Renvoyé dès son ouverture en mai 2024, le procès de l’attaque du complexe gazier de Tinguentourine (In Amenas), par un commando islamiste armé, en janvier 2013, reprend ce dimanche 25 mai à Alger.
Quatre hommes sont jugés pour appartenance à un groupe terroriste armé, prise d’otages, homicides volontaires avec préméditation et détérioration de biens de l’État. Ce procès est relancé au moment où le général Hassan prend la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Le procès de l’attaque terroriste d’In Amenas, dans le sud-est de l’Algérie, en janvier 2013, qui avait été renvoyé dès son ouverture, au mois de mai 2024, en raison de l’absence de l’avocate de l’un des accusés, reprend ce dimanche 25 mai à Alger. Sur le banc des accusés : quatre hommes qui comparaissent – entre autre – pour appartenance à un groupe terroriste armé, prise d’otages, homicides volontaires avec préméditation et détérioration de biens de l’État.
Ces derniers sont poursuivis pour avoir été membres du commando terroriste qui, durant 3 jours, en janvier 2013, a pris en otage quelque 800 employés du site gazier de Tinguentourine, près de la localité d’In Amenas, jusqu’à ce que les autorités algériennes réagissent par une opération de sauvetage musclée.
L’opération était menée par les Signataires par le sang, un groupe terroriste islamiste dissident d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) que dirigeait Mokhtar Belmokhtar.
Elle avait commencé à l’aube du 16 janvier avec l’entrée de 10 pick-up dans l’enceinte du complexe gazier. Les terroristes islamistes qui en étaient descendus avaient alors rapidement séparé les expatriés des travailleurs locaux et préparé le siège. Selon des témoins, ils avaient notamment fait porter des ceintures d’explosifs à leurs otages, menaçant de faire sauter le site.
Cette attaque particulièrement sanglante est alors menée en réaction à l’opération française Serval déclenchée cinq jours plus tôt pour aider l’armée malienne à repousser l’offensive d’une coalition de groupes islamistes qui menace de marcher sur Bamako, selon les assaillants. Demandant aux militaires algériens qui encerclent le périmètre de quitter la zone, le commando islamiste avait exigé notamment « la fin de l’agression française au Mali ». Pour mettre fin à la prise d’otages, l’armée algérienne lance deux assauts, les 17 et 19 janvier, dans lesquels une trentaine de terroristes sont tués, mais aussi une quarantaine d’employés du site de Tiguentourine.
Alors que plusieurs familles de victimes seront présentes au procès de ce dimanche, ces dernières espèrent que les audiences permettront aussi de faire toute la lumière sur l’intervention de l’armée algérienne à qui elles demandent transparence et vérité. C’est par exemple le cas de Marie-Claude Desjeux, la présidente de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs, qui cherche depuis 12 ans à connaître les circonstances précises de la mort de son frère.
« Ce qui est très étrange, c’est que sur les 40 otages tués, c’est le seul sur lequel on n’a pas d’informations. J’arrive donc à ce procès, où je vais avoir la chance de m’exprimer, avec plusieurs questions : pourquoi un site d’exploitation majeur comme celui-ci n’a-t-il pas été plus protégé ? Comment un commando a-t-il pu s’infiltrer presque portes ouvertes ? Et comment, finalement, celui-ci a-t-il pu attaquer de façon assez tranquille ? », explique-t-elle.
Des dizaines de morts
Cette prise d’otages a marqué les esprits. Au lendemain de quatre jours d’une prise d’otage meurtrière, le ministre des affaires étrangères, Mourad Medelci, a estimé que l’assaut donné par les forces spéciales algériennes pour libérer les otages détenus par des terroristes sur le site d’In Amenas a permis d’éviter une « véritable catastrophe ».
Selon un décompte effectué par l’agence Reuters, la prise d’otages a provoqué la mort de 80 personnes. L’armée algérienne a abattu 32 preneurs d’otages, lors de l’assaut final lancé samedi contre les ravisseurs, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur algérien. Selon ce premier bilan officiel, 23 étrangers et Algériens sont morts. En outre, les corps de 25 otages ont été retrouvés sur le site dimanche. Un otage roumain est par ailleurs décédé de ses blessures. Cela pourrait porter à près de 50 le nombre d’otages tués au cours de l’opération.
Le ministre de la communication de l’époque, Mohamed Saïd, a déclaré dimanche que le nombre de victimes risquait d’être « revu à la hausse ». D’autre part, 685 employés algériens et 107 étrangers ont pu être libérés.
Cette opération, préparée de longue date a permis à ses auteurs de réclamer, entre autres, l’arrêt de l’intervention militaire française au Mali lancée cinq jours auparavant.
La rédaction avec Rfi/Reuters/AFP