Mardi 22 octobre 2019
Quelle solution pour une crise qui perdure ?
Marche à Alger. Crédit photo : Zinedine Zebar.
Entre ceux qui veulent que le peuple aille voter et ceux qui veulent que le peuple opte pour la dissidence citoyenne jusqu’à l’aboutissement de toutes les revendications légitimes des Algériens, l’écart se creuse et aucune voie conciliante ne semble être trouvée, à moins de deux mois du rendez-vous du 12 décembre.
Le pays vogue dans les brumes de l’incertitude. A la télévision de l’Etat, des appels incessants sont diffusés, au cours des J.T, pour convaincre la masse des citoyens de la nécessité de l’élection d’un président de la république. Une option présentée, d’ailleurs, comme la solution définitive à la crise qui secoue l’Algérie depuis près de dix mois.
Or, dans les rues, chaque vendredi, des foules de citoyens, de plus en plus nombreuses, renvoient aux autorités la monnaie de leur pièce, en leur signifiant un refus massif de ce qu’elles considèrent comme une énième mascarade! Manifestement, il n’y a plus aucun point de convergence entre les deux fronts. Ce qui augure de la radicalisation du mouvement citoyen et l’éloignement certain de la voie du dialogue national, tant attendu en cette période cruciale que traverse le pays.
La crise est-elle incontournable ? L’Etat-major de l’armée, ayant pris sous sa responsabilité le destin du pays après la déchéance du clan Bouteflika, serait-il prêt à faire des concessions à la rue, pour sauver ce qui peut l’être, avant qu’il ne soit tard?
Le cortège des soutiens de la nomenklatura réalisera-t-il enfin que ce que demande le peuple, à savoir le départ obligatoire de ceux qui ont mangé dans les râteliers du système, n’est pas encore satisfait, et dans ce cas-là, espérer un changement démocratique n’est qu’un voeu pieux sans lendemain?
Pire, « The Algerian Turmoil », comme disent les Anglais n’est pas près de finir, vu qu’un régime aussi illégal qu’illégitime se permet de légiférer sur des questions sensibles telles que les hydrocarbures, comme s’il lance des pieds de nez à une population contestataire qui le voue aux gémonies !
Entre-temps, des détenus d’opinion croupissent dans les geôles algéroises et des espaces d’expression citoyenne sont fermés ou menacés de fermeture, au mépris des lois de la République.
Est-il utile de choisir la voie de la confrontation stérile, au moment où l’Algérie a besoin davantage d’oxygène, pour stimuler la roue des débats contradictoires sur l’arène des idées, pour tâter les pouls de la vox populi ?
Est-il utile de s’entêter à aller à contre-courant de ce que veut la rue? Est-il logique pour un régime de chercher un autre miroir que celui que lui projettent ses gouvernés ? N’est-ce pas du suicide politique ? Toutes les expériences démocratiques ont montré que rien ne peut dépasser le pouvoir du peuple, et que celui-ci est la source de tous les pouvoirs au premier rang desquels figure celui de rejeter ce que lui proposent ceux qu’il a rejetés !