Les manœuvres continuent pour imposer un second mandat d’Abdelmadjid Tebboune à la présidentielle de septembre prochaine.
Les abracadabrantesques arguties pour justifier le rapprochement de la présidentielle sont derrière nous. Place à la manipulation de l’opinion et au viol des foules. Des mains mystérieuses ont lancé il y a quelques jours une page Facebook dédiée à la candidature de Tebboune à la présidentielle. Ses administrateurs sont pour l’heure inconnus. A-t-elle été lancée avec son autorisation ou est-elle l’œuvre de soutiens intéressés ? Comme la transparence n’est pas la première des vertus du régime rien n’est exclu.
Disons les choses simplement. Comme elles sont. On a connu sous Bouteflika ces fameux comités de soutien qui l’implorer pour se représenter. Le résultat : 20 ans de règne de rapine et de chaos. Les laboratoires qui préparent une candidature de Tebboune semblent les mêmes que ceux qui ont porté Abdelaziz Bouteflika au pouvoir sur quatre mandats. C’était la rue qui avait arrêté la machine infernale de cette clique que Tebboune et ses soutiens appelle Al Aissaba, une bande auquelle il a appartenue et qu’il a servi sans coup férir.
On sait déjà que les médias publics et privés lui sont acquis. Il n’y a qu’à parcourir les Une des journaux ou suivre les JT. Comme Tebboune n’appartient à aucune formation politique, une coalition qui réunit des partis (FLN, El Bina et le RND) ayant loué les miracles de Bouteflika pendant 20 ans, s’est déjà constituée. La méthode est éprouvée. Le reste n’est qu’habillage et discours de circonstance.
Même si aucune annonce de soutien n’est avancée, tout le monde sait que ces partis obéissent le doigt sur la couture aux desiderata des seigneurs de l’heure. Ils sont prêts à tout pour servir.
Mais ne nous emballons pas. A 78 ans, Ammou Tebboune n’a rien dit pour l’heure. Mais il pourrait se sacrifier pour le pays comme l’a fait Bouteflika. Prudent, il a laissé glisser cette réponse lors de sa dernière interview télévisée : «Je ne vais pas répondre, car avant l’heure ce n’est pas l’heure».
Ajoutant : «Ce n’est pas le moment». Le dilemme pour ne pas dire le suspense est à couper au couteau sur comment Tebboune va courageusement «trancher le dilemme» entre les appels à un second mandat et son «entourage immédiat (qui lui) conseille de (se) reposer après 55 ans au service de la patrie». Car il faut rappeler que Tebboune, après avoir été SG de plusieurs wilayas au début des années 1970, il a été wali de Djelfa en 1975 pour finir premier ministre sous Bouteflika avant d’être intronisé président par Ahmed Gaïd Salah en décembre 2019.
Après un mandat calamiteux, émaillé de tensions diplomatiques avec tous les pays périphériques, des centaines de détenus d’opinion et une économie en quasi-paralysie, une deuxième candidature de Tebboune fera courir les pires dangers à l’Algérie.
Sofiane Ayache