AccueilSportStefan Zywotko rêve encore de revisiter la Kabylie 

Stefan Zywotko rêve encore de revisiter la Kabylie 

Il fête aujourd’hui son centenaire:

Stefan Zywotko rêve encore de revisiter la Kabylie 

L’auteur du récit, Zywotko et son fils, l’été dernier en Pologne.

Aujourd hui, l’entraîner légendaire de la JS Kabylie, Stefan Zywotko fête ses 100 ans dans la ville de  Szczecin, en Pologne. La famille sportive polonaise et plusieurs journaliste lui ont rendu visite cet après-midi, et une réception lui a été organisée. 

À rappeler, Zywotko est né à Lwów, une ancienne ville polonaise, devenue aujourd’hui la plus grande ville de la partie occidentale de l’Ukraine, par la suite, il a déménagé avec sa femme à Szczecin, dans l’ouest de la Pologne. En 1977, lors  de la réforme sportive en Algérie, la Fédération polonaise de football a envoyé des entraîneurs en Algérie et Zywotko était parmi la sélection. Au siège de l’ambassade  d’Algérie à Varsovie, il rencontre l’ambassadeur algérien qui, lui-même, était un ancien footballeur en Algérie, et prend son affectation pour regagner le club kabyle comme entraîneur. Puis, il n’a jamais quitté ce club jusqu’à son départ définitif en 1991. Une carrière riche venait de commencer pour le nouveau technicien polonais en laissant derrière lui l’histoire glorieuse de la grande JSK et un nom légendaire qui restera à jamais dans la mémoire de tous les supporteurs de la Jumbo-JET et celle de la nouvelle génération. 

À l’occasion de son centenaire, nous publions pour la première fois un témoignage de Zywotko recuilli au Matin d’Algérie, le 22 Juin 2018 chez lui en Pologne. 

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Le matériel et la préparation physique: C’était notre premier défi à la JSK

C’était le 19 Juin 2019, j arrive à l aéroport de Gdansk, en Pologne et je reçois un message de mon ami Michał Zichlarz, journaliste polonais et analyste sportif: » je t’attendrai Samedi matin, à la garre de Szczecin. On va ensemble chez le coach ».

Deux jours plus tard, je quitte très tôt mon hôtel à Gdansk et je pars pour Szczecin. Après une pause-café  à la garre, jai rencontré Zichlarz et il m’a informé qu’il venait juste d’achever son livre sur le parcours de Stefan Zywotko, l’ex-entraîner légendaire de la JSK. Zichlarz m’a également raconté sur sa visite en Algérie et en kabylie pour recueillir des témoignages sur Stefan Zywotko. 

Vers 10h du matin, nous avons quitté la gare pour rencontrer Zywotko et son son fils Mieczysław dans un restaurant au bord de la mer.

Nous y sommes arrivés les premiers ! 10 minutes plus tard, une voiture 4×4 arrive, Mieczysław descend et accompagne son père vers notre table. 

À l’âge de 99 ans, Stefan Zywotko était encore en bonne forme et garde bien de bons souvenirs des hommes avec qui il a travaillé et des joueurs qu’avait entraînés. Ce jour-là, il s’est souvenu de ses beaux jours qu’il avait passés en Kabylie pendant 14 ans. 

“Avant d arrivé en 1977 à la JSK, j’avais déjà refusé une offre pour partir entraîner en Indonésie. 

À Tizi-Ouzou, j’ai pensé en premier lieu à améliorer la qualité de la préparation physique et la condition physique des joueurs. Je n’y pas trouvé un bon stade ni le matériel. J’ai proposé au directeur de SONELEC de nous acheter un matériel spécial d’Allemagne et il était très compréhensif. Il m’a dit ceci: Stefan, propose tout ce que tu veux et tu l’auras dans deux semaines. Effectivement, le matériel est venu d’Allemagne après 15 jours. À vrai dire,  Il était vraiment déterminé et c’était un de nos premier premiers défi. Tout le monde a vu le résultat par la suite et c’était la grande JSK”, a-t-il dit. 

Zywotko se souvient également des derbies les plus  marquants du championnat d’Algérie pendant les années 1980: “J’attendais souvent nos matches face au MC Alger et c’était souvent très chaud ! Le mouloudia avait une bonne équipe et il n y avait pas d’autre choix que de gagner. Pour cela, il nous a toujours fallu une bonne préparation physique et tactique ”. 

En prenant son café, il sort un  vieux journal algérien, “El Hadef”, publié le 28 Juin 1980, et il le garde à  ce jour. C’était un numéro spécial sur la JSK, champion d’Algérie 1979-1980. 

Zywotko s’est rappellé du travail qu’il avait fait avec Mahieddine Khaelf pendant cette saison-là: “Il y avait de la discipline et un travail sérieux d’envergure. On s’entraînait même trois fois par jour, du 8h du matin  jusqu’à 17h. On visait toujours à être les meilleurs et d’ailleurs on l’était. Parfois quand il faisait 40° à Tizi Ouzou, on faisait nos entraînements à minuit ”.

 J’ai acheté un dictionnaire français-kabyle pour apprendre le kabyle:

D’autre part,  Zywotko a affirme qu’il n’a jamais pu oublier la défaite de la JSK en finale de la coupe d’Algérie face à l’USM Bel-Abbès. Cette défaite inattendue était lourde pour le technicien polonais surtout qu’elle est arrivée peu de temps avant son départ: “Je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé lors de cette finale. Quand Rahmouni était en train de tirer le penalty, j’avais un sentiment étrange qui me disait que ce serait certainement raté. Quand l’arbitre a sifflé, je n’ai pas cru que nous avions échoué en finale.J’étais si triste et j’ai tellement voulu terminer mon parcours à la JSK en gagnant ce titre”, a-t-il tristement raconté.

