2 décembre 2024
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Quand la rente fait le travail, gouverner devient un jeu d’enfant

Dans un monde où les dirigeants se sont habitués à s’asseoir confortablement sur les rentes naturelles ou économiques, la gouvernance devient-elle une tâche aussi complexe qu’on nous la vend ? La réponse est peut-être plus simple qu’on ne le croit : non. Dans une économie rentière où l’essentiel des ressources provient de rentes passives, gouverner cesse d’être un art de gestion complexe et se transforme en un jeu d’enfant.

Mais qu’entend-on par économie rentière ? Il s’agit d’un modèle économique où les revenus proviennent principalement de ressources naturelles (pétrole, gaz, minéraux, etc.), de rendements financiers ou d’autres sources de richesse qui ne nécessitent pas un investissement direct en termes de travail productif.

Ce modèle semble idéal à première vue : des ressources qui se génèrent presque d’elles-mêmes, sans que l’État n’ait besoin d’agir activement pour les créer. La rente se charge de tout, et l’État, qui contrôle ces ressources, en récolte les fruits sans véritablement devoir prendre des décisions difficiles.

Mais alors, pourquoi gouverner ? Pourquoi investir dans des politiques publiques ambitieuses ou des réformes économiques profondes quand la rente suffit à remplir les caisses de l’État ? La tentation est grande de ne rien faire et de laisser le système tourner tout seul, en prélevant une partie de ces revenus. Pourquoi se donner la peine d’innover, de gérer la complexité sociale, économique et environnementale quand la seule chose qu’il faut savoir faire, c’est s’assurer que la rente continue de tomber dans les bonnes poches ?

Cela nous amène à une question provocante : quand la rente fait tout le travail, à quoi sert un gouvernement ? La réponse, dans de nombreux cas, semble être : à rien … ou presque. Les dirigeants, dans ce contexte, ne sont plus de véritables gestionnaires ou visionnaires. Leur rôle se limite à maintenir un statu quo confortable pour eux-mêmes et pour les élites qu’ils soutiennent. Gouverner devient alors une formalité : une succession de décisions superficielles, d’ajustements cosmétiques et de politiques de communication destinées à donner l’illusion de l’action.

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Ce n’est pas un hasard si, dans de nombreux pays rentiers, la bureaucratie se gonfle, les dépenses publiques explosent, mais les résultats concrets sont rares. Les gouvernements semblent fonctionner davantage comme des entités administratives lourdes, détachées des véritables préoccupations du peuple.

Le pays avance – ou plutôt, survit – grâce à la rente, mais sans gouvernance véritable. Le leadership devient un art de l’inaction, et la gestion du pouvoir se résume à une question : Comment faire durer le système sans le perturber ?

Pire encore, cette inertie ne fait que renforcer les inégalités. Tandis que les rentes alimentent un petit cercle d’élites, la majorité de la population se retrouve confrontée à un déclin des services publics, à une stagnation de l’économie réelle et à un avenir incertain. Dans une telle configuration, gouverner ne devient plus qu’une formalité qui profite surtout à ceux qui sont déjà au sommet.

Il est donc ironique, voire absurde, de constater que gouverner devient, dans ce cadre, un véritable jeu d’enfant . Il suffirait de quelques coups de pinceau pour donner l’illusion d’un pouvoir actif, de déclarations vibrantes sur la « stabilité » et de quelques réformes superficielles. La véritable gouvernance, celle qui se soucie de l’avenir d’un pays, de sa population et de son environnement, disparaît peu à peu sous le poids d’une rente qui fait tout le travail.

En fin de compte, la question reste la même : dans une telle économie rentière, à quoi sert un gouvernement ? Certainement pas à gérer l’avenir du pays, mais à maintenir l’illusion d’un pouvoir sans effort, où l’inaction devient la norme et où la rente, plus qu’une ressource, devient la véritable maîtresse du jeu.

Mais cette illusion de stabilité à un prix. Loin d’être un modèle durable, l’économie rentière nourrit à la fois une dépendance et une fragilité. Tant que la rente coule à flots, tout semble aller pour le mieux. Mais le jour où les prix des ressources naturelles chutent, ou lorsque les recettes deviennent plus difficiles à capter, les structures fragiles d’un gouvernement rentier risquent de se fissurer. C’est là que la grande illusion de « gouverner sans gouverner » se heurte à la réalité de l’instabilité.

Dans de tels systèmes, la gouvernance devient une mécanique de survie, non pas un projet de développement ou de transformation. La bureaucratie, loin d’être un levier de gestion, devient une fin en soi, multipliant les couches administratives et les procédures sans impact concret sur la vie des citoyens. Chaque nouvelle loi ou réforme semble être une réponse à une pression extérieure, mais sans ambition véritable de changer les choses en profondeur. C’est une gouvernance de façade, une politique de survie et de gestion de l’urgence, sans vision claire à long terme.

