Vendredi 10 janvier 2020
Réprimer la légitimité du Hirak favorise la perversité
La révolution du 22 février a pour objectif l’indépendance politique c’est-à-dire l’avènement d’une Algérie démocratique, souveraine, plurielle et moderne.
Le peuple se bat pacifiquement pour fonder un Etat national qui lui a été refusé pendant au moins cinq siècles. Un Etat qui garantira les libertés, la justice et l’égalité des chances pour tous les citoyens. Le chemin sera long ; on ne peut surmonter des siècles de retard, de sous-développement, d’archaïsme, d’arriération, d’aliénation, de soumission, d’oppression et de trahison au doigt mouillé.
Nous devons donc prendre conscience que la révolution du 22 février est à inscrire dans une perspective historique et la responsabilité de vraies élites tant intellectuelles que politiques est de la nourrir de connaissances , d’expériences passées et présentes d’ici et d’ailleurs, et de veiller à ce qu’elle reste surtout dans le sens de l’Histoire.
Ceci dit, même si le temps est un allié objectif du Hirak, il est indéniable que pour construire une bonne endurance, il faut partir sur de bonnes bases.
Depuis le 22 février, soit près de onze mois de lutte pacifique, le peuple Algérien est parvenu à surmonter toutes les tentatives orchestrées par le pouvoir pour briser sa volonté inébranlable de sortir de sa condition de sujet vers celle des lumières, de la dignité et la citoyenneté. Toutes les entreprises de manipulation des questions identitaires, idéologiques, d’opposition du peuple à son armée et les élections du 12/12 ont claqué dans les mains. C’est dire que le peuple a changé de paradigme tandis que le système reste prisonnier du sien.
Venons-en maintenant au cœur du sujet !
Le rejet des élections du 12/12 étant acté par l’Histoire, le peuple est en droit d’attendre un prolongement politique à son action de disqualification du scrutin présidentiel. Or, c’est là le bouquet, des voix se réclamant du Hirak, ignorant jusqu’à sa substance, s’élèvent et ne se gênent pas, toute honte bue pour nous demander d’accepter le fait accompli. Il paraît qu’on appelle cet état : présidence de fait.
Ces personnes font un passage en force. Ils rencontrent le chef de l’Etat, répondent à l’offre de dialogue, sont prêts à discuter de la mouture de la nouvelle constitution et pour certains félicitent certains ministres dans leur nouvelles fonctions parce que, d’anciens copains et veulent nous convaincre qu’ils sont désormais seulement des adversaires politiques(les copains avant la cause).
Le dénominateur commun à tous ces gens-là : ils nous suggèrent de dépasser les considérations liées à l’illégitimité du président et de son gouvernement.
Les doubabs ne se limitent pas uniquement aux mouches électroniques. Ils se recrutent aussi parmi les politiques et les « académiciens » qui écument les plateaux de TV considérés à juste titre par le peuple comme le bras médiatique de l’3issaba. Un pied dans le Hirak, un pied dans le système fait que cette duplicité et fourberie les placent dans la contre-révolution.
Rappelons- nous cet homme politique se réclamant de l’opposition démocratique qui, au début du premier mandat de Bouteflika nous saoulait à longueur de ses interventions avec le mépris, l’arrogance et l’insolence des nouveaux parvenus, que le pouvoir n’est ni un tabou ni une maladie ; et que c’était la finalité d’un parti politique d’accéder au pouvoir. Il feignait d’ignorer que les conditions d’accéder au pouvoir préfigurent les agissements « des politiques ». Cette personne est, aujourd’hui, en prison.
Ces escroqueries « intellectuelles » doivent cesser.
Non, Messieurs les imposteurs ! La démocratie c’est le gouvernement par le peuple. La légitimité est donc à la base du pouvoir. Tous les Etats modernes, démocratiques fondent leurs institutions politiques sur la légitimité populaire. Et c’est le but de La révolution du 22 février.
Maintenant, faut-il rappeler que l’idéal démocratique est né et a évolué par rapport au rejet de la loi du plus fort, y compris lorsqu’on détient la majorité élective, au profit des principes d’égalité et de liberté. C’est la légitimité constitutionnelle. Et c’est dans ce sens que la transition politique, un processus constituant sont inévitables.
Les Algériens doivent se rencontrer, discuter pour établir et constitutionnaliser non seulement les rapports au pouvoir mais aussi des principes du vivre ensemble qui favorise la fraternité, l’amour, la solidarité la diversité et l’unité dans la différence. Il n’y a pas plus Algérien qu’un autre Algérien .Libérez la liberté, le reste suivra.