budget peut être équilibré avec un cours évoluant entre 40 et 50 dollars. Si les deux pays disposent, en outre, de marges de manœuvres financières, ils ne pourront cependant pas résister sur la durée, estiment les observateurs. Reste à savoir lequel cédera le premier.                                                                                                                         
R.R.

Renvoi 

(01)-https://a8ab9grp.com/prix-du-petrole-larabie-saoudite-accuse-dagir-pour-des-considerations-politiques-et-diplomatiques/

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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