Les élites politiques, économiques et militaires, souvent cooptées dans ce système, jouent également un rôle essentiel pour maintenir le statu quo. Elles s’entendent pour préserver leurs privilèges et veiller à ce que le système ne remette pas en question leurs positions. Le résultat ? Une stagnation totale, où la richesse se concentre toujours plus dans les mains de quelques-uns, et où la majorité de la population est laissée à l’écart, observant le spectacle de la gouvernance vide de sens.

Les conséquences sont visibles à plusieurs niveaux. Les sociétés, soumises à des politiques inefficaces, voient leur tissu social se déliter, leur économie se contracter et leur futur s’assombrir. Sans une véritable gouvernance active, sans une stratégie pour diversifier l’économie ou améliorer les institutions, le pays reste coincé dans un cycle où la rente est la seule choisie qui « fonctionne ». Mais à long terme, cette rente est une illusion, car elle est vulnérable aux fluctuations des marchés mondiaux, à la raréfaction des ressources, ou encore aux crises géopolitiques. Les États qui s’en remettent exclusivement à cette rente finissent par perdre leur capacité à se réinventer.

Il est donc urgent de remettre en question cette idée que gouverner devient un jeu d’enfant lorsque la rente fait tout le travail. Il est impératif de réaffirmer que la gouvernance, loin d’être un luxe ou une tâche futile, est avant tout un engagement vis-à-vis de la société et de son avenir. Gouverner ne doit pas être une posture confortable, mais une mission de transformation active, de gestion des ressources humaines, naturelles et financières dans le mais de préparer un avenir plus résilient et plus équitable.

Il est temps que les dirigeants, et les citoyens qui les élisent, prennent conscience que l’inaction n’est pas un choix viable à long terme. Gouverner n’est pas simplement un privilège ou un jeu. C’est un devoir, une responsabilité envers la société et les générations futures. Car, à moins de se contenter de l’apparence d’une gouvernance, un jour viendra où la rente cessera de faire le travail. Et ce sera alors trop tard pour espérer que les institutions ou les élites puissent rattraper le temps perdu.

Lorsque la rente cesse de « faire le travail », la fragilité du système devient évidente. À ce moment-là, il n’y a plus de base solide sur laquelle s’appuyer, et les carences accumulées dans la gestion publique, dans l’investissement en infrastructure, dans l’éducation et dans les services sociaux, deviennent des points. de rupture. L’illusion de gouverner sans gouverner s’effondre en même temps que les ressources naturelles ou les flux financiers viennent à manquer.

C’est alors que les dirigeants, souvent déconnectés de la réalité des citoyens, se retrouvent face à une crise qu’ils ne sont pas préparés à affronter. Les failles du système sont exposées au grand jour : une économie dépendante d’une seule source de revenus, une société où la cohésion a été sacrifiée au profit des élites, et des institutions publiques fragilisées par des années d’inaction. Le résultat ? Un pays vulnérable aux crises externes, aux chocs économiques, ou même aux révoltes internes.

Mais que faire face à ce vide de gouvernance ? Pour éviter la catastrophe, il est impératif de revenir à l’essence de ce que signifie gouverner : une gestion responsable, proactive et orientée vers le long terme. Cela passe par un engagement sincère à diversifier l’économie, à investir dans le capital humain, et à mettre en place des institutions solides et transparentes. Cela signifie également rétablir une relation de confiance entre les citoyens et leurs dirigeants, en les engageant dans des projets qui profitent à tous, pas seulement à une élite.

Cela nécessite une véritable vision politique, une stratégie qui dépasse les intérêts à court terme pour construire des bases économiques et sociales plus résilientes. Gouverner ne doit plus être une tâche facile, un « jeu d’enfant », mais un acte de responsabilité envers ceux que l’on est censé servir.

Dans ce contexte, il devient de plus en plus évident que l’absence de vision à long terme, la corruption et la complaisance sont les véritables ennemis du progrès. Si la rente suffit à maintenir une façade de stabilité pendant un temps, elle ne pourra jamais remplacer un véritable projet de société. L’illusion de gouverner sans gouverner ne fait que repousser l’inévitable : un jour ou l’autre, la crise viendra rappeler que gouverner, ce n’est pas simplement encaisser des rentes et distribuer des miettes. C’est construire des institutions solides, agir face aux défis de demain, et prendre des décisions difficiles mais nécessaires pour le bien-être de la population dans son ensemble.

