Dans un long message adressé aux Algériens et rendu public ce 24 septembre, le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, livre un diagnostic sans concession de la situation politique nationale et annonce qu’il quittera la tête du parti lors d’un congrès extraordinaire, conformément aux statuts de la formation qu’il a fondée en 2011.
Un constat implacable sur l’état du pays
Dans ce texte, Djilali dénonce une gouvernance verrouillée où, selon lui, « le régime a fermé le champ de l’opposition politique, corrompu la société civile, les syndicats et les médias », et transformé la justice en « bras répressif ». Il décrit un système concentrant les pouvoirs exécutifs, contournant la Constitution et maintenant « un état d’urgence permanent ».
Pour l’ancien candidat à la présidentielle, l’Algérie fait face à « un échec structurel » aggravé par des défis géopolitiques, économiques et sociaux. Il appelle à rétablir la confiance entre dirigeants et citoyens, à ouvrir l’espace politique, à libérer les détenus d’opinion et à bâtir « un État fort, juste, compétent et intègre ».
Passage de témoin annoncé
Fondateur de Jil Jadid, Djilali rappelle que la limitation à deux mandats de la présidence du parti figurait dès l’origine dans ses principes. « Il est temps, à ce stade de mon engagement, de consacrer plus d’efforts à la bataille des idées, tout en permettant l’émergence d’un nouveau leadership », écrit-il, annonçant la tenue d’un congrès extraordinaire pour élire son successeur « dès que les conditions techniques et administratives seront remplies ».
Appel au consensus national
Tout en quittant la direction, Sofiane Djilali réaffirme sa volonté de poursuivre le combat politique et intellectualiste. Il exhorte les « vrais décideurs » à assumer leurs responsabilités et invite l’ensemble des forces vives à un « vaste espace de réflexion et de dialogue » pour refonder le système de gouvernance. Le changement, souligne-t-il, ne signifie pas détruire l’État mais « le renforcer ».
En actant son retrait de la présidence de Jil Jadid, tout en appelant à une refondation politique, Djilali se place ainsi en vigie critique d’un régime qu’il accuse d’avoir étouffé les libertés et bloqué toute alternance. Son départ ouvre une nouvelle étape pour le parti d’opposition, qu’il encourage à se faire connaître « par la qualité de son travail sur la scène politique nationale ».
Rabah Aït Abache