Pour le coach, tout le monde était surpris par cette défaite y compris le président de la république:

“Quand nous avons monté à la tribune pour récupérer nos médailles, le président Chadli Bendjedid m’a demandé: Que vous est-il arrivé aujourd’hui ? Ce n’est pas la JSK qu’on a l’habitude de voir jouer. Je lui répondu en souriant: C’est ça le football, Mr le président! Parfois on gagne, parfois on échoue ! Puis, il m’confié qu’il était fan de la JSK !”  

En répondant à  une question par rapport aux raisons qui lui ont poussé à quitter l’Algérie après 14 ans de carrière pleine de titres et de beaux souvenirs, Zywotko a dit que le décès de sa mère était la seule raison: « Après la disparition de ma mère, mon épouse est restée toute seule avec mes enfants, et j’étais obligé d’y revenir pour prendre soin de ma famille. J’était loin et ma famille avait besoin de moi. J’ai donc pensé que c’était le moment de rentrer en Pologne”, a-t-il souligné.

Lors de notre discussion,  Zywotko a mentionné que son fils  Mieczysław (assis à côté) était  venu lui rendre visite en Algérie en 1978. Mieczysław souligne qu’il y est aussi revenu au début des années 1980 et il est impressionné à ce jour par la Kabylie: “Une très belle région est un peuple magnifique ! J’ai rencontré à l’époque tous les joueurs de la JET dont Menad, Fergani et plusieurs d’autres. Le football algérien a vraiment marqué notre jeunesse et nous gardons toujours la belle performance de votre équipe nationale lors de la coupe du monde 1982 en Espagne”, a-t-il témoigné.

Depuis que son épouse est décédée, trois ans déjà, le technicien polonais passe aujourd’hui ses jours chez lui dans la ville de Szczecin  avec son fils et sa petite famille. Il regarde la télévision, lit de temps en temps la presse et les revues mais ne cesse plus de suivre l’actualité sportive en Pologne: “Malheureusement, je ne capte plus les chaines de télévision algérienne. Auparavant, je pouvais suivre les nouvelles d’Algérie sur Canal Algérie”.

Pendant son parcours en Algérie, Zywotko avait visité plusieurs villages et régions en Kabylie et il a même acheté en France un petit dictionnaire français-kabyle pour apprendre le kabyle:

“Je me souviens d’un employé à l’hôtel Lalla Khedidja, il venait souvent au salon pour m’expliquer les informations. Il se mettait devant le téléviseur et se transformait en professeur de français” (rires).

« Si je reçois une invitation de la JSK je n’hésiterai pas à y aller encore une fois », nous a-t-il confié.

J’ai demandé à Stefan quel est le plus beau souvenir pour lui à la JSK et il n’a pas hésité de dire que chaque titre est un beau souvenir: 

« Mon parcours avecla JSK était plein de titres et ils sont tous bons! Je me souviens quand nous avons gagné la Coupe des clubs champions africains en 1990, le directeur de la Sonelec est venu accueillir chaque joueur avec un téléviseur. C’était un moment inoubliable!”

As-tu aussi reçu un  téléviseur ? ai-je demandé.

“Oui! Oui! Bien sûr” (rires).   

Aujourd’hui, Zywotko est encore en contact avec quelques joueurs qui l’appellent de temps en temps, notamment au jour de son anniversaire. Parmi ces anciens joueurs, il a cité Djamel Menad, Chipalo et Iboud et d’autres.

“Si reçois une invitation de la JSK je n’hésiterai pas à y aller encore une fois. J’ai encore de l’énergie de faire ce voyage. Quand j’ai visité l’Algérie la dernière fois en 2003, on m’a proposé de travailler dans un club algérois comme conseiller ou manager et j’ai réfusé, car je ne voulais pas bosser en Algérie dans un autre club que la JSK”, a-t-il insisté.

« Je n’oublierai jamais les supporteurs de la JS Kabylie. À chaque fois que je les croise dans les rues après nos matches, ils me disaient: Stefan, nous sommes toujours heureux que tu sois avec nous! Et tu resteras à jamais gravé dans l’histoire de notre club!… Ces mots me touchaient énormément et je ne peux décrire ma joie à chaque fois que j’entends le nom de la JSK, car c’est un club de défi”, a-t-il ajouté. 

Enfin, j’ai demandé au coach de transmettre un message à la nouvelle direction de la JSK et aux supporteurs:

“C’est difficile de résumer tout mon parcours en Algérie dans un mot! Il y avait de très bons moments et d’autres étaient difficiles. Nous avons presque gagné tous les titres, et c’est d’ailleurs le rêve de chaque club en Afrique. Je conseille la nouvelle direction de la JSK d’équiper le club avec un très bon matériel, une bonne préparation physique et de donner l’importance au massage et au sauna…etc pour que le joueur soit physiquement prêt au moins à 80% pendant le matche . D’autre part, les joueurs  doivent avoir le même niveau physique. Quand à la qualité des joueurs, il faut bien sûr continuer la formation dans le club et s’investir dans les jeunes. Je ne vois pas la JSK en dehors de cette tradition. Un salut à vous tous! Je vous embrasse”, a-t-il conclu.   

H. A.

Entretien réalisé à Szczecin, le 22 juin 2019

Auteur
Hamza Amarouche 

 




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