26 avril 2024
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Quand Macron tourne le dos aux étudiants africains !

Tribune

Quand Macron tourne le dos aux étudiants africains !

Il est difficile de comprendre comment M. Emmanuel Macron peut attirer les étudiants indiens, pakistanais, vietnamiens et anglophones en général par cette politique universitaire élitiste dont il s’est fait le promoteur, il y a quelques jours.

En tournant le dos à l’Afrique dont la France continue encore de soutenir les dictatures, le président français fait pire que Marine Le Pen, la leader du Rassemblement national, mais en douceur.

Imposer des frais d’inscription exorbitants (soit 16 fois plus cher que d’habitude) aux étudiants étrangers (les Africains en particulier qui forment plus de 45% de la communauté estudiantine étrangère en France), après quelques jours de la célébration de la fête de l’Armistice, est non seulement un signe d’ingratitude envers les luttes des Africains qui ont servi de chair à canon pour les forces alliées pendant les deux guerres mondiales et les liens historiques qui rattachent la France à cette région du monde, mais aussi une démarche contre-productive en matière économique.

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Quoique souveraine, cette décision dénote, il est vrai, du mépris manifeste des officiels français envers le continent africain dont ils tirent pourtant tous les profits.

Or, il faut rappeler que la France n’est, pour reprendre les propres termes de l’ex-président Valéry Giscard d’Estaing, qu’une « grande puissance-moyenne ». Elle n’a ni le poids politique des USA ni la force économique de l’Allemagne ni le gigantisme technologique des Chinois pour prétendre attirer sur son sol des élites anglophones.

Elle est même devancée dans certains secteurs par les pays émergents tels l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil, la Russie, etc.

Chose qui l’oblige à coopérer avec la rive sud de la Méditerranée dont l’apport à son économie est fort considérable. Aujourd’hui par exemple, si l’on en croit les données du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), rapportés par Le Monde en septembre 2017, plus de 4404 médecins algériens, diplômés des universités algériennes exercent en hexagone. Un contingent non négligeable ayant réduit le phénomène des déserts médicaux!

Sans doute, la France risquera de rejoindre le gros lot des pays du Tiers-Monde, si elle suit cette politique désengagée envers ses ex-colonies alors que la récession économique, le vieillissement de sa population et la montée des populismes la rongent de l’intérieur. Puis, ce désengagement n’a pas été accompagné par un encouragement de la démocratisation des régimes politiques africains vieillissants et corrompus, afin de garantir à la fois la stabilité régionale et la réduction des flux de migrants qui arrivent sur son sol ! Au-delà de cette triste réalité, il y a une autre question qui se pose concernant cette dernière décision du gouvernement français : par qui remplacer ces étudiants étrangers/africains ? Un Indien à titre d’exemple ira en Grande-Bretagne ou aux États-Unis pour parfaire un diplôme «prestigieux», avec moins de tracas linguistiques possibles, qui plus est susceptible de lui garantir des débouchés sûrs et un bel avenir après sa sortie de l’université. Un Pakistanais, un Qatari, un Malaisien, un Saoudien, un Australien feront pareil ! Et la France ne sera que le refuge des «retardataires» anglophones qui espéreront s’y rattraper, faute de mieux et à défaut de pouvoir le faire dans les pays anglophones compétitifs.

Donc, dans ce cas-là, cette France qui répond aux injonctions de l’extrême-droite pour barrer la route à l’immigration légale, est perdante et sa politique universitaire sélective va la mener droit à la faillite. Ne parlons pas aussi de de l’apport économique des étudiants étrangers (hors la communauté européenne) au pays d’accueil, évalué à près de 5 milliards d’euros alors que le coût de leur scolarité avoisine les 3 milliards. Ce qui donne une valeur ajoutée de 2 milliards d’euros, désormais perdue pour le fisc français!

Il convient de préciser, au passage, que le diplôme français autant que la maîtrise de la langue française ne valent presque rien aujourd’hui à l’international. Les multinationales ne recrutent jamais un employé s’il ne maîtrise pas l’anglais. La langue de Shakespeare s’est arrogé seule le podium dans la recherche et l’innovation scientifique. D’ailleurs, la Sorbonne n’est pas classée, comme on le prétend, parmi les dix prestigieuses universités du monde et le français n’est vraiment utilisé que dans les ex-colonies, le Canada compris.

Raisons de plus qui vont pousser ce pays-là (La France) à consentir davantage d’efforts pour consolider son ancrage culturel francophone en Afrique. Or, soutenant pourtant «la Françafrique», celle-ci n’a rien investi, ces dernières décennies, pour sa langue-culture au Maghreb, au Sahel et dans l’Afrique noire.

Enfin, les mesures de M. Macron participent, d’une part, de cet élan anti-africain encouragé et promu par les milieux racistes de l’extrême-droite. D’autre part, elles sont un signal fort, peut-être positif, pour les pays africains afin qu’ils se réveillent et puissent se prendre en charge, sans avoir recours à la tutelle de l’ex-métropole.

K.G.

P.S : cette chronique a été rédigée suite à l’insistance d’un étudiant algérien qui se sent lésée par les mesures de l’exécutif français.

Auteur
Kamal Guerroua

 




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