25 novembre 2024
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Quel président pour les Algériens ?

COMMENTAIRE

Quel président pour les Algériens ?

La date des élections présidentielles est maintenant connue. Tel un brise-glace, le pouvoir fonce droit devant et il serait naïf de croire que sa lancée tenace obéirait à une volonté de se débarrasser d’une lourde charge que les mauvaises conjonctures politiques lui ont fait porter. 

Il sera pourtant en manque de profils à aligner dans la course électorale, surtout s’il décide de ne pas faire ses emplettes dans les vitrines des partis de l’ancienne alliance présidentielle. Peut-être alors qu’il cherchera à adouber des prétendants venus de sphères politiques qui ont la capacité tantôt de s’approcher du pouvoir, tantôt de s’en éloigner ? Ou s’en remettre aux lièvres de services, qui serviront de « décorum » à la campagne électorale prochaine ?

II lui manquera, pour des raisons évidentes, de réaliser un bon casting, même s’il se murmure qu’Ali Benflis et Abdelaziz Bélaïd ne tarderont pas à signifier leurs candidatures ; l’ancien chef de gouvernement pour sa part fait semblant de «  temporiser » en continuant de réclamer, sans trop forcer, les conditions politiques et un climat apaisé pour les élections du 12 décembre prochain, mais tout le monde sait qu’il ira aux élections.

Mais sinon, y-a-t-il vraiment de candidats putatifs pour El-Mouradia ?

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Il y a bien les «has-been » qui ressortent de leur sommeil à chaque scrutin ou les « Boumedienistes » qui se manifestent sporadiquement pour marquer leur présence par leur chef de file attitré ; il y a aussi les anciens premiers ministres qui pensent qu’ils sont présidentiables autant sinon plus que quiconque ! Il ya enfin les islamistes qui, seuls dans ce cas en Afrique du Nord, ne font plus peur à personne. 

On évoque également le nom d’Abdelmadjid Tebboune comme candidat du consensus, sans plus de détails.

Du côté du pôle formé par le FFS, le RCD, le PT, le PST, le MDS, le PLD, le l’UCP et la LADDH, c’est l’option du « rejet de  la tenue des élections organisées par le pouvoir» qui est retenue. 

Quid de la classe politique ?

Aujourd’hui faut-il le dire, elle est dans son ensemble en état de coma cérébral. On entend les mêmes éléments de langage prédigérés, les mêmes arguments si usés que l’on perçoit, nettement, l’hypocrisie à travers. 

            En face, ce n’est guère reluisant avec des partis qui, faut-il le dire, sont tenus par les mêmes leaders depuis leur création, c’est-à-dire depuis l’ouverture du champ politique en 1989 ! 

            Ils sont les premiers coupables de cette morosité politique ambiante, car au lieu de prendre conscience de leurs dysfonctionnements, de l’absence de démocratie et de transparence en leur sein, ils n’ont pour souci que celui de protéger leurs intérêts.

Et en cela, ils poussent les gens vers l’abstention et le désintérêt de la chose politique !

Les Algériens sont, globalement, hostiles à leur classe politique, car ils ne se sentaient pas représentés. Ils en ont assez de ces militants opportunistes et de  «métier » qui squattent les postes et de cette endogamie politique. Ceux qui ont la propension à se constituer en « cercles fermés » destinés à faire la loi dans les assemblées. 

Est-ce à dire qu’il ne reste pour les joutes électorales à venir, qu’à voter par défaut, sans aucune perspective ? 
Plus besoin de décider, prétendent certains, il faut « s’adapter » ! Beaucoup de nos concitoyens ont l’impression, la crise aidant, de n’avoir plus prise sur leur avenir qui s’assombrit, de plus en plus, sans que des perspectives leur soient proposées clairement.

La voie de la raison doit l’emporter, et l’élection présidentielle se tenir conformément à la Constitution, n’a  cessé de marteler le chef d’état-major de l’armée, depuis le 22 février dernier, tout en affirmant son soutien total au Mouvement populaire légitime et à la Justice dans son combat contre la corruption généralisée.

Le 12 décembre prochain, les algériens, du moins ceux d’entre-eux qui iront voter, auront à choisir entre une multitude de candidats, sans pour autant deviner les vraies raisons d’être de ces candidatures, sinon des ambitions personnelles, ou un soi-disant dévouement à l’Algérie !  