L’heure est lieu de remettre l’humain et le développement durable au cœur de l’action gouvernementale. Car lorsque la rente cesse de faire le travail, il est trop tard pour se rendre compte qu’on a oublié de gouverner. Il ne reste plus qu’un pays en déclin, où la passivité des dirigeants n’a fait qu’empirer la situation.

En fin de compte, gouverner n’est pas un jeu d’enfant . C’est un engagement qui nécessite de prendre des décisions courageuses et visionnaires, de remettre en question les systèmes établis et de lutter pour un avenir meilleur, plutôt que de se contenter d’une existence figée sur les rentes d’hier. Le temps de l’action est maintenant, avant que l’illusion ne se transforme en désastre.

En conclusion, gouverner sans gouverner dans une économie rentière, où les ressources naturelles ou les rentes assurent la stabilité apparente d’un système, mène inévitablement à une impasse. Tant que les rentes tombent sans effort, il peut sembler que l’État fonctionne, que le paye « d’avance ». Pourtant, cette façade de gouvernance cache une réalité bien plus fragile : une société vulnérable, une économie dépendante, et des institutions qui, en l’absence d’action réelle, se dégradent lentement.

Gouverner n’est pas un jeu d’enfant, et ce n’est pas une tâche que l’on peut déléguer à la chance des rentes. Les défis d’aujourd’hui et de demain nécessitent une gouvernance active, des politiques réfléchies, des réformes structurelles et une vision à long terme. Il est crucial de se rappeler que si la rente peut nourrir un temps l’économie, elle ne suffit pas à construire une nation résiliente et durable.

Si les dirigeants continuent de se reposer sur la rente et l’illusion d’une gouvernance passive, le système finira par s’effondrer. Il est donc impératif de réinventer l’acte de gouverner, de le réactiver pour le bien commun, de remplacer l’humain et l’avenir au cœur des préoccupations publiques. Le véritable pouvoir réside non pas dans l’inaction, mais dans l’engagement, la responsabilité et la capacité à anticiper et à répondre aux défis avec courage et détermination.

Ainsi, le temps de la gouvernance invisible et passive doit céder la place à un leadership audacieux, capable de transformer les ressources en véritables opportunités pour tous, et d’assurer un avenir plus juste, plus équitable et plus prospère. Car un gouvernement qui ne gouverne pas fini par devenir une simple ombre, une entité sans fonction réelle, incapable de répondre aux besoins et aux attentes de son peuple.

Dans un monde où les crises se multiplient, où les inégalités s’accentuent et où les défis globaux, qu’ils soient climatiques, économiques ou sociaux, exigeant des réponses audacieuses et coordonnées, gouverner sans gouverner devient une erreur fatale.

En conclusion, gouverner sans gouverner dans une économie rentière n’est pas une stratégie viable à long terme. Tandis que les rentes peuvent masquer temporairement les défaillances d’un système politique et économique, elles ne peuvent pas remplacer l’engagement d’une véritable gouvernance. La tentation de se reposer sur des revenus passifs, d’ignorer les réformes nécessaires et de maintenir un statu quo confortable pour une élite est une illusion dangereuse.

Le vrai défi pour tout gouvernement réside dans sa capacité à se réinventer face aux défis contemporains : diversifier l’économie, renforcer les institutions, réduire les inégalités et préparer la société aux crises futures. Gouverner, ce n’est pas juste encaisser des rentes et distribuer des miettes, c’est bâtir des institutions solides, anticiper l’avenir et s’engager activement pour le bien-être de tous.

Le temps est venu de redonner un sens profond à la gouvernance, d’en faire un acte de responsabilité, de vision et de transformation.

Sinon, la rente finira par s’épuiser, et l’illusion d’un pouvoir qui se repose sur l’inaction s’effondrera, laissant un vide que personne ne pourra combler. La vraie gouvernance exige de la volonté, du courage et de l’action.

« Un gouvernement qui ne gouverne pas est comme une voile sans vent : il flotte, mais il ne va nulle part. »

Cette citation résume bien la situation des régimes rentiers, où l’État semble présent mais est en réalité passif, ne remplissant plus son rôle actif de gestion, de transformation et de préparation face aux défis futurs. Elle met en lumière les conséquences de cette inaction : même si l’État semble « fonctionner », il reste stagné, incapable de progresser vers des objectifs.

Dr A Boumezrag

1 COMMENTAIRE

  1. Mais il font de la sous-traitance, de la domination. Ils ne font que se grater le Q entre civils et pseudo-militaires, c.a.d. des criminels sur-arme’s devant des civils. Ce n’est pas que les domine’s n’aient pas de heros, c.a.d. de vrais militaires, ils en ont EUT(passe’) et ils sont tous morts. Certains l’arme a la main contre d’autres militaires, et la majorite’ tue’s par la lachete’ et la trahison.

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