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Salon du livre d’Ath Ouacif : Koukou éditions dénonce le chantage de Tidjani Tama

Après le collectif préparatoire du Salon national du livre amazigh des Ouacifs (wilaya de Tizi-Ouzou), les éditions Koukou viennent de rendre public un communiqué dans lequel elles dénoncent « un groupuscule extrémiste » tapi au ministère de la Culture qui dicte son arbitraire et fait cette maison d’édition libre sa cible prioritaire.

Les organisateurs du salon du livre des Ouacifs ont préféré surseoir à la tenue de cet important rendez-vous que de se plier devant les desiderata d’un « groupuscule extrémiste » qui avait imposé l’exclusion des éditions Koukou de ce salon.

Le collectif du salon d’At Ouacif, composé de militants connus pour leurs engagements, a choisi la dignité à l’avanie.

Dans un communiqué, rendu public ce dimanche, les éditions Koukou dénoncent ce « groupuscule extrémiste qui a pris le ministère de la Culture en otage a encore frappé ! ». Cette maison d’édition n’est malheureusement pas à la première attaque de ce groupe qui gère le destin de la culture de tout le pays avec un zèle bigot et diablement sectaire.

A la verticale autoritaire d’un régime paranoïque s’ajoute dans cette affaire l’entregent de seconds couteaux pour qui la promotion de la culture est avant tout une arme de destruction des intelligences. Pour eux, la culture est essentiellement une couveuse d’opinions serviles et d’intelligences frelatées. Tout est pour eux guerre idéologique, manipulation et asservissement. Ils veulent régner sur la culture le fouet à la main.

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A la tête de cette milice de la censure, qui sévit avec le panache des larbins, nous nommons Tidjani Tama. Le communiqué des éditions Koukou ne souffre aucun équivoque. Ce fonctionnaire a multiplié attaque et chantage odieux envers cette maison d’édition qui demeure l’une des dernière à refuser de plier l’échine.

Dans un acte particulièrement courageux, les éditions Koukou décident de se retirer de ce salon du livre et appellent, de fait, les organisateurs à maintenir cette manifestation culturelle particulièrement importante et très attendue.

H.A.

Lire ci-dessous le communiqué de Koukou éditions :

« Tidjani Tama, président de la Commission de censure et directeur central du Livre au ministère de la Culture et des Arts, vient d’exercer un odieux chantage sur les organisateurs du Salon du livre amazigh, prévu du 3 au 6 octobre à Ath Ouacif (wilaya de Tizi Ouzou).

Avant de délivrer l’autorisation préalable à la tenue du salon, il a exigé l’exclusion des éditions Koukou de cette manifestation, sans justification ni motif légal ! Sollicité pour donner un caractère officiel à cette injonction verbale, le censeur en chef a refusé de délivrer un document écrit qui engagerait sa responsabilité.

Pour ne pas assumer une décision arbitraire qui ne leur incombe pas, les organisateurs du salon ont préféré reporter la manifestation.

Ces manœuvres occultes d’un haut fonctionnaire de l’Etat appellent quelques remarques et des précisions.

1- Depuis sa nomination à ce poste en juin 2022, Tidjani Tama a multiplié les provocations et les mesures coercitives contre Koukou Editions. Après l’interdiction d’une douzaine de nos ouvrages lors du Sila de 2022, il a ordonné notre exclusion, sans motif légal, du Sila 2023.

La plainte, déposée contre le président de la Commission de censure qui a pris la décision et le commissaire du Sila qui l’a exécutée, est toujours pendante devant le doyen des juges d’instruction du tribunal de Hussein Dey à Alger.

2- Le levier idéologique de ces agressions est maintenant établi. En excluant Koukou Editions des manifestations publiques, la Commission de censure tente d’étouffer les voix de dizaines d’auteurs progressistes (professeurs d’université, écrivains, avocats, moudjahidine, journalistes…) pour les empêcher d’exposer leurs ouvrages au débat et d’aller à la rencontre de leurs lecteurs.

Plus côtés, ‘’Mein kampf’’ d’Adolf Hitler et les ‘’Mémoires’’ de Mussolini traduits vers l’arabe par un éditeur égyptien ont bénéficié d’une surprenante bienveillance, qui a élevé ces monstres du XXe siècle au rang « d’exemples de réussite sociale ». Quant aux livres de propagande wahhabites largement subventionnés par l’Arabie Saoudite, ils y occupent la première place depuis plusieurs années déjà.

