Dimanche 9 septembre 2018
« Rentrez chez vous, ici c’est Constantine ! »
Zoubida Assoul, porte-parole du mouvement « Citoyenneté » a été arrêtée et détenue plus de deux heures au commissariat de police dans la ville de Constantine puis, elle a été invitée à quitter les lieux avec une escorte de police jusqu’aux frontières de la ville.
Plus loin, à l’endroit où devait démarrer la manifestation prévue par le mouvement, une vingtaine de camions de ramassage des ordures ont été parqués.
Drôle de méthode pour empêcher une manifestation ! Pourtant, pacifique, à l’interdiction arbitraire s’ajoute le mépris nauséabond.
Mais ce qui est dramatique et qui mérite d’être signalé, c’est cette phrase prononcée par le maire de la ville en direction des cadres de ce mouvement : »Rentrez chez vous et allez manifester ailleurs, ici c’est Constantine. » Cela me rappelle les manifestations de 2011 à Alger organisées chaque samedi par la CNCD où les Algérois sortis en nombre ont employé la même phrase, invitant ces Kabyles récalcitrants à aller manifester chez eux.
Le ministre de l’intérieur, Nourredine Bedoui a déclaré dans une conférence de presse que la raison d’interdiction des manifestations à la capitale est justifiée pour des considérations sécuritaires et que ces dernières dérangent la quiétude des Algérois.
Pour Monsieur le Ministre, les Algérois sont des Algériens de première zone, s’ajoute maintenant Constantine. Demain ce sera, peut-être Oran ou une autre grande ville d’Algérie.
Le régime politique en place s’est appuyé sur le régionalisme pour sa survie, mais lorsque ce projet s’exprime politiquement par l’élite politique du pays, il est vite diabolisé et passé pour du séparatisme dangereux pour l’unité nationale, cette unité qu’on ne brandit que lorsque la Kabylie s’exprime, sinon quand un officier de police qui a reçu, certainement, des instructions, invite des citoyens à quitter un territoire, comme s’ils sont dans une zone autonome, cela ne choque pas outre mesure et personne ne s’indigne.
Je suis solidaire des animateurs de ce mouvement comme je suis solidaire de toutes celles et tous ceux qui militent pour le changement mais, il est temps d’ouvrir le débat sérieusement sur la refondation de la nature de l’État nation et que ce régionalisme d’État se transforme en un véritable projet politique.