20 avril 2024
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Sid Ahmed Ghozali : « Le président algérien n’a jamais été élu, il a été désigné par un système opaque »

Il affirme que le peuple a été corrompu par l’État

Sid Ahmed Ghozali : « Le président algérien n’a jamais été élu, il a été désigné par un système opaque »

L’ancien chef du gouvernement d’Algérie, Sid Ahmed Ghozali (5 juin 1991 – 8 juillet 1992) réagit à la perspective d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, dans une entrevue accordée au journal électronique français letelegrame.fr. 

Dans cette entrevue, Sid Ahmed Ghozali croit que l’État a réussi à corrompre le peuple en donnant l’illusion que ce gouvernement est le seul capable d’assurer la pérennité des acquis sociaux . «La position du peuple vient de ce qu’il a été corrompu par le pouvoir. Pour vous donner un exemple : je ne suis qu’un seul des 100 000 anciens cadres de l’État qui soient pensionnés. On a multiplié par trois nos pensions en faisant comprendre que ce gouvernement est le seul pouvoir qui garantit les pensions. Les gens craignent par conséquent pour leur avenir et perdent tout jugement libre. Ils ne se rendent pas compte », explique l’ancien chef du gouvernement qui tient cependant à préciser que le même gouvernement ne pourra plus payer les pensions de quiconque.

«Ce dont je suis sûr – que dans deux ou trois ans, le gouvernement ne pourra plus payer les pensions. Je sais que tous les Algériens et les autres observateurs s’inquiètent de l’avenir de l’Algérie, de l’après-Bouteflika, mais nous sommes en pleine perversion. La population algérienne se tait parce qu’elle est dans une fuite en avant économique et sociale», précise-t-il encore.

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Sans concession, Sid Ahmed Ghozali tire à boulets rouges sur Bouteflika et le système qui l’a mis en place et qui l’impose depuis 19 ans. «C’est une erreur d’envisager la personne qui pourrait remplacer Bouteflika parce que le président algérien n’a jamais été élu, il a été désigné par un système opaque et donc c’est tout le système qui doit changer», explique-t-il.

Par ailleurs, l’ancien chef du gouvernement sous Chadli estime que les algériens ont vécu leur printemps « arabe » en 1988 et que l’émergence des islamistes n’est pas étrangère à ce même pouvoir.  « En vérité, la Constitution de février 1989 n’a jamais été respectée jusqu’à maintenant. Après 1988, il y eut la décennie noire du terrorisme (26 décembre 1991 – 8 février 2002) et les Algériens sont restés traumatisés. Le pouvoir en place, qui n’est pas totalement étranger à l’irruption de l’islamisme et du terrorisme, a même fait croire au peuple que, s’il s’amuse à faire aujourd’hui un printemps arabe, il vivra ce qu’il a vécu dans les années 90, quand il y eut des dizaines de milliers des morts. », analyse le septuagénaire. 

Quant à la menace terroriste, Ghozali pense que l’Algérie l’a vaincue militairement mais que les conditions de sa pérennisation demeurent. «Nous avons vaincu militairement le terrorisme en Algérie mais les conditions sociales et économiques qui ont favorisé l’émergence de l’islamisme demeurent. Le chômage, la pauvreté et la corruption ont fait des progrès considérables et les islamistes exploitent la rupture entre la population et le pouvoir pour essayer de s’imposer eux-mêmes au pouvoir», explique encore l’ancien chef du gouvernement.
 

Auteur
B. Karima

 




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