En attendant, l’opération de retrait des formulaires  va tourner au grand cirque : propos décousus, déclarations saugrenues, promesses farfelues, engagements risibles, formules indigentes… les prétendants se lanceront dans un concours qui ressemble davantage au bêtisier de fin d’année qu’à une élection à la magistrature suprême. Sur les réseaux sociaux, les Algériens seront partagés entre rire, moquerie, consternation et affliction, devant ce spectacle qui leur rappelle le téléfilm « Carnaval fi dachra », une satire politique sur les promesses électorales d’un candidat à une mairie d’un village du pays profond !

Ce que les Algériens abhorrent ?

Il faut dire surtout qu’ils ne veulent plus d’un président diminué physiquement ! D’un président qui se ferait délester du « sceau de la République » par sa fratrie au profit d’une oligarchie compradore et délinquante ! 

D’un président de la République qui insulte de larges pans de la société !

D’un président de la République orgueilleux qui menace son peuple «de le laisser à sa médiocrité » !

L’honnêteté, la probité et la compétence sont les qualités les plus importantes pour un président de la République à leurs yeux. Et Abdelaziz Bouteflika en était démuni !

 Mais sinon, quel serait le profil d’un bon présidentiable ? Sachant qu’Emmanuel Macron et  Justin Trudeau sont pris, qui pourrait en Algérie revêtir ce costume de présidentiable idéal ? 

D’abord, un président incarne la nation. Il doit y penser à chaque instant . 

Il doit sans cesse penser à la trace de son action dans l’histoire de son pays, passée et future, le rappelait Jacques Attali qui a été longtemps conseiller de François Mitterrand. Il doit avoir un caractère solide, une grande capacité de travail. 

Il doit s’habiller de façon élégante, s’exprimer dans un arabe sans faute ; parler au moins parfaitement l’anglais ; et si possible au moins une autre langue étrangère. 

Il doit lire tous les jours la presse étrangère et connaitre parfaitement les nouvelles technologies : un président qui ne saurait répondre lui-même à ses emails, envoyer un tweet ou naviguer sur Google serait aujourd’hui incapable de comprendre le monde. 

Il doit aussi avoir une capacité à ne pas mentir à lui-même, à garder un secret, à travailler en équipe mais à décider seul, sans le faire en fonction de ses intérêts propres ou de rancunes personnelles.

Il doit être capable de ne pas se mêler des détails, s’en tenir à de grandes directives, et seulement corriger les ministres quand ils s’écartent de la ligne qu’il a tracée pour le pays.

Il doit avoir aussi une grande connaissance des problèmes militaires, financiers, éducatifs, et sociaux. 

Il doit avoir une grille de lecture des événements qui nous attendent. Et en particulier des conséquences de la crise financière, qui ne peut manquer de revenir, et qui exigera des décisions nécessairement impopulaire. Il devra être capable de créer un consensus avec l’opposition sur les grands sujets de défense et de finances publiques. 

Il ne doit surtout pas tout centraliser entre ses mains en remettant partie de ses pouvoirs, jusque là « exorbitants », au premier ministre !

Le syndrome des présidentielles en Tunisie ?

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, le vice-président de l’Assemblée des Représentants du Peuple, l’islamiste Abdelfattah Mourou, le ministre de la Défense, Abdelkrim Zebidi, l’ex-président, Moncef Marzouki, ainsi que plusieurs anciens ministres ont été sanctionnés par les urnes, avant-hier, par les électeurs tunisiens. 

Lorsque les premiers résultats des sondages «sortie des urnes» commençaient à circuler, avant-hier vers 18h, dans les sphères médiatiques, la surprise fut certes grande, avec l’annonce de Kaïs Saied, en tête avec 19%, suivi par Nabil Karoui, à 15%. Point donc de Chahed, Mourou et Zebidi, les représentants des ailes du pouvoir, dont les scores étaient estimés inférieurs à 12%. «La population ne pouvait laisser passer l’occasion de chasser ceux qui ont été à l’origine de son appauvrissement ; les Tunisiens veulent un véritable changement».

Ce scénario risque-t-il de se reproduire en Algérie le 12 décembre ?

Dans une déclaration à la presse, l’ancien ministre de la justice, Mohamed Charfi qui a été désigné, dimanche 15 septembre 2019, président de l’autorité nationale indépendante chargée de l’organisation et de surveillance des élections, a affirmé qu’ « il était temps de redonner la parole au peuple » !

Le Hirak qui n’a cessé de  « vendredire » et d’exiger l’application des articles 7 et 8 de la constitution, va-t-il se sustenter de cette  profession de foi d’un ministre « qui aurait dit non à Bouteflika » ? Et qui s’est engagé à n’obéir qu’à sa conscience  et à la loi pour mener à terme la mission qui lui a été confiée par le Chef de l’Etat ?

Auteur
Cherif Ali

 




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