D’une manière générale, un système économique se définit généralement selon deux pôles : ou bien, on se réfère aux besoins des individus, c’est-à-dire est économique, toute activité qui tend à satisfaire les besoins des hommes ; ou alors, on se réfère aux ressources, on appelle économique la gestion des ressources rares.
Mais l’ambition de tout système économique n’est-elle pas de trouver un mécanisme qui lui permette d’amener les hommes à désirer ce qu’il leur offre ou à leur offrir ce qu’il « désire » ? Généralement, une économie quelle qu’elle soit, comporte toujours trois phases : la production, c’est à dire l’effort ou le travail pour transformer les matières premières. La condition est telle que l’homme ne peut vivre qu’en satisfaisant ses besoins et qu’il ne peut les satisfaire que par une certaine quantité de travail. Il s’agit de la sphère de production ; la circulation des biens, … savoir l’échange et la répartition. Il s’agit de la sphère des échanges.
Le problème de l’échange naît du fait qu’il n’existe pas de société où tous ceux qui ont produit des biens les gardent pour eux. Il y a toujours un minimum d’échange d’où découle un problème de commerce et de répartition ; enfin, toute économie a pour fin la satisfaction des besoins.
Etudier une économie par rapport à la consommation, c’est chercher d’abord à savoir ce que la société veut ou peut consommer compte tenu de ses ressources. Il s’agit de la sphère de la consommation.
Par ailleurs, si l’on admet comme postulat de départ que : c’est dans la sphère de production que se dégage la plus-value et celle-ci ne peut se réaliser que dans sphère de circulation obéissant à la loi de la valeur liée au travail ; et que par contre la rente énergétique et l’endettement qu’elle permet, naît dans la sphère de circulation mais ne peut se réaliser que dans la sphère de la production obéissant à la loi de l’échange liée à la propriété.
Le marché est un lieu de rencontre, physique ou abstrait, le marché » est l’institution fondamentale de toute économie d’échange, dans une économie libérale, il est le lieu d’change et le lieu où se forme le prix qui permet l’échange.
L’économie de marché est notoirement connue pour être un système de profits et de pertes. L’espoir de gain est l’appât, la crainte des pertes est l’aiguillon. Le marché, en tant que mécanisme économique, s’est avéré être un instrument incomparable d’amélioration du niveau de vie des populations suite à une augmentation de la production et de la productivité.
Attentif aux prix, il pousse à un emploi cohérent et rationnel des différentes ressources pour une gestion efficace. Il révèle la possibilité d’achat des consommateurs et aussi les conditions de production qui permettent la transaction commerciale, sans omettre les opportunités d’investissement.
Cependant, aucune économie de marché n’est totalement isolée de son environnement politique. L’Etat peut porter atteinte fondamentalement aux mécanismes de marché en assurant lui-même satisfaction de certains besoins particuliers ou en modifiant les éléments à partir desquels s’apprécie l’efficacité des choix économiques.
Dans l’économie contemporaine, il se trouve que l’existence de matières premières (hydrocarbures, phosphates etc..) offre un double avantage pour un pays du Tiers Monde détenteur : d’abord parce que l’économie locale ne les importe pas ; ensuite en les valorisant l’économie locale se procure des devises, avec le risque de devenir totalement dépendante des marchés extérieurs, tant à l’exportation qu’à l’importation qu’au financement.
En Algérie, la rente a joué un rôle important dans le développement économique du pays. Elle a donné lieu à : un pouvoir économique étatique à tendance centralisateur ; une insertion dans la division internationale du travail dans une position de faiblesse ;une capacité de dépenses à l’extérieur induites par les recettes provenant de la vente des hydrocarbures et des possibilités d’endettement qu’elles procurent.
En Algérie, le pouvoir économique que procure la rente à l’Etat est centralisé dans la mesure où il est l’attribut de l’Etat, propriétaire des ressources du sous-sol. La rente ou l’endettement qu’elle permet a donné naissance à un mode de gestion étatique centralisé et autoritaire. Ce qui nécessite un appareil de planification développé qui a pour vocation de guider l’Etat dans ses choix en matière d’investissement et d’importation.
La concentration entre les mains de la puissance publique de la rente énergétique se traduit par l’extension de l’appareil administratif et le développement des fonctions économiques et sociales des pouvoirs publics. L’économie de rente est largement ouverte sur l’extérieur.
Les exportations d’hydrocarbures constituent l’unique possibilité‚ sinon l’unique recours au financement d’un vaste programme d’importation. A cela, il faut ajouter la tendance au développement du modèle de consommation dépendant qui va impliquer soit l’importation des biens de consommation, soit leur production dans des unités de fabrication importées.
En effet, les ressources résultant des recettes pétrolières accroissent considérablement les possibilités d’achat à l’extérieur. Ces dépenses de fonctionnement, d’équipements et d’armement sont provoquées par les blocages de développement qui absorbent largement les ressources financières externes. Elles se situent à deux niveaux : l’importation de biens alimentaires pour remédier aux déficiences de la production locale agricole ; le financement à travers le budget de l’Etat, alimenté‚ par la fiscalité pétrolière, des déficits chroniques des entreprises publiques.
L’idéologie du développement, la construction de l’Etat et le décollage économique ont eu comme conséquence la démobilisation de la société et son indifférence vis à vis des problèmes du pays. Tout un comportement social à l’égard de la consommation, de l’emploi, et du monde des affaires a été façonné par la rente énergétique. Elle a donné naissance à une véritable débauche des dépenses publiques et à une grande auto-complaisance en matière de politique économique et sociale.
L’Etat devient une réalité incontournable pour survivre ou s’enrichir. Les solutions technocratiques fondent l’exclusion de larges segments sociaux de l’Etat et du processus de développement. L’histoire postcoloniale démontre en effet que l’Etat dans son extension a réussi à dominer la société et non à la servir. De plus la stratégie conçue et mise en œuvre par l’Etat s’intègre parfaitement dans la ligne de valorisation du capital des multinationales et ne pouvait se poursuivre que par un endettement externe important gagé sur l’existence réelle ou supposée des ressources potentielles en hydrocarbures.
A l’intérieur, ce modèle ne cesse d’accentuer les antagonismes sociaux et de faire baisser le pouvoir d’achat de la majorité de la population.
L’Etat, en tant que structure institutionnelle est discrédité, politiquement et économiquement. Le pays qui serait capable de relever le défi à l’aube de ce troisième millénaire est celui qui comprendra la nature historique que traverse le monde actuel. Il est donc nécessaire d’avoir à la tête de ce pays, des hommes qui saisissent la réalité historique. Ce n’est pas de tout repos. Qui va abandonner la douceur de vie de la vallée pour serpenter les chemins rocailleurs de la montagne ? Pourtant la sagesse se trouve en haut et la bassesse en bas.
Elever les prix rien de plus facile, rabaisser les prix n’est pas à la portée des acteurs locaux qui dépendent des intrants provenant de l’étranger sur lesquels, ils n’ont aucune prise. N’est pas économiste qui se déclare comme tel ? Le maçon on le voit au pied du mur et non entre quatre murs. Des murs importés de Chine, de Turquie et d’ailleurs.
Dr A. Boumezrag