3- Ces délits perpétrés par la Commission de censure et son président Tidjani Tama ont été portés à la connaissance de sa hiérarchie dans un courrier transmis par huissier de justice.

En refusant de prendre les mesures légales qu’impose cette forfaiture récurrente, la ministre de la Culture a choisi de s’en rendre complice, engageant ainsi lourdement la responsabilité politique du gouvernement. 

Cette nouvelle provocation contre Koukou Editions n’est pas un acte isolé. Au-delà de la maison d’édition, elle vise à interdire le Salon du livre amazigh d’Ath Ouacif, l’un des derniers vestiges du libre-débat en Kabylie.

Dans cette région meurtrie par une répression qui n’a pas fait dans le détail, la chappe de plomb autoritaire a déjà étouffé tous les espaces culturels autonomes. Les salons du livre de Boudjima et de Tigzirt bien connus des auteurs et des lecteurs, le Café littéraire de Bgayet, devenu une institution culturelle nationale, et le Festival Racont’Arts, qui rayonnait sur une bonne partie de l’Afrique et de la Méditerranée, ne sont plus que de lointain souvenirs.  

Face à ces opérations liberticides encouragées par le silence de leurs victimes, Koukou Editions tient à saluer la résistance, digne et courageuse, des organisateurs bénévoles du Salon du livre amazigh d’Ath Ouacif. 

En dénonçant le chantage et en refusant de se soumettre à l’omerta, ils ont réhabilité l’exigence de transparence dans la vie publique au nom de l’éthique citoyenne.

Pour ne pas servir de prétexte aux manœuvres occultes des phalanges culturicides, Koukou Editions décide de se retirer volontairement du Salon du livre amazigh d’Ath Ouacif, et appelle les organisateurs à maintenir la manifestation aux dates prévues initialement.

La confrontation qui nous est imposée par la secte de la Novembria-badissia est désormais sur la place publique et devant les tribunaux. Nous l’assumerons avec la force de la loi grâce au soutien de nos avocats, de nos auteurs, de leurs lecteurs, des artistes, des intellectuels et de tous les citoyens déterminés à défendre leurs libertés bafouées dans un environnement hostile.

Avoir contraint les manipulateurs de l’ombre à sortir de leur tanière est une première victoire. Dans ce combat de l’éthique contre la corruption morale, de la légalité contre la délinquance, de la raison contre les ténèbres, ils ont déjà perdu la partie.

Alger, le 29 septembre 2024.

Arezki Aït-Larbi, Directeur de Koukou Editions

3 Commentaires

  1. Puissance imperiale ! La france coloniale n’a pas fait autant. Elle a impose’ son plus sans tout de meme interdire l’existant. Ce regime n’a pas de PLUS dont il serait auteur ou proprietaire a proposer. C’est du mepris pur et simple par ce qu’il peut. En fait, il ne peut RIEN, c’est plutot ses victimes qui sont incapable, de dire CA SUFFIT et de s’organiser pour y METTRE FIN !

  2. Pauvres kabyles, ils sont devenus les souffre-douleurs des baathistes algériens en perte de vitesse allergique à tout ceux qui n’est pas arabe.
    Ces petites personnes sans envergure se trompent de combat et d’ennemis.
    Ils sont le symbole de l’échec.
    Pathétique.

  3. « Dans la jungle des hommes et des fauves, seule une identité culturelle épanouie peut protéger contre les inévitables menaces existentielles ». Mais qu’elle identité est encore possible dans cette actualité sur-polluée et marécageuse ? Et « A une pollution multiforme déjà de trop s’ajoutent maintenant les effets de plus en plus visibles de l’entropie, c’est-à-dire du désordre mais un désordre sanglant qui risque d’emporter toute l’humanité, sans distinction de race, de religion ou autres ». Évidemment, il est question ici de pollution et de désordre au sens large, incluant l’aspect sociétal. Dans le cas de l’Algérie en général et de la Kabylie en particulier, le salut ne viendra que d’une prise de conscience collective de la gravité de la situation, notamment du fait que  »le premier ennemi d’un peuple ce sont ses excroissances parasitaires qui le minent de l’intérieur ». Tant que la Kabylie ne s’investit pas dans son socle philosophique d’autogestion, la Kabylocratie en l’occurrence, point de salut ni pour elle, ni pour l’Algérie dans sa globalité.

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