18 avril 2024
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Sale temps pour les musulmans de France !

Tribune

Sale temps pour les musulmans de France !

Une période dure et angoissante, celle que vivent les musulmans de France ou devrais-je dire les Français de confession musulmane.

« Un procès injuste et délirant ». La charge de Dalil Boubakeur contre la tribune dénonçant « un nouvel antisémitisme ». « Le procès injuste et délirant d’antisémitisme fait aux citoyens français de confession musulmane et à l’islam de France à travers cette tribune présente le risque patent de dresser les communautés religieuses entre elles » Publié dimanche dans Le Parisien, le manifeste «contre le nouvel antisémitisme » pointe du doigt la « radicalisation islamiste » et sonne l’alarme contre une « épuration ethnique à bas bruit » dont serait victime la communauté juive en région parisienne.

Étonnant de coïncidence avec la noyade dans le sang de ceux qui marchent pour le retour !

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Encore plus dure celle qui s’annonce. Dans le radar de l’actualité sanglante et anxiogène, ils sont pointés du doigt, accusés de complicité passive avec des entreprises terroristes, sommés de prendre de la distance avec les discours et les postures de haine que des assassins de Daech, au nom de leur appartenance à cette « communauté » et à cette religion, commettent des actes de rupture et s’inscrivent dans des démarches et des logiques terroristes.

Des attentats spectaculaires, Paris, Bruxelles, et Nice, commis par des citoyens européens de culture « sociologiquement musulmane » au nom d’une allégeance souvent opportuniste à l’organisation terroriste de l’Etat islamique, ou des assassinats lâches de juifs ou des représentants de la force publique qui relèvent souvent de la délinquance qui résonnent « islamophobiquement parlant » en attaques de la République!

300 personnalités en mal d’islamophobie se lancent dans une caresse d’une opinion extrémisée dans le sens du poil!

Cet état d’esprit est de nature à donner un grand coup de fouet à l’atmosphère islamophobe qui s’est installée dans les opinions européennes. Échaudés par les vagues de réfugiés qui s’abattent sur les rives de l’Union, les actes islamophobes sont en constante croissance. Violences physiques et attaques contre les biens des personnes se multiplient.

Il faut dire que les postures et les discours racistes sont libérés.

Cette situation est en train de devenir explosive. Elle intervient dans un contexte sensible où les forces politiques en compétition sont déjà tentées par une surenchère sur le sujet. Entre une droite dans l’opposition qui veut intenter un procès en incompétence sécuritaire à la gauche; et un gouvernement qui veut effacer cette accusation d’angélisme que lui assènent ses détracteurs. Wauquiez  dans l’ombre de Marine Le Pen et de l’extrême droite comptent les points et ne ratent aucune occasion pour faire valoir que leurs visions de l’immigration et de l’Islam ont été largement validées par les événements.

Sans oublier la radicalisation du discours du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, aidé en cela par les relents islamophobes incompressibles d’un Manuel Valls en mal d’existence politique

Sale temps pour les musulmans en France ! Dès le réveil et avant même de tomber sur notre reflet dans une glace, la honte d’être nous tient à la gorge. Les médias jubilent et crachent les nouvelles encore fraîches sur tel ou tel violence.

Et la série devenue culte : de « l’Arabe » et « du couteau », l’arme blanche du « basané », cette vieille métaphore camusienne nous rattrape au caleçon telle une malédiction inéluctable. Mais ça ne s’arrête pas là. Jamal, un sauvageon de 19 ans, dans un registre plus barbare, brûle vive Sohane, une beurette de 17 ans. Ailleurs, Mohamed Maghara est assassiné froidement du côté de Dunkerque, juste parce qu’il s’appelle Mohamed. Sans compter le désormais familier Zacharias Moussaoui dans sa prison américaine et les procès des présumés membres du GIA à Paris, et ainsi de suite. Une piscine privatisée pour des femmes en burkini émeut les « daeshologues », les théologiens des réseaux sociaux et les « laïcards » en mal d’inspiration.

Que faire avec cette avalanche culpabilisante ? Comment se tenir face à ce packaging ethnique du sordide ? Mettre du Lexomil dans son café du matin ? Serrer son fils dans ses bras un peu plus fort que d’habitude.

Et après ? Où sont-ils les « musulmans » médiatisés du show-biz ; les Debbouz, les Zidane, les Sami Nacéri ou les Ben Jelloun super-explicateurs ?

Peuvent-ils s’arrêter de nous divertir une seconde et user de leur aura médiatique pour nous sortir un peu de l’image de l’Arabe qui tue ou se fait tuer, « l’Arabe » qui brûle ou se fait brûler, qui vole, qui viole ?

La misérable vérité est là, compacte et diffuse. Elle est doublée d’un douloureux constat : l’impossibilité de se poser quelque part quand toute la place est prise ; soit par des délinquants, soit par des « daeshiens ».

Où peut-on donc caser la majorité des « Arabes » et des nés musulmans, qui par leur comportement et non par leur peau, ressemblent au reste des Français. Ceux qui consomment comme tout le monde, prennent une cuite le week-end, matent les seins à la télé et se fichent d’un Sarkozy faisant la bise à Dalil Boubakeur ou un Valls faisant un smack à Chelgoumi ; les soi-disant représentants de l’islam républicain.

D’ailleurs, que signifie le projet de la mise en place d’une instance représentative des musulmans de France ? Instance qui cassera le dogme de l’imprescribilité du Coran et donc de supprimer les verset de sang ?

Comment cette instance peut-elle se proclamer représentative de plus de 5 millions de musulmans de France sachant que les statistiques ne font aucune distinction entre les pratiquants et les non-pratiquants, les pieux et les athées ? 5 millions parmi 1,5 milliard à la même référence sans pape ni clergé ?

