18 avril 2024
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Quelle est l’unité monétaire en Algérie ?

Monnaie en Algérie

Je suis parti en Algérie l’an dernier. J’étais complètement dérouté par la manière dont sont exprimés les prix par les commerçants. Il y a ceux qui comptent en dinars, d’autres en centimes et d’autres encore en dourou.

Par exemple tu dis à un commerçant « chehal ? ». Il te répond « meitine ». Alors pauvre francisant que je suis, je me livre à un laborieux travail silencieux de traduction. Meitine = deux cents.

Mais meitine quoi ? J’évalue sommairement l’objet, taille et qualité et je lui attribue une valeur d’à peu près 200 dinars. Donc il s’agit de dinars.

Je vois un autre objet qui m’intéresse et je demande encore au commerçant  » chehal ? ». Il me répond « euchrine alaf ». Rebelote, je traduis encore dans ma tête. Là, il n’y a plus de centaines, seulement des dizaines et des milliers. Achrine = 20 et alaf = 1 000. Donc c’est 20 000. Quoi ? 2 0000 DA ? Je suis horrifié par la cherté du prix. Le commerçant comprenant mon désarroi me dit : « Ouach hadi djatek ghalia ? Goultlek ghir « meitine ». Là mon cerveau bloque parce que je n’arrive pas à comprendre comment 200 = 20 000.

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Je vais à Tlemcen. Je rentre chez un commerçant et je demande « chehal ». Il me répond : « rabiine mia ». Je traduis dans ma tête : rabiine = 40, mia = 100 donc c’est quarante cents. Je calcul à l’aide des mathématiques classiques 40 × 100 = 4 000. Et comme j’avais compris qu’un nombre avec beaucoup de zéro exprime des centimes et un autre avec moins de zéro exprime des dinars, j’ai tendu 40 DA au commerçant. Mais celui-ci les refusa en me disant : « je t’ai dit 200 DA, pas 40 ». A yayeye rouh enta wa friha dourk.

200 = 20000 = 4000

Si tu arrives en Algérie avec des euros ou des dollars et que tu veux planifier ton budget en monnaie locale (dinars ? Centimes ? Dourou ?), je te souhaite bonne chance et si possible de te munir d’une calculatrice préprogrammée. Et attention il faut que tu te décides à quel taux de conversion tu te réfères car il varie entre la banque, le square et le marché des voitures d’occasion.

Maintenant, si vous devez acheter un appartement qui coûte 2 milliards, prix libellé en centimes bien sûr et que vous devez le payer en billets libellés en dinars, êtes-vous capable de convertir spontanément les 2 milliards de centimes en dinars ? Moi non. Il faut que j’écrive sur un papier 2 milliards en chiffres ensuite barrer deux zéros.

Ensuite si vous devez payer le prix demandé avec une « chkara » plein de billets, chose courante en Algérie, surtout n’utilisez pas des billets de 500 DA. Ils sont dans un état de vétusté et de saleté tel, qu’il est impossible de les manipuler pour les compter même si l’appartement coûterait 1000 fois moins cher que le prix affiché.

Dernière anecdote. Je suis parti acheter un billet d’avion au guichet d’Air Algérie à l’aéroport d’Alger nouvellement construit et flambant neuf. Beaux magasins, lumières, parquet bien ciré, agents affables proprement habillé, etc. On se serait cru quelque part en Europe sauf un détail qui clochait et qui nous ramenait à notre triste réalité.

Tous les acheteurs des billets d’avion payaient  leur achat avec des liasses énormes de billets de banque au point où je me suis questionné quel était le volume des poches capables de contenir une quantité aussi phénoménal de billets.

Derrière le comptoir, un homme passait périodiquement derrière les agents préposés à la vente des billets pour les soulager de ces liasses, qui rapidement encombraient leur tiroir. D’un geste expert, il se saisissait des liasses épaisses d’une dizaine de centimètres, les encerclait prestement d’un élastique, les enfournait dans un sac et disparaissait ensuite par une porte dérobée.

Le manège se répétait toutes les 10 minutes environ. Moi, pris dans une chaîne très longue, j’étais angoissé à l’idée de ne pouvoir payer mon achat avec ma carte « Dahabia » nouvellement acquise auprès des services des CCP. Heureusement que ce fût le cas quand mon tour arriva.

