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Quel destin pour le « nouveau modèle de croissance »?

Grand angle

Quel destin pour le « nouveau modèle de croissance »?

Depuis septembre 2017, c’est-à-dire après le départ de l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l’on a rarement évoqué le vocable de « nouveau modèle de croissance économique », pourtant érigé comme étant l’alpha et l’oméga de la philosophie anticrise de l’ancien gouvernement. L’ex-responsable de l’Exécutif donnait même l’impression d’y avoir toute son énergie, après qu’il eut échoué dans la bancarisation de l’argent liquide du secteur informel et dans l’opération de l’emprunt obligataire, lesquelles rapportèrent des miettes face à un sevrage financier qui montrait ses risques et ses désordres.

Ces deux opérations furent, en réalité, des instruments, purement monétaires et que le gouvernement peinait déjà à mobiliser. Elles paraissaient aux yeux de l’ancien premier responsable gouvernemental et à son ministre des Finances, A.Benkhalfa, comme la « panacée » par laquelle l’économie algérienne allait être sauvée du naufrage. Sans doute que ces responsables comptaient sur le facteur temps, croyant que la crise des prix du pétrole allait être conjoncturelle, étendue sur quelques mois, ou deux années au maximum. La preuve en était que, Sellal avoua publiquement qu’il passait des nuits blanches à suivre sur la chaîne TV Bloomberg l’évolution du graphe des prix de l’or noir, tandis que, expliquait le Premier ministre textuellement, sous forme de grief, les Algériens « regardaient tranquillement les films sur les autres chaînes TV ».

Dans ce genre de comportement, il n’est pas toujours loisible de distinguer l’humour de la véritable inquiétude, la bonne humeur de la désinvolture, et le bricolage du sens des responsabilités. En d’autres termes, les Algériens ont été menés, pendant plus de trois ans, en bateau, sans qu’ils aient eu à réserver leurs places chez les passeurs harragas. Avec les divers écueils qui se mettent au travers de la voie de redressement de la politique industrielle, du développement de l’agriculture et de l’agroalimentaire, de la promotion du tourisme et du rayonnement culturel, le « nouveau modèle de croissance » concocté en 2016 n’a pas besoin qu’on annonce sa péremption, consommée de facto.

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Et ce n’est pas une grande surprise que le gouvernement Ouyahia, supposé logiquement mettre en application le « nouveau modèle », tâtonne, trébuche, titube, puis actionne la planche à billets, dresse une liste de 900 produits à interdire d’importation, ouvre le champ pour une quarantaine de constructeurs (plutôt « monteurs ») automobile, et annule l’arrêté portant appel à candidature, publié pourtant dans le Journal officiel, pour l’octroi d’autorisations de création de chaînes de TV.

Le « nouveau modèle de croissance économique » naîtra, en 2016, d’une tripartite (gouvernement, patronat et UGTA) menée à la hussarde. La même année sera adoptée le nouveau code de l’investissement. Comment une tripartite habituée à ne valider que les augmentations de salaire pendant plus d’une dizaine d’années, pouvait-elle se transformer en un « brain-trust » à même de concevoir un modèle économique antinomique de la rente?

La preuve en est que, sur le Doing business 2017, l’Algérie est classée à la 166e place dans le domaine du climat des affaires et de l’investissement, loin derrière des pays de modeste condition. Autrement dit, l’Algérie demeure « hermétique » au mouvement des investissements productifs, malgré les coups de semonce de la crise économique qui dure depuis plus trois ans. Ce classement a été, en quelque sorte, « validé » par les officiels, vu que c’est le directeur central au ministère de l’Industrie et des Mines et membre du Comité national de l’environnement des affaires (Cnea), Abdelmadjid Messaoud, qui l’a confirmé il y a quelques jours, lors d’un séminaire organisé à l’intention des notaires participant à la mise à l’essai du portail électronique de création des entreprises.

Messaoudi a expliqué que l’Algérie a rétrogradé de la 125e place en 2010 à la 166e place en 2017 dans le domaine de la création des entreprises.

Il déplore que des décisions aient été prises au niveau central, « mais il n’y a pas eu de retour d’écoute », en ajoutant que « les administrations ne s’impliquent pas toutes dans l’amélioration du climat d’affaires. »

En termes plus clairs, depuis le début du mouvement de la chute des revenus pétroliers, l’Algérie fait du surplace. Les raisons d’une telle atonie sont principalement liées aux difficultés de sortir de l’addiction aux hydrocarbures- laquelle s’est matérialisée par du gaspillage, de la mauvaise gestion et de l’assistanat à outrance au nome de l' »Etat social »-, mais aussi liées au poids immense des lobbies de l’informel et de l’importation. La vision post-crise peine réellement à se dessiner.

Auteur
Amar Naït Messaoud

 




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