Sale temps pour ceux et celles qui rêvaient de respirer entre deux cultures et de « pousser comme l’herbe au milieu », selon la magnifique formule d’Henry Miller.

Au lieu de cela, ce qu’on constate, c’est un fossé symbolique qui se creuse, au fil des faits divers et des malentendus entre les musulmans et les autres. Le tableau annoncerait-il une dissociation progressive des couleurs ? De moins en moins de couples mixtes dans la rue, une séduction cloisonnée qui n’aurait d’aboutissement qu’entre compatriotes de même peau. Ou alors devons-nous craindre le pire, comme l’effrayant témoignage, rapporté dans ce journal même, de ce voisin de l’assassin de Dunkerque qui s’interroge « au moins, s’il en avait tué plusieurs, mais là, pour un seul… » (Libération du 9 octobre 2015).

Sale temps pour les musulmans, quand ils ne sont pas malmenés par les flics, assassinés par les racistes ou souillés par des Kouachi, Abdesslam ou Lahouajej, ils ou elles sont les premières victimes de leurs compatriotes, comme l’indiquent le cas Sohane et le phénomène grandissant des « tournantes » dans les caves des HLM.

Sale temps pour les musulmans, quand ils ne sont pas moins corses que leurs voisins et qui subissent dans un silence médiatico-politique assourdissant, les foudres du premier magistrat de Guarguale, qui suite aux événements de Sisco, demandant  en tant qu’élu à son collègue Maire de prendre les mesures nécessaires afin d’expulser les familles maghrébines sans distinction aucune, comme si un français dont les parents sont maghrébins est en définitive maghrébin. Une pondération sociologique et identitaire ségrégationniste.

Après le 11 septembre et après le score de l’extrême droite à la présidentielle, la conjoncture a ouvert plusieurs brèches. Des chercheurs soutiennent qu’entre islam et islamisme les passerelles sont organiques, comme d’autres, dans un autre registre affirment que du shit on passe directement à l’héroïne. Il ne manque plus que la preuve de l’existence d’un lien automatique entre Arabes et délinquance, banlieue et racaille. Car comment ne pas penser à cette profonde réflexion tirée des Particules Elémentaires de l’intraitable Houellebecq qui suggère que la violence est inscrite dans les gênes des Arabes : « Le soir tombait : quelques moutons terminaient leur journée. Eux aussi étaient stupides, peut-être encore plus que le frère d’Aïcha ; mais aucune réaction violente n’est programmée dans leurs gènes. »

Alors que veut l’Europe et la France ?

Nous ne sommes pas dupes et nous pouvons encore éviter un nuit du cristal. Alors ressourçons nous en histoire et rappelons nous ceci :

« Quand les Européens sont arrivés en Amérique du Nord, ils ont décrit les indigènes comme des barbares parce qu’ils se promenaient nus. Les femmes européennes portaient trois couches vêtements. Ensuite, elles sont arrivées en Amériques du Nord et ont décidé que les indiens d’Amérique du Nord étaient des sauvages parce qu’ils ne portaient pas de vêtements. Et désormais, nous nous promenons tous nus, et nous disons aux musulmans qu’ils sont des barbares car ils portent trop de vêtements », écrit Norman Fiklestein.

Les élites bien pensantes recommandent aux musulmans de baisser la tête, et de raser les murs en France avant peut être d’instaurer une étoile noire obligatoire pour le musulmans en signe d’identification de citoyens « catégorie Daesh » ou un marquage vichy à l’encre noire !

La France en particulier et l’Europe en général a toutes les cartes en main depuis la mobilisation claire et sans concession suivant les attentats de Charlie.

Dans sa lettre aux Français, Dalil Boubakeur, Recteur de la mosquée de Paris, écrit : « La France est ciblée dans l’inconscient – toujours dans l’inconscient car elle aurait quelque chose de violemment anti-islamiste. Mais il y a des gens raisonnables qui parlent d’islam en bien. Voltaire, Dinet, Lamartine, Hugo, Gustave Lebon, qui a écrit La Civilisation des Arabes, Roger Garaudy, Vincent Monteil, René Guénon, ou Philippe Grenier, le député de Pontarlier qui s’est habillé à l’Arabe à l’assemblée Nationale en 1894 ». (1)

Et il poursuit : « Ce côté délétère qui détériore les qualités d’une population, dans ses rapports internes et pervertit la démocratie « .

Et pour avancer, il écrit : « Il n’y a pas de pape chez les musulmans. Chacun fait son chemin selon son coeur. Un pape s’il devait exister, ne serait pas écouté. Et le califat a été aboli en 1922 par la Turquie. »

Tout cela amène à proposer d’une part aux musulmans de France de posséder un texte de vivre-ensemble unique, un message d’union. Et d’autre part l’islam est une richesse pour la France. Il faut le répéter. 70 000 musulmans sont morts à Verdun et 400 000 au cours de toute la Première Guerre mondiale et près de 17000 autres lors de la Seconde guerre mondiale. C’est aussi l’histoire de France. Il faut un solution globale. Au fond, la revendication de la VI ème République est peut-être la solution à une crise de ce niveau. Il faut une reprise globale de cette société. Et seule une nouvelle République, une réalité nouvelle répondrait à l’urgence du moment, une République incarnée et restituant la souveraineté au peuple.

M. B.

(1) Dalil Boubakeur et Philippe Duley, Lettre ouverte aux français, p215-223

Philippe Grenier, sur le conseil de Jean Jaurès, devient le « député des musulmans de France »

 

Auteur
Mohamed Bentahar

 




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