Après la vingtaine de personnes passée avant moi, j’étais le seul client à payer avec une carte. J’ai eu un doute et deux questions : qui était normale eux ou moi ? Si moi, petit retraité j’ai une carte « dahabia » pourquoi pas eux ?

El-Hadi Bouabdallah, agronome à la retraite

7 Commentaires

  1. Merci Mr Bouabdallah. Votre récit décrit à la perfection une réalité bien algérienne, qui, soit dit en passant existe aussi, entre autres, au Maroc (ce n’est point pour comparer mais uniquement à titre d’info). Cependant, je suis quelque peu intrigué par certains faits rapportés. Est-ce la première fois que vous vous rendez en Algérie? Le passage d’une unité monétaire à l’autre n’est pas aussi aléatoire qu’on puisse le penser. D’une façon générale, le « dourou » est l’unité privilégiée des femmes (particulièrement les plus âgées) alors que les hommes préfèrent (préféraient serait plus juste) le « frac » (allusion au franc français d’antan à surtout ne pas confondre avec le frac de Rezzig). Exemple: 100 dourous = 500 fracs = 5DA ce qui donne 1DA = 20 dourous = 100 fracs. Puisque vous êtes retraité, il me semble que ce jonglage d’une unité à l’autre n’aurait pas dû vous dérouter à moins qu’il s’agisse de votre tout premier voyage en Algérie. Premier voyage au cours duquel vous vous êtes acquis une carte « Dahabia » utilisée pour l’achat d’un billet Air Algérie. Un billet retour? Quant à votre question « Si moi, petit retraité j’ai une carte « dahabia » pourquoi pas eux ? », il suffit de lire les conditions d’obtention de ladite carte pour une réponse éclairée. Bon séjour en Algérie Mr. Bouabdallah.

    • Bonjour, vous semblez trouver normal qu’il n’y ai pas d‘énonciation monétaire claire et unique…dans ce cas moi algérienne résidant en France je suis entrain d’imaginer si en allant payer mes courses chez l’épicier il m’annonçait le prix en Écus pour ne pas dérouter la petite vieille après moi…ou encore en allant acheter mon pain on me demandait 5 francs et 50 centimes….pour ne pas perturber le vieux mais plus jeune que la vieille dame après moi….il faut quand même rester cohérent et admettre que l’énonciation des prix par les commerçant en Algérie est complètement fantaisiste et demande Une gymnastique mentale pour les non locaux ….On attend juste une uniformisation logique et cohérente. Et rien à voir avec le modèle occidental…juste une logique universelle.

    • Bonjour, vous semblez trouver normal qu’il n’y ai pas d‘énonciation monétaire claire et unique…dans ce cas moi algérienne résidant en France je suis entrain d’imaginer si en allant payer mes courses chez l’épicier il m’annonçait le prix en Écus pour ne pas dérouter la petite vieille après moi…ou encore en allant acheter mon pain on me demandait 5 francs et 50 centimes….pour ne pas perturber le vieux mais plus jeune que la vieille dame après moi….il faut quand même rester cohérent et admettre que l’énonciation des prix par les commerçant en Algérie est complètement fantaisiste et demande Une gymnastique mentale pour les non locaux ….On attend juste une uniformisation logique et cohérente. Et rien à voir avec le modèle occidental…juste une logique universelle.

  2. La dénomination de la monnaie est probablement l’élément linguistique qui survit le plus longtemps dans l’histoire. Douro vient de l’espagnol, drahem vient du grec, sordi, isordiyen, du latin, frank (ou frak) du français, etc. En Louisianne, parmi les rares francophones qui restent et les créoles, j’ai été étonné de les entendre compter la monnaie américaine en disant « piastre » pour dollar et « sou » pour cent (centime.) Alors que la langue française disparaît rapidement et alors que le français de la Louisianne est lesté de mots et expressions empruntés à l’anglais, les noms français de la monnaie survivent alors qu’ils ont disparu en France depuis au moins deux siècles. On dit toujours « des sous » en France, mais ça ne désigne plus une certaine pièce ou quantité bien définie. Quant à « piastre », je me demande qui sait ecore ce que ça veut dire en France.

  3. « j’ai été étonné de les entendre compter la monnaie américaine en disant « piastre » pour dollar et « sou » pour cent (centime.) » Au Québec aussi la « piastre » et le « sou » sont toujours d’usage.

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