Jeudi 8 mars 2018
Quand Vladimir Poutine prouve la puissance russe
Moins de trente ans après la chute de l’Union soviétique, Vladimir Poutine fait comme si la Russie n’avait jamais perdu, au sortir de la guerre froide, en 1990. D’ailleurs, à seulement quelques jours de la présidentielle prévue le 18 mars prochain, ce dernier a montré dans son discours annuel au parlement, infographies et vidéos à l’appui, que la puissance de la Russie ne cesse d’augmenter malgré les sanctions économiques occidentales à son encontre (armement, technologie de pointe, poids politique à l’international… économie, etc.). En effet, la Russie a retrouvé, notamment au Moyen-Orient, une influence plus grande que la défunte URSS à la fin du XXème siècle. Aujourd’hui, celle-ci intervient partout dans le monde, jusqu’en Libye, sur la rive sud de la Méditerranée où le maréchal Khalifa Haftar, inféodé à l’orbite de Washington, s’est vu honoré par le soutien de Poutine, après ses deux premières visites à Moscou en 2016.
En Syrie, les forces militaires russes ont sauvé in extremis le régime d’Al-Assad d’une défaite certaine face aux rebelles de l’armée syrienne libre (A.S.L.) et la nébuleuse Daech au moment où, côté diplomatique, le Kremlin s’emploie présentement à trouver une issue politique négociée à la guerre civile qui ravage ce pays depuis maintenant près de 7 ans.
Au Golfe, Poutine semble adopter une autre approche, moins radicale et très stratégique, face aux monarchies des pétrodollars pour enrayer l’influence américaine dans la région. Pour preuve, après la visite «historique» effectuée en Russie en début d’octobre dernier par le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, les Russes ont pu parapher d’importants accords militaires et surtout énergétiques avec le royaume wahhabite. Ce qui fait de Moscou et Riyad, les deux premiers exportateurs de l’or noir à limiter leur quota de production, forçant la main aux membres de l’O.P.E.P. de les suivre.
Au demeurant, ces derniers ont décidé le 30 novembre dernier de prolonger jusqu’à la fin de 2018 la réduction de leur production pour résorber complètement l’excédent de l’offre sur le marché. Résultat immédiat, les prix du baril de pétrole ont remonté au-delà de la barre de 50 dollars ! Il y a, aussi, un autre dossier où Poutine a brillé : le conflit israélo-palestinien. Les Russes ont pu amadouer le Premier ministre Netanyahou et réduire ses menées bellicistes. Allié inconditionnel des U.S.A, ce dernier aurait effectué, ces dernières années, plusieurs visites à Moscou. Bref, il est clair qu’ayant vu sa cote de popularité monter après l’annexion de la presqu’île de Crimée en 2014, Poutine caresse le rêve de redonner à son pays le rôle de première puissance mondiale. Ce qui n’était pas vraiment facile à réaliser du temps d’Obama.
En ce 2018, la Russie est l’interlocutrice officielle avec l’Iran, la Syrie, l’Arabie Saoudite. En même temps, elle a pu tisser de solides liens avec le Qatar, isolé récemment par les Saoudiens et les Américains, et s’est réconciliée avec la Turquie d’Erdogan, membre de l’OTAN et allié de l’oncle Sam.