2 mai 2024
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Retour sur la catastrophe du 19 janvier 2004 à GNL Skikda

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Retour sur la catastrophe du 19 janvier 2004 à GNL Skikda

Au nom du progrès et de la création de la richesse on a implanté des usines sans égard à la sécurité publique : un développement qui ne se respecte pas et qui relève de la folie de l’esprit de ses promoteurs.

Avec le temps, on se rend compte que les installations pétrochimiques ne font pas le bonheur de Skikda mais, génératrices de risques majeurs tels que les explosions, les incendies et les nuages toxiques. Force est d’admettre que la catastrophe du 19 janvier 2004 n’est pas un acte de dieu (cas de force majeur) mais une relâche de la prévention.   

Sans hésitation et sans équivoque,  Sonatrach doit redonner à la prévention ses lettres de noblesses. 

Comment s’est produit l’accident ?

Le 19 janvier 2004, vers 18h40, une explosion a eu lieu dans une unité de Gaz Naturel Liquéfié à la suite de la déflagration d’une chaudière à haute pression dédiée à la production de vapeur; l’effet domino a été initié à partir de ce point. L’explosion est provoquée selon des sources dignes de confiance (le BAPE et California  Energy Commission), soit par l’admission de gaz inflammable issu d’une fuite d’origine indéterminée sur le train 40 ou d’une défectuosité de la chaudière.

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Sous la violence de l’explosion, des réservoirs de substances inflammables à proximité sont endommagés à leur tour d’où rupture et perte de confinement accompagné de foyers d’incendies qui ont duré 8h. Heureusement,  l’effet domino a pris fin au 4e niveau séquentiel.  Le souffle de l’explosion a été entendu à une distance de 30 km du site et l’onde de choc a eu raison entre autres du centre météo du nouveau port qui était le plus proche voisin du GNL. Le bilan est très lourd: 27 victimes avec 74 blessés  et environ 1 milliard de dollar américain de dégâts matériels (coûts indirects non inclus). 

Le pire scénario évité

Un désastre inégalable aurait pu se manifester à un moment de forte présence humaine avec la rupture des bacs de stockage du GNL, le tout impliquant la déflagration du  méthanier français le «Tellier» qui était débranché de son poste de chargement à cause du ressac. Nul ne sait comment aurait pu évoluer une telle situation mais une chose est certaine: le salut revient à la bienveillance divine. Compte tenu des lacunes organisationnelles de l’époque, de l’absence d’un cadre normatif et du manque de connaissances des risques, une préparation magistrale ou une mise à jour du plan de mesures d’urgences est requise. Toutefois, il est clair qu’un système de prévention n’est efficace que si certaines dispositions sont observées entre autres, les mécanismes d’application. Si on ose contourner un élément de sécurité et on fait abstraction de certains dispositifs tel que les détecteurs des émissions fugitives et on néglige certaines dispositions à l’égard des riverains, il faut s’attendre au pire.

Le leitmotiv des défaillants: le risque zéro n’existe pas

Après chaque événement industriel redoutable, des voix s’élèvent pour dire que le risque zéro n’existe pas. Désolé, les connaisseurs expriment leur désappointement à cet égard et affirment que le risque des activités humaines peut être maîtrisé ou réduit au minimum moyennant l’observation de mesures préventives. Le développement rapide que connaît le complexe pétrochimique de Skikda devient néfaste si on fait abstraction ou on ridiculise les principes de prévention. En confiant la prévention aux incompétents, ceci a pour effet de maintenir les risques à leur niveau ou de les accentuer.  

Sonatrach Skikda, générateur de risque ou bon citoyen corporatif ?

Du fait qu’elle est ponctuée par des événements accidentels majeurs et coûteux, l’exploitation de la zone pétrochimique de Skikda obéit encore à la notion du productivisme et à la loi de l’emmerdement maximum. En effet, pour de multiples raisons, la zone pétrochimique de Skikda fait perdre le goût de s’établir non pas à proximité mais à des dizaines de kilomètres à la ronde.

La catastrophe du 19/1 était imprévue mais prévisible, elle a mis à nu l’organisation du complexe et a mis en évidence l’illusion d’efficacité.  La Sonatrach s’autoproclame bon citoyen corporatif et s’engage à protéger ses riverains contre les risques majeurs issus de son activité alors que son devoir de divulguer ses risques auprès des travailleurs (météo) à 100 pieds de sa clôture a été ignoré: Entreprise citoyenne est donc pure démagogie. 

Sensation d’insécurité à dissiper

L’événement redoutable du 19/1 n’a pas été par pur hasard ou suite à un acte de dieu mais par prédisposition. L’élément déclencheur était une chaudière. Derrière la défaillance matérielle,  il y a sans aucun doute des causes profondes non avouées car ce genre d’accident ne doit pas être le produit d’une unique cause: le facteur humain est envisageable.

Le retour d’expérience pour tirer des leçons de cet accident a été profitable à beaucoup d’entreprises étrangères sauf à Sonatrach-Skikda, qui demeure victime d’événements accidentels récurrents. Suite à cette catastrophe, une firme canadienne stipule de bannir le confinement, la proximité entre les installations, l’installation de la salle de contrôle, les bâtiments administratifs et de sécurité au milieu des installations de production.

Cette firme  recommande fortement la détection sur les prises d’air des équipements ainsi que la nécessité d’un suivi et d’un contrôle des installations anciennes: ces éléments sont les déficiences relevées chez GNL Skikda.

Le 19 janvier 2004 reste une date qui nous rappelle un événement sans précédent, qui est gravé non seulement dans l’histoire de Skikda mais encore dans les annales des accidents technologiques mondialement connus.  

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Auteur
Djamel Gahem

 




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