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Pourquoi parle-t-on de la 5e année et non de la dernière année du mandat de Bouteflika ?

17 avril 2019

Pourquoi parle-t-on de la 5e année et non de la dernière année du mandat de Bouteflika ?

Les médias lourds ont commencé ce matin très tôt à faire tout un plat au sujet de cette dernière année du mandat de Bouteflika. C’est la première fois voilà 19 ans que la dernière année d’un président en exercice devient une année de bilan. Il se trouve justement que ce n’est malheureusement pas seulement ces spots médiatiques qui semblent vanter le quatrième mandat mais le parti politique FLN avait été chargé de faire un bilan politique et on apprend lors de la conférence de presse du Premier ministre qu’il lui revenait à lui préparer la partie chiffrée pour justifier les fameuses 1000 milliards de dollars dont parle le peuple qui ont été dépensés durant ce règne.

A quoi rime tout cela ? Pourquoi cette offensive publicitaire pour particulariser le 5e mandat que tout le système et dans son ensemble désire tout bas de l’aveu même d’Ouyahia. D’ailleurs tout est libre et aucun leader des partis en place n’ait émis jusqu’à présent et à une année de l’échéance son intention d’y participer à part le Docteur Saâdallah, vivant à l’étranger, spécialiste en géologie qui l’a fait en toute honnêteté. Il sait probablement qu’il n’a aucune chance d’y arriver car le régime en a décidé autrement : « Lièvre oui ambition non ».

Pourtant, certains organes de presse rentrent sciemment ou inconsciemment dans le jeu du discours politique officiel pour présenter Bouteflika comme un « parrain » qui maîtrise à la perfection les préparatifs pour briguer un cinquième mandat. Dans cette foulée, cette tendance oriente l’opinion publique sur le bilan économique des quatre mandats. Ils espèrent que l’aisance financière et les aveux répétés de l’échec de Bouteflika lui-même apaiseront les tensions sociales et feront oublier les centaines de morts durant la décennie noire.

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Après tout, pensent-ils, les citoyens diront que Bouteflika a été de bon augure, en venant, il a trouvé les caisses vides, voilà qu’il termine ses quatre mandats avec plus de 97 milliards de dollars en caisse et une dette extérieure totalement assainie comme s’il est, ou ils y sont pour quelque chose. Il faut reconnaître que ni Bouteflika, ni avant lui Zeroual et on peut remonter jusqu’au feu Boudiaf n’ait été sollicité ou élus pour régler les problèmes économiques de l’Algérie. Ils n’avaient ni l’expérience, ni la carrure ni les qualifications pour cette tâche. En plus, la priorité de l’Algérie était de trouver une solution au vide politique laissé par la démission de Chadli et le blocage du processus électoral qui ont mené à une confrontation conflictuelle et, partant à une fracture sociale.

Aucun programme de développement ne pouvait se mettre en œuvre et permettre le décollage économique sans cette plateforme consensuelle. Chacune de ses personnalités avait une source de légitimité. L’un par son charisme historico-politique, l’autre appartenait à l’armée qui détenait le pouvoir dit-on etc.   

Abdelaziz Bouteflika quant à lui, pour beaucoup d’analystes, pouvait concilier les deux tendances : dirigiste et  ultralibéralisme. Il a « bâti » avec le feu Boumediene le modèle de développement par l’industrie industrialisante, n’était-il pas membre du conseil de la révolution qui a cautionné cette politique depuis plus d’une décennie ? Nombreux sont les citoyens qui ont cru se voir séduits par son mimétisme de feu Boumediene lors de sa première campagne électorale. Ils n’espéraient aucunement revenir au dirigisme boumediéniste mais se disaient, enfin un homme politique qui a hérité de son aura sans gant ferré. Il nous fera l’économie d’un débat d’école stérile entre les deux tendances technocrates qui rongent la société.  

Malheureusement, et comme disait George Bernard Shaw « On ne naît pas roi, on le devient par hallucination artificielle ». Est ce le cas en Algérie ?

 

Auteur
Rabah Reghis

 




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